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in 2014
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A* l> IMIHHI'ÏANÏ
nulMfhité* Bout iiiHlainmcut|^s;d>ovo3r_èr^:~
SOMMAIRE
v \\ - l.t» quatrième- cenlenaire d^alimis*an£ed<
n.hin. , Le* Protestants «lu Mo*» ctdésrB
* «»tt t«t»iL pendant l'invasion du llauphiné. ; Isto^lém
«icPhlUadc Lu iourilc Latlhuree ^^>'v( ' '^oy^ttj^gj
t v roeslçB iuédl t«a?"tlt> t^éiki45<|t . Ma rot .
monstre nouvellement haptizé ». ' ' . ;*..'■: T":'wJfilpB0E5H
K' Unx t«A( ; 1 1 k n . ^ Décès de .pelify iés Ï!kMiiçais à Genève, de*
UlHlta 171 0 •
p uk I Quand Bolsec comuieiiçait-Ui a eaiomuier
Calvlu? '^^P^^/:V^
Madamb ALKXA.iNj)R£ de Ch ambiu&h Evaluation de,.;^vï^ë^»;
et de» arliicinale*!rotwiaHieH eu usage dansiez paj
*duïtefuge, 468M7i5^., . . . .^Wmm
ÇâANCiw du 0)Hitk 24 novejnbre 1908. — janvier 1 $01) „
C H RON UTÏ É U AI NES?* ^
Th. Schojîll. La politique religieuse de la Ré^t^.u^anïfiî^iir..,
cal se . ■ ' . -tl^lll
• K. Un mfi . — • Uugues - Vagariîiy-. . :l»e inariage honni par
Desportes, iouangé par Blanchon , le Gay nard, Rouspeau.
'}'ai Schokll — Encore le 'mariage ,de Bosquet/ ^l^a coî
Tipagnle du Saiiit-Sacrçmeut,. Henriette de Golign^
• - /Madame de lu Suze). . . ,
.KSl'ONDANCE. ' . ./ '<
>': W. Deux commémorations, à Marseillevetu Paris
Jean Bianqî;i3. — Les huguenots au sud de l'Afrique
tOLpGlE: / M V-
fm* — Émil Egli — E/Stapfer; X- W. M , ^ Beaufort
R. E. Faber
iX'STRATioNS/.'Vv; - \ [■ 't't:^§Sg^i '^^m
Tue diL^châleauida la, Chn'nfai d$ la s^lw^^^^S]?^^^^
, l'invasion du J)auptiïn£ 4692 , if^ ^ KfjfâZ p.. 9, 19 &
:Tom ce qci concerne la rédaction ' du Bulletin ' -doit.' •'a^î^W'M.^%«lss,: secrétaire
5o<Ttte, 54, rue des Sa.nts-Pères, Taris; (VIIf>,. qui -rejulra Cornpte^er ^oiît oWtfé iniéreaaant
kuter*,* dont deux exemplaires seront: déposé*, * cet* adressa Un s , iaire .doqnc .-droit^
«flnoncc suc cette couverture. ; .
Le iî«Wr/m parolt, tous , les deux- mois, ' en entiers! in-8" de 06 pages avec illustrations. Oa
■L3désàec^S é^en>P,'aB P 3nnee* TOUS lci,abonr,eme^, «aient du i" toier, «t doigta *
Prix de Abonnement':-' 16 fh' pour, la FraVfcc; I* Alsace et la Lutraine/y-!^';-^^^^V'!'f';*
rcrj — 6 /r.; pour les pasteurs, jn^ti tuteurs, • .èfe.', de France et de£rcofôhïé
,;Jes pasteurs Hè Vtt&hjp&:^£r;$if£.: d-V«' jyîn^i. y tri* rMWtfwwlKmÎH
Ct pour les antres 'années, îklorr'Jfcur rareté. - - - '*ï^5tSP
V La voie la pjus 'écononnque et la plus sîtnpîe ponr le payement des' abattements «~
/-andat^arte au nom de. M . Tischbàçfiér^ .lib/aiie. rue de siW'^i^s^to M<:N.
--sccx^atre-iresorief , . .54, Tue-d«sSaints-Péret>, faris- Y^«. ' ,v •
Vtus •nt^aawiMsv^^gaeè^x^ lectéàrt 4 évite* iou^temédimtwêmï?#l ' *
; nMdnwï9 çui JPab aoi*%*»jp» abomnembnxau- r s mars «eowM#L
Snîw ° >VGMENTATTOM' *°ua.«aw;db REcouvRe>icjrt,-DE: r rn ^ciar- hrs départemenu f.i /t. joj
^ iîîî^î^ ^ dC ^°U^ir f™* Vexi«« ia présentation des "quittancea . fadmim&i
RÉDACTION ET ABONNEMENTS ;
I
SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE
du
Protestantisme Français
Reconnue d'utilité publique par Décret du 13 juillet 1870
Hullelin
PARAISSANT TOUS LES DEUX MOIS
JL tudes, Documents, Chronique littéraire
LVIIIe ANNÉE
SEPTIÈME IDE LA. 5e SÉRIE
Janvier-Février 1909
PARIS
Au Siège de la Société, 54, rue des Saints-Pcrcs
LIBRAIRIE FISCHBACHER (Société anonyme)
33, rue de Seine, 33
1909
SOCIÉTÉ DE J/HISTOIRE
du
PROTESTANTISME FRANÇAIS
Le quatrième Centenaire de la naissance
de Calvin, 1509-1909
L'année 1009 sera, dans l'histoire du Protestantisme, marquée
par le quatrième centenaire delà naissance de Calvin. Le réforma-
teur élan! mort à cinquante-cinq ans, près de trois siècles et
demi nous séparent do l'œuvre qu'il accomplit dans l'espace
de trente ans au plus, puisque la première édition de Y Institution
date de I :;:;(!.
A première vue ce recul de trois siècles et demi paraît bien
suffisant pour apprécier en toute impartialité et l'homme et son
œuvre. Mais celle dernière a marqué d'une empreinte trop pro-
fonde cl trop vivace la mentalité religieuse d'une partie considé-
i ablc du monde moderne pour qu'on puisse compter sur un-juge-
ment vraiment indépendant et surtout unanime, même parmi
ceux qui se réclament d'elle.
Laissons de côté ceux qui continuent à honorer Calvin de leurs
outlaws: ceux qui reconnaissent les services incomparables ren-
dus par la Itét'orme calvinienne, mais font leurs réserves sur la
Ihéoloiric du réformateur, ne sont-ils pas suspects à ceux qui ne
distinguent pas «Mitre le fond et la forme de son œuvré cl refusent
d'appeler « tils respectueux » quiconque s'écarte de l'enseigne-
ment de leur père spirituel?
Le monument international ( I ) dont la première pierre sera
posée à Genève, fera comprendre tout d'abord que personne n'a
le monopole du respect dont nous entourons ceux qui, après (oui,
nous ont donné l'exemple de la liberté avec laquelle nous les
glorifions.
En outre, les manifestations diverses et multiples et surtout
l) On a bien voulu nous laisser espérer, pour noire prochain fascicule,
une esquisse du projet définitif.
Janvier-Février 1 000.
H LC QUATRIÈME CENTENAIRE DE LA NAISSANCE DE CALVIN
les publications qu'a déjà provoquées cet événement et qu'il pro-
voquera encore, vont permettre à passablement de gens pour
qui Calvin est plus célèbre que j»onnu, de rectifier leurs opinions
à la lumière des faits et des textes. Les Français auront à leur dis-
position la réédition — partielle pour commencer — de l'Institu-
tion de 1511 (1), celle qu'on prépare, à Genève, de quelques opus-
cules français du réformateur (2), et la traduction d'une biogra-
phie condensée, objective et rédigée d'après les travaux les plus
récents ( 3). En Allemagne va paraître une traduction deb70 lettres
annotées et choisies de manière à former une biographie de Cal-
vin écrite par lui-même (4), etc.
Taisons donc crédit à ceux qui voudront s'instruire — les
autres ne comptent pas - et soyons persuadés que pour plus
d'un adversaire — ou admirateur — se vérifiera une fois de plus
la sagesse de cette parole, Magna est veritas et prsevalebit.
N. W.
(1) Celle réédition, page par page, «lu texte si important au point «le vue
littéraire, de ['Institution de 1 " » 1 1 , entreprise grâce à In générosité de la mar-
quise d'Arconati-Yisconti, se composera probablement de trois volumes,
deux pour le texle lui-même et un troisième pour diverses introductions.
Un espère qu'une partie du texte pourra paraître en 1 1)09 .
(2) C'est M. le pasteur K. Choisy qui prépare, au nom de la Compaguie
des pasteurs, ce choix d'oeuvres françaises.
(3) Il s'agit de la biographie de Calvin par J\I. Williston Walker, professeur
à l'université de ïale aux Étals-Unis.
(4) Cette traduction a été faite par M. le pasteur Rudolf Scliwarz avec le •
concours de M. le professeur P. Wernle et paraîtra en deux volumes chez
.1. C. B. Mohr (P. Siebeck) à Tùbingen.
Puisque nous venons de donner quelques notes bibliographiques, complé-
tons celles que nous avons placées au bas de notre article sur Calvin, Servet,
G. de Trie, etc., dans le Bulletin de 1908, p. 387-38S. — Ainsi que nous l'avons
marqué dans Y Errata à la suite des Tables du Bull, de 1908, le dernier
article cité, celui de M. II. D. Fosler, sur le programme de Calvin pour orga-
niser à Cenèvc un Etat puritain, a paru dans The Harvard theological lieview
d'octobre 1908. — Ajoutons trois articles, de l'abbé S. Coubé, sur Michel
Servet, dans les Questions actuelles des 14, 21 et 28 novembre 190S, et une
série de Notes à propos de Servet, par M.E. Doumergue, dans le Christianisme
au XX" siècle, n,,s 48, 49, 50, 51, 52, 53 de 1908, et 1 et 2 de 1909. — Le même
auteur avait pris la peine de réfuter, avec preuves à l'appui, dans la revue
Foi. et Vie des 1er et 16 février 1908, les calomnies rééditées par M. Ch.Mcrki
dans son article du Mercure de France du 1" oct. 1907 sur Jean Calvin et la
Réforme protestante à Genève (voy. Bull. 1907, note de la page 138). — Enfin
M. l'abbé J. Rouquelle a rédigé les fascicules 391 et 392 des Oiic$lions histo-
riques publiées par Rloud et Cio en 1908, sous les titres suggestifs de Les
victimes de Calvin et Les Saint-Barthélemy calvinistes, l'Inquisition protes-
tante, 2 brochures de G4 p. in-12, chacune.
Études Historiques
LES PROTESTANTS DÛ DIOIS ET DES BARONNIES EN 1692
PENDANT L'INVASION DU DAUPHINÉ
La Légende de Philis de La Tour La Charce.
Sauvetage d'une statue en détresse.
Pendant la Guerre de la Ligue tf Angsbourg, Louis XIV
avant échoué dans son projet de rélablir les S lu arts sur
le trône d'Angleterre, avait confié le commandement de
l'armée d'Italie au maréchal de Câlinât. Ce général, sans
naissance, ne s'était élevé qu'à force de mérite. Comme
Yauban dont il élait l'ami, il joignait les vertus civiques
aux qualités militaires et par sa tactique sage autant que
savante rappelait Tu renne*
Pour amener le duc de Savoie Victor-Amédée 11 à une
action décisive avant l'arrivée des troupes alliées, il
ravagea les campagnes du Piémont, fit couper les arbres,
arracher les vignes, incendier les villes et les villages. Le
duc ne put se contenir devant ces effroyables dévastations
qui font souvenir de celles du Palatinat : il livra la bataille
de Staffarde près de Saluées (17 août i(>90) , où il perdit
4 000 hommes, pendant que les Français eurent à peine
500 morts. La Savoie, Nice et une partie du Piémont se
trouvèrent en notre pouvoir. Mais les Alliés, après beau-
coup de temps perdu, avaient enfin rassemblé leurs con-
tingents. Un parent de Victor-Amédée, le prince Eugène,
dont Louis XIV avait refusé les services et qui était allé les
offrir à l'Allemagne, arriva avec de puissants renforts. Les
Français durent reculer vers le Dauphiné.
La concentration des ennemis se fit sous les murs de
Turin. Leurs forces se composaient, d'abord, des troupes
du duc de Savoie avec leurs auxiliaires habituels, les com-
8
ÉTUDES HISTORIQUES
]>aii,nios de partisansVaudois et les réfugiés français four-
nissant quelques escadrons de cavalerie el plusieurs régi-
ments d'infanterie, a la solde de l'Angleterre; — ensuite
les Espagnols du Milanais, les contingents de Bavière et
de l'Empereur qui avaient passé l'hiver dans la haute
Italie, ou qui étaient venus à marches forcées du fond de
l'Allemagne.
Il existe trois passages principaux que l'on suit habi-
tuellement pour pénétrer du Piémont en Dauphinc : ceux
du mont Cenis, du mont Genèvre et du col de Tende. Les
Alliés, mettant Catinat en défaut, les laissèrent de côlé et
suivirent le chemin pris en 1515 par François I" dans son
expédition en Italie et qu'illustra la bataille de Marignan ;
c'est-à-dire celui qui conduit de la vallée de la Durance
dans la plaine du Pô, montant de Guillestre au col de
Vars sur le contrefort qui forme la berge droite de la vallée
de l'Ubaye, coupant cette dernière pour franchir la
grande chaîne au col de Larche, descendant le long de la
Stura et débouchant à Coni dans le Piémont.
Suze et Pignerol, clefs du mont Cenis et du mont
Genèvre semblaient, au contraire, à Catinat devoir être
pour son armée des points stratégiques de première
importance ; il renforça leurs garnisons et se tint lui-
même avec la majeure partie de ses troupes dans la va liée %
de Pérouze comme dans un chemin couvert, prêt à mar-
cher par sa gauche vers Suze, en passant par le col de la
Fenêtre, et par sa droite vers Pignerol.
Avant le début des hostilités, Briançon fut réduite en
cendres, par accident, le 26 janvier (1692). Bouchu.
intendant-général du Dauphiné, écrivait au roi le 22 mars :
« Le feu prit le 2(3 janvier dans le haut d'une maison
située au milieu de la ville où était logée une recrue d'in-
fanterie et il reste quelques soupçons que ces soldats
menés par force, avaient pu y mettre le feu pour avoir
une occasion de s'échapper. La ville a été brûlée en trois
heures, moins l'église des Cordeliers (1).
(I) Afin de ne citer que des documents d'une authenticité absolue sur cette
invasion et montrer la fidélité et le patriotisme inlassables des protestants du
ÉTUDES HISTORIQUES
Pendant que les ennemis faisaient leur concentration
définitive, plusieurs compagnies isolées, détachées en
avant-garde, se mettaient en route, pour franchir le col
de Yars. Les routes étaient à ce moment de l'année
presque impraticables : des montagnards seuls pouvaient
tenter une pareille entreprise. Le gros de l'armée, qui
devait compter à la fin de juin 45 000 hommes, dont
10 000 de cavalerie, attendait un temps plus propice.
Sous le commandement supérieur du duc de Savoie, géné-
Diois, des Baronnies et des Alpes, au moment où le grand roi s'acharnait à
leur perte, nous reproduirons textuellement des extraits de la correspondance
de Câlinât à Louis XIV, des lettres de l'intendant Boucliu, de l'évèque de
Gap, du commandant du Diois, Durfort de La Boissière, du marquis de L irray,
et les articles delà Gazette officielle qui donnent exactement les rapports de
l'intendant et du maréchal au ministre Ppntchartrain et au marquis de Bar-
10
ÉTUDKS HISTORIQUES
ralissime de vingt-sept ans, les Allemands avaient pour
chefs le général Pallfy, le comte de Caprara ancien adver-
saire de Turenne, et le prince Eugène de Savoie-Carignan
qui fut un des plus grands hommes de guerre de la
maison d'Autriche. Les généraux des Espagnols étaient
De Leganez, gouverneur du Milanais, Commercy et de
Louvigny. Les réfugiés français au nombre de 2 800 étaient
commandés au nom de Guillaume III, roi d'Angleterre, par
le comte de Schomherg, fils de l'illustre maréchal, exilé
de France à la Uévocalion et qui avait été tué en Irlande.
Il était le protecteur des Vaudois : ceux-ci l'entrés en
grâce, depuis qu'on avait besoin d'eux, étaient 1500 et
servaient de garnisons à leurs vallées.
Une première « escarmouche eut lieu contre les Barbets,
le 20 février, dans laquelle le fameux capitaine Barnabar
fut tué ». D'ailleurs, l'envahisseur étail plein de confiance;
ses espions l'avaient mis au courant du petit nombre de
troupes régulières dont disposait Catinat. Après avoir
confié aux milices du Dauphiné le soin de garder Briançon,
Seyne, Embrun, Gap et quelques autres petites places, il
ne pouvait compter que sur 16 000 hommes. Aussi,
Bouebu écrivait-il, le 10 mars, non sans inquiétude :
« Notre faiblesse est connue des ennemis; ils eu profi-
leront. Le maréchal n'a pas assez de troupes pour empê-
cher d'entreprendre sur les Etats de Sa Majesté. »
Entre temps le marquis de Tessé, lé persécuteur des
protestants du Diois et du Yalentinois, demandait à Bar-
bezicux s'il verrait quelque inconvénient à laisser assas-
siner le pasteur Arnaud, le héros de la Glorieuse rentrée]
faisant remarquer combien cet événement jetterait de
désarroi et de découragement parmi les Vaudois. Le
Ministre de la Guerre répondit le 17 mars :
« Quant à ce qui (concerne) les gens dont vous vous servirez
pour essayer de se défaire du ministre Arnauld, quoique je sois
bczieux : Archives nationales, G vu, 242, — Archives historiques du Minis-
tère de la Guerre, 4 vol. in-f" n°" 1105, 1 160, 1107 et 1170 : Ordres du roi cl
Lettres de Câlinai, etc.. — Le lecteur jugera ensuite de quel côté se trouvent
la vérité, la bravoure et l'honneur.
ÉTUDES I11ST0IUQUKS
persuadé qu'il n'y a point d'iniquité en cela, cependant pour peu
que vous en trouviez, je vous crois la conscience assez forte pour
la supporter, sans qu'il soit besoin de vous en décharger sur per-
sonne cl principalement à mon égard, qui me contente de ce que
j'ai sur lu mienne.. . »
Ce fils dé Louvois avait vingt-quatre ans quand il tenait
ce langage...
Doux autres persécuteurs des huguenots, Bouchu et le
marquis de Larray essayaient d'indisposer Câlinât contre
ceux qui habitaient près des territoires occupés par
l'ennemi : un moment, la bonne loi du maréchal fut
surprise, cl il dit au roi le 26 avril : « M. liouehu cl M. de
Larray me donnent de grandes défiances des Nouveaux
Convertis du Dyois et ils les trouvent capables de se sou-
lever. J'envoie 100 dragons à Embrun. »
Les réformés de la province étaient si peu disposés à
prendre les armes contre le roi, malgré les affreuses- ini-
quités dont ils étaient victimes, qu'à ce moment même,
ils s'enrôlaient pour marcher vers la frontière des Alpes.
On lit, en effet, dans les Délibérations consulaires de la
ville de Crest, des 3, 13 et 11 mai (1692) que le « pre-
mier président du parlement de Grenoble ayant ordonné
la levée de 70 hommes pour le service de Sa Majesté, la
ville leur a remis des chapeaux, des sareaux de toile, des
bas, des souliers, des ceinturons et des épées, ainsi que
des fusils avec leurs accessoires ». On lit ensuite : « Depuis,
il s'est présenté un si grand nombre de volontaires qu'on
a été obligé d'emprunter sur la taille de 1093 pour les
armer et les équiper ». Les Diois se montrèrent tout aussi
patriotes que leurs coreligionnaires du bas de la vallée,
puisque le duc de La Feuillade les félicita, le 17 dé-
cembre 1703, ainsi que nous le verrons bientôt, de la
fidélité et du courage qu'ils montrèrent, pendant cette
formidable invasion.
Vers la fin de ce mois les compagnies d'avant-garde
des Alliés entrèrent dans le Queyras, pillèrent Château-
Queyras, Ristolas, Abriès et rançonnèrent les campagnes
voisines.
12
ÉTUDES HISTORIQUES
Un grave événement rendit, à la fin du mois de juin,
quelque espoir aux généraux français : l'arsenal de Turin
s'embrasa eomme une torchère colossale; « tout le maté-
riel de guerre, 400 bombes 10 000 fusils et 8000 mous-
quets, des affûts et des chariots furent perdus » (1).
Les envahisseurs s'avancèrent, alors du côté de
Pignerol : aussitôt Catinat vint camper sur le plateau du
col de Roche-Côtel. De cette position l'armée française,
forte de 16000 hommes, dominait le camp de l'ennemi et
empêchait le complet investissement de la ville. On s'ob-
serva pendant un mois. Pendant ce temps, Abriès,
Molines, Aiguilles, Villvieille devenaient la proie des
11 animes.
Enfin, vers le 20 juillet, le gros de l'armée ennemie se
mit en marche : la colonne principale devait remonter la
vallée de la Stura, puis après avoir franchi les cols de
Larche et de Yars, déboucher à Guillestre près de la
Durance. Un corps de liane venu des vallées vaudoises
devait aussi converger sur le même point. De cet endroit,
le duc de Savoie verrait s'élargir devant lui, par les vallées
et les plateaux d'Embrun et de Gap, une route naturelle,
jusqu'au cœur du Dauphiné. On espérait toujours que les
protestants se décideraient enfin a se révolter contre le
grand roi. Le plan des Alliés apparaissait clair, simple et
précis.
Le général en chef, instruit des projets de l'ennemi,
quitta son camp de Roche-Côtel et accompagné du marquis
de Larray, se rendit à marches forcées dans la vallée de
la Durance. 11 confia un bataillon de son régiment de
milicesdauphinoisesetdeux compagnies du régiment irlan-
dais de Clan-Carthy, à de Chalandière. et lui ordonna de
défendre Guillestre jusqu'à la dernière extrémité, afin
d'avoir le temps de renforcer la garnison d'Embrun; de
plus, il envoya des troupes sur la ligne de défense de la
Provence, notamment à Sisteron. Il fut efficacement
secondé parle comte de Grignan, qui était ace moment
(1) Gazelle officielle, 28 juin 1692.
ÉTUDES HISTORIQUES
13
lieutenant-général et qui mit à la disposition de Câlinai
les compagnies des galères de la Méditerranée. Enfin, il
concentra les chevau-légers et les dragons de son armée
dans les plaines et sur les plateaux fertiles en fourrages,
qui s'étendent à la droite de la Durance par Savines,
Chorges, le col Bayard et Gap. Cette cavalerie devait barrer
à l'ennemi la route de Grenoble et le rejeter en Provence,
vers le col de Pontis. Il ordonna au marécbal de camp,
Bachivilliers, de concentrer à Savines les contingents les
plus rapprochés.
Guillestre, investie par 5000 hommes, capitula le
31 juillet, ainsi que nous l'apprend la dépêche suivante de
la Gazette officielle : « La ville a été prise après cinq jours
de siège; les Alliés y ont eu 400 hommes tués. Le sieur
de Catinat a mis Embrun en état de défense. 11 craint
toujours les Nouveaux Convertis ».
Pendant le siège, Yictor-Amédée avait franchi le col
de Yars et avait massé une partie de ses troupes en avant
de la place : il y laissa 8000 hommes pour protéger sa base
d'opération et le 1er août marcha sur Embrun. Au pont
Saint-Clément, son avant-garde se heurta aux G compa-
gnies irlandaises de Clan-Carlhy et les refoula vers la
ville défendue par le marquis de Larray. A l'approche de
l'armée ennemie Bachivilliers recula sur Savinc, en cou-
pant derrière lui le pont de la Clapière, et Catinat occupa
le mont Genèvre avec 11 bataillons.
Yictor-Amédée campa quelques jours sur la rive
droite de la Durance, attendant le contingent qui marchait
pour le rejoindre et la colonne des réfugiés de Schom-
berg. Celui-ci était entré dans les vallées vaudoises
avec 2000 hommes auxquels venaient de se joindre
1500 Yaudois. Ces forces pénétrèrent dans le Queyras
par les cols Saint-Martin et Lacroix : elles formèrent un
effectif de 4000 soldats en y comptant un corps de
500 partisans qui étaient venus les renforcer. Aiguille fut
investie. Le 3 août l'ennemi dressa ses lentes à Ville-
vieille, en vue de Château-Queyras. Le lendemain, Schom-
berg lit sommer de Lesches, le gouverneur, de rendre la
1 i
ÉTUDES HISTORIQUES
place. À l'officier chargé de cette mission, le commandant
répondit : « Vous devez connaître les Français; nous
vous recevrons comme il convient. »
Le même jour, Bouchu informa la Cour de la capitu-
lation de Guillestre et ajouta dans sa dépêche : « M. de
Grignan a pris toutes les précautions nécessaires pour
assurer la Provence et empêcher les Nouveaux Convertis
de passer en Dauphiné. » 11 la termina toutefois par ces
mots : « Les Nouveaux Convertis de cette province ne
vont pas aux prêches des ministres de M. deSchomberg. »
Câlinai, informé de l'investissement de Chàteau-Queyras
prit avec lui 3000 hommes et partit au secours de la
place. Le village fut incendié, mais l'ennemi, apprenant
l'approche du général en chef, leva le siège de la citadelle
et regagna Guilleslre par le col Agnel, Molines et la vallée
de Ceilhac.
Pendant ce temps le duc de Savoie avait été rejoint
par les renforts attendus et entourait Embrun d'un cercle
de fer et de feu. La ville était défendue par 3000 hommes :
Victor-Amédée lit sommer le marquis de Larray de se
rendre. — « Je m'efforcerai de mériter l'estime de Son
Altesse royale » répondit le commandant. Les Alliés
étaient au nombre de 20000. Les Savoisiens avaient à leur
tête Parella; les Allemands, le prince Eugène et le comte
deCaprara. Des deux côtés on déploya un grand courage.
Le 5 août, Bachivilliers, toujours retranché à Savines,
écrivait :
« 11 y a eu une rude escarmouche entre la garnison d'Embrun
et les ennemis. M. de Catinat a toujours l'œil sur Pigncrol. L'in-
vestissement d'Embrun est complet; des détachemenls ont été
envoyés par les ennemis du côté de Queyras. M. de Catinat est
parti le 6 août pour aller à eux, mais ils ne l'ont pas attendu. Le
comte de Schomberg ne quitla pas cependant Qneyras sans y
avoir perdu du monde. »
Nouvelle dépêche publiée le 6 août par la Gazette
officielle :
« Le duc de Savoie fil passer la Durance à son armée pour aller
attaquer Embrun, dans l'espoir quecette place était dépourvue de
ÉTUDES HISTORIQUES
15
canons et de provisions. Il envoya sommer le marquis de Larray
qui la commandait. — Le sieur de Câlinai s'est emparé de Saint-
Crépin près de Saint-Clément : Le comte de Schomberg assiégeait
Queyras avec 4000 hommes; il s'est retiré. »
Le général en chef voyant Victor Améclée occupé au
siège d'Embrun, vint camper avec le gros de son infan-
terie à Prelles au-dessous de Briançon. De là il était
séparé des corps ennemis retenus à Guillestre et devant
Embrun, par le long défilé de la baule Durance avec la
barricade de Pertuis Rostan qui marquait la limite méri-
nionale du Briançonnais. Il choisit une position à cheval
sur la Durance, à l'entrée de la plaine de Guillestre : sur la
rive gauche, 3000 hommes se postèrent sur le plateau de
Pallon; de l'autre côté de la rivière 2000 hommes s'éta-
blirent à La Roche-sous-Briançon. Le 13 août, le quartier
général fut transféré de Prelles à Pallon.
Le siège d'Embrun continuait : le duc de Savoie expé-
diait partout des émissaires pour engager les protestants
à se joindre à lui; ces derniers restaient inébranlablement
attachés à leur devoir.
Enfin, le 15 août, la place se rendit : la garnison avait
résisté héroïquement pendant dix jours; elle obtenait les
honneurs de la guerre et sortait avec armes et bagages,
« tambour battant, drapeaux déployés, mèche allumée ».
Elle devait se retirer à Grenoble et ne plus servir pendant
le reste de la campagne contre Victor-Amédée et ses
Alliés; exception était faite en faveur du marquis de
Larray qui était libre de servir de sa personne, avec
quatre aides de camp. Les Français avaient eu 2 officiers
tués, 3 autres blessés, 52 soldats tués et 86 blessés. Les
ennemis avaient perdu 3 000 hommes ou tués ou bles-
sés (1). Depuis le jour où ils avaient franchi le col de Vars,
les armes, les maladies et la désertion avaient réduit de
6000 combattants leurs effectifs. Léganez et le prince
Eugène étaient blessés. A côté de la perte des hommes, il
en était une encore bien plus dangereuse pour les projets
(1) La ville dut payer au vainqueur 15 000 écus de contribution pour
s'exempter du pillage.
16
ÉTUDES HISTORIQUES
du duc de Savoie : c'était celle. du temps, c'était le retard
causé par le siège d'Embrun, après ceux de Guillestre et
de Château-Queyras, à la marche des colonnes envahis-
santes. Le précoce hiver des Alpes allait rendre leur
retraite bien difficile; la fuite des jours était leur plus
terrible adversaire, et le meilleur auxiliaire de Catinat.
Celui-ci le savait, et malgré les critiques et les impatiences
du roi, il resta, comme un autre Fabius Cunctator, fidèle
à sa tactique de rester sur la défensive, de fatiguer
l'ennemi, de ne lui offrir aucune occasion de se mesurer
avec lui.
Bachivilliers avait perdu ses communications directes
avec le général en chef, depuis le siège d'Embrun ; toute-
fois, il avait trouvé un moyen de correspondre avec lui,
en faisant passer les courriers qu'il lui envoyait, par la
vallée du Champsaur, le col de Fressinières, où, au delà,
ils retrouvaient la Durance, au pied des escarpements de
Pallon. Sa cavalerie barrait toujours à Savines la route
de Grenoble et il découvrait intentionnellement le chemin
du col de Pontis et de la Provence. Quand la reddition
d'Embrun fut imminente, il conduisit ses 3000 hommes
de cavalerie à la Bâtie-Neuve, dans la haute plaine de
Gap; il y fut rejoint par le marquis de Vins, maréchal de
camp, qui arrivait du Midi, avec un régiment de dragons :
ce dernier par droit d'ancienneté prit le commandement
des troupes.
Le 27 août, l'avant-garde des Alliés forte de 4000 dra-
gons et de quelques bataillons d'infanterie descendit par
les deux rives de la Durance, passant à droite, au pied
du mont Saint-Guillaume, à gauche par le pont de la
Clapière et Pontis dont le village fut incendié, mais où
Parella fut mortellement blessé. De là, rejointe par le resle
de l'armée elle marcha sur la Bàtie-Neuve. De Vins ne
l'attendit pas et divisant ses effectifs en 3 colonnes, il
monta sur le Plan Saint-Guigues. Parvenu sur le plateau,
il rangea ses troupes en bataille, face à l'ennemi,
Gap était découvert. Sur l'ordre de Catinat la garnison
avait rejoint la cavalerie française, dont les escadrons
ÉTUDES HISTORIQUES
17
interceptaient la route qui conduit de la Bâtie-Neuve, par
le village de La Rochette et le col de Manze, à Saint-
Bonnet sur le Drac. Apprenant que les envahisseurs diri-
geaient 3 bataillons vers le Dévoluy, de Vins alla camper
vers Saint-Laurent-du-Cros. De son côté, Catinat prit
avec lui 10 bataillons et les conduisit à Bourg-d'Oisans,
puis se rendit auprès du marquis de Vins. En route, il
avait rencontré Bacbivilliers. Accompagné de ces deux
officiers généraux, il examina la situation : elle lui parut
excellente, aussi bien pour résister aux attaques de ses
adversaires que pour couvrir la gorge de Corps.
Ceux-ci étaient à Gap où ils demandèrent d'abord
40 000 écus à la population ; puis sur les observations des
consuls réduisirent cette contribution à 10000 (1). Des
détachements sillonnaient les campagnes voisines, com-
mettant mille déprédations.
Dangeau rendant hommage à l'inébranlable fidélité
des protestants à la mère patrie, écrivait le 23 août :
a M. de Savoie espérait que les Nouveaux-Convertis mal
intentionnés le reviendraient joindre, mais pas un n'a
bougé; au contraire, ils sont tous venus donner des nou-
velles assurances d'attachement, et ceux qui sont dans les
troupes ennemies désertent fort et reviennent chez eux. »
Quelques jours plus tard, Louis XIV disait à Catinat,
qui, dans un rapport, lui avait parlé avec éloge de leur
courage : « Je suis bien aise que mes sujets Nouveaux
Convertis se soient bien conduits jusqu'à présent, je leur
donnerai avec plaisir, dans la suite, des marques de la
satisfaction que j'ai de leur fidélité et de leur zèle. Vous
pouvez les en faire assurer. 11 ne me reste qu'à vous louer
de votre bonne conduite. » — On sait comment il tint
parole.
Pendant que le général en chef « étendait ses batail-
lons vers Saint-Bonnet, qu'il envoyait des munitions à
Saint-Julien, dans Valgaudemar et que le comte de Gri-
gnan dirigeait des compagnies sur Sisteron », les paysans
(1) Gazette officielle, 6 septembre 1G92.
ÉTUDES HISTORIQUES
i ■ „t -Kns le Trièves, au nord du
dauphinois se soulevèrent dans la 11 , uest du;fossé
Dévoluy, dans le Dmis, les Baronmes a ^
du Baech. Ces braves gen m eut ^ offic.
gentilshommes qui ne serva. F ^ seul ^_
dans les armées royales . 300 d ent ^ ^
lRge de ChâtU °rM^^
camp retranche de Montbrand l ) ^ {es rive.
sions de Ennemi et les pillenes a » leg bateaux
rainsdu Buechet délabre Durante ^
et coupèrent les cordes d f bacS*^Xgnes les habitants
usité sur les cours d'eau Dan ^SÏÎÏd'aWi. d'arbres,
interceptèrent, au moyen de ttjncùee
les chemins descendan des co f^St trop favorable
La levée en masse g»^*^ Vappl„yer. A cet
à la défense pour que CaUn.at.ns^sg.les.Corps le régiment
effet, il détacha du camp d A le ^ ^ ^
des dragons de Bretagne etceku de V ^
ordres du marquis du O^^neat du Trièves et
tifs. , ... oc la région du Buech suffisait
Le cordon de milices de la reg o ^
pour arrêter les détachements oifensive de
mais que pouvait-i contre Jf" uEmbrun! Cepen-
IWë^^^'SSSîaaUmDéB à Gap:
dant, cette armée restait otalmemeu
qui donc arrêtait sa envahisseurs, s'ils
et prêt à couper a ligne de sans mesure;
f aEK 9 et 10. - Saint-Férréol,
par 500 hommes ; il plaça un corps ae
so
ÉTUDES HISTORIQUES
Le 29 août, à la Bâtie-Neuve, Victor-Amédée avait
ressenti les premières atteintes de la petite vérole. Rentré
à Embrun pour s'y faire donner les soins réclamés par son
état, la duchesse, sa femme, vint l'y rejoindre quelques
jours plus tard. L'armée d'invasion resta commandée par
le général Caprara.
Les pillages et les incendies autour de Gap continuè-
rent encore pendant deux semaines. Le 1er septembre le
prince Eugène passa le col Bayard à la tête d'un fort déta-
chement, descendit dans la vallée du Drac et livra aux
flammes Saint-Bonnet et quelques villages. Son but était
d'entraver un retour offensif des troupes françaises du
côté d'Aspres-les-Corps, en détruisant les subsistances
sur leur chemin. La nouvelle de ces dévastations parvint
à Grenoble et affola toute la population. Catinat manda
auprès de lui, à son camp d'Aspres-les-Corps, les princi-
paux députés du parlement, et après leur avoir montré
les dispositions qu'il avait prises pour limiter les ravages
de l'ennemi, il les chargea de rassurer leurs concitoyens.
Le moment approchait, d'ailleurs, où les envahisseurs
allaient quitter notre territoire : tous ces étrangers nés
sur les plateaux de la Gastille, dans les plaines de la haute
Italie ou du Danube, éprouvaient une vague frayeur d'être
emprisonnés dans l'enceinte des montagnes dont les
crêtes secondaires elles-mêmes commençaient à se couvrir
de neige. Mais avant de s'éloigner, Caprara voulut laisser
un souvenir terrifiant de sa présence : pendant plusieurs
jours des détachements sillonnèrent le pays, incendiant
les hameaux et les bourgs, massacrant les habitants,
détruisant les récoltes. Les bestiaux et le butin transpor-
table furent expédiés à Barcelonnette dans la vallée de
rUbaye(1 ). Quand les troupes françaises rentrèrent dans ces
régions, elles virent avec horreur les cadavres d'un grand
nombre de paysans restés sans sépulture sur les chemins.
A Veynes, sur 206 maisons, 123 devinrent la proie du feu;
plusieurs châteaux, notamment celui de Tallard, furent
(1) 40000 têtes de bétail et les cloches des églises de Gap el d'Embrun.
ETTDES HISTORIQUES
•21
détruits, le prieuré de Véras fut saccagé 1 . Quelques
compagnies eurent même l'audace de demander une con-
tribution à Sisteron où commandait le brave de Valavoire.
sous les ordres de L'intendant général de Langalerie :
celui-ci répondit : Venez la prendre. »
Enfin, apprenant que des renforts étaient envoyés à
Catinat. par Barbezieux. ministre de la guerre. Caprara
lit ses adieux à Gap en la livrant aux flammes: la cathé-
drale et 798 maisons sur 953 furent anéanties 2 .
Les coalisés suivirent la route de Savines, gagnèrent
Embrun d'où ils ne partirent que le 17 septembre, emme-
nant avec eux Victor- Amédée encore malade, et de là se
dirigèrent sur Guillestre et le col de Vars. Harcelés en
queue par de Vins et surveillés de près par Catinat. leur
retraite cependant s'effectua dans un ordre si parfait et
avec une telle habileté, qu'aucun de ces généraux ne
parvint à les inquiéter sérieusement.
Pendant que l'ennemi reprenait ainsi la direction de
Coni. tout en maudissant les huguenots dauphinois, qui
sourds aux avances des traîtres avaient témoigné d'un
patriotisme supérieur à tout éloge. Durfort de La Bois-
sière adressait ce message à Pontchartrain. le jour de
l'incendie de Gap :
■ M. de Catinat ayant souhaité que je donne des ordres dans
le Diois et les Baronnies en l'absence de M. de Larray, je crois
qu'il est de mon devoir de vous rendre compte de la sage et bonne
conduite des Nouveaux Convertis. Je n'entre point en aucun dé-
tail. . . Sa Majesté en étant informé par M. de Barbezieux. à qui j'ai
eu l'honneur d'en écrire : mais comme M. de Savoie a fait courir
mille billets pour les soulever et que ça n'a servi qu'à redoubler
leur fidélité, je prends la liberté de vous supplier humblement de
(1) Abbé Guillaume, archiviste des Hautes-Alpes, dans les Annales des
Alpes de janvier-février 19U2. pp. 211-213.
2 Parmi les lettres adressées par l'évêque de Gap. à Pontchartrain. ;i
propos de la campagne de 1692. celles des 26 octobre et 26 novembre renfer-
ment des détails bien tristes. Après avoir étudié les moyens ■ de rétablir la
ville ruinée parle duc de Savoie ». le prélat constate que « dans son diocèse
il y a 10.94" maisons brûlées et qu'il a 2.500 personnes a nourrir, moyennant
".875 livres par jour. 11 paie un tiers de cette somme et le roi les deux tiers.
11 faudrait, dit-il en terminant, décharger l'Élection du dernier quartier de la
taille et totalement de cet impôt, pendant 10 années. •
ÉTUDES HISTORIQUES
vouloir bien leur accorder l'honneur de votre protection, afin qu'il
pJaise à Sa Majesté de vouloir bien leur relaxer la taxe (i qu'on
a faicte sur les Nouveaux Convertis du royaume. »
Le 17 septembre. Bouchu revenant quelque peu ^ur
ses préventions injustifiées devant la bravoure des réfor-
més, disait de son coté : « Les Nouveaux Convertis du
Dauphiné se sont comportés dans ces conjonctures d'une
manière qui paraît rassurer sur leur conduite à l'avenir. »
On lit. encore, cet éloge ému accordé par Catinat aux
huguenots, dans une dépèche qu'il adressait le 19 sep-
tembre, du camp de la Bessée à Barbezieux 2 :
■ Le roi m'a fait l'honneur de me témoigner par deux différen-
tes lettres la satisfaction qu'il ressentait de la bonne et sage con-
duite de ses sujets Nouveaux Convertis, et il a vu avec joie qu'ils
lui étaient bons et véritables sujets et même disant qu'il leur en
donnera des témoignages. Je vous assure qu'avec un véritable
esprit de charité pout ces pauvres gens-là. j'ai appréhendé qu'ils
ne fissent quelque chose mal à propos, pour les châtiments cruels
que cela leur aurait attiré et qu'ils auraient mérités. J'ai toujours
fait valoir, ayant l'honneur d'écrire au roi tout le bien que vous
me mandiez de leur conduite. »
Enfin, le 20 septembre. Catinat écrivait, de nouveau :
s Le roi a témoigné tant de satisfaction de la conduite des
Nouveaux Convertis que je crois qu'ils en recevront des
marques. »
Au mois d'octobre les deux armées se dispersèrent
dans leurs quartiers d'hiver et la campagne s'acheva aux
lieux mêmes où elle avait commencé. Le bassin du Guil.
puis en aval dir confluent de ce cours d'eau avec la Durance.
(i) Le 11 septembre 1692. — Cette taxe était imposée sur les protestants
dans des « Roolles de tailles, faits et péréqués sur les Nouveaux Convertis et
autres possédant biens taillables. qui ont fait profession de la R. P. R. jusques
au mois de septembre 16S3 ». Nous avons retrouvé quelques-uns de ces rôles
à Saillans. 16 novembre 16S5. 12 mars 1691:— à Aouste. U juillet 1692: —
à Aucelon. 6 septembre 1691: — à Allex. 2S août 1691. 5 juillet 1692: — à
Espenel. o septembre 1692. etc.
Il semble que Louis XIV ait fait droit momentanément à la requête de
Durfort de La Boissière.
2 Le camp de La Bessée. sur la Durance. au confluent de la Vallouisc,
avait été formé par Catinat avant la prise de Gap. pour garantir contre toute
surprise Briançon. Chàteau-Queyras et Pignerol.
ÉTUDES HISTORIQUES
23
les pays d'Embrun et de Gap, jusqu'au Buech; la vallée
du Drac jusqu'à Aspres-les-Corps, telles sont les parties
du territoire français foulées par l'invasion de 1692. Cette
étendue répond à peine aux deux tiers du département
des Hautes-Alpes. Sa conquête éphémère coûta au duc de
Savoie et à ses Alliés 10000 soldats tués dans les sièges,
enlevés par la maladie, ou parla désertion.
Ainsi, en face des régiments de Catinat s'était ras-
semblée une armée bien supérieure en nombre, com-
mandée par les meilleurs hommes de guerre de la coali-
tion. Surmontant la barrière des Alpes, cette armée avait
pénétré dans le royaume, au cœur d'une province que
l'on supposait peuplée de mécontents, où sa seule appa-
rition, suivant le calcul de ses chefs, devait faire éclater
une révolte formidable et causer à la France d'incalcu-
lables désastres. Et qu'était-il advenu de ces efforts, de
ces menaces, de ces ambitieuses visées? — Une course, ou
plutôtune pointe dansle Dauphiné et des ravages inutiles.
Ce résultat était dû au génie de Catinat, à l'habileté de
ses lieutenants, à l'endurance de ses troupes et surtout
au patriotisme irréductible de nos vaillantes populations.
Hélas! par le traité d'Utrecht, Louis XIV céda au roi
de Savoie les trois vallées Briançonnaisesdu bassin du Pô;
en revanche ce dernier donnait à la France, celle de Bar-
celonnette ce qui était une bien mince compensation. Le
Briançonnais méritait mieux, car il était une des plus
respectables créations du moyen âge et il s'était sponta-
nément donné à la mère patrie avec le reste du Dauphiné.
Les protestants de France y comptaient plus de 1 1 000 core -
ligionnaires.
Un fait particulièrement intéressant, c'est que dix ans
après la campagne dont nous venons de retracer les
phases principales, l'évêque de Die, Gabriel de Cosnac,
qui avait succédé à son oncle Daniel, reconnut lui-même
la belle conduite de notre peuple huguenot dans ces cir-
constances si graves de notre histoire nationale. Le duc
de la Feuillade ayant été nommé gouverneur du Dauphiné
et de la Savoie, et la municipalité dioise l'ayant respec-
24
ÉTUDES HISTORIQUES
tueusement félicité de la charge de confiance dont il avait
été investi, le nouveau titulaire répondit par la lettre
suivante (1).
« A Chambéry, ce 11 décembre 1103, -
« Messieurs,
« Le roy ayant destiné Monsieur le Maréchal de Tessé pour
son armée de Séchia, m'a fait l'honneur de m'envoyer en sa place
commander le Dauphiné et dans la Savoye. Je scay la confiance
que vous aviez en luy; je scay qu'il n'a jamais employé que l'es-
timera douceur et l'amitié pour maintenir vostre fidélité, laquelle
à la vérité a déjà esté si éprouvée que l'attention de ceux qui sont
chargés des ordres de Sa Majesté dans ceste province, doit estre
bien plus tôt de vous marquer de la satisfaction que de prendre
des mesures convenables contre les mouvements séditieux où les
ennemis de l'Etat, et ce que je ne scaurois dire que pénétré de
douleur, les membres mesmes de cet État, dont vous êtes entou-
rez, employent touttes sortes de moyens pour vous engager.
« Pour moy, Messieurs, je vous diray que l'attachement invio-
lable que vous marquâtes à Sa Majesté sans qu'aucun de vous
aud. s'en soit démenty, dans l'année fatalle où Monsieur le duc
de Savoye pénétra jusqu'à Embrun, m'est demeuré dans le cœur,
quoy qu'en ce temps je fusse encore bien jeune pour recevoir
aussi vivement de pareilles impressions. Vous ne devez pas douter
que l'intérêt que je prends à ce qui vous regarde ne soit plus sen-
sible et plus véritable que ne peut estre celluy d'aucun autre qui
tiendroit ma place, puis qu'outre la qualitté de sujet zélé et celle
de commandant, j'ai l'honneur d'estre encore Gouverneur de
province et tils d'un père illustre qui a jouy avant moy du mesme
avantage.
« Je vous prie, donc, Messieurs, d'estre persuadez que vous
avez en moi un protecteur asseuré etunamy fidel. Je vous répons
de la part de Sa Majesté qu'il vous regarde comme ses bons et
(1) On lit dans les Délibérations consulaires de la ville de Die (registre de
1101 à 1709, f0" 141 et 142) : « Et à l'instant mondit seigneur Gabriel de Cos-
nac ayant voullu luy-mesme faire lecture d'une Lettre du il du présent,
escrite par Monseigneur le duc de La Feuliade, gouverneur de cette province
et commandant en icelle et dans la province de Savoye. aux Nouveaux Con-
vertis, afin de la randre publique, suyvant les intentions de mondit Seigneur
le duc, il a esté unanimement conclu que ladite Lettre seraregistrée dans les
présents et qu'elle sera publiée à son de trompe, par tous les carrefours
accoustumés.
« Gabriel de Gosnac, évêque, comte de Die; Daniel Isoard. lieutenant du
maire; Daniel Gueymar, Louis Chion, consuls modernes, sieur Anthoine Bott-
drat, sieur Scipion du Pilhon, châtelain, Pierre Dailhe. curé. Anthoine Pou-
drel, François de La Morte, etc., etc. »
ÉTUDES HISTORIQUES
25
véritables sujetz et qu'il ne mettra jamais de différence entre les
Nouveaux Convertis et les Anciens Catholiques, qu'en cas qu'ils
ne fussent assez aveuglez, pour s'éloigner de la soumission et de
la (idélité où les engage le bonheur d'estrenez sous sa domination.
« Je suis avec une sincère affection, Messieurs,
« Y.oStre très-humble serviteur,
a Le duc de La Feuillade ».
# #
Bien que le nom de Philis de La Tour La Charce ne se
rencontre pas une seule fois dans les documents officiels que
nous venons de citer, on a cependant essayé de personnifier
en elle le patriotisme et la fidélité, dont les montagnards
du Dauphiné donnèrent des preuves si éclatantes en 1692.
Une légende s'est peu à peu formée autour de l'héroïne,
si bien qu'aujourd'hui, dans un certain camp, on ne
l'appelle plus que la Jeanne d'Arc, ou la Jeanne Hachette
ou la Libératrice du Dauphiné!
Romanciers, conférenciers, journalistes, historiens
semblent s'être donnés le mot pour exalter cette femme
devenue célèbre et ajouter des détails toujours plus mer-
veilleux à ses premières biographies. Actuellement, on se
sert de la modeste carte postale illustrée... pour popula-
riser ses traits et sauver de l'oubli ses exploits glorieux.
Nos lecteurs nous sauront gré de la leur présenter, tout
d'abord. Son père était Pierre de La Tour La Charce, qui
passa toute sa vie à guerroyer et devint, en 1652, maréchal
des camps et armées du roi. Bien que protestant il avait
pris part, en 1628, contre ses coreligionnaires, au siège
de La Rochelle, ce qui ne l'empêcha pas, dans son
testament du 15 novembre 1654, de « léguer aux
habitants de sa terre des Plantiers (en Languedoc)
l'emplacement d'un temple, aux réformés nécessiteux de
La Charce (près La Motte-Chalancon) 100 livres, et
pareille somme à ceux de Montmorin (Hautes-Alpes) ».
Il mourut le 22 août 1675 « et fut inhumé le lendemain,
dans le cimetière de ceux de la R. P. R. » Il avait épousé
26 ÉTUDES HISTORIQUES
sa cousine germaine, « noble clamoiselle Catherine-Fran-
çoise de La Tour Gouvernet, dame de Mirabel, Mont-
morin et Sigottier ». Elle décéda le 17 mars 1709, à
l'âge de 90 ans, ayant abjuré la religion protestante le
11 février 1686, entre les mains de l'évêque de Gap.
Philis vint au monde le 5 janvier 1645. Voci comment
son père relate sa naissance :
« Le 5 (janvier) de Tan 1645, ma femme s'accoucha d'une ii lie
à Montmorin. Elle y fut baptisée (nommée) par M. Bonnet, notaire
à La Charce; elle a nom Philippe et on la nomme Philis. M. le
Conseiller de Saint-Germain, l'oncle de ma femme à la mode de
Bretagne, est son parrain, et Madame la Conseillère de Moret, sa
marraine, laquelle étoit sœur de Madame de Mirabel, mère de
ma femme, toutes les deux de la maison de Peire, près de Serre.
M. de Jarjayes, fils d'une autre sœur de Madame de Mirabel, la
présenta au baptême avec malille De Curban (1) ».
Parmi les autres enfants de Pierre de La Tour La
Charce (2) et de sa compagne citons : Françoise mariée à
François de Pontis, seigneur d'Urtis et de Curban, Achille,
Marie, Pierre, Alexandrine, Suzanne, Marguerite, Louis,
seigneur de Mirabel, René Scipion. — En 1675, il ne
restait plus que Philis, Marie (Mlle des Plantiers), Pierre,
marquis des Plantiers, Marguerite (Mlle d'Aleyrae) et Louis
qui continua la branche de La Charce.
« Philis fut élevée par Antoinette de La Garde, femme
de Guillaume de Lafont-Pois-Guérin, seigneur des Houil-
lières, aide de camp des armées du roi et son lieutenant
au gouvernement de Doullens (3). » 11 était protestant.
En 1692, l'héroïne avait donc quarante-sept ans.
Depuis six à sept ans, elle se proposait d'abjurer la reli-
gion de ses pères et faisait une active propagande parmi
ses tenanciers en faveur du catholicisme qu'elle embrassa
définitivement en 1693.
(1) M. Lacroix, archiviste de la Drôme, dans le Bulletin de la Société d'ar-
chéologie et de statistique de la Drame, année 1881, Article : l.a Charce-
pp. 191 et suivantes.
(2) En 1619, Louis XIII avait érigé en marquisat la seigneurie de La Charce
en faveur de René de La Tour Gouvernet, qui mourut peu après.
(3) Bulletin... op. cit., p. 200.
ÉTUDES HISTORIQUES 27
Après la prise de Gap, comme des détachements ennemis
sillonnaient les campagnes, incendiant villages et châteaux :
« MM. de Flotte, de Saint-Pierre, de Taillades, Lagier de Vau-
La prétendue libératrice du Dauphiné.
(OEuvre de Daniel Campagne.)
gelas et de La Cardonnière, à la tête de leurs compatriotes, vont
attendre l'ennemi au Col de Cabre, où Philis de La Charce, en
habit d'amazone, vêtue d'une cuirasse, l'épée a la main et le pis-
tolet à l'arçon de sa selle, vient avec la troupe de défenseurs
qu'elle a recrutés dans les Baronnies* D'abord, elle met en fuite
28
ÉTUDES HISTORIQUES
les bandes indisciplinées qui devançaient l'armée du duc, puis
elle croise le fer avec les Barbets et les réfugiés français et les
rejette sur la pente opposée du col. Les autres passages des
Alpes (sic) dans le voisinage avaient été fortifiés par ses ordres,
les ponts des torrents rompus, les routes barricadées et les défilés
gardés. Les Savoisiens reculent devant une défense si vaillam-
ment organisée et l'effet moral produit par l'éclatant succès de
Philis est immense et décisif (1). »
Ce récita évidemment été inspiré par un roman anté-
rieur (2) que Ton a voulu embellir ou dénaturer, —
comme on voudra, — et qui explique différemment la
victoire de la Dauphinoise sur les coalisés. Mais quand
on se livre à son imagination, celle-ci montre, comme le
dit Malebranche, « qu'elle est toujours la folle du logis ».
L'auteur de ce roman raconte, donc, les amours de
l'héroïne et du comte deCaprara, général de l'Empereur,
qui avait promis d'épouser la future « Pallas », mais qui
ne put tenir sa parole. Voici comment elle triompha de
son admirateur dans le fameux combat que l'on place en
1694 (sic) :
« Au moment de partir pour la chasse avec quelques servi-
teurs, elle apprit que Caprara avec tout son monde se dirigeait vers
le col (?); elle vola à sa rencontre. Armée de deux pistolets et
d'un sabre, elle se fit accompagner de tous ceux qui se trouvèrent
dans la maison... Elle reconnut son infidèle en la personne du
commandant : ce dernier tirait son sabre pour se frayer un che-
min, lorsque Mademoiselle de La Charce se montra, en criant :
Achève, perfide! pour venir à bout de tes héroïques entreprises,
perce ce malheureux cœur...
« Le comte fut frappé comme d'un coup de foudre, en enten-
dant cette voix si chère; son sabre tombe de sa main, lui même
chancelle, il est obligé de mettre pied à terre, et entraîné par son
(1) C'est un résumé de plusieurs ouvrages. Cf. Hochas : Biographie du
Dauphiné, Paris, 1856, 2 vol. in-8°, — Le curé Albert : Histoire du diocèse
d'Embrun, 1783, — Franck Maurice : Philis de La Charce : Conférences
(1625-1101), Orléans, 51 pp. in-8°, — Du lîoys : Philis de La Charce. héroïne du
Dauphbié au XVU» siècle, dans le Bulletin de l'Académie dclphinale. 3' série,
t. I, pp. 5 et suiv., — Abbé Lesbros : Mademoiselle de La Charce, Paris. 1 S S 3 .
300 pp. in-8". — Mme Louise Urcvet : Légendes dauphinoises : Mademoiselle
Philis de La Charce, Grenoble, Dauphiné. vin, (roman).
(2) Anonyme : Histoire de Mademoiselle de La Charce, de la Maison de
La Tour-du-Pin en Dauphiné, ou Mémoires de ce qui s'esl passé sous le 7-ègne
de Louis XIV, Paris, A la belle image, Gandoin, 1731. 452 pp. in-12.
ÉTUDES HISTORIQUES
29
inclination, il se trouva aux genoux de Mademoiselle de La
Charce et se déclare son prisonnier. — Faites retirer vos troupes
de ce lieu, dit-elle. Caprara répond : Vous serez obéie. Ainsi, vous
aurez la gloire d'avoir fait tourner le dos à notre armée et d'avoir
sauvé le Dauphiné au roi de France ! »
Nous n'aurions garde d'insister sur l'année où l'auteur,
fort bien renseigné, comme on le voit, place cette scène
qui rappelle de si loin et si mal celle du Dépit amoureux,
ni sur l'âge de l'héroïne. Nous ferons simplement remar-
quer à ceux qui ont essayé de corriger et de modifier cette
légende que l'armée des Alliés resta cantonnée à Gap, que
les détachements ennemis ne dépassèrent pas la ligne du
Buech et ne purent dès lors faire aucune apparition au
col de Cabre fort au delà, que la plupart des réfugiés
étaient restés à Guillestre avec le comte de Schomberg,
et que les passages des montagnes, depuis Aspres-les-
Veynes jusqu'à Sisteron étaient gardés par le comte de
Grignan, le marquis du Cambout et leurs lieutenants
aidés de nos population soulevées.
On cite encore un extrait du Mercure Galant (14 sep-
tembre i 692) où l'on peut lire ces mots :
« Le zèle qu'a fait paraître Mademoiselle Philis de La Charce,
Nouvelle Convertie, pour le service du roi, ne doit pas être oublié.
Elle a empêché la désertion des peuples... Elle s'est mise à leur
tête, a gardé les passages, fait couper les ponts... Madame la
marquise de La Charce, sa mère, exhortait les peuples de la
plaine, à se maintenir dans le devoir, pendant que sa lille résis-
toit aux ennemis de la montagne. Madame d'Urtis, son aînée, fit
d'un autre côté, couper toutes les cordes des bateaux qui traver-
soient la Durance, afin que les ennemis ne s'en pussent emparer. . .
Pendant que Madame de La Cha.ce et ses lilles donnent ainsi des
preuves de fidélité dans la province, oh leur maison était autrefois
souveraine, M. le marquis et M. le comte de La Charce, qui sont
actuellement au service, font connaître leur valeur et leur
courage. »
Le Mercure Galant, journal de salon et de ruelles,
s'occupait surtout des menus des fins dîners offerts par
le roi, de ses pertes de jeu et des racontars de la Cour.
Nous récusons absolument l'authenticité des nouvelles
30
ÉTUDES HISTORIQUES
tendancieuses dont il se fait l'écho et qui sont contredites
par toutes les dépêches officielles que nous possédons sur
l'invasion de 1692. Nous protestons en particulier, avec
énergie, contre la prétendue désertion des peuples, au nom
des enrôlements de volontaires signalés dans les Délibé-
rations consulaires des villes de Crest, Châtillon, Nyons,
Buis-les-Baronnies et Rosans, et au nom de la vérité his-
torique, ainsi que du patriotisme intelligent et généreux
dont nos paysans donnèrent des preuves pendant tout le
cours de la campagne.
En ce qui concerne la parenté de la famille des La
Tour La Charce avec la maison souveraine des La Tour du
Pin, dauphins de Viennois, voici ce que nous lisons dans
Y Armoriai du Dauphiné de Rivoire de La Bâtie :
« De graves contestations généalogiques se sont élevées au
sujet de l'origine de cette famille. Est-elle un rejeton de la maison
souveraine de La Tour du Pin? N'est-elle, et cela serait encore
fort beau, qu'une noble et ancienne famille sortie du Trièves et
de la Val-Chevaleureuse, comme l'ont expressément écrit Ghorier
et Guy Allard dans leurs Nobiliaires Dauphinois et originaire de
La Cluse? Nous n'entreprendrons point de trancher ici une ques-
tion aussi délicate et nous nous bornerons à dire que MM. de La
Tour du Pin, à tort ou à droit, sont aujourd'hui en pleine posses-
sion de ce nom illustre qu'ils n'ont commencé à prendre que
vers la fin du xvn9 siècle (1). »
D'autre part, dans les Notes, puisées aux meilleures
sources, que M. Auzias, avocat, donne sur Philis de La
Tour La Charce, cet auteur fait les mêmes réserves et
complète comme suit le témoignage de Rivoire delà Bàlie,
dont cependant les intentions bienveillantes envers les
familles actuelles nobles du Dauphiné ne sont un secret
pour personne :
« L'héroïne fut inscrite à son acte de naissance sous le nom
de Philippe (Philis) de La Tour, en 1615. — Le 26 août de la même
année, une fille de feu César de La Tour, marquis de La Charce et
de Françoise de Saussans, étant âgée d'environ vingt ans. bap-
tisée protestante, fait renouveler son baptême, à l'Église, sous le
fl) G. Rivoire de La Bâtie : Armoriai du Dauphiné, Lyon, 1867. 819 pp.
gr. in-4°, p. 738.
ÉTUDES HISTORIQUES
31
nom de Marie-Marguerite de La Tour. Sou parrain est René de La
Tour, seigneur et baron de Montauban, la marraine est Lucrèce
de La Tour, marquise de La Charce, mère de Philis. Celle-ci
signe Philis de La Tour, ou Philis de La Charce, jusqu'en 1688.
Le 1er août 1688, elle signe encore Philis de La Tour La Charce.
C'est seulement à partir du 19 janvier 1689, que, dans un acte de
baptême rédigé par un notaire qui la désigne sous le nom de
Philis de La Tourelle signe Philis de LaTour du PinLaCharce (1).»
Il est donc vrai que jusqu'à cette date, elle ne s'était
reconnue aucune parenté avec l'illustre et ancienne
maison souveraine des seigneurs de La Tour du Pin, dau-
phins de Viennois (2).
On assure encore que le 22 septembre 1693, le mar-
quis de Larray adressa de Fénestrelles le billet suivant à
la « libératrice du Dauphiné » :
« Si le roi avait dans ses provinces beaucoup de personnes
comme vous, il n'y aurait pas besoin d'y avoir des troupes, ni
d'autres forces que celles de voire prudence et de votre zèle pour
son service. Vous rassurâtes si fort le pays l'année dernière que
nous vous devons la tranquillité qui s'y conserve. Il est vrai,
Mademoiselle, que j'en ai rendu compte à la Cour. Elle appréciera
certainement tout ce qu'il y a de grand, d'héroïque, dans votre
conduite, et vous en serez récompensée par la reconnaissance et
l'estime de Sa Majesté (3). »
Si le marquis de Larray a vraiment cru pouvoir
accorder ces éloges à Philis de La Tour, on est en droit
de se demander ce qu'il entend par ces mots : Elle (la
Cour) appréciera certainement tout ce qu'il y a de grand,
(/'héroïque, dans votre conduite. S'il s'agit de l'action qu'elle
a exercée sur ses vaillants coreligionnaires, nous savons
ce qu'il en faut penser; et si l'on veut faire une allusion à
des exploits militaires, on s'étonne que le défenseur
(1) Auzias, avocat : Noies sur Philis de La Tour La Charce, dans le Bulle-
tin de l'Académie delphinale, 3e série, t. Il, Grenoble 1800-07.
(2) Les lecteurs que la question de Vorigine princière de Philis de La Charce
pourrait intéresser trouveront dans les Tableaux généalogiques de la Maison
de la Tour du Pin (1870) et dans leurs Annexes (1881) tous les détails possibles
pour éclairer leur religion. Ils sont conservés aux Archives de la Drùnie
et dans bon nombre d'autres dépôts publics.
(3) Bulletin de la Société de statistique de l'Isère, 3e série, t. V, p. 28.
32
ÉTUDES HISTORIQUES
d'Embrun n'en ait jamais parlé dans ses dépèches à Pont-
cliartrain et à Barbezieux.
Ce qu'il y a d'étrange est que dans le pays même qu'elle
avait si brillamment défendu on n'avait pas entendu
parler de ses victoires. En voici la preuve péremptoire.
Dans une missive adressée par Mme de La Bâtie à
Mme de Léberon. sa cousine, en date du 8 février 1693.
de Lcltrel, près de Tallard. on lit ceci :
« Je ne saurois assez vous témoigner ma reconnaissance de
voire offre de nous donner retraite chez vous, si notre sort nous
eût menés dans vos quartiers. C'est une chose bien pitoyable que
d'être obligés de quitter ses maisons et de trouver partout f.ù
l'on s'arrête la frayeur et l'éponvanle; nul lieu de repos et de
quiétude: partout l'on fuyoit et l'on craignoit. Pendant deux mois
et demi nous avons été en campagne. Nous nous arrêtâmes à
Nyons dans la pensée, si l'ennemi s'approchait, de passer le Rhône.
Nous apprîmes là le malheureux état où l'ennemi avoit mis aotre
pauvre Gap et ses environs. Sachant qu'il s'en étoit retourné.
M. Toures alla voir nos chagrins de plus près et d^s que je me
suis pu retirer, tout incommodée que j'étois. à fort petites jour-
nées, je suis arrivée à un petit village nommé Lettret. à deux
lieues de Gap et une promenade de la comté de Tallard. Une
petite maison que j'ai acquise dans Lettret a été conservée, grâces
à Dieu, dans les flammes de trois côtés: la Durance étoit de
l'autre, mais il n'y avoit personne pour éteindre le feu. Il est
pitoyable de voir toutes les maisons brûlées, ce fort beau château
de Tallard entièrement brûlé et tout le bourg qui est fort consi-
dérable... Tout ce pays est encore dans l'incertitude de ce qui se
fera dans le printemps et si nos troupes seront encore les plus
faibles (1). »
Voilà donc une dame appartenant a l'une des plus
vieilles familles nobles des Baronnies. qui se trouvant dans
un pavs ravagé et incendié quatre moi< auparavant par les
envahisseurs, garde un silence absolu sur la • Jeanne
d'Arc o qui en a débarrassé la contrée, au dire de ses
admirateurs !
Cela est bien singulier.
Ce qui l'est encore davantage esl l'extrême réserve
observée par la marquise douairière de La Charce dans
(1) Archives de la Drôme. E.n° 892.
ÉTUDES HISTORIQUES
un Placet qu'elle adressa, le 8 juin 17(KJ, au contrôleur-
général des finances, sur les services rendus par sa fille,
morte le 4 juin précédent (1), afin d'obtenir pour elle-
même la pension de 2 000 livres que l'on servait à la pre-
mière, depuis le mois d'août 1691. Elle lui dit :
« Monseigneur,
« Ma tille aynée que vous honoriers de l'honneur de vostre
prolexlion vient de mourir, qui est pour moy à l'aage de quatre
vingt trois ans, la plus grande perle que je pouvois l'aire, m'estant
d'un grand secours par ses soins el par la pansion de deux mille
livres dont Sa Majesté l'honoroit annuellement sur son trésor
royal. J'ose vous supplier très humblement, Monseigneur, par
Vexlrême besoin que je en ay de me la procurer de Sa Majesté
par vostre puissant crédit et je seray toute ma vye avec une
respectueuse recognoissance,
« Monseigneur,
« Vostre très-humble et très-obéyssante
et très-soubmise servante.
« A Nyons en Dauphiné ce 8 juin 1703.
« Françoise de La Tour du Pin, doyrikrk de La Charce (2). »
On cite, aussi, un billet qu'un habitant de Gap,
M. Souchat (?), aurait écrit à Mlle de La Charce :
»
« A Gap, ce Ki octobre 1G92.
« Ce n'est pas d'aujourd'hui, Mademoiselle, que je sais que
vous faites revivre les Amazones Bien que nous soyons d'un
(1) On lit dans les registres de l'état civil de Nyons : « Du i juin 1703
Philis de La Tour du Pin de La Charce, a été ensevelie daus la tombe sépul-
crale de la chapelle joignant celle de Saint-Crespin, occupée par les reli-
gieuses de Saint-Césaire. »
La Gazelle officielle du 23 juin 1703 rapporte comme suit ce triste événe-
ment : « Demoiselle Philis de La Tour du Pin de La Charce, qui depuis sa
conversion à la religion catholique avait donné autant de preuves de sa piété
que de son zèle pour le service du roy, en plusieurs occasions, est morte à
Nyons en Dauphiné, âgée de 58 ans. »
Ces quelques mots renferment le secret de la popularité posthume que ses
admirateurs ont voulu lui faire.
(2) Archives Nationales : Papiers du Contrôleur général, Liasse tî, vu, 406.
Dossier de M. de Grignan. — Le comte de Grignan, lieutenant-général en
Provence, recommanda vivement cette requête, par sa lettre du 7 juin 1703.
La pension sollicitée fut accordée à la marquise douairière de La Charce.
3
34
ÉTUDES HISTORIQUES
pays perdu, nous avons ouï parler de vos exploits, et si nous
avions élé assez heureux pour avoir ici quelqu'un de votre valeur,
nous aurions évité très assurément les maux que les ennemis
nous ont fails. Si j'en étais cru, non-seulement M. l'Intendant,
mais M. de Câlinât publieraient si fort vos louanges à la Cour,
que voire nom y seroit éternisé, puisque c'est à vous seule qu'on
doit la conservation de votre pays (1). »
Il est à remarquer que M. l'abbé Lesbros, le pané-
gyriste de Philis de La Charce, malgré toutes ses
recherches, n'a jamais pu découvrir l'auteur de ce prétendu
billet... Il serait cruel d'insister.
Une lettre de Mme de Sévigné renferme un passage
des plus suggestifs que nous voulons rappeler ici : « J'ai
vu, dit la spirituelle marquise, — (toujours bien informée
et encore plus impartiale..., comme chacun sait), —
Madame De Vins; M. le chevalier y présentent Mademoi-
selle de La Charce, autrement dit la guerrière P allas :
elle nous a conté ses campagnes avec beaucoup d'es-
prit »...
On assure en effet, qu'en 1691, sur les conseils de
l'intendant Bouchu, « Philis se rendit à Paris. Elle fut
reçue par Louis XIV qui la combla des marques de sa
faveur, lui accorda une pension de 2 000 livres, comme
à un colonel — (d'autres disent, avec un brevet de
colonel) — et fit déposer au trésor de Saint-Denis son
épée, ses pistolets et ses armoiries ».
Observons que Hochas qui com plaisamment avait cru
devoir insérer ce dernier détail dans sa Biographie du
Dauplnné, l'a rétracté dans des notes manuscrites ; que
jamais, ni blason, ni épée, ni pistolets n'ont élé déposés
à celle illustre abbaye et que le brevet de colonel est du
domaine de la légende. En ce qui concerne la pension
de 2000 livres, elle fut allouée à Mlle de La Charce,
non pour ses services militaires... mais pour son prosé-
lytisme religieux, ainsi que nous allons le voir.
(1) Albert Du Boys : Philis de La Charce héroïne du Dauphiné au XVIF siècle
dans le Bulletin de l'Académie delphinalc, 3e série, t. 1. pp. 8 H BlliY,
ÉTUDES HISTORIQUES
35
M. de Vertron, l'éditeur de la Nouvelle Pandore
(p. 405), lui dédia de son eôté, le quatrain suivant :
Par la prudence et la valeur
La Cliarce surpasse Clélie;
Par l'esprit et par la douceur
D'Aleyrac surpasse Télie.
Mlle d'Aleyrac, sœur de Philis, jouissait de la
réputation de femme lettrée.
Ajoutons que Mme Deshoulières étant venue habiter
Nyons en 1672, se lia avee Mlle de La Cliarce et
avec sa sœur cadette (1 ). Bien que celle-ci se rapprochât
davantage d'elle par ses tendances poétiques, ses préfé-
rences furent pour la première à qui elle dédia en 1673
une pièce de vers sur la Fontaine de Vaucluse et adressa
en 1685 une Epître chagrine.
Enfin, nous ne citerons que pour mémoire un article
paru dans le Courrier de la Drôme et de l'Ardèche, le
30 novembre 1847, sous la signature de Mme Camille
Lebrun, oùl'onnous dépeint le château de La Charce, ses
tourelles, ses grandes pièces meublées de chaises et de
fauteuils « recouverts de cuir mordoré » — (l'auteur est-il
bien sûr de cet important détail?) — et l'arrivée inopinée
« d'un lieutenant de dragons envoyé par Catinat à
Mlle de La Cliarce et à douze autres gentilshommes des
environs pour les supplier d'armer leurs vassaux et de
courir au secours du roi ». On ne mentionne pas le fameux
combat du col de Cabre, mais on nous entretient d'es-
carmouches où Philis repoussa les ennemis : on ajoute :
« Néanmoins Catinat déclara hautement que c'était elle
qui avait sauvé le pays en cette grave circonstance » !
Qu'il est regrettable que l'illustre maréchal ne men-
tionne en aucune façon dans ses Mémoires cette démarche
de sa part, pas plus que les coups d'épée et de pistolet
(1) La sœur cadette de Philis de La Charce, c'est-à-dire Mlle Marguerite
d'Aleyrac, nous a laissé un Madrigal sur la prise de Gand (1677) et quelques
autres pièces. Qu'il est fâcheux qu'elle ne parle jamais des chevauchées guer-
rières de sa sœur ! Les aurait-elle ignorées?...
56 ÉTUDES HISTORIQUES
libéralement distribués aux envahisseurs par celle qui csl
devenue la Libératrice du Dauphinêï
■5C-
-"-
Nos lecteurs trouvent, sans doute, qu'il est temps de
revenir à la vérité historique et de leur indiquer les- cau-
ses qui ont valu à notre héroïne, auprès de certains
auteurs, une popularité que d'autres mettent si peu d'em-
pressement à lui accorder. Nous sommes de leur avis, et
nous allons essayer de les satisfaire.
Toute cette légende repose sur une équivoque.
Nous avons vu, il y a un instant, que la marquise
douairière de La Charce avait abjuré le protestantisme
entre les mains de l'évêque de Gap, le 11 février 1686.
Il est à croire qu'elle mûrissait ce projet depuis assez
longtemps, aussi bien que ses deux filles, qui suivirent
son exemple, puisque nous lisons dans le Mercure Galant
(14 septembre 1092) ces quelques mots : « Il y a peu
d'années que Mlle d'Aleyrac, cadette de la maison
de La Charce soutint le parti catholique contre les
mutins qui s'étoient assemblés en Dauphiné, près de
Bourdeaux et avaient baptisé leur assemblée du nom de
Camp de V Eternel (1). ttlle est maintenant à Paris ».
Quant à Philis, dès le commencement de 1686, nous
la trouvons fiévreusement occupée à catéchiser les réfor-
més de Nyons, de La Motte Chalacon, de La Charce, de
Cornillon, de Montmorin, pour les amènera une abjura-
tion. De cette date à 1702, elle est marraine de la plupart
des enfants qui naissent dans les familles huguenotes,
ainsi que nous l'apprennent les registres de l'état civil
de La Charce, et de Montmorin. Déjà, le 15 janvier (1680)
elle semble avoir contribué à faire entrer dans le giron
(1) Allusion au combat de la Grange Brâlëe près de Bourdeaux, le
30 août 1683, où les 2 régiments de Barbezières et île Tessé massacrèrent une
soixantaine de protestants, et à La suite duquel plusieurs prisonniers furent
envoyés aux galères comme Coulaud de Heauvallon, et d'autres furent mar-
tyrisés comme Coutaud de Hochebonne, de Saillans. Cf. BroussOD : Apologie
du projet des informez de France, s. 1. n.d. 1684, in-12, p. 187,
ÉTUDES HISTORIQUES H7
de l'Église romaine « noble Henriette d'AUéoud de Chey-
lanne, qui renonça à toutes ses hérésies, notamment à
celles de Calvin»; quatre jours après, à son instigation,
l'une de ses parentes «noble Eléonore Arthaud de Mon-
tauban » crut devoir suivre le même exemple; l'année
suivante, ce fut un ancien protestant, Charles de Lavai,
qui Qt baptiser par le curé sa fille Lucrèce, dont le parrain
tut « haut et puissant seigneur de Montauban ». Celui-ci
aurait voulu que le vicaire-général de l'évêque de Die
présidât en personne cette cérémonie, qui « eut lieu au
château, à 10 heures du soir, aussitôt après la naissance
de l'enfant » (20 juin 1687) (1).
La mère et la sœur de Philis la secondaient, d'ail-
leurs, de leur mieux dans son ardeur religieuse.
Cela dura jusqu'en 1692, au milieu de la tristesse
indignée de ses braves coreligionnaires et de l'approba-
tion enthousiaste de ses nouveaux amis. Mais Fou
apprend, coup sur coup, l'invasion du Dauphiné par les
coalisés, la prise de Guillestre, bientôt suivies par celles
d'Embrun- el de Gap. La population du Diois etdesBaron-
nies se soulève contre les étrangers.
Quelle fut la conduite de Philis en ces dramatiques
circonstances? Les uns assurent qu'elle apporta tous ses
soins à mettre son château de Montmorin en état de
défense; - d'autres qu'elle aida le marquis du Cambout et
les gentilhommes venus pour lui prêter main-forle, à
garder les défilés du Trièvcs, du Diois et des Baronnies(2) ;
ceux-ci affirment, sans preuves, qu'elle défitles Barbets (?)
en plusieurs rencontres; — ceux-là, soucieux de la vérité
historique et reconnaissant qu'aucune dépêche officielle,
aucune délibération consulaire des villes et des villages
du Diois, des Baronnies et duGapençais, aucun document
d'une authenticité indiscutable ne mentionne ses exploits
guerriers, croient qu'elle a calmé les protestants justement
(1) Cahier des abjurations des habitants de la R. I*. 1t. de la Molle-Chu-
lancon, G G 10, Archives municipales.
(2) Capilaine Perreaud, professeur adjoint d'art et d'histoire militaires à
l'École de Saint-Cyr : Campagne des Alpes 169?, Câlinât cl l'Invasion du Dau-
phiné, Paris, 1802, 82 pp. in-12.
ÉTUDES HISTORIQUES
irrités des mesures iniques prises contre eux, depuis plu-
sieurs années, qu'elle les a maintenus ce fidèles au roi, à
la patrie, à l'honneur » et par ses sages recommandations
les a détournés de se joindre aux envahisseurs.
Ce sontlà desimpies hypothèses. Les réformés n'avaient
pas besoin de ses conseils pour (aire leur devoir : son
crédit auprès d'eux devait être des plus restreints.
Nous sommes persuadé que son rôle pendant la
campagne de 1092 a été des plus effacés.
Il est possible qu'elle se soit rendue à Paris en 1694. el
que Louis XIV lui ait accordé une pension de 2000 liv. (1).
Mais il est à remarquer que celte somme était prise sur la
Régie des biens des religionnaires fugitifs, qu'elle fut d'abord
allouée au père de Philis, puis, après la mort du marquis
à sa lille (2) et au décès de celle dernière, à sa mère,
alors âgée de 83 ans, ainsi que nous venons de le voir.
Qu'a donc voulu récompenser le monarque? — « La piété
autant que le zèle dont Mlle de La Charce avait donné
des preuves depuis sa conversion à la religion catholique,
pour le service du roi, en plusieurs occasions ». (Gazette
officielle, 23 juin 1703).
À ce témoignage décisif, ajoutons cet autre qui n'est
pas moins explicite et que nous renconlrons dans la
ettre de recommandation adressée le 7 juin 1703, par h4
comte de Grignan, lieutenant-général en Provence, au
ministre d'État, Chamillard, pour faire maintenirà Mme la
marquise de La Charce la pension servie à sa lille. Il devait
être fort instruit de la conduite de Philis en 1092, puisque
Catinat l'avait chargé de garder, avec le marquis du
Cambout, les passages, depuis les Baronnies jusqu'à Sis-
feron.
(1) , Dangeaudit ces seuls mots, à la date du 9 août : «< Le roi a donne
ces jours passés une pension de 2 000 livres à Mlle de La Charce. •>
(2) Archives du Ministère des AITaires étrangères : Etat de répartition des
fonds de la Régie des biens des religionnaires fugitifs, volume 1853, pièce 127.
— L'argent qui en provenait servait aux économats, aux hôpitaui catho-
liques, à la réparation ou à la construction d'églises catholiques, à rachat de
consciences faibles ou timorées parmi les protestants, à venir à l'aide de
ceux qui avaient abjuré, etc. : Archives nationales, Carions des religionnaires
fugitifs: TT, 314, Mémoire de l'Intendant Bouchu.
ÉTUDES HISTORIQUES
39
« Monsieur,
« Je ne doute pas que le nom et la famille de M. le marquis
de La Charce ne vous soient connus : c'est une maison aussi
distinguée par son zèle pour la religion dopais leur conversion
qu'elle l'est par sa qualité. Leur exemple jusques ici a soubslenu
dans cetle contrée du Bas-Dauphiné, la foy des bons catholiques,
comme il a esta, la confusion de ceux qui nont. fait que semblant de
l'estre.Mm* la marquise de La Chai ce, la mère, âgée de quatre
vingts ans est une personne d'un rare mérite. Monsieur sou (ils
aîné a l'honneur d'eslre gentilhomme de la Chambre de Monsei-
gneur le Prince(l). Le cadet a veu brûler dans les Cévenes par la
fureur des phanatiques, une belle terre et la seule maison qui
lui restoit(2). Celle famille, Monsieur, vient de perdre MUe de La
Charce que l'on pouvoit regarder comme une espèce d'héroiue et
à qui tous les services quelle a rendu* à la. Religion el au Roi, dans
les pruniers rnowernens de la conversiond.es huguenots avoient attiré
des bontés de Sa Majesté, une pension de 2000 francs.
« Pei mettez-moi, Monsieur, de joindre mes instantes prières
à celles de cette famille qui s' st aHressée àmoy et dont je connois
les grands besoins comme le mérite, pour obtenir du Roy la
conlinuation de celle pension en faveur de Mm° la M. de La
Charce, la mère. J'ose avancer qu'il est de la piété et de la charité
de S. M. de soutenir des gens que l'on peut dire scslrc toujours
signalés pour les interest de nostre Religion.
« Je suis avec beaucoup d'attachement et de respect,
« Monsieur,
« Votre très-humble et très-obéissant serviteur
« Grkinan (3). »
Le 1° Juin, à Grignan, 1703.
(1) Henri-Jules de Bourbon, prince deCondé.
(2) 11 s'agit du château des Plantiers, en Languedoc, appartenant à Uené-
Scipion de La Tour, comte de La Charce, baron des Plantiers et d'Aleyrac.
Ces terres étaient entrées dans sa famille, par le mariage, en 160 i, de son
aïeul César de Gouverne!, depuis marquis de La Charce, avec Claude de
Ginestoux, fille de Pierre de Ginestoux, baron des dits lieux et de Male-
rargues, et de Claude do Mandagot.
(3) Archives Nationales. — Papiers du Contrôleur général, Liasse G, vu, 166.
Dossier de M. de Grignan. Cette lettre est du 7 juin el l'on remarquera que le
Placet qui l'accompagne et que nous avons cité, est du 8 : — Ce plaeet n'est
pas écrit de la main de la marquise de La Charce, mais seulement signé d'elle.
La lettre du comté de Grignan est aussi seulement signée de lui. Nous l'avons
reproduite avec son orthographe comme le Placet.
Les grands besoins delà marquise douairière de La Tour La Charce étaient
arrivés à un tel point que sa situation était voisine de la misère, comme
nous l'apprennent les Délibérations consulaires deNyons. Comment, dès lors,
sa fille aurait-elle pu équiper même un nombre restreint de tenanciers et
faire l'achat de 200 chevaux, ainsi que le raconte gravement la légende?
10
ÉTUDES HISTORIQUES
S'il reste encore l'ombre d'un doute dans l'esprit de
nos lecteurs, nous les pr ierons de vouloir bien considérer
que ces historiens consciencieux qui s'appellent La Plane (1)
et Charronnet (2), dans les ouvrages qu'ils ont consacrés,
l'un à Sisteron et l'autre au département des Hautes-
Alpes, ne prononcent pas une seule fois le nom de
l'héroïne et que M. l'archiviste actuel de Gap reconnaît
que « les exploits de Philis ne sont établis sur aucun texte
authentique » ; qu'enfin M. L'abbé Lèsbros (3), l'aimable et
dévoué panégyriste de « cette autre Pallas » a répondu
exactement ceci au savant Champôllion-Figeac démontrant
dans ses Chroniques Dauphinoises (4), que ses exploits
militaires sont du domaine du roman :
« Qu'importe un détail légèrement emphatique?... Où
donc est le mal d'enfler un peu les belles act ions, de poétiser
un peu les caractères, de flatter à l'occasion les portraits
des grands personnages »?
A quoi le scrupuleux érudit a répliqué :
« fêvidemmont, nous ne voyons aucun inconvénicnltrès grave
à cette manière d'écrire l'histoire, et c'est même la méthode la
plus agréable pour les auteurs; mais il faut aussi permettre aux
chroniqueurs moins épris du merveilleux de pouvoir dire : Le
livre de M. Lesbros contient l'histoire d'une femme remarquable
du xvne siècle, qui a rendu des services au roi et à la religion,
par son influence sur les Nouveaux Convertis, mais dont les
exploits guerriers appartiennent à la légende (5). »
Il nous semble que la cause est entendue : nous savons
maintenant le genre de services que l'héroïne a rendus
au roi, à la religion et à notre Dauphiné.
*
Ajoutons qu'à notre connaissance, il existe cinq por-
traits de Philis de La Gharce : le premier peint par
(1) Ed. do La Plane : Histoire de Sisieron, Urée de ses archives. Digne, 1
2 vol. in-8". T. Il, p. i:t0.
(2) Charronnet : Les Guerres de religion et la s<>ci<:/é protestante dans les
Hautes- Alpes (1560-1789;, Gap, 1861, 528 pp. in-8", livre m. p, 181.
(3) Abbé Lesbros : Mademoiselle de LaCharee, Paris, (î. Teqny, 1888, 1 vol.
in-8- p. 180.
(4) Champollion-Figeao : Chroniques Dauphinoises, Vienne. ISSi. t. II. p. 298«
(5) Champollion-Figeac, op. cit., p, 2!);».
ÉTUDES HISTORIQUES
II
l'illustre Mignard est en la possession de M. le comte de
Chabrillan, au chûteau de Fontaine-Française; — le
second est l'œuvre de Bonnard : à cheval, vêtue en ama-
zone, sans armure et tournée à G.; dans le fond, des
troupes en marche et un combat. Légende : Phi lis de La
Tour du Pin La Char ce, fille du marquis de IAà C /tarée,
lieutenant 'général des armées du Vtoy, laquelle en 169$,
dans r irruption du dur do Savoy e en Daup/riné, fit arme/
sous les ordres du général de Câlinât les communes de son
canton et sy estant mis à leur tête... 1()95, K. B. Del.; —
3°. — On a aussi du môme artiste une gravure de l'hé-
roïne : en pied, debout, la main sur la hanche, la droite
posée sur un cartouche à ses armoiries; dans le fond, un
combat. (H. Bonnard, excud.) et au-dessous cinq vers
latins et huit vers français en l'honneur de Phylis :
Cessez de nous vanter vostre gloire immortelle;
Amazone, cédez. Phylis, par sa valeur,
Ranime l'illustre Pucelle
Qui vangea nos aieux d'un insolent vainqueur.
Dans cette amazone nouvelle
Pallas recognoistroit tout son air, tous ses traits,
Ou du bonheur d'avoir mesme air, mesmes traits qu'elle,
Feroit ses plus ardents souhaits (l).
Un quatrième est du à Legrip, 1856, mesurant 2 m. 15
sur 1 m. 40 : « cette peinture a été retirée des salles pu-
bliques du Musée de Versailles, comme composition sans
autorité historique, au moment des récents remanie-
ments, qui ont eu pour but d'assurer l'exposition en bonne
place des documents authentiques de notre histoire (2) ».
C'est cependant ce portrait que que l'on a choisi pour
reproduire les traits de l'héroïne sur des milliers de
cartes postales...
Un dernier est une lithographie sans aucune valeur
iconographique et qui se trouve à la bibliothèque pu-
(1) Cette gravure fait partie de la collection de Hure, à la Bibliothèque na-
tionale. On en a fait une belle photographie qui se trouve à Valence, à la
Société de statistique et d'archéologie de la Drame.
(2) Note du distingué M. de Nolhac, conservateur du Musée de Ver-
sailles (26 août 1906).
42 ÉTUDES HISTORIQUES
blique de Grenoble. Cette ville a cru devoir donner le
le nom de Philis de La Charce à Tune de ses rues.
On possède aussi une statue fort belle de la pseudo
Libératrice. Elle est due au ciseau de Daniel Campagne,
un sculpteur de grand talent.
Dans un but politique, autant que patriotique,
M. Laurens, sénateur, maire de Nyons, avait formé en
1899 un comité et ouvert une souscription pour
élever une statue à IMiilis. La somme recueillie et com-
plétée par le promoteur du projet, s'éleva à 5 000 fr. et
servit à payer l'artiste chargé de l'exécution de l'œuvre.
La statue fut exposée au Salon de 1900 et fut très re-
marquée. Un fondeur ayant été choisi pour la fonte
moyennant une autre somme de 5000 fr. ce chiffre ne put
être atteint, à cause du refroidissement de l'enthousiasme
de la population mieux éclairée sur les prétendus exploits
militaires de l'héroïne.
La statue, en détresse, paraissait ne devoir jamais
orner le Champ de Mars de cette ville de province,
quand, sur ces entrefaites, M. Laurens mourut. Nouvelles
complications. Un procès était déjà engagé en 1901 entre
les héritiers de ce dernier, Nyons et le fondeur, lorsque le
représentant des premiers proposa à la municipalité de
Grenoble de lui céder la statue au prix de 3 000 fr. , le surplus
devant être payé par la famille Laurens et la ville de Nyons.
Comme M. le conservateur du Musée de Grenoble
avait examiné à Paris le beau travail de Daniel Campagne
et avait trouvé avec beaucoup de raison que c'était une
œuvre d'art remarquable, il donna avec empressement
un avis favorable au projet. — « Cette statue, en fonte de
fer bronzé, mesure, dit-il, 3m. 25, depuis le sol jusqu'à la
main qui tient l'épée. Le mouvement de l'héroïne, montée
sur un cheval qui se cabre, est d'une superbe allure;
l'exécution de cet ouvrage est parfaite jusque dans les
moindres détails; l'ensemble est très décoratif (i). »
Après avoir entendu un rapport de M. Capitanl.
I Délibérations municipales de la ville do lirenoble, 9 octobre 1903
ÉTUDES HISTORIQUES 43
professeur à la Faculté de droit, conseiller municipal,
concluant à l'acceptation de la proposition présentée,
ainsi quel'avaient décidé les commissions des Finances et
de l'Instruction publique, la ville de Grenoble fit l'acqui-
sition de la statue équestre de FMiilis de la Charce.
On assure qu'on la placera sur un des côtés du square
de la Place dê la Constitution, c'est-à-dire près du Musée
et de la Préfecture.
Et c'est ainsi qu'un jour viendra où noire brave
peuple saluera de ses enthousiastes acclamations la pseudo
Libéral rire du Dauphiné au préjudice de ceux qui versèrent
leur sang pour la patrie et ajoutèrent une page glorieuse
à notre histoire nationale !
André M ai lu et.
Documents
POÉSIES INÉDITES DE CLÉMENT MAROT
On connaît Y « Epistre d'Emtorg de Beaulieu à Clé-
ment Marot, poète du Roy, pour lors résidant à Genève »,
publiée au tome 111, p.7i6 de l'édition Gutffrey et tirée de
la « Chres tienne Réjouissance » (s. I. 1546 in, -8°). L'exilé,
après y avoir tant bien que mal lié connaissance avec son
nouveau frère d'infortune, fui vante en ces termes les
cli armes de sa retraite champêtre :
Vien en vers moy ; car suis en un village
Tout eircundé d'arbres, fueille et ramage,
Là où je n'oy que cors de pastoureaulx,
Voix de brelDys, vaches, bœufs et taureaulx.
Mais plus nie plaict encore telle brayrie
Que ne feroit toute la chantrerie
Du Papegay de Homme ou Antéchrist
Dont le baptesme as doctement escript.
11 ne semble pas qu'on ait accordé à ce passage toul
son intérêt. Et pourtant, sans forcer le sens du texte le
moins du monde, il paraît bien que le dernier vers d'Ëus-
torg de Beaulieu fasse ici allusion à une œuvre de Clé-
ment, où le poète aurait sans doute peint les cérémonies
de la proclamation d'un pape sous l'image de celles du
baptême d'un nouveau-né. Or aucune pièce actuellement
connue de Marot ne répond à une telle donnée.
Toutefois, le hasard a mis sous nos yeux une poésie
intitulée « lï un Monstre nouvellement baptisé », recueillie
dans un manuscrit de la Bibliothèque Nationale el qui
pourrait bien être le baptême du Papegay que rappelle
notre auteur. Il s'agit du manuscril 22;>(>( > (fi\), premier
tome d'un recueil de quatre volumes de pièces de vers,
DOCUMENTS
45
chansons, sonnets, triolets, sur les guerres de religion,
formé pur le chirurgien protestant Russe des Nœux. Ces
pièces concernent François llr, Henri 11, François 11,
Charles IX, Henri III, Catherine de Médicis, Marguerite
de Valois, le Cardinal de Lorraine, Lizet, Poyet, Dolet,
Calvin, Marot. Les vers qui nous intéressent se trouvent
au verso du folio 203, seconde colonne, h la suite d'une
pièce intitulée « Les Papillons » ; la fin est au recto, pre-
mière colonne du folio 205. Voici ce morceau, porté sur
le munuscrit sans date et sans nom d'auteur :
Nouvellement ainsi qu'on a escrit
A Romme esl né pour tout vray l'Antechrisl
Et fut porté baplizer bravement
En grand triomfe imperiallement.
Premièrement pour sajie femme et bonne
Allait devant une vieille matrone
Qui faire en tout à sa mode présume
Et se nommait, dit-on, dame Coustume.
Après marchait sapience mondaine
Qui n'estoit pas en son aller soudaine
Ains se portoit en meure gravité
Avec maintien de grand sévérité
Portant le sel pour l'enfant baptizer.
Puis cheminoit sans ça ne là vizer
Tout bellement en saftre (1) courtoisie
Le chef enclin Madame Hippocrisie,
Semblant avoir de tout l'enfant le soin
Et portait l'eaue pour servir au besoin.
Après suivait en grand'devolion
De pas à pas sotte Imitation :
L'Aube portoit failte de broderie
Et enrichie avecques pierrerie,
Tant que c'estoit une belle besongne
Or tout autour « le feu à qui en grongne »
Estoit escript pour la devise antique
Bien proprement en lettre Hullatique.
Après mareboit en estât triumphant
Abuz Parrain lequel portoit l'enfant ;
Et Hérésie estant jeune pucelle
Et Tyrannie ayant trongne cruelle
(1) Safre, saffre, orfroi servant d'ornement (Godcfroy, Dicl. del'anc. langue
franc), c'est-à-dire la courtoisie couverte d'orfroi.
DOCUMENTS
Au près de luy çà et là se tcnoient
Et par les bords le linge soustenoyent
Lequel estoit comme j'ay entendu
Dessus l'enfant jelté etestendu.
Erreur, après, ce bon seigneur goutteux,"
Tout contrefait, borgne, bossu, boytleux,
L'autre Parrain pour l'enfant rapporter
En plein chemin ne se pouvoil baster.
Après alloyent les deux commères gentes
Qui à marcher sont assez diligentes,
Dame Avarice et Dame Simonie
Tenants propos et conférence unie
Bien d'autre cas que du faist du Baptesme :
A\oir de quoy, possible, esloit leur thesme.
Et lors suyvoient les bourgeoises Romaines
Que l'on nommoit Traditions humaines;
Ydolalrie et Blasphème y estoyent
Qui d'un accord un cantique chantoyent
Pour célébrer d'Antéchrist la naissance
Et pour donner au peuple esjouissance
Qui de ce cas n'estoit pas irrité.
En signe aussi de libéralité,
Le Jubilé jadis bien cher vendu
A tous sans pris fust partout espandu
Si largement que bulles et pardons
On pi isoit moins qu'orties et chardons
Or quand on vint à luy bailler le nom
Nom qui luy fust d'un immortel renom,
Un différent y eust non pas pelit
Car un chascun selon son appétit
Vouloit nommer l'enfant. Là bonne Mère
Estoit d'avis qu'on l'apptdast St Père;
Hippocrisie aussi la belle biffe,
Eust bien voulu qu'il fusl nommé Ponlife.
Mais les Parrains, puissants dominateurs,
Luy donnoienl nom le Serf des Serviteurs ;
Idolâtrie illec sans plus enquerre
Voulait qu'il fut appelé Dieu en terre.
Le Prestre lors qui l'office faisoit
El cest enfant Antéchrist baptizoit
Voyant du nom la grand diversité
Et le discord, de son autorité
Luy qui estoit de nation golthique
Luy imposa un nom fort aulentique
Et quelque nom qu'on luy prononce ou jappe
Il le nomma et meil en nom LE PAPE.
DOCUMENTS
Toile est la pièce. Elle est sans nom d'auteur, mais
presque toutes les pièces de ce manuscrit sont anonymes.
Le Balladin lui-même, que renferme le même recueil,
est dans ce cas, à côté du « Grup » mis sous les initiales
(( Cl. M. », ce qui esl nue exception. Enfin les vers que
nous proposons peignent bien le baptême du Pape. Avec
Eustorg de-Beaulieu on l'y nomme bien Antéchrist; le
ton est parfaitement celui de Marot, et les nombreuses
personnifications de ce passage nous rappellent la manière
du Balladin et de la Complainte de Florimond. 11 n'est
pas jusqu'à cette devise « le feu à qui en grongne » que
nous ne retrouvions brodée, dans cette Déplora/ ion de
Roberlet, sur le manteau de la grand'dame romaine.
Airssi, à défaut d'une preuve irréfutable, nous nous con-
tenterons de ces très fortes probabilités pour attribuer
celte pièce au poète de l'Adolescence.
Ces vers constituent alors une œuvre capitale dans
l'histoire des idées religieuses de Clément Marot: non
seulement leur ton de polémique y est d'une hardiesse
remarquable, mais encore la date et les circonstances où
ils ont dû être écrits paraissent d'un intérêt réel.
Si nous considérons que l'épit re de Beau lieu est
de 1543 et que la première œuvre de Marot à tendances
réformées, la Complainte de Florimond llobertet, est
de 1527, nous avons les deux dates extrêmes entre les-
quelles nous devons situer noire pièce. Or, celle ci dul
être composée à l'avènement d'un pape: entre 1527
et 1543, il n'y a de nouveau pontife qu'en 1534, année à
laquelle nous lisons dans le Journal d'un Bourgeois de
Paris : « En Septembre audict an mourut le pape Clément
Septiesme, de poison, et fust esleu pape en son lieu
canoniquement par les cardinaulx, le sixiesme Octobre
ensuyvant audict an, Paul troisiesme de ce nom, et esl
genevoys, et estoit d'aage environ quatre vingt ans ou
plus. — Le vingt sixiesme jour d'iceluy moys, fust faict
asçavoirpar les dixeniers de la ville de Paris, à la requeste
du prevost des marchands et échevins, par les maisons
qu'on feist les feux de joie aux careiburs de la ville de
48 DOCUMENTS
Paris, à cause de la nouvelle élection dudictPape Paul. »
Ainsi, selon toutes vraisemblances, notre pièce serait
d'octobre 1534, ce qui nous révèle dès cette époque une
netteté et une hardiesse de pensée qu'on ne se plaisait à
reconnaître en Marot qu'aux dernières années de sa
vie, aux tristes heures du Bal lad in et de la Complainte
d un pastoureau chrétien.
Ce n'est pas tout. De tels vers de Clément à une telle
date éclairent peut-être bien un autre problème.
Tout d'abord, dans l'ordre du vingt-six octobre
d'avoir à faire les feux de joie aux carrefours de la ville
de Paris, nous ne sommes point porté à voir l'occasion
de la pièce de Marot. En effet, dans son Journal, le
Bourgeois de Paris écrit encore à l'année 1534 : « Environ
le vingt-quatriesme jour d'octobre, furent affichez par
hérétiques des placards contre le St-Sacrement de
l'autel et honneur des saincls. » Or le vingt-quatre, si
nous en croyons Marot et son épître à Couillart, le poète
n'était pas à Paris. Il le répète d'ailleurs dans Fépître
qu'il envoya de Eerrare au roi. Il était à Vauluisant,
passa à Lorri, puis vint à Blois où il resta trois jours
« aux dames devisant». Le vingt-six, Marot était donc
à Blois, et comme le lendemain ou surlendemain il était
obligé à un départ soudain, il put fort bien ignorer sur
le moment la proclamation du prévost des marchands de
Paris : tout au moins la précipilation de sa fuite et des
soucis singulièrement graves pouvaient-ils lui ôter tout
loisir de rimer. Le ton même de lapièceeut .été différent, si
elle était soitie des mains du poète en exil ou traqué par
la maréchaussée du roi. Si nous considérons en tin les
deux premiers vers :
Nouvellement ainsi qu'on a escript
A Rom me est né pour tout vray l'Antéchrist.
Il semble bien qu'il faille placer la pièce à la suite de
la nouvelle que dut recevoir la cour de la proclamation
de Paul III, c'est-à-dire peu de jours après la première
quinzaine d'octobre 1534.
DOCUMENTS 49
Or dans la seconde quinzaine sonl affichés les fameux
placards, le dix-huit et le vingt-quatre, si nous nous en
rapportons aux dires du Bourgeois de Paris. Cn connaît
tous les sentiments de colère que l'événement souleva
dans l'àme du roi. Entre autres mesures violentes, on
promulgua une liste de soixante-treize luthériens qu'on
sommait dtr rentrer à Paris sous trois jours, sous peine
île bannissement cl du feu. Des soixante-rtreize noms,
nous en avons quarante-huit. Les six premiers sont des
prédicateurs: Pierre Caroli, maistre Jehan Le Rentif,
frère François Berlault. Jehan Cotiraul, François Quar-
tier, Mare Richard, puis Marot : il est le septième, tandis
que Fevret n'est que le vingt-sixième, Lyon Jamet le qua-
rante et unième. On perquisitionna enfin chez le poète à
Paris, ses livres furent saisis, et la colère de François Ier
fut telle contre son valet de chambre que celui-ci n'osa
affronter sa présence :
A ta bouté je nTosay tant fier
Que hors de Bloys party pour à toi, Sire.
Me présenter, mais quelqu'un me vint dire : «
Si tu y vas amy, tu n'es pas sa^e ;
Car tu pourrais avoir mauvais visage
De ton seigneur. »
Ainsi pour vray m'écartai de la court.
La place toute spéciale accordée à (élément Marot
dans les poursuites qui suivirent l'affaire des placards a
tou jours paru quelque peu mystérieuse. Ne se trouverait-
elle pas a-sez naturellement expliquée si. quelques jours
auparavant, le poète a eu la hardiesse et la malchance de
livrer aux seigneurs cl aux belles dames de la cour le
manuscrit d'une pièce aussi compromettante que notre
Baptême du Pape? D'autant plus qu'un esprit déjàprévenii
contre Marot pouvait avec quelque vraisemblance Irouvcr
un rapport entre ces vers et les placards, soupçonner
même un de leurs auteurs possibles dans celui d'une
telle satire. N'oublions pas en effet que les placards
de 1534 commençaient ainsi: m J'invoque le ciel et la
50
DOCUMENTS
terre en témoignage de vérité contre cette pompeuse et
orgueilleuse messe papale, par laquelle le monde, -i
Dieu bientôt n'y remédie, est et sera totalement désolé,
perdu, ruyné, abysmé. » Le premier article portait : Le
sacrifice de Christ a été parfait <d ne doit jamais être
réitéré par aucun sacrifice visible. Sont donc menteurs
et blasphémateurs le pape et toute sa vermine de cardr-
naulx. d'évesques et de prebstres, de moynes et autres
caphards. diseurs de messes, el tout ceux qui y consen-
tent. » Ces attaques des placards contre le pape pouvaient
assez facilement rappeler au juge la pièce qui courait à la
cour sur l'élection du nouveau Pontife.
En résumé, bien des raisons nous portent i\ croiiv que
les vers du recueil de liasse des Nœux sont de Clément
Marot. Si notre attribution e-t juste, il faut avouer qu'en
raison de la date que nous sommes obligés de leur assi-
gner, ils contribuent singulièrement à éclairer un point
resté mystérieux dans la vie religieuse de Marot. les rai-
sons des poursuites dont il fut l'objet en 1534.
R. Fromage.
DÉCÈS DE RÉFUGIÉS FRANÇAIS A GENÈVE DE 1681 A 1710
En consultant le registre mortuaire de Genève pour
un autre travail, j'avais été frappé du grand nombre de
décès de réfugiés français qui y sont consignés aux der-
nières années du xvne siècle.
Ce n Livre des morts » n'est évidemment pas tenu
selon les principes de la science démographique d'au-
jourd'hui. Il est en particulier impossible d'en tirer aucun
renseignement utile sur les maladies ayant causé la mort.
Les diagnostics du visiteur des morts d'il y a deux cents
ans ne peuvent être identifiés avec les n<>m< actuels de la
pathologie. La seule maladie qui puisse être étudiée
grâce n celte source de renseignements est la petite vérole.
DOCUMENTS
dont j'ai pu suivi e la marche à Genève ou rue basant
presque uniquement sur le dépouillement du rôle mor-
tuaire.
Ce registre donne des renseignements beaucoup plus
précis sur la nationalité des morts : Quand il s'agit d'étran-
gers, leur nom est presque toujours suivi de l'indication
de leur lieu ou au moins de leur province d'origine. Les
éléments nationaux ou en train de se fixer, de la popula-
tion sont classés sous les rubriques : citoyens, bourgeois,
natifs et habitants.
En dépouillant le registre mortuaire pour les vingt-
cinq années qui ont suivi la Révocation, soit du 1' jan-
vier 1686 au 31 décembre 1710, j'ai pu relever la men-
tion d'un peu plus de 4 000 décès de réfugiés français sur
un total de 19500 décès. Les réfugiés forment donc pour
cette période de trente ans 20,5 pour 100 de la mortalité
totale.
L'année 1688 est celle ou la proportion des décès de
réfugiés fut la plus forte : 398 décès sur 998, soit
40 pour 100.
Ayant l'intention de donner plus tard des détails plus
complets sur le Refuge à Genève après la Révocation, je
me borne, pour aujourd'hui, à communiquer la liste des
noms les plus notables rencontrés dans cette recherche.
On trouvera donc dans les pages qui vont suivre les noms
de réfugiés morts à, Genève entre 1681 et 1710 et apparte-
nant à des familles de gentilshommes, de pasteurs, de
magistrats, d'officiers, de médecins et d'hommes de loi.
En outre, quelques noms notables ou honorablement
portés aujourd'hui ont été relevés. Il va sans dire que
l'orthographe des noms de personnes et de lieux est celle
du registre.
Cette mine de renseignements n'a pas encore, à ma
connaissance, été régulièrement exploitée. En particu-
lier, M. H. Bordier, qui a dépouillé dans les archives
genevoises, pour la seconde édition de la France Protes-
tante, le registre des réceptions a l'habitation et une
partie des documents de la Bourse française, ne paraît
DOCUMENTS
pas avoir utilisé le registre mortuaire. Il a probablement
été rebuté par les lacunes et les imperfections que pré-
sente ce registre pour l'époque du premier Refuge.
Avant de céder la parole au livre des morts, il ne me
reste qu'à signaler la forte proportion de femmes et de
vieillards que l'on va trouver parmi ces noms. Les hom-
mes valides allaient plus loin gagner leur vie ou offrir
leur épée aux ennemis de leur persécuteur. Ils laissaient
à Genève, premier port de refuge, leurs vieillards et leurs
femmes délicates.
Dr. Léon Gautier .
EXTRAITS DU REGISTRE DES MOUTS
Réfugiés français notables morts à Genève de 1681 à 1710.
1681. — 20 janvier. Maurice, lils de Spectable Jean Arcbé, mi-
nistre du St Evangile à Main en Daufiné, aagé de 5 ans, morl
par accident, sa demeure à la Ci lé.
1er juillet. Damoyselle Elizabetb Dupuis, vefvede feu Monsieur
Jean Huguelan, de Lyon, advocat, aagée de 56 ans.
1682. — 25 avril. Sieur Aymé Alérieu, de Montpelier, aagé de
16 ans. mort par accident d'un coup de pointe d'espéc au costé dr
l'œil gauche, ayant esté traitté l'espace d'un mois.
1683. — 9 décembre. Noble Basile de Fonl'roide [dej Nismes, aagé
de 63 ans, mort de lièvre continue, sa demeure en la rue d'Enfer.
1685. — 31 janvier. Sieur Rbené Mazal, de SI Jean de Cembre nu
Vivaret, notaire, aagé de 55 ans, morl étique, sa demeure au
liOgis du Mouton à Si Gcrvais, assisté de la bourse française.
marge : levé un extrait pour le Sr Jean Mazal, son lils, le 17 juil-
let 1723.)
21 février. Sieur Etienne Auger, de Besse en Daufiné, aagé de
46 ans.
19 septembre. Sieur Pierre Trossière, de Monlauban, Premier
Régent dans l'Académie de Puy Laurcns, aagé de Î5 ans, mort de
lièvre continue avec inflammation de poulinons.
1686. — 24mars. Samuel, fi 1 s de Noble Jean-François Tomassel
et de Damoyselle Louyse de Bretigny, aagé de I" ans. morl d'apo-
plexie.
16 mai. Sieur Eouys Rambo, Advoeal au parlement de (ire-
DOC 1.1 M UNIS
noble, aagô de huictante ans, mort par défaut de nature, sa
demeure au Chasteau Royal, assisté de la bourse Françoise.
21 août. Sarra, fille de Monsieur Charles Mauris, Ministre d'Es-
guière en Provence et de Damoiselle Bartheleinie Naville, aagée
de cinq ans, sa demeure rue de la Poissonnerie.
1er octobre. Sieur Jean de Leuzière, de St Jean de Gardonnenque
en Languedoc, aagé de 63 ans, mort de fièvre, continue.
1687. — 19 juillet. Sieur Balthazard llibaut, d'Orange, chirur-
gien, aagé de 31 ans, mort étique.
29 septembre. Sieur Charles Aniel de liiés en Provence, habi-
tant, Ministre du Saint Evangile, aagé de 65 ans, mort clique?
10 octobre. Damoiselle Magdelaine Pelouse, de Nismes, aagée
de 50 ans, morte étique, sa demeure en la Grand' Isle.
1688. — 10 janvier. Dame Claude de Comhellc, femme de Mon-
sieur de Castillon de Beziers, aagée de 59 ans.
2 février. Damoiselle Marie de Mouron, lille de feu Noble Denis
de Mouron et de Damoiselle Sicile d'Ësçoiiat., aagée de 21 ans.
18 février. Damoiselle Marie Favin, vefve du Sieur Pierre
Doublet de Paris, aagée de 61 ans, morte du miserere.
10 mars. Sieur Jaques Vareille, de Lyon, aagé de 50 ans.
13 mars. Speetable Chavanon, de Vibron aux Scvenes, minis-
tre du St Evangile, aagé d'environ 58 ans, mort de lièvre continue,
sa demeure aux Barrières, assisté de la bourse françoise.
28 mars. Damoiselle Magdelaine D'Escarron, de Montélimar,
aagée de 60 ans, morte de fièvre continue, sa demeure rue du Boule.
17 avril. Justine, lille du Sieur Alexandre llevrard de Grenoble
et de Damoiselle Catherine Cherru, aagée de huict ans.
25 avril. Damoiselle Jeanne Guigner, vefve de Sieur Claude
Turton d'Anonais en Vivaret, aagée de 66 ans.
30 avril. Sieur Toussaint Adamcourt, de Paris, marchand
joaillier, aagé de 76 ans, mort par défaut de nature.
14 mai. Speclable François Murât, de Grenoble, Ministre du
St Evangile, aagé de 58 ans, mort étique, sa demeure au Moulard,
à la Roze .
8 juin. Damoiselle Marie Magdelaine Chomell, d'Anonay en
Vivaret, vefve de feu Paul Tourton de Beaulieu en Vivaret apoti-
caire, aagée de 32 ans.
15 juillet. Sieur Vincent Barraquier, maistre chyrurgien, de
la Coste St André en Daufiné. aagé de 46 ans.
21 juillet. Sieur Pierre de Ferron, de Chateaunet en Dauliné,
aagé de 40 ans.
10 août. Noble François d'Ebrard Seigneur de Mirreval en
Languedoch, Capitaine, aagé de 33 ans, mort de lièvre continue,
sa demeure au Moulard à l'enseigne de la Roze; et a testé parde-
vant Egrège Grojean.
54
DOCUMENTS
20 août. Marie Calandré, femme du Sieur Pierre Villard advo-
cat, de Clermont en Languedoc, aagée de 87 ans.
23 octobre. Monsieur Du Ferron. de Chasleaunay proche Vienne
en Dauliné, aagé de 83 ans, mort par défaut de nature, sa demeure
à St Gervais, au Chosteau Royal.
1689. — 6 janvier. Damoiselle Jeanne de llober, femme du Sieur
Jean d'Aguabet, de Gabé dans le comté de Foix, aagée de 55 ans,
morte bydropique, sa demeure en la rue des Cbanoines, assistée
de la bourse françoisc.
7 février. Damoiselle Languiat de Bonjol, Vel've de Noble
Charles de Caubet Seigneur de Falanot, aagée de 82 ans morte
par défaut de nature.
5 mars. Damoyselle Marguerite fille du Sieur Pierre Margue-
ritte, bourgeois d'Orléans, aagée de 27 ans.
7 mars. Sieur Claude Benguaron, de SI Lorent en Languedoc
maistre Chyrurgien, aagé de 60 ans, assisté de la bourse Irançoise.
12 mars. Anne iille du Sieur Jean Knoch pasteur en l'église de
Nismes et de Damoyselle Louyse Baciict, aagée de 15 ans.
13 mars. Sieur Michel Langlois cydevant Capucin, lils d'un
Conseiller de Dijon, aagé de 60 ans, assisté de la bourse Irançoise.
24 avril. Sieur Jean Louys Nadal, de Lyon, marchand, aagé
de 42 ans.
29 avril. Noble De la Pairière, Sieur de Beauregard, de Tom-
bebœuf en Agenois,aagé de 41) ans, assisté de la bourse Françoise.
11 juillet. Damoiselle Anne Grimodet, de Blois, aagée de 23 ans.
11 août. Noble Jacob de Magalon, d'Ambrun en Dauliné, aagé
de 28 ans.
11 septembre. Damoyselle Hélène d'Angïlbaut, Dame de Con-
dorce en Daufiné, aagée de V6 ans.
29 septembre. Damoiselle Marie de Roque femme du SieurVigne-
viel, d'Angiies, diocèse de St Ponts en Languedoc, aagée de 42 ans.
26 octobre. Sieur Louys de Guiraudet, d'Alais en Languedoc,
estudiant en philosophie, aagé de 23 ans.
4 novembre. Noble. Cbarlemagne de Grimodet, de Blois, aagé
de 54 ans.
30 décembre. Damoiselle Antoinette Charnier, vefve du Sieur
Jean de Lion, de Montélimar, aagée de 70 ans.
1690. — 11 janvier. Aymé (ils de feu Speclablc Cîisar lley, Ministre
du SI Evangile à Couche en Bourgougne et de Damoiselle Gabrielle
de Choudan, aagé de 12 ans.
23 janvier. Magdelaine Clo, vefve de feu Sieur Nicolas, ministre
du St Evangile à la Grave en Daufiné, aagée de 60 ans.
2 février. Anne-Magdelaine, fille de Sieur Qédéon Flour,
minisire du St Evangile dans le Vivaret, et de Marie Rignol, aagée
de 16 ans.
DOCUMENTS
5 février. Damoiselle Magdelaine d'André, de Varelte en Dau-
liné, aagée do 34 ans, morte clique, sa demeure en la rue des
Allemans, assistée de la bourse Françoise.
14 février. Suzanne Scion, femme de Jaques Broutier, de
l'Aragne en Dauliné, aagée de 45 ans, morte do fièvre continue,
sa demeure en la riie Verdaine, assistée de la Bourse Françoise.
(En marge: levé un extrait le 9 janvier'1708 pour N. Gaspard de
Permet marquis d'Arzillier).
18 février. Damoiselle Lucresse de Martinet, tomme de Mon-
sieur de Montauiban de Gergais, de St Paul Trois Chasteau on
Dauliné, aagée de 25 ans.
5 mars à 8 heures du matin. Sieur Josué Janavel, du Val
Luzerne et Capitaine auxdittes Valées, aagé de 73 ans, mort
hydi opique, sa demeure à la Magdelaine.
6 mars. Sieur Aymé de la Grange, de Couche en Bourgougno,
aagé de 81 ans, mort par défaut dénature.
21 mars. Magdelaine, tille de Monsieur de Hemolin d'Àmbrun
en Dauliné et de Damoiselle Elizabelh de Bardonnanche, aagée
de sept ans.
29 avril. Damoiselle Marie Duras, de la Gresière on Vivarot,
femme de Noble Anthoine du ïremolet, aagée de 40 ans.
15 mai. Anne-Marie, lille de Noble Anthoine de Belleau, d'Usés
en Languedoc et do Damoiselle Catherine Nicolas, aagée de cinq
jours, morte du malet.
24 mai. Damoiselle Catherine Arnaud, d'Ambrun on Dauliné,
aagée de 13 ans.
5 juillet. Sieur de la Croisière, de la Beaufrère en Dauliné,
aagé de 3(3 ans.
21 novembre. Noble François-Didier de Pluviane d'Ambel,
Seigneur de Maille on Dauliné, aagé de 68 ans.
27 novembre. Damoiselle Jeanne de Costebelle, vcfve de
Alexandre Gaignard, de Gap en Dauliné, réfugiée, aagée de 50 ans.
1691. — 8 janvier. Sieur Salomon Girod, de Grenoble, aagé de
96 ans.
6 février. Sieur Anthoine Maurice, d'Orange, Capitaine, aagé
de 78 ans, mort d'apoplexie, sa demeure à St Gcrvais. (En marge :
levé un extrait pour MM. Maurice d'Orange le 14 juin 1724.)
16 février. Sieur Claude de Monlallier en Languedoc, aagé de
36 ans.
25 mai. Damoiselle Marie, lille de Noble Abel Piozet Sieur de
laVallette et de Damoiselle Marie Babault, de Priïillyen Touraine,
aagée de 45 ans.
16 juin. Laurent, lils du Sieur Jerosme Olivet Receveur du Roy
à Nismes en Languedoc, et de Damoiselle Marguerite Guiraud,
aagé de 18 ans.
5ti DOCUMENTS
5 août. Darnoiselle Marin, lille de Noble Piozet de la Hausset
et de défunte Darnoiselle Marie de la Vallette, de Pruilly en Tou-
raine, aagée d'environ c25 ans. Et a testé par devant Egrège Joli.
24 septembre. Charlotte, lille de Noble Jaques Souchet, Sieur
de Moret et de ])ainoiselle Charlotte Amiot, aagée d'un an.
3 novembre. Judith Savornin, vefve de feu Speclable Pierre
Maurice Ministre du St Evangile en l'église de Lourmarin en Pro-
vence, aagée de 70 ans.
26 décembre. Marie de Grégoire, vefve de Speclable Pierre du
Masse ministre de l'Eglise de Venues en D'Aufiné, angée d'environ
60 ans.
27 décembre. Jaqueline Guenaud, vefve de Speclable Pierre
Amiot, Docteur Médecin, de Gien-sur-Loire, angée de 69 ans.
1692. — 21 janvier. Speclable Estienne Villardé-t, de St Valieren
Dauliné, advocat au parlement de Grenoble, aagé de 43 ans. \
testé par devant Egrège Comparet.
6 février. A esté apporté mort en ville le corps de Noble Sam-
son de SI, Laurent de Martinet, natif de St Paul Trois cliasleaux en
Dauliné, de Vevay pour eslre cnsevely en ceste ville au cemetière
de Plainpalais, estant aagé de dix ans.
7 février. Sieur Pierre Yillion, de en Vivaret,
Lieutenant Colonel de Cavalerie, aagé de 73 ans. Et a lesté par
devant Egrège Fornet.
9 mars. Darnoiselle Estherde St Julien, vefve du Sieur Jean-Louis
Masset, gentilhomme, de Condorseten Dauliné, aagée de 76 ans.
15 avril. Darnoiselle Olympe de Kalstat (?), vefve de Noble
Reynaud de Baron, Sieur de la Mauriace (?), gentilhomme de Nions
en Dauliné, aagée de 63 ans.
25 avril. Estienne, lils de Speclable Daniel Guyraud, de Nismes
en Languedoc, fidèle M. du St Evangile, et de Louyse Baciiet,
aagé de douze ans.
4 mai. Darnoiselle Magdelaine, fille de Noble Jean de Bar,
Baron de Moissac en Guienne, et de Darnoiselle lsabeau de Eaure.
aagée de seize ans.
8 mai. Pernetle Dufour, vefve de Speclable Charles Agniel f.
ministre de l'Evangile, habitant, aagée de 60 ans.
3 juillet. Darnoiselle Olympe de Boussel, femme de Noble
Seigneur de Boulayde (?), Sieur de Peyremeins près de Castres en
Albigeois, aagée de 30 ans.
18 juillet. Darnoiselle Isabelle de Bresmondc, vefve de Noble
Seigr Charles de Bourgeois, Sieur de Monlferrier, Maislre de camp
de cavalerie, aagée de 50 ans.
lpr août. Charles lils du Sieur Théophile Morisse en marge
Maurisse), de Lourmarin en Provence, réfugié, docteur en méde-
cine, et de lsabeau Matthieu, aagé de deux ans.
DOCUM lùNTS
57
3 août. Noble Jean Veyres, Seigneur du Buy, de Cïialançon en
haut Vivaret, aagé d'environ 52 ans.
12 novembre. Noble Antboine de Tresinoullel Seigneur de
Chassère au bas Vivaret, aagé de H7 ans, mort hydropique, sa
demeure en la Une de Goutance, assislé de la bourse Françoise.
1693. — 13 janvier. Sieur Mari in de la Bcssère, gentilhomme,
d'Alais en Languedoc, aagé de 60 ans.
9 février. Speçtable Jean Pistord, docteur médecin, de Gex,
aagé de 70 ans.
29 mars. Damoiselle Marie de Savournin. vefve de Noble Claude
Deferron, de Cbasteaunay en Daufiné. aagée de 85 ans, sa demeure
au Cliasteau Royal.
31 mars. Marie Levral, vefve de Marin du Cré, de Collonge
soubs La Cluze, laboureur, aagée de J04 ans, morte par defaul de
nature, sa demeure au Perron.
29 juin. Speclable Paul Borelli, de Nismes en Languedoc, doc-
teur médecin, aagé d'environ (H) ans, mort e tique et hydropique, sa
demeurecn la rue de la Cité, et a testé par devant Egrège Fournet.
14 juillet. Paul, tils de feu Noble Paul de Mainvilliers, gentil-
homme, de Mets en Lorraine, et de Damoiselle Marie de Grosjeux,
aagé de °J0 ans.
15 juillet. Noble Jean de Paine, Baron de Pouquarel aux
Sevencs. aagé de 53 ans.
19 août. Damoiselle Elizabelh de Bresmond, vefve de Noble
[Pierre?! D'Armand, Conseiller du Roy au parlement de Grenoble,
aagée de 80 ans.
18 septembre. Olympe Gaignaire, vefve de Speclable Jean
Gelin, de Chaumont en Dautiné, médecin, aagée de (i() ans,...
assistée de la bourse françoise.
20 septembre. Gabriel, (ils de feu Speclable Antboine De Maffé
de Vennes en Dautiné, advocat, et de Damoiselle Lucresse Citron,
aagé de 15 ans, sa demeure à l'enseigne de la Sireine.
2 novembre. Jeanne Rançon, vefve de feu Louis Tourlon,
notaire royal, d'Anonay en Vivaret, aagée de 85 ans.
11 décembre. Samson, tils de Noble Christophle Hardy
Seigneur de Beaulieu et de défunte Damoiselle Guichard, aagé de
19 ans.
14 décembre. Jean-Anthoinc, tils de Nob. Anthoine Boeslaud
d'Uzès en Languedoc et de Damoiselle Catherine Pujolas, aagé de
deux mois, mort du malet (convulsions).
1694. — 12 février. Sieur Jaques Lhommeau, Sieur du Pont de
Syvray en Poictou, Réfugié, aagé d'environ H5 ans.
21 février. Damoiselle Susane-Marie, vefve de Noble et Spec-
lable Jaques Marschal Sieur de la Croix, f. m. du St Evangile de
Dorpierre en Dautiné, aagée de 50 ans.
58
DOCUMENTS
21 mars. Damoiselle Gabrielle de Choudens, vefve de Spectable
Ciisar Uay, de Hives en Dauliné, 1". m. du St Evangile de Couche
en Bourgogne, aagée de 50 ans.
30 mars. Marc, fils de l'eu Spectable Gassar Rey, f. m. du
SI Evangile de l'Eglise de Couches en Bourgougne et de défunte
damoiselle Gabrielle de Ghoudens, aagé de 31 ans... Et a testé par
devant Egrège Fornet.
17 may. Damoyselle Louyse Borel, vefve du Sr Cœsar Revol
de Die en Dauliné, Capitaine de Cavalerie, aagée de 68 ans.
12 juillet. Sieur Michel Dulac, Juge Principal au Seneschal
d'Usèz, nagé de 69 ans.
30 juillet. Jaques, lils de feu Sieur Jaques de Rochemond, de
Couches en la duché de Bourgougne, Capitaine au Régiment de
Montauban en Piedmont et de Damoiselle Marie Bernard, aagé de
onze ans, mort de la petite vérole.
6 octobre. Françoise Mollery, femme de Spectable David
Fressinel, f. m. du St Evangile d'Anduse au haut Languedoc, aagée
de 50 ans.
1695. — 29 janvier. Damoiselle Jeanne de Germes, vefve de
Spectable Matthieu de la Roque, Ministre du SI Evangile en
l'Eglise de llouen, aagée de 75 ans, morte élique, sa demeure en
la rue des Chauderonniers. Et a lesté par devant Egrège Gros-
jean.
8 mars. Jean-Louys, fils de Noble Jean de Genaz Sieur de
Bcaulieu, d'Uséz en Languedoc, et de Damoiselle Toinetle Gassaud,
aagé de huict jours.
14 mai. Vincent, lils de Spectable Benjamin de L'Amande, doc-
leur médecin, de Crest en Dauliné et de Damoiselle Marie d'Aleond,
aagé de six semaines.
27 juillet. Damoiselle Jeanne de Bonne, vefve de Noble
Charles d'Arbarestier Seigneur de Montclar en Dauliné, aagée
d'environ 95 ans, morte par défaut de nature.
1696. —5 janvier. Salomon Moellon, Sieur delà Mouillière, aagé
de 78 ans.
7 janvier. Noble Anthoine Boesleau, gentilhomme, d'Uséz en
Languedoch, aagé d'environ 45 ans.
22 janvier. Alexandrine Sabattier, vefve de Noble Anlhoine
Maurice, d'Esguière en Provence, Capitaine, aagée d'environ
67 ans.
5 mars. Gabrielle lille de Spectable David Freschinet d'Anduze
en haut Languedoc, f. m. du St Evangile, et de défunte Françoise
Mollcri, aagée d'environ \A ans.
15 mars. Damoiselle Marthe, tille de Noble Jean-François de
Bon, de Farges au pays de Gex, et de Damoiselle Louyse de
Poncet, aagée de douze ans.
DOCUMENTS
59
23 avril. Damoyselle Olympe Portai, femme de Noble Laurent
de Cephise, de Donserre enDaufiné, aagée d'environ 44 ans,
6 mai. David, lils de Noble Jaques Vial, gentilhomme de
D'Ail Ion en DauQné, et de Damoiselle Catherine Boultier, âgé
d'environ vingt ans.
22 mai. Speclable Jean de la Porte, de Saint-Jean de Gardon-
ningues en haut Languedoc, f. m. du Sl-Evangilc aagé d'environ
55 ans. *
16 juin. Damoiselle Magdelaine femme de Noble de Ge-
neyiargues, d'Anduze en Languedoc, aagée d'environ 44 ans.
26 juin. Anthoine, lils de feu Noble Uhené de Roehemond, de
Couchesen Bourgogne, capitaine d'infanterie, el de Mari»1 Bernard
(âge non indiqué).
27 juin. Speclable Pierre Dodet, advocat, de Nismes en Lan-
guedoc, aagé d'environ 81 ans.
1e' juillet, Damoiselle Justine Matthieu, femme de Noble Marc
de Beau Jiepaire en Daufiné, aagée d'environ 30 ans.
16 juillet. Catherine, fille de Spectable Jean Tendon de Mont-
pellier, f. m. du St-Evangile, et de Damoiselle Marguerite Loze,
aagée de cinq sepmaincs.
5 octobre. Claude, fils de feu Speclable Gros, docteur en mé-
decine, de Die en Dautiné, advocat, et de défunte aagé d'envi-
ron 35 ans.
5 octobre. Damoiselle Catherine Morin, femme de Speclable
Jean Payan, de St-Paul Trois chasleaux en Dautiné, advocat
aagée de 36 ans. A testé par devant Egrège Morell.
6 décembre. Magdelaine Guyraud, vefve de Pierre Viard, de
Sommières en Languedoc, capitaine de cavalerie, aagée de 60 ans.
Et a testé par devant Egi ège Fornet.
21 décembre. Damoiselle Marguerite Buve, vevfve de Noble
Verderine, Conseiller au siège présidial de Montpellier, aagée d'en-
viron 71 ans.
1697 — 2 janvier. Ësther, lille de feu Spectable Samuel Du Clos,
docteur médecin, de la ville de Mets en Lorraine, et de défunte...,
aagée d'environ 60 ans. Et a testé par testament holografe.
2 janvier. Alix, lille de feu Spectable Jaques Canet, advocat,
de St Ciergue en Quercy, et de défunte..., aagée d'environ
50 ans.
12 janvier. Damoiselle Anne Falaisau, vefve de Spectable
Joseph Falaiseau, advocat au siège présidial de Tours en Touraine,
aagée d'environ 80 ans, morte par défaut dénature.
1er mars. Magdelaine, fille de Noble Louys de Yignoles de
Nismes en Languedoc, et de Damoiselle Louysc d'Aubais, aagée
de 9 ans.
25 avril. Isabeau, lille de feu Spectable Jean Thier f . m. du
(il)
DOCUMENTS
St-Evangilc d' Ambrun en Daufiné, et de Marie Toulouson, aagée
d'environ 22 ans.
1er juin. Spectable Jean ftuffier, f. m. du St Evangile en l'Eglise
de Molinc en Daufiné, aagé d'environ 70 ans.
25 août. A esté apportée morte en ville Damoiselle Jusline de
Payan, vefve de Noble Laurent de Martinet, Seigneur de ïtossard,
aagée d'environ 55 ans, morte d'apoplexie à Nyon.
2 septembre. Damoiselle Françoise Marie, fille de Spectable
.lacob Jautbial, advocat, de Cbâlons-sur-Saône, et do Espérance
Hermet, aagée d'environ 17 ans.
28 novembre. Damoiselle Lucresse de Montbrun, vevfve de
Noble Alexandre marquis de la ("baux, aagée d'environ 50 ans,
morte de la petite vérole.
1er décembre. Sieur François Favier d'Anduze en Languedoc,
Ingénieur et entrepreneur d'ouvrages de fortification pour le Roy,
aagé d'environ 67 ans. El a testé par devant Egrège Morell.
3 décembre. Damoiselle Marie de Caumont, femme de Noble
et Spectable François de Jousseau, advocat en la ebambre de
l'édictde Castres en Albigeois, aagée d'environ 42 ans.
1698. — 22 janvier. Noble et Spectable François de Jousseau,
advucat en la ebambre de l'édict de Castres en liant Languedoc,
aagé d'environ 70 ans. Et a lesté verbalement.
16 février. Damoiselle Anne Vassol vefve de Spectable Lazare
Bonneau, advocat, de Châlons-sur-Saône, aagée d'environ 84 ans.
Et a testé pardevant Egrège Morell.
23 février. Damoiselle Catherine Folcbiér, vefve de Spectable
Noël Dupuy, de Vans en Languedoc, diocèse d'Usés, advocat au
Parlement de Thoulouze, aagée d'environ 49 ans. Et a testé par
devant Egrège Coin pa tel.
19 mars. A esté apporté mort en ville Robert, fils de Spectable
David Hugues, Sieur de Benivins '■(?), advocat de Grenoble, et de
Anne Pelosse, aagé de cinq sepmaines.
21 mai. Alexandre, fils de Spectable Benjamin de la Mande, de
Creslen Daufiné, docteur médecin el de Damoiselle Mai ieFredollet,
aagé d'environ 18 ans, mort par accident arrivé par un coup d'ar-
quebuze au Plainpalais.
27 mai. Egrège Antboine Girod, de Roman en Daufiné, cy
devantprocureurau parlement de Grenoble, aagé d'environ 84 ans.
30 juin. Damoiselle Marie de Sillot (?), femme de Noble
Marc de Yesc, gentilhomme, de LorioJ en Daufiné. aagée d'environ
52 ans. (En marge • levé un extrait le 17 octobre 1738 pour Ma-
dame Marsani (?) de Fonjuliane.)
2 août. Damoiselle Marie de Falaiseau, vefve du Sieur Jaques
Gautier de Paizy, de Mois sur Loire, aagée d'environ buielante
quatre ans.
DOCUMENTS
(il
14décembre. Damoisclle Marguerite Armenaud, vefve du Sieur
Pierre Marguerite, d'Orléans, Partisan dans los alîaires du lioy,
aagée d'environ 78 ans. Ml a lesté par devant Egrège Grojean.
1699. — 22 janvier. Spectable Jaques de Mesianne, Sieur do
Badone (?), f. m. du St Evangile on l'Eglise en bas de Langue-
doc («à'), du dioceze de Nisines, aagé d'environ 75 ans. A lesté par
devant Egrège Bedevole.
9 avril. Danioiselle Jeanne-Marguerite, lî lie de Noble Henry
de Martine, Seigneur de Sargy au pays de Oex, el de Danioiselle
Juliane-Calherine D'Amon, aagée d'environ dix ans.
24 avril. Danioiselle Marguerite Gautier, vcfve de Noble...
de Bourneau (?). Présidant à Saurnur, îiàgéo d'environ 8(1 ans. A
testé par devant Egrège Martine.
23 mai. Danioiselle Françoise, tille de Noble Antboine de la
Maiia, de Condorsel en Dauphiné, el de Damoiselle Oliinpe de
Qualica (?), aagée d'environ 35 ans.
30 juin. vYnne tille de feu Spectable Pierre De Massé t. ni. du
SI E. en l'Egl. de la Vallée de Quairas en Dauphiné, et de defluncle
Demoiselle Marie de Grégoire, aagée d'environ 28 ans, assistée de
la bourse françoise.
5 août. Danioiselle Judith de ttafelis, vefve de Noble Alexandre
de FilloI, de Monleliniar en Dauphiné, aagée d'environ 5°2 ans. Et
a testé par devant Egrège Joly.
30 août. Pierre-Charles, îils de Noble Cacarde Rigaud Sieur
de Montioux proche de Montlimar, et de Danioiselle Judith de
Pontcherra, aagé d'environ 3 ans.
30 août. Marie de Bossel (ou Bossel), femme du Sieur Cassai1
de la Marre, de Meints en Daufiné,- capitaine d'infanterie en Ho-
lande, aagée d'environ 56 (ou (16) ans. Elle a testé par devant
Egrège Joly.
1er septembre. Noble François Oudde, gentilhomme Bretlon,
aagé d'environ 74 ans.
11 septembre. Danioiselle Jeanne, fille du Sieur Jean Roch
Lieutenant du Gouverneur du Chasteau de Gcx, et de défunte
Jeanne-Antoinette Rouph.
13 novembre. Pierre-François, fils du Sieur Jean-François de
la Picardière, de St Marcelin en Dautiné, Réfugié, et de Danioiselle
Lucrèce de Montauban de Villars, aagé de 8 jours.
14 décembre. Danioiselle Magdeleine, fille de feu Noble Jaques
De Durand, Président à Orange, Seigneur de Riconnières, Pont
aux ails (?) et autres lieux, et de Danioiselle Jeanne de Jouberl,
aagée de 65 ans, a testé.
1700. — 4 janvier. Danioiselle Françoise de Vignole, vefve de
Noble Jaques de Bocslau, de Nimes en Languedoc, Seigneur de
Castelneau (âge non indiqué).
62
DOCUMENTS
7 janvier. Damoiselle Anlhoinelte Du Verney, femme de Noble
de Cannelle, de Mêmes au haut Languedoc, dépendance de
l'Evesché d'Alèz, Seigneur de Baletlier, aagée d'environ 55 ans,
sa demeure au Moulard à la Rose.
10 avril. Noble Jean Caze de Montpellier, gentilhomme, aagé
d'environ 92 ans, mort par deffaut de nature, sa demeure à la
Cour de St-Pierré.
10 mai. Marguerite De Juste, vefve de Spect. Desahut,
Docteur Médecin, de StÀnthonin en Guyenne, aagée de 57 ans.
21 août. Noble Jaques D'Horte, gentilhomme, de Beziers en
Languedoc, réfugié, aagé d'environ 50 ans.
9 octobre. Damoiselle Susanne Deplanche, veve de feu Spec-
table Osiata Bernouin, advocat, de Montelimar, aagée d'environ
80 ans.
9 novembre. François Desmaretz, ministre du St Evangile
en l'Eglise d'Alez au Haut Languedoc, aagé d'environ s5 ans,
mort d'hydropisie joint la vieillesse a testé olographiquement.
N. B. Toutes les dates ci-dessus sont données vieux style.
Elles sont donc de dix jours en retard sur le calendrier usité en
France jusqu'au 28 février 1700 et en relard de 11 jours pour les
dix derniers mois de 1700. Les dates qui suivent sont données
d'après le nouveau style grégorien entré en vigueur à Genève
avec le nouveau siècle, soit le 12 janvier 1701.
1701. — 20 janvier. Jean-Jaques, fils de Jean-Jaques Soulier, de
Ganges, Capitaine au service du Roy d'Angleterre, et de Dlle Isa-
beau De la Cour, âgé de 3 jours, mort de convulsions.
22 février. Uranie Roman, vefve de feu Sr Getteau, de Die.
Capitaine au service du Roy en France, âgée de 65 ans.
5 mars. Flizabeth, fille de Noble François de Mallelargues et
de Demoiselle Françoise de Monceau, de Languedoc, âgée de
23 ans.
1er avril. Nicolas Chaumel, de Paris, Maître sculpteur, aagé d'en-
viron 55 ans Assisté B. Fr.
12 avril. Anne De Bougnot, vefve de Spect. Jean Berne, advo-
cat, de Valence en Daufiné, aagée de 85 ans, morte de décrépitude.
5 juillet. Samuel-François Janlial, (ils de Spect. Aymé J an liai,
de Chalon sur Saône, docteur médecin, et de Marguerite Gravier,
âgé de 15 ans.
22 août. Claudine de Suffise, vefve de Aymé de Ferréul, Sr du
Mas, de Montelimard, âgée de 60 ans.
26 août. Jeanne Bitri, vefve de No. Philippe •Christofle De
Livron De Brue, pays de Gex, âgée de 78 ans
1702. — 1er décembre. Damoiselle Jeanne Guiraud, femme de
Noble Claude d'Albenas, de Nismes, âgée de (il ans.
DOCUMENTS
63
7 décembre. JV1. Jaques Bouvière, ministre du Si Evang,
d'Ales en Languedoc, âgé de 64 ans.
1703. — 7 janvier. Demoiselle Judith de Bardonnancc, vefve
de Mr Pierre Guichard, de Trièves en Dauphiné, agécde 77 ans.
21 mars. Mr Pierre Fise, docteur on droict, do Montpelier,
âgé de 75 ans.
16 juin. Demoiselle Françoise De Vignole, fi Ile de Noble
Louis De Vignole, de Nirncs, el de Demoiselle Madeleine de Ba-
setris, âgée de 12 ans.
16 juin. Noble Louys d'Àubais, marquis, do Languedoc, âgé
de 57 ans. \ lesté par Egrège Beddevole.
25 juillet. Àndrienne Tandon, lillc de Spectable Jean Tandon,
Réfugié, Minisire du SI Evang., et. de Marguerite Lauso, âgée
d'environ 5 ans.
12 août. Demoiselle Elisabeth Capon, vefve de Noble Antoine
de Ricard, de Montpellier, âgée de (>8 ans.
30 août. Sr, .laques Charnier, de Montélimart. âgé de 60 ans.
30 août. Jaques Marquis, lils de Mr Jaques Marquis, avocat,
d'Orange, et de Dlle Marthe Pelet, âgé de 2 ans, mort de la petite
vérole,
1" octobre. Damoiselle Françoise Rosel (ou Rosel), vefve de feu
Speclable François Malle, de SI Hipolite, ministre du SI Ev., âgée
de 78 ans.
12 octobre. Paul, lils de feu Mr Pierre Tremolièro, de Paris, et
de Dam«>i-elle Susanne Joissin, âgé de 15 ans.
11 novembre. François, lils de Mr Gabriel Convenant, Conseil-
ler, d'Orange, et de Damoiselle Elisabeth Debenicroix, âgé de
de 4 ans, mort de la petite vérole, à la Chasse Roiale.
20 novembre. Noble Jean De Bar, Réfugié, Baron de Mausac,
âgé «le 63 ans.
20 novembre. Sr Jaques Soulié réfugié, capitaine, de Gange
en Languedoc, âgé de 55 ans.
27 novembre. Demoiselle Anne De Richaut, vefve de Noble
Barthelemi De Marole, de V i tri le François, âgée de 30 ans.
1er décembre. Anne Delapile. vefve de Mr Gabriel Dédier
grefier au parlement d'Orange, âgée de 51 ans.
1704. — 20 janvier. Dame Madeleine deBrignacde Monlarnaud,
vefve de Messire Jean de Balthazard, de Simmern au Palatinat,
âgée de 76 ans.
21 février. Demoiselle Marguerite de Durand, vefve de M. Jean
Louis Delalonl, gentilhomme, de Nion en Dauphiné, âgée de 68 ans,
9 avril. Demoiselle Toinette Renaud, femme de Mr André
Coregn. médecin, d'Orange, âgée de 48 ans.
10 avril. Susanne Jartou, vefve de Mr Pierre-Anlhoinc Girod,
Ministre du St Evangile de Serre en Dauphiné, âgée de 66 ans.
64
DOCUMENTS
12 avril. Mr Bonoist de la Reail, réfugié, advocat, de Beaulicu
en Poictou, âgé de 71 ans.
26 avril. Madame Jeane Defrère Dubartas, femme de Noble
D'Aslor de Monbartier, Colonel, proche de Montauban, âgée de
65 ans.
1er mai. Madame Louise Dingairesque, vefve de Messire Charles
De Vignols, vicomte de Courmonlaral en Languedoc, âgée de
70 ans.
9 mai. Alexandre de Mallerargue, (ils de Noble César de Mal-
lerargue, marquis, de Languedoc, chambellan et général-major
du Roy do Pologne, et de Madame Louise Do .lugos, âgé de
16 mois.
17 mai. Mr Vincent Vial, réfugié, avocat au parlement de Gre-
noble, âgé de 85 ans.
31 mai. Demoiselle tësther Declave, vefve do Mr Jaques Lou-
mau Sr Dupont du bourg de MaDieu en Poictou, âgée de 7(j ans.
7 juillet. Sr Paul Volet, réfugié, avocat, de Nismes, âgé de
79 ans. A testé par devant Egrège Pournol.
15 juillet. Demoiselle Madeleine de Bonniot, veuve de Noble
Gaspard Etienne de Morar Seigneur de Cleles en Dauphiné, âgée
de 68 ans.
1705. — 16 janvier. Mr Jean Sorin, réfugié, ad vocal, de Nismes'
âgé de 77 ans.
12 février. Demoiselle Jeanne Polisson, veuve do MrDeRapin,
de Montauban, advocat au parlement de Toulouze, âgée de 80 ans.
22 mars. Madame Madeleine de Vigniol, réfugiée, de Cornon
en Languedoc, veuve de Mr Pierre de SI, Vcran, Conseiller au Par-
lement de Toulouze, âgée de 63 ans.
5 mai. Demoiselle Anne-Marie Derval, veuve de Mr Crassel,
habitant de Lyon, âgée de 80 ans. A lesté par devant Mire
Girard.
21 juin. Sr Louis Say, réfugié, de Nimes en Languedoc, âgé
de 53 ans.
1706. — 18 mai. Demoiselle Marguerite de Houx, veuve de
Mr Jean De Baudan, de Nîmes, âgée de 6o ans.
25 août. Sr. Laurent Domergue, de Monlpelier, âgé de 86 ans.
12 octobre. Demoiselle Madeleine Heinaud, tomme de Mr Jean
Vigut, major de la garnison d'Orange, âgée de 58 ans.
1707. —22 février. Marie de SI Laurent, tille de Noble Louis de
SI Laurent, Conseiller au parlement d'Orange, et de Dlle Judit do
Sozin, âgée de 30 mois.
21 juillet. Demoiselle Galcrine Capilel, femme de Mr Vincent
Ardin Seigneur de Clavillière, âgée de 79 ans. A testé par devant
Egrège Deharsu.
DOCUMENTS
65
1708. — 29 février. Demoiselle Marie Devinay, vefvc de Mr An-
toine Bourget. M. du St Ev., d'Anonay, âgée de 76 ans.
7 juin. Mr Laurent de Soulizc, réfugié, de Donzer en bas
Dauphiné, âgé de 60 ans.
13 août. Demoiselle Marguerite Devinay, veuve de Mr Antoine
Laurent, Docteur médecin, d'Anonay, âgée de 74 ans.
21 octobre. Spectable Alexandre Devinay, d'Anonay, M. du
St E., âgé de 71 ans.
13 novembre. Demoiselle Jeanne Bourely, veuve de Noble Jean-
Etienne de Chossegros, vivant Soigneur de Mimet en Provence,
âgée de 66 ans, a testé par devant Mtre Beddevole.
1709. — 13 janvier. Spectable Etienne Aunel, d'Orange, M. du
St E., âgé de 7i ans.
19 janvier. Demoiselle Laure de Lange de Monmiral, femme de
Noble Pierre de Beaucastel, de Gourtaison principauté d'Orange,
âgée de 78 ans.
12 février. Jeanne Dupont, veuve de .... Soleil, M. du.St E., du
Vigan en Languedoc, âgée de 70 ans, assistée à laBourcefr.
2 mars. Suzanne Felchère, veuve de Claude Koberty, de Vans
en Languedoc, âgée de 60 ans.
8 juin. Demoiselle Anne de Restauran, veuve de Mi" de la Tour
de Laleau, de Montélimard, âgée de 67 ans, a testé devant Mtre...?
29 juillet. Jean-Daniel Vergne, fils de Spectable Charles Vergne,
M. du St Ë. (de Montauban), et de Marie Connel, âgé de 13 ans,
mort de convulsions avec lièvre à l'Hôpital françois (dont son père
était aumônier).
1er décembre. JeanRomagnac, lilsdeSpect. Hugues Romagnac,
habitant, Min. du St Ev., et de Pernette la Combe âgé de U jours,
n'étant né à terme.
3 décembre. Pernelte La Combe, femme de Spect. Hugues
Romagnac, habitant, M. du St Ev. et Régent de la 1ère classe, âgée
de 35 ans.
1710. — 24 mars. Noble Gaspard de Perinet marquis d'Arze-
liers, de l'Aragne en Dauphiné, âgé de 65 ans, mort d'une gan-
grène à la jambe et au pié... A testé par devant M0 Girard. (En
marge : Levé un extrait le 9 mai 1710 pour Dame Marie Hardy sa
veuve.)
17 décembre. Sr Gilles Desgatine, d'Alançon en Normandie,
âgé de 81 ans, a testé par devant Mtre Eornet.
5
Mélanges
QUAND BOLSEC COMIYIENÇA-T-IL A CALOMNIER CALVIN?
Ayant dû, à l'occasion de conférences sur Calvin, exa-
miner d'un peu près les accusations portées contre lui
par Jérôme Bolsec, je me suis demandé à quelle date
quelques-unes d'entre elles remontaient. On sait, en
effet, que la Vie de Calvin ne parut qu'en 1577. On a
même reproché à Bolscc, à ce propos, d'avoir attendu
aussi longtemps pour publier les accusations calomnieuses
sous lesquelles, sachant bien qui en tirerait profit sans
jamais chercher à en vérifier l'exactitude, il avait voulu
accabler le Réformateur. Ce reproche est-il bien fondé
pour quelques-unes? C'est ce que, malgré l'importance
minuscule de la question, je voudrais rechercher.
Je relèverai d'abord l'affirmation de Bolsec lui-même
(Viede C. éd. de 1664, p. 7), qu'il a attendu longtemps
avant de produire son œuvre ; et cette autre, de Haller à
Bullinger, dans une lettre du 6 avril 1552 (Op. Calv.,
Correspondance, à la date) que Bolsec voulait publier un
livre contre Calvin, mais que le Magistrat de Berne le lui
a interdit.
Ce que Bolsec aurait écrit, il n'est guère possible de lr
savoir. Sans doute, il aurait abondamment disserté sur
la prédestination. Nous n'en sommes pourtant pas réduits
à cette donnée si vague. En effet, d'une part, dès la lin
de février 1552, nous voyons, d'après une lettre de
Haller à Bullinger, que Calvin est très monté contre Bol-
sec à cause des calomnies qu'il répand; et de l'autre,
d'après un Mémoire de Calvin au Sénat de Berne, Mémoire
que les Editeurs de Strasbourg placenl à la même date
(février 1552), nous voyons le Réformateur répondre à
quelques-uns au moins des reproches qui lui sonl adres-
MÉLANGES
67
srs. Or, deux de ces reproches sont 1res spéciaux et ne se
trouvent, si je ne me trompe, que dans l'ouvrage de Bol-
sec : l'un, c'est qu'il veut remplacer te dimanche par le
vendredi; l'autre, c'est que, s'il a supprimé des fêtes chré-
tiennes, il en a créé une nouvelle, le mercredi. Autant
que les documents permettent de le constater, Bolsec
semble s'être ensuite tenu tranquille pendant quelque
temps. Aussi bien veut-il essayer de rentrera Genève, d'où
il a été banni (tin 1551). Il fait deux tentatives, en mai-
juin 1552, au moment de l'affaire Trolliel, ou Troillet,
légalement relative à la prédestination; et en juillet 1553,
à la veille de l'affaire Servet. Dans l'un et l'autre cas, il
essuie un refus, parce qu'il refuse lui-même de se rétracter.
La condamnation de Servet, sur laquelle il s'expri-
mera si différemment plus tard, au moins en ce qui con-
cerne Servet, lui paraît, au contraire, une belle occasion
de recommencer ses attaques.
Dès le 1er avril 1554, on le retrouve. Une lettre très
curieuse, dont on ignore et l'écrivain et le destinataire,
moine hier encore, en fait foi [Incertm Incerto dirent les
éditeurs de Strasbourg). Dans cette leltre, celui qui
l'écrit reproche à son correspondant de prendre fait et
cause pour Bolsec, Servet et autres. En même temps, il
fait une sorte d'apologie de Calvin. Il répond à diverses
accusations, concernantes mœurs et ladoctrinedu Réfor-
mateur. L'auteur de la lettre s'étonne que son correspon-
dant ait pu accorder quelque confiance à ce brouillon
[turbulent us) de Bolsec, qui procède par injures et par
outrages, et qui ne craint pas d'accuser Calvin de gour-
mandise, d'hérésie, de vouloir faire ou de laisser faire de
lui une idole, etc. Des injures, des calomnies, des
reproches, quant aux mœurs, ce reproche de gour-
mandise, etc., tout cela nous le retrouvons en effet dans
le pamphlet de Bolsec, la gourmandise, notamment,
qu'on ne rencontre, je crois, que dans la Vie de Calvin
par notre apostat (ch. xiv).
Assurément tout cela ne prouverait pas que Bolsec
eût rien écrit et il paraît certain, en tout cas, qu'il n'a
MÉLANGES
rien publié. Mais voici qui paraîtra plus concluant, quant
à ce qui aurait été écrit.
Le lundi 7 juin 1554, au Conseil de Genève, Calvin se
plaint d'une « Epistre » anonyme, \enue on ne sait d'où,
« pleine de blasmes et moquerie et mesmement charge
led. M. Calvin de beaucoup d'injures ». On décide d'en
rechercher l'auteur. Calvin demande en outre « s'il a
besoin de purgation, et quelle purgation luy sera néces-
saire défaire ». Au reste, il n'est pas le seul blâmé: la
Seigneurie (de Genève) et les bons voisins ministres le sont
en même temps. Le 14, il revient sur cette « épistre... en
laquelle il est tellement blasmé que sans estre purgé de
cela il ne seroit suffisant ny capable pour servir à l'Eglise,
et que si l'on voloit chercher l'on pourroit bien trou-
ver en quelque façon qui a envoyé telle épistre; c'est
pourquoy il a requys y adviser et à sçavoir si l'on le tienl
pour tel ». Des lignes qui suivent, il résulte que la Sei-
gneurie et les juges de Servet sonl également pris à par-
tie. Le Conseil décide la lecture del'épistre. On la lit le 21.
Comme on ne sait d'où elle vient, le Conseil se borne à
déclarer que l'on ne tient pas ces choses pour véritables,
qu'on tient Calvin pour bon ministre, « non ayant fait ces
choses y contenues, et ledit livre estre fauls, et auquel est
mal escript contre ledit ministre et contre la Seigneurie ».
On n'en recherchera pas moins l'auteur. Le 2 juillet on
revient sur le « livre des blasmes », dont le but est ((de
se porter pour avocat de Servet, Hiérosmc (Bolsec) cl
autres hérétiques (1), condamnant la puissance que exer-
çait punition corporelle sur iceux. » Ou y accuse aussi
Calvin d'être plus démesuré en tyrannie que pape ou
evesque qui fut jamais en Genève. L'affaire revient encore
plus d'une fois au Conseil, notamment au mois d'octobre.
On accuse aussi Calvin d'hérésie, et c'esl même le reproche
auquel il paraît le plus sensible.
En 1555, il y a une recrudescence d'attaques contre
(1) Le fait que le « livre de blasmes » prend la défense de Bolsec, no MU
rait infirmer mon hypothèse. 11 va de soi, en effet, que R., voulant consrrvrr
l'anonyme, ne pouvait pas ne pas prendre sa propre défense,
MÉLANGES
Calvin. Bolsec n'est pas seul. Avec lui sont nommés les
ministres Zébédée et Lange et un certain Fonsellet, per-
sonnage qui paraît, d'après ses lettres, fort peu intéres-
sant. Cela en février. Le 1er mars, on éeril à MM. de Berne
sur les « blasmes » de Miérosme et autres cl sur les in jures
et « plaquars » qu'ils répandent. MM. de Berne, qui ne
pardonnent pas ii Calvin de ne pas accepter leur hégé-
monie, ne font « guaire bonne response ». On insiste.
Le 5 mars « les ministres de cestc cité (Cenève) hont
faict grandes remonstrances des bruys, injures et oultrai-
ges, que l'on a impropére à Fencontre de M. Calvin et
nous, et aussy des calumnies faictes par les subjects el
aulcungs ministres du pays de Berne », et on envoie à
Berne Calvin et un autre ministre et deux des syndics.
Enfin, le 18 mars, « lapluspart desdits Seigneurs de Berne
ayans esté mal informez et estans irritez par les calum-
nies de plusieurs faulx détracteurs à rencontre de M. Cal-
vin et deceste Eglise, ayans ouy la vérité du faict, mon-
trèrent tous signes d'amitié » envers Calvin et l'Eglise de
Genève.
C'est aussi à ce moment-là (mars 1555) que Bolsec
disparaît de l'horizon. Tout an moins n'en ai-je plus
trouvé de mention à partir du 29.
Parallèlement à ces données empruntées aux Registres
du Conseil (Op. Calv. Annales), on trouve différents ren-
seignements dans la Correspondance.
Ils nous révèlent quelques-unes des accusations, outre
celles déjà mentionnées. Ainsi Fonsellet (juillet 155-4)
traite Genève de « Sodome abominable » on se trou-
vent des « bogres » et des « sodomites charnelz et spiri-
tuelz », et parle du « cruel Chaulvin ». Le 7 août, Calvin
parle d'un libelle renfermant d'atroces infamies eonliv
lui. Il est vrai qu'il en attribue la paternité à Castellion et
consorts; mais il semble avoir renoncé bientôt à cette
idée, puisqu'il n'en parle plus, et revient à Bolsec. Le
18 septembre 1554, il écrit à Buliinger qu'on le traite d'héré-
tique pire que tous les papistes; le 4 octobre les ministres
de Genève se plaignent d'être traités d'hérétiques et Calvin
70
MÉLANGES
tl'antéchrist par Bolsec et consorts» Le 30 octobre, Calvin
dans une lettre de Bullinger, et les ministres de Genève,
dans une autre à ceux de Berne, protestent contre les
mêmes accusations etcontre de nombreuses injures atroces
[multis atrocibus conviens). Le 27 novembre, les mêmes
ministres se plaignent que Calvin soit traité de débauché
(mquam)} d'hérétique et de tyran.
Etcequi montre bienque Boisée est l'auteur ou l'inspira-
teur de toutes ces attaques, c'est que, le 4 décembre 1551,
les ministres de Berne obtiennent qu'il soit chassé des
terres de la République. Il est vrai qu'il obtient un sursis
ïHaller à Bullinger, 28 décembre 1554). En fait, il n'est
chassé des terres de Berne qu'à la tin de mars (Farel à
Haller, 29 mars). Et il l'est à la suite d'un procès en
diffamation que lui ont intenté les ministres et le Conseil
de Genève. On lit même, dans l'exposé des griefs de
Calvin, où il se plaint de Zébédée, Lange, Fonsellet, etc.,
la plainte suivante contre Bolsec : « Et ne se contentant
pas de mal parler, chante mesme par cy et là une chanson
contre led. Calvin pleine d'infametez ». On sait que Bolsec
versifiait volontiers. Une fois de plus cela devait ne pas
lui réussh\
En résumé, donc, Bolsec semble avoir écrit contre
Calvin, mais sans publier ni signer, dès le lendemain
de son bannissement de Genève. Nous retrouvons dans
les « epistre, plaquars, livre de blasmes », sans parler de
la «chanson», dont se plaignent Calvin, le^ minisires el
le Conseil de Genève, notamment après la condamnation
de Servet, diverses accusations que nous retrouverons
dans la Vie de Calvin et que, même, nous ne retrouverons
que là. Malgré l'anonymat, et après une hésitation, on
finit par connaître le coupable. Sans doute, il n'est pas
seul, au moins en 1551 et 1555. Mais il esl manifestement
le chef de la bande.
Les accusations sont de diverses sorles. Les unes
portent sur la doctrine : Calvin fait Dieu auteur du péché ;
il est plus hérétique qu'aucun hérétique, il nie la divinité
de Jésus-Christ et pense mal de la descente aux enfers
M ÉL ANGES
71
(Bolsec, V. dp 6\, eh. xxm-xxvi)* — D'autres, ou l'a vu,
oui trait aux cérémonies : Calvin veut substituer le ven-
dredi au dimanche et créer une nouvelle fête chrétienne
le mercredi, alors qu'il supprime les principales (Bolsec,
ch. vi et x). — D'autres encore s'appliquent à son action
et à son attitude à Genève : il est démesuré en tyrannie,
cruel, et supporte qu'on fasse de lui une idole (Bolsec,
ch.xii). D'autres, enfin, s'en prennent à sa valeur morale,
il est gourmand et débauché (ch. xiv el xv). — Peut-être
même y a-t-il déjà parmi les « infametez, injures atroces
et oultraiges », l'affaire du fer rouge. On sait, en effet,
qu'un autre Jean Calvin, prêtre, de Noyon, avec lequel on
confondait à dessein (est-ce bien lini?) le nôtre, esl
condamné pour immoralité en 1550 (i). — Ce qui est
cerlain, c'est qu'une calomnie, qu'on ne trouvera que
dans Bolsec (ch. xi et ch. xv), est répandue dans le
public réformé, celle d'avoir détourné à son profit
4 000 couronnes envoyées par la reine de Navarre, pour
les pauvres et les exilés pour la foi. Un certain Piperinus
qui l'a ouï dire, en écrit, tout ému, à Blanrer le 19 sep-
tembre 1555, puis à Calvin, le 15 octobre. Calvin répond
le i8 et donne les preuves de son désintéressement. Il ne
fait, il est vrai, aucune allusion à ces 1000 couronnes.
Les éditeurs de Strasbourg s'en montrent surpris. Pour
ma part, je le trouve naturel, à cause même des destina-
taires de la somme, au moins pour partie : je veux parler
des exilés pour la foi. Le silence était de rigueur, à une
époque où les lettres pouvaient si facilement se perdre ou
être volées, tant était grande la différence d'attitude du
frère et de la sœur vis-à-vis des Evangéliques.
Revenons à Bolsec. Ce qu'il avait écrit dès 1552, puis
en 1554 et 1555, si ma supposition est fondée, comme je
le crois, il l'aurait, en l'amalgamant tant bien que mal
avec des données nouvelles, aussi peu dignes de foi que
les premières, et en le poussant jusqu'à la mort de Calvin
inclusivement, publié ensuite, en 1577, sous le titre
i l) Doumergue, Jean Calvin, I, 435. Citations phototypées de Desmay et de
Le Vasseur.
MÉLANGES
de La Vie, Mort et Doctrine de Calvin etc. Ce qui sem-
blerait confirmer encore cette hypothèse, ce sont les
défauts de composition de ce pamphet. On le dirait fait
de pièces et morceaux juxtaposés. Le seul lien entre eux,
mais celui-là aussi constant que solide, c'est la haine,
doublée de mauvaise foi, qui les a inspirés.
Paul de Félice. '
ÉVALUATION DE LA LIVRE TOURNOIS ET DES PRINCIPALES
MONNAIES EN USAGE DANS LES PAYS DU REFUGE(1)
1685-1715
La réduction, en francs actuels, des diverses monnaies
employées en France et dans les pays du Refuge, lors de
la Révocation, est une des questions les plus difficiles à
résoudre pour les historiens de ces temps-là. Après avoir
consacré de longs mois à en chercher la solution, nous
donnons ici le résumé de notre travail. Sans prétendre
être arrivée à une parfaite exactitude, nous avons
cherché à nous rapprocher, autant que possible, de la
vérité, dans un domaine qui reste toujours incertain.
Il y a trois points à éclaircir, pour arriver à une
estimation rationnelle des monnaies d'autrefois :
1° Quelle était la valeur de lalivre tournois, en France,
à l'époque indiquée?
2° Quel était le cours de la livre tournois, en Suisse,
à la même époque?
La plupart des comptes dont nous avons à nous
occuper ont été faits en Suisse, et en livres tour-
nois, il faut donc chercher à convertir en livres les autres
monnaies.
3° Quel a été dès lors l'abaissement du pouvoir libéra-
teur des métaux-monétaires, ou, en d'autres termes,
(1) Celte élude a élé écrite en vue de noire monographie sur Henri rfe
Mirmand et les réfugiés de la révocation de l'édit de Niante*, actuellement
sous presse. Elle y paraîtra à l'appendice au N° 2.
MÉLANGES
quelle a été la baisse du numéraire, depuis 1685 à nos
jours?
La réponse ne peut se trouver que chez les auteurs
qui ont fait de cette question une étude spéciale etsérieuse.
C'est aussi là que nous la chercherons.
Natalis de Wailly est l'écrivain qui a traité avec la
plus grande compétence les variations de la livre tour-
nois (1). Il l'a déduite du cours légal de l'or, combiné avec
le cours légal de l'argent; aussi son appréciation nous
servira-t-elle de base, tandis que le vicomte G. d'Avenel,
dans des évaluations analogues, paraît oublier l'existence
de la monnaie d'or (2).
Chacun sait que le cours de la livre tournois a subi en
France, une dépréciation constante, avec des fluctuations
de hausse et de baisse, depuis le règne de saint Louis
jusqu'à l'établissement de la monnaie décimale (3).
iNous allons rechercher ce qu'elle valait de 1685 à
1715, et pour être plus exacte, nous diviserons en deux
périodes l'époque qui nous occupe :
Première période allant de 168!) à 1699.
A. — D'après de Wailly, la moyenne de la valeur de la
livre tournois en France, pendant ces H ans, a été de
fr. 1,75 (4)
B. — D'après le Professeur LV ïurler, archiviste de
l'Etat de Berne, appuyé par llanauer (5), la valeur de la
(1) Mémoires sur les Variations de la livre tournois, Lectures faites ne
octobre 1850, par Natalis de Wailly, à l'Institut, et parues dans les Mé-
moires de Vlnstilul de France, t. XXI, Paris, 1857. — Tableau V, pp. 397
à 406.
(2) Vicomte G. d'Avenel, Histoire économique (te la Propriété. Paris 1894.
4 vol. m-4°, t. I. — Et le résumé de ce travail, par le môme auteur : La
Fortune privée à travers sept siècles. Paris 1904, p. 70.
M. À. de Foville, membre de l'Institut, ancien Directeur de l'Administration
des monnaies, dans son ouvrage : La Monnaie, Économie sociale, Paris 1907,
p. 194,, met en regard les tableaux de N. de Wailly et ceux du vicomte d'Ave-
nel, il cite fréquemment ces deux auteurs.
(3) La livre tournois a valu en 1258, environ fr. 20, 20, en juillet 1720,
fr. 0,41, en février 1793, fr. 0,98. (Natalis de Wailly, Tableau V, p. 398 cl 406.)
(4) Natalis de Wailly, Tableau V, p. 104, 9 évalualions de la livre tour-
nois pour cette période.
(5) llanauer. Etudes écojiomiques sur l'Alsace ancienne et moderne, 1876-
74
MÉLANGES
livre tournois en Suisse, àla même époque, étaîtde fr. 1,85.
Entre ces deux chiffres, nous prendrons une moyenne
que nous admettons comme valeur de la livre tournois,
pendant cette première période soit fr. 1.80.
Deuxième période : de 1700 à 1715 (1) :
A. — Le tableau V, p. 404-5, de N. de Wailly nous
donne pour cet espace de temps, 12 évaluations de la
livre tournois, dont la moyenne ressort pour la France à
fr. 1.54.
B. — Cette même évaluation est acceptée pour la
Suisse, à fr. 1,54.
La diminution de la fortune publique, soit du pouvoir
libérateur de l'argent, pris dans le sens de toute monnaie
servant à l'échange des marchandises, a suivi une marche
semblable à la dépréciation de la livre tournois.
Le vicomte d'Avenel en a fait une élude approfondie,
basée sur tous les éléments de la production, du salaire et
de la dépense. Il arrive à l'estimation suivante, pour le
siècle de 1650 à 1750, en comparant le pouvoir des
métaux monétaires d'alors, à leur pouvoir actuel, pris
comme unité dans chaque quart de siècle, soit :
De 1650 à 1675 — 3 — contre 1 valeur actuelle
De 1675 à 1700 — 2,33 — — 1 —
De 1700 à 1725 — 3,75 — — I — —
De 1725 à 1750 — 3 — — 1 — (2)
Notre calcul, basé sur les données qu'on vient de lire,
se présente comme suit :
\t% Période. — La livre tournois — Multiplié par la — Egal à
vaut. baisse de la monnaie.
1685-1699 — fr: 1,80 — X 2, 33 = fr: 4,Î0
1877, 2 volumes. C'est un travail sérieux, où l'auteur estime aussi à fr. 1,83
la valeur de la livre tournois.
(1) Nous nous arrêtons à la mort do Louis XIV, après laquelle la livre
tournois a subi une telle dépréciation, qu'on ne pourrait -plus établir une
moyenne raisonnable.
(2) Vicomte G. d'Avenel, La Fortune privée, p, 37.— M. A. de Foville, La
Monnaie, p. 179.
MÉLANGES 75
^ 2■", Période. — La livre tournois — Multiplié par la — Egal à
vaut. baisse de la monnaie.
1700-1715 — fr: l, 54 — x 2,75 = fr: 4,20
Nous arrivons ainsi à la somme de fr. i.20, comme
valeur de la livre tournois de lf>8;> à 1715.
Toutefois M. de Foville, qui a lui-même revu notre
S calcul et en approuve la méthode et les conclusions, y
ajoute les deux observations suivantes, qui vont le
modifier :
Il fait remarquer d'abord, que pour la période qui
nous occupe, le multiplicateur auquel s'arrête le vicomte
d'Avenel est un minimum, vu la cherté de ce temps-là
puisque immédiatement avant et après, le pouvoir des
métaux précieux est de 3 contre 1. Et d'autre part, le
terme de comparaison que prend d'Avenel, est le quart
de siècle 1875-1900, dans son ensemble. Or, de 1900 à
1908, les prix ont sensiblement augmenté. De ces deux
observations, il ressort que le multiplicateur devra se
rapprocher de 3 — , et que la valeur delà livre tournois, de
1685 à 1715, peut-être portée à fr.5, — monnaie actuelle.
Ce résultat ayant été approuvé par d'autres personnes
compétentes (1), c'est à ce chiffre de fr. 5 — que nous
nous arrêterons, comme base de nos calculs, pour toutes
les monnaies qui peuvent se réduire en livres tournois de
France.
Il esl à remarquer que les comptes des réfugiés en
général, et ceux de la Direction de Berne en particulier,
qui furent les plus importants, se faisaient en livres tour-
nois de France.
(1) Entre autres M. le Dr G. Lardy, ministre de Suisse en France, fort versé
dans ces matières, et N. Weiss, secrétaire de la Société de l'Histoire du Pro-
testantisme français A Paris,
76
MÉLANGES
Réduction en francs actuels, des principales Monnaies,
employées de 1685 à 1715.
Pouvoir multipli-
Monnaies diverses. Livre tournois. cateur, par la Valeur
valeur de la livre actuelle,
tournois.
Livre tournois .... I x 5 — fr. 5
Ecu do France (mon-
naie de compte) . . 3 x <) = fr. 15
Reichsthakr, rixdale .3 x 5 = fr. 15
Reichsgulden, gulden
ou florin d'empire. . 1,13% 4'' x5 ==fr. 8,33
Florin de Zurich, égal
au Reichsgulden (1). l,13s,4d x5 — fr. 8,33
Livre, de Zurich (1 /2 du
ilorin, monnaie do
compte) 0, lt>s,8'' x5 = fr. 4,16
Florin ou Gulden de
Berne(10 °/« demoins
que celui de Zurich). 1, 10s x 5 = fr. 7.50
Livre de Berne (1/2 du
florin, monnaie de
compte) (2) 0, 15s x5 — fr. 3,75
Couronne de Berne
(Kron) 2, 10s x 5 =rfr. 12, 50
Tha 1er de /terne. ... 3 x5 =fr. 15
Marc courant de Ham-
bourg (3) 1 X 5 =fr. 5
(1) Le florin (gulden) de Zurich est égal à 2 livres de compte = ou 40 schilling =
ou 480 heller (denier). 11 se divise aussi en 60 kreutzer et 480 hcller. Le
kreutzer vaut 8 heller.
livre tournois
(2) La livre de Berne vaut 0,15 sous, ou 1 l/a bat* ou 1 livre de Berne.
Le gulden, florin de Berne. « 1,10s. « 15 « ou 2
La couronne de Berne . . « 2, 10 s. « 25 « ou 3 l/a «
Le thaler de Berne « 3 — « 30 « ou 4 «
10 batz de Berne « 1 — « 10 « ou 1 >/s
Le batz est une monnaie très ancienne, datant du moyen âge et qui se
trouvait aussi dans la Vénitie (Heperlovium zur Mttnzherr Bayertïs p. 823.)
(3) On avait à Hambourg et à Liïbeck, le marc courant et le marc franco,
ce dernier employé dans les affaires avait une plus grande valeur que l'autre.
D'après une noie de.Mirmand, 128 marc banco faisaient environ iS llth. (pour
reichothaler) de Brandebourg. Le marc courant équivalait à peu près à la
livre tournois. — lin 1854, le marc courant de Hambourg (taillé à 31 au marc
de Cologne d'argent fin;, valait fr. 1,528, et le marc banco (de 27 1 -, au marc
de Cologne), valait fr. : 1,813. — La proportion était de lit à 136. 9 marc
s'appellent un thaler et 2 marc, un Ilorin. (Oscar Wiist. Guide méthodique rfe
l'enseignement du calcul 1854, §642.)
La Livre sterling valait même plus de 75 francs actuels, puisque Mirmandi
MÉLANGES 77
Les monnaies suivantes n'étant pas converties en livres
tournois, nous indiquerons leur valeur approximative en
francs, à l époque du Refuge, d'après les auteurs qui ont
traité ces matières. Cette somme sera mullipliée par le pou-
voir du numéraire à cette époque, en le portant a 3.
Loellicient,
Monnaies.
Pouvoir
du numéraire.
V fl 1 0 1 1 V i i ( * f 1 1 o \ 1 a
Ï.P ///))>m ri /> fin 1 l/itt /lo
jl'il ifl n U llfltlflc ,
0 1 Q
2, 16
X a
fr. 6,39
Livre, Sterling d'A nqle-
terre (1) ..... .
fr.
25
X 3
==fr. 75
Le florin de Genève (2) .
fr.
0,50
X 3
= ir. 1,50
Livre courante de Genève,
valant 3 florins, et
fr.
1,75
X3
= fr. 5,25
Ecu de Genève, valant
10 florins et 6 sols. .
fr.
5,25
X 3
= fr. 15,75
IÀvre faible de Neu-
châtel (3)
fr.
0,55
X3
= fr. 1,65
Ecu de 30 batz de Neu-
châtel
fr.
4,20
X 3
= fr. 12,60
Voici quelques réductions des sommes employées pour
les réfugiés; elles sont tirées des Eidgenôssische Abschiede
(Recès de diètes fédérales), ou des manuscrits conservés
aux archives de Berne.
dans la liste de ses capitaux, comptait 2000 £ st. pour 11 000 Hlh. soit 5 1/2
Rlh. pour 1 £.
(1) Voir pour la Hollande et l'Angleterre : Pierre-Frédéric Bonneville, Traité
des monnaies d'or et d'argent qui circulent chez les différents peuples, Paris,
1800.— (M. R.N. L. Mirandolle, Une page de l'histoire du commerce de Rotter-
dam au commencement du xviue siècle, insérée dans le Bulletin de la Com-
mission de l'Histoire des Églises wallonnes, 2e série 1890, t. I, La Haye. Plu-
sieurs lettres de M. Mirandolle de La Haye et de M. William Minet de Londres ;
— Annuaire du Bureau des Longitudes, Paris, 1838 et 11)03.
(2) Eugène Demolj, Histoire monétaire de Genève 1535-1848, Genève, 1887.
Le florin de Genève se divisait en 12 sols, et le sol en 12 deniers.
(3) Cette livre, en usage vers 1685, égalait 4 batz ; elle se divisait en 12 gros,
le gros en 12 deniers. Le batz, égal à 4 creutzer, valait 14 centimes, le creutzer
3 1/2 centimes; 3 gros valaient un batz. (Archives de l'État de Neuchâtel.) —
M. William Wavre : La grande lacune dans le monnayage de Neuchâtel, de
1~1A à 1789, inséré dans le Musée Neuchâtelois, 1893, novembre et décembre,
p. 24S et 284.
j
78
MÉLANGES
1 Reiehsllialcr esl égal à
1,4/5 (ïuMen (1), ou =
3 livres louruois.
100
2000
13333
108
180
3600
24000
= 180
== 300
— 6000
= 40000
La proportion entre le gulden et la livre tournois était
celle de 3 à 5. — 3 reichsgulden équivalent à o livres
tournois. 11 faut 1 livre, 13 sous, 4 deniers lournois pour
faire un gulden, ainsi 13333 livres tournois valent
8000 gulden ou 4444 reichsthaler.
Parmi les sources que nous avons consultées' citons
en première ligne, les Eidgenôssische Abschiede, Vol. : VI.
Abt : IL, p. 5ij2 et maints autres passages, qui indiquent
les sommes employées au soulagement des réfugiés, puis
les manuscrits conservés aux archives de Berne et de
Zurich. On trouve à Berne les superbes comptes, établis
par la Direction française de cette ville, pour la Chambre
des Seigneurs, de 1694 à 1699, en livres et en couronnes;
cela fait un volume par année.
C'était lors de la convention conclue entre Berne et
les cantons évangéliques, pour faire vivre les réfugiés en
Suisse.
Nous avons eu l'avantage d'être aidée dans nos
recherches par les conseils de plusieurs savants, auxquels
nous offrons ici nos remerciements, ce sont :
M. A. de Foville, à Paris, auteur de La Monnaie.
M. William Minet, président de la Société huguenote de
Londres.
M. B. N. L. Mirandolle à la Haye.
M. le Dl Biggauer, directeur du cabinet royal des
monnaies, à Munich.
M. le L)r Ernest Lehr, à Lausanne, conseiller juris-
consulte de l'Ambassade de France en Suisse.
M. le Prof1' Dr H. Turler, archiviste de L'Etal de Berne.
(l) Gulden, reichsguklcn ou florin d'empire, c'est la mémo monnaie, el le
llorin de Zurich avait une valeur pareille, tandis que le florin de Berne valait
10 °/0 de moins.
SÉANCES DU COMITÉ 71)
M: le D1 H. Nahholz, archiviste de l'État de Zurich.
Tous nous oui fourni de précieuses indications.
Disons, en lerminant cette élude, que les résultats
auxquels nous sommes arrivée, sont approximatifs, car
en pareille matière, il y a un flotlement inévitahle. Nous
espérons néanmoins que ce travail, en précisant la valeur
de la livre tournois, et les rapports des divers systèmes
monélaires entre eux, pourra rendre quelques services
aux personnes qui s'occupent de l'histoire du Hefuge.
Madame Alexandre de Ciiambrier.
Bevaix, 20 septembre, 1908.
SÉANCES DU COMITÉ
&4Novembrci908.
Assistent à la séance, sous la présidence du baron F. de Schickler,
MM. Bonel-Maury, Chatoney, H- Monod, J. Pannier, F. Puaux,
E. Holt, R. Reuss, Tanon, J. Viénot et [S. Weiss.
Aprf s la leelure et l'adoption du procès-verbal de la dernière
séance, le Président e>plique au Comité la présence, dans la salle
de lecture de la Bibliothèque, de quatre nouveaux meubles qui y
ont été placés récemment contre les colonnes qui supposent la
galerie du premier étage. Jusqu'ici notre catalogue ne se compo-
sait que de fiches que nous ne pouvions que très exceptionnelle-
ment communiquer au public, et qui, n'étant pas fixées dans les
tiroirs, étaient souvent déplacées, ou plus exactement, rep'acées
ailleurs que dans leur ordre alphabétique. De là la nécessité pour
le bibliolhécaiie de Taire lui-même la recherche du ou des livres
que demandaient les lecteuis. Il a pensé rendre service à ces der-
niers en faisant recopier toutes les fiches, aménagées dans ces
meubles de manière à ne pouvoir être déplacées. Désormais le
lecteur pouna lui-même faire ses recherches dans n'importe
quel tiroir, sans crainte de rien déranger, ce qui supprime! a une
perle de temps souvent considérable. Le travail, commencé pen-
dant les vacances par un ancien prêtre dont l'écriture est très lisible
pourra être terminé au courant de l'année prochaine.
80
SÉANCES DU COMITÉ
M. Jacques Vannier croit qu'il faudrait profiter du quatre cen-
tième anniversaire de la naissance de Calvin pour faire poser une
plaque commérnorative sur la partie de la maison de ses parents
qui existe encore à Noyon. Il s'entendra avec M. Abel Lefranc, pro-
fesseur au Collège de France et originaire de Noyon, sur la marche
à suivre.
M. John Viénot rend compte du Congrès des sciences histo-
riques qui s'est tenu à Berlin au mois d'août et auquel il a assi-sté
avec le secrétaire. Ce dernier espère que quelques-unes des
publications historiques allemandes intéressant la Réforme fran-
çaise pourront être obtenues pour notre bibliothèque, grâce aux
relations faites à ce Congrès.
Le secrétaire donne ensuite les renseignements suivants sur la
Table générale du Bulletin. Le manuscrit des let très A à L est
entièrement terminé et les deux lettres qui suivent très avancées.
Quanta la France protestante, la multitude de petits papiers extraits
des matériaux accumulés par feu A. Bernus ont été collés sur de
grosses fiches in-4° avec des renvois aux dossiers ou à d'autres
sources comme les papiers Pradel, travail préparatoire qui facilitera
beaucoup la rédaction du complément de la lettre G.
Bibliothèque. — Elle a reçu de M. Perrier, juge de paix à Rive-
de-Gier, le manuscrit des Actes de l'Eglise de Dieu en Christ
à Lyon de 1830 à 1832; — par l'intermédiaire de M. le pro-
fesseur E. Doumerguc, de Montauban, un assez gros ballot des
papiers qu'avait recueillis feu M. le pasteur Vielles. La majeure
partie de ces papiers se compose malheureusement d'exiraits
presque toujours informes ou incomplets faits jadis aux archives
de l'Hérault, par feu M. le pasteur Kraissinet; puis il y a un lot
de sermons manuscrits du xvii° siècle, un ceriain nombre de
Jugements imprimés sur affiches et quelques pièces originales
intéressantes qui ont été jadis signalées dans le Bulletin. — M. Le-
gouis a envoyé une copie partielle des délibérations de l'ancienne
Académie deSaumur. — Le président dépose une plaquette : Anli-
ferrier dédié à Monsieur du Plessi-Mnrnay />ar Dnnirl Couppé, pasteur
de V Eglise réformée de Tours, La Rochelle, IL Haultin, 1615 — et la
Société d<'s Textes français Modernes, récemment fondée pour mettre
à la disnosition des travailleurs des réimpressions critiques d'oeu-
vres littéraire rares, a bien voulu exceptionnellement nous offrir
un exemplaire des deux premiers volumes qu'elle a fait paraître :
Jean de Schelandre, Tt,r et S'don et Louis des Masures, Tragédies
saintes. Paris, E. Cornély et C,e, 1907 et 1908.
SÉANCES DU COMITK
81
1 1 janvier 1909.
Assistent à la séance, sous la présidence du baron F. de
Schickler, MM. R. Chatoney, G. Monod, p. de Félicc, E. Rolt el
N. Weiss.
Après la 1 ec.ti.tr e et l'adoption du procès-verbal de la dernière
séance, le président lit le texte delà lettre qu'il adressa le 2ti no-
vembre 1909 à M. Noël, sénateur de l'Oise et maire de Noyon, au
sujet de la plaque à poser sur ce qui reste de la maison de Calvin.
Celte lettre est malheureusement restée jusqu'ici sans réponse.
Le secrétaire est chargé de voir M. Aboi Lefranc et de se con-
certer avec lui à ce sujet. M. J. Pannier, en s'excusant de ne pou-
voir assister à la séance, envoie une note sur l'origine possible du
mot marrean ou mereau.
Le secrétaire communique le faire part qu'il a reçu du décès
d'un de nos membres honoraires depuis 1905, M.Emil Egli, pro-
fesseur d'histoire ecclésiaslique à Zurich; il y est mort le
31 décembre à soixante et un ans. C'était l'homme qui connais-
sait le mieux Zwingli et tout le mouvement provoqué par ce
réformateur; sa modestie surpassait encore sa compétence
exceptionnelle; il était le principal collaborateur de la nouvelle
édition des œuvres de Zwingli que depuis plusieurs années il
avait préparée et provoquée.
Il communique ensuite au Comité la liste des souscriptions
reçues ace jour pou»' le Monument de la Réformation. Elles attei-
gnent le chiffre de 3596 fr. 20 pour 89 Églises et S particuliers. La
Société a reçu jusqu'ici pour l 'exercice 1908, 1040 fr. 90 de la part
de Ti Églises.
Enfin il donne connaissance d'une lettre de M. le pasteur
Cornet-Auquier qui demande qu'à l'occasion du 350(1 anniversaire
de la fondation de l'Église réformée de Chalon-sur-Saône, lequel
tombe sur l'année 1909 , notre Société veuille bien tenir son assem-
blée générale à Chalon-sur-Saône. Quelques membres se demandent
si nous ne devrions pas c itte année convoquer la public parisien
aune commémoration du quatrième centenaire de la naissance
de Calvin. D'autres répondent que cela pourrait se faire peut être
avec plus d'intérêt après lê*s réunions qui doivent se tenir a Genève
en juillet et auxquelles nous sommes déjà invités. Dans ce cas il
serait peut-être possible aux membres qui se rendront à Genève,
de s'arrêter en route pendant un jour ou deux à Chalon-sur-
Saône. Il est décidé que le secrétaire écrira à M. le Pasteur
Cornet-Auquier pour le remercier de son invitation et lui
demander si la commémoration à laquelle il nous convie ne pour-
rait pas être lixée par exemple deux jours avant celle de Genève,
82
CHRONIQUE LITTÉRAIR K
ce qui permettrait aux membres du Comité de se rendre dans
cette ville en deux étapes.
On parle enfin de la possibilité d'insérer au Bulletin un travail
sur Guizol et la crise intérieure du Protestantisme français au
XIX0 siècle. Ce travail touche à trop de questions encore brû-
lantes pour qu'il puisse être considéré comme appartenant à
l'histoire ancienne du Protestantisme français.
Bibliothèque. — Elle a reçu beaucoup de livres et brochures
qui paraîtront sur la troisième page de la couverture, et de
Mme de Merveilleux, un Sermon sur la Paix de Pierre Rival, Lon-
dres 1713: — une feuille volante in-i° : Mémoire de la Direction
des Pauvres François réfugiés pour cause de Reliqion à Lausanne :
Servant d'information du Hat et des motifs de la Lotterir qui lui a été
permise par LL. EE. de la Ville et République de Berne] — et une
plaquette in-4° : Confession de Eoij de Sa Majesté le Roy de Prusse.
Laquelle il a fait proposer à tous Us ministres d^s Etats prolestants
à Batisbonne, afin d'obtenir la direction des Etals évanqéliques.
Traduit de l Allemand par P . P. de N. Imprimé l'an MDCCXJX.
Cil U0N1QUE LITTÉRAIRE
La politique religieuse de la Révolution française.
Tel est le filre d'une Etude critique (h) M. Emile Lafonl, membre
de la Société de l'Histoire de la Révolution française, parue chez
Jules Roussel, (1909, X-302 p. 3fr.50)et honorée d'une Préface de
M. Louis Havel, dont la tendance anti religieuse bien connue ne
se révèle ici que par cette phrase discrète : « Chacun peut voir des
millions d'hommes et d'hommes qui pensent, se réjouir du déclin
de l'esprit religieux. L'histoire, d'ailleurs, n'est flalteuse ni pour
les dévots ni pour les siècles de foi naïve. » L'hisloire serait-elle
flatteuse pour les peuples sans foi ? Non, car elle les ignore ou ne
les nomme que pour les enterrer. Et le déclin de l'esprit religieux
a toujours été le plus sûr symptôme de décadence : Car la foi, ou,
si vous préférez, une foi, une aspiration quelconque vers un idéal
surhumain est encore la meilleure force tonique. « Sans elle, la vie
devient incolore, et son intérêt s'évanouit... (elle) nous devient à
charge. Nous nous sentons malheureux comme le serait un homme
condamné à séjourner dans l'obscurité ». Ainsi s'exprime M. Jean
Finot dans la Revuedn 1er octobre (Cf. Revue Chrétienne du I''1 nov.
p. 9 19). C'est si vrai que les rêves socialistes (pii remplacent la reli-
gion traditionnelle dans l'àme des foules ouvrières prennent les
CHRONIQUE LITTÉRAIRti
83
allures, les formes et jusqu'à l'intolérance d'un credo confessionnel
(Cf. p. 142) et donnent souvent la même énergie que l'ancienne foi
en remplissant le cœur d'espoir et lui permettant de supporter
les malheurs présents par l'attente d'un avenir meilleur. M. Lafont
est donc le jouet de la plus folle illusion, s'il croit que, délivrée
du cauchemar religieux, « la (erre désormais ne sera plus une
vallée de larmes » et que, « les vieilles conceptions Idéologiques »
s'e ffaçant, « la splendeur de l'existence et du monde naturel appa-
raît à nos yëux » (p. 3). Hélas non, c'est toute l'horreur de
l'existence, c'est l'affreuse réalité de^ la misère humaine qui vont
seules apparaître ànosyeux épouvantés. Mais regardez donc autour
de vous ! Déclin du sentiment religieux, n'est-ce pas synonyme
de dépopulation, c'est-à-dire de mort à brève échéance.
Sans doute, M. L. ne pense qu'au catholicisme en disan
qu' « un des mérites de la Révolution sera d'avoir brisé les chaînes
honteuses qui entravèrent douloureusement la pensée humaine ».
Mais, même compris ainsi, son lyrisme optimiste est exagéré.
Voyons de plus près son livre, dont la moitié seulement
contient l'essai de reconstruction historique delà politique reli-
gieuse. A partir de la page Ho, ce ne sont plus que des pièces
justificatives : brefs, rapports, lettres, discours, projels de loi,
pétitions, décrets, instructions, etc., sur les troubles de 1791,
l'institution de l'état civil, la suppression des frais de culte, la
liberté de conscience, l'esprit laïque à la Convention, la déchristia-
nisation, le culte de la Raison, les abjurations, la Séparation. Le
récit proprement dit se déioule en 14 chapitres, depuis les pre-
mières mesures de la Constituante jusqu'au Concordat (I), le
chapitre initial montrant l'importance si longtemps méconnue,
proclamée surtout parQuinet — des questions religieuses (ju dirais
plutôt : de la question religieuse) dans l'élude de la Révolution,
le chapitre linal racontant la défense républicaine contre la
réaction de l'an V, et la catastrophe de Brumaire, « dont les
conséquences pèsent encore sur nous ».
Voici les passages qui nous semblent mériterune mention spé-
ciale. P. 3-2 signale l'utopie de la Constituante, qui « veut créer,
à côté du clergé réfractaire, un nouveau clergé à la fois catholi-
que et constitutionnel », et la situation archi-fausse de ce clergé
gallican, qui « prétend reconnaître le pape » lorsque celui-ci lui
jette l'analhème ». Sans doute, « il valait mieux combattre la domi-
nation de Rome sans créer ce nouveau clergé » ; mais l'auteur oublie
que le pays n'était pas mûr pour une mesure aussi radicale et
qu'habitué depuis des siècles à subir cette domination, il la consi-
dérait encore comme une chose indispensable (2).
(1) « Contrat d'exploitation du peuple français passé entre le pape et le
dictateur » (p. 141) et qu' « un acte de haute sagesse a enfin dénoncé ».
(2) La meileure preuve de la persistance de cette mentalité catholique est
81
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
P. 49, 56, 71, 89, 121 et 131 rappellent à propos que «les
décrets sévères qu'elle (la Législative) porta contre les prêtres
réfractaires doivent être regardés plutôt comme des moyens de
défense que comme des mesures prises pour consolider la cons-
titution civile » et que « cette sévérité est justifiée par la conduite
de ces réfractaires qui... s'efforçaient d'allumer la guerre civile et
n'avaient pas voulu se contenter de la liberté et des droits com-
muns à tous les citoyens ». La politique répressive « s'accentua
au fur et à mesure ... que le danger de la contre-révolution
menaçait davantage ».
P. 86, nous voyons les Girondins se montrer « sur laquestion de
la liberté des cultes, plus révolutionnaires et plus politiques
que les Jacobins», dont « la mentalité est absolument opposée au
véritable esprit de la Révolution » (p. 91). L'auteur semble s'en
étonner : il y a pourtant assez longtemps qu'on a constaté que
lejacobinisme n'est que du cléricalisme à rebours !(Cf.p. 93,94).
La note de la p. 96 et la p. 274 mentionnent des abjurations de
pasteurs.
P. 99 met en évidence que « les deux cultes de la Raison et do
l'Être suprême avaient été d'inspiration bien différente », mais
furenl souvent, dans la pratique, confondus par la foule simpliste.
P. 100 et 103 rappellent la vraie signification du 9 thermidor,
qui, loin d'être « une revanche du philosophisme » ou « le signal
de la réaction » fut « surtout l'œuvre d'hommes qui veulent
sauver leur tête ».
P. 109 souligne toute l'importance du décret de la Convention
qui supprime les dépenses publiques du culte et qui « passe
presque inaperçu aux yeux de beaucoup d'historiens ».
P. 127 dit à propos du régime de la Séparation qui fonctionna
pendant près de sept ans : « Si les esprits y avaient été préparés
dès l'origine, cette question religieuse n'eût pas été embrouillée
par les difficultés de la Constitution civile, et peut-être la sécula-
risation de l'État eût-elle élé définitive... Cette expérience doit
nous enlever toute inquiétude dans l'accomplissement de l'œuvre
de sécularisation que Bonaparte a interrompue et que nousrcpre
nons aujourd'hui ».
P. 46. Lorsque, le 7 mai 1791, la Constituante proclama la
liberté des cultes sans restriction, les députés du clergé « repro-
chèrent à l'Assemblée son esprit de persécution ». M. L. s'étonne
de ce que « dans celle liberté pour tous, ils voyaient la persécution
des catholiques ». tëtonnement naïf, comme s'il en avait jamais
qu'encore le l'r juin 1792, l'arrêté de la Commune interdisant de contraindre
à tapisser les maisons lors de la Fête-Dieu et de requérir la garde nationale
pour les cérémonies du culte, provoqua des troubles et la protestation indi-
gnée de Kobespierre (p. (L>i. Cf. p. 19.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
été autrement. L'Eglise ne se sent libre que quand elle peut
persécuter; sans cela elle s'estime persécutée.
Voici maintenant quelques affirmations qui nous semblent ou
exagérées ou même fausses.
P. 44. Le décret du "28 janvier 1790 reconnut les droits poli-
tiques des Juifs du Midi, mais non de ceux d'Alsace, parce
qu' « on prétendait que plus de la moitié des terres de la province
étaient frappées (l'hypothèques à leur profit et que par conséquent
les biens des chrétiens passeraient entre leurs mai us ». L'auteur
ajoute :« Les événements ont prouvé que ces craintes n'étaient pas
justifiées » et cite des chiffres à l'appui. Mais ces chiffres prouvent
simplement que les craintes étaient exagérées; quiconque est
au courant de la situation n'osera dire qu'elles étaient sans fonde-
ment.
P. 69, n. 2. « Sans l'hypocrisie d'une cour perverse et l'inertie
d'un roi incapable, la Révolution s'accomplissait tout naturelle-
ment et sans grands soubresauts ». Voilà pourtant de l'historio-
graphie par trop simpliste. Et les ambitions, et les passions, et les
jalousies et les égoïsmes et les vanités et les partis pris, croyez-vous
qu'ils auraient laissé faire sans soubresauts? Ce n'est pas sérieux.
P. 73. « La Révolution se montra lidèle aux principes de la plus
saine philosophie lorsqu'elle admit le divorce ». Y'oilà qui est
encore bien catégorique et absolu. Une philosophie non moins
saine pourra objecter que deux époux sachant leurs liens indis-
solubles se sont peut-être souvent résignés à leur sort et ont fini
par trouver dans cette mâle résignation le bonheur stable qu'une
liberté plus grande ne leur aurait sans doute pas donné.
P. 83 et 240. Les belles phrases, généreuses peut-être, mais à coup
sur utopiques, de Rabaut Saint-Etienne et de Jacob Dupont sur
les bienfaits inévitables de la propagation des lumières, par « les
écoles primaires de France » qui « seront l'école du genre hu-
main », sur ce que « tout peuple éclairé sera libre quand il le
voudra», bien plus, sur ce que «les lumières amèneront nécessai-
rement la liberté, parce qu'elles fout connaître les droits de
chacun», semblent trouver le plein assentiment de M. L., qui n'a
probablement pas fait d'enquête sur les effets moralisateurs de
l'instruction actuelle. Sans doute, tous les Français connaissent
à présent leurs droits ; mais c'était inutile de les leur apprendre :
ils les connaissent depuis fort longtemps ; mais qui leur apprend
que tout droit implique un devoir et que les devoirs grandissent
avec les droits?
P. 139. Le philosophe aux yeux duquel la Révolution « n'est
pas un accident de notre histoire » mais « l'aboutissant logique »
et « a consolidé l'unité nationale » me semble avoir la vue un peu
courte et l'esprit simpliste de l'historien de tout à l'heure. Le rou-
leau égalilaire et niveleur semble, à première vue. consolider l'unité
86
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
parce qu'il écrase tout, mais il n'y a de véritable et durable unité
que dans l'harmonie des diversités et l'équilibre des inégalités (I ).
Enfin il reste à relever quelques errata :
P. 62, 1. 5 lire dépense publique. P. 83, 1. 20, phrase incorrecte :
comme si le sang d'un ennemi vaincu fit jamais triompher une
idée!
P. 17(>, I. 7 d'en bas; lire : le spectacle de votre vertu. P. 263,
lire : 19 brumaire. Envoi au pape. P. 300, l indication de la page
initiale des 5 derniers chapitres est fausse et à rétablir ainsi : 91,
103, Hl, 119,129, 139.
Th. Sciioell.
Hugues Vaganay. Le mariage, honni par Desportes, louange par
Blanchon, Le Gaygnard, Rouspeau. Imprimé à 12o exemplaires.
Mâcon, 1908, 32 pages in-4°.
Yves Rouspeau est un écrivain protestant du xvie siècle, qui a
une notice dans la France protestante. Les frères Ilaag y ont donné
la liste de ses publications; on la trouve aussi, avec quelques
détails de plus, dans le Manuel de Brunet.
M. Hugues Vaganay, bibliothécaire des Facultés catholiques de
Lyon, vient de réimprimer un des ouvrages de Rouspeau, les
Stances chresliennes des louanges du saint mariage, opposées aux
Stances de mariage, de Philippe des Portes, 1586.
Desportes, dans sas premières Œuvres (1573) avait publié une
invective poétique contre le mariage, en 25 sizains :
Kscoutez ma parole, ô mortels esgarez,
Qui dans la servitude aveuglement courez,
Et voyez quelle femme au moins vous devez prendre :
Si vous Tespousez riche,....
Si vous la prenez pauvre,....
Si vous l'espousez belle,...
Si vous la prenez....,
Chacune de ces hypothèses est accompagnée de prédictions
redoutables. Cette pièce donna lieu à un petit tournoi littéraire.
Plusieurs poètes de l'époque entrèrent dans la lice, les uns pour
appuyer, et la plupart pour combattre Desportes.
M. Vaganay a réuni en une plaquette, imprimée sur Alliance
Handmade paper, les pièces principales de ce débat: les Stances
de Desportes, et trois morceaux où, dans le même rythme que lui.
(1) Qui veut creuser davantage le sujet fera bien de lire. daDS Y Anticléri-
calisme de M. Faguet, le chapitre sur la période révolutionnaire p. 126), M
surtout de méditer le chapitre initial sur l'irréligion nationale, qui donne la
clef de toute notre histoire religieuse et de notre crise actuelle.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
87
souvent avec les mêmes rimes, Joachim Blanchon(1583), Pierre Le
Gaygnard (1585) et Yves Rouspeau (1586), ont pris la défense du
mariage.
Rouspeau, comme les autres, reprend chacune des hypothèses
qu'on a vups plus haut; il s'attache à montrer en chaque cas les
beaux côtés du mariage. Je ne citerai que quelques vers :
. . . Voyés
Quelle femme il vous faut en mariage eslire :
Si vous l'eslisez riche et de bonne maison,
Bien nourrie et vestue en tout temps et saison,
Tous vos sens seront d'aise et de joye ravis
tfn parlant avec elle, et, parmi les devis,
Contant tout à loisir ses escus sur la table....
Si vous la prenez pauvre,...
De son ame, pour dot, vous aurez la sagesse
Qu'on doit plus que les biens de ce monde priser.
Eugène Ritter.
Encore le mariage de Bossuet.
Nous résumions dernièrement (Bulletin, mai 1908, p. 273)
l'étude consciencieuse de M. l'abbé Urbain sur Bossuet et Mïle de
Mauléon. C'est d'elle surtout que s'inspire le n° 9 de la Collection
Arthur Savaèle, à 3 fr. 50, intitulé Autour d'une brochure. Lettres à
M. Savaète, directeur de la Hernie du Monde Catholique, sur le pré-
tendu mariage de Bossuet. Avec un article posthume de Mgr Justin
Fèvre (sans date ni nom d'auteur, 196 p.). La lrc lettre expose
les vues de M. Urbain, les 2°-5e celles de M. J. Gaignet, ex-supé-
rieur de Grand Séminaire dans son Etude critique sur Le prétendu
mariage de Bossuet. (Bloud, 1907) (1), les 6e et 7° celles du R. P.
Constant dans \&Bevuc du Monde catholique du 15 juillet 1907. Les
conclusions de l'auteur (p. I i3) sont que: 1° les résultats iixés par
l'enquête de M. Urbain n'ont point été infirmés, mais l'éclaircis-
sement définitif de l'intrigue de Ml,e de Mauléon dépendrait sur-
tout des papiers intentionnellement détruits chez elle en 1714;
2° une autre difOculté, celle du nom de Desvieux, cité par deux
auteurs indépendants l'un de l'autre et impossible à identifier
avec ceux de Gary de Mauléon, n'a pas assez attiré l'attention de
M. Gaignet; 3° ce dernier n'a introduit dans la question aucun
élément nouveau, mais seulement un certain nombre d'erreurs,
et n'a emprunté la matière de sa discussion qu'aux articles qu'il
prétendait réfuter; il a fait œuvre de polémiste plutôt que d'his-
torien; 4° un mystère subsiste, et l'on n'a pas réussi à prouver
(1) 64 p. in-12, 2e éd., n° 456 de Science et religion. Etudes pour le temps
présent. Série des Questions historiques.
Cil ROM IQU K LITTÉRAIRE
([lie le brait du prétendu mariage dû aux réclamations de M,lc de
Mauléon n'est qu'un racontar sans consistance, provoqué par
un simple contrat de cautionnement.
L'article du protonotaire apostolique, Mgr Fèvre, intitulé Nou-
velles éludes critiques sur Bossnet, a pour point de départ les Etudes
critiques de Vincent Davin, chanoine à Versailles, publiées en 1903
par la même Revue du Monde catholique, puis à part en un volume
de 372 p.. résultat de 40 ans de travail aux archives de Paris et de
Home (môme aux archives secrètes du Vatican), travail encouragé
par Augustin Bonnetty, directeur de Y Université catholique et des
Annales de philosophie chrétienne, ainsi que par Louis Veuillot et
le cardinal Pitra, « prince de l'érudition contemporaine. » La
tendance de Mgr Fèvre est suffisamment caractérisée par ce l'ait
symptomatique qu'il ne trouve de meilleure conclusion que de
reproduire le compte rendu de M. Lanson sur M. Urbain, dans la
Revue Universitaire de décembre 1906.
En somme, qui a lu la brochure de M. Urbain ne verra rien de
bien nouveau dans celle-ci, si ce n'est le développement, très
intéressant sans doute, de certains détails de la question, et de
longues polémiqnes moins intéressantes. Quant à la brochure de
M. J. Gaignet, elle n'a aucune valeur critique, et le jugement de
l'auteur Autour d'une brochure, rapporté ci-dessus, est même très
modéré. C'est de l'apologétique pure, inspirée par un parti pris
fort honorable peut-être, mais qui n'a rien à faire avec la recherche
désintéressée de la vérité, s'il est permis d'appliquer un aussi gros
terme à une question d'aussi mince valeur. A notre humbie avis,
la seule chose sensée à l'aire serait de laisser dormir en paix les
cendres de Bossuet. Car, même si ce qu'on lui reproche était
absolument prouvé, il resterait la sublime parole de Jésus : que
celui qui est sans péché lui jette la première pierre.
Th. Sch.
La Compagnie du Saint-Sacrement.
M. Rébelliau poursuit la série de ses travaux sur cette mys-
térieuse association, dont on ignorait naguère complètement
l'existence, et dont l'influence parait pourtant avoir été si profonde
en raison môme de son action cachée el des efforts convergents
et si disciplinés de ses membres, efforts isolés et individuels en
apparence et pour cela inaperçus, mais d'autant plus redoutables.
Rappelons que M. Et. s'en est occupé dans la Revue des Deux-
Mondes (juil.-sept. 1903 et 1908), M. Allier dans la Revue de Paris
du 1er sept. 1900r et dans son livre : La (compagnie du Très Saint -
Sacrement, M. Boudhors dans V Enseignement secondaire de
1903, etc; que dès 1888 le R. P. Charles Clair. S. J., avait essaye
en vain d'attirer l'attention des érudits « sur cette société, si
UllRONIQUti L1TTÉHA1HE
K9
jalouse, et à juste litre, de son extrordinaire secret »; enlin que le
II. P. dom Beauehet-Filleau et M. G. Guigne, archiviste du Rhône,
publieront bientôt des documents sur les groupes de Paris et
Marseille, comme le fait précisément M. Il, dans la brochure que
nous voulons signaler ici (1).
Elle apporte un complément d'informations considérable à ces
Annales de René II de Voyer d'Argenson, publiées en 1900 et qui
jusqu'à présent 'étaient le seul document imprimé, de quelque
étendue, sur une Société dont le rôle a été capital dans l'histoire
religieuse de notre xvne siècle » et dont les « précautions destruc-
trices » ont laissé échapper si peu de papiers. Ceux que M. K.
révèle comprennent : 1° 58 lettres adressées par le supérieur et le
directeur de la Compagnie de Paris à ceux de Marseille (décès de
confrères et nouvelles spirituelles ou charitables) ; — 2°89 circu-
laires imprimées, expédiées de 1645 à 1658 également de Paris à
Marseille, sorte de faire-part de décès, « qui, du reste, portent
assez souvent dans leurs marges des additions manuscrites » rela-
tives soit aux mêmes nouvelles que dans les lettres, soit, « surtout
dans les derniers temps » aux dangers menaçant l'existence de la
Société. Ces documents confirment la relation de Voyer d'Ar-
genson, mettent hors de doute « l'existence, conjecturée par
M. Allier, d'une Compagnie de Brive », font remonter de quelques
années la fondation de celles de Grenoble et de Montpellier, mais
surtout nous donnent une foule de noms propres, classés dans
l'Index alphabétique à la tin de la brochure, et qui « nous appren-
dront à quelles entreprises d'intérêt local des membres ont été
mêlés — en d'autres ternies la Compagnie elle-même, puisqu'elle
n'intervenait jamais en corps ». 11 faut donc savoir gré à M. II. de
nous avoir fourni cette utile contribution (2).
Tu. Scii.
Henriette de Coligny (Madame delà Suze)
M. Magne, dont nous avons déjà signalé ici l'étude sur Scarron
et son milieu, consacre à une arrière-petite-lille de l'amiral de
Coligny le 2e vol.de sa série des Femmes galantes du XVIIe siècle.
Que vient faire lenom de Coligny dans cette triste galerie? L'amiral
n'aurait eu nul lieu d'être lier de ses descendants. Déjà le père de
la précieuse qui nous occupe, Gaspard III, maréchal-duc de Chà-
(1) La Compagnie secrète du Saint-Sacrement. Lettres du groupe parisien
au groupe marseillais, 1639-1662. Champion, 1908, 129 p., 3 fr. .r>0.
(2) L'Appendice 11 nous apprend que le groupe de Marseille ne fut point
fondé, comme on le croyait, par l'évêque de cette ville, François de Loménie,
mort dès le 27 février 1639, mais par l'évêque de Grasse, Antoine Godeau, et
autorisée, le 8 mars, par le vicaire-général, Louis Gantes, qui conserva son
poste sous le successeur de Loménie.
90
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
tillon, prend un air bien piteux sous la plume de M. Magne, dont
le style gouailleur, frivole et persifleur (1) augmente encore la
gêne que Ton éprouve en présence de personnages si peu dignes
de leur nom. Aussi éprouve-t-on une sorte de soulagement à voir
Mmo de la Suze faire, dès le 50 juillet 1653, en l'église des Billettes
et soutenue par la reine et par Gaston d'Orléans (p. 83), ce que fera
bienlôt après cette autre contemporaine, plus illustre encore et
qui ternit et gaspilla un plus grand héritage de gloire, Clirisiino.
de Suèdp, dont les Lettres secrètes contiennent ces lignes piquantes
et vraies même si elles devaient n'être pas authentiques : « La
charmante comtesse de la Suze vient de mourir en chantant (2). Ce
bel espiit femelle aimait tant la joie et les plaisirs qu'en peu
d'années tout son bien fut dissipé, et elle mourut fort à propos,
n'ayant plus rien à manger » (p. 255, n° 3).
Elle n'appartient donc au prolestantisme que par des liens fort
lâches qu'elle a fini par dénouer elle-même, ce qu'il n'y a pas lieu
de regretter, et nous n'avons à la mentionner ici qu'à cause de son
aïeul. Disons seulement que sa mère était Anne de Polignac, qu'elle
fut reçue à l'hôtel de Rambouillet à 12 ans, avec sa sœur Anne (3)
et la Mlle du prince de Condé, épousa le 9 août 1643, à Chalillon-
sur-Loing, Thomas Hamilton, comte d'Hadington, enlevé bientôt
par la phtisie, puis, le 26 juin 1647, Gaspard de Champagne,
comte de la Suze, qui l'emmena d'abord dans sondomaine de Bel-
fort, mais avec lequel elle ne tarda pas à se brouiller et dont elle
se sépara définitivement par divorce en 1661 (4).
En somme M. M. nous raconte une histoire assez peuédifiante
en elle-mAme, mais qui le devient moins encore parle ton de son
récit. Au reste son livre (5) témoigne d'une réelle érudition et
d'une documentation consciencieuse ; un Index alphabétique des
noms propies permetde s'y retrouver aisément, on y trouvera aussi
des détails précis sur les deux frères de l'héroïne et sur la destinée
(1) Il semble s évertuer à donner raison aux lignes cruelles de M. Faguel :
« Le Français a une manie, qui est de rougir de la moralité et d'être un fan-
faron de vices. La France est le seul pays du monde où la chasteté soit un
ridicule », etc. Tout le chapitre auquel ces lignes sont empruntées p. 45 de
L'irréligion nationale, début de L'anticléricalisme) est à méditer; il ne donne
qu'un côté de la question, mais ce côté — le [dus en vue. hélas — est tracé
avec une vérité saisissante, qui éclaire toute notre histoire religieuse. Voir
notamment la p. 6, sur nos guerres de religion.
(2) 9 mars 1613, âgée de 55 ans.
(3) Qui épousera, le 28 mars 1648, le duc Georges de Wurtemberg et habi-
tera llorbourg et Riquevihr.
(ii 11 se remaria en 1G61 à Louise de Clermont-Gallerande. cousine ger-
maine de sa première femme.
(5) Madame de Suze Henriette de Coligny) et la Société précieuse. Docu-
ments inédits. Portrait inédit d'après Daniel du Monstier. Bibliographie des
recueils La Suze-Pellisson. In-i8, Société du Mercure de France. 1908, 331 p.
3 fr. 50.
CORRESPONDANCE
91
des biens de famille. Enfin un précieux Appendice donne, entre
autres pièces curieuses, le contrai du premier mariage, les actes
du divorce, le signalement des pièces inédites (aux Archives
Nationales) relatives a la Famille directe de Mm0 de la Suze, et la
table de ses poésies (1). Tu. Scu
, • CORRESPONDANCE
Deux commémorations. — Marseille et Paris. — M. le pasteur
Edgar de Vernejoul, appelé naguère à la direction de l'Eglise chré-
tienne réformée de Marseille a eu l'heureuse idée de consacrer la
première fête de la Information qu'il célébrait dans cette ville,
au souvenir des galériens huguenots, à peu près totalement igno-
rés jusqu'alors de leurs coreligionnaires des xixe et xxe siècles.
Après une conférence donnée dans le temple de la rue Paradis,
183, le samedi soir 7 novembre, par notre collaborateur, M. P.
Fonbrune-Berbinau, sur Les forçats pour la Foi et V Eglise protes-
tante de Marseille après la /{évocation, et, à la suite de la prédi-
cation du lendemain, par le même, sur l'esprit de la Réforme, une
plaque commémorative, placée en avant du chœur et à droite de la
chaire, a été inaugurée, avec cette inscription :
A LA MÉMOIRE
DES FORÇATS POUR LA FOI
OUI ONT SOUFFERT EN HÉROS
SUR LES GALÈRES,
LES PROTESTANTS DE MARSEILLE.
Novembre 1908.
« Nous sommes environnés d'une
grande nuée de témoins » (2>.
Nous félicitons M. de Vernejoul de son initiative et lui souhai-
tons des imitateurs. Il n'y a, en effet, guère d'Eglise protestante
qui ne puisse trouver, dans son passé, un souvenir du même
genre, digne d'être évoqué et perpétué.
A Paris les protestants de l'Eglise luthérienne et leurs amis
furent convoqués au temple de la Rédemption le 29 novembre 1908.
Ils étaient invités à y commémorer le premier centenaire de la
constitution officielle de leur Eglise, obtenue en 1808, après deux
années de démarches d'un consistoire officieux, grâce à une péti-
tion de ce corps transmise à Napoléon Ier par le général Walther.
Cette pétition aboutit à deux décrets, du 20 juillet et du 11 août
1^08, autorisant la ville de Paris à acquérir l'église el le couvent
(1) L'épisode du pasteur Bruguier, à Lumigny (p. 65) demanderait à être
éclairci autrement que par de simples insinuations.
(2) Voir la Vie Nouvelle du 29 novembre 1908.
CORRESPONDANCE
des Carmes-Billeltcs el instituant à Paris une Église consistoriale
luthérienne avec deux pasteurs affectés à ce lieu de culle et pla-
placés sur le même pied que leurs collègues réformés. Ces deux
premiers pasteurs furent MM. Georges Boissard et .1. J. Goepp
et l'inauguration des Billettes eut lieu le dimanche 2b' novembre
1809. La commémoration de celte date et des événements multi-
ples qu'elle rappelait fut à la fois enthousiaste et solennelle. —
Le souvenir en esl conservé dans une brochure de 56 p. in-8°-,
Centenaire de l'Eglise luthérienne de Paris, renfermant la descrip-
tion de la Fêle et le texte des discours qui y furent prononcés. —
et dans un volume de 180 pages in-8° abondamment illustré, inti-
tulé : Un centenaire. V Eglise ëvangêliqiie luthérienne de Paris, 1 8 08-
19C8. Notice historique suivie de Notes el Documents par Aug.
Weber, inspecteur ecclésiastique et président dn Consistoire. Cette
notice, écrite d'après les documents originaux, est le développe-
ment, encore sommaire, mais précis et complet, des événements
que M. Weber n'a pu qu'énumérer dans sa prédication du
29 novembre. Nous le remercions pour notre part de nous donner
ce sou venir durable d'une te te et de beaucoup d'événements dont
la mémoire aurait eu, sans lui, le même sort que beaucoup de
faits qu'on regrette de ne plus pouvoir rappeler. N. W.
Les Huguenots au sud de l'Afrique.
A M. Ic président de la Société de l'Histoire du Protestantisme français.
A bord de l'Armadale Castle, le 11 janvier 1909 (au large de Té-
nériffe).
Nous revenons, mon ami M. le pasteur Frédéric Dumas et moi,
du su 1 de l'Afrique, où le Comité des Missions nous a envoyés le
représenter au Jubilé de la missiondu Lessouto. Celte entreprise
d'apostolat, dont la beauté et la solidité nous ont vivement frappés,
a été fondée, il y a soixante-quinze ans, par trois jeunes Huguenots;
un méridional, M. Arbousset, un Béarnais, M. Casalis, et un Picard,
M. Gossellin. Le protestantisme français, dont votre Société
recherche, écrit et conserve si jalousement l'histoire, a signé là un
de ses chefs-d'œuvre les plus remarquables.
On ne l'ignore nulle part dans l'Afrique australe, où l'influence
de la mission du Lessouto s'étend bien au delà des frontières géo-
graphiques du Basutoland. Dans toute la colonie d'Orange, en plu-
sieurs provinces de celles du Cap et du Natal et jusque dans les
grandes villes ouïes centres miniers du Transvaal, des milliers de
noirs se glorifient d'appartenir à l'Église Forax c'est-à-dire, à l'église
française. Et les témoignages qui nous ont été apportés à Morija
par les représentants autorisés de toutes les Eglises et de toutes
les missions protestantes sud-africaines, nous ont montré que cette
Église y jouit d'une considération très particulière.
nOKRESPONDANCIS
Mais, bien avant d'être représenté, dans celte région éloignée
du globe, par la mission du Lessouto, le protestantisme français
y avait déjà conquis une place d'honneur.
Dans les premières années du xvme siècle, les Huguenots de
France, vous le savez, Monsieur, entrèrent pour une forte propor-
tion dans la composition de cotte race vigoureuse et prolifique des
Boers, qui a si longtemps tenu en balance la nation anglaise. Vain-
cus enfin, après, une lutte héroïque de part et d'autre, les Boers
semblent prendre aujourd'hui leur revanche en restant l'élément
dominant de la populaiion blanche, du Cap au Zambèze. Ce sont
les fils de Boërs qui exerceront demain l'influence prépondérante,
au sein de ces États-Unis sud-africains qui sont en train de se
constituer. Or il est impossible de passer, comme nous venons de
le faire, deux mois au sud de l'Afrique, sans être frappé de l'impor-
tance exceptionnelle de l'apport français dans le mélange do sang
d'où va sortir une nationalité nouvelle.
Le lendemain de notre débarquement au Cap, nous allions
visiter, dans la ville voisine de Wellington, le « Huguenot Semi-
nary, » ou grand collège déjeunes filles fondé d'après les méthodes
américaines. Le nom que porte cette splendide institution montre
assez sous le patronage de quels souvenirs ses créateurs ont
voulu la placer. Sur la ligne du chemin de fer, la gare de Welling-
ton est précédée de la station de Huguenot ( toujours la môme
hantise) et suivie de celle de Malan, un nom bien connuen France
et fort répandu aujourd'hui en Afrique. Un peu avant se trouve
la bifurcation pour le French Hoek, ou coin français, jadis coloni-
sé par nos compatriotes qui y importèrent , en particulier, la cul-
ture de la vigne. Le cocher qui nous a conduits de la gare de Wel-
lington au collège s'appelait Théron : lui aussi descendait de
réfugiés. Au reste, les noms français abondent dans toute celte
région: Joubert, Dutoit, Duplessis et tant d'autres. Le plus com-
mun est le nom de de Villiers. Ils étaient trois frères de Villiers, •
partis de la Rochelle, qui débarquèrent au Cap de Bonne-Espé-
rance il y a deux cents ans : aujourd'hui leurs descendants sont
plus de 2.000. L'un d'eux occupe la plus haute situation dans la
magistrature sud-africaine et préside la Convention qui prépare
l'unification politique du pays.
Un très grand nombre des 500 jeunes filles qui étudient à
Wellington portent des noms familiers à nos oreilles : celles
même qui ont des noms hollandaisou anglais ont souvent reçu du
sang français de leur ascendance maternelle. Si bien que M. Dumas,
peliî-fils, lui aussi, de réfugiés, a pu s'étonner et se réjouir, en
parlant à cette belle et saine jeunesse, de ce qu'il retrouvait sur
le sol africain un si grand nombre de lointaines cousines.
De Wellington, nous avons gagné Blœmfontein en 34 heures
de chemin de fer. Dans notre wagon est monté un Boer dePrieska
94
CORRESPONDANCE
ville située sur l'Orange, au bord de la colonie du Cap. Nous lions
conversation. Lui aussi se glorifie d'être iils de Français : il s'ap-
pelle Grové, et nous t'ait observer que son nom prend un accent
aigu, ce qui est un signe de son origine.
Plus récemment, en revenant du Lessouto, nous nous sommes
trouvés, sur la même route, avec un autre compagnon de voyage
établi aujourd'hui dans la colonie allemande du sud-ouest africain.
Lui aussi était un Boer descendant do réfugiés huguenots. Il s'ap-
pelait Leriche et savait que ses ancêtres étaient venus de Marseille.
Et tous ces braves gens, qui ne connaissent pas unmot de notre
angue, dont beaucoup ne savent même pas prononcer correcte-
ment leur nom, parlent de leur origine comme d'un titre de gloire.
Pénétrés de l'importance de l'élément huguenot dans lasociété
sud-africaine, nous aurions voulu, M. Dumas et moi, employerles
longues heures de loisir que nous allions trouver sur le paquebot
à nous mettre mieux an courant de celte histoire. Nous avons
demandé, au Cap, dans deux ou trois grandes librairies s'il y avait
en anglais, un ouvrage quelconque qui la racontât et qui s'y rap-
portât plus ou moins directement. La réponse a été partout néga-
tive. On a bien ajouté que le sujet avait été traité en hollandais,
mais sans nous donner le titre précis d'un volume (1). Au reste,
nous ne lisons le hollandais ni l'un ni l'autre.
Ne pensez-vous pas, cher Monsieur, que nous aurions, nous
Français, à faire revivre cette page de notre histoire? Il faudrait
pour cela, aller puiser aux sources manuscrites qui subsistent
encore au Sud de l'Afrique. On trouverait, dans les archives du
Cap (et peut-être dans celles de la Haye) quelques documents sur
cette poignée de protestants français que la Hollande envoya colo-
niser sa nouvelle conquête et qui y sont devenus tout un peuple.
Mais il faudrait aller plus loin, visiter les Boers jusque dans leurs
fermes et y consulter leurs papiers de famille. Tous ceux que nous
avons interrogés nous ont dit qu'ils en possédaient. Ils les gardent
comme des reliques, mais sont incapables de les lire. Et sans doute
ils ne les garderont pas indéfiniment. Combien de ces papiers doi-
vent avoir déjà disparu depuis que, en 1829, ces trois premiers
envoyés de la Société des Missions, MM. Bisseux, Lemue et Rolland
arrivèrent au Coin français? Vous n'ignorez pas que l'un d'eux,
Bisseux, y fut retenu par les descendants des Réfugiés et devint
leur pasteur, dans la ValléeduCharron. Il est mort en 1896, à 88 ans.
Peut-être pourrait-on provoquer, parmi les plus instruits de ces
(1) Voici, outre ce qui a paru dans le Bulletin^ entre antres en 1.SS2 (p. '«OS
423), une note que j'ai relevée il y a quelque temps : C. Spoelstra; Bouwsloflen
voor de geschiedenis der nederdui/sch —gere/'onneade Kerktnin ZuU-Africa .
2 vol. in 8° Kaapstad, Dusseau. (Matériaux pour l'histoire des Eglises hollan-
daises de l'Afrique méridionale — on remarquera que le nom de L'éditeur est
aussi un nom français.) Red,
NECROLOGIE
95
arrière-petits-fils de Français, la fondai ion d'une Société d'histoire
huguenote qui publierait un Bulletin, en hollandais on en anglais.
Mais je préférerais de beaucoup voir un jeune Français, un
étudiant en théologie, un candidat à l'agrégation d'histoire ou un
élève de l'école des Chartes se rendre sur place et entreprendre ce
pieux travail.
Il y a une quinzaine de jours, nous avions le plaisir d'être
reçus à Johannesburg chez le Consul général de France, noire très
sympathique et érudit coreligionnaire, M. Abel Chevalley. Il nous
a lui-même signalé ce sujet d'étude comme digne d'attirer l'atten-
tion d'un jeune historien protestant. Il y aurait à dresser la liste
des familles qui ont émigré au cap de Bonne Espérance, il y a
deux cents ans, à rechercher ce que sont devenus leurs descen-
dants, quelle proportion ils représentent aujourd'hui dans la colo-
nisation blanche, quelles situations ils occupent. Puis on cher-
cherait à élucider ce problème historique : comment se fait-il qu'au
bout de si peu d'années, le français soit devenu complètement in-
connu aux petits-lils des réfugiés? Nous savons que la prédication
en français a été interdite à partir de 1730, et que le gouverneur
hollandais Van der Stoel a pris pour proscrire notre langue des me-
sures dignes d'un ministre de Louis XIV. Mais pourquoi celte
politique de rigueur! Et comment expliquer son succès si rapide
et si complet?
Il m'a semblé, cher Monsieur, que la Société de l'histoire du
protestantisme français était toute désignée pour s'occuper de
cette intéressante question et qu'elle pourrait, tout au moins, la
proposer à l'étude des lecteurs de son Bulletin.
Votre tout dévoué. Jean Bianquis.
NÉCROLOGIE
Emil Egli.
En 1902, à l'occasion de son cinquantenaire, notre Société
s'adjoignit, outre le président de la Société d'Histoire et d' Archéo-
logie de Genève, sept membres honoraires qui, à des litres divers,
avaient contribué à mieux faire connaître ou apprécier notre his-
toire. De ces sept membres trois, savoir MM. Endlio Comba, Ernest
Slxoeklin et Henri Guyot nous furent ravis en 190i, 1907, et 1908.
Nous venons de perdre le 31 décembre 1908, M. Emil Rgli, profes-
seur d'histoire ecclésiastique à Zurich. C'était un des historiens
protestants les plus remarquables à la fois et les plus modestes.
L'histoire si complexe, de la Réforme, désormais trop vaste pour
être embrassée par un seul homme, est, en effet, enlrain de se
renouveler complètement, grâce aux recherches approfondies
entreprises dans les divers pays où elle joua un rôle prépondérant.
96
NÉCROLOGIE
Pasteur à Cappcl, puis à Àussersihl avant d'être appelé à
Zurich comme professeur, Rmil Egli s'attacha à l'étude du mou-
vement que symbolise la personnalité encore imparfaitement
appréciée d'Ulrich Zwingli. Son premier travail, Die Schlacht von
Cappcl date de 1873. 11 fut suivi d'une série d'autres parmi
lesquels nous ne rappellerons que Die Zuricher Wiederlaùfer
(1878); A ktensammlung zur Geschichte der Zuricher Reformation
(1880); Luther und Zwingli in Marburg (1884); Die Sanct-<ialb>r,
Taùfer (1887), etc. Ce n'étaient là que des travaux préparatoires
pour une nouvelle édition, critique et complète, des œuvres de
Zwingli. Dans le but de déblayer le terrain, d'élucider une quan-
tité de questions de détail et, en même temps, d'intéresser le
public cultivé, il fit paraître deux fois par an, à partir de 1897,
un périodique admirablement rédigé et illustré. A côté de ces
Zwingliana, deux fascicules, Analecta reformatoria ( 1899), recueil-
laient des études plus étendues sur des personnages secondaires.
C'est en 1904 que parurent les premiers fascicules de Huldreich
Zwinglis Sammtlichc Werke dont il rédigeait les introductions his-
toriques. Le deuxième volume renfermant les écrits de Zwingli
jusqu'en oclobrc 1523 venait de paraître et devait être suivi d'un
ou même deux volumes de Correspondance, lorsque la mort ter-
rassa la cheville ouvrière de cette difficile entreprise et émut
douloureusement tous ceux qui avaient appris à connaître la
grande valeur de l'homme et du savant. M. Ëmil Egli n'avait que
soixante et un ans, niais son nom sera inséparable du héros qu'il
aura contribué à mettre en pleine lumière.
11 nous faut mentionner aussi, parmi ceux de nos amis qui
nous ont quittés à la fin de 1908, d'abord M. le pasteur et profes-
seur Edmond Stapfer, qui bien que ne faisant pas partie de notre
Comité, s'intéressait à nos études (1), et était avant tout un his-
torien passionnément épris de vérité. Il est mort, à soixante-trois
ans, le 13 décembre, entouré du respect et des regrets unanimes
de ceux qui furent en contact avec lui.
Le même jour mourait à Londres, à quatre-vingt-cinq ans, un
des membres de la Huguenot Society, aiusi que de la nôtre, M. W.
Morris Beaufort, héritier d'un nom illustre dans l'histoire du
llefuge (son père était l'amiral sir Francis Beaufort); — et cinq
jours plus tard, le 18 décembre, nos collègues perdaient leur
secrétaire honoraire, M.Reginald Stanley Faber un des fondateurs
et des membres les plus dévoués de leur Société. 11 est parti à
soixante ans seulement, entouré des regrets attristés de tous ceux
qui s'étaient attachés à cette nature d'élite. N, W.
(1) Voy. sa plaquette Le Château de ïalcy. 1888.
Le Garant : Fisgiibacber.
Études historiques
LES RÉFUGIÉS FRANÇAIS EN SUISSE, DE 1693 A 1699
ET LA CONVENTION
ENTRE BERNE ET LES CANTONS ÉVANGÉLIQUES
1
La grande émigration des réformés français, qui, lors
de la révocation de FÉdit de Nantes, abandonnèrent leur
patrie pour cause de religion, ressemblait à un fleuve
qui, pendant de longues années, ne cesse de couler.
La Suisse, proche voisine de la France, en fut la pre-
mière envahie. A peine entrés sur son territoire, les réfu-
giés, délivrés de l'oppression sous laquelle ils avaient
gémi si longtemps, se sentaient libres et heureux. Mais
l'espace était restreint, le pays pauvre, dépourvu des
industries qui devaient l'enrichir plus tard. Ses chétives
récoltes ne lui permettaient pas d'entretenir un surcroît
aussi considérable de population, surtout dans les années
1690 à 1700, où sévit la disette de blé. 11 était difficile
d'obtenir des approvisionnemenls de l'étranger; la France
y mettait du mauvais vouloir et la guerre, des entraves.
Les cantons réformés ne formaient que la moitié de la
Confédération helvétique, et les cantons catholiques n'ad-
mettaient pas chez eux des exilés protestants.
Zurich, Berne, Baie, Schaffhouse, St-Gall, et à un
moindre degré la partie réformée des cantons de Glaris,
Appenzell (Bhodes Extérieures), Grisons (les Lignes Grises) ,
les villes de Bienne et de YVinterthur, et même celle de
Mulhouse fournirent seuls les subsides énormes que né-
cessita cette invasion pacifique.
Mars- Avril 1009. 7
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Paris, à TaKeiiee du.ConsIstoirè. lff,- rue'ÇiwuchailÔli
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SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE
du
Protestantisme Français
Reconnue d'utilité publique par Décret du 13 juillet 1§70
Bulletin
PARAISSANT TOUS LES DEUX MOIS
E tildes, Documents, C hronique littéraire
LVIII* ANNEE
S 33 -& T IB, 3VE E E E LA 5* .SERIE
Mats-Avril 1909
PARIS
Au Siège de la Société, 54, rue des Saints-Pcrcs
LIBRAIRIE FISCHBACHER (Société anonyme;
33, rue de Seine, 33
v 1 Q09
ÉTUDES HISTORIQUES.
Mmc Alexandre de Chambrier. — Les Réfugiés français en
Suisse, de 1693 à 1699 et la Convention entre Berne et
les cantons évangéliques. 97
Mené Petieï. — Les Sainte-Hermine, cousins de Madame de
Maintenon. . . . . . 127
DOCUMENTS.
R. Fromage. — Poésies inédites de Clément Marot. (Sermon
notable 'pour le jour de la dédicace) . 129
J. Caullery. — Notes sur Samuel Chappuzeau (Contribution au
Dictionnaire de Moreri; les Frayeurs de Crispin). . : 141
MÉLANNES. '
II. Dannreuther. — La confession des péchés de la liturgie des
Eglises réformées de France, dans un livre de piété
catholique. . . ... . . ............ lo8
Le Protestantisme dans le Poitou, l'Aunis et la Saintonge
au milieu du XVIIIe siècle. . 1G2
E. Griselle. — Avant et après la Révocation de l'Édit de
Nantes, Chronique des événements relatifs au Protestantisme, de
1682 à 1687 (19 janvier — 16 février 1086) . . . . . 165
Séances du Comité. — 9 février '1909. . 177
CHRONIQUE LITTÉRAIRE.
II. Schoell. — Une paroisse parisienne avant la Révolution
(Saint-Marcel) ...... . . . . .. . . 178
N. Weiss. — Portraits de Madame de Maintenon. — Un nou-
veau portrait de Coligny . . . . 179
CORRESPONDANCE.
F. de Schickler et A. Meyer. — Coligny et. le journal le a Gaulois » 185
D. Benoit. — Pierre Lorient .. . ..... ... . . 186
E. Ritter et N. W. — Mariage à la (xauminC 186
E. Jalla. — D'Amouin de Ladevèze 188
Fr. Pua ux. — XJn faux en citation . . 188
A. Beaujour. — Le forçat pour la foi, Salomon liourgel. . 189
R. Garreta. — Girard de Saint-Amant. Son origine 191
N. W. — Jean Cousin . . . , .' . 192
ILLUSTRATIONS.
Portraits de Madame de Maintenon d'après Elle Ferdinand et Vetitot 181-182
RÉDACTION ET ABONNEMENTS
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nnonce sur cette couverture.
Le Bulletin paraît tous les deux mois, en cahiers in-84 de 96 pages avec illustrations. On ne
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• Nous ne saurions trop engager nos lecteurs à éviter tout inttt midiait e, mttHé > tl ■■■ à ta mi m,
Les personnes qui n'ont pas solde leur abonnement au 15 mars reçoivent une quittance a domi-
cile, avèc augmentation, tour frais de RECOUVREMENT, de: i fr. pour les dépaitemfnts ; t fr. 50 pout
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préfère donc toujours que les abonnements lui soient soldés stontanitneni.
Études historiques
LES RÉFUGIES FRANÇAIS EN SUISSE, OE 1693 A 1889
ET LA CONVENTION
ENTRE BERNE ET LES CANTONS ÉVANGÉLIQUES
I
La grande émigration des réformés français, qui, lors
de la révocation de i'Edit de Nantes, abandonnèrent leur
patrie pour cause de religion, ressemblait à un fleuve
qui, pendant de longues années, ne cesse de couler.
La Suisse, proche voisine de la France, en fut la pre-
mière envahie» A peine entrés sur son territoire, les réfu-
giés, délivrés de l'oppression sous laquelle ils avaient
gémi si longtemps, se sentaient libres et heureux. Mais
l'espace était restreint, le pays pauvre, dépourvu des
industries qui devaient l'enrichir plus tard. Ses chétives
récoltes ne lui permettaient pas d'entretenir un surcroît
aussi considérable de population, surtout dans les années
1690 à 1700, où sévit la disette de blé. Il était difficile
d'obtenir des approvisionnements de l'étranger; la France
y mettait du mauvais vouloir et la guerre, des entraves.
Les cantons réformés ne formaient que la moitié de la
Confédération helvétique, et les cantons catholiques n'ad-
mettaient pas chez eux des exilés protestants.
Zurich, Berne, Baie, Schaffhouse, St-Gall, et à un
moindre degré la partie réformée des cantons de Glaris,
Appenzell (Rhodes Extérieures), Grisons (les Lignes Grises),
les villes de Bienne et de Winterthur, et même celle de
Mulhouse fournirent seuls les subsides énormes que, né-
cessita cette invasion pacifique.
Mars-Avril 1009. 7
ÉTl ' I ) KS 1 1 1 SÏO R [Q U KS
Nous ne parlons pas de Genève et de Neucliâtel, qui
ne faisaient pas encore partie intégrante de la Confédé-
ration. Ces Etats firent largement leur devoir vis-à-vis
des réfugiés, quoiqu'ils fussent dans des conditions diffé-
rentes, et souvent plus difficiles que celles de la Suisse.
Ce Ilot d'émigrés, arrivant sans interruption de la '
France, des vallées Yaudoises, et plus tard de la princi-
pauté d'Orange, obligea la Suisse à leur chercher des
retraites dans les pays protestants du nord de l'Europe,
puisqu'elle ne pouvait leur offrir qu'un asile temporaire.
Les réfugiés aussi y travaillèrent avec zèle.
De là, les trois députations successives, organisées
dans ce but : celle de Brousson et de La Porte, en 1685,
celle de Henri de Mirmand et du ministre Bernard, en
1688, celle de Rocliegude et de La Grivelière, en 1698. Et
comme les deux premières ne réussirent que partielle-
ment, les chefs du Refuge : Henri de Mirmand, Lord Gal-
way (autrefois marquis de Ruvigny), le marquis d'Arzeliers
et d'autres furent amenés à former un vaste « Projet de
Colonisation en Irlande », auquel Guillaume III et les
Lords du Conseil d'Angleterre donnèrent leur assenti-
ment et leur appui.
Après la conquête de l'Irlande qui dévasta ce pays,
il s'agissait de le repeupler, et on pensa à le faire par le
moyen de nombreuses colonies françaises, établies de
proche en proche, afin d'y installer les émigrés en corps
de nation .
Il s'en fallut de peu que ce projet aboutit. L'avenir de
rirlande en aurait été transformé. Malheureusement, les
énormes frais de la guerre de la coalition empêchèreul
Je roi d'Angleterre d'y consacrer les fonds qu'il avait pro-
mis pour la colonisation de l'Irlande, et le plan échoua.
Guillaume III, après avoir adressé une première invitation
officielle à six cents familles de réfugiés qui devaienl
venir s'établir en Irlande, en L693, dut reprendre sa
parole, et prier la Suisse de garder ses réfugiés jusqu'à
nouvel ordre, en lui promettant l'envoi de 2000 livres I
(l) Voir pour toutes les réductions noire article sur r livaluation des jn-in-
ÉTUDES HISTORIQUES
sterling pour aider à l'entretien de ces exilés durant
l'hiver suivant. Disons (oui de suite que cette somme,
longtemps attendue, no fut jamais versée aux magistrats
do la Suisse, ce dont nous avons trouvé la preuve
certaine dans les lettres des ambassadeurs anglais,
adressées à leur gouvernement (1).
Par ce fait, les cantons évangéliques se trouvèrent
chargés d'environ dix milles réfugiés français, répartis
entre eux. L'Etat de Berne, à lui seul, en avait à, peu près
les deux tiers (6162). Il est vrai qu'il était le plus riche et
le plus considérable de tous, avec ses pays sujets de Vaiuï
et d'Argovie ; mais il était tout à fait décidé à renvoyer
de ses terres les réfugiés, qui ne savaient où aller, et W
ne consentit à les garder, que sur l'offre charitable que
lui firent les autres cantons, de l'aider à les entretenir.
Baie, Zurich, Schaffhouse et Saint-Gall proposèrent
d'abord de se charger de 2560 — réfugiés pauvres de
Berne, tandis que cet Etat en garderai 1 2000 — pour sa pari .
L'affaire était conclue, quand les exilés, apprenant qu'on
allait les séparer de leurs coreligionnaires et les envoyer
en pays allemand, firent éclater leur désolation et prièrent
la diète de revenir sur sa décision, car, disaient-ils, ils se
voyaient sur le point de partir soit pour des contrées
lointaines, soit, et c'était leur intime désir, pour rentrer
en France, se figurant que Louis XIV leur permettrait
un jour, dans leur patrie, le libre exeereice de leur reli-
gion. Aussi leur cœur se fondait, à l'idée de se rendre
dans les cantons allemands. 11 fallut renoncer à ce projet.
Les cantons évangéliques offrirent alors à Berne de con-
cipales Monnaies eu usar/e, dans les pays du Jie/'uf/e p. ~±. La livre sterling
d'alors vaudrait IV. T6, et 2 000 £ =îv. 150 000.
(1) Record-Office de Londres (Archives d'Angleterre). S taie Paper s. Foreif/n
séries. Switzerland. Ne 9. N° 3. Lettres d'Herwart, envoyé anglais à Berne, au
chevalier Tranehard, ministre d'Etat à Londres, des 20, 30 janvier et 5, 13 dé-
cembre 1694. Lettres de feu J. H. Labhart, archiviste à Zurich, décembr
1899, et du Dr Professeur ïurler, archiviste à Berne, janvier 1901. Les 2000
quoique payées à de longues échéances par la Trésorerie anglaise, lurent dé-
tournées de leur destination : oOO £ restèrent à Londres, 500 £ en Allemagne
pour les réfugiés, 1000 £ furent remises l'année suivante à Herwart, qui les
garda pour une meilleure occasion, attendu, dit-il. que la. Suisse s'était or-
ganisée pour entretenir ses réfugiés.
100
ÉT U D ES H I S T 0 R I Q U E S
tribuer, par une subvention, aux dépenses de ses réfu-
giés. L'offre fut acceptée, elle se transforma l'année
suivante (1694) en une Convention, par laquelle les
quatre caillons sus-indiqués se chargeaient, chacun à
tant pour cent, de la moitié des dépenses des réfugiés de
Berne. Zurich prenait 39 p. 100 pour sa part, Bàle
25 p. 100, Schaffhouse 23 p. 100 et Saint-Gall 13 p. 100
soit 100 p. 100. De son côté Berne fournissait une somme
égale à ce 100 p. 100. Les autres demi-cantons ou villes
réformés prenaient part à cette œuvre charitable, par
des subventions (1) spéciales.
Cette Convention dura cinq ans, de 1694 à 1699; elle
fut religieusement observée.
C'est cette période que nous nous sommes proposé
d'étudier, grâce aux comptes détaillés qui en ont été con-
servés soit dans les archives de Berne et de Zurich, soit
dans les Eidgenossische Abschiede (Procès-verbaux des
diètes fédérales) publiés par la Confédération, et surtout
dans lespièces mss. annexées aux originaux de ces mêmes
procès-verbaux qui se trouvent aux archives de Zurich.
Rappelons qu'à cette époque, l'année commerciale
finissait en Suisse le 30 avril et recommençait le 1er mai;
aussi les comptes de fin d'année se bouclaient après le
30 avril. Disons aussi que la Direction française, dont il
va être question, était le Consistoire qui, dans chaque
colonie française dirigeait l'Eglise des réfugiés. A Berne
elle avait au-dessus d'elle la Chambre (les Seigneurs
instituée pour régir toutes les affaires concernant les
Réformés français, et à laquelle elle devait rendre compte
de ce qui se passait parmi eux.
Les Directions se composaient des pasteurs, des anciens
et des notables Français; elles servaient d'intermédiaire
(1) Arch. de Zurich. Allgemeine IHdg, Absch. B 17/7, /<>.?. p. 301. Annexe
mss: au protocole tic la diète d'Aarau, du 2.r» septembre 1693. (Les archives
de Zurich contiennent les manuscrits originaux des protocoles des diètes
fédérales., ainsi qu'une foule de pièces annexes qui n'ont jamais été impri-
mées. Celte immense collection se nomme Allgemeine Hhlgeniissische
Abschiede, tandis que L'extrait des mêmes protocoles que l 'ail publier le gou
vernement fédéral, en une série de volumes in-4°, a pour liire : Hkf*
sische Abschiede, soil. par abréviation : Allg, Eitlg. Ahsc/i., e( l'. 'nhj. Abzch,
ÉTUDES HISTORIQUES 401
entre les autorités du pavs elles réfugiés. A cette époque, la
Direction de Berne avait à sa tête le pasteur Mollard et
comptait des hommes distingués, tels que Cabrit, Couderc,
Besombes, Mourgues, Mesmyn, etc. Elle envoyait aux
diètes évangéliques ses délégués, qui faisaient des discours
ou présentaient des requêtes superbes d'éloquence, de
dignité, de sentiments élevés (1). Elle était en relation
avec les autres Directions françaises de la Suisse et du
pays de Yaud, et avec les pays étrangers. Enfin , c'est la
Direction de Berne qui fut chargée par les diètes, de la
distribution des secours, votés par les cantons, en faveur
des réfugiés. Dès 1694, elle eut en main ces fonds et en
rendit compte chaque année aux diètes fédérales. Les ar-
chives de Berne conservent ces comptes, tenus avec un
ordre parfait. Chaque année forme un volume; ils sont
établis à la fois en livres tournois de France et en cou-
ronnes de Berne.
11 faut remarquer que tous les réfugiés de la Suisse
n'étaient pas à la charge des cantons. Un grand nombre
d'entre eux exerçaient une industrie, ou avaient emporté
de France quelques ressources, plusieurs même avaient
pu sauver une partie de leur fortune, ceux-ci vivaient de
leurs revenus et aidaien t leurs frères misérables. D'après
les rapports présentés aux conférences évangéliques qui
étaient réunies lors des diètes, la proportion des réfugiés
assistés dans le seul État de Berne, fut la suivante.
En 1694, 1900 assistés; en 1695, 1352 assistés; en
1696, 2000 assistés; en 1698, 2162 assistés; en 1699,
1800 assistés.
Aux autres réfugiés, le gouvernement fournissait les
denrées à un prix bien inférieur à celui de revient.
11
C'est à la suite de la conférence des 5 cantons évangéli-
ques, réunie à Zurich le 14 janvier 1694, à propos du dépari
(1) Voir, à la fin de cet article, la lettre que la Direction française de Berne
adressait, le 11 septembre 1693, à la Chambre des Seigneurs.
102 ETUDES HISTORIQUES
éventuel des réfugiés de Suisse, qu'une première subven-
tion fut offerte à Berne pour ses dépenses de réfugiés. Gel
État se plaignait que, du fait des 1900 assistés qu'il entre-
tenait et des denrées qu'il livrait à très bas prix aux autres
émigrés, il avait dépensé en six mois 40 375 couronnes.
(La couronne à fr : 12,50 = 504680 francs). Zurich, Bâk\
Schaffhouse et Saint-Gall lui offrirent 15000 florins
(francs 124950) pour les six mois, de la, mi-octobre 1693
à la mi-avril 1694. Ce don fut accepté. L'on décida en
outre que, pour faciliter le voyage des Français qui quit-
teraient la Suisse (1) , Berne les ferait transporter jusqu'à
Brugg, où les trois commissaires de Zurich, Berne et
Schaffhouse les recevraient pour les mener à Schaffhouse.
Delà un pécule de voyage serait donné à chaque émigré,
à raison de 3 Rth (2) : par adulte (à fr. 15 le Rth; soi!
fr. 45), et de 1 1/2 Rth par enfant (soit fr. 22,50). Pour
subvenir à ces frais déroute, les cinq cantons évangéliques
résolurent de faire entre eux un fonds de 3000 Rth.
(fr. 45000) selon le mode de répartition habituel (3).
m
1"' ANNÉE 1)1-] LA CONVENTION ,
DU 1er MAI 1694 Ai 30 AVRIL 1695.
L'État de Zurich sollicité parles délégués de la Direc-
tion française de Berne, Besombes et Mesmyn, leur donna
un brevet de subvention de 8000 florins (66 610 francs
à fr. 8,331e florin). Les cantons de Baie, Schaffhouse ci
Saint-Gall, où ces délégués se rendirent ensuite, cl où ils
furent bien accueillis, complétèrent la somme convenue
de 19200 florins, part des quatre cantons précites, pour
L'entretien des Français nécessiteux à Berne, pendant les
(1) Un certain nombre de réfugiés quittèrent La Suise en 1094.
(2) Rth., Ueichsthaler, ou rfxilalo. Nos réductions sont rail os d'après l'arti-
cle cité.
(3) Arch. Zurich. AUg. ïïidg. Attseh. H 7îi. fol. 8. Conférence descinq villes
évangéliques à, Zurich, le H janvier 1694.
ÉTUDES HISTORIQUES
103
six mois de novembre et déeembre 1694/ janvier, février,
mars et avril 1 695.
Berne, de son côté, avait donné 19200 florins pour les
mois d'avril-octobre 1694.
En tout 38400 florins (321800 francs) pour l'année
entière (1).
IV
2° ANNÉE, DU 1er MAI 1695 AU 30 AVRIL 1696.
La Direction de Berne présenta, le 16 janvier 1695, h
la diète d'Aarau, une lettre remarquable de tact, de piété
de convenance, pour solliciter la continuation des dons de
la Suisse, en faveur des réfugiés. C'était l'époque où les
diètes fixaient le montant de leur contribution pour
l'année suivante.
^ Tous les efforts de ces pauvres gens pour se procurer
des asiles, dit cette lettre, ont été vains jusqu'ici, et ceux
d'entre eux qui sont partis sans avoir rien d'assuré, sont
tombés dans une affreuse misère. Le nombre des réfu-
giés assistés n'est plus que de 1352, dont 796 à Berne
et 556 dans le pays de Vaud. L'assistance régulière qui
leur est allouée par la Direction, se monte à 4250 livres
| tournois] par mois, soit 51 000 livres pour l'année entière
(255000 francs) ». C'est la somme que cette Direction ré-
clamait à la diète, pour les besoins de l'année qui allait
s'ouvrir. Elle témoignait sa reconnaissance aux cantons,
qui, toujours, avaient répondu à ses demandes, elle pro-
mettait de faire des fonds qui lui seraient confiés l'emploi
le plus judicieux, et de les dépenser avec toute l'économie
possible.
Voici comment s'établirent les comptes de cette
2e année (2) .
(1) Archives de Berne. Protocole N° I bis — Octobre 169-'< à août 1695
p. 190-191. Comptes de la Direction française de Berne. — Protocole (des
séances) de la Direction française de Berne, 9 avril 1694.
(2) La livre tournois est comptée à fr. 5 — monnaie actuelle. Voir Évalua-
tion de la Livre tournois etc..
ETUDES HISTORIQUES
Iteçu de ZuricJb 7 800 livres tournoi.
— de Bâle 5 000 —
— de Schaffhouse 4 600 — —
— de Saint-Gai I 2 600 — —
[)es4 cantons évangéliques ensemble. . 20 000 —
DeBerne seul 20 000 —
De (ïlaris. . . . 900 livres t.
— Appenzell . . 666, l;^, !'1.
— Coire, Lignes 97-4
— Bienne . . . 300
— Mulhouse . . I 060, I3s,i(l.
— Winterthur . 166, i3s,il1.
— Divers i i 1 , 15\9'1.
Ensemble, livres i 515, 10".9«'. — 1. 4 5Î5, l()\9a.
Somme des Recettes. — Livres. . 44 51 5, 10s,9d.
Livres. 44 515, 10s,9(l. Reçu des cantons et villes évangéliques.
1590, 9S. Avance des Directeurs qui ont plus fourni
que reçu. Ce déficit devra être couvert
par les cantons.
Livres. 45 805, -19S,9J. Subvention de la Suisse = fr. 229 000.
En outre, la Direction a
eu comme ressource, les
dons particuliers des
sujets de LL.EE. et des
Français aisés. Ils se
montent à :
Livres. I 1 660 soit = fr. 58 300.
1 A vres . ~ 57 465, 19%9tl — = fr. 287 300_
Somme totale des débours de la Direction de Berne pour les
Français malheureux, l'an 1695-1696.
V
3U ANNEE. DU ]tM" MAI 1696 AU 30 AVRIL 1697.
Pour celle année^lù., la diète do février 1696 n'accorda
h, la Direction de Berne -que' 40 000 livres tournois, somme
insuffisante, puisque l'année précédente en avait absorbé
une plus forte, et que les dépenses des réfugiés augmen-
taient pour les causes suivantes :
I " La récente sortie de France d'un grand nombre de
personnes.
ÉTUDES HISTORIQUES
105
'2° L'arrivée des Vaudois du Piémont en Suisse, en
juillet-août 1696.
3° La, misère dans laquelle tombèrent maints réfugiés,
par l'épuisement des ressources qui les avaient fait vivre
jusqu'alors.
Aussi M. Mourgnes fut-il délégué, par la Direction de
Berne, à la diète du 18 novembre 1696, pour réclamer
un supplément de 7800 livres, sans lequel on ne pouvait
boucler l'année en cours. On ne se pressa pas de lui
répondre, et Mourgues dut renouveler sa demande à la
diète de Baden, du 21 juin 1697. Il ne demandait plus
que 7411 1., 5 s, somme nécessaire pour terminer les
comptes de la Direction, au 30 avril 1697.
On lui en accorda 7380 — , dont — r6000 — don nées pro-
portionnellement par les 5 cantons évangéliques, — 900 —
par Glaris, — 480 — par Mulhouse.
Les comptes se présentent comme suit :
Livres . . 40 000 fournies par les 5 cantons évangéliques.
— 986 — par Lord Galway.
— 175 — par une dame Du Pigni.
Livres . . 41 161
— 7-411, 5S Avancés par la Direction pour solde de
compte.
Total. . . 4-8 572, 5S (soit i242. .860 francs) dépensés, dont
l'emploi est indiqué en détail dans les comptes de la Direction (1).
VI
4° ANNÉE. DU !" MAI 1697 AU 30 AVRIL 1698.
La Direction française de Berne demanda à la diète
de Schaffhouse, le 17 mars 1698, de bien vouloir conti-
nuer, et même augmenter la subvention des cantons,
afin de ne pas avoir à y revenir au cours de l'année,
par un nouvel appel de fonds. Par suite des trois causes
M) Arch. Berne. Protocole Ne -'/, p. 260-261. — Arch. Zurich. Allg :
Eicïg : Absck : B. Vltl 155, p, 302, et 156, p. 223-225.
106 ÉTUDES HISTORIQUES
indiquées, plus haut le chiffre des assistés était remonté
à 2162, qui se répartissent comme suit :
Berne, 784 assistés — Moudon, 1 1 H — Lausanne, 462
Paye nie, 53 — — Aigle, 85 — Morges, 138
Yverdun, 59 — — Vevey, 273 — Nyon 192
Total (1) . . 2162
A cette occasion Théodore Cabrit, délégué avec Mour-
gues, à Schaffhouse prononça un fort éloquent dis-
cours. Faisant allusion au traité de Ryswick, signé quel-
ques mois auparavant, qui avait ruiné l'espérance des
exilés français de rentrer dans leur patrie en y exerçant
leur religion, Cabrit les représente comme seuls exclus
de la paix dont l'Europe va jouir, et plus malheureux que
jamais, Le trouble, la défiance et l'alarme sont entrés
dans leur cœur. « Si, dit-il, Dieu, en leur commandant
comme à Abraham, de sortir de leur pays et de leur
parenté, y avait ajouté cette consolation : Et va au pays
que je le montrerai, les inquiétudes de leurs amis seraient
moins grandes; mais aucun asile ne leur est ouvert . »
Les réfugiés supplient les confédérés de continuer leur
bénéh'cence, et même de l'augmenter, en raison de la dis-
grâce qu'éprouvent les exilés, « comme des pères d'autant
plus tendres, envers leurs enfants plus malheureux ».
Si eette source venait à tarir, ceux-ci risqueraien t de faire
naufrage dans l'ardeur de leurs maux; ils seraient tentés
de rentrer en France pour s'y replonger dans la supersti-
tion. « Prévenez, magnifiques seigneurs, ce terrible mal-
heur, en nous continuant vos bienfaits... Notre Grand
Dieu vous en fera recueillir une riche moisson au dernier
jour. » etc. (2).
Les dépenses cl recettes de l'année s'élevèrent à
49 054 livres, 3 sous (245 270 francs) (3) .
En juillet 1698, la direction de Berne proposa à la
diète de Baden, d'envoyer une députation dans les Etats du
[ï) Arch. Zurich. Ibid : 167, p. 13 — , 1M, p. 11-18.
(2) Arch. Zurich. Ibid. 157, i>. '•:».
(3) Arch. Berne. Vvotovole, N« S, \k 238-239.
ÉTUDES HISTORIQUES 107
Nord de l'Europe, afin d'y chercher de nouvelles retraite?*
pour les réfugiés, puisque la France leur demeurait fer-
mée. Cette proposition fut agréée et, du 3 août au
9 novembre 1698, le marquis de Rochegude et Loriot de la
Grivelière parcoururent les pays protestants, ils en rap-
portèrent les offres bienveillantes des princes de Hesse,
du Brandebourg et de Bayreuth, disposés à recevoir des
réfugiés dans leurs Etats.
Mais, trop pau vres pour faire les frais de leurs établis-
sements, ces princes demandèrent à la Hollande et h
l'Angleterre d'y contribuer par des collectes, ce qui fut
fait (1).
VII
5° année, du 1er mai 1698, au 31 octobre 1699 (18 mois) .
Les fonds votés pour les réfugiés de Berne, par les
cantons, se montèrent cette année à 40 300 livres (2).
C'était encore trop peu, car dès le 22 décembre 1698, h
Direction avait dépensé 24 482 livres, 6 s.
( De plus pour la cléputation de Roche-
gude, livres2179, sans compter 600 livres
données par les can tons pour cette dépu-
tât ion.)
îl ne restait aux mains des directeurs
à dépenser que 15 817 livres, 14 s.
(40 300 livres)
pour les derniers 6 mois de l'année.
Aussi la Direction adressa-t-elle, en date du 21 dé-
cembre 1698, une superbe requête aux : « Illustres, Magni-
fiques, Hauts, Puissants et Souverains Seigneurs » (les
magistrats des cantons évangéliques), en présentant le
(1) Arch. Zurich. Allg : Eidg : Absck. \\. VIII loti, p. 11. 18, 20, 193, 19.")..
Ride/. Absch : B VI, 2, p. 734.
(2) Dont 20 000 livres de Berne, 20 000 livres des quatre cantons évangéliques „
plus 300 livres des seigneurs de Mulhouse. — Source : Arch. Berne. Protocole
N° 6", mai à décembre 1698, p. 124. Compte de la Direction de la Colonie fran-
çaise de Berne.
108 ÉTUDES HISTORIQUES
compte de dépense des premiers six mois. Elle exprime,
avec la reconnaissance des réfugiés, le désir qu'ils ont de
décharger leurs protecteurs du fardeau qu'ils portent si
généreusement depuis tant d'années, et demande la sub-
vention qui leur est indispensable, pour terminer l'année
en cours.
(lotte demande fut renouvelée à la diète d'Aarau, du
9 janvier J 699, elle fut appuyée par les lettres d'Herwart,
envoyé britannique et de Valkenier, envoyé hollandais
en Suisse. Les cantons accordèrent un subside de
8 000 livres.
La situation se compliquait parla perspective du pro-
chain départ des réfugiés, départ qui, en déchargeant la
Suisse, allait l'obliger à un suprême effort, pour les
transporter à la frontière, ?cs munir d'un pécule de
voyage, et même fournir une somme destinée à leurs
futurs établissements. Herwart ne réclamait rien moins
que cela. Il demandait encore à la Suisse de garder chez
elle les vieillards, infirmes, veuves et enfants, incapables
de gagner leur vie, et de les entretenir jusqu'à leur mort,
ou jusqu'à ce qu'ils pussent se tirer d'affaire.
D'après le dernier recensement, il restait alors 0600
réfugiés dans le canton de Berne, dont 1800 assistés. Les
autres vivaient de leur industrie ou de leurs dernières
ressources, et si ceux-ci devaien t quitter la Suisse, les uns
ne trouveraient pas à gagner leur vie pendant dix-huit
mois, les seconds n'auraient pins d'argent pour entre-
prendre le voyage. M faudrait donc donner à tous une
subvention proportionnée à leurs besoins.
Les directeurs des réfugiés et leurs représentants
auprès des cours pressèrent autant que possible les col-
lectes à. la Haye et en Angleterre, pour faciliter rétablis-
sement des réfugiés en Allemagne.
Valkenier engageait la Suisse à finir aussi bien qu'elle
avait commencé, en couronnant une œuvre de miséri-
corde, partout admirée, vis-à-vis des réfugiés, sans se
laisser arrêter par aucun motif.
Par lettres du I7janvier 1699, les cantons répondirent
ÉTUDES HISTORIQUES 109
au roi d'Angleterre et aux Etats-Généraux, qu'ils accé-
deraient volontiers à leurs désirs, s'ils n'étaient eux-
mêmes gênés par les conditions difficiles de la vie, qui se
faisaient sentir aussi bien à la République et à ses pays
sujets, qu'aux citoyens et aux Français réfugiés.
Us promirent néanmoins de garder en Suisse les
malades et les vieillards, pour en prendre soin, aussi
longtemps qu'il le faudrait, et de remettre aux émigrés,
à leur départ, les subsides nécessaires à leur voyage (i).
En vue de cet événement, les Suisses entamèrent des
négociations avec l'ambassadeur français Puysieulx, afin
d'obtenir du roi de France un passe-port, qui permît aux
émigrés de descendre le Rhin, sans être inquiétés au
travers de l'Alsace. La chose n'alla pas d'elle-même, et'-
Louis XIV témoigna d'abord par un refus sa mauvaise
humeur envers ses anciens sujets. Toutefois un arrange»
ment fut conclu entre Puysieulx et les trois délégués
suisses, réunis à Soleure: le statthalter D. Hess de
Zurich, le banneret E. de Grafenried de Berne et le
boursier A. Burckhart de Baie, en avril 1699 (2)1
Avant le départ des réfugiés, la Direction de Berne
adressa encore deux lettres aux cantons évangéliques,
l'une à la diète d'Aarau, le 6 juillet, l'autre au commence-
ment de septembre 1699. Elles avaient pour but de
remettre aux autorités suisses les derniers comptes des
réfugiés, et d'obtenir d'elles le supplément nécessaire,
pour combler le déficit considérable du dernier exercice ;
car cet exercice s'étendit, non pas sur une année, mais
sur dix-huit mois (de mai 1698 à fin octobre 1699). '
Enfin l'exode de la plupart des émigrés français, éta-
blis en Suisse, eut lieu durant l'été de 1699. Il fut orga-
nisé et subventionné par les magistrats suisses.
Les Français descendirent le Rhin par petites troupes,
en bateau, au nombre d'environ 4400 (3), dont un millier
(1) Arch. Zurich. Allg. Eidg. Absch : Annexes aux protocoles des diètes
évangéliques. B VIII, 159, p. 29, 32, 35, 4!, 45, décembre ,1698 et janvier 1099.
(2) Ibid. p. 17, 19, 101, 103, 105, 106, 108. Janvier et avril 1699.
(3) F. de Schickler. Les .tic/lise? du Refuge, p. 49.
MO ÉTUDES HISTORIQUES
se fixèrent dans la Hesse, plus de trois mille en Brande-
bourg, et un certain nombre à Bayreuth.
La Suisse conserva 900 malades, vieillards ou infirmes,
dont 603 habitaient les Etats de Berne, et 297 les autres
cantons. Elle en prit soin selon sa promesse. Plusieurs
Français aisés demeurèrent aussi dans le pays.
Les comptes furent bouclés en octobre 1699, et la
dépense s'éleva à 25 993 Rth., soit 389 895 francs.
Plus pour les mois d'août, sep-
tembre et octobre 1699, à 7 077 li vres
tournois, soit 3o 385 francs
Total, en monnaie actuelle, envi-
ron 425 280 francs (1).
Pour donner une idée des lettres de la Direction de
Berne aux cantons évangéliques, citons un passage de la
dernière, celle qui fut présentée par son député Couderc,
en septembre 1699.
Après avoir témoigné sa reconnaissance pour les bien-
laits de la Suisse et lui avoir recommandé les malheu-
reux qui restaient dans le pays, Couderc ajoute :
« Permettez-moi de vous dire en toute humilité et
avec tout le respect dont je suis capable, que nous servons
tous un même maître. Nous avons été rachetés par un
même prix, nous avons une même foi, une même espé-
rance et nous prétendons de nous trouver bientôt dans la
maison de notre Père Céleste. Nous avons cette confiance
(1) lbid. 159 — p. 402, 103. — 160, p. 172, 171, 290, 327, 311.
RECAPITULATION I»ES SOMMES VOTÉES EAU LA SUISSE l>Ol!lt LES tllSFUOIÉS,
DE 1093 A 1099.
De la mi-oclobre 1093 à la mi-avril 1091 Fr. 124.950
Foods établi pour le voyage des émigranls .... 45 000
1'° année de la Convention 1094-1095 321 800
2e — — — 1695-1690 229 00H
3" — — — 1096-1697 237 050
1° — — — I097-109S 245 270
5e — — — 1098-1099 125 2S0
Total . . . Fr. I 628 356
Non compris les subventions aux États allemands.
ÉTUDES HISTORIQUES
111
en vous, Souverains Seigneurs, que vous nous aiderez à
faire noire chemin pour nous y rendre, et que vous lais-
serez tomber quelques miettes de votre subsistance.
« Vous êtes assis, Souverains Seigneurs, pour juger
et pour décider du destin de tant de pauvres affligés qui
sont errants pour la cause de Dieu. Quelle consolation et
quelle joie n'aurez-vous pas un jour, de voir les délibéra-
tions que vous avez prises en leur faveur, écrites et enre-
gistrées dans le Ciel! Vous recevrez alors la louange
d'avoir été les images de Dieu, qui est charité. En nous
donnant vos aumônes, vous rendez à Dieu l'hommage
que vous lui devez pour l'abondance et pour la paix dont
il vous fait jouir. Vous lui prêtez, et il vous le rendra,
nous l'en prions de tout notre cœur, etc.. »
vin
Comme nous l'avons indiqué, les magistrats de la
Suisse furent sollicités d'envoyer des subsides en Brande-
bourg, à Bayreuth, et en Hesse, pour y établir les réfu-
giés qui quittaient leur pays. Ainsi, par missive du
5/15 août 1699, adressée à son conseiller antique Bondeli
à Berne, Frédéric III électeur de Brandebourg fît savoir
aux cantons évangéliques que, parmi les Français qui
passaient journellement de Suisse en Allemagne, il se
trouvait des personnes âgées et infirmes, des veuves et
des orphelins. Ces gens, ayant vécu d'aumônes, ne pou-
vaient être reçus que dans un hôpital. Si donc la Suisse
ne veut pas qu'on les lui renvoie, dit l'Électeur, il faudra
qu'elle lui fasse tenir une somme assez considérable pour
la création du susdit hôpital. Toutefois, S. Altesse S.
ne se montrera pas inflexible pour garder ces pauvres
gens.
Bondeli envoya au bourgmestre de Zurich la lettre
de son souverain, en le priant d'employer ses bons offi-
ces, pour que les louables cantons aident l'Electeur à
porter ce lourd fardeau, attendu qu'il fournit lui-même
112
Éï U DES H I STO RI QU ES
plus de cinquante mille écus par an, pour l'entretien des
réfugiés (750 000 francs) (1).
La Suisse décida que pour l'établissement des Fran-
çais en Brandebourg, Berne donnerait 6 000 Rth., et
Zurich, Baie, Schaffhouse et Saint-Gall aussi 6 000, «soit,
12 000 Rth, environ 180 000 francs actuels (2).
En mars et avril 1699, le margrave Christian-Ernest
de Bayreuth délégua le pasteur français E. Tholozan,
d'Erlangen, aux cantons évangéliques, pour leur offrir
de recevoir dans ses Etats un certain nombre de réfu-
giés, comme il l'avait fait treize ans auparavant. Accré-
dité par le margrave, Tholozan était en outre muni
d'une lettre du Consistoire français d'Erlangen, pour les
Seigneurs des cantons réformés, dont voici un passage:
« Ceux qui ont passé par vos États sont autant de
voix qui publient votre libéralité. On a vu comment Dieu
a béni visiblement les soins charitables de vos excel-
lences, au temporel, comme au spirituel. Il a fait encore
de vous, Magnifiques Seigneurs, un exemple singulier de
son amour, en vous faisant voir de grandes révolutions,
sans y avoir part, et en vous faisant jouir seuls d'une pro-
fonde paix, parmi les plus grands troubles et les plus
violentes agitations de l'Europe entière. »
Après quoi, le consistoire priait LL. EE. d'aider par
quelque secours, à l'établissement des réfugiés dans 1rs
terres du margrave. Les magistrats des cantons évangé-
liques répondirent le 10 juin au margrave, en le remer-
ciant de ses bienveillantes intentions, et lui tirent part
de leur résolution, de payer le transport des réfugiés
misérables, qui se fixeraient dans son pays, et de les
aider par un subside à s'y installer(3) .
Enfin Charles, Landgrave de Hesse, adressait de
Cassel, le 26 juin 1700, une lettre aux cantons de Zurich
(1) Arch. Zurich, ibid — 160 — p. 180. Lettre de l'Electeur de Brandebourg
à Bondeli, à Berne, 5 août 1 699.
(2) Arch. Zurich, Promphiarium. E. Hxulanlcn sachen — 1699
(3) Arch. Zurich Allg. Eidg. Absck. Annexes aux protocoles des diètes.
B VIIL i59, p, 123, 126, 128 et 130. Colle dernière esl le réponse de Le Suisse
au margrave.
ÉTUDES HISTORIQUES
113
et de Baie, pour les remercier de la somme de 3000 Rth :
(45000 francs environ) que ces deux Etats avaient mise à
sa disposition, en faveur des réfugiés français qui s'éta-
blirent en Hesse (1).
Certes, la Suisse a fait noblement son devoir vis-à-vis
des réfugiés; nous sommes heureux de le constater par
les documents de ses archives, et nous souhaitons que ses
enfants soient toujours capables d'an pareil dévouement.
Elle en a retiré maintes bénédictions, et nous dirions
volontiers avec le consitoire d'Erlangen, que si la Suisse,
au milieu des guerres et des révolutions qui ont désolé le
monde, a eu le privilège de jouir presque constamment cle
la paix, et de conserver son autonomie, elle le doit peut-
être à la généreuse hospitalité qu'elle a toujours exercée,
spécialement à l'égard des réfugiés français.
Un bienfait porte en soi sa récompense.
IX
Avant de terminer, disons un mot de la part. que Genève
et Neuchâtel prirent auRefuge. Le rôle de Genève fut aussi
beau, et bien plus épineux que celui de Berne et de
Zurich. Située aux portes de la France, soumise à l'in-
fluence et aux menaces cle son puissant voisin, Louis XIV,
dont elle subissait la pression, cette ville était le port du
salut pour les malheureux fugitifs, qui se répandaient de
là dans toute la Suisse. Genève n'a pas failli à sa tâche,
elle l'a remplie avec un généreux dévouement, que Mir-
mand sut relever, quand il demandait à d'Herwart
(en 1693) que les louanges données à la Suisse par l'en-
voyé de Guillaume 111, et en son nom, fussent aussi
décernées à Genève, qui les avait autant et mieux méritées.
(1) Arch., Zurich. Portefeuille intitulé : Hesse. A. 191. Lettre du Langrave
de Hesse aux États de Zurich, et de Bàle, du 26 juin 1700, scellée de son sceau
et signée de sa main : « De vos Seigneurs, le compère affectueux et dévoué
Charles, Landgrave de Hesse ». — Les cantons évangéliques avaient été par-
rains d'un prince de Hesse, en 1678, c'est pourquoi le Landgrave s'intitule
leur compère. (Note de feu J. H. Labhart, archiviste).
8
ÉTUDES HISTORIQUES
Lorsqu'en août 1693, Genève renvoya ses réfugiés pour
cause de disette, il se trouva qu'au bout de peu de mois,
il y en avait de nouveaux, puisque le marquis d'Arzeliers
écrivait quelque temps après : « Genève veut garder ses
réfugiés. » — ïl faut donc, ou que Genève n'eût renvoyé
en 1693, qu'une partie de ses réfugiés, ou qu'il en fût
arrivé dès lors un nombre assez considérable de France,
pour motiver cette décision. C'est la dernière hypothèse
qui est la plus probable.
Quant à Neuchâtel, dont la frontière la plus étendue
touche à la France, ce petit pays était alors l'apanage des
princes français de la maison de Longueville, dont la
duchesse de Nemours fut la dernière représentante et
souveraine de Neuchâtel, jusqu'en 1707.
Il ne pouvait être question pour le gouvernement des
princes français catholiques, de prendre part officielle-
ment aux dépenses du Refuge ; mais ce que ne faisait pas
le gouvernement, ce furent les particuliers, les communes
et les bourgeoisies qui le firent largement, grâce à leur
autonomie et aux libertés rares et grandes pour l'époque,
dont ils jouissaient.
Les réfugiés passèrent en grand nombre de France à
Neuchâtel, durant tout le temps de l'émigration; les
archives de l'Hôtel de Ville de Neuchâchel, de la Biblio-
thèque des pasteurs, celles des paroisses de nos hautes
vallées, comme le Locle et Couvet, le prouvent abondam-
ment. A Neuchâtel, on conserve en sept volumes in-folio
mss., les comptes des secours accordés par la ville aux
réfugiés de passage, pendant l'espace de quinze ans
(1683-1698).
Environ dix-huit mille de ces pauvres gens lurent
assistés. Et combien d'autres ne demandèrent aucun
secours, et dont on a perdu la trace.
A Couvet, les comptes de la commune contiennent
plusieurs listes de dons, faits à des réfugiés de passade. e(
souvent à la fin de l'année, une somme considérable csl
portée en une seule fois, comme aide à un groupe de
ÉTUDES HISTORIQUES
115
passants, réfugiés ou autres, ainsi : en 1683 — 436 passants
étrangers, en 1687 — 376 idem, en 1691 —982 idem,
en 1692 — 855 idem, en 1695 — 856 idem, en 1697 —
389 idem, en 1698 — 623 idem, en 1699 — 740 idem,
en 1700 - 290 idem (1).
Partout, dans notre petite patrie, les réfugiés furent
reçus avec sympathie et affection. Le droit de naturali-
sation, la faculté d'être agrégés à une communauté ou à
une bourgeoisie, leur fut accordé plus vite et plus large-
ment dans le pays de Neuchâtel que dans les autres
contrées de la Suisse. De là vient qu'il n'y eût jamais de
colonie française à Neuchâtel. Les Français y devinrent
Neuchâtelois, et nombre de familles, parmi les plus nota-
bles du pays, se souviennent avec honneur qu'elles
descendent de réfugiés français .
Mmc Alexandre de Ghambrier.
ANNEXE
LETTRE DE LA DIRECTION FRANÇAISE DE BERNE, AUX SEIGNEURS
DE LA CHAMBRE DES RÉFUGIÉS, DU 11 SEPTEMRRE 1693.
La Direction de Berne, émue à la pensée de ia désolation où
se trouveraient les pauvres réfugiés, s'ils étaient obligés de quitter
les Terres bernoises pour se rendre dans les cantons allemands,
résolut d'écrire à LL. EE. la lettre suivante, pour les supplier
de leur continuer leur bienveillance. MM. Gabry et Duncan lurent
chargés de la porter aux Seigneurs de la Chambre des réfugiés et
de prier Monseigneur le sénateur Richner, qui en était le prési-
dent, de la lire dans le Petit et le Grand Conseil. La voici :
« Magnifiques, Illustres et Souverains Seigneurs.
« Les pauvres Réfugiés français, réduits à la plus dure extrémité
qu'il soit possible d'imaginer, n'ont absolument d'autre ressource
que de recourir à la charité même de leurs illustres Bienfaiteurs,
dont ils ont tiré jusqu'à présent les moyens de leur subsistance.
« Ils n'ignorent pourtant pas les efforts extraordinaires que
LL. EE. ont été obligées de faire en leur faveur, ni les difficul-
tés que les conjonctures du temps leur font trouver à les continuer
(1) Total 5547. — Communication de M. Gustave Petitpierre de Couve t.
116
ETUDES HISTORIQUES
à l'avenir. Dans celte vue, les suppliants ont mis tout en œuvre
pour découvrir quelque retraite, et le public est témoin de la joie
et de l'empressement qu'ils ont fait paraître à embrasser celle
qu'ils croyaient leur devoir être ouverte en Irlande. Mais les
pieuses intentions de S. M. B. à cet égard, n'ayant pu être exécu-
tées cette année, ils ont jeté les yeux sur tous les endroits d'Alle-
magne et des autres États, où la Providence voudrait leur ouvrir
un asile. Il y a même un très grand nombre de leurs compagnons
de misère, qui ont quitté ces pays, sans autre espérance de pou-
voir subsister ailleurs, que celle des promesses générales que
tous les fidèles ont de la protection divine.
« Quelques-uns ont trouvé des personnes charitables qui les ont
recueillis; mais les autres sont encore errants, entièrement
incertains de leur destinée.
« Les Suppliants, que LL. EE. ont encore sur les bras, ne
peuvent nullement se flatter de pouvoir trouver un refuge, s'ils
ont le malheur de sortir de leurs États, et ils ne pourraient regarder
cet ordre dont on les menace, que comme une nécessité qu'on
leur imposerait de mourir de faim au pied de quelque buisson.
Ils sentent déjà dissiper leurs alarmes par les considérations que
leur fournit l'expérience du passé. Ils se persuadent, Souverains
Seigneurs, que Dieu, pour la cause duquel ils ont l'honneur de
souffrir, ne laissera jamais ralentir les tendres mouvements de
charité qu'il vous a mis au cœur, et dont ils ont si abondamment
éprouvé leurs effets. Que la misère de ceux que vous ne dédai-
gnez pas d'honorer du nom de Frères, augmentant tous les jours,
donnera une sainte émulation à votre charité. Et que, les com-
blant de nouvelles grâces, vous leur donnerez aussi de nouveaux
motifs à témoigner leur reconnaissance, et à redoubler leurs
vœux pour la prospérité de cet État, et de vos Illustres per-
sonnes (1). »
(!) Arch. Borne. Protocole de la Direction française, 11 septembre 1693.
ÉTUDES HISTORIQUES
117
LES SAINTE-HERMINE? COUSINS DE MADAME DE MAINTENONS
De nombreux ouvrages ont été écrits sur le rôle de
Madame de Maintenon au point de vue de la persécution
religieuse.
Nous n'avons pas la prétention de revenir sur cette
question, et nous nous bornerons à apporter notre modeste
contribution en donnant quelques détails et quelques
documents sur la famille de Sainte-Hermine, liée par une
parenté étroite à celle des d'Aubigné. Déjà, dans une
intéressante étude parue ici-même, il y a quelques années,
sous le titre de Madame de Maintenon convertissense (1),
il avait été question de la famille de Sainte-Hermine et
de ses rapports avec Madame de Maintenon. Nous appor-
tons aujourd'hui un complément à ce travail, tant au
point de vue généalogique qu'à celui des procédés employés
par la célèbre marquise vis-à-vis de ses parents pour les
ramener dans le giron de l'Église catholique.
On sait comment Madame de Maintenon avait converti
ses neveux à la mode de Bretagne, les enfants de Phi-
lippe Le Vallois de Villette. Mmc de Caylus le raconte
dans ses mémoires : n'espérant pas ébranlerla foi robuste
de son cousin elle obtint de M. de Seignelay qu'on l'en-
verrait en mer faire un voyage au long cours et pendant
ce temps fit enlever par M.me de Fontmort, à Niort, sa tille,
enfant de 9 ans, dont la conversion ne fut guère difficile
à obtenir : elle « trouva la messe du Roi si belle qu'elle
consentit à se faire catholique à la condition de l'entendre
tous les jours et qu'on la garantirait du fouet ». Ses frères
ne furent guère plus difficiles à convaincre.
Le zèle de Madame de Maintenon triomphait donc,
mais non pas auprès de tous ses parents : ses cousins de
Sainte-Hermine étaient rebelles, et ses avances pas plus
que ses menaces n'avaient pu les entamer. C'est avec
(1) V. Bulletin des 15 avril, lo mai, 15 juin 1900
lis
ÉTUDES HISTORIQUES
mélancolie qu'elle écrivait à son frère, en apprenant que
la grâce aidée par les dragons du Roi venait de toucher
près de 40000 Poitevins: « Je crois qu'il ne demeurera de
huguenots en Poitou que nos parents ».
Ces parents étaient, avecM. de Villette, ses cousins de
Sainte-Hermine delà Laigne. La famille de Sainte-Her-
mine dont l'origine nous est inconnue, mais que l'on voit
figurer dans des documents certains dès l'année 1090
(Gallia Christiania p. 470), eut deux de ses membres aux
croisades (1), et dont le zèle pendant les guerres contre
l'Anglais avait mérité une donation faite à Arnaud
de Sainte-Hermine, écuyer, par Charles d'Espagne comte
d'Angoulême et connétable de France, donation confirmée
par une charte du Roi Jean le 18 mai 1352 (Arch. nat.
TT. 82) , — habitait depuis le commencement du xme siècle
le château du Fa, construit sur les vestiges d'une forte-
resse romaine, près de Châteauneuf en Angoumois.
Un membre de cette famille, Joachim, avait, lors de
la prédication de Calvin dans ce pays, embrassé le Pro-
testantisme, et depuis lors, tous ses descendants avaient
pratiqué cette religion, et versé leur sangpourladéfendre.
Joachim, lors de la première guerre de religion, comman-
dait l'artillerie huguenote et son fils Jean (2), époux de
de Lucresse de Lusignan, avait, en 1568, été gouverneur
de La Rochelle pour le compte du prince deCondé. CeJui-
ci eut un fils nommé également Jean (3), qui fut gentil-
homme servant du roi Henri de Navarre (Arch. nat.
M. 534) et un autre fils, Joachim II, gentilhomme ordi-
naire de la chambre du roi ; Hélie II, son fils, épousa Isa-
beau de Polignac et fut gentilhomme ordinaire de la mai-
son du roi. Fort en faveur auprès de Henri ÏV, bien que
n'ayant pas suivi, dans son abjuration, ce prince, leurs
services furent un titre pour leurs descendants, dont l'un,
pendant la minorité du roi Louis Xlll, fut chargé de lever
(1) Eustaohe, 1191, Chartre de Saint-Jean d'Acre, Àimery, 1249 h Damiette.
(2) C'est par erreur que dans La Fmncc Protestante les frères Haag disent
Joachim.
(3) MM. Haag le confondent, avec son père.
ÉTUDES HISTOR [QU ES
119
en Saintonge plusieurs régiments de gens de pied fran-
çais et de combattre les adversaires du roi et fut plus
tard nommé commandant de la noblesse d'Aunis.
À la fin du xvne siècle cette famille se trouvait repré-
sentée par deux frères, l'aîné Joachim III, seigneur du Fa,
colonel d'infanterie, et Hélïe, seigneur de la Laigne en
Àunis dont nous allons avoir à nous occuper.
Madame de Maintenon avait voulu, avec l'aide de Féné-
lon, ramener au catbolicisme ses cousins de Sainte-Her-
mine. Elle y réussit avec la branche du Fa, et Hélie III
fils de Joachim III et d'Anne de Polignac, le premier de la
famille, abandonnale protestantisme le 30 novembre 1668.
Son oncle, Hélie de laLaigne, qui avait épousé àNiort,
le 4 septembre 1649 (1) Madeleine le Vallois de Villette,
fille de Benjamin de Villette et de Louise Arthémise d'Au-
bigné, tante paternelle de Madame de Maintenon, fut
réfractaire aux avances de sa quasi royale cousine ger-
maine.
Celle-ci prisait fort Madeleine de Sainte-Hermine, qui,
disait-elle, dans une lettre à M. d'Aubigné son frère,
« n'a pas grand esprit, mais c'est une très bonne femme »,
et lui conseillait, pour amender sa jeune femme dont les
allures la scandalisaient, de lui faire fréquenter « ses
filles qui sont du même âge » (2). (Mme d'Aubigné avait
alors un peu plus de quinze ans.)
Elle avait favorisé les fils de sa cousine, qui, bien
que protestants, comme M. de Villette leur oncle, ser-
vaient dans la marine dès 1670. Quoique presque en-
fants (3), sur le navire le Sans Pareil, en 1672, ils firent
(1) Contrat du 14 août 1649.-
(2) Elles étaient deux, Madeleine-Sylvie, l'aînée qui épousa vUexandre Dex-
mier d'Olbreuse, et Anne-Mauie-Françoise cfui devint comtesse de Mailly.
(3) Les fils d'Hélie de Sainte-Hermine étaient : 1° Henri-Louis, marquis de
Sainte-Hermine; entré dans la marine en (1670, il mourut capitaine de vais-
seau le 28 mai 1700. Il avait épousé, en 1688, Marguerite-Geneviève Morel de
Putanges qui ne lui donna que des filles. — 2° Hélie, comte de Sainte-Her-
mine, mort le 14 janvier 1707, lieutenant général des armées du Roi, inspec-
teur de la cavalerie et des dragons. — 3° Philippe, chevalier de Sainte-Hermine
entré dans la marine en 1672, lieutenant de vaisseau en 1686 et que MM. Haag
ont pris pour son frère aîné à qui ils prêtent ses aventures. — 4° Jean-Pha-
ramond, entré dans la marine vers 1680 et qui, après être devenu lieutenant
120
ÉTUDES HISTORIQUES
preuve d'un courage au-dessus de leur âge, et assistèrent
aux combats contre Ruyter, devant les îles Lipari, le
8 janvier, ainsi qu'à la bataille cl'Agosta, le 22 avril, dans
laquelle le célèbre amiral trouva la mort. Enfin, le 2 juin,
ils se distinguèrent sous Duquesne à la bataille de
Palerme, si bien que l'un d'eux fut chargé de porter une
nouvelle au roi.
Est-ce que dans la suite ils ne tinrent pas ce qu'an-
nonçaient leurs précoces exploits, ou leur religion leur
fit-elle du tort dans l'esprit du ministre, toujours est-il
qu'en 1679, Madame de Maintenon, voulant les recom-
mander auprès de Seignelay, se fit répondre « que c'était
la considération qu'il avait pour elle, qui l'avait empêché
de dire au roi que l'aîné ne fait rien qui vaille ». — « Je
voulus le faire souvenir des bons témoignages que l'on en
avait rendu, mais il me répondit qu'il était paresseux,
inhabile et inappliqué, et que les officiers généraux, sous
lesquels il avait servi en sont très mal satisfaits. Tout
cela finit donc par me trouver trop heureuse qu'il ne fît
pas pendre votre neveu (la lettre est adressée à M. de
Villette, 28 décembre), pour lui promettre de le bien que-
reller et lui demander que le quatrième (Jean Pharamond )
fut officier ».
L'obstination de ses cousins de l'un et l'autre sexe à
rester protestants devenait scandaleuse, aussi Madame de
Maintenon résolut d'y mettre bon ordre. Elle les manda
auprès d'elle (décembre 1680. Mllede Mursay (de Villette),
dont nous avons relaté plus haut l'enlèvement à
Niort, « trouva sur la route de Paris M. de Sainte-Her-
mine, une de ses sœurs (Madeleine-Sylvie), et Mlle de
Caumont, aussi étonnés qu'affligés de me voir. Pour moi,
contente d'aller sans savoir où l'on me menait, je n'étais
ni étonnée, ni affligée de rien, mais comme les autres
étaient des personnes faites que Madame de Maintenon
avait demandées à leurs parents, il avait été décidé dans le
Conseil des Hugnenols qu'on ne pouvait les lui refuser puis
de vaisseau, finit ses jours connue abbé de N.-D. d'Angle, mu diocèse de
Luçon.
ÉTUDES HISTORIQUES
124
qu'elle ne demandait qu'à les voir et qu'elle promettait
de ne les pas contraindre dans leur religion. On eut
donc pour elle cette complaisance d'autant plus volon-
tiers, qu'on n'avait rien à craindre de leur légèreté,
et, en effet, la résistance de cesjeunes personnes fut infi-
niment glorieuse au calvinisme. Nous arrivâmes ensemble
à Paris où Madame de Maintenon vint aussitôt me cher-
cher et m'emmena seule à Saint-Germain (1) ».
Madame de Maintenon qui venait de convertir un des
fils de M. de Villette, le jeune de Mursay, marin de 14 ansr
et cela sans plus de peine qu'elle n'en allait avoir avec sa
sœur, se rendait compte en écrivant à son frère que
«M. de Sainte-Hermine... arrivé aujourd'hui... je crois,
me donnera plus de peine ». Elle ajoute: « J'aurai dans
peu de jours Mlles de Sainte-Hermine, de C au m ont et de
Mursay, j'espère que je n'en manquerai pas une. Mais
j'aime Minette (c'était Anne-Marie-Françoise de Sainte-
Hermine la plus jeune des demoiselles de la Laigne,
âgée d'environ 13 ans et que ses parents avaient jugé
prudent de ne pas envoyer à la lerrible conver tisseuse !}
que j'ai vue à Cognac et si vous pouviez me l'envoyer
vous me feriez un extrême plaisir : il n'y a pas d'autre
moyen que la violence, car on sera bien affligé dans la
famille de la conversion de Mursay. Il faudrait donc que
vous obtinssiez d'elle de m'écrire qu'elle veut être catho-
lique : vous m'enverriez cette lettre-là, je vous enverrai
une lettre de cachet avec laquelle vous prendriez Minette
chez vous jusqu'à ce que vous trouvassiez une occasion
de la faire partir, ce qui se trouve assez aisément, outre
que vous, M. de Xaintes, M. de Marillac, M. de Tours,
et enfin je trouverai des amis sur toute la route et si on
me l'envoyait à Richelieu je ne serais pas en peine du
reste. Travaillez à cette affaire, j'ai de l'inclination pour
cette petite fille, et vous m'obligeriez en faisant une
bonne œuvre ».
Cette machination devait échouer, mais un peu plus
(1) Souvenirs de Mme de Caylus. Voyez également « Madame de Maintenon
convertisseuse » par M. Gelin [Bulletin, lo avril 1900.)
122
ÉTUDES HISTORIQUES
tard Madame de Maintenon parvint à obtenir de ses
parents et à faire abjurer la pauvre Minette, que
Saint-Simon appelle « une demoiselle de Poitou qui
n'avait pas de chausse, que Madame de Maintenon avait
fait venir de sa province pour demeurer chez elle à Ver--
saille s » (1).
Mais revenons à nos jeun es voyageurs auprès desquels
Madame de Maintenon n'avait guère de succès : « M. de
Sainte-Hermine écoute et répond fort honnêtement à tout
ce que je lui dis sur la religion, mais jusqu'à cette heure
il ne me donne nulle espérance (23 décembre 1680). Je
le menais samedi avec moi à Paris où j'allais voir Mme de
Fontmort (2) et mes nièces; je les trouvais toutes enlai-
dies, dont je fus bien fâchée, mais je ne reconnus en façon
du monde Mlle de Saint-Hermine... [Madeleine-Sylvie).
Je ne me console pas d'avoir manqué Minette » (Anne-
M arie- Franco ise ) .
Malgré les moyens puissants dont disposait Madame
de Maintenon, l'attachement des jeunes Sainte-Hermine à
la foi de leurs pères fut inébranlable et, têtus comme
les mules de leur Poitou, ils y retournèrent huguenots
comme devant. « M. de Sainte-Hermine part dimanche
avec ses sœurs, ils ont tous fait une belle résistance et
font une belle retraite ; je suis persuadée qu'ils s'en repenti-
ront. La petite de Mursay dit qu'elle les attend pour cela
dans la basse-cour de la Laigne. » (Lettre de Madame de
Maintenon à M. d'Aubigné 5, février 1681.)
Cette petite de Mursay, toute jeune qu'elle était, savait
déjà voir d'où venait le vent, aussi sa tante la poussait-
elle à la cour ainsi que son jeune frère « qui, disait-elle,
réussissent fort bien et profiteront, je crois, de leur
bonheur. Je suis fâchée çp! aucun Sainte-Hermine ne Tait
partagé carj'aime leur mère et leur nom. » (14 mai 1082.
(1) Elle épousa le comte de Mailly en 1087 et devint plus tard (1692) dame
d'atours de la future duchesse de Chartres puis de la reine. Elle mourut le
6 novembre 1734, âgée de 67 ans.
(2) Sœur de Mm0 de Villette « accoutumée à changer de religion, qui venait
de se convertir pour la seconde ou troisième fois » [Souvenirs de Mmr de
Claylus.)
ÉTUDES HISTORIQUES
Mais Madame de Maintenon n'était pas pour rien une
d'Aubigné. Sa ténacité inlassable avait obtenu, quelques
années après, la conversion de plusieurs des enfants
d'Hélie de Sainte-Hermine, seigneur de la Laigne. Elle
l'avait flatté et recherché, fait venir à Maintenon pour lui
faire voir cette belle propriété : elle avait obtenu la garde de
sa plus j eune fille Ann e-Marie-Françoise e t l'avait convertie .
Il semble bien que le second fils, Hélie, ait aussi embrassé
la religion catholique vers la même époque, car il conti-
nuait à l'armée comme capitaine du régiment, colonel et
général des Dragons, une carrière qui devait être brillante.
L'aîné Henri-Louis, ne devait pas tarder, lui aussi, à se
convertir (1), car sa carrière maritime se poursuivait
sans entraves et le roi lui accordait en juin, 1686,
une pension annuelle de 1500 livres, plus une autre
de 3000 livres le 7 mars 1688 (Arch. nat. O1 32, fol.
164). Cette même année il est capitaine des vaisseaux du
roi. Tout semble bien incliquer la récompense d'une
conversion désirée en haut lieu et profitable à son auteur.
Après avoir commandé avec distinction, le 10 mai 1685,
au combat de la baie de Bantry, un des navires envoyés
en Irlande pour opérer un débarquement en faveur
de Jacques II, et monté Y Intrépide au combat de La
Hogue (1692), il meurt le 28 mai 1700, laissant six filles
qui feront de brillants mariages.
Enfin, le plus jeune Jean-Pharamond devait, après
avoir été lieutenant de vaisseau, devenir d'abord prieur
de S'-Etienne d'Ars, puis ensuite abbé de N.-D. d'Angle,
qualité qu'il possédait lorsqu'il assista, en 1715, au
mariage d'une de ses nièces dont nous venons de parler
(Françoise- Adélaïde) avec le marquis de Sailly. Il est
donc probable que sa foi protestante n'avait pas non plus
résisté ou était sur le point de faiblir.
Cependant, le troisième fils Philippe, resté enseigne de
vaisseau, sans doute pour lui inculquer le repentir prédit par
(1) Il se remaria le 26 février 1688, à Saint-André-des-Arts à Paris : il était
donc catholique à cette époque. Nous pensons qu'il avait embrassé cette reli-
gion vers 1686.
ÉTUDES HISTORIQUES
Madame de Main tenon, résistait toujours avec une
énergie d'autant plus méritoire que sa santé était dans
un état pitoyable (1).
C'est ce moment que saisit Madame de Maintenon pour
vaincre par la violence cette résistance qui commençait
à l'exaspérer, à une époque où tout cédait devant elle et
où sa puissance était sans égale dans le royaume.
Les promesses étant restées infructueuses, la persua-
sion sans effet, les menaces n'ayant pas ébranlé la fer-
meté de cet enseigne de vaisseau, elle allait employer des
moyens plus énergiques.
Seignelay ordonne, le 16 mars 1686, à M. de laReynie
de mettre le chevalier de Sainte-Hermine à la Bastille
et en même temps il écrit au gouverneur de cette prison,
M. de Besmaux : « Je vous escris ce billet pour vous dire
que M. le chevalier de Sainte-Hermine qui sera conduit
à la Bastille par ordre du Roy est parent de Madame de
Maintenon, et comme il est fort infirme, il faut, s'il vous
plaist, que vous ayez soin de luy faire donner tout ce qui
luy sera nécessaire ». (01 30 fol. 96). Toutefois, si ou
devait lui épargner les souffrances physiques, on comptait
sur la contrainte morale pour avoir raison de sa fermeté,
et, dès le 23 mars, on commence par le priver de la pré-
sence réconfortante de son frère.
« Le roy à sceu que le sieur de Sainte Hermine qui
est à la Bastille estoit souvent veu par son frère aisné (2)
et quoique Sa Majesté vous ayt permis de lui laisser voir
quy il voudroit, elle n'a pas entendu que cela veust s'es-
tendre jusqu'aux gens de la R. P. R., aussi vous ne devez
pas laisser entrer led. Sr de Ste-Hermine aisné ni personne
de lad. religion ». (Ol 30 fol. 107.)
Ce n'était qu'un commencement : Le 20 avril 1686,
M. de Besmaux recevait le billet suivant du seerélahv
(1) 11 avait demandé en 1685 un congé pour sortir du royaume et « mou
rir tranquillement dans la crainte de sa religion ». [Bulletin, 15 mai L900). Féne
Ion avait tenté vainement de le convertir.
(2) Henri-Louis était donc resté protestant et ce m'est pas lui. comme le
prétendent les auteurs de la France protestante, qui (Mail enfermé à la Ras-
tille.
ÉTUDES HISTORIQUES
125
d'État : « Le Roy m'ordonne de vous escrire que mon
intention est que le chevalier de Sainte-Hermine ne voye
point sa mère ny aucun de sa famille ».
11 avait donc le droit de voir qui il voulait pourvu que ce
ne fussent pas ceux qui l'aimaient, mais des indifférents
venant dans sa cellule le harceler et ajouter la torture
morale de leur obsédant prosélytisme aux souffrances que
sa maladie lui faisait subir.
Pendant ce temps son vieux père, huguenot endurci,
était flatté par Madame de Maintenon qui l'avait fait venir
avec sa femme auprès d'elle et cherchait à faire pression
sur son esprit en lui montrant la différence de traitement
qu'elle savait faire entre ceux de ses enfants qui obéis-
saient à ses suggestions et ceux qui s'y montraient rebelles.
A celui-ci la Bastille, à la demoiselle de Sainte-Hermine (1)
le couvent des nouvelles catholiques, prison à peine
déguisée. Aux autres des pensions, de l'avancement, des
faveurs, de brillants mariages!
Le vieilHélie de la Laigne souffrait en silence etrefusait
toujours de se convertir, mais cette lutte épuisait le peu de
forces que l'âge lui avait laissées et ce vieillard de près
de 80 ans avait à subir les assauts répétés de Madame de
Maintenon à qui s'était joint M. de Viilette, neveu de
Mme de Sainte-Hermine de la Laigne, qui, après avoir
été un huguenot intraitable, était devenu un catholique
militant, brûlant de convertir les membres de sa famille
restés fidèles à la foi qu'il avait abandonnée.
Son zèle de Nouveau Converti était même, semble-t-il,
intempestif, car Madame de Maintenon lui écrivait en 1687
(4 sept.) « Prenez garde à toutes les affaires dont vous
vous chargez, car il serait désagréable qu'elles ne se trou-
vassent pas comme vous les avez proposées. M. de Sei-
gnelay a persuadé au roi que Mlle de Saint-Laurent (2) était
(1) Bal le tin, 13 mai 1900. ,; -\ ; '•• v f
(2) C'était une Sainte-Hermine de la branche aînée qu'on avait d'abord
mise dans un couvent de La Rochelle, puis, en août 1686, amenée « avec le
moins de frais qu'il se pouvait aux nouvelles catholiques à Paris », (Arch.
nat. 0 1 30, f° 290), où elle resta jusqu'au 25 avril 1687.
ÉTUDES HISTORIQUES
sur le point de faire sa réunion et si elle part sans que
cela soit fait, on en sera assurément mécontent. Ne vau-
drait-il pas mieux la remettre aux Nouvelles catholiques
et qu'elle s'en démêlât comme il lui plairait? Je vous avoue
que je n'aime point à me charger envers Dieu, ni devant
le roi de tous ces retardements de conversion et que
j'aurais aussi du chagrin à vous voir déplaire quand vos
intentions sont bonnes... »
La vieille Mme de Sainte-Hermine avait été convertie
comme son frère M. de Villette, mais plutôt de force que
de gré. Aussi avait-elle marié sa fille aînée, Madeleine-
Sylvie à un protestant Alexandre Dexmier d'Olbreuse (1)
frère de Léonore, femme de Georges-Guillaume de Bruns-
wick Lunebourg, duc de Zell.
Ils songeaient à se réfugier dans les États de leur
beau-frère, comme le montre cette lettre que Besmaux,
touché du sort de son prisonnier, adressait (28 avril 1686)
à Seignelay : « Le chevalier de Ste-Hermine vous sup-
plie très humblement de lui vouloir permettre de voir sa
mère et Madame sa sœur mariée avec M. d'Olbreuse qui
a la permission du roi de s'en aller à Zell : Je vous sup-
plie de ne pas trouver mauvais que je le fasse; vous
m'avez ordonné de lui faire tout le plaisir que je pour-
rais et d'en avoir soin : il guérira de son hydropisie et
frère Marc le tirera d'affaire, son remède opérant beau-
coup » (Arch. de la Bastille). Malgré son état de santé
pitoyable le malade supportait stoïquement la persécution;
il ne cédait point, aussi ne faisait-on rien pour adoucir
son malheureux sort : « Le roy veut bien que Mme la
marquise de Langer voye son mary, mais Sa Majesté ne
veut pas qu'elle couche à la Bastille. 11 faut que vous
empeschiez M. de Ste Hermine de voir aucun nouveau
catholique, hors de M. de Ste-Hermine son frère (2), estant
nécessaire qu'il n'ayt commerce qu'avec des anciens catho-
(1) Leur fille Madeleine-Sylvie d'Olbreuse, épousa Christian von Bulow,
grand bailli du pays de Zell et ancêtre du chancelier actuel de l'Empire alle-
mand.
(2) Sans doute llélie qui était catholique, les lettres précédentes D.OU9
ayant montré qu'on se méfiait de la sincérité d'Henri Louis le frère aine.
ÉTUDES HISTORIQUES 12T
liques. » (lettre du secrétaire d'État à M. de La Noue
18 sept. 1686. Arch. nat. O1 30 fol. 314.)
Cependant Madame de Maintenon, si dure pour le
pauvre huguenot hydropique, comblait de ses faveurs
« Minette » sa préférée, la mariait << moitié gré moitié force , »
dit Saint-Simon, au comte Louis de Mailly (1687), prome-
nait « la nombreuse noce » à S1 Cyr, y compris le vieux
Sainte-Hermine, « qui, je crois pourtant, écrivait-elle à
Mme de Brinon, n'ira pas plus loin » (il mourut en effet
quelques mois après) (1).
Pendant ce temps l'état de santé du prisonnier avait
empiré, sans doute, car nous voyons, le 17 avril, arriver
l'ordre de le « transférer du château de la Bastille à la
maison des prêtres de l'Oratoire de la rue St-Honoré
(O1 31 fol. 77). Peut-être n'était-il pas transportable à
ce moment, malgré le fameux remède du frère Marc,
puisque sa mère et sa sœur obtinrent la permission d'aller
le voir à la Bastille le 6 mai,
Mme de Sainte-Hermine, quoique convertie, en appa-
rence tout au moins, n'était pas bien en cour car elle
« n'a point communié et c'est son mari qui l'en a empê-
chée, je suis indignée contre de pareilles conversions.
L'état du chevalier de Sainte-Hermine est déplorable, mais
il n'a rien de honteux et celui de ceux qui abjurent sans
être véritablement catholiques est infâme ! » (Lettre de
Madame de Maintenon à M. de Villette, 4 septembre 1687.)
La grandeur d'âme du chevalier de Sainte-Hermine
commençait à émouvoir ses persécuteurs, car nous voyons
son sort s'améliorer un peu. Le 22 septembre, il obtient la
permission de sortir de la maison des pères de l'Oratoire
lorsqu'il le désirera, à la condition d'y rentrer tous les
soirs. (Arch. O1 31, fol. 198 et 208). Enfin, peu après,
(1) Madame de Maintenon écrivait le 3 novembre à M. de Villette : « L'état où
est M. de Sainte-Hermine me fait craindre qu'il ne meure dans les mauvaises
dispositions où il est et qu'il ne fasse quelque extravagance qui embarrasse
Madame sa femme; elle est peu propre à prendre un bon parti, vous entendez,
bien ce que cela veut dire, mais assurément nous hasardons quelque aventure
désagréable s'il meurt sans nous... »>
D'après Dangeau il mourut le 24 décembre 1687.
128
ÉTUDES HISTORIQUES
ne pouvant décidément le convertir, on se débarrassa de
lui, en donnant l'ordre, le 27 janvier 1688, au « capitaine
de la Pommeraye, exempt de la prévôté de l'hôtel, de
conduire jusqu'à Mons en Haynaut le chevalier de
Ste-Hermine détenu à la Bastille ». (Arch. nat. O1 32,
fol. 62).
La France Protestante nous apprend qu'il se retira en
Hollande et suivit Guillaume en Angleterre avec le grade
de major dans le régiment de Schomberg et qu'il mourut
en 1715.
Mené Pétiet.
Documents
POÉSIES INÉDITES DE CLÉMENT MAROT
II (1)
Il est certain que l'œuvre religieuse de Clément Marof
devait nous réserver des surprises et peut-être bien les
pièces les plus hardies et les plus intéressantes sont-elles
encore à trouver. Les édits de l'ombrageuse Sorbonne ne
furent sûrement point les seuls à travailler à leur dispa-
rition: car l'auteur lui-même avait tout intérêt à ne point
trop répandre des vers aussi dangereux.
Si la pièce intitulée : « d'un monstre nouvellement
bapîizé b paraissait déjà bien intéressante, celle qui va faire
l'obj et de eeslignes nel'est pas moins . C'est tout un poème qui
compte environ trois cent soixante vers et dont la vigueur
est digne des Réformés les plus violents au xvie siècle. Sou-
vent. Calvin. Marcourt, Farel ne seront pas plus hardis:
parfois même, les questions les plus brûlantes de la con-
troverse religieuse ne seront pas abordées par eux avec
plus de netteté et d'intransigeance que par le « Sermon
notable pour le jour de la Dédicace. »
Tel est en effet le titre de la pièce que nous présentons
aujourd'hui, et dont nous devons le texte à la très grande
amabdité de M. Théophile Dufour. Nous lui en adressons
ici tous nos remerciements.
Ces vers encore inconnus étaient cependant signalés
depuis quelque temps . Voici les renseignements que fournit
M. Th. Dufour lui-même dans sa notice bibliographique
sur le catéchisme de Calvin page 161 . à propos de La
Bergerie » : Les resistres du Conseil donnent sur l'im-
pression de ce livre à Genève les détails suivants :
(1) Voy.plos haut. p. 44-50.
9
DOCUMENTS
« 2 septembre 1539. Jo. Michiel, imprimeur. Lequelt
par cy devant az pryer luy volloyer donner licence de im-
primer certaen lyvres composées à laz gloyre de Dieu,
lesquieulx ont esté visité par maystre Anthoine Marcour,
predicant, lequelt présentement icy az fayct relation que,
àz son advys, il son composé selon Dieu. Toutesfois azesté-
résoluz que maystre Morand les doyge encore visité ».
u 5 Septembre. Licence à Jo. Michiel. imprimeur.
Ayans aoyslaz relation des prédicans az esté donné licence
nu dictz imprimeur de imprimer ung* livre nommée laz Ber-
gerie » et ung autre qui ce nomme « Terribilis est locus
iste ». Et quan aux aultres lyvres que il ne les dovge pas
imprimer. » Vol. 33. fos 268 V° et 273 V° .
La Bergerie, dite « la Bergerie spirituelle, envoyée au
Roy » dans le catalogue de 1551 D'Argentré, t. IL p. 175
est attribuée comme la pièce qui la suit à Clément Marot,
et cet opuscule a été indentifié avec le Sermon du Bon et
Mauvais Pasteur. Quant à la seconde pièce " Terribilis e-t
locus iste », il faut y voir le « Sermon notable pour le jour
de la Dédicace », qui précisément est à plusieurs reprises
coupé par cette phrase latine, et dont les caractères go-
thiques, dans l'édition signalée par la notice bibliogra-
phique sur le catéchisme de Calvin, sont bien ceux de Jean
Michel: M. Th. Dufour fait même remarquer que l'initiale
gravée P du iecto du folio 2 se retrouve à la page 3 de
a L'Exposition surles deux épîtres de Saint-Pierre » impri-
mée dans le même atelier. Cet opuscule est donc bien
celui que les registres du Conseil désignaient en septembre
1539 sous le titre énigmatique de « Terribilis est lo< ii<
iste ».
C'est ce texte, que M. C Gui fifre y avait l'intention de
comprendre dans son édition de Marot, el que nous don-
nons dans son ordonnance exacte <l«'s feuillets.
L'exemplaire, qui faisait partie de la bibliothèque <!•>
M. Ad. Gaiffe et qui passa dans celle de feu M. le professeur
Stroehlin, est un petit in. -S" de «S feuillets, non chiffrés,
comprenant vingt-huit lignes à la page en caractères
gothiques. Au verso du premier feuillet es! un avis au
DOCUMENTS
131
lecteur de 8 vers; le verso du feuillet 8 porte au bas :
<( Amen : — Fin du Sermon de la Dédicace ».
Bruuet (t. V. col. 409) dit avoir vu un exemplaire de
ce même poème qui se trouvait relié à la suite des œuvres
de Marot, édition de Lyon, Jean Barbou, 1539, et im-
primé avec les mêmes caractères. Pour notre part, nous
n'en avons point trouvé trace.
Mais on nous signale un autre exemplaire du Sermon
notable à Nantes, au musée Thomas Dobrée (catal. t. IL
Imprimés, Ie partie.), exemplaire analogue à celui de
Genève.
C SERMON NOTABLE
POUR LE IOUR DE LA
DÉDICACE
9
AGÏ. 17
Dieu qui a fàiçt le mode f toutes les
choses qui sont en iceluy | comme ainsi
soit qu'il soit Seigneur du ciel f de la
terre | il ne habite point aux tem-
ples faict^ de la main : f n'est
pas servy par les
mains hu-
maines.
N OUVELLEMEINT IMPRIME
1539.
C AU LECTEUR
.Ne croys (Lecteur) ce grâd troupeau tôdu :
Qui le croyra il sera confondu
Ne croys aussi ces doubteurs | ces rabis ]
Si tu les croys | pour vray | tu errabis.
Laisse moi la ceste troupe Romaine
El gaste tout, (c tout en enfer meine.
Croys seulemêt Jésus Christ ton sauveur :
Car par luy as du père la faveur.
DOCUMENTS
C_ SERMON DU IOUR DE LA
DEDICACE
terribilis vere locus iste.
ëuple Ghrestie | ce q i'ay récité!
Et T posé devât vo$ reverêces |
Vault tout autant (au moins côme ie penses)
Mis en francoys | côe il fait en latin
Que dirie$ vô'môsie* maistre martï
Et en latin il ne vault de rien mieulx
Que bO frâcoys] quoy que disent les dieux :
Quâd tout est dict| sans q riens desguisiôs
Il vault autant comme si nous disions
A dire vray | c'est un terrible lieu
Que le moustier | quô dit la maison Dieu :
Mais de scavoir que ce lieu soit terrible |
C'est peu de cas : il fault s'il est possible
Sçavoir pourquoy il est ainsi nommé :
Car sur ma foy | il n'est point mesnommé |
Et les parrains qui ainsi le nommèrent
Estoyent bien gens qui vérité aymérent |
Ou c'estoyent gens | qui no1 prophetisoyêt \
Comme iadis les Pontifes faisoyent j
Non entendant^ ce que L'Esperit Sainct
Disoit par eulx | qui avoyêt le cœur fainct.
Vraymët ce lieu sur tout autre est terrible
Puant | infect J ord | f sale f horrible :
Non pas de soy : mais pour les gros abu$
Que font léans ces gros Asinabus.
Or pour autant quon dit communémêl
(Et on dit vray | ou la commune ment)
Que les presclieurs qui Marie ne saluenl
En leurs sermons| en Luthériens se muent.
Pour vous oster totalle occasion
D'avoir de moy si Foie opinion :
Présentons luy salut accoustumé*
Et sans raison rythmans | disons A.ve.
DOCUMENTS
Quâd to' les iours J f devât tout le mode
(Qui doibt iuger ce be^tiail immonde)
Il la vous lit | il la porte | il la baise :
Et vous luy fait des mines plus q seize :
Couvrir la | font de veloux | d'argent | d'or !
Pôr la Toussaïct^ | les Roys | Callimador j
Et cetera | chascun en son degré |
Cuydant que Dieu leur en sçaura bon gré.
En leur autel tant doulceinët la touchent :
Sus un carreau triumphant il$ la couchët :
Quand on la lit | trestous debout il^ sont :
Et en ce poinct tous la court vo' lui font.
Vous iureriez par saint Luc | ^ saint Gile |
Qu'ir$ n'aymêt tous riens tant q L'evâgile :
Mais Dieu côgnoist q ce ne sont q mines :
Et trop souvent le déclarent par signes.
Car s'il advient que l'on tienne propos
De L'evâgil : soubdain tous ces suppost$
S'amasseront | f seront aux escoutes |
En s'efforceât des maïs | des pied$ | des coûte
De recueiller des ^"pros d'un paovre homme
Un certain mot que l'idole de Rome
N'approuve pas : pourtant qu'il est côtraire
A ses canons | qui taschent nous distraire
De l'évangile | f puis l'ont il$ ouy |
II5 sen courront | à leurs dieux disantz ouy
C'est un Luther | il est digne de mort
Et à leur voix | voylà un homme mort |
Qui a osé l'évangile prescher|
Que ces caphard^ sêbloyent tenir tât cher.
{[ Terribilis vere locus iste
Terribilis <f Benedicite |
N'est pas ce lieu dangereux f terrible
Trop plus que n'est de l'exprimer possible ?
Où sont entre^ ces gros loups ravissans
Qui soub^ leurs pied^ vo' tiénët lâguissâs
Tous les Ghrestiês, que Jésus Dieu f hôe
A rachepte^ | non le Pape de Romme ?
Qui meschamment au lieu d'évangélistes
Envoyé prescher de gros veaux cabalistes
Par ces moustiers où ce prestrail impu r |
134
DOCUMENTS
C'est trop peu dict | vous estes de ces bestes
Que Jésus Christ nomme ravissâs loups |
Pour en un mot vous bien blasonner Ions.
Votre moustier J une droicte fores t|
Et a été iadis (i encore est.
Oy, mais comment? Elle est plus dâgereuse
Cent mille foys et trop plus périlleuse
Qu'autre forest que ie congn eusses onc |
Combië qu'elle eust | ou de large ou de long |
Et la raison y est bien apparente.
On scayt assez | que une personne génie |
Qui passera par une grand forest
N'aura iamais fascherie ou arrest|
Si tant soit peu elle est accompa.ignée |
Car les malings| qui sont la vray meignée
Du grand Sa 11) an J ne destrousserôt point
Ceulx qu'il$ verrôt en troupe! c'est un poïcl :
Mais vo' caphard^ | vo' estes d'autre sorte
Et trop plus fins cest hôneur ie vo' porte :
Car un de vous | destroussera mille hommes
Voire cet mil | f d'èulx aura grâd$ sommes
En plein midy | sans que iamais s'estonne
En sa. forest. Et ce une main bretonne?
Oy | s'il en est : elle a tousiours sa proye
(le pry celuy quil l'a veu | qu'il me croye)
Et d'autant plus que croist la compaignie
D'autant sera plus grand la pillerïe :
Homme n'y a f feust il du tout chauve 1
Qui de la main de ce prestre se sauve.
Et oultre plus | ès forest de ce monde
On pert les biens | on pert le corps immôde
Et puis cest tout; mais aux lieux q ie blasme
On pert les biens, on pert le corps | f lame.
On y pert tout| f sans y riens gaigner :
Gela me fait ces moustiers dédaigner.
Mais pôrsuivos esplucliâs ces raisos |
Pourquoi ce fut que ces belles maisons
En bon françoys | terribles furent dictes,
Escoute^ donc j 0 Chrestiens | \z me dictes :
N'est pas ce lieu malheureux f terrible |
Où ce prestrail se mocque de la. bible?
DOCUMENTS
Quâd to' les iours | f devât tout le mode
(Qui doibt iuger ce be^tiail immonde)
Il la vous lit | il la porte | il la baise :
Et vous luy fait des mines plus q seize :
Couvrir la | font de veloux | d'argent | d'or |
Pôr la Toussaïct^ | les Roys | Callimaclor |
Et cetera | chascun en son degré |
Cuydant que Dieu leur en sçaura bon gré.
En leur autel tant doulceinêt la touchent :
Sus un carreau triumphant il$ la couchêt :
Quand on la lit | trestous debout il$ sont :
Et en ce poinct tous la court vo' lui font.
Vous iureriez par saint Luc | <f saint Gile |
Qu'il^ n'aymêt tous riens tant q L'evâgile :
Mais Dieu côgnoist q ce ne sont q mines :
Et trop souvent le déclarent par signes.
Car s'il advient que l'on tienne propos
De L'evâgil : soubdain tous ces suppostj
S'amasseront | f seront aux escoutes |
En s'efforceât des maïs | des pied^ \ des coûtes
De recueiller des ^pros d'un paovre homme
Un certain mot que l'idole de Rome
N'approuve pas : pourtant qu'il est côtraire
A ses canons | qui taschent nous distraire
De l'évangile | f puis l'ont il$ ouy |
II3 sen courront | à leurs dieux disantz ouy
C'est un Luther | il est digne de mort
Et à leur voix | voylà un homme mort |
Qui a osé l'évangile prescherj
Que ces caphard$ sêbloyent tenir tât cher.
Terribilis vere locus iste
Terribilis <f Benedicite |
N'est pas ce lieu dangereux f terrible
Trop plus que n'est de l'exprimer possible ?
Où sont entre$ ces gros loups ravissans
Qui soub^ leurs pied$ vo' tiénét lâguissâs
Tous les Chrestiës, que Jésus Dieu f hôe
A rachepte^ | non le Pape de Romme ?
Qui meschamment au lieu d'évangélistes
Envoyé prescher de gros veaux cabalistes
Par ces moustiers où ce prestrail impu r |
DOCUMENTS
Qui se dit saincL | net | angélicque | f pur |
A tous Chrestiës (q eust il la bouche close)
Par plusieurs foys vent une mesme chose :
Et nonobstant | il la dit tousiours sienne.
Sans confesser iamais qu'elle soit tienne
Peuple aveugle | f d'erreur tout farsi |
Que si tu veulx bien entendre cecy |
Tant seleumêt pense à tes cymetières |
Et promptement entendras les matières.
Tu voys à lœil que tousiours il$ te vêdent
Le fons | f tous les iours y prétendent
Qu'il est à eulx | leur fais ie donc iniure
Quand ie leur dys : Par l'éternel (ien iure)
Je suis certain que vrays larrons vo' estes :
Car tout ainsi que vrays larrôs vo' faictes
Nenny | nenny | ie ne leur en fais point |
Je suys certain f bien seur de ce poinct.
0 que ce lieu est bien dict furieux |
Dont les recteurs sont tous plus curieux
De leur prouffit | ^ parement du lieu
Quilj ne sont pas de la gloire de Dieu :
Et sentent tous si très fort leur ramage |
Qu'il^ ayment mieulx bien parer un image
Que revestir un chrétien tout nud |
Qui pour certain iamais ne leur a nu.
l'ay veu des gés rythmas sus alquemye :
Et pour rythmer | disoyét | Fart qui n'est mye
Voulans monstrer q l'art des alquimistes
N'est ries | non plus que celuy des thomistes
Mais si est si [ sauve leur révérence |
1 13, ne font tous (croyez) que rêver | en ce :
le scay très biê | q plusieurs gens s'en meslét
Qui n'y font riens | (i très mal s'en desmêlent
La faulte vient de leur gros espcrit
Qui n'est pas prou sage | meur j f périt
Pour desrnôler matière si profonde :
On pert le sens | moins sage que s'i fonde :
Mais vous debvez entendre f bien sçavoir |
Qu'il en y a. qui sont gens de sçavoir |
Ou pour le moins | cauteleux \r bien lins |
Qui sçavenl; bien parvenir à leurs lins.
DOCUMENTS
Entre ceulx là, to' ces prestres tant mistes |
Et lût gorriers | sont parfaictz Alquimistes;
Et de tous ceulx | qui de cest art s'empeschêt
Il n'y a gentz qui tant bien s'en despêchent
Que font ceulx là : il$ font le diable f pl1 |
Tant séculiers | que ceulx qui sont reclus.
To1 les humains qui se aydent de la pierre
Que vo' sçavez j hâu | niôsie' maistre pierre |
Nen font riës plus | sinon ql$ vo' choisissët
Quelque métal commun qlz convertissent
En un certain aultre plus précieux |
Et mieulx au gré des avaricieux.
Mais ce prestrail de vertu indigent
Convertit tout en or | f en argent.
Chose n'y a en ce visible monde
Que ce prestrail qui partout est immonde
(Tant convoite la malheureuse gent)
Ne mue soubdain en or | <f en argent |
Par la vertu | ou par la diablerie
De leur vieil art | z damnée alquimye ;
On peult doc veoir | f clairemêt côgnoistre
Que ce bestail en cest art est le maistre. -
Mais ce n'est riens de ce que ie propose
Non seulement il fait d'une autre chose
Or | f argent. Mais (chers) entendez bien |
Or f argent il vous crée de rien.
Et quant en moy cecy ie consydère |
le ne puis veoir pourquoy ce beau S. Père
S'appelle Dieu, sinon pour ceste cause.
Fentendz très bien que la Sorbonne cause ]
Et nous produit quelques autres raisons :
Mais de cela compte nous ne faisons.
Car il n'y a cil | qui scache qu'il die |
Non plus qu'un gey en cage ] ou une pie.
Hz parlent tous de leur Dieu par faveur :
En leurs propos n'y a riens de saveur :
Mais la raison que ie dys est bien claire |
Et à tout home | qui veut veoir | elle esclere.
Quât au pstrail | q soubz ce dieu bataille
Et ne veut poït au Roy payer la taille :
Mais grâd argent font de riës en ces lieux :
DOCUMENTS
le accorde bien qu'ô peult les nômer dieux.
Mais pour autant que le Pape de Rome
Crée d'un riens une plus lourde somme |
Et que de luy ont leur authorité :
Je suis d'advis qu'il a bien mérité
D'estre appelé à Rome | f aultre lieux
Le pl' grâd Dieu | les aultres petis dieux.
f£ Terribilis vere locus iste.
Icy Chrestiens ie me sens incité
A maintenant vous faire une demande.
Dictes moy dôc Chrestiens | je vous demâde ;
Est point ce lieu | un bien horrible lieu |
Où promptement pour servir nostre Dieu
Seront receuz | (c bien salariez
Asnes | putiers j ivrongnes | usuriers ?
Mais gens lettrez | chastes | de Dieu amys
Par ces messieurs iamais n'y sont admis :
Ou s'ilz y sont | iamais cruelle envye
N'aura repos | qu'îlz n'ayent perdu la vie.
Et qui seront leurs envyeux mauldict^ ?
Ce sont ceux là ((i point ne me gaudis)
Qui se diront leurs compaignons feables |
Et sont cruelz | z mauvais corne diables :
La raison est : car ilz sont tous nourris
Cruellement | (que fussent ilz pourris)
Hz sont nourris de sang | f chaire humaine |
Comme l'on tient en l'Eglise Romaine.
S'esbahit on doncque si ces Romains
Sot tant cruelz | tât fiers | tant inhumains!
f£ Terribilis vere locus iste.
le m'attens bien que ie seray cité |
Si ces larrons scavent ce que ie dys :
Car trop avant icy ie contredys
Aux gros abus qlz font en leurs mousliers |
Où ie ne voys pas bien fort voulun tiers :
Car ie côgnoys que ce sont lieux terribles :
On n'y faict riens selon les sainctes Bibles.
Avccque Dieu | l'on sert aux créatures |
Qui est tout droict contre leur escriptures
Qui bien exprès disent qu'on serve à Dieu
Tant seulement; niais en ce gentil li<Mi
DOCUMENTS
Vous voye$ bien que tout on y adore |
Et n'y a riens dont ce prestail ne dore
Ses doigl$ sacrej | ie vous dy sacrilèges;
Il n'y a riens | de cela ie les pièges,
II5 sont tous gens de sacrée practique;
Qui ne prent bien | il leur est héréticque :
Il est Luther | il est Luthérien |
Il est meschant | pire qu'un Arrien |
Il laisse aller tous les droite de l'église.
Gela n'est pas la façon ne la guise
Des vrays Romains vrays ecclésiastiqs |
Qui autremét sont nomme} catholiques.
Oste$ | oste$ (disent tous ces Ragos)
Jette} le au feu, car il sent ses fagots.
([ Terribilis vere locus iste
L'homme est heureux qui aura résisté
A ces moustiers | pour leur crédit abattre
Maït bô Chrestië po' vray s'ë est fait battre
lusque à la mort : tesmoing le bô Estienne
Et Dieu me doint que son party ie tienne.
Mais ie vo' pry, n'est pas ce lieu terrible |
Puant | infect | périlleux ^ horrible |:
Où ce prestrail iour | f nuict parle f chante
En perroquet. Et sans honte se vante
Que de vray pain il lait Christ hôe (i Dieu :
Quand il l'a fait | tout en ce raesrae lieu | ■
Sans différer | en troys il le dessire :
Puis en son sang il plonge le beau sire :
En ce moustier | pour tenir garnison :
Et cela fait, il le met en prison.
Après cela | devant tous il le prent :
Finablement à fins deniers le vent
Quand il l'a mis- bien finement en paste [
Où bien souvent il périt f se gaste.
Aucunes foys la vermine le ronge |
(Il est tout vray | ne pense^ que ie songe)
A Faultre fois un vieil Singe se range
A s'en aller en un moustier | f mange
Ce Dieu de pain. Et quâd il} pevêt prédre
Singe | souris | ou Rat | qui entreprendre
A bien osé de menger leur beau Dieu :
DOCUMENTS
Soudainement il$ côdamnent au feu,
Non seulement la malheureuse beste,
Mais Dieu aussi : et en font la feste.
Voilà comment prestres traictët leur Dieu :
En la parfin il$ le jectent au feu.
Mais sçavo5 quoy?Po' toutes ces iniures
Et griefj | f tort$ q'. sont très grâd$ (i'en iures)
Une foys l'an î I5 le portent jouer |
Et en chantant il$ le vous font rouer
Tout à l'entour du village ou parroisse
Puis chacû scait | q quâd il$ disent messe,
Il le vous font tous danser sur le poing :
Et puis après vous en monstrent un coing
A ceulx qui sont en ce moustier tout mucre j
Où ces messieurs leur font faire le sucre :
Puis en chantant il$ le flattét f baisent :
Et par ainsi leur paovre Dieu appaisent.
Voylà Ghrestiens | aucune des raisons |
Po'quoy moustier | q sont plaïs de poisôs |
Sont baptise^ | f appelé^ terribles.
On les povoit bien appeler horribles.
Quand à bastir ce sermon ie me pris
Je ne vouloye | f oncques n'entrepris
A deschifîrer trestoutes les raisons
Pourquoy moustier q sont belles maisons
A chat^ huants | furent nommez terribles :
J'eusse entrepris choses bien impossibles |
Mais ie vouloye en suyvantTescripture
Vous proposer une briefve ouverture |
Dot vo' puissiez veoir les aultres raisons
Po' quoy ce lieu dont si grad cas faisons
Est iustement dict f nommé terrible :
Mais de tout riens | si ne voyez la bible :
Donc s'il vous plaist vous verrez | f de près
Les grand^ abus qui sont icy exprès :
Et par ceulx ci des aultres iugerez
Pour l'advenir f bien vous garderez
De ces larrôs qui sont en si grand nombre.
Et soubz le nom | soubz le prétexte f umbre
De Dieu vivant | des sainctz et do L'Eglise
Ont fait damner (quelque chose qu'on lise
DOCUMENTS Ul
Aux froid} canôs maîte fëme et maint liée
Qui se fioyent à l'église de Rome.
Quand vous verrez ces larrons se planter
Au beau milieu du moustier f chanter
Terribilis locus iste pensez
En votre cœur | f souvent repensez :
Puisque ainsi est | que ce prestrail luymesme
Qui est gressé f marqué du Sainct Chresme
Confesse p dict que ce lieu est terrible ;
En doublons nous? ah il n'est pas possible
Qu'il ne le soit : car l'église de Rome
Qui sans parler ne ment ainsi le nomme.
Or les raisons pourquoy il est terrible :
Vous les voyez icy | mieulx en la Bible :
Et Dieu nous doint à tous si bien les veoir
Que par son Christ salut puissions avoir.
Amen.
Fin du sermon de la Dédicace
R. Fromage.
NOTES SUR SAMUEL CHAPPUZEAU
I. — Contribution de S. Chappuzeau
au Dictionnaire historique de Moreri.
J'ai trouvé à la Bibliothèque Mazarine une lettre iné-
dite de Chappuzeau à Thierry, libraire à Paris, lettre
datée de Cell le 25 juin 1686. Elle est remplie de détails
sur la collaboration de Chappuzeau au Dictionnaire de
Moreri et accompagnée d'un projet pour le 3e volume de
l'édition que Thierry avait l'intention de donner au public.
Comme elle n'est pas sans intérêt pour l'histoire des
lettres, elle mérite d'être publiée. La voici :
A Cell, le 25 de juin 1686.
Monsieur,
Je n'ay (1) reçu qu'avant hier votre dernière lettre du 30 mayr
par la voie de Hambourg et sous le couvert de M. Monicart.
(1) Je conserve l'orthographe de Chappuzeau.
142
DOCUMENTS
secrétaire de M. Bourgeauville, Envoyé de France en notre Cour ( 1).
De la sorte, elle a demeuré plus de trois semaines en cheïïiin, au
lieu où nous recevons d'ordinaire nos lettres de Paris, le huitième
jour. Ce que j'ay cru, Monsieur, vous devoir marquer, afin que
vous ne m'accusiez pas de négligence à vous répondre et que si
nous avons à l'avenir quelque commerce ensemble, nous cher-
chions quelque voye plus pronte et plus commode pour nous
écrire, de quoy ce vous parleray à la fin de cette lettre. L'ouvrage
que vous avez en vue et auquel vous ne voulez rien épargner,
mérite que je vous donne sincèrement mes avis, d'autant plus,
Monsieur, que vous témoignez avoir quelque confiance en moy :
Et si vous le trouvez bon, vous me renverrez ces mêmes avis, avec
ce que vous aurez résolu à côté [de] chacun avec le conseil des
amis capables, que vous pourrez consulter, ayant laissé pour cela
une colonne vide, afin que je connaisse clairement vos intentions
et que les puisse mieux suivre. Mais avant cela, Monsieur, je
répondray distinctement aux premiers articles de votre dernière
lettre.
chappuzeau Vous me marquez, en premier lieu, qu'ayant parcouru le
docile6 de" nianuscrit de la Bibliothèque Universelle que j'avais rédigé pour
\>iPagiaU2). feu M. Widerhold (3) vous aviez observé qu'il était composé des
ses sources. trms sortes d'ouvrages différents, du Dictionnaire de feu M. Moreri,
(1) En août 1682, Chappuzeau quitta Genève « pour servir Monseigneur le
duc de Gel 1, chef de la puissante Maison de Brunswick Lunebourg, lequel
l'avait honoré delà charge de « gouverneur de ses Pages qui sont en bon
nombre et tous de bonne maison ; employ qui se donne ordinairement dans
les Grandes cours qu'à des personnes qui ont plus de qualité et de mérite ».
(Lettre de Chappuzeau au Conseil de Genève, 23 août 1682.)
Son fils, Christophe avait déjà l'honneur d'être depuis six ans ,1070; au
service du môme maître dont il était le secrétaire.
(2) Pour plus de clarté, j'indique en marge l'objet de chaque paragraphe.
(3) C'est la Bibliothèque universelle ou Abrégé méthodique de l'histoire el
de la géographie ancienne el moderne etc., in-folio 4 vol. Genève AViderhold
( Voy. Journal des Savants. Mars 1681). Ces quatre gros volumes, proclamait le
trop confiant Samuel, seront « comme des Archives publiques pour l'éter-
nité ». L'ouvrage devait s'imprimer à Genève, mais ce projet n'eut pas d'exé-
cution. En effet, à la date du 25 juillet 1681, Jean Girin et Barthélémy Rivière
libraires de Lyon, qui le 15 mai de la même année, avaient obtenu les privi-
lèges de réimprimer leur Dictionnaire de Moreri (1er édition 1 vol. Lion 1673)
« transigèrent avec Widerliold sur un arrêt du Conseil du Roi, obtenu par
eux le 22 avril, lequel arrêt révoquait le privilège accordé à Widerhold le
i février 1671 à l'effet d'imprimer et vendre le livre intitulé : « Le.viron univer-
sale hislorico - geographico - ctironologico - poetieo - philologicum . du
professeur bàlois J. J. lloffman, imprimé à Bàle pour Widerhold de Genève
en 1677 (2 vol.) et les deux parties convinrent que Widerhold remettrait àGirin
et à Rivière « toute la composition qu'il peut avoir de la Bibliothèque univer
selle et qui est à la lettre M » moyennant qu'ils lui donneront 3300 livres cl
20 exemplaires du grand Dictionnaire de Moreri. 11 s'engageait en même temps
à cesser de faire travailler Chappuzeau à cet ouvrage et par contre, ceux ri
s'abstiendront d'user du bénéfice de l'arrêt et permettront à Widerhold de
DOCUMENTS
143
de celui d'Hoffman (1) et des matières que j'avais recherchées
d'ailleurs, lesquelles vous paraissent d'un bon goût et être fidèle-
ment extraites des auteurs que je cite, que le premier savoir
Moreri y est tout entier, etc. C'est là, Monsieur, le même reproche
que me firent autrefois MM. Girin et Rivière pour décrier un
ouvrage qui pouvait nuire au leur ('2), qui a causé un si long'
procès et dont après de longues veilles (3), j'ai été si mal recom-
continuer sans trouble son Lexicon Universelle (Archives du notaire Gros-
jeanà Genève xi, 383, voir France protestante). Widerhold dut donc remettre
à Girin et Rivière le manuscrit de la Blibliothèque universelle. Comme ces
libraires de Lyon avaient cédé à leur créancier Thierry à Paris, la moitié de
leurs privilèges du 15 mai 1681 concernant le Moreri, pour jouir de ces privi-
lèges conjointement avec eux, il n'est pas étonnant que Thierry ait eu entre
les mains dans la suite le manuscrit de Ghappuzeau.
(1) Chappuzeau le reconnait lui-même : «Le Lexicon universale de M. Holî
man, si généralement estimé de tous les savants et qui a été bien reçu de
toute l'Europe m'a servi de fondement pour composer la Bibliothèque uni-
verselle. J'en ay tiré tout le bon suc et je n'y ai rien laissé que ce qui ne
pouvait en nulle manière s'accommoder avec notre dictionnaire français et
que donner du dégoût et de l'ennui au lecteur.
(Prospectus de laJBibliothèque universelle « parle sieur Chappuzeau. Genève
s. d. (1681) in-4° 1 vol.)
(2) Girin et Rivière avaient entrepris d'empêcher que « la Bibliothèque-
universelle ne parut en France et qu'elle ne fut débitée dans toute l'étendue
duroyaume». Ils s'étaient pourvus devant le Conseil du Roi. Dans leur requête,
ils attaquaient Chappuzeau et l'accusaient non seulement d'être plagiaire et de
dérober les écrits des autres pour s'en faire honneur, mais encore de remplir
ses ouvrages de termes injurieux contre l'État et la religion. Ils avaient fait
en outre courir des libelles sur l'œuvre de leur concurrent. Dans ces libelles,
comme dans le Journal des Savants (mars 1681) ils parlaient avec mépris
d'un livre dont la publication pouvait compromettre le succès de leur Moreri.
(Voir : Requête de Chappuzeau au Conseil du Roi. Bibl. de Finstit. Collecl.
Godefroy t. 64, fol. 232 à 237).
(3) La faveur dont jouit le Dictionnaire de Moreri auprès du public dès son
apparition (1673) fut pour Chappuzeau un puissant stimulant. S'il entreprenait
de rassembler dans un vaste ouvrage « l'histoire de tous les siècles et de tous
les pays », « de parcourir toutes les mers et toutes les terres et tout ce qui
s'est fait de mémorable sur l'un et l'autre élément » ! Le plan de sa Biblio-
thèque universelle une fois conçu, il se mit à l'œuvre pour réaliser un dessein
qu'il avait pris, parait-il, avant Moreri lui-même (Cf. dans cette même lettre
infra) avec une ardeur qu'accélérèrent le succès mérité du Lexicon Universale
d'Hoffman (1677) et la certitude d'un gain immédiat que lui assuraient les trai-
tés faits par lui avec le libraire Widerhold (22 janvier et 21 mars 1677 —
17 janvier et 4 septembre 1679. Archives du notaire Grosjean à Genève, iv. 502,1
Par la dernière convention, Chappuzeau, qui, dès 1677, avait fourni à Wider-
hold 400 feuilles de la Bibliothèque universelle finissant avec la lettre C, s'en-
gageait à remettre 6 feuilles d'impression chaque semaine, à n'entreprendre
aucun ouvrage ni aucun emploi quel qu'il soit pendant tout le temps que
celui dont s'agit durera, auquel il devra travailler incessamment et sans dis-
continuation, à rendre l'onvrage parfait et dûment achevé le 1(;T octobre de
l'année 1680. » (passim, France protestante. Bibliothèque Universelle de Chap-
puzeau). 11 consacre donc ses jours et ses veilles à son nouveau recueil auquel,
tant parle bel ordre que par le choix des matières et par le soin qu'il prend
de ne fâcher aucune des deux religions, il y aura moins à redire qu'à ceux qui
DOCUMENTS
pensé. J'avoue, Monsieur, que, dans cet ouvrage, j'ai fait des
extraits de François de Mézeray, d'André du Chesne, de Mrs de
Sainte-Marthe, de Plutarque, de Josèphe, de Strabon, Pline, de
Cluvier et de cent autres auteurs et nullement de M. Moreri qui
n'a jamais connu ni par conséquent cité plusieurs de modernes
dont je me sers comme Spelman, Spencer, Ritterchusiuse, Louis
du May etc., tous grands généalogistes et historiens avec lesquels
j'avais commerce et que j'avais été voir dans leur pays (1). J'avoue
encore que dans mon manuscrit l'article d'Enguerrand de Mari-
gny est mot pour mot tout semblable à. celuy du Dictionnaire de
feu M. Morery et l'un et l'autre sont mot pour mot tout semblable
au texte de M. de Mézeray, dont nous avons tous deux tiré cet
article. Si donc M. Moreri et moi avons puisé dans la même
source, et sij'ay été plus bas que lui, je veux dire après luy,puis-je
avoir troublé son eau et aurait-il eu lieu de me faire l'injuste que-
relle que le Loup fait à l'Agneau? L'eau et le soleil sont à tous les
hommes et il est permis de même à. tous les hommes à l'égard des
auteurs ce qui est permis aux abeilles à l'égard des fleurs (2). Nous
nous pillons tous les uns les autres et feu M. Moreri ne m'a pas épar-
gné dans mon Europe vivante (3). Mais, bien loin que je m'en
l'ont précédé » (Lettre de Chappuzeau à Spon de Lyon — 1679). Il enquête
auprès de ses amis. « Je vous remercie, écrit-il en 1679, à Spon, de m'avoir
envoyé une liste des hommes illustres modernes avec les Abrégés de leur vie.
Je serai bien aise encore si vous pouvez tirer de chacun des ordres religieux
qui sont dans Lyon, Jésuites, Mendiants et autres, un Abrégé de ce qui se
peut dire de plus particulier sur chacun des dits ordres et de plus avantageux,
principalement de leur antiquité, de leurs privilèges et prérogatives, de leurs
grands hommes et du nombre de leurs provinces et de leurs maisons ». 11
recueille des Mémoires de toutes parts, compulse les généalogistes et les
historiens, rassemble les observations de ses voyages, fait œuvre moult la-
borieuse.
(1) Chappuzeau qui eut, « dès sa jeunesse la démangeaison de voyager et
de connaître le génie des différents peuple de l'Europe », est un cosmopolite,
un écrivain vagabond toujours par monts et par vaux. Il visita toute l'Eu-
rope, hors l'Espagne, la Turquie et la Russie.
(2) C'est le droit au pillage qu'il proclame. Il le fait si ingénuement que
ce serait cruelle de lui reprocher. Il a souvent pillé les autres et s'est pille
lui-même, mais il dévoile ses larcins avec tant de naïveté et de candeur
qu'on reste désarmé. Combien ont volé comme lui... et ne l'ont pas dit!
(3) Vaste compilation sur laquelle Chappuzeau comptait beaucoup pour
édifier sa fortune. Le titre, qui est un chef-d'œuvre d'annonce à grand fracas,
vaut la peine d'être reproduit en entier : « L'Europe vivante ou Relation nou-
velle historique et politique de tous ses estais, selon la face qu'ils ont sur la
fin de la présente année 1666, représentés en divers tableau r qui en découvrent
'étendue, la qualité, les forces, le commerce, les révolutions,'] a religion, le gou-
vernement, les prétentions et. les intérêts suivis des Portraits et (tes alliances
des Rois et des princes où il est traité de l'Etal de leurs cours, du Génie de
leurspeuples, des universités et bibliothèques célèbres, des Académies d'Éloquence
et des Personnes illustres dans chaque profession avec un recueil des choses
les plus mémorables qui se sont passées dans f 'Europe depuis lo paix générale ;
des Révolutions, des prodiges, des guerres, des attentats, des /rai/es de pair.
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fâche, il m'a fait honneur. Ainsi, lorsque l'on m'accuse d'avoir
fait un vol à feu M. Moreri, on me réduit à la nécessité de décou-
vrir ensemble et son larcin et le mien et d'indiquer les lieux où
nous avons fait nos coups. Mais, quoiqu'il m'ayt devancé dans
l'exécution d'un dessein que j'avais pris, avant luy, et qu'il soit
allé le permier en course, il s'en faut bien, qu'il ayt écumé toutes
les mers, il m'en a laissé plus cle deux tiers et puisque cette sorte
de piraterie est non seulement permise mais qu'elle est aussi très
glorieuse, je me persuadais alors, qu'on me donnerait retraite
avec mon butin dans tous les quartiers du monde où il pourrait
aborder aussi agréablement qu'on l'a donnée à feu M. Moreri,
puisque je serais revenu, si l'on m'avait laissé faire, avec un vais-
seau trois fois plus grand et plus riche que le sien et où il se
serait trouvé incomparablement plus de raretés, que les Princes,
les Curieux, auraient été bien aises de voir. Plusieurs même de
ces Princes et autres Personnes de la première qualité de diverses
endroits de l'Europe m'ont envoyé depuis et m'envoient encore-
dès mémoires de leurs maisons et de leurs Chanceleries et que
feu M. Moreri n'a jamais eu. Joint que dans mon dernier manus-
■crit je ne me restreignois pas, comme il a fait aux seules matières
historiques et géographiques mais que j'embrassais quantité
d'autres bonnes choses et plus de 5000 articles nouveaux, qu'il ne
s'était point avisé de mettre dans son Dictionnaire. Je me conten-
terai de vous donner ici, Monsieur, une preuve de ce que je dis.
Dans ledit dictionnaire de feu M. Moreri, depuis Je mot : Hol-
lande jusque au mot « Hongrie » inclusivement, ce qui ne contient
pas tout à fait deux pages, si j'ai bonne mémoire, il n'y a que six
articles, et, dans mon manuscrit qui est entre vos mains, il y en
â 32 de plus dont il y en a 3 de considérables. Et cela comprend,
quoy qu'assez abrégé non pas deux pages d'impression mais dix
huit. Quelle proportion y a-t-il, Monsieur de 2 à 18 et cle 6 à 32.
Peut-on dire, après toutes ces remarques que je viens de faire,
que j'aye copié M. Moreri et qu'il soit tout entier dans monmanus-
crit. On peut dire de môme de lui, qu'il est tout entier dans Stra-
bon, dans Plutarque, dans Mézeray et dans tous les auteurs anciens
et modernes dont il a fait des extraits. En voilà assez pour cet
article.
des grands desseins, des nouvelles découvertes, des actions solennelles, des
Morts, des naissances, des mariages illustres. Genève. Widerhold. 1666.
Ce premier volume fat suivi en 1669 de l'Europe vivante ou relation
nouvelle, historique et politique de tous ses Etats de 1666 à 1669. » Genève
Widerhold 1669.
Enfin la publication fut complétée en 1671 par : V Allemagne protestante
ou Suite de l'Europe vivante, qui contient la Relation d'un voyage fait en
Allemagne aux mois d'avril, may, juin, juillet et août de Vannée 1669. Genève
Widerhold 1671.
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itittiohtèquo Vous me marquez, Monsieur, en second lieu que parmi les
iiTtoutc4e caniers de mon manuscrit, il se trouve quelques feuilles des
An» main? lettres P et S qui semble d'une autre main. C'est de la mienne
mesme. Si je ne me trompe, et je vous diray de bonne foy, que
feu M. Widerhold me prie de faire quelques articles de ces deux
lettres, pour montrer dans un voyage qu'il fit en 1679 par toute la
France, que l'ouvrage était bien avancé, quoiqu'il y eust encore un
grand hiatus entre la lettre M. et la lettre P. Vous qui estes de
la profession, pouvez aisément juger par là qu'elle était sa vue.
ivctions Vous me parlez en troisième lieu, Monsieur, des corrections
Sw'tomos cIue Je pourrais avoir de deux premiers tomes de feu M. Moreri (1).
ùarcri. 11 est vrai que j'avais fait plusieurs remarques sur les erreurs
que j'avais découvertes mais dans l'injustice que l'on me fit de
me dépouiller de mes manuscrits (2) avec un... de Genève sur
un arrêt du conseil de France et dans le dépit que j'eus de
me voir frustré d'un labeur vie 4 années (3) et des avantages
que j'en pouvais retirer, j'abandonnais généralement tous
mes manuscrits aux sieurs Girin et Rivière, toutes ces corrections
et d'autres papiers qui m'auraient pu servir à l'avenir si j'avais
continué l'ouvrage, bans ces remarques ou corrections (A) il
paraît que feu M. Moreri était moins bon géographe que bon his-
torien, qu'il tombait souvent dans des erreurs grossières et pal-
pables et qu'il ne se montrait pas exact dans les Descriptions géo-
graphiques comme par exemple, si j'ai bonne mémoire, lorsqu'au
mot : « Egypte de la lre édition, il dit qu'elle est à un tel degré
d'élévation, ce qui ne se peut dire que d'un lieu particulier et non
d'un royaume qui comprend plusieurs degrés de latitude ou
parallèles, comme encore en divers endroits, où parlant de l'An-
gleterre il l'appelle une île an lieu que pour parler juste et en
géographe, il fallait mettre nécessairement la Grande Bretagne.
En visitant quelque papier, j'ay trouvé ce brouillon que je vous
envoie, s'il vous peut servir pour une nouvelle édition, .le me
souviens icy que me rencontrant à l'Isle (5) et mangeant avec M. le
(1) Les amis de Moreri, surtout Parayre, commis de M. de Pomponne dont
les enfants avaient eu Moreri comme précepteur, continuèrent le Dictionnaire
sut le même plan et donnèrent en 1081 (Lyon. Girin, Rivière 2, vol.) la seconde
édition entreprise par Moreri, édition qui fut suivie en 1083 d'une troisième
moins correcte que les précédentes
(2) Suivant, la transaction du 2Î5 juillet 1081 entre Girin et Rivière d'une
part et Widerhold, libraire à Genève, d'autre pari (Voyez suprà noir 3 p. 142.]
(3) De la fin de 1010 au début de 1684 .
(4) Si Ghappuzeau avait fait des Remarques ou Corrections au Diction-
naire de Moreri, c'est peut-être qu'il avaitété déjà pressenti en vue d'une édi-
tion corrigée et augmentée ou encore qu'il voulait s'approprier plusieurs ar
ticlcs de Moreri pour sa Bibliothèque universelle.
(5) Lille.
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Maréchal d'Humiére il fit apporter à table le Dictionnaire de
Moreri, et me témoignant d'être fort fâché qu'au mot Creuant
qui est le nom de sa maison il avait eu de si mauvais mémoires,
il commanda dès lors à son secrétaire de m'en donner d'autres
pour un ouvrage de même nature que je commençais à nouveaux
frais et que j'ay fort avancé (1). Je vous en parlerai dans mes
(1) L'ouvrage que commençait alors Chappuzeau (1683) est son <» Nouveau
Dictionnaire historique, géographique, philologique et chronologique, dont
il fit imprimer le titre avec une préface où il rend compte de son dessein à
Cell 1694 et dont un Projet imprimé parut encore en 1697. Chappuzeau y ex-
plique toutes ses vues, marque les différences entre Moreri et son diction-
naire, déclare « qu'on y trouvera » parmi une infinité d'autres matières, ce
qui regarde la situation des peuples, leurs mœurs, leur religion, leur gouver-
nement et ce qui concerne les Maisons Royales et la généalogie des grands
seigneurs. On devait y trouver en particulier avec beaucoup d'étendue tous les
Electeurs, tous les princes et tous les comtes de l'Empire ; leurs alliances, leurs
intérêts, leurs principales actions. Vous y verrez par cet endroit-là continue
Bayle sur le même ton, les pays du Nord et le reste de l'Europe protestante. »
On voit que Chappuzeau embrassait bien des choses. 11 conclut par ces
mots que « tout cela n'a jamais été rassemblé jusqu'à ce jour, en un même
ouvrage et sous un seul alphabet ».
Cet ouvrage « qu'il avait fort avancé — pour lequel les fers étaient pres-
que au feu » en 1686 (voyez ibidem) et qui longtemps après (1694 et 1697)
n'était encore qu'annoncé mais annoncé pompeusement, n'a pas paru. Chap-
puzeau est mort sans avoir pu le donner au public (1701).
Bayle, dont le témoignage est toutefois quelque peu. suspect puisqu'il
avait à redouter la concurrence de Chappuzeau, écrit de Rotterdam le
31 mars 1698 : « 11 n'y a que peu de jours que le Sieur Westein, libraire
d'Amsterdam (c'est le principal des associés pour l'impression du Dictionnaire
de Ch.) me dit qu'il doutait beaucoup qu'on le mît jamais sous la presse.
L'auteur a envoyé une partie considérable de son Dictionnaire au dit Westein
mais on lui demande à voir le tout, avant que de commencer. La précaution
et juste à cause que l'auteur, étant avancé en âge, on peut craindre que, s'il
restait seulement un tome à faire, sa mort ne lui permît pas de l'avancer. »
Chappuzeau ne pouvait pas fournir le tout. En effet, l'ouvrage n'était pas
achevé. Il y travaillait encore en 1699 comme on le voit dans une lettre qu'il
écrit de Cell le 25 juin 1899 à M. Tronchin, professeur en Théologie à Genève
(Cf. Read Bulletin de la Soc. du Prot. français t. 21 p. 273, année 1872), lettre
où il demande de lui envoyer « tous digérés les articles de la ville de Genèye
et de l'Etat, et ceux de Calvin et autres de nos docteurs de ce siècle et du
précédent, ayant laissé des lacunes pour les remplir quand il aura reçu de
bons mémoires ». Dans cette même lettre il insinue qu'on lui reprochait
encore (non sans raison) des ressemblances avec le Dict. de Moreri et nous
apprend qu'il était entré en pourparlers avec Messieurs les libraires de Genève
pour l'impression de son Grand Dictionnaire « auquel il a travaillé pour sa
propre satisfaction et pour apprendre mille belles choses qu'il aurait ignorées,
sans son application à ce travail. »
L'ouvrage ne fut pas mis sous la presse, malgré les espérances de succès
qu'avait conçues Chappuzeau à la vue du grand débit du Dictionnaire de
Bayle et de deux nouvelles éditions de Moreri faites en Hollande avec les
corrections de Le Clerc. Chappuzeau eut le tort de l'avoir fait attendre trop
longtemps et de mourir. Quel était au juste ce Dictionnaire, placé sous le
patronage des Princes protestants de l'Allemagne? La lecture du Projetimprimé
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avis. Pour finir ces articles des corrections que je pourrais faire
encore, si je revoyais les deux volumes, je vous diray, Monsieur,
que m'étant occupé depuis plus de 30 ans et en Hollande et
ailleurs de ces sortes d'ouvrages, à force de travail, je croy y
avoir acquis quelques lumières et en avoir la clef. Pour ce qui
est de l'Allemagne, de la Suisse, des Pays-Bas, de l'Angleterre et
des Royaumes du Nord, il y a deux ans que j'y fis un troisième
voyage exprès dans toutes les cours des Princes où j'eus l'honneur
d'être bien reçu(l) pour m'instruire exactement de l'état présent
des choses et ce fut dans le dessein de produire dans quelque
temps un ouvrage pour lequel les fers sont presque au feu, et
vous m'avouerez, Monsieur, qu'un homme qui a vu plus d'une fois
comme moy toutes les parties de l'Europe, hors l'Espagne, la
Russie et la Turquie, en peut parler avec bien plus de fermeté sur
la foy de ses yeux et les instructions qu'il a prises dans les pays
que ceux qui ne connaissent les mêmes pays que par les yeux
d'autruy et par des Relations qui nè'sont pas toujours bien fidèles.
Joignez qu'il y a près de quarante ans que je fais mon unique
et le savoir-faire bien connu de Chappuzeau qui, mieux que personne, ex-
ploitait ses propres productions comme celles des autres et tirait d'un même
sac beaucoup de moutures, laissent supposer qu'il était une mise en œuvre
de l'Europe vivante et de l'Allemagne protestante, une compilation d'IIoffman
et surtout de Moreri, complété par lui en 1689, une refonte de sa Bibliothèque
universelle. Bibliothèque universelle, Théâtre du Monde, Dictionnaire histo-
rique, géographie, chronologique, philologique, autant d'incarnations succes-
sives de Vischnou! Loin de moi la pensée de rabaisser le mérite réel de
Chappuzeau. Son Dictionnaire était un ample ouvrage qui, à en juger par les
témoignages des contemporains, par le Supplément de Moreri, la lettre à
Spon, la lettre à Tronchin, le plan annexé à la lettre que nous publions, le
Projet imprimé à Cell, contenait une foule de renseignements précieux. Je
me propose au reste de publier prochainement, d'après des documents iné-
dits, une étude plus approfondie sur le grand Dictionnaire de notre Chappu-
zeau.
(1) 1684. Chappuzeau avait fait en Allemagne en 1665 et 1660 deux grands
voyages pour recueillir dans les différents cours de l'Empire, les matériaux
de son Europe vivante et de son Allemagne protestante. Ce pays ne lui était
pas inconnu. Il y était venu pour la première fois en 1650. 11 arrivait de
Hollande, débarqua à Brème et séjourna tout un hiver (1650-1651) à Cassel où
la landgrave Amélie l'employa comme secrétaire. 11 y retourna encore en
1671, en 1672 et en 1674 et finit par s'installer à Cell en 1682. De Genève où
il acheva ses études, où il demeura plusieurs années et on il revint souvent
il parcourut toute la Suisse notamment en 1669. 11 avait eu le loisir de bien
connaître les Pays-Bas puisqu'il fit d'abord en Hollande un long séjour qua-
tre ans à partir de 1647) et qu'il y resta ensuite plus de deux ans (de 1658 à
1661) comme précepteur du Prince d'Orange, le futur roi d'Angleterre, Guil-
laume 111. Ses voyages en Angleterre sont de 16 H et de 1667, En 1671 il va
au Danemark : « Partout il remporte des marques de. la honte des souverain*
et de leurs ministres, et l'ait, des observations dont, à son humble avis, un
curieux qui veuf connaître le monde ou un ministre d'Etat peut tirer quelques
mières ut iles ».
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étude de l'histoire et de la géographie (1) qui ne peuvent marcher
l'une sans l'autre et ayant tâché surtout de connaître à fond tout
co qui se peut savoir de la géographie ancienne et moderne (2).
En quatrième lieu, vous m'avertissez que dans mon travail je cua
prenne garde qu'on suive en France la Religion Romaine (3). Je saura:
sais bien, Monsieur, que je dois considérer que c'est pour pr
M. Thierry que j'écris et non pas pour moi et soyez sûr que je ne reli&rio
tomberai pas dans l'inadvertance de celui qui a écrit le troisième
volume des Relations de J. B. Tavernier (4) où dans l'histoire
de la persécution du Japon, il fait parler un Protestant comme
parlerait un. enfant de Saint Ignace de Loyola. Je say, Monsieur,
parler toutes sortes de langages, réservant mes sentiments in-
petto.
Au reste, si après avoir lu mes avis, vous jugez à propos que Don
je travaille, pour éviter de tomber dans aucune redite des deux . Li
premiers volumes de Moreri, il serait bon que je les eusse devant rao
les yeux et ayant donné ceux quej'avais à Genève quand je vins corr.
(1) Chappuzeau avait pour ces sciences une .véritable prédilection. C'est
l'histoire et la géographie qu'il enseignait au Prince d'Orange ; c'est une his-
toire que la landgrave de Hesse-Cassel, Amélie-Elizabeth le chargea de rédi-
ger, l'histoire de sa régence : c'est la géographie qu'il demanda au Conseil de
Genève, en 1663, d'enseigner en particulier; c'est une chaire d'histoire et de
géographie à l'Académie de Genève qu'il sollicita du même Conseil en octobre
1681. Nombreux sont ses ouvrages d'histoire et de géographie. Outre la
Bibliothèque universelle, l'Europe vivante (2 vol. 1666, 1669) V -Allemagne pro-
testante (1671) je mentionnerai : l'Orbis physicus ou résumé de Géograhphie
générale 1665, la Description de la Hesse 1661, la Relation de l'état présent
de la Bavière 16.73, la Relation sur la Savoie 1673, l'Idée du Monde au intro-
duction méthodique à l'étude de l'histoire et de la géographie 1690.
(2) Remarquons dans tout ce paragraphe l'habileté que déploie Chappuzeau
pour décider le libraire à confier à sa compétence la rédaction du Supplé-
ment de Moreri.
(3) Etait-il besoin de faire pareille recommandation à Chappuzeau qui dans
son Prospectus de la Bibliothèque universelle, Genève (1681) écrit : « Je ne me
montrerai point partial ni en matière de religion, n'y en matière d'Etat dans
un livre qui doit être vu de tant de personnes de diverses nations et de
diverses créances. De toutes les religions, je ne touche que le nom sans me
mêler d'examiner la doctrine. Je n'emploie pas de termes injurieux à l'exemple
de l'Auteur du Dictionnaire (Hoffmann — Sa Bibliothèque universelle devait
tout d'abord n'être qu'une traduction française du Lexicon universale), et
c'est comme la civilité et la bienséance veulent qu'on agisse dans le monde'
en traitant honnêtement les gens, de quelque religion, de quelque nation et
de quelque condition qu'ils puissent être ».
(4) On sait que les deux premiers vol. des Relations du fameux voyageur Ta-
vernier furent rédigés par S. Chappuzeau. Elles parurent en 1676 (Paris. Clou-
zier 2 vol.). Le 3e vol. des autres éditions est l'œuvre du « fade et sec » La
Chapelle, secrétaire du Président de Lamoignon. Chappuzeau avait renoncé
à poursuivre le travail n'ayant pu décider Tavernier à supprimer le jugement
qu'il porte sur la conduite des Hollandais dans les Indes (Voy. Défense de
Chappuzeau contre une satire intitulée : l'Esprit de M. Arnaud, La Haye
1691) et n'ayant pu se résoudre à dire du mal des Hollandais.
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il y a 4 ans en Allemagne (î)vous pourriez, Monsieur, donner
ordre au sieur Konig, fameux libraire de Hambourg qui est tou-
jours bien pourvu de livres français ou à quelque autre de votre
connaissance de Francfort de m'en fournir un exemplaire comme
aussi les trois volumes de Hoffmann d'où il y a encore et particu-
lièrement du troisième de très bonnes choses à tirer pour votre
dessein, lesdits livres ne se trouvant point au lieu où je suis
quoi qu'il y ait 2 ou 3 belles Bibliothèques qui me sont ouvertes.
Pour ce qui est des fautes où Hoffmann tombe quelquefois dans
les matières du temps, aussi bien que feu M. Morery qui a bien
voulu me consulter souvent à Lion (u2) sur son ouvrage, j'espère
de le pouvoir découvrir et d'éviter les écueils où ils ont heurté.
Enfin, Monsieur, pour ce qui regarde les livres ou papiers que
nous aurions à nous faire tenir l'un à l'autre, vous pouvez choisir
des trois voies que vous vous proposez, ou en vous adressant à
Paris, à M. Roger Costar, demeurant, si je ne me trompe, rue des
Péronnelles, près de la Cornemuse, c'est l'Agent de M. le Duc de
Celle. Je lui écrirai — ou par la voie de Metz et de Francfort, adres-
sant vos lettres au dit Francfort à M. Jacob couvreur marchand
banquier, mon correspondant et ami et au dit Konig marchand
libraire à Hambourg ou tel autre qu'il vous plaira m'indiquer et
aussi tôt vostre réponse reçue etvos dernières conclusions prises,
je mettrai la main à l'œuvre et travailleray incessamment.
Avis de Cliappuzeau.
1. Il est bon, Monsieur, de savoir premièrement quel titre
vous voulez donner à votre troisième vol., afin de diriger au
même point les matières que l'on y veut faire entrer. Il faut me
l'envoyer tout au long.
2. L'uniformité du style et du tour qu'il faut donner aux choses
étant principalement à considérer, il serait bon, ce me semble,
qu'il n'y eust qu'une personne qui mist la main à ce troisième
volume, et qui donna la forme aux matières qui se pourront ras-
sembler de divers lieux. D'ailleurs si quatre ou cinq hommes tra-
vaillent séparément au môme volume et loin l'un de l'autre sans
\i) En 1682, il quitta Genève pour s'installer à OH où il resta jusqu'à, sa
mort (1701) (VA', note 1, p. 142).
(2) Ce ne peut pas être à l'époque où Chappuzeau riait correcteur d'im-
primerie à Lyon (1651-1058). En cfl'et Moreri est. né en 1643, C'est (Mitre 1666
on plutôt 1669 et 1673 (Dict. de Moreri). Moreri vint de bonne heure à Lyon
où il publie des œuvres galantes et des pièces eu vers (1666 et L669). 11 y tut
prêtre cinq ans de 1668 à 1673. S'il consulta Chappuzeau, c'est après La publica-
tion de YEurope vivante (1666-1669) et peut-être aussi de ['Allemagne protes-
tante (1671), pendant les années qui précédèrent immédiatement l'apparition
de son fameux Dictionnaire (1673 première édition).
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-se rien communiquer, il arrivera souvent, comme vous le mar-
quez dans votre lettre, qu'ils traiteront les mêmes articles, que
si, selon votre projet ces quatre hommes prenaient chacun leur
département l'un dans la première Antiquité, l'autre dans le
Moyen Age et un troisième dans les choses de notre temps, ou
que se partageant les trois parties du grand continent si l'un
s'attachait à l'Asie, l'autre à l'Afrique et un troisième à l'Europe,
ajoutons un quatrième pour l'Amérique où depuis la domination
des Espagnols il s'est passé bien des choses considérables et où
il a paru des hommes illustres dans les célèbres universités du
Mexique, de Cusco ou de Lima et qui n'a été que légèrement
touché dans les deux premiers volumes, sans parler des nouvelles
découvertes et des colonies, comme de la Caroline par les
Anglais qui se font d'an en an, si, dis-je, chacun de ces quatre
hommes prenaient de la sorte leur département sans entrer dans
^a moisson de son compagnon, il arrivera encore, que pour ranger
les choses selon l'ordre des lettres de l'Alphabet, il faudra prendre
à toute heure, un article de l'un, puis un article de l'autre, et,
ainsi, par cet entrelacement, il sera difficile de juger sur le pied
de l'impression de la quantité du travail de chacun, pour le prix
que vous proposez pour chaque feuille (1). Mais enfin, quand on
pourrait trouver les moyens de remédiera cette difficulté, le plus
grand mal que je voy est comme je dis, le défaut d'uniformité du
style et mesme de la manière concise et méthodique dont les
matières doivent être couchées dans ces sortes de Dictionnaires
où avec le savoir il faut une certaine routine qui ne s'acquiert que
par un long usage et beaucoup de temps (2). Car enfin, s'il ne
s'agissait icy pour moi seul que de 50 ou 60 feuilles de composi-
tion pour joindre au travail des autres personnes que vous
employez, cela ne vaudrait pas la peine de se mettre en besogne
et de faire un étalage de livres et d'ailleurs je ne voudrais
pour si peu de chose rompre le dessein que j'ay formé d'une
nouvelle méthode de Dictionnaire dont je vous envoie le plan et
auquel je travaille depuis 3 ans et pour lequel un riche libraire
de mes amis me veut faire d'honnêtes conditions (3). 11 ne me
reste presque plus que de mettre mon ouvrage au net, car comme
vous me marquez, Monsieur, que vous ne voulez point épargner
(1) Ghappuzeau n'a en vue que la rétribution du travail. La perspective
d'un gain partagé ne lui sourit guère. Thierry fit la sourde oreille. L'abbé de
S'-Ussans et d'autres compilèrent avec lui le Supplément de 1689. (Cf. Mar-
chand. Dicl. 1759. t. II, p. 288).
(2) Sous entendez : « Or, cette routine, je l'ai ».
(3) Hâtez-vous de me désigner, semble-t-il dire à Thierry, ou gare la con-
currence! » On trouvera plus bas le plan de la nouvelle méthode de Diction-
naire. C'est le plan de son Dictionnaire historique et géographique qu'il inti-
tule avec emphase : le Théâtre du Monde.
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l'argent pour avoir un bon ouvrage, je n'épargne pas aussi ma
peine pour limer ce que je fais. Mais s'il s'agit de composer pour
vous un volume entier de 3 à 400 feuilles, je veux bien de bonne
foy désister de mon entreprise en votre faveur par l'estime que
j'ay pour vous sur la réputation que vous vous estes acquise de
faire choix de tout ce qu'il y aura de meilleur et de plus curieux
dans tous mes manuscrits pour votre troisième volume (1).
iistometà ^a suPPOSé, vous pouvez me marquer précisément ce
Thierry son qu'il vous plaist que je touche de toutes les diverses matières
Ph£tredue exposées dans les 3 vol. du projet que je vous envoie
Monde. » croyant que dans le premier qui traite de science et des arts, de
dignités, tant ecclésiastiques que séculières, etc. il y a des choses
très curieuses et très nécessaires à toutes sortes de professions et
qu'elles feront valoir votre troisième volume.
Titre du Dictionnaire du S1 Chappuzeau.
Le (( Théâtre du Monde » divisé en trois tomes.
Le premier contient une introduction nécessaire pour bien
entendre la géographie et l'histoire ancienne et moderne où il est
principalement traité des sciences et des arts (1); des dignités
tant ecclésiastiques que séculières : des Temples, des fêtes et des
jeux publics de l'Antiquité ; des périodes et distinctions de temps,
des Monnaies, des Mesures et des Poids, des Animaux les plus
rares tant de l'air que delà terre et de l'eau; des perles, des
pierres précieuses (2), des métaux, des aromates et autres
richesses de l'Orient et de l'Occident.
Le second, la description géographique, historique et chrono-
logique des Continents, Iles, presqu'îles, Isthmes, Montagnes et
promontoires ; des Mers, golfes, détroits, Lacs et rivières, des
Empires, royaumes, provinces, Républiques, Villes, etc. La situa-
tion, l'étendue, les bornes, la qualité, les Richesses et les Forces
de chaque pays, le Gouvernement, la Religion, le Génie, les
Mœurs et les coutumes des peuples, l'histoire des conciles
généraux et particuliers et autres assemblées ecclésiastiques, et
celle de plusieurs illustres familles de tous les États de la
chrétienté, en parlant des lieux qui ont donné leur nom à ces
conciles et à ces familles (3).
(1) L'offre est alléchante.
(2) Cf. l'Idée du monde ou introduction facile el méthodique à V histoire P/
à la géographie (Cell t. 1,2 et 3, 1690).
(3) Bonne occasion d'utiliser, comme dans ['Europe vivante, son Histoire
des joyaux et des principales richesses de l'Orient et de l'Occident, tirée des
« manuscrits du plus fameux voyageur de notre siècle « (Tavernier dont
Chappuzeau publia les Relations en 1676, 2 vol.) Genève Widerhold, 1668,
(4) N'est-ce pas en partie le programme de ['Europe vivante ^l<n>(; '
DOCUMENTS
153
Le troisième, les Vies des Empereurs, des Rois, des Princes,
des Grands Capitaines : celles des pontifes et patriarches de
l'Eglise judaïque et de l'église chrétienne, des docteurs orthodoxes
des hérésiarques, des auteurs fameux et généralement de toutes
les personnes célèbres et de l'un et de l'autre sexe en toutes sortes
de professions : Avec l'origine et la propagation des Ordres reli-
gieux et Militaires, l'histoire Mythologique des dieux et des
héros de l'antiquité païenne et celle de plusieurs familles consi-
dérables de notre Europe, dont les noms, selon le plan de cet
ouvrage, ne pouvaient entrer dans le tome précédent. Le tout
recueilli des auteurs les plus renommés de l'antiquité et de notre
temps dans l'ordre de l'alphabet et accompagné de l'étymologie de
plusieurs noms et d'Observations curieuses sur les difficultés
tant de la Géographie que de l'histoire et de la Chronologie (1).
4. Déplus, dans mes manuscrits que vous me marquez avoir Nécessité
entre les mains et dont i'ay été mal récompensé, il y a quantité lui de rav0
manuscrits
d'articles curieux et importants qui pourraient entrer dans le dit « Bibiiotw
volume mais qui auraient besoin d'être retouchés et auxquels univers m
j'avais dessein de donner un meilleur tour si j'eusse continué de
travailler pour feu M. Widerholcl, surtout les articles des sciences
et des arts, des dignités et des charges et d'autres encore géogra-
phiques et historiques et il y en a plus de 2000 qui ne sont point
dans les 2 premiers volumes de Moreri. Ainsi si j'avais ces manus-
crits je refondrai toutes ces matières (2) bien mieux que tout
autre à qui elles paraîtront un labyrinthe par mille renvois et
avec les nouvelles que j'ay par devers moy et que je mettrai en
ordre et au net je pourrais dans l'espace d'un an (3) vous fournir
de quoi remplir un juste volume. Les Cahiers que je vous livreray
de temps en temps, comme vous le souhaitez, seront toujours fort
nets, sans donner de peine au compositeur, et je souhaite que
tant que pour l'orthographe que pour la ponctuation, l'ouvrage
sorte de dessous la presse aussi correct que le manuscrit (4).
(1) Ici s'impose un rapprochement avec le Dictionnaire Moreri et le Lexi-
con d'Hoffmann. Voyez aussi plus haut note 1 p. 147, et comparez pour l'en-
semble avec le « Dessein d'un nouveau dictionnaire historique, géographique,
chronologique et philologique, Cell 1694, in-4°).
(2) Voyez supra, note 4, p. 147.
(3) La promesse de fournir le tout dans un délai rapproché ne peut que
flatterie libraire Thierry et le décidera traiter ferme avec l'optimiste Ghappu-
zeau.
(4) Ghappuzeau cherche habilement à rentrer en possession des manuscrits
« dont on l'a injustement dépouillé » — La dernière phrase, qui est d'un
scepticisme mélancolique est à relever. Je ne puis m'empêcher en la lisant
de songer à ce qu'il dit tout à la fin de son Europe vivante (1666) : « La plus-
part de ceux qui sont à la Presse ne savent pas lire, et ne visent qu'à expé-
dier, parce que leurs gains sont petits. De là vient que l'on voit dans une
154
DOCUMENTS
Le il" volume
oit-il former u
ivre à part ?
Chappuzeau
■enouvelle le
m d'être seul
i diriger les
matières.
5. Enfin, il faut savoir si ledit troisième volume doit être un
Alphabet nouveau (1), d'Articles tout nouveaux et s'il ne sera plus
parlez d'aucun de ceux qui composent les deux premiers volumes.
Pour mieux m'expliquer, supposez qu'il eût été oublié quelque
chose de considérable, soit pour l'histoire, soit pour la géogra-
phie dans un article des dits deux premiers volumes ou qu'on
eust passé légèrement par dessus ou enfin qu'on pust discourir
quelque chose de curieux pour ajouter, je désire savoir si dans
le 3e volume vous souhaitez qu'on recouche de nouveaule même
article.
6. Ces choses ayant été par vous et par vos amis mûrement
examinées, vous me ferez savoir, Monsieur, par voie sûre et sans
perdre de temps, si vous trouvez à propos que je sois le seul je
ne dis pas à recueillir mais à diriger les matières età quel nombre
de feuilles, plus ou moins, vous voulez que monte le troisième
volume. En attendant votre réponse, je demeure, Monsieur, votre
fidèle serviteur.
Chappuzeau.
L'édition, projetée par le libraire Thierry parut en
1689, trois ans après la lettre que nous publions. Dans
l'intervalle, la seconde moitié des Privilèges accordés à
Girin et Rivière avait été, par une Sentence de la Con-
servation de Lyon (8 février 1687) adjugée à Thierry,
déjà possesseur d'une moitié, et acquéreur de Tond de
librairie de ses deux insolvables confrères. Le 30 juin
1688, un arrêt du conseil du Roi confirma Thierry dans
ses droits de propriété et suivant cet arrêt, droit exclusif
lui fut donné d'imprimer, débiter et vendre le Diction-
naire de Moreri. La nouvelle édition comprenait sous un
nouveau titre un 3e volume ou Supplément. Selon Pros-
per Marchand (p. 288, tome II de son Dictionnaire, La
Haye 1759) ce suplément avoit été « compilé par Samuel
Chappuzeau » et par d'autres. Selon l'auteur de la Préface
de l'édition de Moreri (1699) « ce volume de Supplément
impression tant de choses qui choquent la vue, tant de lettres usées, tant de
lettres tombées, tant de lettres renversées, tant de lettres transposées et en un
mot tant de fautes qui sont autant de coups de poignard à un Aulheur ».
(1) Voyez Moreri (préface de l'édition de 1690) : « Les Hollandais ont été les
premiers qui ont distribué et mis en place dans les 2 premiers vol. de More-
ry, les articles du Supplément, imprimé à part. »
DOCUMENTS
155
avait été composé sur les Mémoires de diverses personnes
savantes et principalement sur ceux de M. Chapuzeau. »
C'est, ajoute cet auteur, un témoignage que lui devaient
du moins les Compiateurs, après avoir tiré mot pour
mot de ses manuscrits les articles les plus remplis d'éru-
dition ». Ainsi, d'après cette dernière opinion, Chappuzeau
n'aurait pas été chargé de compiler le Supplément et on
aurait utilisé sans vergogne ses manuscrits. Comme Mar-
chand désigne de son côté Chappuzeau comme un des
compilateurs, on hésite à se prononcer. Disons toutefois que
Chappuzeau ne souleva en 1689 ni dans la suite aucune
protestation, ce qui semble indiquer qu'une entente s'était
établie entre Thierry et lui (1). 11 faudrait mettre la main
sur la réponse de Thierry à la lettre qu'on vient de lire :
la question serait tranchée. En tout cas, le mérite de
Chappuzeau n'en a pas moins été proclamé et bien légi-
time est la part qui lui revient dans le juste succès du
Dictionnaire de More ri (1689).
II. Les Frayeurs de Crispin par le sieur C...
1682, in-12 Leyde. Féiix Lopez.
Cette comédie en un acte se trouve sous le nom de
Chappuzeau dans le catalogue de la Bibliothèque royale de
Berlin. Elle est aussi à Wolfenbûttel avec les mots « par
Crosnier, autrefois attribuée à Samuel Chappuzeau ». Quel
en est l'auteur?
Crosnier, dont la vie est tout à fait ignorée, n'est
connu, disent presque tous les bibliographes du théâtre,
que par une Comédie en un acte, en vers libres, mêlée
de danses et de musique ; « ï Ombre de son Rival. La Haye,
Gérard Rammazein » datée, selon les uns de 1681, selon
les autres de 1683 L'édition qui est à la bibliothèque de
(1) 11 faut pourtant rappeler que la même année (1689) Chappuzeau publiait
à Genève pour le compte de l'héritier Widerhold, une traduction française
avec additions et corrections du Lexicon universale d'Hoffmann, modifié par lui
Or, cet ouvrage offre beaucoup d'analogie avec le Supplément de l'édition de
Moreri. L'habile Samuel aurait-il touché des deux mains et exploité deux fois
la même veine? C'est fort possible.
156
DOCUMENTS
l'Arsenal porte la date 1683 et offre une épître clédicatoire
signée Crosnier, épître où l'auteur nous apprend que « c'est
la première comédie qui soit partie de sa plume ». Dans
le catalogue de la Vallière par Nyon (p. 445 et 446) deux
autres pièces sont mises sous le nom du même Crosnier :
1° les Bagolins. Comédie en un acte en vers par le
sieur C. Amsterdam. Henri Sehelte 1705. 2° Germanicus,
Leyde, Lopez s. d. in-12. Or, les Bagolins offrent une
ressemblance frappante avec l'Ombre de son Rival. Même
intrigue, même dénouement, des vers identiques. Quant
au « Germanicus » dont la dédicace porte la signature :
<( Crosnier », c'est tout simplement le Germanicus de
Boursaut (1673) reproduit mot pour mot. Reste donc au
compte de l'impudent Crosnier — et encore y a-t-il lieu
d'émettre un cloute légitime — la seule « Ombre de son
Rival », pièce en dessous du médiocre. Cette pièce, aussi
négligée que les Bagolins, au point de vue typographique,
serait, jsuivant Brunei et Barbier, le prototype des Frayeurs
de Crispin. Leyde F. Lopez 1682 « simple réimpression
de V Ombre de son Rival.
Or, à moins d'admettre que l'édition de Y Ombre de
son Rival 1683 ne soit pas l'édition princeps, ce qui est
fort peu probable, ce sont au contraire les Frayeurs de
Crispin qui ont précédé Y Ombre de son Rival. Comme
Y Ombre de son Rival est la première comédie de Crosnier
on est forcé de conclure que les Frayeurs de Crispin sont
parties d'une autre main. Il suffit en outre de confronter
et de lire les deux pièces pour voir qu'elles n'offrent entre
elles aucune ressemblance et que la comédie : « les
Frayeurs de Crispin » est aussi vive et aussi amusante que
l'autre l'est peu.
Est-ce une raison pour l'attribuer à Samuel Chappu-
zeau? Peut-être. L'estimable facilité de Chappuzeau qui
n'a point donné au théâtre moins de huil pièces, non
dépourvues de mérite ; l'éloge de son Paris, qui esl au
début; les nombreuses imitations coutumières de Corneille
et de Quinault; un passage relatif à l'Hôtel de Bourgogne,
où quelques-unes de ses comédies furent représentées non
DO r,U M ENÏS
157
sans succès; le soin matériel apporté à l'édition imprimée
en caractères elzéviriens (Cf. Daman et Pythias. Amster-
dam, Ravenstein 1657. Armetzar, Leyde, Elzéyier 1658 et
aussi Colloques d'Erasme, Leyde, À. Vingart 1653. jolie
édition de Chappuzeau qui s'annexe aux Elzéviers) peu-
vent sembler des motifs suffisants pour ne pas lui en
dénier la paternité. J'ajoute qu'à cette époque (1682) la
comédie en un acte avait un regain de faveur et que
Chappuzeau, qui était toujours à l'affût des occasions, a
du tout naturellement songer à exploiter la mode comme
il l'avait déjà exploitée vingt ans auparavant, avec le Colin
Maillard, comédie facétieuse en un acte, représentée à
l'Hôtel de Bourgogne (1662).
J. Caullery,
Professeur de Lettres,
Mélanges
LA CONFESSION DES PÉCHÉS DE LA LITURGIE
des Églises réformées de France
insérée dans un livre de piété catholique
S'il y a un document authentique de la piété calviniste
c'est bien la Confession des péchés qui ouvre chaque
exercice du culte public, et dont on attribuait jusqu'ici
l'origine à une prière improvisée par Théodore de Bèze
au Colloque de Poissy. On sait aujourd'hui, grâce aux
travaux de M. Erichson, qu'il faut y voir une adaptation
du formulaire introduit dans l'Eglise de Strasbourg par
le réformateur Bucer : traduction ou paraphrase de la
main de Calvin lui-même qui y a mis l'empreinte person-
nelle de son style et de ses idées et y a accentué notam-
ment la doctrine réformée de la pénitence.
Notre étonnement fut grand lorsque le hasard nous
amena récemment à feuilleter un petit recueil de prières
catholique (1), publié pour la première fois en 1587 avec
l'approbation de deux docteurs de Sorbonne et réimprimé
depuis en 1601 et en 1615 à Paris, avec la même appro-
(1) Thésaurus pvecum ex varii? sanctorum patrum scriplis in communes
locos digeslus unde chvistiano facile est expromere cujusvis à Deo auxilii
rogationem. Parisiis, apud Abel l'Angelier, in prima columnâ aulae Palatii
J 601 , in-12 600 p., plus 2 feuillets non numérotés, pour l'index et l'approba-
tion des docteurs. — Une réimpression (Parisiis apud Eustachiuin Foucault,
via lacobaea sub signo Coclœe, 1615), reproduit exactement le texte de 1601
et jusqu'aux erreurs de paginations telles que : p. 265 à 268 notées deux fois,
p. 241 à 24't omises, le texte n'ayant du reste pas de lacune. Je me fais un
plaisir d'offrir mon exemplaire de cette dernière édition à la bibliothèque.
Malgré des recherches très actives je n'ai pu voir la première édition qui.
d'après la date de l'approbation des docteurs J. Prévost et Nie. Roguenaui.
donnée le 4 février 1587, devrait être de cette année-là. Ou faudrait-il suppo-
ser que, les troubles delà Ligue aidant, le manuscrit n'a trouve d'éditeur que
quatorze ans plus tard? Le désarroi où sont actuellement les grandes biblio-
thèques théologiques des couvents et des séminaires n'est guère propice ;i
ces sortes de recherches bibliographiques. Mais je me permets d'en signaler
l'intérêt à ceux de nos lecteurs qui seraient eu mesure de s'en occuper.
MÉLANGES
159
bation. Eu têle du volume, après la préface, et bien en
évidence on trouve tout d'abord comme une prière recom-
mandée « pour tous les temps » notre Confession des
péchés traduite dans un latin auquel on ne peut repro-
cher qu'une exactitude trop littérale, ainsi qu'on en jugera
en rapprochant le texte français dont la vigoureuse
sobriété apparaît d'autant mieux par cette comparaison :
Confessio peccatoris ad Deum
omni tempore faciunda.
Do.MiNEDeus œterne pateretom-
nipotens, confiteor corani sacro-
sancta inaiestate tua, et agnosco
ingénue me esse miserum peccato-
rem, conceptum ac natum in
corruptelâ et iniquitate, propen-
sum ad scélérate agendum, ad
recte quicquam effieiendum pror-
sus ineptum : atque me vitio meo et
culpa legem tuam sanctam ac
mandata violare, nec unquam desi-
uere ab hoc tam perverso more
profiteor, unde interitum et exi-
tium œquissimo tuo judicioaccer-
sivi. Ego tamen Domine condolesco
et jjegrê fero ita graviter te à me
fuisse offensum ac damno lïieip-
sum ac vitium meum, idque vera
resipiscentia facio, et simul opto,
ut gratia tua mea; calamitati suc-
currat. Itaque Deus et Pater cle-
mentissime, ac omni misericordia
praestantissime, mei jam misereri
digneris,nomine(l) JesuChristiFili
tui Domini mei, et deletis omni-
bus inquinamentis et sordibus
meis,largire mihietauge quotidie
sancti Spiritûs tui dona, utserio et
exanimo scelera quibus totus sca-
teo agnoscens, tangar eo doloris
sensu, qui synceram in me pœni-
tentiam pariât, quœquidem ab
omnibus peccatis me abstrahens,
fructus justiciœ et integritatis pro-
férât tibi suaves et gratos, Per eum-
Confession
Sekineuk Dieu, Père éternel et
tout-puissant, nous confessons et
recognoissons sans feintise devant
ta saincte Majesté, que nous som-
mes pauvres pécheurs, conceus et
nais en iniquité et corruption, en-
clins à mal faire, inutiles à tout[bieny
et que de nostre vice nous trans-
gressons sans fin et sans cesse tes
saincts commandemens : en quoi
faisant nous acquérons par ton
juste jugement ruine et perdition
sur nous. Toutesfois, Seigneur,,
nous avons desplaisir en nous
mesme de t'avoir tant offensé, et
condamnons, nous et nos vices,
avec vraye repentance,"désirans
que ta grâce subvienne à nostre
calamité.
Veuille doneques avoir pitié de
nous, Dieu et père très bénin et
plein de miséricorde, au nom de
ton fils Jésus Chris t notre Seigneur :
et en effaçant nos vices et macules,
eslargi nous et augmente de jour
en jour les grâces de ton Saint-
Esprit afin que recognoissans de.
tout nostre cœuv nostre injustice
nous soyons touchez de desplaisir
qui engendre droite pénitence :
laquelle nous mortifiant a tons
péchez, produise fruitz de justice
et innocence qui te soient agréa-
bles, par iceluy Jésus Christ nostre-
Seigneur. Amen.
dem Christum Dominum nostrum.
A men.
^1) Ed. de 1615 : domine, faute d'impression et non-sens.
160
MÉLANGES
L'auteur, ou plutôt le compilateur du Thésaurus n'a
pas jugé à propos de faire connaître son nom, qui a
échappé à la sagacité des bibliographes. Dans son épître
au lecteur il indique le but qu'il s'est proposé en réunis-
sant comme en un « promptuaire » des formules de
prières, des effusions pieuses empruntées principalement
aux Pères de l'Eglise, et à quelques auteurs ascétiques
plus récents tels qu'Érasme, Louis Vivès, Jean de Roches-
ter, etc. Il a cherché surtout l'édification et a voulu évi-
demment atteindre une catégorie particulière de lecteurs
plus préoccupés de vie spirituelle que de dévotions popu-
laires. C'est aux lettrés qu'il s'adresse, et l'on discerne
le choix d'un humaniste chrétien cherchant à répondre
aux besoins religieux des hommes de son temps et
de sa culture. C'est, en un mot l'eucologe d'un étudiant
pieux et instruit — pietas literàta comme on disait au
xvif; siècle — attaché à la tradi tion catholique et gallicane
dans ce qu'elle a de plus sain et ayant subi l'influence
rénovatrice de la Réforme sans abandonner l'antique édi-
fice des Pères (I) .
Comment et pourquoi l'auteur incontestablement
catholique du Thésaurus a-t-il fait une place d'honneur à
la confession des péchés de la liturgie huguenote?
Serait-ce clans le but d'attirer à l'Eglise romaine des
Protestants en parlant leur langage, comme ces mission-
naires de Louis XIV qui « alléguaient force textes de la
Bible française en leurs sermons » pour se donner accès
auprès des âmes simples? Cela paraît peu probable,
d'après l'ensemble du livre qui exclut toute idée de pro-
sélytisme et de polémique ecclésiastique.
Il s'agirait beaucoup plutôt, croyons-nous, d'une
réelle infiltration protestante dans la piété catholique
française, non pas clans la théologie, dans la doctrine, ou
(1) On comparera d;ms le même ordre d'idées un petit manuel religieux
rédigé par Pierre Pithoii, et imprimé en 1684 par son arrière petit-fils Claude
Le Peletier pour ses enfants, sous ce titre Pétri Pithoei cornes theologus sire
spicilegium ex sacra messe, 244 p, in-12. Il est surtout composé de citations
bibliques et est encore plus indépendant, de la forme romaine que notre
Thésaurus.
MÉLANGES
161
dans les rites, dont l'opposition sera de plus en plus
radicale à mesure que les confessions de foi et les défi-
nitions dogmatiques s'affirmeront les unes en face des
autres, hostiles et irréductibles, mais par un christia-
nisme sincère et de « droite pénitence », tel que notre
Confession des péchés le représente en peu de mots et tel
que le réalisait dans la vie de chaque jour tout un peu-
ple de réformés, illustres ou obscurs. Le Protestantisme
a été surtout une réaction contre l'idolâtrie du vulgaire
•et contre le paganisme renaissant dans les classes supé-
rieures. Moins radicale dans son principe, mais presque
aussi absolue dans ses effets a été la protestation jan-
séniste, au siècle suivant, et sa parenté avec le calvinisme
— ce frère injustement renié, — n'est plus guère con-
testée de nos jours. Le T/tesaurus precum n'est pas un
livre janséniste puisqu'il n'y avait pas encore de jansé-
nistes en 1587. Mais il aurait été infailliblement considéré
comme tel un siècle plus tard, si d'autres manuels plus
^n vogue ne l'avaient, comme il est probable, fait oublier.
Il suffit de parcourir ce petit volume aux pages 273 :
Antesacramsynaxim, 412: Contra lyrannidem... mthanae
434 : Sub cruce et afflictione, 468 : pro pace ecclesiae,
493: Pro felici ex hoc vita discessu, 582 : Ad sanctos cum
Christo viveiïtes, pour en reconnaître l'esprit. On s'étonne
de ne pas lire son titre sur les listes de Y Index librorum
prohibitorum.
On aime à penser que ces méditations et ces prières
animées d'un souffle chrétien très pur et précédées d'un
texte liturgique vénérable et familier, ont consolé et
édifié plus d'un de ces « Nouveaux Convertis » que des
circonstances impérieuses avaient remis sous le joug de
Rome, et qui avaient dû abjurer, des lèvres plus que du
cœur, les principes professés dans leur enfance (1) Ne
(1) Beaucoup de huguenots convertis de gré ou de force sont devenus des
catholiques sincères. Le nombre de ceux qui ont occupé un rang élevé dans
l'Etat ou dans l'Eglise est important, comme on peut le voir par exemple en
lisant les biographies réunies par Perrault sous ce titre : Les hommes illustres
qui ont paru en France pendant ce siècle, Paris 1696, 2 vol. in-f°. A côté des
renégats vulgaires comme Pellisson, qui cherchèrent à se faire pardonner
11
162 MÉLANGES
serait-ce pas de ce côté qu'il faudrait chercher la solu-
tion de ce petit problème de bibliographie historique et
religieuse?
H. DaiNnreuther.
LE PROTESTANTISME
DANS LE POITOU, L'AUNIS ET LA SAINTONGE
AU MILIEU DU XVIIIe SIÈCLE
La Revue de Sainlonge et d'Aunis, dans sa livraison
du mois d'août 1908 a publié, sous le titre de Mémoire
sur les Religionnaires , Etat actuel des Religionnaires , un
<( Extrait des Mémoires instructifs sur la défense des
frontières maritimes du Poitou, de l'Aunis de la
Saintonge et des îles adjacentes, présentés au Roi par
M. , commandant en chef pour Sa Majesté dans
ces provinces, année 1746, 1747 et 1748 ». D'après une
note de la Rédaction, ce mémoire aurait été copié à la
bibliothèque de Rouen par M. Léon Massiou et extrait
d'un manuscrit accompagné d'une « carte générale de la
direction des fortifications du pays d'Aunis qui comprend
les isles de Poitou, Aunis, Saintonge, Médoc, Guyenne
et isles adjacentes, représentée de basse mer de
maline. »
Nous reproduisons la première partie de ce mémoire
(jui donne d'intéressants renseignements sur l'état du
Protestantisme dans cette région de la France soixante
ans après la Révocation. Le reste du mémoire renferme
leurs origines il y eut aussi des caractères nobles et des âmes fidèles qui
n'abandonnèrent pas, en quittant la Réforme, les habitudes de penser et de
croire qui avaient forme leur caractère religieux et moral. Le chartreux
Noël-Bonaventure d'Argonne écrit dans ses Mélanges d'histoire cl de littéra-
ture publiés sous le pseudonyme de Vigneul-Mar ville (Rotterdam 1700,
p. Ml) : « Nous avons dans l'Église Romaine plusieurs grands hommes de
ce siècle, qui sont sortis d'entre les protestants : M. Le cardinal du Perron,
M. de Sponde, M. Holstein, M. Cotelier', et le Père Morin, de l'Oratoire... »
MÉLANGES 163
des conseils qu'on devine ou connaît sur les moyens
d'amener ces hérétiques à composition.
N. W.
On estime qu'il y a, dans le Poitou, 40 000 religionnaires,
6 000 en Aunis, 4 000 à la Rochelle, 30 000 en Saintonge, 5000 dans
l'île de Ré et 5 000 dans l'île d'Oléron, le tout compose environ
90000 hommes dont la moitié est armée.
Pradon, Bessay, Olivier et quelques autres prédicans venant
même des pays étrangers parcourent alternativement ces pro-
vinces et tiennent de fréquentes et nombreuses assemblées où ils
prêchent, marient et batisent. Ils ont des émissaires nommés pour
indiquer les jours et les lieux où elles devront se tenir, ainsi que
des collecteurs pour recevoir les rétributions qu'on leur donne,
dont la répartition se fait par rolîe proportionnellement aux
facultés de chaque religionnaire, ce qui leur produit plus de
60 000 livres qui sortent tous les ans de ces provinces. Il y a des
particuliers qui font les fonctions de prédicans en leur absence,
en sorte que ces sectaires sont continuellement instruits et con-
firmés dans leur erreur.
Les religionnaires refusent hautement de présenter leurs en-
fants à l'église pour être baptizés : le peuple se marie sans aucune
forme de justice ny de cérémonie de l'églize, par de simples con-
ventions qu'ilsappellent udouage que les prédicans confirment aux
assemblées,
Les notables et les plus riches particuliers élisent des domi-
ciles momentanés dans chaque ville et notamment à Paris et à
Bordeaux, surprennent des certificats de confession pour être
mariés par un prêtre qu'ils séduisent ou par des ministres et
reviennent aussitôt chez eux, professant publiquement la religion
prétendue réformée.
Les enfants des peuples de la campagne ne vont plus aux
écoles de chaque paroisse pour y être instruits; ceux des villes et
principalement des plus riches habitans restent dans leur maison
paternelle pour y être élevés seulement dans leur secte.
Les habitants de la campagne ne se cachent plus de la sépul-
ture de leurs morts qu'ils enterrent en plein jour et souvent avec
de nombreuses assemblées de parents qui accompagnent le
corps.
Ceux de la ville n'avertissent jamais de la maladie, ni de la
mort de quelqu'un de leur famille ; ils les transportent publique-
ment pendant la nuit à leurs campagnes pour les enterrer dans
les jardins et autres lieux destinés à leurs sépultures.
Tous ces abus qui contreviennent aux ordonnances du roy
164
MÉLANGES
augmentent journellement le nombre des religionnaires. Le peu-
ple adoptant volontiers cette hérésie par un esprit d'indépendance
et de libertinage, les plus éclairés la soutiennent par amour-
propre ou par opiniâtreté; les uns et les autres ne respirent éga-
lement que la liberté.
Ce party forme, dans ces provinces, un corps séparé de senti-
ment de l'Église autant que de l'interest de l'État.
Il y a peu de noblesse religionnaire et l'on pense qu'elle peut
être retenue par son devoir, mais leurs enfants n'étant pas ins-
truits dans la religion catholique, leur postérité se soutient dans
l'erreur.
Les plus riches négociants dissimulent et se conduisent avec
circonspection, moins comme citoyens et sujets fidèles au roy,que
par la crainte de perdre les avantages actuels de leurs commerces.
Ils conservent leurs richesses en effets dont ils puissent disposer
atout événement: leurs enfants sont instruits et confirmés publi-
quement dans l'erreur qu'ils perpétuent à leur postérité.
Les sentiments du peuple se manifestent aussitôt qu'il arrive
quelque succès sur mer aux ennemis et l'on voit éclater leur
satisfaction par l'espoir d'en être protégés : alors ils agissent
ouvertement, insultent les catholiques, déclament contre leurs
dogmes et les cérémonies de l'Église, injurient les prêtres et les
menacent. Ils s'assemblent publiquement avec leurs armes et les
assemblées sont annoncées dans tout le corps de religionnaires
par des émissaires. Les peuples des différentes provinces, des
isles et des villes même s'y rendent en grand nombre. Les plus
riches particuliers et notamment les fermiers s'empressent à
donner retraite aux prédicans : ils rétablissent l'ordre dans les
assemblées et commandent une garde pour leur seureté.
Telle est la situation et l'esprit républicain de ce parti religion-
naire qui exige autant d'attention pour les contenir pendant la
guerre que de précautions pour s'opposer aux entreprises de
l'ennemy....
MÉLANGES
165
AVANT ET APRÈS LA RÉVOCATION
DE L'ÉOIT DE NANTES
Chronique des événements relatifs au Protestantisme
de 1682 à 1687 (1)
A Paris, le 1 9e janvier 1686.
... L'on parle d'une ligue entre les couronnes du Nord et les
princes protestans d'Allemagne pour la conservation de leur reli-
gion.
Depuis l'accommodement de la ville d'Amsterdam avec le
prince d'Orange Van Beuninghue (sic) ne s'y tient pas en seûreté-
On croid qu'il se va établir ailleurs.
Les Estats Généraux prétendent avoir cette campagne 40.000'
hommes, tant cavalerie qu'infanterie et 60 vaisseaux de guerre.
Ils ont fait prier Mr d'Avaux, de ne point faire dire la messe la
nuit de Noël, crainte d'émotion, parce qu'ils ne seroient pas les
maistres de la populace pendant la nuit, à quoy il a donné les
mains pour ne point commettre le respect qu'il est dû à S. M.
Le Roy d'Angleterre fait aussi un armement considérable. On
dit qu'il va faire publier deux Déclarations. La première pour faire
sçavoir que le Roy son frère est mort dans la communion de
l'Eglise Romaine, et l'autre pour faire sçavoir qu'il ne peut plus
recevoir le serment du Test, cela estant contraire à la Religion
qu'il embrasse.
L'Archevesque de Cantorbery a suspendu ab officio et bénéficie*
l'Evesque de Londres pour avoir reçu à sa communion les Protes-
tants de France qui sonteontraires aux dogmes de l'Eglise (Fol. 102).
L'on a commencé à Rouen à mettre dans des convents les hom-
mes et les femmes qui restent de la Religion. Mr de Basoche,,
autrefois conseiller au Parlement de la mesme ville, a esté r'en-
fermé dans les Carmes.
L'on parle d'une Déclaration qui condamnera les hommes qui
resteront de la Religion aux Galères, et les femmes à estre Ren-
fermées pour toute leur vie. Il n'y avoit plus la semaine passée
que 97 familles dans Paris de la Religion, qui ne faisoient pas plus
de 7 à 800 personnes. L'on prétend qu'il en couste clesjà au
Roy plus de 14 millions, ce qui est cause que le Roy a retranché
quantité d'autres dépenses, mesmes sur ses bâtiments.
(1) Voy. Bull. 1908, p. 551-562.
166
MÉLANGES
Le Roy a établi un nouveau conseil pour les affaires de la
Religion, composé de Mr le Chancelier, del'Archevesque de Paris,
du marquis de Signelay, de Mr Pussort, et du père de la Chaise.
Du Héron, conseiller et fils du conseiller de parlement de
Rouen, voyageant en Allemagne a fait la campagne d'Hongrie. En
s'en retournant il prit querelle avec un des principaux officiers,
qui parloit mal des princes, et particulièrement du Roy: ce que
du Héron ne pouvant souffrir, il luy répondit avec grande vigueur.
Ils s'écartèrent et se battirent ensuite à coups de pistolets. Du
Héron fut manqué; mais il n'en fit pas de mesmes; car il cassa
le bras à cet officier. Le Roy a approuvé l'action et l'a mis sous sa
protection.
L'Ambasadeur de Hollande est allé faire un tour en son pays
pour ses affaires particulières.
Le comte de Locowits a eû audience particulière du Roy, qui
fit mesme attendre S. M. Il s'est plaint des infraclions faites au
traité de Munster et particulièrement à l'égard des villes d'Alsace
où les Magistrats protestans ont estés changez. Il semble que
l'Empereur et la maison d'Austriche veuillent prendre les Reli-
gionnaires en leur protection (Fol. 102 v°).
A Paris, le 23 Janvier 1686.
...Le Pape esttoujours invisible; il n'apointparuau Consistoire
des festes de Noël. Il n'y avoit que 9 cardinaux et fort peu de pré-
lats. Le cardinal Ludovisio, doyen du Sacré Collège luy ayant
voulu souhaiter les bonnes festes, il luy ferma luy-mesme la porte
avec les verouils. S. S. a envoie la tarte bénite au cardinal d'Es-
trées qui officia le jour de S1 Estienne. S. S. signe présentement
toutes les expéditions.
. . . L'on n'a point de nouvelles de la prorogation du Parlement
d'Angleterre .
Plusieurs de nos Religionaires réfugiez en Angleterre et
en Hollande s'en reviennent, n'ayant pas trouvé les choses comme
ils se festoient imaginé. Ils sont à la charge de l'Estat et ceux de
leur vacation (sic) ne les peuvent souffrir, parce qu'ils leur oslenl
le pain de la main. Il y a mesme des ministres qui veulent
revenir.
Les nouveaux Convertis des Sevennes et du Vivarez se sont
assemblez à Noël sur les ruiues de leurs temples pour y faire
leurs prières. Le marquis de Bouflers et l'Intendant sont allez sur
les lieux afin d'informer et de les faire arrêter.
Le Roy donne pension à tous les officiers de guerre qui se
sonl faits catholiques: 600 livres aux colonels OU mestres de
camp, 400 livres aux capitaines de cavalerie, L200 livres aux lieute-
nants, 100 livres aux cornettes, 75 livres aux maréchaux de logis,
MÉLANGES
167
et 33 livres à chaque cavalier, 300 livres aux capitaines d'infante-
rie, 150 livres aux lieutenants, aux enseignes 75 livres, aux ser-
gents, 40 livres et aux soldats 20 livres. (Fol. 101.)
...La raison pour laquelle le Roy demanda à l'ambassadeur de
Hollande à sa dernière audience le sujet cle l'armement que vou-
loient faire les E. G. {Etals Généraux) c'est parce que cet ambas-
sadeur supplia le Roy de la part de ses maistres de luy dire pour-
quoy il envoïoit des troupes sur la Saare et dans l'Alsace ; à quoi
il répondit que c'estoit la coutume d'en user ainsi tous les ans
pour ne pas laisser tousjours les troupes dans les provinces et dans
l'oisiveté.
L'on doit faire vendredy le service solennel pour le feu Chan-
celier (1). L'on a fait de grands préparatifs. Tous les bancs de
l'église S* Gervais sa paroisse sont ostez. L'Autel est présente-
ment sous le crucifix. L'Evêque de Troye y officiera, et celuy
de Meauxyfera l'Oraison funèbre (2). Les Dames y seront placées
dans le chœur, et les cours souveraines n'iront point en corps,
n'ayant pu avoir un prince du sang pour conduire le deuil, mais
chacun ira comme amy de la maison.
Cardet, qui est à Vincennes à commencé à parler, mais ce
qu'il a dit est tenu fort secret. (Fol. 101 v°).
A Pains, le 26 Janvier 1686.
... Dans une des dernières assemblées qui se tiennent tous les
jeudis chez la Reine de Suéde, où plusieurs sçavans de Rome
s'assemblent, il fut mis sur le tapis sçavoir si le Roy très-chré-
tien avoit bien fait de révoqner l'Edit de Nantes et d'obliger tous
les Protestans françois de se faire catholiques. La question ay nt
esté long-temps agitée, un Jésuite prit la parole et par un discours
judicieux, il fit voir que le Roy, comme chrétien et bon politique
avoit bien fait, et le prouva par l'écriture, par Tauthorité des
Pères par aussy l'exemple des Constantins, Théodose et autres
Rois, et finit son discours par un éloge du Roy. La Reine, après
avoir résumé toutes les opinions de ceux qui avoient parlé, fut
d'un sentiment contraire, et témoigna par des paroles peu dignes
d'une Reine l'aversion qu'elle avoit pour le Roy et pour les Fran-
(1) Le Tellier, signataire de la Révocation ; voir plus haut, p. 30, note 1, au
24 octobre 1685.
(2) 11 faut rappeler ici l'appréciation du marquis de Sourches sur cette
oraison funèbre qui marque une sorte de déception des contemporains :
« ...Monsieur l'évêque de Meaux prononça à Paris, dans l'église de Saint- Ger-
vais, l'oraison funèbre de feu M. le Chancelier Le Tellier, duquel il avoit
été ami particulier; mais, quoique cette pièce d'éloquence fût assez belle, le
public ne trouva pas qu'elle répondit à l'ancienne réputation de ce prélat. »
(1, p. 358.)
168
MÉLANGES
çois. La compagnie se relira fort scandalisée de son discours et des
termes dont elle avoit usé.
Le chevalier Trumbal a fait office icy de la part du Roy d'Angle-
terre pour le prince d'Orange, afin qu'on lui restitue sa principauté
avec les mesmes droits et dans l'état qu'elle estoit avant qu'elle
fut saisie; ce qui ne peut avoir aucun effet, tant parce que ce
seroitune retraite pour tous les Religionnaires et mécontents, que
parce que cette principauté est disputée par la maison de Longue-
ville, véritables héritiers des princes d'Orange de la maison de
Châlons, dont l'instance est pendante au Grand Conseil.
Le Roy d'Angleterre a remis son voyage à un autre temps. Iî
n'a plus aucuns domestiques protestans, les ayant obligé de se
deft'aire de leurs charges. Il a mis des catholiques en leur place.
... On tient que si le Roy le juge à propos qu'il fera entrer
des troupes dans Londres. La Reine a esté un peu indisposée.
Les Ambassadeurs de Venise ne sont pas satisfaits des hon-
neurs qu'on leur a rendus à cette cour. Us en demandent qu'on ne
veut pas leur accorder (Fol. 103).
Lundy dernier 21 de ce mois, Castelman est party de Londres
pour son ambassade de Rome (1).I1 s'est embarqué dans un yack
pour mettre pied à terre à Dieppe. La plupart des Anglois qui sont
icy sont allés au devant de luy. Le gros de l'équipage passe le dé-
troit et va attendre à Livourne. S. M. B. luy donne 20 mille guinées
pour faire son voyage et se mettre en équipage. Il ne prendra
point de franchise à Rome ; mais il ne cédera point à l'Ambassa-
deur d'Espagne, les Roys d'Angleterre estans en possession
d'avoir le pas sur les Roys de Sicile et d'Aragon.
Les Dames Le Gocq et Muisson ont esté mises, celle-cy chez
Mme de Miramion (2) et l'autre chez les Nouvelles Converties. Mr
Le Cocq est allé au Mans. L'on a permis au marquis de la Roche-
Gifï'artelà sa femme de sortir du royaume. Ainsi le marquis-' de
ïhiange et sa femme entrent présentement clans tous les biens
de la maison de Vieville. Le marquis de Bordage, par le conseil
de sa femme, est sortydu Royaume (3). Il quitte 60 mille livres de
(1) Voir plus haut, p. 90, au 21 novembre 1685.
(2) Sur les Miramionnes, voir 0. Douen, La Révocation à Paris, t. I, p.
272. Sourches, t. J, p. 280.
(3) Cf. Sourches, au 18 janvier, t. 1, p. 353, avec sa note" 3. Son nom es!
cité, avec celui d'autres Protestants poursuivis, que nous rencontrerons dans
la suite de cette chronique, dans la première des Lettres pastorales de.lurieu.
datée du 1er septembre 1686. Il l'ut condamné aux galères. Citons ici quel. pies
extraits de ces lettres, et particulièrement les noms propres, dont plusieurs
figurent dans les Nouvelles.
Lettre | (sic) Pastorales \ addressées aux fidèles \ de France. | qui Remis-
sent | sous la captivité \ de Uabylon. \ Ou sont dissipées les illusions que M. de
Me aux \ dans sa lettre Pastorale, et les autres Convertis- \ senrs emploient
dour séduire. Et où l'on trouvera \ aussi les principaux événements de la pré-
MÉLANGES
169
rente. Il a abandonné tous ses biens et toutes les espérances
qu'il pouvoit avoir à la cour (l). L'on a envoyé ordre au Prémier
Président de Bretagne et au Procureur général de mettre tous
ses biens sous la main du Roy.
Par les soins de Mr Macquières, procureur général au parle-
ment de Toulouse tout le comté d'Avignons'estconverty.
Il revient tous les jours des réfugiez de Suisse qui n'ont pu
trouver les moyens d'y subsister, non plus que plusieurs autres
en d'autres endroits.
Le Roy a donné une pension de 1500 livres au Président
Barentin.
Le Roy a fait enlever Mlle de la Force qu'on a mise dans un
convent à Toulouse.
Sa Majesté a fait mettre dans plusieurs convents plusieurs
Damoiselles à qui il a donné des pensions (Fol. 103 v°) (2).
sente per- | sécution. | Seconde édi tion | à Rotterdam, | chez Abraham Acher,
Marchand Librai- | re, proche la Bourse, 1686. | Avec privilège de Nossei-
gneurs les Estats. | (B.N. Ld 116, 549).
« Opposés premièrement à cela (l'objection sur la facilité des conversions
dont on a tiré argument : « Si votre religion était véritable vous y tiendriez
davantage », en réponse au prélude de Bossuet. Je ne m'étonne pas que vous
soyez revenus en foule, etc.) premièrement plus de cent mille personnes qui
sont sorties du Royaume depuis un an... Opposés plus de quarante mille pri-
sonniers...
Opposés des personnes de qualités, comme M. le Marquis du Bordage con-
damné aux galères, et ensuite à une prison perpétuelle ; M. le Marquis de la
Musse qui attend tous les jours la même condamnation; Monsieur le Marquis
de Rochegude, Messieurs ses fils; M. le Marquis de Gagni, M. Beringhen et
toute sa famille, M. le Marquis de Langé, M. le Marquis de l'Ile du Gàt dans
la citadelle d'Angers... Les fidèles de Dieppe, du Havre, et autres lieux qui sont
dans les prisons d'Aumale. » (p. 12) «Opposés plus de six cents personnes qui
sont actuellement aux galères pour la Religion : C'est un compte fait non par
l'esprit d'hyperbole; mais par un Catholique Romain, Officier dans la marine el
demeurant à Marseille (dans une lettre du 27 de juin 1686). M. Louis deMarolles
Avocat de Sainte-Menehoud . .. M. de Lezan... (p. 1H). La mort est plus facile a
souffrir que la question ordinaire et extraordinaire... (p. 114). » — Relevons
aussi quelques noms dans la Listes dé\Martyrs de la page 14 : « Le sieur Teissier
Vigurer de Durfort dans les Cévennes... pendu... Le nommé Gysor, brûlé vif
à Nérac, à soixante-dix ans passés »... Fabières condamné et différé... Rey,
de Nismes, après avoir prêché 8 ou 0 mois dans les Cévennes, exécuté àBeau-
caire le 7 août ». Et Jurieu conclut : « Déjà nous voyons la vanité de ces bra-
vades, qu'en quatre mois on" n'entendroit plus parler de Huguenots en France.
Ces beaux projets sont échoués, et la difficulté se trouvera à la queûe ». (p. 16).
(1) Sourches écrit : « Il perdoit tous ses services et laissoit en France
cinquante mille livres de rente, qui alloient être confisquées et il s'exposait à
mourir de faim avec toute sa famille » [Ibid.)
(2) Notre chroniqueur est ici assez incomplet sur la question des réfugiés
II faut recourir à Sourches qui ajoute, en date du 20 janvier, à ses informa-
tions sur la fuite et la capture de M. du Bordage : « On apprit dans le même
temps que La Mulonnière, lieutenant-colonel du régiment d'Anjou... (Cf. plus
bas, au 2 février 1686, p. 172), homme de mérite... mais de la religion préten-
due réformée et fort opiniâtre, avoit pris aussi le parti de sortir du royaume,
no
MÉLANGES
A Paris le 30Q Janvier 4 686.
Le Pape est encore plus inaccessible qu'il n'a jamais esté, ce
qui fait que l'on ne sçait point le véritable estât de sa santé. Cela
obligea les Cardinaux d'y aller le sçavoir eux-mesmes. Il a refusé
audience au Cardinal Howart qui avoit à lui parler des affaires de
la dernière conséquence pour l'Angleterre.
Les habitants de Mondovis ont encore fait une sédition, ce
qui a obligé le Duc de Savoye d'y envoyer des troupes pour les
contenir dans leur devoir.
L'on n'a point encore de nouvelles que Gastelman soit arrivé à
Dieppe. L'on sçait qu'il y va avec luy plus de 200 Gentilshommes
Anglois des deux religions (Fol. 104).
Le Roy d'Angleterre a rendu deux écrits publics de la main du
feu Roy son frère, qui donnent à connoistre que ce prince estoit
véritablement catholique Romain, et qu'il ne connoissoit qu'une
seule Eglise continuée depuis Jésus Christ, dont le Pape estoit le
chef et légitime successeur. S. M. B. a entièrement abrogé le ser-
ment du Test, ne voulant, plus qu'il se fasse ny le recevoir. La
convocation du Parlementa esté publiée au 20 de may, non pas
pour tenir aucune séance, mais qu'alors il fera sçavoir quand il le
voudra tenir. Le Parlement tenu en Escosse avoit déjà supprimé
le Test (Fol. 105).
Le Roy a témoigné estre fâché de ce que le marquis de Bor-
dage a esté arresté sur les frontières auprès de Dinan (1).I1 s'est
servy de la parole qu'il avoit donnée au Roy pour se sauver plus
facilement.
L'on a mis en prison plusieurs femmes de cette ville qui chan-
taient des pseaumes. Mlle Chabot, tante du duc de Rohan, est
convertie.
Le siège de l'Église de Sens estant vacant, le chapitre a nommé
4 grands Vicaires pour exercer toute la jurisdiction qui luy estoit
dévolue. Ils ont esté avertis que cela seroit fort mal reçu icy, et
qu'on pourroit bien envoyer les 4 Grands vicaires exercer leurs
mais qu'il avoit été pris sur la frontière. Et l'on n'entendoit alors parler
d'autre chose que de gens qui se sauvoient, dont les uns étoient arrêtés, et
les autres étoient assez malheureux pour se sauver. » [Ibid., p. 35.*iNi. Il faut
lire la curieuse note où Sourches explique ce malheur : demeurer « dans une
mauvaise réligion » et perdre « tout leur bien ». Sourches signale aussi la
conversion de M. de Vlllette... proche parent de Mme de Maintenon, comme
un fait appris « dès la fin du mois de décembre passé. » (Ibid., p. 335).
(1) Sourches annonce aussi l'arrestation du marquis: « Vers le 20 de janvier,
on apprit que le marquis du Bordage avait été pris avec toute sa famille
auprès de Mons, et même que sa femme avoit été blessée d'un coup de
mousquet, on sut aussi qu'on les avoit menés prisonniers et Séparés en diffé-
rentes places des conquêtes du Roi, soit pour leur faire leur procès, soi! pour
essayer de les convertir. » (Ibid., p. 355).
MÉLANGES
171
fonctions aux A coings du Royaume. Us ont pris meilleur
avis en nommant pour Grand Vicaire TEvesque de Poictiers,
nommé par S. M. à l'archevesché de Sens, qui ne peut avoir ses
Bulles à cause des démêlés que nous avons avec la cour de
Rome. (fol. 105)
A Paris, ce 2 février 1686.
Le Duc de Savoye à l'exemple du Roy veut faire convertir tous
les Religionaires qui sont dans les valées de Luserne, d'Angro-
gne, de Spein, le berceau du Calvinisme et le reste des anciens
Vaudois qui s'étoient retirez dans ces quartiers là; ce prince va
les contraindre. Ils ne pourront plus estre secourus de personne
comme ils estoient autrefois (1).
L'Empereur fait tout ce qu'il peut pour obliger tous les princes
des Estats de l'Empire de luy donner du secours pour la campa-
gne prochaine. Apparammentqne ses troupes seront nombreuses.
Le Roy luy en a aussi promis, mais on ne sçait pas si c'est comme
Roy de France ou bien en considération de l'Alsace ou des autres
estats séparés de l'Empire et unis à la France.
L'on tient que le Roy d'Angleterre n'est point content du juge-
ment favorable qu'a obtenu milord de la M ère, par lequel il est
absous du crime de haute trahison, quoyque tous les juges fus-
sent les plus affectionnez à S. M. et les principaux officiers de son
conseil. 11 a fait publier une Quovarento, terme du pays, pour
obliger tous ceux qui possèdent des biens qui ont autrefois esté à
l'Eglise, à apporter les titres en vertu de quoy ils en jouissent; ce
qui donne de l'inquiétude à bien des gens. Néanmoins on dit que
cela ne regarde que ceux qui les ont usurpé sans titre valable mais
ceux qui en jouissent par vente faite de l'autorité des roys
Henry VIII, Edouard VI et de la Reine Elisabeth ne seront point
recherchez. Il est à remarquer que tous ces biens ne sont estimez
et vendus en Angleterre que la moitié des autres héritages.
Le roy a os té la charge de Grand Ecuyer au Comte d'Armont
sa créature parce que, dans une desbauche, il dit en beuvant la
santé du Roy : « Que Dieu le bénisse, mais que le Diable emporte
celuy qui l'a fait papiste. » Sa charge a esté donnée au baron de
Douvres qui est neveu de milor Germain (Fol. 105).
Le Roy a donné permission au marquis de Ruvigny, cy devant
Agent général de ceux de la Religion, à sa femme, deux de ses
enfants et trois de ses Domestiques de se retirer en Angleterre, où
il ne laissera pas de rendre de bons services au Roy (2).
1. Cf. Sourehes, au 17 février : « On sut en même temps que les huguenots
de la vallée de Lucerne, en Piémont, avaient pris les armes... Dès que le Roi
eut appris cette nouvelle... il envoya ordre à six mille hommes de ses troupes
de passer les Alpes... sous la conduite de M. de Catinat..., etc. » (Lbid., p. 363).
(2) Sur Ruvigny et son père, voir plus haut, p. 20, au 19 sept. 1685.
MÉLANGES
Le Duc de la Force a eu ordre du Roy de se retirer dans sa
maison de la Boulaye en Normandie, où un exempt des Gardes du
corps lui tiendra compagnie, sa femme dans un convent, ses filles
à Ste-Marie et ses fils aux Jésuites. Son frère Montpouillant a esté
mené à la Bastille. La Melonière(l), Lieutenant colonel du Régiment
d'Anjou a esté pris en se sauvant par Montald à Richeville au tra-
vers de la Flandre espagnole. Il menaça les habitans de les bras-
ier s'ils s'y opposoient. On veut mettre, la Melonière au conseil
de guerre et luy faire son procès comme à un déserteur.
Le Marquis de Bordage a esté mené dans la citadelle de Lille,
avec sa femme et 4 autres Dames. On dit qu'elle est morte estant
tombée decheval (2). Ce marquis dit qu'il n'avoit d'autre dessein que
de mettre cesDames en sûreté hors du Royaume (3). Le Royadonné
10 pistoles à chaque païsan qui a aidé à le prendre, et 1000 livres
tous les ans de rabais au village de Tarbais. Lorsque l'on apprit
celte, capture au Roy, le maréchal de Créquy fut le seul qui exa-
géra les services que ce marquis avoit rendus. Varenne, lieute-
nant colonel, demande à revenir et sa grâce.
Bertillac, brigadier et inspecteur de cavalerie en Alsace, a
trouvé un nouveau expédient pour convertir officiers et soldats
qui demandent du temps pour estre instruits. 11 leur dit qu'ils le
pourront plus facilement quand ils seront entre 4 murailles (4).
Le Roy a fait un fonds pour rétablir toutes les Eglises qui ont
autrefois esté ruinées par les Religionaires. L'on a destiné
200 millle livres pour le Languedoc. L'on tient que toutes les pen-
sions que le Roy donne aux nouveaux catholiques se montent à
14 cent mille livres.
Il y a 4 jours que le Nonce eût audience extraordinaire duRoy,
S. M. se plaignit des perpétuelles infractions que faisoient les
Espagnols et que si S. S. n'y donnoit ordre, il seroit obligé de se
faire justice et à ses sujets (Fol. 105 v°).
A Paris, le 5e février /68ti.
Le Pape, pour obliger le roi de Pologne de se mettre cette
année de bonne heure en campagne, fait un fonds pour luy envoyer
(1) Voir plus haut, p. 169, note 2, au 20 janvier.
(2) La nouvelle est démentie plus bas, p. 174, au 9 février 1080.
(3) Sourclies écrit, au commencement de lévrier : « Dans le même temps,
on avait envoyé l'abbé de Grancey à M. du Bordage pour essayer de le con-
vertir mais, comme il n'avoit point voulu l'écouter, le Roi avoit commandé
qu'on lui fit son procès à la rigueur. » {IbiiL, p. 302).
(4) 11 faut ici réparer, à l'aide des Mémoires du Marquis de Sourclies une
omission de notre chroniqueur. On y lit au commencement de février: « En
ce temps-là, le marquis de Bougy, ci-devant mestre de camp du régiment
colonel-général de la cavalerie et qui étoit huguenot, crut avoir bien pris ses
mesures pour sortir du royaume par la Franche-Comte... mais il lui arrêté
comme il étoit près de passer en Suisse et conduit prisonnier dans la cil a
délie de Besançon. » (Sourches, I. I, p. 301).
MÉLANGES
17a
une somme considérable. Quand le dernier courrier estparty de
Rome pour la France, il y avoit 55 jours que S. S. estoit dans la
solitude et que personne nestoit entré dans sa chambre, à l'ex-
ception de deux ou trois qui ont accoutumé de le servir. Il a une
main enflée, et on croit qu'il devient éthique (sic).
Le comte de Melgar, gouverneur de Milan, ayant fait. ériger sa
statue dans une des principales places de cette ville pour servir
de monument à la postérité des grandes actions qu'il a faites pen-
dant son gouvernement, un capitaine espagnol ne pouvant souf-
frir cette vanité, s'avisa d'aller faire ses ordures au pied de la
statue et d'en barbouiller le visage, à la grande risée de tout le
peuple, qui, le matin, vit ce beau masque. Le Gouverneur, outré
d'un tel affront, promit 400 pistoles à celuy qui découvriroit l'au-
theur. Le Gouverneur a, de son authorité, fait étrangler ce capi-
taine.
L'armement de mer dont a fait tant de bruit en Hollande, ne
sera pas si grand que l'on avoit publié, les fonds ne se trouvant
pas pour faire une telle despence.
Milord de la Mere a esté remercier tous ses juges. Il a fait de-
mander au Roy la permission de luy aller baiser la main. Il a esté
fort bien reçu. Il poursuit présentement dans la justice ordinaire,
Saxon, principal témoin qui a déposé contre luy, afin de le faire
pyloriser comme un calomniateur ; mais l'Àrtourné (sic pour l'at-
torney) qui est comme en France procureur général le poursuit
comme criminel de haute trahison pour avoir esté du party de la
dernière rébellion.
Les dernières lettres d'Angleterre portent que le Roy a mis un
nouveau Gouverneur dans la Tour, qui est catholique.
L'on a donné un second ordre au Duc de la Force d'aller de la
Boulaye à Quimpercorantin.
Mr Muisson a enfin fait abjuration; le procureur général le
mena il y a 4 jours saluer le Roy (Fol. 106).
Mr de Saint-Martin ne sort point de sa maison nymesme de son
lict. Il n'a ny valet ny servante. Sa femme va au marché et son
fils va faire les commissions en ville.
Mr de Paris dit ces jours passez qu'il ne restoit pas plus de
S0 Religionnaires à Paris, dont il n'y a qu'un tiers d'hommes.
A Paris, ce 9Q février J 686.
La Reine Christine de Suède, impatiente de sçavoir la santé du
Pape et le sujet qui le rendoit si longtemps invisible envoïa quérir
son confesseur pour luy en demander des nouvelles. Il assura
cette princesse que sa santé estoit assez bonne. Allez, lui dit-elle,
mon Père, vous devriez mourir de honte et de confusion, vous
qui gouvernez sa conscience, de ne le pas obliger à faire les fonc-
tions qu'il doit faire. Il y a deux mois entiers qu'il n'a rien
174
MÉLANGES
signé el qu'il n'a vu personne; ce n'est pas s'acquitter de son
devoir, et luy fit une réprimande fort sévère. Il faut néanmoins
tenir une congrégation pour les affaires d'Angleterre qui pressent
entièrement. Le cardinal Howard la demande avec instance.
Il y a deux ordinaires que le courier d'Angleterre a manqué.
On dit que Mr Barillon avoit fait sçavoir par son courier que le
Roy d'Angleterre avoit fait abroger toutes les loix pénales contre
les catholiques faites par la Reine Elizabeth; mais il faut attendre
la confirmation de cette nouvelle.
Monsieur et Madame Muisson ont voulu faire leur conversion
pendant la nuit. Il reprendra sa place au Parlement et on dit que
le Roy a la bonté de luy donner 25 mille livres pour le dédomma-
gement de toutes les pertes qu'il a voulu souffrir.
L'on avoit commencé de faire le procès au Parlement de Bri-
sach à 16 persones de la Religion qui s'estoient voulu sauver;
mais au moyen de leur conversion le Roy a fait surseoir, à la
réserve d'une jeune damoiselle qui a esté plus opiniâtre que les
autres. Ceux qui s'estoient voulu sauver ducostéde la Flandre ont
estéenvoyez dans les citadelles de Cambray,de Tournay et deLile.
La marquise du Bordage n'est point morte (1).
Plusieurs matelots des Isles de Ré et d'Oléron, qui sont de la
Religion, sont revenus dans leurs maisons. La marquise de la
Ferté en Normandie, fille du feu Caron. n'ayant pas voulu suivre
l'exemple de son mary a esté mise dans un convent (Fol. 107).
Le Roy a donné sa maison de Brest aux Jésuites avec 2 mille
livres de rentes des terres qui en dépendent. Les Estats de Bre-
tagne leur ont donné iO mille livres pour mettre cette maison à
leur usage. Ils doivent enseigner les mathématiques maritimes à
tousles officiers et cadets et loger tous les aumôniers des vaisseaux.
Il se lit hier un service en Sorbone pour feu Mr le Chancelier.
Le Sieur Hersan Docteur a fait l'oraison funèbre en latin qui a ravi
l'assemblée (Fol. 107 v°).
A Paris, le 1 3{' février i 6 8 6 .
Le Pape a enfin paru. Il a assisté à un consistoire qui s'est
tenu pour les affaires d'Angleterre. Son sentiment estoit que son
Nonce Dada ne parût point publiquement en cette qualité, mais
que S. M. B. qui estoit sage et prudente, en feroit comme elle le
trouveroit à propos.
L'on a représenté à S. S. que le nombre des cardinaux qui
restoit n'estoit pas suffisant pour le grand nombre des Congréga-
tions qu'on estoit obligé de tenir à cause que les affaires a voient
augmenté. S. S. a permis à son neveu de porter la perruque courte
pourvu qu'il fût toujours habillé fort modestement, il ne veut
(I) Voir plus haut, |>. 17J, au 2 février 1686,
MÉLANGES
175.
point qu'il sorte du Vatican et ne se peut déterminer quel estât il
veut qu'il embrasse. 11 ne veut point qu'il soit marié; il ne veut
pas aussi le faire cardinal.
L'on a voulu faire une ordonnance dans les États généraux pour
chasser tous les moines et religieux des Provinces Unies. La ville
d'Amsterdam n'a point voulu y consentir, ce qui a empesché la
province d'Hollande d'y avoir conclu. Ainsi l'affaire est demeurée
sans exécution.
Un ministre françois a presché dans une ville d'Hollande qu'on
n'y devoit point souffrir publiquement les Papistes pour le ressen-
timent qu'on devoit avoir de tout ce qu'on avoit fait en France
contre leurs frères. Le magistrat a fait venir le prédicateur et luy
a dit que ses discours estoient séditieux et capables de troubler
le repos de l'Estat, qu'à l'avenir il eut à prescher contre les vices
et une bonne morale.
.. Les Irlandois catholiques à qui Gromwell avoit osté les
biens à cause de leur religion, espéroient que le Roy estant catho-
lique, les retabliroit dans iceux, mais S. M. B. n'a pas trouvé à
propos de rien innover (Fol. 108).
On tient que le Roy d'Angleterre veut que monseigneur Dada
fasse publiquement ses fonctions de Nonce et qu'il ait une cha-
pelle publique chez luy. Dans peu on sçaura de quelle manière
cela aura esté exécuté. L'on avoit oublié de remarquer que
S. M. B. faisant mademoiselle Sidler (sic pour Sidley) (1) comtesse
Dorcester, luy avoit imposé de se retirer de la cour."
Les loix pénales n'ont pas esté révoquées en Angleterre par
aucun édit; mais elles ne sont plus exécutées. Mais si quelqu'un
s'avise de poursuivre Uncatholique pour sa religion, le juge répond
qu'il aies mains liées et que le Roy s'est réservé d'en connoître.
La princesse de Tarante, tante de Madame a eu permission de
se retirer du Royaume avec deux filles de sa religion seulement (2).
Il ne se tient point un seul conseil pour les affaires de la Reli-
gion où le Roy ne fasse des libéralités fort considérables aux nou-
veaux catholiques. Ces jours passez le marquis de Sourches, grand
prévost de France, tomba évanoui d'une vapeur; il le falut em-
porter et n'est revenu qu'avec une grosse lièvre. Gela a empêché
le jugement d'un officier appelé l'Estang, accusé de cet assassinat
qui se fit l'esté passé à Versailles.
A Paris, le 1 6e février 1686
Le Roy de Pologne a dessein de faire une levée à ses dépens
de 6000 hommes et de commencer la campagne beaucoup plus
tostque les années passées, persuadé qu'il est que cela avancera
beaucoup le grand dessein qu'il a de mettre la couronne sur la
(1) Voir plus haut, p. 90, note 3, au 21 novembre 1685.
(2) Voir plus haut, p. 560, au 9 janvier 1686.
176
MÉLANGES
teste de son fils, assuré qu'il est que la France n'y mettra point
d'empeschement, mais au contraire l'assistera puissamment. Et
c'est là le principal sujet pourquoy le grand chancelier de Polo-
gne est venu en France.
Il est mort à Berlin vingt François protestants en deux jours,
de chagrin et de misère. Cela fait voir que l'Électeur de Brande-
bourg ne tient pas bien les belles promesses qu'il avoit fait publier
d'assister tous les François qui se voudroient retirer chez luy pour
cause de Religion. Il a pourtant fait plusieurs gratifications.
La comtesse Dorcester(l) se retire en Hollande où S. M. B. luy
fera tenir ses pensions et où tous les revenus luy seront portez.
Un vaisseau prest à venir en France a esté arresté dans un port
d'Angleterre à cause de la grande quantité de François qui estoient
dedans pour revenir. L'Ambassadeur de France l'ayant seû en a
porté ses plaintes à S. M. B. On ne doute point qu'il n'en ait main
levée. S. M. B. a fait faire icy des plaintes de ce que l'on rete-
noit plusieurs Anglois qui s'estoient habituez en France et qui
n'ont point esté naturalisez. On les veut obliger aux dernières
Déclarations que le roy a faites. Cette affaire est en négociation.
Le maréchal de Schomber a la permission de se retirer avec
sa femme et un de ses fils en Portugal où il est Grand de cette
couronne, fort estimé pour les bons services qu'il y a rendus (2).
Son séjour n'y sera pas inutile pour le service du Roy, non plus
que celuy du marquis de Ruvigny en Angleterre.
Le Duc de la Force esperoit, pour son retour de s'estre fait
catholique, le Gouvernement de Guyenne avec 190 mille escus
pour payer ses deptes; mais au lieu de cela il a eu le séjour
de Quimpercorantin.
Mr Duquesne va se retirer à la maison d'Eaubonne en Suisse
On luy a supprimé son marquisat et toutes ses pensions. (En
marge on lit, au crayon, d'une main récente: erreur.)
Par les Déclarations qui ont esté données en faveur des Curez,
les Bénédictins seuls y perdent 20 mille livres de rentes. On prétend
que c'est Mrle Chancelier qui a donné lieu à ce règlement, y ayant
plus de vingt ans qu'il avoit cela dans le teste. Il se minute encor
une autre Déclaration pour le Règlement des Ecclésiastiques.
Le mariage du prince de Tingris est remis après les Pasques.
Celuy de Mr d'Ervard(3), conseillera lacour avec mademoiselle de
Bretonvillers est consommé. Elle a eu CC mille livres au contrat et
aura encore CC mille livres. Mlle Roland est bien trompée: elle
espréoitle morceau pour elle.
Eugène Griselle.
(A suivre.)
(1) Voir plus haut (p. 175), au 13 février. — (2) Voir Sourchcs, t. 1. p. 317.
— (3) Voir plus haut, p. 55G, au 29 décembre 1685.
SÉANCES DU COMITÉ
177
SÉANCES DU COMITÉ
9 février 1909
Assistent à la séance sous la présidence du baron F. de Schic-
kler, MM. d'Amboix de Larbont, G. Bonet-Maury, Chatoney, P.
de Félice, H. Monod, J. Pannier, F. Puaux, R. Reuss, E. Rott et
N. Weiss. M. J. Viénot se fait excuser.
Après la lecture et l'adoption du procès-verbal de la dernière
séance, le président souhaite, au nom du Comité, la bienvenue à
notre nouveau collègue M. le général d'Amboix de Larbont, qui
représente parmi nous un des plus anciens noms huguenots, et
une province qui s'est particulièrement distinguée dans la lutte
pour la liberté religieuse.
Le secrétaire rend compte de la demande qu'il a faite auprès
de M. Abei Lefranc. Celui-ci l'a assuré que ni le sénateur ni la
municipalité de l'Oise ne pourraient voir de mauvais œil qu'une
plaque commémorative soit posée sur ce qui reste de la maison
de Calvin à Noyon et lui a conseillé d'aller voir directement
M. Noël, sénateur de l'Oise et maire de Noyon.
Puis il communique au Comité la réponse de M. le Pasteur
Cornet-Auquier. Elle fixe provisoirement l'assemblée générale de
notre Société à Chalons-sur-Saône, au lundi 5 juillet et propose un
programme d'après lequel M. le pasteur Cornet-Auquier se char-
gerait de raconter l'histoire du protestantisme à Châlons depuis
1560 jusqu'à 1685 et demanderait au président et au secrétaire de
compléter cet exposé historique en se chargeant des périodes
antérieure et postérieure à celle qu'il traiterait lui-même. Le
président remarque que d'après une invitation parvenue de
Genève à l'Union des Églises Unies, les fêtes commémoratives
du 400e anniversaire de la naissance de Calvin commenceront
avant le 5 juillet et qu'il faudrait par conséquent fixer la date de
l'assemblée générale au jeudi 1er juillet. Le secrétaire correspon-
dra dans ce sens avec M. Cornet-Auquier. Plusieurs membres du
Comité se proposent d'accompagner le président et le secrétaire
à Châlons, en se rendant de Paris à Genève.
Le secrétaire est prié ensuite de donner quelques détails sur
le premier fascicule du Bulletin de 1909, après quoi, il signale
dans l'article nécrologique, la mort d'un de ses membres hono-
raires, M. William Morris Beaufort, trésorier de l'Église épisco-
pale française de la Savoy, et, comme l'explique le président,
fils de l'amiral sir Francis Beaufort, qui inventa, pour les marins,
un système de cryptographie d'une simplicité extrême en même
12
.178
SÉANCES DU COMITÉ
temps que combiné de manière à ne pouvoir être découvert par
les non initiés. — Quelques jours apiès ce décès, nos collègues
anglais perdaient aussi leur aimable et dévoué secrétaire hono-
raire M. Reginald Stanley Faber qui était l'un des fondateurs,
avec M. A. Giraud Browning, de la Société huguenote de Londres.
Bibliothèque. — Le président dépose une copie ancienne d'un
bref adressé par le pape Paul V à Sully pour l'encourager à abju-
rer le Protestantisme. — M. Henry Wagner nous a envoyé une
collection des généalogies qu'il a dressées avec beaucoup de
patience et de précision. Voici la liste des familles auxquelles
elles sont consacrées : Auber, Baril, Berchère, Chalié, Comarque
Combrune, d'Abzac, de Langle, Desaguliers, de Varennes, deVay-
nes, du Moulin, Dury, Ferard, La Chaumette, La Primaudaye,
Ligonier, Liron, Mallel, Maty, Petitot. Portal.es, Reneu, Romilly,
Saint-Leu, Silvestre, Teulon, Trapaud. — M. le pasteur Guion,
de Guelma,nous a lait don d'un psautier, Amsterdam 1 64-4, qui
manquait à notre collection. — Enfin nous avons reçu les 5 à 600
volumes envoyés par la marquise d'Arconati-Visconti ; — et, de
la part de M. E. de Faye, une collection, reliée, de pamphlets ou
brochures ayant trait à la disruption de l'Église protestante
d'Écosse en 1840. et années suivantes.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
Une paroisse parisienne avant la Révolution.
C'est d'une paroisse catholique qu'il s'agit, de celle de Saint-
Hippolyte, au faubourg Saint-Marcel, supprimée par décret du
4 février 1791, qui réduisit à 33 les 52 paroisses de la capitale :
« son territoire et celui de Saint-Martin-du-Cloître furent réunis
pour former la circonscription... de Saint-Marcel » avec l'an-
cienne collégiale de ce nom comme église. Son existence vient
d'être res suscitée par M. l'abbé Jean Gaston, vicaire à Saint-
Franc ois-de-Sales, pour fournir une « contribution à l'histoire
religieuse et artistique de l'ancien Paris » qui sort du cadre habi-
tuel de ce Bulletin et n'y pourrait être introduite avec quelque rai-
son que si elle s'occupait', fût-ce incidemment, du protestantisme
parisien ( I). Il n'en est rien. C'est à peine si quelques allusions,
plus ou moins aimables, rappellent la présence d'une confession
(1) Ce qui eût été facile, plusieurs membres cl non dos moindres, des
familles importantes des Gobelins cl des Canaye ayant adhéré ô la Réforme
dès l'origine, — puisqu'un Canaye correspondait déjà avec Farel — ci ayant
été persécutés pour celle raison jusqu'à l'époque de la Révocation. />< </.
CHRONIQU E LITTÉ UAIRE
179
rivale, allusions du genre de celle-ci : « Les dernières années du
curé Eustaehe Savary furent attristées par l'apparition de la Ré-
forme... Il ne vécut pas assez pour être témoin des scènes de
carnage qui ensanglantèrent la maison du Patriarche et l'église
Saint-Médard le 27 décembre 1561 . Mais dès 1560, les calvinistes
s'étaient enhardis jusqu'à briser une image de N.-S. qui se trou-
vai t. au -dessus de la porte de la Maladrerie Saint- Valère, rue de
Lourcine. Une procession de réparation fut ordonnée, etc. »
(p. 37) ». Ou bien p. 46 : « Le nouveau curé dut connaître de vives
émotions, lorsque le 17 juillet 1590 les troupes du sieur de Châtil-
lon, qui logeaient à Gentilly, envahirent l'église des Cordelières,
profanèrent et pillèrent le couvent... Qui sait si Saint-Hippolyte
n'eut pas à souffrir de leurs déprédations, car ces compagnies
logèrent le soir à l'abbaye... ».
Le jansénisme n'est pas mieux traité que le protestantisme :
« Pourquoi faut-il, lisons-nous p. 97 à propos du curé Ravissas
(1703-1733), que nous ayons à signaler chez un curé aussi zélé et
aussi charitable un attachement opiniâtre au jansénisme, dont il
ne se départit jamais. Son nom se trouve au bas de toutes les
requêtes adressées au cardinal de Noailles par le groupe jansé-
niste des curés de Paris et de la banlieue. Il ne se départit, pas
même à la mort, de sa funeste erreur. »
Saint-Hippolyte, démoli partiellement en 1807 et complète-
ment en 1867, « fut l'église paroissiale de la Manufacture royale
des Gobelins. Elle a vu se dérouler sous ses nefs de brillantes pro-
cessions où Lebrun figurait en qualité de marguillier d'honneur.
Mignard a admiré ses précieux vitraux... Tous les grands noms
des Gobelins figuraient sur ses registres, » qui brûlèrent en 1871 ;
mais l'auteur a « dressé un répertoire de plus de 600 actes qui
leur sont empruntés, et au jugement de plusieurs personnes com-
pétentes, ce répertoire ne sera pas la partie la moins utile ». Il
comprend la période de 1604 à 1791 et figure en appendice,
p. 156-185. Le volume compte 208 p., est orné de 12 gravures et
plans, et a paru à la librairie des Saints-Pères en 1908.
Th. Schoell.
Portraits de Madame de Maintenon.
Madame de Maintenon est une de ces personnes qui continue-
ront encore longtemps à faire noircir du papier. Le grand nom-
bre de documents émanant d'elle ou la concernant, qui ont été
publiés (1), n'ont pas réussi à éclaircir définitivement les côtés mys-
(1) En dernier lieu par M. le Comte d'Haussonville etM. G. Hanotaux, sous
le titre de Souvenirs sur Madame de Maintenon, en 3 vol. in-8, chez Galmann-
Lévy.
180
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
térieuxd'un caractère et d'une carrière assurément peu ordinaires.
On trouvera, plus haut, p. 14 7-128, sur ses cousins de Saint-Her-
mine, une étude qui ajoute quelques traits à ceux que notre
collaborateur M. H. Gelin a rassemblés ici-même, en 1900, sur
Madame de Maintenon conver tisseuse, et qui faisaient suite à son
étude critique sur Françoise d'Aubigné, extraite en 1899 du Mer-
cure Poitevin. Nous voudrions signaler aujourd'hui à ceux que le
sujet intéresse deux publications récentes qui permettent, l'une
et l'autre, de se représenter la célèbre petite-fille du grand Agrippa
d'Aubigné, au physique et au moral, du moins autant que cela est
possible à deux siècles de distance et d'après des renseignements,
sinon absolument dignes de foi, du moins contemporains.
M. Henri Gelin a publié en 1907, dans les Mémoires de la So-
ciété historique et scientifique des Deux-Sèvres, et fait tirer à part,
en un volume de 128 pages in-8° (Niort imprimerie Th. Mercier),
une curieuse étude iconographique sur la célèbre marquise. Nous
avons ajouté ce qualificatif au travail de M. Gelin, non seulem ent
parce qu'il y a réuni une foule de renseignements curieux, mais
encore parce que, malgré cette abondance, il ne formule guère de
conclusion ferme. Parmi les nombreux portraits qu'il énumèreet
qui se trouvaient surtout à Saint-Cyr, il y en a à peine d eux ou trois
au plus qu'il veut bien considérer comme de véritable s portraits,
et encore! En réalité il n'y en a qu'un seul, une gravure de Gifîart
exécutée en 1687, alors que Madame de Maintenon avait 52 ans
dont il dit (p. 48) : « On ne se fût pas permis d'offrir à la toute-
puissante marquise un portrait qui ne l'eût pas satisfaite au point
de vue de l'art et de la ressemblance. » Après cette gravure, M. G.
consent à discuter et à admettre comme pouvant représenter
Madame de Maintenon la peinture attribuée à Mignard qui est au
Louvre et date de 1694 — mais n'est probablement pas de Mignard
— et une autre, au musée de Versailles, peut-être de 1692, et
attribuée à Ferdinand Elle. Cet Elle, ou très vraisemblablement
Elie Ferdinand, qu'il ne faut pas confondre avec son fils Louis, était
un des huguenots qui fit partie de l'Académie de peinture et de
sculpture, en fut exclu le 10 octobre 1681 à cause de sa religion,
et qui abjura et fut en conséquence réintégré le 1er décembre
1685 (Bull. 1907, p. 67). Nous donnons, grâce à l'obligeance de
M. G., la reproduction qu'il a publiée du portrait de Madame de
Maintenon tenant entre ses genoux, sa nièce Françoise-Amable
d'Aubigné, fille de son frère, et qui devint Mme de Noailles.
Nous nous garderons bien de discuter les attributions ou les
critiques de M. Gelin. Nous vivons à. une époque où les œuvres
jusqu'ici les moins contestées sont considérées comme apocryphes
ce qui est facile, vu l'absence absolue de certificats d'origine, Ainsi
l'on se demande pourquoi le portrait de Madame de Maintenon
appartenant à M. Léon Dru et qui a élé reproduit en tête du tome 11
Madame de Maintenon, d'après E. Ferdinand.
1692.
m
Cl I RONIQUE LI ÏTÉRA IRE
des Souvenirs sur Madame de M., serait moins authentique que
celui d'après lequel a été exécutée la gravure de Gifï'ard, et surtout
comment l'artiste moderne qui l'aurait exécuté s'y serait pris
pour en « emprunter » les éléments « aux toiles de Ferdinand et
de Mignard ». Nous hasarderons une seule remarque. Parmi les
portraits devant représenter Madame de Maintenon figure en pre-Y
mière ligne l'émail de Petitot dont on a ici une reproduction sous
les yeux. La ressemblance entre cet émail et le portrait de Gifï'ard
que M. Gelin affirme ressembler à l'original est frappante. Elle est
même tout à l'avantage rie Petitot où l'expression et le mouvement
de la figure paraissent bien plus nalurels que dans la gravure de
Madame de Maintenon,
d'après Petitot.
Giffard. M. G. ne l'en considère pas moins comme « un apocryphe
évident » (p. 55).
Oui, si cet émail devait être postérieur à 16S7. Or il est Uès
évidemment antérieur, puisqu'il celte date Petitot était une des
victimes de la Révocation. Pourquoi donc ne pas admettre, —
puisque Gifï'ard n'a très certainement pas gravé son portrait d'après
nature, mais sans doute d'après une peintnre ou un dessin ou
disparus ou non encore retrouvés, que cet original est à la base
du travail de Giffard et de Petitot et a été reproduit, plus artisti-
quement par ce dernier que par le premier? Petitot était un artiste
trop célèbre, trop apprécié à sa juste valeur, aussi bien — fait
rare — par ses contemporains que par les modernes, pour qu'on
puisse affirmer que les nombreux portraits de personnages offi-
ciels de son temps, qu'il a exécutés, n'ont aucuno valeur documen-
taire.
L'autre volume sur Madame de Maintenon dont il nie reste à
CHRONIQUE LITTÉ R A I R E
183
dire quelques mois, a été écrit par M. T. Pilastre. Il est intitulé :
Vie et caractère de Madame de Maintenon d'après les œuvres du duc
de Saint-Simoîi et des documents anciens ou récents, in-8° de
170 pages ornées de reproductions de portraits, vues et autographe
(Paris, Alcan, 1907). M. Pilastre a réuni dans cet intéressant volume
qu'on consultera d'autant plus volontiers qu'il se termine par un
index, tous les principaux jugements émis sur Madame de Main-
tenon par ses contemporains et par quelques modernes. Celte
collection de remarques et d'appréciations diverses auxquelles ont
donné lieu les événements successifs de la carrière si mouvemen-
tée et si remarquable de la dernière femme du grand roi, est
extrêmement instructive et piquante. On ne peut pas dire que
l'objet de toutes ces réflexions ait eu, de son temps, ce qu'on
appelle « une bonne presse ». Si ici, comme ailleurs, il faut sans
doute tenir compte de la malignité humaine et de l'envie que
devait faire naître une fortune extraordinaire, — il n'en est pas
moins vrai qu'on éprouve une impression peu sympathique. On
rend justice à l'intelligence, à la beauté, à la volonté, mais on
cherche le cœur et — quelque surprenant que cela puisse paraître
— la conscience.
N. Wetss.
Un nouveau portrait de Coligny.
On trouvera plus loin, en tête de la« Correspondance », l'échange
de lettres qui eut lieu entre le président de notre Société d'His-
toire et le directeur du Gaulois à propros de ce « nouveau por-
trait , c'est-à-dire du résumé écrit àl'usagedes lecteurs du Gau-
lois, par l'auteur d'un livre intitulé U amiral. Coligny, la Maison
de Châtillon et la révolte protestante (Pion). Cet auteur est le
même M. Charles Merlu qui fit paraître dans le Mercure de France
du 15 octobre 1907, sur ou plutôt contre Jean Calvin et la Réforme
protestante de Genève, une collection d'outrages que M. le profes-
seur E. Doumergue s'est donné la peine de contrôler dans deux ar-
ticles de Foi et Vie (1er et 15 février 1908), et dans laquelle il n'a
pas pu découvrir une seule ligne qui ne fût une calomnie.
Peine superflue en vérité, cette littérature ne prenant les allures
de l'histoire que pour exprimer sous cette forme l'antipathie ou
plutôt le sentiment de répulsion que certains bons catholiques (1)
feignent d'éprouver à l'endroit du Protestantisme.
S'il en était autrement, on ne lirait pas dans le Mercure (1907,
p. 425), des phrases comme celle-ci: « Philippe II n'a jamais été sym-
(1) Dont quelques uns eurentdes ancêtres qui n'eurent pas assez de courage
ou de vertu pour rester huguenots.
184
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
pathique... Cependant, il y a une autre grandeur chez cet homme
voué à l'exécration universelle et dont toute la vie, tous les actes,
toute la politique furent implacablement dominés par la Raison
d'État ». Essayez de comprendre ce que c'est que cette raison
d'État, avec deux majuscules, ou plutôt demandez-le à l'auteur,
il sera bien embarrassé pour vous répondre.
11 en serait de môme si vous lui demandiez comment il peut '
écrire de Coligny (Gaulois 30-31 janvier 1909) (4) : « Personnage
de petite valeur — de second ordre, qui s'est trouvé placé au
premier plan — il ne cherchait que sa grandeur personnelle et
î 'influence politique de son parti » et ajouter, en guise de preuve
sans doute, « il avait du lion, mais aussi du renard » dit Bran-
tôme », — car un personnage qui a du lion n'est pas précisément
« de petite valeur » ! Puis, à quoi bon consacrer à un si petit per-
sonnage une aussi copieuse série d'injures? L'auteur l'a senti
apparemment puisqu'à la fin de ce remarquable article il se
demande : « Mais que reste-t-il alors de ce grand homme ?... Il
reste l'attitude, plus importante qu'on ne pense. Nul n'incarna
•davantage le caractère hargneux du protestantisme ». Vous avez
bien lu, n'est-ce pas ; ce sont les protestants qu'on traite avec cette
aménité modem style qui ont « le caractère hargneux. » Songez
donc, ils n'ont même pas l'idée de trouver naturelles des phrases
comme celle-ci : « Coligny, éventré dans un coin comme une
hête malfaisante, fut traîné dans la boue aux hurlements de la
populace » — ou celle-ci que l'auteur prête à l'amiral, et qui est
vraiment bien en situation : « Encore, si c'était l'épée d'un cava-
lier, mais l'épieu d'un goujat !... » (2).
N.W.
(1) Nous ne citons pas le livre qui, bien entendu, ne nous a pas été adressé
pas plus qu'aucun autre publié par la maison Pion.
(2) Le Journal des Débals a cru devo.ir faire ses réserves en ces termes:
« Ce n'est point par des déclamations violentes qu'on peut faire avancer la
vérité»... Mais l'auteur de cette note, qui signe B. P., l'a fait précéder de ces
« considérants » qui prouvent qu'au fond il ne critique que le ton du livre de
M. M. : « A coup sûr Coligny fut un chef de parti, ne séparant pas son ambi-
tion de ta question religieuse... ne combattant le gouvernement d'alors que
quand il lui était démontré qu'il ne pouvait l'exploiter à son profit... Si les
protestants s'allient aux Anglais et aux Allemands, les catholiques font venir
des mercenaires italiens, suisses et espagnols. Si les prolestants massacrent
et brûlent, les catholiques se vengent... Si l'amiral Coligny ne peut se
défendre de complicité dans l'assassinat du duc de Cuise... «etc.
Or, M. B. P. le sait aussi bien que moi, s'il est un fait établi, c'est le
désintéressement de Coligny et l'exploitation du pouvoir parles Cuises; —
que ces derniers et non les protestants, firent les premiers appel à l'étranger
— que les guisards commencèrent par massacrer et brûler; — que jamais on
n'a pu et on ne pourra démontrer la complicité de Coligny dans l'assassinat
de François de Guise... etc.
C CORRESPONDANCE
Coligny et le journal : Le Gaulois ».
Nous tenons à conserver le texte de ces deux lettres qui s'ex-
pliquent d'elles-mêmes :
Monsieur le Directeur,
Veuillez permettre à un abonné de bien longue date de vous
exprimer la pénible surprise que lui a fait éprouver, à la lecture
du Gaulois du dimanche 31 janvier l'inqualifiable « nouveau
portrait de Coligny ». que vous avez été « heureux de faire con-
naître à vos lecteurs », comme ■ une étude si bien documentée et
si intéressante ».
Cette surprise, il n'a pas été seul à la ressentir en trouvant,
après les recherches approfondies des historiens modernes, en
plein xx£ siècle et dans un journal de la valeur du Gaulois, une page
que Ton croirait empruntée aux plus odieux pamphlets du xne.
Ce serait sans doute l'occasion de rappeler et de reproduire
une fois de plus les paroles si concluantes de Bossuet : < Tout ce
qu'on employait pour décrier l'amiral ne servait qu'à illustrer sa
mémoire . Histoire de France livre xvn .
Agréez je vous prie. Monsieur le Directeur, l'expression de
riTï très distingués seLiimenîs :
Bon F. DE SCBICKLER
Président de la Société de l'histoire
du Protestantisme Français.
Monsieur,
Le Gaulois a le plus grand respect de toutes les confessions
religieuses, il ne combat que les ennemis de la religion. Je me
garde toujours et prie mes rédacteurs de se srarder de tout ce qui
pourrait éveiller les susceptibilités, même les plus chatouilleuses,
tenant que toute croyance mérite qu'on s'incline devant elle. J'ai
relu l'article auquel vous . faites allusion, je me permets de vous
faire remarquer que le Rédacteur avait eu soin, dans la note qui
précède l'article, de faire toutes les réserves. J'estimais donc qu'au-
cune conscience ne pouvait se troubler, mais puisque je me suis
trompé, puisqu'une personnalité telle que vous prend la peine de
m'averlir, je m'en vais redoubler de vigilance.
Veuillez croire. Monsieur, je vous prie, à mes sentiments les
plus distingués.
Arthur Meyer.
CORRESPONDANCE
Pierre Lorient. — Je lis toujours le Bulletin avec un vif intérêt,
en particulier ce qui s'y rapporte aux pasteurs du Désert. C'est
dire que je remercie M. Th. Rivîer pour les renseignements qu'il
nous fournit sur Jacques Bombonnoux et Jean Martel (pages -472-
477). Mais les détails qui suivent, sur Pierre Lorient, me laissent
perplexe. C'est la première fois qu'il est question de ce pasteur du
Désert qui aurait exercé son ministère à Nîmes, vers 1735, et aurait
été banni du royaume, après deux ans de réclusion dans la cita-
delle de Montpellier. Comment se fait-il que les historiens du Désert
gardent sur lui un silence absolu? Ce champ pourtant a été mois-
sonné avec tant de soin qu'il reste à peine quelques épis à glaner.
Or ni Charles Dardier, si bien informé et si minutieux, ne cite le
nom de Lorient dans les quatre volumes de ses Lettres de Paul
Rabaut aux notes si abondantes, si précises et si complètes, ni
M. Edmond Hugues ne parle de lui, soit dans son livre sur Antoine
Court, soit dans ses trois volumes sur les Synodes du Désert. Il est
bien question (t. II. p. °296 de ce dernier ouvrage ) d'un P. Lorient,
dont le nom figure, en 1763, au bas du certificat de consécration
de Lanne, dit Dubois; mais il se signe « V. D. M. et prédicateur de
la cour du prince d'Anhalt-Cothen » et on ne saurait le confondre
avec le prédicant illettré qui aurait, plus de vingt ans auparavant,
adressé une demande de secours aux « Bourguemaîtres de la
Noble ville de Saint-Galle (sic). »
Cette lettre, elle-même, n'est-elle pas étrange? L'auteur parle,
en 1750, de la persécution qui dure « depuis 10 ans » et semble
ignorer qu'elle remonte à la Révocation.
Il parle de la religion réformée comme de la « plus pure de toute
la terre. » Il dit qu'il a prêché la nuit dans le Déserts (sic) de France,
comme les Apôtres de notre Divin sauveur autrefois dans le désert
de la Judée. » Il se signe « Pierre Lorient, ci-devant Ministre du
Saint-Evangile en France sous la croix et, maintenant, voyageur
comme nos pères autrefois, Abraham, Isâc et Jacob. » — Il est bien
évident qu'on ne retrouve pas, dans ces lignes, le sobre langage
des pasteurs du Désert. Qu'est-ce à dire? Aurions-nous affaire, ici,
à unfaux frère qui auraitpris indûment le titre de pasteur pour mieux
capter la bienveillance des Saint-Gallois? — Je n'ose pas répondre
par l'affirmative, mais j'ai des doutes. Adhuc sub judice lis est.
Agréez, Monsieur le Rédacteur, mes salutations dévouées
D. Benoit.
A la Gaumine (voy. Bull. 1908, p. 573). — Le dictionnaire de
Hatzfeld, Darmesteter et Thomas, indique l'étymologie de cette
locution en ces termes :
« Tiré du nom propre de Michel Gaumin ou Gaulmin, intendant
CORRESPONDANCE
187
sous Louis XIII et Louis XIV, dont le mariage lit grand bruit. » —
Ces mots sont suivis d'un renvoi au Mémoire sur le mariage des
protestants, cité dans le Dictionnaire historique de V ancien langage
français, ouvrage de Lacurne, savant du xviii6 siècle, publié par
L. Favre, Paris, 1875. — Littré a cité Lacurne d'après le manuscrit.
On voit que Gaumin a ici le prénom de Michel, tandis que
Moreri, la biographie Universelle, la Nouvelle Biographie générale,
et le Manuel du libraire, de Brunet, lui donnent celui de Gilbert (1).
Il y a lieu d'examiner la question de plus près, et de voir le texte
du Mémoire cité.
E. RlïTER.
Ce Mémoire est celui qui parut en deuxpartiesen 1787 (A Londres)
Le passage auquel on renvoie se trouve à la fin du deuxième
mémoire, dans la Quatrième observation qui traite « des moyens de
constater l'état de ceiix qui sont déjà mariés hors de l'Eglise et de
ceux qui sont issus de pères et mères, aïeuls, morts, dont le mariage
n'a pas été célébré dans l'église. » (P. 136 et ss.) L'auteur dit que le
premier moyen, c'est de rechercher l'inscription de ce mariage
dans les registres secrets tenus par les pasteurs du Désert, mais il
ajoute que ces registres n'existent sans doute que pour les pro-
vinces où les protestants étaient nombreux. Puis il continue :
« Mais dans les autres provinces, il y a aussi des familles pro-
testantes répandues de côté et d'autre, au sort desquelles il faudra
pourvoir.
« Je ne sais comment ceux-là se sont mariés. Ils ont peut-être
contracté de ces unions que les lois ont déclarées illicites, qu'on
nommait Mariages par paroles de présent, ou Mariages à la Gaulmine.
« Ils en ont conservé des actes, on pourra les produire, et ces
actes étant signés de gens qui n'existent plus, ne. seront pas sus?
pects.
« S'il yen avait qui n'eussent gardé aucun vestige de leur union,
il faudrait bien admettre en leur faveur une possession d'état! . ..
On voit que Lacurne ou Littré se trompent lorsqu'ils écrivent
que ce mariage contracté « en présence d'an prêtre catholique, mais
sans qu'il bénit (es époux », était « réputé valide ». il était parlai-
ternent « illicite » ainsi que' le constate le ministre d'Ltat Lanioi-
gnon de Malesherbes, qui recherche précisément, dans cette partie
de son second mémoire, le moyen de le rendre « valide ».(2)
N. W.
(1) M. J. Pannier nous fait remarquer que Gaumin, possesseur d'une belle
bibliothècfue était en rapport avec Samuel Bochard (voir une lettre de ce
dernier, du l'.l oct. 1650 à M. Gi ranci, reproduite d'après l'autographe de la
Bibliothèque de notre Société, par M. GalJand, parmi les pièces justificatives
de son Essai sur l'histoire du protestantisme à Caen, Paris, 1898, p. 483). —
(2) L'Histoire de France publiée chez Hachette sous la direction da
188
CORRESPONDANCE
D'Amouin de Ladevèse. — A propos de cette branche de la
feuille d'Amouin, citée dans le dernier fascicule du Bulletin (1908,
p. 453), M. Jean Jalla, archiviste delà société d'Histoire Vaudoise,
nous écrit, que dans les registres des vallées Vaudoises du Pié-
mont figurent, comme parrains, en octobre 1723, Sr Charles Lade-
vèse, marchand à Turin, et en 1724, Sr Henry Devèze, aussi mar-
chand à Turin.
Un Faux en citation :
M. Marius Talion a publié en 1887, sous ce titre : Fragment de
la guerre des Camisards, un mémoire anonyme, qu'il a enrichi de
notes. A la dernière page de ce mémoire, p. 81, on lit celle-ci
que je transcris textuellement : « Les auteurs de La France protes-
tante, art. Abraham Mazel, affirment que c'est Cavalier et Mire-
mont, qui après avoir engagé Abraham Mazel et les autres à ren-
trer en France; instruisirent Basville du retour des chefs cami-
sards. » Le fait, s'il était vrai, serait loin d'être glorieux pour Cava-
lier.
L'assertion me parut tellement osée que, sans tarder, j'ouvris
La France protestante pour consulter l'article dont M. Marius Talion
invoquait l'autorité. Ony lit ce qui suit: « Abraham prêta une oreille
complaisante aux propositions de Miremont et Cavalier... Il fit
partir en avant deux prophétesses, Marie Desubas et Elizabeth
Catalon, qui eurent le courage de s'avancer jusque dans les envi-
rons de Nîmes, tenant partout de nombreuses assemblées. Elles en
tinrent une, entre autres, au mois de juin 1709, qui fut surprise et
elles tombèrent elles-mêmes entre les mains des soldats. Deux
lettres que l'on trouva sur elles, l'une de Cavalier, l'autre de Mire-
mont, instruisirent Basville du retour des chefs camisards. »
Je crois qu'il est difficile de concevoir plus odieuse falsilica-
tion de texte que celle dont s'est rendu coupable M. M. Talion.
Elle permet de disqualifier son œuvre historique. Faire peser
sur la mémoire de Cavalier et de Miremont, à l'aide d'un faux
voulu et prémédité, l'accusation d'une aussi infâme trahison,
appelle la plus sévère condamnation.
Frank Puaux.
M. Ernest Lavisse, écrit ceci; (dans la 4° livraison du tome VIII, p. 369 ;
« D'assez nombreux curés, par tolérance ou pour de l'argent, conféraient le
sacrement sans exiger la confession préalable, sans môme bénir les époux
(mariages dits à la gaumine). C'étaient, écrit l'évoque de Périgucux. la plupart
des curés ordinaires. A plus forte raison, les prêtres vagabonds el misérables. »
En note on lit : « Plusieurs jurisconsultes gallicans tenaient que la béné-
diction sacerdotale n'était pas indispensable à la validité du mariage, *
CORRESPONDANCE
189
Le forçat pour la foi, Salomon Bourget.
Rots le 13 mars 1909.
Monsieur.
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt à la page 91 du bulletin de la
Société de l'histoire du Protestantisme français (numéro de janvier-
février 1909) que M. le pasteur Edgard de Vernejoul, mon parent,
appelé à la direction de l'Église chrétienne réformée de Marseille,
avait eu l'heureuse idée de consacrer la première fête de la Réfor-
mation qu'il célébrait dans cette ville au souvenir des galériens
huguenots « à peu près totalement ignorés jusqu'alors de leurs
coreligionnaires des xixe et xxe siècles ».
Et que M. N. W. avait ajouté : « Nous félicitons M. de Vernejoul
de son initiative et nous lui souhaitons des imitateurs; il n'y a en
effet, guère d'Église protestante, qui ne puisse trouver dans son
passé un souvenir du même genre digne d'être évoqué et perpé-
tué ».
La lecture de cet article m'a donné l'idée de faire connaitre
aux lecteurs de l'histoire du Protestantisme français que mon cin-
quième aieul avait eu l'honneur de ramer sur les galères du roi
et je vous envoie copie de deux pièces sur cet événement, dont je
possède les originaux, et qui sont classées dans mes archives cle
famille :
PREMIÈRE PIÈCE.
« Vu par nous Conseiller du roy en ses conseils, intendant géné-
« ral des galères de France, le 20 juin 1713.
« N° 20.889.
« Nous, Jean-François de Rozel et Charles Français Blondel de
« Jouvencourt, conseillers du roy, commissaire-ordonnateur, et
« contrôleur des galères de France : — Certifions à tous qu'il ap-
« partiendra, que suivant les ordres du roy adressés à monsei-
« gneur le maréchal de Tessé, Chevalier des ordres de Sa
« Majesté, général des galères, et en son absence à celui qui les
« commande et à M. Arnoul conseiller du roy en ses conseils, inten-
« dant général des dites galères en date du 17 may 1713 et à nous
« remis, nous nous sommes transportés sur l'une des dites galères
« la pharrine et trouvé le nommé Salomon Bourget, forçat, âgé de
«'63 ans, natif de Croissy en Normandie, condamné par jugement
« de M. l'intendant de la généralité d'Alençon rendu le 8 avril 1697
« à servir sur les galères de Sa Majesté. Lequel Salomon Bourget
« nous avons fait détacher de la chaine en nos présences, donné
« pleine et entière liberté, à condition néanmoins cle passer sur
« le champ par mer dans les pais étrangers, et de ne plus rentrer
190
CORRESPONDANCE
« dans le royaume, à peine d'être remis en galère pour le reste de
« sa vie suivant les ordres du Roi. En foi de quoi nous lui avons fait
« expédier ces présentes pour lui servir et valoir ainsi que de rai-
« son. Prions et requérons tous gouverneurs et lieutenants de Roy,
« maires, échevins, prévôts, capitaines de port et passages de lais-
« ser seurement et librement passer le dit Bourget afin de jouir de
« la liberté à lui accordée par Sa Majesté. Délivré à Marseille sous
« le sceau royal de la marine le 20 juin 1713.
« Suivent trois signatures.
« Sceau à la cire rouge. »
Seconde piège.
« Nous soussignés pasteurs de l'Église de Genève attestons que
« Salomon Bourget de Croissi proche Falaise, en Basse Normandie,
« âgé de 56 ans, est du nombre des fidèles confesseurs, qui ont
« souffert les rigueurs d'un triste esclavage dans les galères pour
« la profession de l'Evangile. Il a été condamné à ce genre de sup-
« plice l'an 1697, pour assemblée pieuse, et, dans les diverses souf-
« frances auxquelles il a été exposé, il a toujours fait paraître un
« fidèle attachement au pur service de Dieu, glorifiant son saint
« nom par la foi et par la patience, et édifiant ses frères par sa
« piété et par sa bonne conduite. Nous bénissons Dieu de la déli-
« vrance qu'il lui a accordée, de même qu'à plusieurs autres de nos
« frères et, dans le dessein qu'il a d'aller au pays de Brandebourg,
« Nous l'accompagnons bien volontiers du présent témoignage, afin
« qu'il soit reconnu pour un fidèle témoin de la Vérité, digne de l'af-
« fection, de l'estime et des soins de tous ceux qui aiment vérita-
« blement le Seigneur Jésus, à la grâce duquel nous le recom-
« mandons, de même qu'à la bienveillance de nos frères. Fait àGe-
« nève ce 28 juillet 1713.
« Signé : Bertini, pasteur,
« Calandrini, pasteur,
« B. Picïet, pasteur,
« Léger, pasteur,
« Sartoris, pasteur,
« Approuvé par les commissaires del'Ex... des louables cantons
« à Morge ce 5 août 1713.
« Signé : Dunt ».
Salomon Bourgel, sieur de Beaupré, dont le père et l'aïeul ap-
partenaient à la religion prétendue réformée, avait épousé Jeanne
Houel le 29 janvier 1680.
Un de leurs enfants, Jacques Bourget de Beaupré avait épousé
Madeleine Bourdon le 31 janvier 1712.
CORRESPONDANCE
191
Ils avaient eu plusieurs enfants dont l'un, nommé Jacques, avait
épousé Jeanne Bouffay le 10 août 1751 ; plusieurs des enfants issus
de ce mariage avaient été volés à leurs parents en 1773 et élevés
catholiques. L'aînée, trop âgée pour être volée utilement, avait
épousé Jacques Mesnil en 1782; de ce mariage étaient issus, entre
autres enfants, une fille qui avait épousé en 1813, Jean-Baptiste
Beaujour, mon grand-père.
Les descendants de ces Bourget de Beaupré sont encore nom-
breux ; malheureusement, par suite de l'enlèvement des enfants
et des mariages mixtes, tous sont aujourd'hui catholiques, à
l'exception des descendants de Jean-Baptiste Beaujour, mon aïeul.
L'un de ces descendants est mon père, auteur de Y/zssai sur l'his-
loire.de l'Église Réformée de Caen.
Veuillez agréer, monsieur, l'expression de mes sentiments de
considération les plus distingués.
A. Beaujour.
Ancien magistrat
Sécrétaire du Conseil presbytérial
de l'Église réformée évangélique de
Cherbourg (Manche).
Gérard de Saint-Amant. Son origine.
En parcourant le volume Les Verriers du Languedoc par
Saint-Quirin, j'y vois cités des Girard, gentilshommes verriers,
en assez grand nombre^ auxquels on peut rattacher vraisemblable-
ment notre Antoiue Girard, appelé aussi Marc-Antoine de Gérard,
écuyer, Sr de Saint-Amant, notre poète rouennais, fils d'Antoine G.
et d'Anne Hatif, baptisé à Quevilly le 30 septembre 1594. .
Né en 1551, mort à Rouen le 18 novembre 1624 à 75 ans, sur la
paroisse de Saint-Sever, et ancien du Consistoire de Rouen-Que-
villy, le père de notre poète était un grand marchand, au dire de
M. E. Lesens, dans sa notice sur Le poète Saint-Amant,, de
l'Académie française et sa famille. Ledit poète, toutefois, fut
commissaire ordinaire de l'artillerie de France. Il fut créé, en
1646, gentilhomme ordinaire de la reine de Pologne, Marie-
Louise de Gonzague. En 1643 il avait accompagné à Londres (à
quel titre?), l'ambassadeur de France, comte d'Harcourt. J'ai tout
lieu de supposer que le nom de Saint-Amant provient de quelque
fief faisant partie des terres possédées en Languedoc par les de
Girard et que ce n'est, ni de l'abbaye de filles de St-Amantde Rouen,
ni de la paroisse du même nom, attenante à l'abbaye, ni aux en-
virons ou en Normandie qu'il convient d'en chercher la prove-
192 CORRESPONDANCE
nance. Peut-être St-Quirin ou un de nos lecteurs pourrait-il élu-
cider ce point intéressant ?
R. Garreta.
Jean Cousin.
En 1884, je communiquai à feu M. Henri Bordier une série de
documents que j'avais recueillis sur le peintre sculpteur Jean Cou-
sin, qui passait pour huguenot au xvia siècle, ce que confirment,
entre autres, ses relations directes et intimes. Parmi ces docu-
ments se trouvait un extrait du registre des causes expédiées au
siège de la prévosté de Saint-Germain des Près, constatant que le
5, 8 et 12 mai 1562, un Jehan Cousin plaidait contre Nicolas Yon,
son débiteur. M. Bordier (F. P. iv, 862), remarque à ce propos,
« que cette men tion isolée ne se rapporte pas nécessairement à notre
artiste. « Or, je vois, dans un article de Y Indépendant Auxerrois
du 9 octobre, 1908, qu'on a bien voulu me communiquer et dans
lequel M. Maurice Prou résume une étude de M. Maurice Roy, con-
seiller à la Cour des Comptes, qu'après avoir, vers 1540, habité à
Paris, rue Vieille du Temple, Jehan Cousin le père vint s'installer
«dans un hôtel considérable qu'il fit bâtir rue des Marais (actuelle-
ment rue Visconti) », laquelle rue des Marais relevait bien de la
prévôté de Saint-Germains des Prés (1). M. M. Roy ajoute qu'en
1562, un des gendres de Jehan Cousin était déjà en possession
d'une partie de cette maison. La mention ci-dessus, du 5 au 12 mai,
se rapporte donc bien, croyons-nous, à Jean Cousin qui fut mis
aux prisons de M. l'Abbé de Saint- Germain des Prés comme hugue-
not », le 21 juillet 1562, d'après le Journal de 1 562, puis jeté à la
rivière où il périt parce qu'à « toutz les bords y avoit des gens
pretz à l'assomer s'il fût abordé» ; renseignement confirmé par
l' Histoire ecclésiastique et par Crespin (F. P. iv, 835 856) (2).
N. W.
(1) Je crois du reste, me rappeler que dans le registre que j'ai cité, Jeau
Cousin y est dit habiter la rue des Marais.
(2) Et dont M. Maurice Roy ne semble avoir tenu aucun compte.
Le Gérant : FlSCRBACHER
Rudolf Sçuwarz. — Jokaniies Culvins Lefcenswerk in scineii Brieïeu, Eine Auswahj
\on Briëfen Galvins in dcutscher Uebersetzung, mit einem Geleitwort von Prof. L. Paul
Wernlo. Erster Band -.DioBrieiebis .zum labre 1553. — Zweiter Band: Die Briefebiszutn lahr«
VMV't. Doux volumes do \XlV-498 et XX- 49 6 pages grand ih-S0 ; Tùbingen, •). "C. B. Mohr
•:..i909.V ; ■
G. Sodel'u. — Johann Calvin, un vol. de 100 p. in-iO. avoo portrait, 2i7cvol. de Aus Nalm
ihîd^Geistesuielt Leipzig. B. G. ïeubner, 1909. .
A. Uaur- \Veinsberg. — ReHyions-cjeschiehtlicne Volksbiïcher, IV Reihe; 9 Ileftj
Johann Calvin, une brochure de 48 pages pet. ïii-80-.;Tiibi'ngen, J. C. B. Mohr, 1909.
E. K'o.cus, P. — Johann Calvin, ein anserwa*hltës R Gottes, avec. gravures
dans --Ch ristlicher . iVolks' Kalender, . lieràu.sgegében\ von der Dia kon i ssen- Ans tait zu Kaisers
werth am Rhein, 1909, 80 p. in-10. V
Tkofilo Ga y. -r- Jean Calvin, réformateur de Genève et bienfai te i»r des Vaudois
quatrecentièmë anniversaire de sa naissxiricè,, 17 tevrier 1 909, une, brochure de 16 page
i n-8°, publiée par. la Société d'Histoire yàudôi$er pour lé$ enlants des Vallées.
M. E; Grave. — Calvin et '\les£ protestants du ;\rèxiii, une brochure, de 16 pages ih-8
extraite du Bulletin historique et philologique, ,1908, Paris Imprimerie, nationale, 1 909. \
G yen ce; J a-no s; — Servet Mihâly Pore es Kalvin viszonya ahhoz;, .une brochure il
100 pages m -16 avec, portrait d Sèrvét, Budapest. 1909.
H. Denkiîs gerV — Triomphes série/ Jean Calvin 15O0-1504
; publié à l'occasion' du. qualrième-centehaire de la. naissance du grand Réformateur, un
brochure clé 54 pages in- 16, ornée de 33 illustrations, Genève, J. H. Jeheber, 1909. -
Dr H. Edlér von .Hoffmann. > Die , Urform der Discipline ecclésiastique, clan
:--Èéu£sche:Zeitscfo:ift 7w?r/^m^£ XVIIÏ; Bainl, drilles Ifefl., Tûbiugen, J. G. B. Mohr, \m
ON DEMA NDE r
• 'de 1802,1 856, 1809 -
rlnnuaire Protestant
Je 1860 : -
ET
Almaiiacli îles Prolestants
• : . de 1808 et 1810. ' ï. ■
:'Prière de s adresser à. M. N. WE1SS .
54, 'Rue des Saints-Pères, Paris (VIRàrr.)
Société de l'Histoire dit Protestantisme Français
Pour les Annonces
DU BULLETIN ^
S'adresser à M. Claude STREET
6, rue des Beaux-Arts, PARIS (6e arr.)v-
Qui enverra franco le. tarif et , les conditions
VIENT DE PARAITRE \
Documents inédits sur la Réfpr
matipn dans le Pays de Neuctiâ
vtel^ publiés avec une table des noms d
personnes et de lieux, par ArtHu
Piaget, Archiviste de l'État. Tome J
$530 à 1538- Neuehâtel, 1909, in
pp. VI -604 et i fac-similé. Fr. 12
Envoyer les Souscriptions - aux
ARCHIVA D K L É I AT , Cil AT^Ali: DE ÏVE UCH AIE L (Sui;
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seur de !a Banque de France, Administrateur de
la Compagnie Universelle du Canal maritime de
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de la Seine, Président. -
A. Mirabaud, de la Maison Mirabaud et Cie, Ban-
quiers , Administrateur de la Compagnie des: Che-
mins de fer de Pan; à Lyon ei à la . Méditerranée et
de la Compagnie Algérienne, Vice-Prèsideitt.
Eug. Guët dé la maison Guët et Cie, banquiers. v
C. Jameson. ancien associé de la' maison Hottinguer
et Cie, Banquiers.
DIEECTIOiT
MM. Mpntferrand (comte Ch.. de), ^ancien Inspecteur
■• • des Finances, Directeur.
Le Senne (Eugène), Direceur- Adjoint.
:m i isr i s t .A.T io
MM. G. Mallèt de la maison Mallet Frères
Cie, Ban-
■ quiers
J. Marcuard de la maison Marcuârd e.t Cie, Banquiers
G. Sohier O Administrateur du Crédit Foncier de
France et de la Compagnie des chemins de fer de..
Paris à Lyon et à là Méditerranée, ancien Président
du Tribunal de Commerce de la Seine.
A. Thumeyssen, Administrateur de la Cie des Chemins.
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Administrateur de la Compagnie du Chemin de fer;
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CHEMINS DE FER DU NORD
Saison des Bains de mer (Billets à prix réduits)
Pendant la saison de la veille de la fête des Rameaux
au 31 Octobre, toutes les gares du chemin de fer du Norddéli-
vrent dès billets de 1>:C, 2* .'et ."t» classe à destination dcs: stations
balnéaires suivantes : RERCK tstàtion du chemin de fer d'inté-
rêt local), BOULOGNE-VILLE ou . TINTE LLERIES (Le Porte!)
CALAIS. CAYEUX /station du chemin de fer d'intérêt local)
CONCHIL-LE-TEMPLE (plage de FOrt-Mahon). DAMNES.
CAMIERS (plage Sainte-Cécile ou .Saint-Gabriel). DUNKERQUE.
(plage de Mâlo-les-Baios et de Rosandael). ETAPLES{Pai"is-Plage
station du chemin de fer électrique), EU (plage du Bourg-d Ault
et d'Onival), GHYVELDE tBray-Dunes), GRA VELINES (Petit-
Fort-Philippè) LE CROTO Y (chemin de fer d'intérêt local viâ
Noyelles), LEFR1NCKOUCKE (plage de Mâlo-Termihus), LE
TREPORT-MËRS, LOON-PLAGE, MARQU1SE-RINXENT
(plage de Wissant), NOYELLES, QUEND-FORT-MAII ON (plages
de Quendet de Fort-Mahon), ST-VALERY-sur-SOMME, Wl-
MILLE-WIMEREUX(plagesdeWimereux, Audresselles et Am-
bleteuse),NOIN COURT (plages du bourgd'Ault et d'Onival),ZUYD-
COOTE. (Nord Plage). Il existe trois catégories de billets savoir
I» Billetsdesàison (l) delf«, 2<>, et 3o' classe," valables pen-
dant 33 jours, non compris le jour de l'émission, avec facilité de
prolongation pendant plusieurs périodes, de 15 jours sous
condition d'effectuer un parcours minimum de 100 lui. aller et
retour. Ces billets, créés pour les familles, sont nominatifs, et
collectif s. Il est accordé une réduction de 500/0 à chaque membre
de la famille eh plus du troisième : les'billets'doht il s'agit doi-
vent être demandés au moins 4 jours à l'avance, à la gare ou le.
voyàge doit commencer.
2° Billets hebdomadaires et carnets d'afler» être
■tour(l)de 1»; 2e et3e classe. Lès billets hebdomadaires sont va-
lables pendant 5 jours, du vendredi au mardi ét de l'avant-veille
au surlendemain des fêtes légales. Ces billets et carats sontind'i-
vidùcls. Les prix varient selon la distance et présen' i ht des réduc-
tions de 25 à 40 0/0.
Les carnets contiennent cinq billets d'aller et retour et peùyeri
être utilisés à une date quelconque dans le délai d 33 ours, non
compris le joui" de distribution.
3» Billets d'excu rsion (2) ae 2* et 3^ cl., de» dimanches et
jours de fêtes légales, valables pendant une journée. Ces billets
sont individuels ou de famille. Pour les familles (ascendants et
descendants), il est accordé une nouvelle réduction sur les prix
des billets individuels d'excursion, allant de 5 à 25 p. 100 selon
que la famille se compose de 2, 3, 4, 5 personnes et plus.
(1) Les billets de saison etles billets hebdomadaires sont va-
lables dans les mêmes trains et aux mêmes conditions que les i
billets ordinaires du service intérieur.
(2) Les billets d'excursion ne sont valables que dans des
TRAINS SPECIAUX ou dans des TR AINS DU SERVICE ORDI-
NAIRE désignés à cet effet par la compagnie. •' 'Jte &jv
du
Protestantisme Français
Reconnue d'utilité publique par Décret du 13 juillet 1870
Dulleiin
PARAISSANT TOUS LES DEUX MOIS
Etudes, Documents, Chronique littéraire
LVIIIe ANNÉE
SEPTIÈME :DE LA 5' SÉRIE
Mai-Juin 1909
PARIS
Au Siège de la Société, 54, rue des Saints-Pères
LIBRAIKIE FISCHBACH3ER (Société anonyme)
33, rue de Seine, 33
SOMMAIRE
ÉTUDES HISTORIQUES.
Jacques P a nnieb. — Recherches historiques sur les Eglises
réformées de l'Ile-de-France. — Le Protestantisme à
Claye, de 1554 à 1700. 193
DOCUMENTS.
R. Fromage. -— Poésies inédites de Clément M a rot . Troisième
article . . •. . . 225 ;:
N. Weiss. — Précisions documentaires sur l'histoire des
Camisards. — L'abbé du Chayla ..... . 2*3
MÉLANGES.
E. Grisellé. — Avant et après la Révocation de l'Edit de
Nantes, Chronique des événements relatifs au Protestantisme, de
1682 à 1687 {20 février — 9 mars J686). . . . . . 254
Séances du Comité — 9 mars et 4 4 mai 4909 . . ... . ... ..... 261
CHRONIQUE LITTÉRAIRE.
N. Weiss. — A propos du quatrième centenaire de la nais-
sance de Calvin. — Le Monument. — Les Commémora-
tions et publications ...... . . . . 264
H. Dannreuther. — Documents inédits sur le Protestantisme
à Vitry-le-François, Epense, Heiltz-le-Maurupt, Nettan-
. court et Vassy. Tome m.. . ,-; 270
H. Schoell. — Fénelon et Mad. Guy on. — Les origines de
la Réforme. — La bourgeoisie française au XVIIe siècle. 282
ILLUSTRATIONS.
plan de Claye . . .. ... . . . . ... . . . 194,
Églises de Claye et de Sonilly d'après des photographies . . . 196,210
Château de Claye d'après une ancienne gravure. .. \ ... . . . 199.
Vue^dii Pont-de-Montvert, d'après un dessin . . . . . . ... . . 249
Vues du projet du monument international de la Héformation à Ge-
nève, d'après, des photographies, face et profil. . . . . . ... . 267,269
Hors texte . Portrait de Calvin d'après une peinture d'Albrecht Anker,
exécutée en 4858 d'après les documents originaux et appartenant
à Madame Veuve G. Baum. . . . . ... ... . ... . . . 276,277
RÉDACTION ET ABONNEMENTS
Tout ce qui concerne la rédaction du Bulletin doit être adressé à M. N. "Weiss, secrétaire de la
Société, 54, rue des Saints-Pères, Paris (VIIe), qui rendra compte de tout ouvrage intéressant notre'
histoire, dont deux exemplaires seront déposés à cette adresse. Un seul .exemplaire donne droit a une-,
nnonce sur cette couverture.
Le Bulleii?i paraît tous les deux mois, en cahiers in-&° de 96 pages avec illustrations. On ne"
s'abonne pas pour moins d'une année. Tous les abonnements datent du i" Janvier et doivent être
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Prix de., l'abonnement: 10 fr. pour la France, l'Alsace et la Lorraine; — 12 fr. 50 pour l'étran- ,
ger ;•• — ■ 6 fr. pour les pasteurs, instituteurs, etc., de France et des colonies françaises; 10 fr. poOf*
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'.et pour les autres années, selon leur rareté.
La voie la plus économique et la plus simple pour le payement des abonnements est l'envoi d'un
mandat-carte au nom de M. Fischbacher, libraire, rue de Seine, 33, à Paris, ou de M. N. WcisS.
secrétaire-trésorier, 54, rue des Saints-Pères, Paris VII».
Nous' ne saurions trop engager nos lecteurs à éviter tout inter midi ait e, mime celui des ïthaitts,:
Les personnes qui n'ont pas soldé leur abonnement au 15 MARS reçoivent une quittance a DO*l-t
cjlè, avec augmentation, pour frais de recouvrement, de: i fr. pour les départements >'i fr. 50 pool,
l étranger.
Ces chiflres sont loin de couvrir les frais qu'exige la présentation des quittances ; raamtnistiaiioUy
ttê/ire donc toujours que les abonnements lui soient soldés sfontanéme
Rthub Pi a g et, archiviste de l'État. Inventaires et Documents publiés par les Archives de
l Ktat (volume quatrième). Documents inédits sur la Réformation dans Je pays
d&Neuchatel, Tome premier : 1530-io38, un vol., de VI-604 p. in-8% iacsimile et Index,
>*cuch;\tel. Archives de lVlat, 1909.
Pilastre. — Vie et caractère de Madame de Main tenon, d'après les œuvres du duc
.de Saint-Simon et des documents anciens ou récents, Edition ornée de reproductions de
Portraits, vues et autographes, un vol. de 184 p. in-8° (Index), Paris, Alcan 1907.
ugène Choisy. — Post Tenebras lux, Jean. Calvin, 1509-1564, Sa vie et son œuvre, une
brochure illustrée de 46 p. in-8°, Genève, J.-H. Jeheber, 1909.
ail le Fklice. — Jean Calvin. 1 L'homme. II Quelques accusations, Bolscc,
•Servet, Deux conférences extraites du Bulle tin: de la Société d'Histoire du Protestantisme
Beh/e (1908), une brochure de p. in-8°, Imprimerie de Nessonvaux 1909.
ilhelm Schlatteh. — Zum Gedàchtniss Johann es Cal vins. 27 p. in-8° en tête de
■\jVe«e Chrùtoterpc, XXX Jahrgang, Halle a. S. C. E; Muller 1909.
Bess. — Cnsere religicisen Erzieher, Von Luther bis Pismaixk, un volume de 265 p.
in-8° illustrées consacrées à Luther, Zwingli, Calvin, Spener, etc., les pages 62 à 104, signées
.%Bess, sont consacrées à Calvin. Leipzig, Quelle et Mcyer, 1908.
* A. Kuyper. — Reformai ion wi.dër Révolution ? Sechs Vorlesungen i'iber den Calvinis-
jijus, gehalten zU Princetown, iibersetzt von Martin Jaeger, un vol. de. 196 p. in-8°. Gr. Li-
rchterfelde, Reich Christi, 1904. -
theol. E. Knodt. — Johann Calvin, Mitteilungen aus seinem Lëhen und seinen
Schriften, un vol. de IV-d06 p. in-8* llerborn Buchliandlung des Nassauischen, Colportage-
veieins 1909.
Peter Paulsen. — Jphannes Calvin, Ein Lehens urid Zeitbild aùs dem Reforma-
lions Jahrhundert, Zum 400jàhrigen Geburtstag der Rel'orniators am lO Juli 1909, mit
;dem Bild Calvins, un vol. de 177 p. in-8° Stuttgart, Chr. Belser, 1909.
rorg Bamer. — Johann Calvin, Sein E.eben und Wirkeii, dem evangelischen
.JVolke frei nach deii Quéllen, une brochure de 134 p. in-16, portrait Neukirchen, Bu-
fchhandlung des Erziehungsvereins, 1909.
i; Heidemuller . — - Johann Calvin, ein Lebenshild, une brochure de 132 p. in-16, AVit-
tenberg, Wunschmann 1909.
*jlhelm Conrad. — Calvin, Ein Volksabend, une brochure de 48 p. in-8° Gotha F. E. Per-
-thes(1909). : . , ■ : .' . - • ■ . . ■
Mt Algust Lange. — -. Johannes Calvin , Ein Lebensbild zu seiriem 400 Geburststag,
;un vol. dé 222 p. in-8°. Leipzig, R. Haupt (Schrjften des Vereins fur Reformationsgeschichte
i)° 99) 1909. ' , ■ /.:;:..:,;■■:■:■ -
«A l'occasion du quatrième centenaire de Calvin, la
niile- dc-feu le professeur J.-H. Merle d'Aubig.né offre'
x pasteurs et aux bibliothèques d'églises :
Histoire de la Réformation au XVIe siècle,
5 volumes grand in-S°':
son Histoire de la Réîormation en Europe
au temps de Calvin, s vol.:
:it au total 13 volumes valant en librairie 97 J'r. 50,Oiu
rix de Dix francs, franco. .
Le nombre de collections' qui seront mises à la disposi-
' du corps pastoral étant 'limité, la livraison à ce prix
ae n'est garantie qu?aux j?rémiers inscrits. Jusqu'à la
!e l'année- VHistoirè de l'a fié formation seva. livrée au
blic au prix de 20 francs, franco. Il ne sera pas livré
volumes isolés. Les: volumes seront expédiés contré
ii)ourseme.nt. .— L'expédition se îérâ dans "les deux
is qui suivront lè présent avis.
Prière d' adresser les commandes ù M. fiobardey,
Société des. Ecoles dv Dimanche ;■
■ 33. rue des Saints-Pères, Paris.
WILLISTON WALKER
.Professeur à l'Université" de Yalt
JEAN CAL Vf
L'HOMME ET L'OEUVRE
Traduit avec l'autorisation de l'auteur
par E. et N. WEISS.
Un yolume in-8° écu de XXVI- 504 pages
.' illustré de 20 plancli.es.
Genève : Jullien t . . . . 3 fr. 50
eciété de l'Histoire du Protestantisme Français
Pour les Annonces
DU BULLETIN
S'adresser à M. Claude STREET
48, rue de Lille, PARIS (7e arr.)
Réduction du prix de la grande édition
critique des œuvres de Calvin :
JOANNIS CALVÎNI
opéra omnia edideriuit
G/Boum, Ed. Cunitz,
in-4°. / Bruns v. 1863-1900 .
lac tuel broché : 300 fr.
Ed. Reuss. — 59 vol.
Publié à 880 fr. Prix
ENVOI DIRECT OU PAR L ENTREMISE
D'UNE LIBRAIRIE
. -
Études historiques
SUR LES ÉGLISES RÉFORMÉES DE L'ILE-DE-FRANCE (1)
Le Protestantisme à Claye de 1554 à 1700.
I. L'église actuelle de Claye est-elle un ancien temple?
II. Les origines de la Réforme à Claye. La route de Meaux; la
famille Anjorrant. Extraits des registres paroissiaux.
III. Le premier synode de l'Ile-de-France après l'éditde Nantes (1601).
IV. Pasteurs et curés de Claye au xvne siècle.
V. Arrêts du Conseil interdisant le culte public (1636-1637).
VI. L'exercice suspendu et repris. La Fronde. L'interdiction défini-
tive (1668).
VII. L'intervention de Bossuet. Le culte à Bois-le-Vicomte. Les
abjurations.
VIII. La Révocation à Claye. Récits d'un témoin. Epilogue : la con-
version du curé de Souilly.
I
Claye est un bourg de la Brie dont la majeure partie
est sur la rive droite de la Beuvronne, petit affluent de
la Marne, à 28 kilomètres de Paris et à 14 kilomètres de
Meaux, sur la route de Paris à Metz. La plaine et les
vallons sont couverts de champs fertiles. Autrefois il y
avait plus de bois et un grand nombre de vignes. La
physionomie du pays a été quelque peu modifiée par le
tracé du canal de l'Ourcq, notamment à l'endroit même
où, sur la rive gauche de la Beuvronne, la grand'route
croisait la route de Melun à Dammartin. Actuellement
l'ancienne grand'route gravit une côte au nord du canal
tandis que la nouvelle le longe au sud, en laissant à
droite, en contre-bas, la mairie, l'hôtel du Cheval Blanc
et l'école (derrière lesquels le parc communal s'étend
(1) Voir les études précédemment parues dans le Bulletin de la Société de
l'histoire du protestantisme français, sur Grigny (1900, p. 225), Ablon (1901,
p. 286), le Plessis-Mornay et la Norville (1901, p. 169), Charenton (1906, p. 295).
Mai-Juin 1909. 13
ÉTUDES HISTORIQUES
195
jusqu'à la Beuvronne), puis, après la route de Melun,
l'église. Or, suivant une tradition locale, cette église n'est
autre qu'un ancien temple protestant.
Elle se compose de deux parties bien distinctes,
manifestement élevées à des époques différentes; la plus
récente est une grosse tour carrée surmontée d'un clocher
pyramidal couvert en ardoise, et restauré au milieu du
xixe siècle. La largeur de cette tour est un peu moindre
que la largeur de l'église elle-même dans l'axe de laquelle
elle se trouve. Evidemment on entrait autrefois directe-
ment de l'extérieur à l'intérieur par la porte qui conduit
aujourd'hui de la tour à l'église.
Très simple à l'extérieur, avec ses murs bas, percés
de petites fenêtres cintrées, et avec son toit en tuiles tout
uni, cette église est très simple aussi à l'intérieur. Sauf
une toute petite chapelle de date plus récente, ajoutée au
sud du chœur, elle se compose d'un vaisseau unique : au
bout d'un rectangle très long proportionnellement à sa
largeur, un chœur très petit; ni bas-côtés, ni transept.
Six fenêtres dans le mur septentrional, deux seulement
en face, vers le chœur que deux autres fenêtres éclairent
à droite et à gauche de l'autel. Sur le côté nord une
chaire assez belle, mais beaucoup plus récente que l'édi-
fice. La voûte est polygonale; le plafond qui est le plus
grand des cinq côtés du polygone, est supporté par une
poutrelle verticale appuyée sur une poutre horizontale
assez joliment sculptée avec élégants supports latéraux
contre les murs ; cette partie visible delà charpente com-
porte ainsi huit poutres et poutrelles en T renversé. Au
chevet de l'église sont accolés de petits bâtiments anciens.
Le sol de l'église est incliné en montant vers le chœur,
et la nef est orientée suivant les règles habituelles, ce qui
serait plutôt de nature à faire croire que l'édifice a été
primitivement destiné au culte catholique. Il est vrai
qu'il peut avoir été également construit pour le culte
réformé par un architecte catholique, ou habitué à suivre
ordinairement les règles catholiques, et la simplicité du
cadre primitif, encore très apparente sous les ornements
ÉTUDES HISTORIQUES
197
modernes, confirmerait l'idée d'une affectation première
au culte réformé.
L'ensemble rappelle d'ailleurs — autant qu'on en peut
juger d'après de vieilles estampes, — l'aspect des
temples construits en 1606 à Charenton et en 1630 à k
Rochelle (Villeneuve) (1).
A propos de ce dernier ou d'un autre temple roche-
lais, converti, lui aussi, en église « papiste », un visiteur
écrivait dans son journal de voyage, en plaignant ses
coreligionnaires dépossédés :
Et sic non vobis nidificatis aves (2).
11 se pourrait aussi que la tradition locale relative à
l'église de Claye repose sur ce fait que, pendant un cer-
tain temps, une chapelle catholique ait été transformée
en temple protestant.
D'après une autre tradition il y aurait eu un cimetière
protestant à YArzilière (ou l'Orsilière) dans la propriété
appartenant actuellement à M. Vincent. L'Arzilière est
une ferme située au sud-est du bourg, près de la rive droite
de la Beuvronne, au point où se rejoignent les chemins
traversant les hameaux de Voisins et de Villaine.
Enfin une ancienne église paroissiale se serait élevée
autrefois dans la propriété appartenant actuellement à
M. Gignoux. Un ancien cimetière, aujourd'hui désaffecté
et couvert de grands arbres, se trouve sur la pente entre
l'ancienne route de M eaux et le canal.
Deux grandes maisons à Claye prétendent au titre de
château. L'une d'elles s'élève à peu près sur l'emplace-
ment d'un château ayant appartenu au xvme siècle à la
famille de Polignac. La mairie et l'hôtel du Cheval Blanc,
en occupent partiellement les dépendances, et le parc com-
munal représente une portion de l'ancien parc seigneu-
rial, à l'ouest de l'église. C'est de ces côtés que s'élevait
probablement le château de Claye au temps des seigneurs
(1) Reproduites dans le Bulletin de la Société de l'histoire du prot. fr, de
1906, p. 326 (tirage à part, p. 40) et 1895, p. 310.
(2) Journal d'Élie Brackenhofï'er, 11 mars 1645, cité par H. Lehr, Protestants
d'autrefois ; sur mer et outre mer, Paris, Fischbacher, 1907, p. 19.
198 ÉTUDES HISTORIQUES
protestants. C'était une construction flanquée de tourelles
dont Chastillon nous a transmis l'image.
II
Ce qui est certain c'est qu'il y a eu à Claye, depuis
l edit de Nantes — et peut-être auparavant — jusqu'à
la Révocation, des seigneurs et des habitants protestants et
un lieu d'exercice du culte public qui, après celui de Cha-
renton, était le plus proche de Paris à l'est de la capitale.
Le fait que Claye est une étape ordinaire sur la route
entre Paris et M eaux, ces deux berceaux de la Réforme
française, explique suffisamment que cette localité ait été
l'une des premières à accueillir les « Ribliens » dès le
second quart du xvic siècle.
A la fin du xv(J siècle déjà la seigneurie de Claye
appartenait en partie, — ainsi que celle de Souilly,
village situé un peu plus haut, au nord-ouest de Claye —
à une famille d'origine berrichonne : les Anjorrant (1). En
1498 Louis Anjorrant était avocat du roi à la cour des
comptes. Son fils Renaud, sieur de Souilly, fut, semble-t-
il, un des premiers qui se déclarèrent pour la Réforme;
quand la persécution sévit à Paris et aux environs, il se
réfugia à Genève; il y fut reçu « habitant » le 10 décembre
1554(2), « bourgeois » en 1566(3), membre du conseil
des Deux Cents en 1570. Son fils aîné Jean porta ce
prénom comme filleul de Jean Calvin. Voilà l'histoire
religieuse de Claye reliée par là plus directement encore à
l'influence du grand réformateur français.
(1) France protestante, 2e édition, t. I, col. 266 et suivantes. Leurs armes
étaient : d'azur à trois fleurs de lys naturelles d'argent, tigées et feuillees de
sinople.
(2) France protestante, lre éd-, T, 112; II, 516. Les archives de Seine-et-
Marne (B, 918) renferment un « Acte d'échange entre Regnault et Jean Anjor-
rant de biens situés à la Villette lez Paris contre des immeubles au terri-
toire de Souilly, provenant tant des propres dudit sieur Jean Anjorrant que
de la succession de feu maître Louis Anjorrant son père, en son vivant pré-
sident aux requêtes du palais à Paris ».
(3) Le 31 janvier 1556 « Regnaulx Anjorrant, filz de feu Loy$, natifz de Pans «
verse 10 écus etl seillot {Livre des bourgeois, édition Covelle. L897j p. 241).
200
ÉTUDES HISTORIQUES
Pour la première fois, à la fin de juillet 1562, Y Histoire
ecclésiastique mentionne expressément « le ministre de
Claye » saus dire son nom. « Estant venu se plaindre [à
Meauxj des outrages que les soldats que Strossy, conduits
par Bordât, lieutenant d'iceluy, avoient fait tant à luy
qu'aux autres de ce lieu, ets'adressant pour en avoir justice
à un nommé Parcalus, qui avoit esté establi chef de la ville
par ceux de la Religion, pour toute response il en receut
un soufflet (1) ».
En 1567 lorsque se font les préparatifs pour la seconde
guerre, fin septembre, « le ralliement des réformés » fut
à Claye (2).
Un parent de Renaud (son frère probablement) , Jean
Anjorrant, resta plus longtemps en France, quoiqu'il eût
aussi adhéré à la Réforme. Son nom figure en 1562 sur une
liste de suspects qui étaient conseillers au Parlement de
Paris (3).
Il mourut cette même année. Sa femme Catherine de
Budé était fille du célèbre professeur au Collège de France.
Le 16 février 1563 le parlement rendit, pour cause de
religion, un décret de prise de corps contre « damoy selle
Catherine Budé, vefve de feu maistre Jean Anjorrant, en
son vivant conseiller et président ès enquestes de ladite
court », etcontre quarante- quatre habitants de Claye parmi
lesquels « Crespin Le Brun, procureur fiscal de lad. dlle au
lieu et village de Claye, Alexandre Quentin, hôte des
Trois Couronnes dud. lieu; Nicolas Savenières, l'aîné, cor-
donnier; Nicolas Savenières le jeune, sergent; Claude
Rïberolles, demeurant à la Corne du Cerf dud. lieu, Jehan
Bonne fort dit Raoulquin, le contrerolleur Le Blanc, Gilles
Lescaille; Jehan Troisvalletz, un appelé le Pédagogue,
Jehan et Quentin les Bienvenuz, Eustache et Noël Delor,
joueurs d'instruments; lafemme du seigneur de Maure-
(1) Histoire ecclésiastique des Églises réformées, etc., 1. VII, p. 3S2 (édition
Baum, t. II, p. 442] .
(2) A. d'Aubigné, Histoire universelle, 1. IV, ch. vu (éd. de Ruble. t. 1.
p. 232).
(3) France prot., lrc éd., IV, 211.
ÉTUDES HISTORIQUES
201
gard, elc. (1) ». Un autre Jean Anjorrant figure sur les
registres catholiques de Claye en 1580.
Le plus ancien recueil conservé à la mairie de
Claye aux archives de l'état civil (GG. 1, 1577 à 1674)
commence par un baptême du 26 juillet 1577. Le curé
s'appelait alors Reynaut (son nom ne figure pas sur la
plaque fixée, au xix^ siècle, dans l'église, à gauche de
l'entrée). Dès le mois suivant, au baptême de « Jehan
filz de Philippe La Feulle et Artuze de la Motte » apparaît,
comme parrain « Monsieur Jeh. Anjorrant, conseiller du
roy en sa court de parlement, receu à la survivance de
son père, M. Claude Anjorrant de Claye, seigneur de l'Ar-
silière». 11 y a un second parrain (« M. Anthoine Roy »).
De même dans un acte qui concerne bientôt plus directe-
ment encore la famille Anjorrant :
Du vme septembre 1580 a esté baptizé Claude filz de Monsr
Me Jehan Anjorrant chevallier seigneur de Claye, conseiller du roy
en sa court de Parlement, receu à la survivance de Monsr Me Claude
Anjorrant son père conseiller en icelle, et damoyselle Anthoinette
Huraud, ses père et mère; les parins sont pour Mr Claude Anjor-
rant Monsr Pierre de Lascours (?) conseigneur de Claye et seigneur
de Lagny (°2), Monsr Pierre Fort advocat en la d. court, et la ma-
rine damoyselle Glere de Pilloy vefve de feu Mr Loys Huraud
prieur de Monmagny (3) et dame de Messy (4) en partie.
(Signé) Reynaut.
Le registre des testaments commencé également
en 1577 renferme, après un acte du 23 septembre 1580,
une particularité extrêmement intéressante (fol. 59 et
suivants) : quatre pages d'écriture où deux lignes de mo-
dèle sont reproduites par une main malhabile, entre
autres cette maxime :
Détourne toy du mal et approche du bien,
Pour le mettre en effort et point au delà.
(1) Arch. nat., registre criminel du Parlement de Paris, n° 130, f° 292; cité
dans la France prot., 2e éd., t. III, col. 380.
(2) A deux lieues au sud de Claye, sur la Marne.
(3) Au nord de Saint-Denis.
(4) A deux kilomètres au nord de Claye.
202
ÉTUDES HISTORIQUES
Ces pages sont signées : Claude Deobonne (1). Puis,
après une liste des « noms de ceulx qui ont des vignes »,
de l'écriture du curéReynaut, reparaît cette autre écriture,
et on lit cette fois (fol. 64) :
Nostre père qui es ès cieux, ton nom soit sanctifié, ton règne
advienne, ta volonté soit faicte en la terre comme au ciel, donne
nous au jour d'huy nostre pain quotidien, et nous pardonne nos
offenses ainsy que nous pardonnons à ceux qui nous offensez
(sic), et ne nous induis point en tentation maies (sic) nous délivre
du mal, car à toy est le règne la puissance et la gloire ès siècles
des siècles. Ainsi soit-il,
(Signé) : Claude Deobonne.
La forme du singulier employée en s'adressant à Dieu,
et la présence de la doxologie finale, dénotent ici incon-
testablement une inspiration protestante; il y avait alors,
au presbytère de Glaye, un jeune homme à qui, semble-
t-il, le curé apprenait non seulement à écrire, mais à prier
à la façon des réformés. Après des baptêmes de 1585 —
toujours célébrés par le même curé Reynaut — nouvelle
page d'écriture de Claude Deobonne (fol. 79) :
Commencer fault les bien former
Quant quoy puisse escrire vistement.
Après le « Morteloge des obits de l'Église de Claye »,
auxquels le prieur et le vicaire de Souilly doivent parfois
assister, il y a dans ce premier recueil de registres une
lacune qui va de 1585 jusqu'à 1617, où commence un
registre plus petit.
Cette période de trente-deux ans fut précisément celle
durant laquelle s'organisa l'Église réformée de Claye.
Le fils de Renaud Anjorrant, Jacob, né à Genève
en 1566, fut à diverses reprises l'agent diplomatique de
cette ville auprès des rois de France et d'Angleterre; il
signait: « Soully- Anjorrant » (2), et, à chacun de ses
voyages, il est probable qu'il vint voir ses cousins de
Claye; en tout cas il s'occupa constamment des intérêts
(1) S'agirait-il d'Eaubonne à deux lieues au uord-ouest de Saint-Denis?
(2) Bull. hist. prot. /';•., XIII, 204.
ÉTUDES HISTORIQUES 203
des Eglises réformées. Ses principaux séjours à Paris datent
de mars 1601, mai 1603, février 1610, octobre 1610 à
octobre 1611 (1), 1612, 1616, 1617, 1619, janvier 1624
à mai 1625: ce fut alors qu'il conféra pour la première
fois avec Ricbelieu; en 1629, âgé de 63 ans, il vint une
dernière fois à Paris. La France protestante et d'autres
ouvrages en ont parlé assez longuement pour qu'il soit
inutile d'insister ici.
Son cousin Pierre Anjorrant, conseiller au Parlement
de Bretagne, fils d'un Jehan Anjorrant qui paraît le mari
de Catherine Budé (et peut-être, en secondes noces, celui
d' Anthoinette Huraud), était mort également à Genève,
dès 1589 (2), mais d'autres membres de la famille res-
tèrent à Claye. Marie, fille d'un Jean Anjorrant et de
Sidonie Turquan, fut baptisée par un pasteur en 1596 (3).
Sur les registres de l'Église de Paris on lisait égale-
ment, en 1595, un acte de baptême célébré sans doute au
culte qui avait lieu sous les auspices de Catherine de Bour-
bon, sœur de Henri IV, soit au Louvre, soit à l'hôtel de la
princesse : « Le ixmars fut baptisée Jehanne, 611e de Fran-
çois Disper et de Genefiefve Perot, présentée par Pierre
Mouzot serviteur domestique du Sieur de Claie, et
Suzanne. . . femme à'Anthoine Budé receveur de Claye (4) » .
Jeanne Anjorrant épousa Daniel Tissard, sieur de
Biche-Toucher onde. Le château « ou pour mieux dire
petite maison seigneuriale » de Biche (5) est dans l'Or-
léanais, tout près de Marchenoir où il y avait une Église
réformée. Mais D. Tissard et sa femme n'en pourvurent
pas moins, ainsi que leur 61s Daniel, à l'exercice du culte
(1) Il est par exemple parrain à Charenton le 31 juillet 1611 {Bull. kist.
prot., 1872, p. 269). . ■ ;
(2) Fr. prot., 2e éd., I, 267. .
(3) La Fr. prot., 2e éd., I, 274, dit à tort : « à Charenton » où le culte ne fut
célébré qu'à partir de 1606.
(4) Bull, hist.prot., 1872, p. 219; il semble difficile qu'il s'agisse du 4e frère
de Catherine Anjorrant, Antoine de Budé, mort en 1590 et qui avait épousé (en
premières noces du moins) Marie Le Blanc, fille de Marguerite Anjorrant. {Fr.
prot., 2e êd. t. III, col. 374).
(5) Histoire manuscrite de la ville de Marchenoir (Loir-et-Cher), par M. Péan,
IIe partie, p. 35) ; « le rez-de-chaussée est un caveau qui a servi de sépulture
à la famille Tissard » [Bull. hist. prot., 1863, p. 46^.
204
ÉTUDES HISTORIQUES
dans leur fief de Ciaye, après l'édit de Nantes (vérifié le
25 février 1599 au Parlement), en vertu de l'article 7
concernant les seigneurs hauts justiciers.
III
Ce fut même à Claye que se réunit le premier synode
provincial des pasteurs et anciens des Eglises de l'Ile-de-
France sous le régime nouveau, dans la première année
du xviie siècle. Gomme le synode national avait eu lieu à
Jargeau le 9 mai 1601, et que Jacob Anjorrant y avait
assisté, comme d'autre part il quitta Paris à la fin du
mois, il y a lieu de penser qu'avant son départ il ne fut
pas étranger à la préparation du synode provincial tenu
dans le fief familial de Claye.
Un document du 30 mai 1601, déposé actuelle-
ment aux archives municipales de Vitry-le-François,
donne les noms des pasteurs dont la plupart furent sans
doute présents à Claye, et nous renseigne sur la répar-
tition géographique des Églises du bassin de la Seine
à cette époque : l'Église de Claye est la troisième nommée,
après celle de Paris (dont le temple était alors à Ablon),
et celle de Mantes qui, pour tous les protestants dispersés
à l'ouest, jouait un rôle analogue à celui de Claye pour
la partie orientale de la région parisienne.
IV
Voici la liste des pasteurs de Claye, encore incomplète,
telle que nous avons essayé de l'établir d'après les actes
des synodes provinciaux et nationaux du xviic siècle.
(Les dates sont celles auxquelles se rapportent les docu-
ments utilisés) :
1601, Elle d'Arandc, encore en 1603 (1).
(1) Synode de Gap (Quick, I, 251; Aymon, I, 287: Daronde). 11 est pasteur
à Amiens en 1607.
ÉT U D ES HI STO RIQUES
205
L614 à 1617, David Chauveton (1).
Le synode de Vitré, constatant qu'il était parti en
Basse-Guyenne, près de son père « vieux et caduc », avait
ordonné qu'il rembourserait ses frais d'études à la pro-
vince d'Ile-de-France (1617); le synode suivant l'en dis-
pense à cause de sa « pauvreté ».
1622, Duchat, qui eut maille à partir avec le contre-
versiste catholique Véron (2).
1625, Billot (Isaac), après lequel on trouve en 1637 son
fds ou son neveu Pierre Billot (3). Nous avons vu dès
1601 un Billot sur la liste des proposants entretenus aux
frais de la province de l'Ile-de-France. C'était probable-
ment Isaac. Sous le ministère de Pierre se déroulèrent
plusieurs événements que nous raconterons ci-après.
Il desservait également en 1637 l'église d'Armainvil-
liers. Entre les deux Billot on trouve en 1626 Jacobé (4 ),
qui, en 1625, comme pasteur de Château-Thierry, avait
siégé au synode provincial de Charenton en même temps
qu'Jsaac Billot et qu'un ancien (ou délégué laïque) de
l'église de Claye nommé Nicolas Courtier (5). Il lui arriva
de remplacer Drelincourt dans la chaire de Charenton (6).
1649, Isaac Albouy : il siège sans ancien au synode
provincial de Vitry-le-François (7) ; 1653-1657, Gaspard
Tricot; 1660, François Bancelin (8); 1661, Isaac Constans;
1665-1669, Daniel Despoiz (9). Il ne survécut pas long-
(1) Synodes de Vitré (Aymon, II, 116) et d'Alais (II, 154).
(2) Douen, Révocation à Paris, I, 252. La France prot., 2e éd., V, 625, l'ap-
pelle Eudotkée et dit qu'il fut ministre à Claye de 1617 à 1619.
(3) France prot., 2° éd., II, 564. Quiek (II, 386) l'appelle Belol. Il avait sou-
tenu en 1636 à Sedan, sa thèse qui figure dans le Thésaurus disputationum
de J. de Vaulx son condisciple (Fr. prot., 2e éd., t. V., col. 383). Un autre Billot,
David, étudie à Sedan aussi en ma {Bull., 1905, p. 112, et cf. 1886, p. 514)'.
(4) Synode de Castres, Quick, II, 231.
(5) France prot., 2e édit, t. V, col. 1023.
(6) Bull, hisl., prot., 1872, p. 325, (20 septembre 1626). Vers cette même
époque, une personne originaire de Claye, Sarah Michel, épousait à Charenton
Antoine Gobelin (septembre 1625; Bull. hist. prot., 1855, p. 495).
(7) Fr. prot., 2e éd., V, col. 609, et 1, col. 93.
(8) Bull. hist. prot., 1869, p. 512.
(9) Ces quatre derniers pasteurs sont signalés par M. Auzière, dans son
répertoire des anciennes Églises réformées, ms. déposé à la bibl. de la Soc. de
l'histoire du protestantisme.
206 ÉTUDES HISTORIQUES
temps à la suppression de l'exercice, étant mort avant
1674(1).
-y- *
Voici d'autre part la liste des prieurs curés de Claye
telle qu'elle est inscrite sur une plaque commémorative à
gauche de l'entrée de l'Eglise : 1598 François Bachelot;
1606 Jacques Heynault; 1609 Alain Chevalier; 1611 Louis
Foucard; 1614 Jacques Dangalis; 1617 Jacques Châtelain;
1626 Nicolas Le Meignen ; I65M Nicolas de Rost; 1664
Louis de Cestre ; \ 665EustacheThomassin (jusqu'en 1690).
V
Les registres paroissiaux de Claye, dont nous avons
déjà signalé la lacune à partir de 1585, existent de nou-
veau après 1617, tenus parle curé Chasteliain. Il inscrit
19 baptêmes en 1617, 18 en 1618, etc. Il y a eu en 1908
à Claye 41 naissances pour une population de 1828
habitants. Les catholiques de Claye étaient donc il y a trois
siècles certainement moins de mille (il y avait, en moyenne
beaucoup plus d'enfants par famille alors qu'aujourd'hui).
(1) M. H. Stein a bien voulu me signaler un document conservé aux
Archives nationales (Y. 228 :143e vol. des Insinuations du Chdlelet, fol. 454-5).
C'est un contrat de mariage passé « par devant Simon Couroy, tabellion juré,
commis, institué, » à ce faire estably, ès baillage, baronnye et cbastellenye de
la Ferté au Col et Chauvigny, pour et de par Monseigneur le comte de lloucy,
seigneur, baron et chasteliain des dits lieux. » Le futur époux est « Me Pierre
de Vrillac, licencié ès lois, advocat au Parlement de Paris, bailly et lieute-
nant général des baillage et chastellenie de la Ferté au Col et Chauvigny,
demeurant à la Ferté », et la future épouse n'est autre que « damoiselle
Jeanne Jacob, veufve de feu Mc Daniel Despolz, vivant Ministre de la Religion
prétendue réformée à Claye, demeurant aussi de présent en la ville de la
Ferté. » On a tout lieu de croire qu'elle était devenue catholique avant de
contracter (et peut-être pour contracter) ce second et plus brillant mariage,
car elle promet de le faire « sollempniser en face de l'Église le plus tOSt que
commodément faire se pourra ». Les conditions du contrat sont toutes favo-
rables à l'épouse : elle n'apporte à la communauté << aucune chose », tandis
que M. de Vrillac lui constitue un douaire « préfix » de quatre mille livres, et
promet, si elle meurt avant lui, de « payer aux père et mère de ladite future
la somme de deux cents livres par an ». Le contrat est signé qhei elle « en
présence de M0 Simon Couroy le jeune, greffier au baillage de la Ferté, et
Robert Josse, habitant audit lieu » le 23 avril 1674.
ÉTUDES HISTORIQUES
207
Quant au chiffre de la population protestante, la décou-
verte des registres tenus par les pasteurs pourrait seule
fournir les éléments d'un calcul analogue et d'une com-
paraison intéressante.
A cette époque la famille de Claude Anjorrant — en
partie du moins — paraît avoir été catholique :
Le 12 juillet 1619 fut baptizé Louys, filz de messire Claude
Anjorrant, chevalier seigneur en parti de Claye et seigneur de
Gonesse et aultres lieux, et de très vertueuse dame Marguerite
Feydeau, ses père et mère. Le parin très sage et discrette per-
sonne messire N. Feydeau, sieur de Brou (1), conseiller du roy
en son conseil d'État, son grand père maternel, la mareine clame
Claire de Faulcon, femme de Messire Geofroy Lutter sieur de la
Malmaison.
Signé : Chastelatn.
En 1621 Claude Anjorrant — parrain dans un baptême
— est qualifié « conseigneur de Claye et seigneur du fief
cle Sully, commissaire général des guerres ».
De 1626 à 1647 un nouveau cahier renferme les actes
faits par « frère Nicolas Le Meignen, prestre religieux
profez de l'abbaye de Notre-Dame de Chaage, diocèse de
Meaux, prieur curé de l'église Saint-Etienne de Claye »,
Ce moine se trouva mêlé à plusieurs des incidents
les plus violents de l'histoire de Claye.
Elie Benoit, dans son Histoire de VEdit de Nantes,
nous dit qu'il y eut avant j uin 1637 quatre arrêts rendus p ar
le conseil du roi pour interdire l'exercice du culte public
à Claye (2) ; c'est dire combien les autorités ecclésiasti -
ques et judiciaires saisissaient volontiers toute occasion
de contester aux réformés les droits qui leur avaient été
accordés par l'Éclit. Le prétexte ordinairement invoqué
contre les réformés de Claye était que le seigneur ne rési-
dait pas habituellement dans son château, mais les don-
nées des divers arrêts ne s'accordent pas sur la durée des
absences- de D. Tissard (qui allait probablement tantôt à
Paris, tantôt à Biche en Orléanais).
(1) A deux lieues au sud-ouest de Claye.
(2) 1, il, 565.
208
ÉTUDES HISTORIQUES
Toujours est-il qu'en février 1635 il était bien présent
à Claye, puisqu'on lui reproche plus tard d'avoir agi alors
avec une regrettable vivacité (1). Laverdin, sergent ache-
vai du Châtelet, dans une déposition de 1636, se plaint
que « le 7 février 1635 il avait assisté le commissaire
Perier en une information qui se faisoit aud. Claye à ren-
contre d'un nommé Le Grand, delà R. P. R., à cause
d'une émotion qu'il fit le jour du Saint Sacrement pen-
dant la procession : lequel Tissard pour ce sujet fit enle-
ver ledit Laverdin de son lict dès quatre heures du matin,
par cinq personnes de ses gens en son chasteau et le traî-
nèrent le long du chemin etc. ».
Après une violente altercation le seigneur de Claye
renvoie le sergent en lui disant que « s'il entendait encore
parler de luy il l'estropierait ». Or, il ne l'estropia point,
quoiqu'il eût encore à en entendre parler.
Un arrêt du 20 juin 1636 ayant défendu « de faire
l'exercice en aucun lieu si ce n'est que les seigneurs y
résident », commandement fut fait « à Pierre Billot, mi-
nistre trouvé preschant dans la maison seigneuriale en
l'absence du sieur de Biche, seigneur en partie dudit
Claye, qui ne fait aucune résidence depuis dix ou douze
années ».
Un arrêt du 4 juillet constate que « ledit Billot et ses
assistants ont sur l'heure obéi, et même le concierge delà
dite maison seigneuriale a rendu la clef du lieu auquel se
faisait le presche ; ... néanmoins ils retiennent leur minis-
tre qui ne laisse pas de faire led. exercice avec eux en
particulier et aller aux lieux circonvoisins ». Et l'arrêt in-
terdit de faire aucun exercice. Mais le seigneur de Claye
fait aussitôt de pressantes démarches et le 8 juillet obtient
que contrairement à l'arrêt précédent, le culte puisse
continuer à être célébré. « Le scel qui avait été apposé
sur la serrure de la porte du temple est brisé, les affiches
portant le texte de l'arrêt du 4 juillet sont arrachées, les
habitants fontle prêche audit lieu sous l'authorité de Daniel
(1) Filleau, Décisions catholiques (1668), p. 369.
ÉTUDES HISTORIQUES 209
Tissard, seigneuren partie dud. Clay(3, lequel, bien qu'il y ay t
plus de vingt ans qu'il ue réside, s.e serait néanmoins expres-
sément transporté depuis huit jours en ça pour y faire dire
le ditpresche sous prétexte d'un arrêt de nostre Conseil qu'il
a subrepticement obtenu sur requeste le 8 juillet, et iceluy
exploiter sans commission ny sceau, par lequel il luy est
permis de faire l'exercice pour luy et sa famille ». Ainsi
s'exprime, du moins, un nouvel arrêt du Conseil privé en
date du 15 juillet donnant ordre de surseoir à l'exécution
de l'arrêt du 8 et assignant à quinzaine D. Tissard et le
ministre Billot (1).
Six mois se passent en enquêtes et procédures.
Le sergent Laverdin (déclarations des 24 juillet et
14 août) reconnaît avoir, le 11 juillet, « baillé copie de
l'arrêt du 8 obtenu par Tissard, à frère Nicolas Le Mei-
gnen, prestre curé de Claye; pour faire laquelle significa-
tion ledit Tissard l'aurait envoyé quérir en sa maison
par Jean Despots, son procureur fiscal audit Claye, qui
auroit dit audit Laverdin qu'il allast parler audit Tissard,
et, estant arrivé en son chasteau, luy auroit commandé
d'aller signifier ledit arrest, ensemble de lever le scellé
mis et apposé contre le presche, lever les copies desdits
arrests qui estoient apposées tant contre ladite porte que
contre le poteau et carcan, que contre l'orme attenant
d'iceluy au principal carrefour dudit Claye (2). Ce que
ledit Laverdin a dit avoir esté refusant de faire, pour
n'estre ledit arrest scellé, et luy auroit dit qu'il n'estoit en
bonne forme ; sur laquelle réponse ledit Tissard luy au-
roit dit de quoy il se soucioit, et qu'il vouloit absolument
qu'il fît ce qu'il luy commandoit, jurant qu'il l'en acquit-
teroit; à quoy ledit Laverdin fit réponse qu'à mal exploi-
ter il n'y avoit point de garant. Néanmoins attendu les
menaces et jurements dudit Tissard... il auroit esté con-
traint de signifier l'arrest et lever les copies apposées
(1) Filleau, op. cil.', p. 368.
(2) C'est-à-dire, je pense au croisement des anciennes routes de Paris à,
Aieaiix etdeMelun à Dammartin, vers l'endroit où passe actuellement le canal,
au nord de la petite place plantée d'arbres à côté de l'Église.
14
210
ÉTUDES HISTORIQUES
contre l'orme...; et pour le regard de la porte dndii
presche, auroit déclaré que le scellé étoit déjà rompu et
hors de dessus la serrure » .
Suit un « èxploit de commandement » à Lesculé,
notoire royal à Claye, pour être adjoint à l'audition des
témoins; ce qu'il refuse de faire.
Enfin, le 12 décembre 1636, le roi en son Conseil
ordonne que les arrêts des 20 juin et 4 juillet (interdi-
sant le culte) seront excécutés, sans s'arrêter à celui du
8 juillet (autorisant le culte) , et « fait itératives défenses aux-
dits Tissard et Billot et tous autres, sur peine de 3000 li-
vres d'amende et punition corporelle » ; le sergent Laver-
din est condamné de son côté à « dix livres d'amende en
œuvres pies » ; Tissard, Billot et Laverdin sont condam-
nés aux dépens.
Au printemps de 1637 les poursuites recommencent
contre les protestants de Claye : « ils se seroient vantez,
et notamment le sieur de Biche, de faire faire le presche
au préjudice des défenses de Sa Majesté, réitérées par
plusieurs arrests, et particulièrement par iceluy du
12 décembre 1636. »
D'où s'ensuit, le 21 avril 1637, un nouvel arrêt du Con-
seil privé réitérant les « défenses au sieur de Biche de
faire aucun exercice public ou particulier de laB. P. R. ».
A remarquer que l'arrêt affecte de qualifier D. Tissard
sieur de Biche et non plus seigneur de Claye. Les deux
titres lui sont accordés ensemble dans un cinquième arrêt
du Conseil, toujours sur le même sujet, qui résume les
procédures antérieures et la situation à cette date; aussi
le citerons nous in extenso (1) :
ARRET DU CONSEIL PRIVÉ DU 23 JUIN 1637.
Entre messire Claude de la Place prestre, prédicateur à Paris,
et le procureur de sa Majesté aux requestes de l'Hostel joint,
demandeurs et requérans l'entérinement d'une roques! e du
15 juillet 1636 tendante afin que défenses soient faites à toutes
(I) Filleau, op. cit., p. 366 el 367.
ÉTUDES HISTORIQUES
personnes de la R. P. R., mesme à Daniel Tissard seigneur en
partie de Glaye et de Biche, de faire dire le presche audit lieu de
Claye, pour la contravention par lui faite aux Edits de Sa Majesté
et qu'il ne fait sa'demeure et résidence audit lieu de Glaye, ni aucun
de sa famille depuis vingt ans et plus, et à Pierre Billot ministre
ny à tous autres, de faire ci- après aucun exercice de ladite R. P. R.
soit en public ou en particulier, et ce nonobstant l'Arrest du Con-
seil du 8 desdit mois et an lequel sera cassé, d'une part; — et les
dit Tissard, Billot, et Jean LaVerdin sergent au chastelet de Paris
défendeurs d'autre.
Veupar le roy en son Conseil ladite requeste, arrest du 15 des-
dits mois et an, contenant qu'il entend doresnavant faire sa
demeure audit lieu de Claye et là y establir son vrai domicile avec
toute sa famille, comme y ayant cy devant demeuré, le tout pour
satisfaire aux Édits faits en faveur de ceux de la R. P. R., le dit
arrest du 8 desdit mois et an obtenu par ledit Tissard, par lequel
il luy est permis de faire l'exercice de ladite R. P. R. pour luy et sa
famille seulement lorsqu'il sera en ladite maison. Edit de Nantes
art. 7.
Arrest du conseil du 20 juin 1636 par lequel défenses sont
faites à toutes personnes de la R. P. R. de faire exercice de leur
dite religion en leurs maisons nobles s'ils s'y rendent actuel-
lement ou leurs familles, comme aussi aux ministres de faire
le presche et exercice d'iceluy hors le lieu de leurs demeures
et résidences ; procès-verbal de signification dudit arrest et
publication dudit au lieu de Claye, contenant que la clef du
temple où se faisait le presche en ladite maison seigneuriale
de Claye a esté livrée et ledit temple fermé, attendu ce qu'il
résultoit de la déclaration dudit Billot ministre, concierge de la-
dite maison, et anciens faisant profession de la R. P. R., que
ledit Tissard ny aucuns de sa famille ne faisoient aucune résidence
audit lieu, du 24 desdits mois et an.
Autre procès-verbal contenant que le scel a esté apposé à la
porte dudit temple du 29 dudit mois.
Arrest du Conseil du 4 juillet audit an par lequel défenses
sont faites ausdits habitans de Claye faisans profession de ladite
R. P. R. et audit Billot ministre et à tous autres d'y faire cy après
aucun exercice soit en public ou en particulier tant et si longue-
ment que les seigneurs dudit lieu n'y feront leur résidence
actuelle.
Procès-verbal du 12 desdits mois et an en exécution de l'arrest
du 4 juillet contenant la Visitation dudit temple de la porte
duquel ledit scel avoit esté levé et osté et les affiches desdits
arrests déchirées du 12 juillet audit an.
Déclaration dudit Laverdin sur ce qu'il avoit exécuté ledit
212
ÉTUDES HISTORIQUES
arrest dudit 8 juillet sans estre scellé, du 24 desdits mois et an.
Arrest du Conseil du 21 avril 1637 par lequel est ordonné
qu'il sera informé, donné advis à S. M. des contraventions
faites à ses édits par les habitants de Villiers le Bel, Claye, Ablon,
la Norville et autres lieux circonvoisins.
Procès-verbal contenant l'audition faite d'aucuns habitans
de Claye sur la contravention ausdits édits et certification que
depuis ledit Tissard n'a fait aucune résidence ni aucun de sa
famille en ladite maison, du 18 juin 1637.
Requeste du procureur de S. M. ausdites requestes de
l'Hostel du 22, tendante à ce qu'il luy fust permis de vérifier que
ledit sieur de Biche n'a fait sa demeure actuelle ny aucun de sa
famille, audit lieu de Claye, depuis sa déclaration du 4 juillet; —
et en conséquence de ce que l'Arrest du 8 sera cassé et iceluy de
Biche privé de pouvoir à- l'advenir introduire ledit presche audit
lieu de Claye en conséquence de ladite déclaration.
Procès-verbal de signification de ladite requeste audit sieur
de Biche desdits jour mois et an.
Appointement en droit du 2 septembre 1636. Ecritures des-
dites parties.
Tout considéré, le Roy en son Conseil, sans s'arrester audit
arrest de son Conseil dudit 8 juillet a fait défenses audit Tissard
d'introduire à l'advenir le presche audit lieu de Claye, et audit
Billot et tous autres ministres d'y prescher, et encores audit Billot
de prescher partout ailleurs qu'au lieu de sa résidence. Comme
aussi à Sadite Majesté fait défenses à Jean de Homme soy disant
maistre d'école à Claye d'enseigner la jeunesse en quelque lieu
sorte et manière que ce soit, soit audit lieu de Claye ou ailleurs
à peine de punition corporelle, et audit Laverdin d'exécuter les
arrests par extraits et non scellés.
Ordonne S. M. que le présent arrest sera leu et publié à Claye
et lieux circonvoisins, condamne ledit Tissard aux dépens.
Fait à Paris le 23e jour de juin 1637.
Fayet.
Ordre du même jour, pour la signification par huissier.
11 y a lieu de faire quelques remarques sur ce que
nous apprend cet arrêt.
1° Il n'est pas rendu à la requête du curé de Claye,
mais d'un « prestre prédicateur à Paris », c'est-à-dire
d'un missionnaire, M. Claude de la Place, et du procu-
reur du roi ;
2° Le Conseil admet l'allégation d'après laquelle
ÉTUDES HISTORIQUES
213
D. Tissard n'aurait pas « fait sa demeure » à Claye
depuis « vingt ans et plus », alors que nous avons vu
qu'il y demeurait en 1635 et qu'un arrêt précédent éva-
luait son absence à une durée beaucoup moindre;
3° L'arrêt du 8 juillet 1632 favorable aux protestants
est reconnu en bonne forme, mais il n'en est pas moins
cassé;
4° Le culte public et particulier était interdit, par
l'arrêt du 4 juillet 1636, seulement « tant que les sei-
gneurs ne feront leur résidence actuelle à Claye » ; l'arrêt
du 23 juin 1637 interdit sans aucune réserve à D. Tissard
(( d'introduire à l'advenir le presclie audit lieu de Claye,
et audit Billot et à tous autres ministres, d'y prêcher » ;
en outre il est défendu à Billot « de prêcher partout ail-
leurs qu'au lieu de sa résidence ». La liste du synode
national le dit, cette année-là, pasteur de Armainvilliers et
Claye; il a donc pendant quelque temps résidé ou du
moins exercé son ministère alternativement à Claye et
dans une autre partie de la Brie, à cinq lieues au sud-est,
au nord de Tournan. Le culte était en effet célébré au
château d'Armainvilliers sous les auspices de la veuve de
Pierre de Béringhen, valet de chambre de Louis XIII ;
elle mourut en 1639 (1). Un avocat de Paris, Baudouin,
essaya alors de faire prêcher près de là, dans sa maison
de Champrosé, mais cela lui fut interdit par arrêt du
parlement en 1642 (2).
Enfin l'arrêt de 1637 nous apprend qu'outre le prêche
qui se faisait « au temple en la maison seigneuriale » les
réformés avaient établi à Claye une école, et il est inter-
dit au maître d'école, Jean de Romme, « d'enseigner la
jeunesse » en même temps qu'il est interdit au ministre
Billot de prêcher.
Ces affaires de Claye eurent un grand retentissement
à cause des principes qui étaient en jeu, et aussi à cause
de la proximité de la capitale, où résidaient une partie des
(1) Fr. prot., 2° éd., II, 338.
(2) Bull., 1897, p. 666, et.fr. pr., 2e éd., I, 1010.
ÉTUDES HISTORIQUES
accusateurs et des accusés ainsi que les juges. Dans une
lettre inédite, sans date, mais qui paraît remonter àlaiin
de juin 1636 ou au commencement de juillet, le célèbre
pasteur parisien Baillé écrivait à Rivet (professeur de
théologie en Hollande) au sujet d'un arrêt « tout fresche-
ment donné » qui paraît bien être celui du 20 juin 1636 :
« L'arrest fut dès le lendemain signifié et exécuté à Claye
à huit lieues d'ici, et l'exercice interdit avec une extrême
violence, le ministre tiré de sa chaire, précisément sur
l'article de la prière pour le roi, et le temple l>rmé et
scellé (1). » Les Décisions catholiques de Filleau et les con-
sidérants des arrêts du Conseil de 1637, qui s'étendent si
complaisamment sur les actes un peu vifs de D. Tissard,
ne parlent pas de ces violences autrement graves exer-
cées par la partie adverse.
VI
Le culte public fut probablement suspendu à Claye
pendant quelques années. En 1644 D. Tissard vint y
habiter quelques mois et on n'osa l'empêcher d'y faire de
nouveau prêcher, en sa présence, un ministre. Le prêche
semble avoir continué ensuite : même en l'absence du sei-
gneur pendant quelque temps. D. Tissard épousa en avril
1646, au temple de Charenton, Judith Hardy, fille de
François, sieur des Loges, conseiller secrétaire du roi, et
de Marie Galland (2).
Quelques années après le bourg de Claye, comme tous
les environs de Paris, eut horriblement à souffrir des
troubles de la Fronde. Un registre d'actes paroissiaux
commencé en 1647 cesse brusquement en octobre 1651;
pour 1652 il n'y a que trois actes sur une feuille volante.
Or on peut voir dans les Mémoires de Turenne qu'à la
fin de juin 1652 il fit passer la Marne à ses troupes à
Lagny et (par la route qui précisément traverse Claye il
(1) Bibliothèque nationale, Ms. fr., 17 822, fol. 35 v°.
(2) France prot., 2e éd., t. I, col. 275.
ÉTUDES HISTORIQUES 215
alla « se loger près de Dammartin (1) ». Quelques se-
maines plus lard l'armée du roi refait la même route en
sens inverse. Elle eomptait alors (mi-août) 28 escadrons
et 5 000 fantassins. En septembre 1652, à son tour, l'armée
dos princes parcourt le pays dévasté.
Que devint, pendant et après les troubles, l'Église
réformée de Claye? Nous«n'en savons rien jusqu'en 1661,
époque où elle reparaît... pour disparaître de nouveau.
D. Tissard est mort, sa veuve est retirée à Biche, près d'Or-
léans. Un arrêt du 23 mai, rendu à la requête de l'évêque
de Meaux, fait défense aux protestants de s'assembler au
château de Claye, et interdit aux pasteurs de Meaux,
Lizy, la Ferté, Paris et Orléans, de faire à Claye « aucun
exercice de leur religion, sous peine de mille livres
d'amende, » enjoignant en même temps auxdits religion-
naires de tapisser leurs maisons le jour de la Fête-Dieu,
et, sur leur refus, permettant aux catholiques de les faire
tapisser à leurs frais. 11 paraît (remarque la France pro-
testante) (2) que les protestants de Claye obtinrent la cas-
sation de cet arrêt, ou tout au moins qu'ils surent l'élu-
der : a En 1668 le roi chargea en effet le lieutenant général
au présidial de Meaux et le capitaine de cavalerie du Houx
de régler définitivement cette affaire. Les deux commis-
saires mandèrent devant eux les parties et après s'être
fait présenter les titres sur lesquels les protestants fon-
daient des droits contestés par les catholiques, ils ren-
dirent leur sentence qui supprima l'exercice à Claye ».
VII
Depuis quelques années les efforts des convertisseurs
avaient des effets dont il reste la trace dans les registres
paroissiaux. Nous n'avons pu, malheureusement, les con-
sulter qu'en grande hâte et on aurait sans doute bien des
actes intéressants à y relever. J'ai noté, en 1665, les
il) Mémoires, édition Cam. Rousset (1872), p. 157 (Bibliothèque de l'armée
française.)
(2) 2e éd., t. I, col. 275.
ÉTUDES HISTORIQUES
fiançailles ei le mariage de « François Métayer, officier
de Mme de Claye de Biche, natif de Poitou (1) et habi-
tant depuis longtemps de cette paroisse, avec Marguerite
Durand, native de Chambly, proche de Meaux ».
En 1669, le 29 juillet, « a été enterré dans la vieille
église dudit Claye, sur le soir, un laquais de Mme de Claye
Anjorrant nommé Jean Malta, natif de Bourgogne,
décédé au matin du mesme jour après avoir reçu chré-
tiennement tous les sacrements', ledit enterrement fait en
présence de Me Mathurin du Verger pbre curé de Tre-
mel en Bretagne demeurant pour le présent chez ladite
dame de Claye, et de M. François Michel, ecclésiastique,
et de quantité d'autres habitans dudit lieu ».
Cet acte nous montre qu'à cette époque le culte catho-
lique était célébré dans la nouvelle église — l'église ac-
tuelle, qui peut-être servait encore de temple l'année pré-
cédente — ; c'est la première fois que nous en trouvons
la preuve documentaire. Le même acte nous montre que
les luttes religieuses ne se livrent plus, comme au début,
seulement entre protestants et catholiques originaires du
pays même; un jeune protestant bourguignon reçoit à la
fois « tous les sacrements », depuis le baptême jusqu'à
l'extrême-onction, et c'est un prêtre breton qui préside
dans « la vieille église » un enterrement sensationnel.
Deux faits ont contribué à battre en brèche d'unefaçon
terrible le protestantisme à Claye, à cette époque : la con-
version du seigneur et l'intervention très active et directe
de l'évêque de Meaux, qui n'était autre que Bossuet
lui-même.
Il fait pourchasser dans tous les environs les réformés
privés du culte public dans le bourg même. Anne Her-
vart, conseiller au parlement de Paris, possédait un châ-
teau à Bois-le-Vicomte, à deux petites lieues au nord-ouest
de Claye (une ferme s'y trouve aujourd'hui), et une mai-
son à Mitry village proche de ce château (2). L'un des
(1) Le pasteur de Saint-Quentin à cette époque, Jean Métayer, était né
à Dammartin au nord de Claye, et sa mère s'appelait Jeanne Cochart.
(2) « Bois-le-Vicomte » figure dans l'angle inférieur gaucho du plan de
Gomboust (1653;, planche Vil, parmi les « Maisons royales et remarquables
ÉTUDES HISTORIQUES 217
pavillons du parc renfermait une chapelle où Hervart fit
prêcher les pasteurs de Paris. Ce qu'ayant appris, l'évêque
de Meaux adressa un place t au roi pour faire interdire
cet exercice. Aucune suite ne fut d'abord donnée à cette
affaire. Bossue t revint à la charge, et nous possédons la
requête où il conteste minutieusement les droits du sei-
gneur, la distance de ses propriétés jusqu'à Paris, etc. (1).
On y lit entre autres :
Comment le Sr Hervart pourroit-il établir son droit pré-
tendu de faire prêcher au Bois-le-Vicomte au préjudice de l'ar-
ticle XIV de l'édit de Nantes qui fait défense de faire aucun exer-
cice de la R. P. R. à cinq lieues de la ville de Paris ? Il dit à cela
qu'il ne faut pas mesurer les lieues scrupuleusement. En effet il
ne parle pas avec scrupule lorsqu'il en compte près de six de
Paris au Bois-le-Vicomte, et qu'il ne marque pas les chemins les
plus courts pour y aller. Il n'y a que quatre lieues de Paris au
Bois-le-Vicomte quand on y voudrait aller par Livry et le Vert-
Galand, etc.
Le Sr Hervart ne peut aussi prétendre de pouvoir faire
prêcher à Mitry où il a une maison avec droit de haute justice,
car, par son aveu, Mitry n'étant éloigné du Bois-le-Vicomte que de
trois quarts de lieue qu'on pourrait réduire à moins, Mitry est
dans l'espace des cinq lieues dans lequel l'exercice de la religion
ne peut être permis, etc.
Quant à la modération que le Sr Hervart dit avoir "gardée
en ne recevant pas en son château plus de trente personnes hors
le nombre de sa famille, on n'a pas compté ce nombre assez exac-
tement pour le déterminer, mais on sait qu'il y a reçu souvent en
en un même jour jusques trois carrosses pleins de personnes de
sa religion avec leur suite, que tous les habitants du village de
Claye (où l'exercice de la R. P. R. a cessé depuis rjuil a plu à
Dieu d'en appeler le Seigneur à la véritable Église) y ont été
admis, aussi bien que ceux des. autres lieux voisins; qu'il s'y est
aux environs de Paris. » On y voit entre le fossé et la cour du château, trois
pavillons distincts.
En 1682 Hervart, en qualité de commissaire de laR. P. R. défendait, contre
l'opinion du commissaire catholique M. de Ménars, les droits des protestants
à continuer leur exercice à Bois-le-Roi (dans le même département de Seine-
et-Marne) ; cf. acte du 16 mai 1682 {Arch. nat., ÏT 235, n° 199), publié par
M. Stein, Curiosités locales, Fontainebleau, 1902, p. 82.
(1) Bibl. nationale, recueil Thoisy, XXXIII, fol. 36t. M. N. Weiss a publié
ce document dans le Bull, de la Soc. d'hist. duprot., 1897, p. 665. 11 le croit
de 1684 ou 1685. Nous ne serions pas surpris qu'il fût un peu antérieur.
218 ÉTUDES HISTORIQUES
fait des assemblées pour des baptêmes; que la cène s'y est faite
aussi quelques fois, etc.
Nous ne savons quel fut le résultat immédiat de cette
requête, mais Anne Hervart finit par se convertir pour
rester en France lors de la révocation de l'édit de Nantes.
VIII
Les mesures vexatoires contre les protestants se mul-
tiplient de plus en plus à mesure qu'on approche de cette
date fatale du 22 octobre 1685.
Avant de supprimer le culte public à Charenton il fut
question (en février 1685) de le transférer à Claye (1) où
l'avertissement pastoral de l'assemblée du clergé n'avait
pas été publié en 1682.
Comme les parents et la sœur d'Anne Hervart, beau-
coup de protestants de Claye et des environs émigrent. Tls
prennent la route de Sedan (2), celle des Pays-Bas ou bien
(comme les Anjorrant dès 1554) celle de Genève. D'autres
n'ont pas ce courage héroïque de tout sacrifier à leur foi,
et ils abjurent. Les registres paroissiaux enregistrent ces
abjurations tantôt solitaires, tantôt collectives.
Pourtant les choses ne marchaient pas assez bien au gré
de Bossuet. Une plaque dans l'église rappelle qu'il y vint
prêcher « le samedi 8 décembre, fête de la Conception de
la Sainte Vierge ». Le résultat pratique de ce sermon ne se
fit pas attendre, mais il fut assez maigre : deux jours après,
le lundi 10 décembre, une dizaine de protestants se con-
vertissent : trois commerçants assez notables sans doute
et six illettrés (ou prétendus tels).
Voici la mention inscrite par le curé sur son registre :
Nous prieur curé de Claie soussignez certifions avoir reçu le
10ejourde cemois l'abjuration de la Religion prétendue réf. entre
nos mains et la profession de foy cath. apost. et romaine de Ben-
(1) Douen, Révocation à Paris, I, 549.
(2) Ainsi peut-être Louis Poupart, « bourgeois de Claye », dont le lils unit
vers 1687 (cf. art. sur les Protestants de Sedan : Poupart de Nettflize etc..
dans le Bull. kist. prol., 1896, p. 347).
220
ÉTUDES HISTORIQUES
jamin Godde, chirurgien, de Madeleine Courtier, veuve et mais-
tresse de l'hostellerie de la Corne (1) à Claie, de Madeleine Colle-
bert aussy veuve et maistresse de l'hostellerie de la grosse tasse
dudit lieu, de Madeleine Chupret femme dudit Godde, de Anne
Bonneville femme de Louis Bailhj, d' Elisabeth Villerost veuve de
Boilrau et de Cafûé successivement, de Anne Coulon femme de
Pierre Bailly vigneron, d'Elisabeth Cochart et de Jeanne de Leuxe,
avec serment sur les saints évangiles en présence de deux
témoins à ce faire apposez ; ledit acte fait sur une feuille de papier
imprimé où est ladite abjuration et profession de foy signé desdits
Godde, Courtier, Chupret, de J. Goulet Me d'escolle de Claye et
de J. Thuret marchand demt à Lisy, et de nous prieur curé, [les
autres ayant déclaré ne scavoir escrire, après quoy ils ont tous à
genou reçu l'absolution de l'excommunication encourue à cause de
de leur hérésie susdite [en laquelle ils avoient vécu cydevant.
D'autres abjurations sont enregistrées peu à peu dans
les mois et les années suivantes, après avoir été obtenues
par des moyens variés, souvent par des actes de pression
révoltante. Les choses allèrent même si loin à Claye et
aux environs, qu'il y eut un épilogue fort inattendu : un
des convertisseurs se convertit; un ecclésiastique, frappé
d'horreur pour les procédés employés par ses confrères et
et ses supérieurs — notamment par Bossuet — et rempli
d'admiration pour la fermeté des protestants, quitta les
rangs des persécuteurs pour ceux des persécutés : c'était
le propre prieur-curé de Souilly, paroisse contiguë à celle
de Claye (le village est réuni aujourd'hui à cette commune) ;
il était chanoine de Sainte-Geneviève et s'appelait Pierre
Frotté (2).
Le 24 mars 1686 Bossuet avait publié sa fameuse Let-
tre pastorale racontant avec quel succès il avait obtenu
d'innombrables conversions, « sans qu'aucun des nou-
veaux catholiques ait souffert dans sa personne ni dans ses
biens ». Le curé de Souilly contint encore trois ans son
indignation, mais, en août 1689, il suivit ses anciens voi-
(1) Cette maison, bien bâtie et ornée de très jolis balcons en for forge,
appartient à M. Guichard, à l'obligeance duquel je dois maint renseignement
(44 ter, Grande Hue, au coin de la ruelle de Beaubourg), Peut-être est -ro la
même auberge qui est désignée dans un acte de 1503 ci-dessus cité comme « la
Corne du cerf », où demeurait déjà un protestant.
(2) France prot., lrn édit., V, 181; 2e édit, IV, 483 et VI, 746.
ÉTUDES HISTORIQUES
sins de Claye sur une terre de « refuge », à Londres; et le
Ier février 1090 il mit la dernière main à une lettre adres-
sée à Bossuet, qui parut à Rotterdam, « chez la veuve de
Henri Godde » (une ancienne famille protestante de Claye) ,
sous ce titre : « Les motifs de* la conversion de Pierre
Frotté » (i). 11 commence ainsi :
Monsieur,
J'ai demeuré trop longtems dans votre Église, j'ai été trop
longtems témoin de ses violences et de ses cruautés contre ceux
qu'elle nomme injustement hérétiques, pour ne pas comprendre
à quel excès de fureur elle se seroit portée contre moi si, après
avoir abandonné sa communion, j'avois été assez malheureux
pour retomber sous sa puissance. C'est, Monsieur, ce qui m'a
obligé de quitter tout ce que j'avois en France pour venir donner
gloire à Dieu, dans des pays où les âmes, étant en liberté, peuvent
le servir selon la pureté de l'Évangile.
Malgré ses prédications souvent hardies «contre les abus de la
puissance ecclésiastique » il a longtemps joui de la faveur de
Bossuet, « et je ne sçai, dit-il, si la crainte de paraître ingrat en-
vers vous et de vous déplaire ne m'a point fait différer, un peu
de temps, de rendre à Dieu ce que je lui devois... Enfin je me
sentis assez de lumière et de résolution pour exécuter 1er dessein,
que je méditois depuis plusieurs années, de renoncer à une reli-
gion qui me paraissoit tenir du judaïsme et du paganisme. Je fis
aussitôt transporter à Paris mes meubles pour les vendre et tâcher
d'avoir de quoi faire un pèlerinage semblable à celui d'Abraham
lorsqu'il quitta sa patrie.
Vous avez beaucoup contribué, Monsieur, à ma conversion
par votre conduite... Je n'ai pu voir vos excès contre les réformés
de votre diocèse sans avoir pitié d'eux... Je n'ai pu comparer votre
manière de faire des missions avec votre Lettre pastorale sans
dire que vous n'êtes pas sincère... Vous vous vantez que vos pré-
tendus nouveaux catholiques « sont revenus paisiblement à vous»,
vous les en prenez à témoin; « vous le sçavez », dites-vous. Oh!
Monsieur, comment pouvez-vous dire cela? N'ay je pas vu de me
yeux la violence que vous avez exercée en personne contre toutes
ces gens... Ils n'ont abjuré que par la crainte des gens de guerre
que vous avez fait passer et repasser dans votre diocèse, au
temps de vos missions, et par des menaces continuelles que vous
leur avez faites, même dans les sermons que vous avez faits à
(1) Le Bull, de la Soc. d'hist. du prot. fr. en a donné le texte complet en
1864, p. 97 à 112. .
222
ÉTUDES HISTORIQUES
Claye en présence de M. l'intendant, que vous disiez en chaire
être votre second dans cette expédition...
Quel nom voulez-vous que nous donnions à ce que vous
avez fait à Claye quand de votre part on y défendit à Benjamin Gode,
chirurgien, d'exercer sa profession, quand on ôtaà la veuve Tes-
tard le plus grand de ses deux enfans ; quand on enleva par votre
ordre la femme nommée Boisseleau pour cette seule raison qu'elle
sçavoit parfaitement son catéchisme et qu'elle encourageoit mer-
veilleusement ses compagnes à tenir bon contre vos tentations ;
quand, ayant fait venir avec vous à Claye les cuirassiers com-
mandés par M. de la Chaise, neveu du Père de la Chaise, vous as-
semblâtes les protestans de ce lieu chez M. d'Hérouville, maître
d'hostel du Roy, et que vous leur dites que s'ils ne signoient l'abju-
ration, vous feriez le lendemain entrer chez eux des gens de
guerre qui leur fer oient tourner la cervelle (1).
... Pour ce que je vous ay vu faire encore à Claye pour per-
vertir le sieur lsaac Cochard malade à la mort, pardonnez-moi,
Monsieur, et ne m'accusez pas d'emportement, si je l'appelle
fureur ; cecy, je vous le confesse, m'a trop vivement frappé l'imagi-
tion et trop sensiblement blessé le cœur, cecy efface trop bien
la fausse idée que vous voulez donner de votre douceur, pour ne
pas vous estre reproché (2). Ce fidèle, voyant la désolation de l'Église
et la chute de ses frères, ne craignoit rien tant que de succomber
avec eux. Il s'encourageoit nuit et jour par la parole de Dieu à
combattre le bon combat ; il envisageoit avec plaisir la mort pro-
chaine comme un port assuré contre l'orage de votre persécution;
il se consoloit de se voir prêt à partir de ce monde, pourvu qu'il
pût emporter avec lui le dépôt de la foi, et le représenter tout en-
tier à son Juge.
Vous vous opposâtes à ce pieux dessein, Monsieur, d'une
manière bien étrange. Nous vous vîmes entrer chez ce pauvre
moribond, accompagné de M. l'intendant, de M. le lieutenant
général de Meaux, ayant une lettre de cachet à la main; le prévôt
des maréchaux étoit aussi présent avec ses archers, une charrette
était toute prête à la porte pour enlever le malade, c'est à dire
pour le faire mourir.
Oh quel apostolat! Est-ce là l'équipage d'un prédicateur évan-
gélique? Vous luy fîtes une longue controverse pleine d'injures,
et le voyant constant dans sa foy, ne criâtes-vous pas à sa porte,
tout enflammé de colère, « que sitost qu'il seroii mort on le jettasl ù
la voirie comme un chien ?
(1) A la date du 15 juin 1686 on écrit (Bull. hist. prol. de 1008, p, 536, n. 2
« Les dragons sont à Meaux après avoir fait changer Claye ».
(2) Cochard a ssisl e comme ancien de Claye au synode provincial de Gha-
renlon en 1669 (Archives nat., TT. 321 ; France prot., 2e éd., IV, 184).
ÉTUDES HISTORIQUES
Vous retournâtes vers luy, vous le tentâtes par promesses et
par menaces, vous luy dîtes que vous luy alliez, faire enlever son
cher iils unique, c'est à dire que, subtil et ingénieux tentateur,
vous l'éprouvâtes par l'endroit le plus sensible, vous luy déchi-
râtes les entrailles...
il semble que Bossuet réussit à faire abjurer, du moins
en apparence, et pendant' quelques mois, le vieil Isaac
Cochard et son fils (1). Toujours est-il qu'auprès de beau-
coup d'habitants de Claye des procédés analogues réus-
sirent médiocrement. En 1700, il se montre encore peu
satisfait de la quantité et de la qualité des « nouvaux catho-
liques », sans doute mal convertis. Quinze ans après la
Révocation il adresse à M. de Pontchar train un Mémoire
qui commence ainsi :
Le nombre des réunis est d'en^on deux mille quatre cents
répandus en cinquante ou soixante paroisses du diocèse deMeaux.
Mon dessein est de pourvoir principalement et d'abord aux plus
grands lieux dont l'exemple fera plus d'effet dans le voisinage »...
(entre autres) : « Claye, où était un prêche «Il faudrait un
ecclésiastique pour Claye et pour les environs, outre le curé du
lieu (2).
Ainsi, jusqu'aux derniers jours de sa vie, Bossuet ne
cessa de s'acharner contre les protestants de Claye. Une
dernière mention de son passage en ces lieux — après sa
mort — est conservée par une inscription qui, dans l'é-
glise, fait suite à l'indication du sermon prononcé au len-
demain de la Révocation : « Le mercredi soir, 16 avril 1704
(1) D'après un ordre du 19 mars 1686 (Àrch, nat. O^O, f. 105), le père' de-
vait être mis dans la prison de Meaux et le fils à l'Hôpital général de cette
ville. Nous devons cette indication à l'aimable érudition de M- Fonbrune-
Berbinau), mais quinze jours après, ces instructions étaient annulées. Le Bull,
hist.prot. de 1856, p. 117, a publié une dépêche à M. de Ménars ainsi conçue:
« Les nommés Cochard père et fils s'étant convertis il n'y a qu'à renvoyer les
ordres qui avoient esté adressez au lieutenant général de Meaux pour les faire
arrêter, parce qu'ils n' avoient esté expédiés qu'à cause de leur religion, à la
prière de M. Vévêque de Meaux » (2 avril 1686). Enfin un troisième document
(dépêche de Seignelay à M. de Ménars, 26 août 1687), informe l'intendant
que les biens de Cochard, religionnaire, de Claye, absent, sont demandés par
le curé de Claye, Thomassin, pour les employer à l'agrandissement de son
église (Arch. nat. 0*. 31, f. 179).
(2) OEuvres complètes de Bossuet, éd. in-12, 1846. t. XXVI, p. 340; et Bull,
hist. prot., 1856, p. 218.
22-4
ÉTUDES HISTORIQUES
le corps du même prélat, décédé à Paris, fut apporté dans
dans cette église, et gardé pieusement pendant la nuit. Une
messe fut célébrée avant le départ pour Meaux le lende-
main matin jeudi, jour de ses obsèques à la cathédrale ».
Avec « l'aigle de Meaux » finit l'histoire des luttes
qu'eurent à subir pendant deux siècles les pauvres.brebis
du petit troupeau protestant de Claye. On regrette de ne
connaître que les incidents les plus pénibles de leur his-
toire, ceux qui se trouvent presque exclusivement consi-
gnés dans les sèches formules des annales judiciaires et
dans les requêtes passionnées de leurs adversaires. Les
années de l'existence de cette Eglise lesplus heureusesfureni
sans doute celles qui n'ont pas d'histoire, lorsque, pai-
siblement, le pasteur prêchait au temple de Claye ou qu'il
parcourait les plaines et les vallons de la Brie, visitant ses
paroissiens disséminés ; lorsque tant de familles de paysans
et de petits bourgeois dont le labeur contribuait à la
prospérité économique du pays affermissaient chaque
jour leur foi par la pratique du culte domestique et la
lecture de la Bible. Peut-être la découverte de quelque
« livre de raison » nous permettra-t-elle un jour de péné-
trer plus avant dans l'intimité de ces protestants de l'Ile-
de-France aux siècles passés, grâce à quelques pages naïves
comme les feuilles où l'écolier de 1580 apprenait à écrire :
Détourne-toy du mal et approche du bien pour le mettre en
effort.
Jacques Pannier.
Documents
POÉSIES INÉDITES DE CLÉMENT MAROT (1)
III
A la suite des deux importants inédits de Clément Ma-
rot, que nous avons fournis, nous présentons maintenant
une série de pièces extraites d'un manuscrit du xvie siè-
cle appartenant à la bibliothèque cantonale de Lausan-
ne et qui furent, en 1844, l'objet d'une notice parFréd.
Chavannes (B. N. Inv. Réserve Ye 3712). Ce manus-
crit est un très petit in-folio de 272 pages, accompagné
de deux appendices^ constitué sans doute à Genève au
milieu du xvie siècle et comprenant des pièces de Marot
dans sa première moitié.
Toutes ces poésies semblent être des dernières années
de sa vie : c'est du moins ce qui paraît bien ressortir des
quelques dates certaines que nous pouvons attribuer à
plusieurs d'entre elles, L'épître aux deux sœurs savoisien-
nes que contient ce manuscrit et que Guiffrey a publiée,
se place vers Tannée de la fuite à Ferrare (1534) ; le Dieu
Gard, l'Adieu de France à l'empereur sont du retour de
l'exil (1537) ; les pièces contre Poyet doivent être contem-
poraines de sa chute (août 1542) ; l'épître au Roi touchant
les psaumes est du début du séjour à Genève (1543) ; en-
fin le premier couplet d'une chanson inédite que contient
le même manuscrit est cité dans l'Apologie pour Hérodote
de H. Estienne qui le donne sans nom d'auteur et en place
la date de composition en 1544.
(i) Voyez plus haut, p. 129-141.
15
226
DOCUMENTS
Commençons par les trois épigrammes contre Poyet :
elles débutent par une pièce intitulée : « dizain de Marot,
du chancelier Guillaume Poyet » (1). La voici :
Un haull cuyde (2), par ung trop entreprandre.
Accompagné de superbe sçavoir,
Voulant (3) chescun en son estât reprandre.
On faitaveulhe (4) cil (5) qui pansoittout voir
Car, pressumant la congnoissance avoir
De tous deffaultz, ne cogneust-on sa faulte,
Jusques à tant que de sa charge haulte,
Par cas soubdain, orgueil au bas l'eust mys,
Peu servira sa langue doulce et caulte
Au relever, car il est sans amys.
Au bas de la page qui renferme ces vers, se trouve un
quatrain, intitulé dans les éditions de Marot : « Uunglo-
r y eux emprisonné, pris chi latin ». Le rapprochement de
ces deux pièces nous semble bien indiquer qu'elles sont
dirigées contre le même personnage, et leur sens ne fait
que confirmer cette hypothèse. Le poète y écrit en effet :
Tu t'esbays dont poin[t| l'on ne souspire
Et qu'on rid tant qui se tiendroitde rire
De voir, par force, à présent estre doux
L'amy de nul et l'ennemy de tous.
Mot : Vive pillage.
Cette dernière ligne, fait remarquer Chavannes, parait
une devise, comme les auteurs du temps en mettaient vo-
lontiers à la suite de leurs écrits, Ici, ce « mot aurait
une intention satirique contre les malversations dont Poyet
était accusé ». Ces deux pièces se trouvent enfin complé-
tées par quelques autres vers recueillis dans le même ma-
(1) Bibl. cant. de Lausanne, ms. 1016, p. 33.
(2) Croit.
(3) Vouloir.
(4) Aveugle.
(5) Celui.
DOCUMENTS
2-27
auscrit, sans nom d'auteur, mais mêlés à des dizains de
Marot el dirigés contre le même personnage :
De cruauté Néron a eu le pris,
Tarquin d'orgueil, Apius d'injustice.
Demostenes est taxé d'avoir pris
Quelque tallans pour déguizer justice,
Trébonien couronpu d'avarice
Vandoit des loix les expocissions
Verres Romain fit mout d'exations,
Cathelyna, cest effronté manteur,
Fut pront et caulte en ses sedicions
En tous ses dictz do|u]ble et symulateur.
Les sept sont mors, mais qui les veult ensuivre,
Angers les fait en ung Poyet revivre (1).
Telles sont les trois pièces. Quant à Guillaume Poyet
né vers 1474, il était bien fils d'un avocat d'Angers. Lors
du procès qu'intenta la duchesse au connétable de Bour-
bon, Poyet qui plaida pour cette princesse déploya des
talents qui lui méritèrent les faveurs de la cour. Pourvu
de la place d'avocat général en 1531, il fut nommé, trois
ans après, président à mortier, et en 1538, il remplaça du
Bourg dans la dignité de chancelier. Il s'y fit rapidement
de nombreux ennemis, et dès 1537, on lançait contre lui
un poème latin intitulé : « De improbis Guillehni Poyeti
moriôus )> (Manuscrits de Dupuy 736). Quand la cour se
trouva divisée entre les deux partis, du connétable de
xMontmorency et de l'amiral Chabot, Poyet, qui s'étail fait
ordonner prêtre à l'âge de plus; de 60 ans, consentit à de-
venir l'instrument de la haine du connétable, dans l'espoir
d'obtenir par sa protection le chapeau de cardinal. Il se
livra donc à l'examen le plus scrupuleux de la vie de Cha-
bot et le trouva coupable de 25 délits dont chacun em-
portait la peine capitale. Poyet présida lui-même le tribu-
nal chargé de juger l'amiral, et, dans la copie qu'il fît de
l'arrêt des juges, il changea différentes dispositions en les
(1) Manuscrit de Lausanne, p. 152.
228
DOCUMENTS
aggravant. La falsification fut reconnue et Chabot ne
larda pas à être rétabli dans toutes ses dignités.
La disgrâce de Montmorency qui suivit ne pouvait
manquer d'entraîner celle de Poyet. Dans un moment
d'humeur, il s'était permis quelques réflexions sur les
abus qui résultent du pouvoir des femmes dans les cours,
et la reine de Navarre s'était promis de s'en venger. D'un
autre côté la duchesse d'Étampes ne pardonnait point à
Poyet l'acharnement avec lequel il avait poursuivi Chabot.
Les princesses se réunirent pour le perdre dans l'esprit
du roi, et il fut enfermé à la Bastille le 2 août 1542. Or,
Marot, protégé de Marguerite de Navarre, auteur d'aima-
bles vers en l'honneur de la duchesse d'Étampes, ne pou-
vait être en bons termes avec le chancelier Poyet.
N'oublions pas aussi que ce dernier s'opposa autant
qu'il lui fut possible à la fondation du Collège de France,
et que Marot, dans son épître au roi écrite de Ferrare,
attaquait les ennemis de la trilingue Université dans des
termes suffisamment précis pour que le chancelier se pût
sentir piqué. Aussi est-il intéressant de voir se confirmer
dans les trois pièces que nous avons citées, une bien dan
gereuse inimitié que nous pouvions certes soupçonner,
mais que rien encore n'établissait en fait.
Passons maintenant à une suite de dizains que ren-
ferme le même manuscrit. Ils sont donnés sans nom
d'auteur; mais leur brièvété explique que le copiste, qui
les a même inscrits sans titre, n'ait point répété le nom de
Marot pour chacun d'eux. De plus, ils sont précédés et
suivis de pièces mises sous le nom de notre poète. Au
milieu d'eux, se trouvent enfin intercalées la dernière
épigramme contre Poyet, et que toutes les vraisemblances
nous ont fait attribuer à Clément Marot, ainsi que l'épi-
gramme : De la Sor bonne un docteur amoureux, laquelle
ligure dans les éditions de notre auteur. Voici le texte de
ces diverses pièces, que Chavannes s'accorde à mettre
DOCUMENTS
229
sous le nom de Marot et que nous pouvons considérer
comme quasi inédites (1) :
Depuys le temps que Dieu forma la tour
De vive foy pour le salut delïandre,
Tousjours Sathan a myné à l'antour,
Taschant l'abactre et la faire dessandre.
Et pour plustout la consumer en cendre,
Et ruyner par assault et famyne,
A congrégé une horrible vermyne
De gris caffardz pour estre ses myneurs,
Qui n'ont soucy que de faire îa myne ;
Dont, à bon droict, sont dictz frères myneurs,
Ces jours ung moyne alloit cheux ung libraire
Pour demander la Vérité cachée (2)
On la luy nye et mon asne de brayre,
Sus, sus, dit-il, qu'elle me soit cherchée,
La feme lors, de ce propotz faschée,
Que ce cagot parloit en connestable,
Elle empogna au froc le vénérable
Et le frocta come avoit mérité,
Allés, dit-elle, allés de par le dyable,
C'est vostre habit qui cache vérité.
Au jugement d'entre nous autres saiges
Où présidoit Mynus ardentibus (3),
Après avoir révolvé les passages
De nous décrectz déduictz par Cornibus (4),
Interdisons comme Juges d'abutz
Qu'il n'y ayt maistre ne pédagogue
Aye alléguer, en nostre sinagogue,
(1) Manuscrit de Lausanne, p. 153 et ss.
(2) Allusion à la moralité intitulée La vérité cachée devant cent ans, voy.
Th. Dufour, Notice bibliographique sur le catéchisme et la Confession de foi
de Calvin, etc., p. 113.
(3) Allusion au Doyen de la Faculté de théologie de l'Université de Paris.
(4) Pierre Descornes ou Cornu, f 22 mai 1542, était un des plus fougueux
adversaires des a Luthériens » (Voy. N. Weiss, La Chambre ardente, 1889,
p. xxm).
230
DOCUMENTS
Grec ny hebrieu, et ce, sur telle amande,
Que de trois ans n'aye ce qu'il demande,
De nous honneurs ; enjognons au surplus
Que Sorbonne luy mande
Que de la foy il ne s'en mesle plus (1).
Quant à mon nom assemblés vous serez,
Ou deux ou trois, dict Jésus à Mathieu,
Et que de moi vous propotz dresseres,
J'en seray près, voire droict au millieu.
Or, cy je viens ores parler de dieu
Affîn qu'il soit, comme il dict, avec moy,
On le deffent et, sur peyne d'esmoy,
Ou bien d'avoir liez piedz (2), mains et genoulx.
Bien doit avoir le diable avec soy
Qui ne veult pas que dieu soit avec nous.
N'est héritier auquel ne plaist lecture
Du testament que son père a laissé,
Encore moins qui de guarder n'a cure
Entre ses mains l'cscript du trespassé,
Ou, pour le vray, quant tout est bien pansé,
Plus vauli ùng seul parfaict observateur
Du testament, que cent et ung lecteur[s).
Si croyons donc que Jésus nous est père,
Lisons, guardons en tout, sans vitupère,
Le bon voloir de nostre testateur.
Hélas, mon dieu,- ton yre soit tornée
Vers moy ton serf, qui me poursuys sans cesse.
La peur que j'ay faict que l'âme estonnée
Donne à mon cœur une extrême détresse,
Le sens me fault et vertu me délaisse,
(1) Le 30 avril 1531 (1530, a. o.) la dite Faculté de théologie avait condam-
né ces deux propositions : << La saincte Escripture ne se peull honnemenl
entendre sans la langue grecque, hébraïcque et autres semblables » cl n 11 ne
se peult, faire qu'un Prédicateur explique selon la vérité l'Epictre ou l'Evan
gile sans lesdites langues » (Duplessis el Argentré, Collectio judiciorum, 11. 78).
(2) Piedz devrait être supprimé.
DOCUMENTS 231
Tousjours, ayant douleur devant mes yeulx.
Je te réclame et appelle en tous lieux,
Pour mettre fin à l'enuy qui me poinct.
Si tu ne veulx, hélas, m'envoyer mieulx,
Au moingtz, mon Dieu, ne m'abandonne poinct
Dizain.
Je dors en paix seurement en ma couche,
Ayant par foy Jésus Grist embrassé,
Car son amour cy fort au cueur me touche
Que j'ay pour luy tout autre délaissé.
Je suys à luy par luy ci annessé
Que rien ne sçay, ayant tout entendu,
Fors luy pour moy en croix mort estandu.
C'est ma défiance et pavoys secourable
Par quy je croy et espère, en temps deu,
Avoir repotz en gloire perdurable.
Huitain.
Certaine femme, allant oyr la messe,
A la mercy du chat mest son disner,
Estant venue, elle crye sans cesse
Contre son chat qu'elle voyt desjuner.
Or quant sa sœur oyt celle indigner,
Il fait, dit-elle, en bonne heure des siennes,
Car vous devyez avec vous le mener
N'estoit que là ne vont que chiens et chiennes.
Dizain.
Or sa, Jenyn, disoit. le bon curé,
Voicy ton dieu qui te vient voir en couche,
De luy qui^a pour toy tant enduré,
Piedz, mains et chef recevras de ta bouche.
Jenyn respont : a que ma dent y touche
Poinct ne m'advyene en ce tormant icy.
Messire Jean luy dit, pourquoy cecy,
DOCUMENTS
C'est luy entier, cy vray qu'il est huy feste.
Lors Jenyn crye, estez le chef ausi
Car j'ay faict veu ne manger jamais teste;
Dizain.
Ung homme ayant. ung chesne vermoulu.
Il dit en soy, j'en feray ung y mage,
Aussi, alors que du gland j'ay voulu,
Tu as plustout à mon pré faict domage,
Tu m'ayderas, en te laissant homage,
Veu qu'autrement jamais bien ne me fis,
L'ymage faiefe, il luy demande ung filz,
Par plusieurs jours, mais, perdant sa poyne,
Je sçavois bien, dit-il, qu'en crucifix
Tu ne vouldrois non plus que fis en chesne.
Dizain.
Ainsi que aux champs le vicaire sortoit
Le dieu de paste, en dysant son brevyère,
Il voit un vent qui son dieu emportent,
Non pas au ciel, mais dedans la ryvière,
Lors, en passant auprès d'une ravyère,
Secrètement il y prant ung naveau
Dont fait ung dieu qu'il baille à Jehan le Veau
Luy, demy mort pour le mal qui l'agrave,
Mais néanmoins goustant ce dieu nouveau,
Mon dieu, dit-il, que tu me sens la rave.
Dizain.
Guillot, ayant desjuné de matin,
Panse d'aller accomplir sa neufvaine;
Luy donc, estant voué à S' Martin,
Il part, il court, il se met hors d'haleine
Or, là venu, la soif tant le pourmeine,
Qu'il prant le pot au S1 vinage et boil ;
Mais aussitôt que le curé le voit,
DOCUMENTS
A luy s'escrye, affin qu'il ne l'esgoutte.
Las, dit Guillot, je fay ce que l'on doit,
Et vous rompes ma dévotion toute.
Ung million de dizains bien.rythmez
Ne comprandroient le dysme des offrandes
Que font les gens en herreur abysmez
Pour leur grand bien, si tu le leur demandes.
Sainct Claude donct atrappe des plus grandes,
Et S' Anthoine est après ung jambon,
Sainct Guillemyn ne prant rien cy n'est bon,
Mais S1 Pensart, s'il n'en a, il s'en vange,
Et puis S1 Loup faict tant qu'il a ung don
De deux poulletz lesquelz S1 Regnard mange,
Dizain.
Nostre Seigneur est en son propre corps
Monté aux cieulx, comme dit l'escripture,
Dont doit venir juger les vifz et mors,
Et par ainsi je ne l'atens qu'alors
Réallement en son corps et nature.
Je ne le cherche en nulle créature,
En pain ne vin, le croyant estre aux cieulx.
Ce néanmointz, prenant ce que peu dure ;
Et ayant foy qu'il est ma nourriture,
Adonc je prans son vray corps précieulx.
Ce digne corps de Crist nostre saulveur
Repaist le myen en nourissant mon âme,
Mais ce n'est pas par charnelle saveur,
Ne que ma dent soubz le signe l'entame.
Son corps le myen vivifie et enflame
Et, le mangeant toutesfois ne périt ;
C'est donc par foy que ce corps me nourist,
Non pas ainsi que le pain que je touche,
Ou il fauldroit que son sainct corps pourist,
Car dehors va ce qu'il entre en la bouche.
ni
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Dizain.
Martin et Jean, passant près de Fesfgjlize,
Où y avoit des prestres hault chantans,
Martin lui dit, escoute, que j'eslize,
La voix du myen entre ceulx que j'entens.
Myen, respond Jehan, tu n'es où tu prétentz,
Povre Martin, es tu en lieu prophanne,
Pour y cuyder oyr braire ton asne?
Martin luy dit, j'estois bien plus avant,
Car, en oyant des gros asnes l'orguane
Je pansois estre à ung molin à vent.
0, bien heureux qui a passé son eage
Dedans le cloutz de son propre héritage,
Et n'a de veue eslo[i]gné sa maison,
En jeunes ans (et) en vieille saison,
Qui, d'ung baston porté et secouru,
Va par les champs où jeune il a couru ,
Les siècles longtz pas à pas racontant
Du test champestre où il est habitant.
Nul accidant d'inco[n]stante fortune
Luy a mo[n]stré sa fureur importune.
Tels sont ces quelques dizains transcrits avec leurs
multiples fautes de copie. A côté des railleries ordinaires
que nous trouvons contre les prêtres et les moines, nous
n'avons pas besoin de faire remarquer des vers d'une
portée autrement précise : et nous comprenons que
Marot n'ait pas laissé imprimer de telles pièces. Il s'y
moque du culte des saints; la représentation de la divi-
nité en image y est raillée. Le mystère de la transubstan-
liation y est rejeté et l'hostie nettement bafouée. Nous no
possédions pas encore de Marot des textes aussi signifi-
catifs et le faisant adhérer d'une façon aussi complète aux
dogmes de la Réforme. Nous remarquerons enfin que
quelques passages de ces poésies nous confirment dans
DOCUMENTS °235
l'opinion qu'elles datent des dernières années du poète :
la dernière spécialement a été composée en exil et l'allu-
sion que Fauteur y fait à sa « vieille saison » nous porte-
rait à la croire composée lors du second exil, celui de
Genève.
Il nous reste maintenant à donner une chanson pieuse
de notre auteur, conservée dans le manuscrit sous le titre :
Chanson faite par Clément Marot.
Vous perdes temps de me venir reprandre
De ne plus voir la dyvine escripture ;
Plus m'en blasmes, plus m'en venes reprandre,
Tant plus me plaist d'en oyr la lecture.
Ce que dieu nous comande,
Fault-il qu'on le deffande
Par tormens et menasses?
Cessez vous grantz auldasses,
Que l'Eternel ne branle sa main destre
Pour vous mo[n]strer que luy seul est le maistre,
Povoir n'aves, cy dieu ne le vous donne,
De faire mal a ceste chair mortelle ;
Poinct de la mort, certes, je ne m'es tonne,
Sachant pour vray que l'âme est immortelle.
La mort luy faict passage
Pour sortir de sa caige
Où elle est enfermée
0 mort donc bien heurée,
0 douce mort qui de prison deslivre
Le nostre esprit, pour mieulx le faire vivre.
Or vienne clone la mort tant bien heureusse
Par qui espérons de voir nostre bon maistre,
Gla[i]ve tranchant ny (lame douloreuse
Ne me feroit renyer à sa lectre.
Gelluy, par qui j'espère
De voir nostre bon père,
236
DOCUMENTS
Clèrement face à face.
Mon Dieu, mais quant sera-ce?
Non pas cy tost que notre âme souhaitte
Mais toutesfois sa volunté soit faicte.
Cette chanson composée en 1544, selon H. Estienne,
offre, comme le fait remarquer Chavannes, une circons-
tance qui mérite d'être remarquée : c'est d'offrir dans la
première strophe une réminiscence de la chanson XXXI
de Clément Marot, ainsi conçue :
Vous perdez temps de me dire mal d'elle,
Genz qui voulez divertir mon entente ;
Plus la blâmez, plus je la trouve belle;
S'esbahit-on si tant je m'en contente!
La fleur de sa jeunesse
A votre advis rien n'est-ce,
N'est-ce rien que ses grâces ?
Cessez vos grandz audaces,
Car mon amour vaincra vostre mesdire ;
Tel en mesdict qui pour soy la désire.
Ce détail n'est d'ailleurs pas sans intérêt et il nous
permet de rattacher cette pièce à cet esprit général moitié
profane, moitié pieux, qui fit éclore la chanson religieuse
à la cour de France. En effet, sous l'influence des idées
nouvelles et de la princesse de Navarre, on abandonna
les couplets mondains et, sur les vieux airs, on rima de
pieuses chansonnettes. Dès 1532, Chanter pour servir
Dieu toute sa vie, se disait sur l'air d'une chanson de
Marot. De Ma chère dame ayez de moi merci/, on faisait
Mon créateur ayez de moi merci/ et une strophe toute pro-
fane du poète devenait :
Puisque de vous je n'ay aultre visage
Rendre m'en vais à Dieu que je dessers
Pour le prier que si chacun se perd
A son escient je n'en souffre dommage.
DOCUMENTS 237
Adieu la chair, adieu mondain servage,
Adieu vous dys, monde pernicieux :
Je n'ai pas eu de vous grand advantage,
Du Seigneur Dieu j'espère beaucoup mieux.
Peu scrupuleuse adaptation de la chanson :
Puisque de vous je n'ay autre visage
Je m'en voys rendre hermite en un désert,
Pour prier Dieu, si un autre vous sert,
Qu'autant que moy en votre honneur soit sage.
Adieu amours, adieu gentil corsage.
Adieu ce tainct, adieu ces Mans yeulx.
Je n'ay pas eu de vous grand advantage;
Un moins aymant aura peut-être mieulx.
Enfin, d'autres airs à la mode, Ce qui m'est dû et
ordonné. Jouissance vous donner ay, Sus le pont d' Avignon
fou'is chanter la belle, Trop penser rriy font amours, Las
quen dit-on en France des gens de Luxembourg , prêtaient
leurs rythmes à plusieurs des chansons spirituelles de
Marguerite. La chanson inédite que nous présentons ici
est un nouvel exemple de la même mode.
En résumé, ces poésies de Clément Marot, révélées
depuis 1844, toutefois, pour ainsi dire encore inconnues,
sont cependant loin d'être sans intérêt pour les idées
religieuses de notre poète, quoiqu'elles soient de moindre
étendue que nos deux précédents inédits. Cette dernière
chanson nous offre une nouvelle preuve de cette mode
qui semble avoir préparé l'immense succès des psaumes;
les trois pièces contre Poyet nous font entrevoir une
intrigue que nous ignorions encore dans la vie de Marot;
enfin, les autres dizains nous fournissent des textes dont
la précision nous aide à pénétrer de plus en plus sûrement
dans les opinions réformées de l'exilé de Genève.
Telles sont les pièces que Fréd. Chavannes a comprises
dans sa publication. A leur suite nous donnons une
« Epistre de Marot », qui dans le manuscrit précède Ja
238
DOCUMENTS
chanson et qui cependant n'a pas encore été imprimée.
Chavannes écrit en effet à son sujet : « La versification en
est tellement mauvaise que, malgré toutes les fautes dont
le copiste seul pourrait être responsable, il en reste assez
pour convaincre que Marot n'a jamais rien écrit de sem-
blable, Le fond des idées n'est passupérieur à la forme. »
Or dans cette épître, la versification, un peu dans le
genre lâché des coq-à-l'âne, n'est pas plus mauvaise que
dans beaucoup d'autres pièces dont la copie n'est guère
meilleure. Quant au fond, lui aussi, il n'est pas pire que
beaucoup de textes attribués à notre poète et, comme
nous le verrons, il constitue un plaidoyer aussi curieux
que naïf, écrit par Marot dans un de ses accès de piété,
en faveur de Genève. Bref, la pièce est loin de manquer
d'intérêt et les scrupules de Chavannes paraissent exces-
sifs. Voici ce texte que M. N. Weiss nous a très aimable-
ment procuré. (Ms Lausanne, fol. 113) :
Je panse bien que tu t'esbayras
Très cher amy, quant plus ne me verras
Auprès de toy, et que de ma présence
Seras frust[r]é, mais il faut que tu panses
Combien que griefve l'abcence des amys
Me soit par trop, cyest ce que je suys ravys,
Pour m'assenter de la présence tienne,
En la vraye voye de liberté crestienne
Et ay laissé le chemin des mauditz
Pour quelque fois aller en paradis;
Car ay trouvé ung lieu qui est propice
A ung chescun qui vouldra fuyr vice
Là où l'on sert seullement à ung Dieu ;
Et où tu es il n'y a celluy lieu,
Soit grand cité, ou ville, ou village
Qui n'aye le sien; n'esse pas grand domage
Que tant de gens ayent cesle follie
D'aymer ainsi meschante idolâtrie?
D'aultre costé celluy tant soit habille
Qui se dira amy de l'évangille
DOCUMENTS
Là où tu es ne vivra longuement,
Mais, où je suys, le Dieu du firmement
Nous a donné le bien et ceste grâce
Que tous les jours publiquement en place-
Nous en avons une belle lesson.
Je croy, amy, que cy ung peu le son
Tu avois oy de ce dyvin parler,
Jamais d'ici ne t'en voudres aller.
S'il fault parler de vie pollitique,
Il n'y a lieu, tant soit-il autentique
Où la justice soit gardée en ce point
Corne est icy, car certes ne fault point
Que présidens prolongent les procès,
Vienent icy aulcunement faire ex[c]ès,
Ne que advocatz, affm qu'on leur promette
Aulcuns pressens, ils portent leur cornette;
Tous procureurs serrent leur escriptoire,
En ce lieu cy ne se fait inventoire,
Mais ausi tost et à ung mesme instant. ..
S'aulcun y a qu'il se forvoye tant
Faire à aultruy ce que il ne vouldroit
Lui estre fait, soudain on fera droit
A ungcbescun, ainsi que Jésus Grist
L'a comandé, et n'y a[u]ra nul escript
D'aulcun procès, mais soudain on randra
A ung chescun ce que luy appertiendra.
Voillà cornent, par bonne unyté
Somes remys tretous en charité.
Quant il n'y a[u]roit autre bien en se lieu
Sinon d'avoir cy cher l'honneur de Dieu
Corne on a, il est à prefferer
A ce lieu là où tu veulx demeurer.
Icy n'y a orgueil ny avarisse,
Là où tu es, c'est vertu, non pas vice,
De s'org-ueiller et n'estyment ordure,
Ains, ung grand bien, de cometre usure. .
Icy n'avons aulcune ire n'envye
Sçachant qu'en brief nous fault ûner.la vie,
DOCUMENTS
Mais par dellà on aurait beau courir
Pour en trouver ung qui pense à mourir.
Icy ne resne ceste luxure infâme,
Car il n'y a celluy qui n'aye sa propre terne,
Et par délia, du peuple le grant disme
N'en usent point, mais, une concubyne
On leur permect et, que dire je n'ouse,
Le plus souvant l'ung de l'autre l'espouze
Va usurpant, sans avoir nulle crainte
De Jésus Crist la parolle tant saincte,
Du bon sainct Pol qui est tant bien notée
A la segonde espictre à Thimotée,
Où il nous mo[n]stre, quoy qu'on sache crier
Qu'ung temps viendra que de se marier
On deffendra, et cella se doit faire
Aux derniers temps : pansons à nostre affaire
N'ayant regard à ce qu'est transsitoire,
Ains demandons de Dieu l'honneur et gloire,
Entre les biens de la terre tant beaulx
Et entre ceulx qui promènent ès eaulx,
Mettes vous pas trop grande difîérance?
Oy vrayement et non seullement en ce
Avons herrés, mais vous est bien advis
Que la couleur diverse des habitz
Rent l'home sainct ou la doctrine saincte
Croyes qu'en brief une dure complainte
Sera sur ceulx qui sont tant abusez
Dont je vous prye, à ce faitadvisez
Vous souvenant de se très bel exemple
Du beau linceul mofnjstré, comme il me semble
Au bon Sainct Pierre et cornent luy fut dit
Que jamais plus difîérance il ne mist
Entre les biens de Dieu sanctiffiés.
Regardes donc cy en Dieu vous fies
Ains aulcuns certains jours pour Sa chair
Et à celluy seroit bien vandu cher
Qui en useroit en guise de poisson
Tant luy vauldroit manger de la poizon
DOCUMENTS 241
Et n'y a[u]roit qui le seut secourir
Que tout soudain on ne le fît mourir.
Ne voilla pas trop grande cruaulté!
Mais nous icy, en pure liberté
De vrays crestiens, et les biens et les grâces
Nous sont icy par grandes efficasses,
Sans mectre en rien aulcune différance .
Je ne dis pas que bien par pénitance
Il ne nous falhe masserer quelque temps,
Mais çais tu bien corne cella j'entens :
Quant conoissons la chair estre rebelle
A l'esprit, d'une fasson très belle,
A force jeunes nous la randons subjecte
Et par ainsi, sans que jamais on mette
Ung jour qui soit destitué et préfix,
Servons toujours au sainct crucifix,
Nous crucifiant nous mesmes par bonté
Sellon la paix de nostre volunté.
Voyllà ainsi, mon cher amy, cornent
Gardons de Dieu le sainct comendement.
Non que de nous nous ayons ce povoir
Mais ung chescun, en faisant sonjlevoir
Tache acquérir du seigneur Dieu la grâce,
Affm que après, nous puiss[i]ons face à face
Le voir là haut tre[s]tous en paradis.
Pour le présent ung à Dieu je te dis ;
En ce faisant, je te laisse à penser
Si de venir tu te dois advancer.
A notre avis, il n'y a pas de raison de mettre plus en
doute l'authenticité de cette pièce que de celles qui rac-
compagnent. Le style même rappelle assez souvent la
manière de Marot; et il n'est pas jusqu'à cette expression :
Affin que après, nous puissions face à face
Le voir là-haut trestous en paradis,
que nous ne retrouvions dans le sermon du Bon et du
16
DOCUMENTS
Mauvais Pasteur, à propos de la mort, où le poète
écrit :
Mais peindez là que triompher nous face
Nous faisant voir Jésus-Christ face à face.
Quant à la citation de Saint Paul, elle n'est pas pour
nous étonner : c'est une source dont s'est souvent souvenu
l'auteur du sermon et de la complainte de Florimond
Robertet. Il faut remarquer enfin que toutes les particula-
rités de détail de notre épître concordent étrangement
avec la situation de Marot. L'auteur y apparaît bien comme
un réfugié qui a fui précipitamment. Il rappelle bien lon-
guement les lenteurs des procès et l'avarice des gens de
justice, ce qui conviendrait fort à l'auteur de l'Enfer ; il
traite aussi d'une façon bien spéciale la question du
carême, ce qui ne devait pas moins préoccuper un homme
qui plusieurs fois fut inquiété pour avoir mangé de la
chair en carême. Enfin, il parle de la corruption des
mœurs et du concubinage avec une insistance telle et
dans des circonstances où le sujet pouvait être si facile-
ment évité que nous ne pouvons encore manquer de nous
souvenir des démêlés de Marot avec les dames de Paris
et surtout avecYsabeau dont nous aurons lieu de repar-
ler plus loin. En conséquence, nous pensons que nous
n'avons pas à hésiter pour ajouter cette nouvelle épître aux
poésies déjà publiées par Fréd. Chavannes.
R. Fromage
DOCUMENTS
243
PRÉCISIONS DOCUMENTAIRES
SUR L'HISTOIRE DES CAIVIISARDS
Il n'y a pas d'épisode de notre histoire qui continue
à être plus outrageusement défiguré que celui de la guerre
des Camisards. Les historiens impartiaux ou simplement
équitables ont depuis longtemps reconnu qu'elle fut pro-
voquée par les excès de la persécution. Voici, par exemple,
ce qu'on lit dans un des derniers fascicules de Y Histoire
de France publiée chez Hachette sous la direction de
M. E. Lavisse :
En province (dans le Midi notamment,) nombre de petites
communautés, urbaines ou rurales, fanatiques, de seigneurs beso-
gneux, de curés grossiers, ne pensaient qu'à éterniser un ré-
gime d'espionnage et de rapine qui, en les enrichissant, les flattait.
« Les curés de Languedoc, écrit en 1704 Villars, ne peuvent pas
perdre l'habitude de faire trembler toutes leurs paroisses. » Les
intendants et les commandants militaires qui, eux aussi, avaient
senti grandir par la persécution leur importance, ne changèrent
rien, pour la plupart, à leur conduite. Ils ne renonçaient complè-
tement à aucune des coercitions antérieures. Presque partout ils
continuaient à enlever, quand bon leur semblait, les enfants.; en
Poilou, d'Ableiges et d'Estrées, recommençaient par instants, sans
que la Cour les désapprouvât, ladragonnade. En Languedoc, Bâville,
sansse soucier d'un édit qu'il avaitdéconseillé, laissait faire comme
par le passé, ses agents ecclésiastiques ou laïques.
Deux d'entre eux — dans le diocèse de Nîmes, M. de Saint-
Cosme, gentilhomme converti, dans le diocèse deMende, François
de Langlade du Chayla, archiprêtre, — étaient infatigables à pour-
voir de victimes les tribunaux, par leurs dénonciations et leurs
battues. Lors même qu'ils n'obtenaient point de châtiment
corporels, les confiscations de terres, les amendes à payes
solidairement, qu'ils faisaient prononcer, ruinaient vite, en un
pays maigre, les cultivateurs mal. notés et exaspéraient tout le
monde. Les fuites en masse avaient recommencé. Un convoi
de fugitifs, arrêté par l'archiprêtre de Mende, ayant été enfermé
par lui dans sa maison du Pont-de-Montvert, une troupe de pay-
sans, conduits par quelques prédicants, Gédéon Laporte, Pierre
Esprit, Salomon Gouderc, Séguier (i), Abraham Mazel, força et brûla
(1) Séguier était le surnom de Pierre Esprit.
DOCUMENTS
sa maison, le tua, brûla le castel de Ladevèze après en avoir
massacré les habitants (1).
Cet exposé qu'on ne saurait taxer de partialité puis-
qu'il a été rédigé par M. le professeur A. Rébelliau
reconnaît un certain nombre de faits essentiels qu'il est
impossible de nier ou de passer sous silence à moins de
fausser l'histoire ou de la rendre incompréhensible.
ïl évite néanmoins de préciser le rôle capital que
jouèrent justement Saint-Cosme et du Chayla (2) dont les
crimes lassèrent une patience qui, jusque-là, ne s'était pas
démentie et déchaînèrent des colères d'autant plus terribles
qu'elles avaient été plus longtemps contenues. L'année
passée M. Ch. Bost a déjà relevé ici-mêmé [Bulletin 1908,
p. 2d 9 et ss.) tout ce qu'avait de tendancieux et d'inexact le
récit publié par l'abbé Rouquette sur Y abbé du Chayla et
le clergé des Cévennes. Nous allons revenir sur ce point
et sur quelques autres en opposant à une légende qui n'a
que trop duré quelques textes officiels et indiscutables, Ils
serviront de contrepartie à un véritable pamphlet (3)
du R. P. J.-B. Couderc, intitulé Victimes des Camisards
(Récit, Discussion, Notices, Documents), qui a paru en
1904 (Paris, P. ïéqui), et montreront comment on croit
donner le change en passant sous silence des documents
gênants et nullement inédits. — Commençons par
L'abbé du Chayla.
D'après le R: P. J.-B. Couderc, cet archiprêtre n'était
rien moins qu'un saint qui se distingua, entre autres, en
(1) Histoire de France, t. Vlll, p. 378-9 (Hachette, 1908).
(2) Nous ne voudrions pas chicaner M. Rébelliau surles Sources q\x"\\ indique
au bas de la page 378 du tome VIII de l'Histoire de France, pour le chapitre
où il traite de l'Insurrection des Cévennes. Mais il nous permettra de nous
étonner qu'après avoir cité Louvreleuil, Brueys, La Baume, etc., il ait négligé
de citer Y Histoire (anonyme) des Camisards de 1744 et 1754, 2 vol.: celle
surtout d'An toine Court {Histoire des troubles de Cévennes, 3 vol. 1760); celle
de Cavalier, publiée en Anglais et plus importante qu'on ne croit; les docu-
ments publiés dans les Chroniques de Languedoc, etc.. Il aurait dû signaler
aussi les deux brochures de M. Ch. Dardier, La révolte des Camisards justifier
et Encore la Révolte des Camisards (1889 et 1890), les mémoires du baron
d'Aigaliers publiés par Frosterus ainsi que la brochure de ce dernier et celle de
Dardier sur le maréchal do Montrcvel, les mémoires de Bonbonnoux. etc.
(3) Malgré les promesses du litre, le caractère pamphlétaire de ee livre
DOCUMENTS
établissant partout des « bureaux de charité »; il va jus-
qu'à écrire cette phrase étonnante (p. 55) : « mais préci-
sément le bien qu'il faisait irritait les hérétiques ». Voici
comment il raconte les faits qui provoquèrent l'assassinat
de Tarchiprêtre :
Le °22 juillet 1702, l'abbé du Ghaila était au Pont-de-Montvert
où depuis un mois, aidé de deux religieux, les Pères Capucins
Ignace de Beaujeu et Alexandre de Miribel, il exerçait son zèle
apostolique. Quoique le régent des écoles et le fermier du sei-
gneur logeassent dans le château, il n'avait pas de peine à y trou-
ver du logement pour lui. Il restait même encore quelques pièces
où ceux qui commandaient dans la contrée enfermaient quelque-
fois leurs prisonniers, jusqu'à ce qu'ils eussent reçu les ordres de
de leur chef.
On avait arrêté, dans diverses assemblées, six jeunes gens
armés... On y détenait aussi, depuis deux jours, un guide qui con-
duisait dans les pays étrangers trois filles déguisées en garçons
que l'on avait dès le lendemain transférées à Mende. Il restait à
peine à ce château l'apparence d'une maison ordinaire. Le subdé-
légué de l'intendant avait cru devoir ajouter à de faibles clôtures
deux sentinelles et des ceps, instrument /ait de deux pièces de
bois entaillées que, faute de fers, il avait fait mettre aux pieds
de ses prisonniers et dont on a fait dans le Théâtre sacré une des-
cription effrayante.
L'auteur protestant de la nouvelle histoire des Gamisards qui
prétend que les prisonniers avaient été faits par l'abbé du Chaila,
à la tête d'une troupe de soldats, et qu'ils étaient les restes de
ceux que ce missionnaire avait fait pendre sur-le-champ, ne trou-
vera sans doute pas mauvais que nous nous soyons abstenu de
partager le ridicule d'un pareil récit...
Mais si ces prisonniers n'étaient point les restes des cruautés de
l'abbé du Ghaila, ils furent le prétexte de celles des prophètes ...
Ce récit inséré dans le volume du R. P. J.-B. Couderc
entre guillemets (p. 58-59) est emprunté à un manuscrit
de la bibliothèque de Nîmes, intitulé Histoire des
troubles des Cévennes (1), par l'abbé Valette, prieur de
Bernis. Ce manuscrit dont les auteurs catholiques font
éclate dès la première ligne, dans cetteprétendue définition de la guerre des
Gamisards, qui n'est qu'une audacieuse contre-vérité : « La guerre des Gami-
sards fut une explosion de rage anti-catholique habilement préparée » (p. 3).
(1) Ou, plus exactement, Histoire des Prophètes des Cévennes, n° 13 848 du
catalogue de la Bibliothèque de Nîmes.
DOCUMENTS
beaucoup de cas, n'est nullement, comme on pourrait le
croire et comme on le laisse quelquefois entendre, une
relation contemporaine des événements qu'il raconte,
puisqueson auteur naquit à Nîmes en 1712 seulement, c'est-
à-dire plusieurs années après la fin du soulèvement des
Camisards. Ceux qui auront lu attentivement le fragment
ci-dessus, auront d'ailleurs remarqué que l'abbé Valette
y cite le Théâtre sacré des Cévennes qui parut en 1707 et ce
qu'il appelle « la nouvelle histoire des Camisards », qui
n'est autre chose que Y Histoire des Camisards parue à
Londres en 2 volumes en 1744 et 1754 (1). Plus loin
(Gouderc, p. 63), il cite même une phrase empruntée à
Y Histoire d'Antoine Court, laquelle parut en 1760. Le ma-
nuscrit Valette fut donc rédigé près de soixante ans après
les événements et les citations qu'on lui emprunte prouvent
qu'il n'est guère qu'une compilation tendancieuse et géné-
ralement malveillante (2).
A son récit qui représente l'archiprêtre du Pont-de-
Montvert comme un pauvre innocent qui n'avait rien fait
du tout que de loger dans le château où « ceux qui com-
mandaient dans la contrée », et le « subdélégué de l'in-
tendant » enfermaient les protestants qu'ils avaient
arrêtés, on pourrait opposer la relation, autrement précise
et circonstanciée d'Antoine Court, qui dit expressément
ceci, à propos du guide dont parle l'abbé Valette :
J'ai eu divers entretiens avec ce guide, et j'ai appris de sa
propre bouche les circonstances de sa capture et de celle de sa
(1) C'est, en effet, à la page 107 du tome I de cet ouvrage, qu'on lit le
passage que l'abbé Valette traite de ridicule : « L'abbé commença par en
faire pendre quelques-uns sur-le-champ. »
(2) Michel Nicolas (Hist. litt. de Nîmes II, 220) écrit que l'abbé « homme
instruit et tolérant distingue, avec autant d'esprit que d'impartialité, le pro-
testant éclairé et raisonnable du protestant exalté et fanatique », mais il
ajoute : « on désirerait seulement qu'il eût reconnu que sans l'absurde révo-
cation de l'édit de Nantes qui les força à prendre les armes et qui les poussa
à une exaltation toujours produite par la persécution, les protestants dos
Cévennes auraient continué d'être des citoyens paisibles. » Ces lignes justi-
fient mon appréciation. En effet, se refuser à voir dans le soulèvement dos
Camisards une révolte provoquée par l'excès des persécutions, c'est so con-
damner à n'y rien comprendre et à tracer des événements une esquisse ten-
dancieuse, en même temps qu'accueillir avec complaisance tout ce qui noircit
les victimes.
DOCUMENTS
247
troupe; leur emprisonnement; les mauvais traitements qu'ils
éprouvèrent de la part de l'abbé, et la manière dont ils furent
délivrés de ses mains; aussi bien que les circonstances de la
mort de cet ecclésiastique. Massip et sa troupe avoient été
arrêtés par le sr d'Escalier, capitaine de bourgeoisie au Pont-de-
Montvert (1).
Et plus loin, il ajoute :
Ceux qui m'ont servi de guides dans le récit que je viens de
faire, ne sont pas seulement un brave des Gévennes (voiés la pré-
face de la nouvelle Histoire des Camisars), mais plusieurs cen-
taines de ces braves, que j'ai consultés, qui se sont trouvés en per-
sonne, sinon dans toutes les occasions, au moins dans un grand
nombre; et entre lesquels, il y en avoit qui après Séguier, pou-
voient passer pour les chefs de l'entreprise ; tel étoit un Abraham
Mazel, tel un nommé Rampon, etc. et auxquels j'ai été à portée de
faire des questions et de démêler leurs idées mêmes. J'ai eu encore
pour guide le témoignage de plusieurs habitans du lieu même où
se passa la sanglante tragédie, auprès de qui je me suis instruit
plus d'une fois en la matière : et nombre de Mémoires dressés
sur les lieux et par des personnes impartiales (2).
Il résulte de ces déclarations formelles d'Antoine Court -
que nous n'avons le droit de récuser son récit que lorsque
nous avons la preuve formelle qu'il s est ou a été trompé.
Or, ni l'abbé Valette qui l'a eu sous les yeux, ni leR.P. Cou-
derc qui suit aveuglément le prieur de Bernis, ne se donnent
la peine de discuter les faits à la charge de l'abbé du Chayla,
énumérés par Antoine Court. Ils les passent purement et
simplement sous silence, ce qui est assurément plus com-
mode que de les discuter.
Nous rappellerons donc, pour ce qui regarde les exac-
tions exercées par l'archiprêtre, le document accablant,
(1) Tome 1 p. 43. La relation de Massip se trouve^VIs. Court n° 17 K.
(2) Ibid. ]). 52. La preuve de l'exactitude de ces affirmations de Court se
trouve encore aujourd'hui dans ses manuscrits conservés à la Bibliothèque
de Genève, et, en copie, à celle de notre Société. Le n° 30 de cette collection,
intitulé Recueil et Mémoires sur les Camisards, t. I, renferme, entre autres,
des notes ou Éclaircissements rectifiant le récit de Louvreleuil et émanant de
Jacques Morin dit Saltet. Ces notes, jointes à celles de Rampon (Msc. Court
n° 17 K) qui était, comme lui, du pays, permettraient de reconstituer le drame
dans ses moindres détails et donnent, sur la conduite de l'archiprêtre, des
renseignements aussi précis que peu édifiants.
248
DOCUMENTS
puisqu'officiel et confidentiel dont le Bulletin de 1906 a
publié un résumé (p. 417 à 425), — c'est-à-dire le relevé,
par le sieur Rouvière, juge royal à Marvejols, des pour-
suites intentées dans le diocèse de Mende, aux nouveaux
convertis pendant les deux années et six mois qui s'écou-
lèrent d'octobre 1685 à mars 1688. Ces poursuites s'étaient
faites « sous V œil et avec T assistance de T abbé du Chayla» ,etse
répétèrent encore pendant plus de dix années après 1688.
Qu'on se représente la somme d'iniquités et de ressenti-
ments accumulée pendant ces années de terreur ! Lesévéne-
ments de 1702 ne furent que la goutte qui fait déborder le
vase. Et bien quel'abbé Valette etle R. P. Couderc feignent
de les ignorer, ils ne sont nullement légendaires, comme le
prouve la pièce officielle suivante, c'est-à-dire le Rapport
du Comte de Peyre au ministre de la guerre, en date du
19 août 1702, car on pense bien que la tragédie du mois
précédent fut aussitôt suivie d'une enquête dont ce
rapport donne le résultat :
Monseigneur, voici ce qui s'est passé depuis que je n'ai eu
l'honneur de vous écrire; je n'ose, Monseigneur, m'expliquer en
bien des choses, parce qu'on est averty de tous ceux qui écri-
vent à la Cour et on trouve des moyens de leur faire de la peine.
Je suis avec mon respect ordinaire, etc.
MONTBRETON PEYRE (1).
A la Baume, le 19 Août 1702.
Les Commissaires du Présidial de Nimes venoient juger à
Marvéjolz et furent arrêtés à Florac pour faire le procès aux
scélérats des Sévennes. Ils ont condamné le nommé Esprit, pré-
dicant fanatique, le nommé Nouvel et Bonnet.
Le premier a eu le poing coupé au Pont de Montvert et a été
brûlé tout vif ; il a avoué avoir été présent à tous les crimes con-
tenus au précédent mémoire sans vouloir déclarer aucun complice.
Le nommé Nouvel a été roué et brûlé devant le château de
Ladevèze; le nommé Bonnet pendu à Saint André de Lanciso.
Il résulte des informations ou par les déclarations des suppli-
(1) Le comte de Peyre était lieutenant général de la province du Langue -
doc depuis 1695; il avait succédé au marquis de Mon ta nègre.
250
DOCUMENTS
ciés que l'attroupement fut résolu le 22e juillet, à la foire de Barre,
que ce fut en vue de délivrer sept personnes que l'abbé du Chayla
avoit en prison chez lui, supposant qu'ils dévoient quitter le
Royaume, auxquels il donnoit lui même les étrivières chaque
jour (1), et avoit inventé un supplice qu'il leur faisoit souffrir, leur
mettant les pieds au milieu d'un gros poutre qui les obligeoit à
dormir tout droits ;
Que ces prisonniers, ayant eu la liberté, commirent tous les
assassinats, sacrilèges et incendies et tuèrent eux-mêmes l'abbé
du Chayla et les prêtres qui étoient ses confidents;
Que la plupart de ces attroupés sont des gens que l'abbé du
Chayla avoit envoyés à Montpellier pour les faire enrôler dans les
levées qu'on y a faites ou qu'on les dénonceroit d'avoir été dans
les assemblées (2).
Ces gens là avoient ensuite déserté et emporté des armes
desquelles ils se sont servis.
L'on ajoute que l'argent que le Roy donnoit pour des charités
ou pour des espions étoit employé à d'autres usages.
Monsieur de Basville a écrit à Messieurs du Présidial de lui
(1) « Voici de la façon qu'il s'en prenoit envers les pauvres prisonniers après
ses interrogats et ses feintes, pour leur faire avouer s'ils avoient été à telle
ou telle assemblée, s'ils y avoient vu quelqu'un de leur connoissance et s'ils
savoient que leurs voisins y fussent allés : Il leur arrachoit avec des pincettes
les poils de la barbe ou autres endroits du visage; d'autres fois il prenoit avec
les pincettes des charbons ardents et il les leur mettoit sur la paume de la
main, après quoi il les contraignoit à fermer leur main pour les faire brûler
davantage; et lorsqu'ils refusoient de le faire, lui-même, avec ses mains, leur
serroit le poignet jusqu'à ce que le charbon étoit entièrement éteint et étouffé.
D'autres fois il leur faisoit investir les cinq doigts de chaque main de coton
détrempé et garni de graisse ou de cire, après quoi il faisoit allumer la
mèche qui étoit au delà de la pointe des doigts, de sorte qu'à mesure que le
feu descendoit vers la main, le doigt séparoit la flamme qui l'inyestissoit et
dont le sang des doigts qui se brûloient couloit ensemble avec la graisse
de la chandelle. C'est ce qu'il avoit fait, à part plusieurs autres, à Pierre Solier,
du lieu de Reynol, paroisse de Saint-Germain et dont il porta la marque jus-
qu'à sa mort, ayant la plupart des ongles contrefaits {chose que j'ai vue et
avec lequel j'ai parlé plusieurs fois). On l'accusoit d'avoir été à une assemblée
et on vouloit le lui faire déclarer, mais il supporta cette cruelle géhenne sans
rien avouer, non plus que d'autres qui étoient exposés à ces tourmens qui
leur faisoient jeter des cris et des gémissements qui auroient attendri les
pierres même, mais qui ne pouvoient attendrir le cœur de ce cruel lion de
l'abbé du Chayla ». (Note J. Morin, Msc. Court n° 30, fol. 32 v°).
(2) En 1701 il semble que les curés des Cévennes avaient la charge de four-
nir au roi les recrues qui lui étaient nécessaires, en désignant, à cet effet, les
jeunes N.C. opiniâtres. On trouve, dans des rapports officiels d ecclésias-
tiques, des phrases comme celles-ci : « J'ai cinq garçons entêtés pour le ser-
vice de S. M. » (curé d'Aulas)... « J'ai une jeunesse nouvelle convertie opi-
niâtre et de qualité requise pour servir S. M. » (curé de Saint-Marcel de
Fonfoulhouse ; llibard, Notes d'Histoire cénevole, Ganges, 1889, extraites des
arch. du Languedoc). Jacques Morin déclare formellement que e'etait une
des pratiques coutumières de du Chayla (Msc. Court, n° 30, fol. 33 v°).
DOCUMENTS
251
envoyer toutes les procédures, qu'il vouloit connoître de la suite
de cette affaire, et voudroit bien qu'on n'en eût pas tant connu.
Messieurs du Présidial ont fait quelque difficulté, disant
qu'ayant pris connaissance de cette affaire qui de droit leur appar-
tenoit, Monsieur de Basville ne pouvoit connoîtredes suitesà leur
préjudice, et néanmoins ils lui ont envoyé extrait de toutes les
procédures.
Dans cet attroupement il n'y avoit que de misérables paysans.
L'on persiste à dire que si le commandement des Sévennes
pouvoit changer, que tout y seroit tranquille et en repos, la
dureté avec laquelle on les a gouvernés ayant tout gâté (1).
Ou je me trompe fort, ou ce rapport dont chaque
ligne est à méditer, fera réfléchir ceux qui voudraient se
débarrasser par omission, des témoignages recueillis et
examinés, entre autres, par Antoine Court.
Remarquons d'abord le billet qui le précède et en
donne le sens. Le comte de Peyre écrit qu'il « n ose pas
s' expliquer en bien des choses (2) ».ll y avait donc déjà à ce
moment des manœuvres destinées à étouffer la vérité,
impression confirmée par cette phrase du rapport :
(1) Dépôt de la Guerre, vol. 1614, p. 46. — Dans un autre Mémoire anté-
rieur conservé dans le même volume 1614 du Dépôt de la Guerre, fol. 38, le
môme comte de Peyre raconte en détail ce qui se passa le soir du 24 juil-
let 1702 au Pont de Montvert. Voici le commencement de ce récit qui prouve
que les paysans exaspérés n'avaient réellement l'intention que de délivrér les
captifs et qu'ils ne passèrent aux voies de fait qu'après avoir essuyé un coup de
feu d'un des valets de l'abbé : « Le 24 de juillet, sur les dix à onze heures du
soir, cinquante à soixante hommes armés arrivèrent au pont de Montverd, se
saisirent des avenues et des deux ponts au bout d'un desquels étoitla maison
où logeoit M. l'abbé du Chaila, dans laquelle certain nombre étant entrés,
un de ses valets tira sur eux'un coup de fusil comme ils montoient le degré,
et voiant cette deffance, ils en sortirent et prirent le parti d'y mettre le feu.
M. l'abbé du Chaila s'étoit retiré dans un cabinet où, se voiant pressé par le
feu, attacha ses draps à une fenêtre par où il descendit au bord de la
rivière; deux de ses valets en firent de même, un desquels ayant été aperçu,
fut blessé, de trois balles qui lui persèrent la gorge. L'autre sollicita son
maître de le suivre, ce qu'il ne voulut pas et se coucha contre la muraille,
en chemise ; il y fut aperçu par la clarté du feu, on le prit, on le conduisit
sur le petit pont où on lui donna un nombre infini de coups de poignard. »
— Ce coup de feu fut tiré lorsqu'après avoir délivré les captifs qui étaient
dans une sorte de rez-de-chaussée ou de sous-sol, les assaillants montèrent
l'escalier à la recherche de l'abbé.
(2) Il ne faudrait pas s'imaginer que le comte de Peyre était favorable aux
nouveaux convertis. Il était, au contraire, leur adversaire acharné. Dans ses
Éclaircissements Jacques Morin l'appelle « le furieux et méchant comte de
Peyre » et dit « qu'il mourut avec la réputation d'un exacteur et d'un tyran
parmi ses vassaux, quoique papistes. G'étoit un ravisseur de biens qui déso-
loit ses paysans ».
252
DOCUMENTS
ce M. de Bâville... voudroit bien qu'on rien eût pas tant
connu ».
Mais, passons au rapport lui-même. Après avoir men-
tionné l'exécution barbare d'Esprit, de Nouvel et de Bon-
net, il constate que les insurgés n'avaient d'autre but
que de délivrer les sept personnes que du Chayla avait
incarcérées sous prétexte qu'elles voulaient émigrery Leur
prétendu crime n'était donc pas prouvé. Or, pour ce
crime supposé, le charitable archiprêtre « donnait » à ces
malheureux, « lui-même les étrivières chaque jour et avoit
inventé un supplice quil leur fais oit souffrir, leur mettant
les pieds au milieu d'un gros poutre qui les obligeoit à dor-
mir tout droits » .
La cruauté de l'abbé du Chayla n'était donc pas ima-
ginaire, et ce n'est pas, comme l'écrit l'abbé Valette,
« le subdélégué » de l'intendant qui avait « cru devoir
ajouter à de faibles clôtures, deux'sentinelles et des ceps»,
c'est-à-dire prendre quelques précautions élémentaires
pour empêcher l'évasion des prisonniers.
Ensuite le rapport explique que ce ne furent pas les
gens attroupés pour les délivrer qui incendièrent la mai-
son et tuèrent du Chayla, mais les prisonniers eux-mêmes,
dès qu'ils eurent recouvré la liberté. Le meurtre de l'abbé
est donc un acte caractérisé de représailles accompli par les
victimes des sévices qu elles avaient subies.
Troisième rectification. Les émeutiers étaient des
paysans que l'archiprêtre avait « enrôlés dans les levées » ,
en les menaçant,, s'ils résistaient, de les « dénoncer
d'avoir été dans les assemblées », et c'est en désertant
qu'ils avaient emporté les armes dont ils étaient munis.
Enfin l'argent que le saint homme s'était fait donner
pour ses fameux « bureaux de charité » ou « pour des
espions étoit employé à d'autres usages ».
La fin de ce bref, mais significatif rapport, n'est pas
moins intéressante que le reste.
Il en résulte que Bâville s'efforça vainement do des-
saisir le présidial, afin de pouvoir étouffer l'affaire ci
« que si le commandement des Cévenncs pouvoil changer,
DOCUMENTS
253
que tout y seroit tranquille et eu repos; la dureté avec
laquelle on les a gouvernés ayant tout gâté ».
Ce ne sont donc pas les protestants qui ont inventé la
prétendue légende que l'exaspération fut le résultat des
mesures arbitraires et cruelles de Bâville et de ses sbires !
Ce qui est au contraire essentiellement légendaire c'est
que « la guerre des camisards fut une explosion de rage
auticatholique habilement préparée ! » (Gouderc p. 3).
Mais, dira peut-être quelque lecteur incapable d'ad-
mettre que des adversaires ne soient pas cle bonne foi, si
le R. P. Couderc et d'autres avaient connu ce document
accablant, ils se seraient empressés de rendre hommage
à la vérité. Or ils le connaissaient (1). L'abbé Couderc cite,
entre autres, à la page 73 de son pamphlet, le vol. 1614
du Dépôt de la Guerre dans lequel il se trouve, et il n'est
d'ailleurs, nullement inédit, puisqu'il a été publié tout au
long par M, Roschach, dans le tome XI V, p. 1582, de l'His-
toire générale du Languedoc !
N. Weiss
(1) Déjà du temps de Brueys lequel, dans son Histoire du Fanatisme (1737)
I, 303, écrivait ces lignes qui sont, en réalité, un aveu de la culpabilité de
Du Chayla : «En historien fidèle, je ne puis taire ici qu'il se répandit après
sa mort des bruits injurieux contre lui. On dit que la foi des nouveaux Catho-
liques du pays étant encore infirme et chancelante, il n'avoit pas assez ména-
gé des vaisseaux fragiles; que son zèle pour eux avoil été mêlé de trop d'amer-
tume; et que cette conduite avait révolté les esprits et porté les religionnaires
à secouer un joug qu'il ne leur rendoit pas assez léger. » Comme on le voit, en
pesant les jolies phrases que j'ai soulignées, il n'est pas impossible d'accorder
ce texte avec les précédents.
Mélanges
AVANT ET APRÈS LA RÉVOCATION
DE LEDIT DE NANTES
Chronique des événements relatifs au Protestantisme
de 1682 à 1687 (1)
A Paris, le 20° février 1686.
...Le pape envoyé CC mille escus en Pologne pour la campagne
prochaine et une pareille somme à l'Empereur. L'on a si grande
envie que l'on fasse une promotion qu'on croid que S. S. la fera
en Caresme. S. S. a défendu dans tout son Estât les perruques et
son neveu a eû bien de la peine de la porter.
L'on embarque à Civitaveche un bel ouvrage de sculpture que
Dominico Guidi a fait. C'est une Groupe (sic) de plusieurs figures
qui représentent les principales vertus du Roy.
...L'Édit que le duc de Savoye a fait publier contre les Religion-
naires des vallées de Luserne et autres adjacentes (2) s 'exécute à
la rigueur, d'autant plus que ce prince est assûré que la France
luy envoyera 10 ou 12 mille hommes s'il en est besoin.
...Les Estats Généraux continuent de solliciter les villes et les
provinces pour que l'on chasse de tout l'Estat les Religieux : mais
on ne croid pas qu'ils en puissent venir à bout.
C'est en Irlande, et non pas en Hollande que le roy d'Angleterre
a trouvé à propos que la princesse Dorcester se retirast (3). Ce prince
veut que son fils naturel qui est ici à l'Académie aille faire cette
année sa première campagne en Hongrie. On luy fait ici un grand
équipage. Le Roy d'Angleterre fera faire publiquement le service
du bout de l'an du feu Roy son frère estant mort en la communion
de l'Eglise Romaine. 11 y a eû querelle dans l'antichambre du Roy
entre le comte de Grafton fils naturel du feu roy et Talbot, comte
de Schafbury (en marge : Shreswbury). Ils se sont battus dans
Debac. Se dernier y a esté tué.
Le Roy a eû une longue conférence dans son cabinet avec le
maréchal de Schomber ; mais S. M. ne l'a pû le persuader de se faire
catholique; il auroit bien voulu se retirer en Angleterre ou on
(1) Voyez plus haut pp. 165-116.
(2) Voir plus haut au 2 février 1686.
(3) Cf. au 21 nov. 1685, p. 90, note 3.
MÉLANGES
255
Hollande; mais S. M. veut que ce soit en Portugal. Depuis ce
lemps là ce maréchal paroit fort triste et inquiet et le Roy ne le
regarde plus quoyqu'il se présente devant luy. Il a voulu aborder
S. M., mais elle luy tourna le dos (1) (Fol. 110).
Les exhortations que fait tous les dimanches à St André des
Arcs le Vicaire produisent de grands fruits et fortifient beaucoup
les Nouveaux Catholiques.
L'Archevesque de Lion a envoyé faire ses plaintes ici contre
leSr de Bercy, Intendant de la province de ce qu'en toute rencon-
tre il en use incivilement avec luy qui est Archevesque et Lieute-
nant de Roi. Il pourra bien estre révoqué.
...Madame Dervar (d'Hervart) (2), la mère, et sa fille la mar-
quise de Gouvernay ont la permission de se retirer en Hollande
aussi bien que M. de St Martin, conseiller à la cour (3). L'on espère
que le marquis de Bordage et la Melloniere (4) se feront catho-
liques . Bricmont leur en a donné l'exemple.
L'on fait sortir du Régiment des Gardes-Suisses tous ceux qui
ne sont point catholiques. On les met dans un autre régiment de
la mesme nation qui sont au service du Roy (Fol. 110, v°).
A Paris, le 2 3* février 1686.
...Le pape a du chagrin de ce que la congrégation politique n'a
rien statué sur les affaires d'Angleterre; mais elle craignoit qu'il
n'arrivast quelque trouble dans ce Royaume au sujet de tous ces
changemens, n'estimant pas que les affaires de la religion y soient
bien assurées.
...L'Electeur de Brandebourg a chassé de toute la Poméranie
et de la marche de Brandebourg les Jésuites ; on dit qu'if en veut
faire autant de ceux qui sont dans ses Estats au deçà du Rhin. Ils
ont un fort beau collège à Glèves. On croid que cela se fait en
haine de ce qui se fait en France au sujet de ceux de la Religion.
...Le duc de Grafton s'est retiré en Hollande après avoir tué
Talbot en duel, les loix d'Angleterre pour les duels estant pareil-
les à celles de France. Un astrologue avoit prédit à Talbot qu'il
mourroit avant 25 ans. Il ne s'en falloit que 4 ou 5 jours qu'il
n'eût cet âge. Il fit tout ce qu'il put pour retarder le duel, mais il
ne put éviter son malheur. (Fol. 111).
Le comte de Roye qui est en Danemarca mandé à sa femme de
venir le trouver, dont elle avoit déjà la permission du Roy. La Reine
de Danemarca écrit à cette comtesse en des termes fort obligeans
(1) Voir Mémoires du marquis de Sourches, t. 1, p. 359.
(2) Voir plus haut, p. 36, note 2, au 10 novembre et p. 356 au 28 déc. 1685.
(3) Cf. plus haut p. 113 au 5 février 1686. Sourches (op. cit.), p. 36, raconte
l'échec de l'abbé de Grancey auprès de M. de Bordage.
(4) Voir plus haut p. 170, au 30 janvier et p. 172, au 2 février 1686.
256
MÉLANGES
pour luv témoigner la jove qu'elle avoit de l'avoir auprès
d'elle (1).
Le Duc de la Force est toujours à la Boulaye. Il n'a point reçu
d'ordre d'aller à Kimpercorentin, non plus que M. Duquesne en
Suisse (2).
Dupré, Résident de S. M. à Genève a mandé que la pluspart de
ceux qui s'estoient retirez en Suisse revenoient et que si S. M. vou-
loir prolonger le terme, il n'y en auroit pas un qui ne retournast.
L'on va révoquer la Déclaration qui porte confiscation des
biens de ceux qui sont sortis hors du Royaume, S. M. se réservant
la disposition d'en user comme elle le trouvera à propos. Cela se
fait à dessein de rendre les biens à ceux qui reviendront ou bien
à leurs héritiers qui seront catholiques.
Après que les lettres de Mr le chancelier (3) eurent esté
enregistrées à la Chambre des comptes, le premier Président
Nicolaï dit qu'il s'en alloit pour huit jours à sa maison de Presles,
où en se retirant le soir de l'appartement de sa fille dans le sien
et ne voulant pas qu'on luy portast un flambeau, on ne sçait pas
de quelle manière il est tombé du haut en bas de sa montée. On
le trouva presque froid, ayant une jambe cassée et la cervelle au
vent. Du moment qu'on en sçeût ici la nouvelle, Mr Fieubet mena
à Versailles Mr Nicolaï son fils, lequel estoit desjà Avocat géné-
ral dans la mesme chambre. S. M. luy a donné la charge de son
père avec dispense d'âge. C'est le 8e de son nom qui possède cette
belle charge. S. M. luy dit qu'il la rempliroit bien.
L'envoyé d'Angleterre a fait icy de grandes réjouissances pour
le jour de l'avènement à la couronne de S. M. B. et a fait de grands
festins aux Dames... (Fol. 111, v°).
A Paris, le 27 G février 1686.
Le pape n'a point empesché qu'il y ait eû des Opéra pendant
le carnaval à Rome.
La fille de la marquise de Thiange épouse le prince de Salviati.
11 a fait un présent de 20 mille escus à cette Damoiselle.
(1) Cf. Bull. 1908, p.' 561, au 16 janvier 1686. Sourches écrit, au 15 mars :
« Ce l'ut dans le même temps que Mme la comtesse de Roye vint prendre congé
du Roi, pour se retirer en Danemark auprès du comte, son mari; spectacle
qui donna de la compassion à tout le monde, de voir une femme de cette
qualité abandonner ses enfants, ses biens et son pays pour une religion aussi
fausse que celle qu'elle professoit, et dans laquelle, selon toutes les appa-
rences, elle vivoit de bonne foi. » Il ajoute aussi cette note : « Elle étoit
sœur de MM. les marécliaux de Duras et de Lorge. Ce fut ce dernier qui la
mena à l'audience du Roi, et comme il étoit fort tendre naturellement, il
fondit en larmes et donnoit envie de pleurer à tout le monde. » (p. 367),
(2) Cf. plus haut, p. 172, au 2 février et p. 173, au 5 février L686,
(3) Il s'agit du chancelier Boucherat, successeur de Le Tellier. Cf. Bull.
1908, p. 561 et plus haut, p. 166, aux 12 et 19 janvier 1686.
MÉLANGES
257
Le Duc de Savoye ayant envoyé signifier ses ordres aux Protes-
tants des vallées de Luserne et autres circonvoisines pour l'exé-
cution de son Édit, ils ont supplié le commandant de ces troupes
de vouloir bien surseoir l'exécution jusqu'au retour des Députez
qu'ils ont envoyé à Turin.
Le marquis d'Arcy Ambassadeur de France à Turin y faisant
son entrée n'a point voulu souffrir que les carrosses du prince de
Carignan précédassent les siens. Le Duc de Savoye a jugé cette
affaire en faveur de l'Ambassadeur de France au préjudice de son
sang et les carrosses du prince ne s'y sont point trouvez.
...11 y a icy un Envoyé du prince Palatin qui a esté long-temps
sans donner sa lettre à Mr de Groissy qui ne la vouloit pas rece-
voir. C'est au sujet de Gardet et de des Vallons (1). Il a mandé
qu'il a fait informer avec toute l'exactitude possible sur cette
accusation et qu'il n'a point trouvé que les 3 personnes qu'il
tient toujours prisonniers à Manheim fussent en aucune façon
coupables; mais on n'est pas satisfait icy de cette conduite. C'est
en France que l'on sçait comme les choses se sont passées et où
l'on a preuve du délict (Fol. 112).
L'Electeur de Cologne demande aux Hollandois qu'ils ayent à
luy restituer la ville de Mazières dépendante de l'Evesché de
Liège. Il demande aussi qu'on luy restitue Wich qui est la partie
de Mastric au deçà de la Meuse. Cela pourroit bien troubler le
repos de Provinces Unies, la demande de cet Electeur estant très
juste, mais aussi très importante aux Hollandois.
Le Duc d'Ormont, depuis la mort du dernier de ses fils, veut se
retirer à la campagne et a abandonné sa charge de grand maitre de
la maison du roy d'Angleterre, auquel cas Milord Malgrave auroit
cette charge, et Milord Valgrave auroit la sienne de Grand Cham-
bélan.
L'on a trouvé dans cette ville quelques Religionnaires de l'un
et l'autre sexe, cachez dans les lieux retirez et dans des greniers.
On les a mis à la Bastille et ceux aussi qui leur donnoient retraite
qui seront condamnez à des fortes amendes.
Castelman(2) ambassadeur d'Angleterre pour Rome est arrivé
icy. Il doit y faire quelque séjour et saluer le Roy.
L'on travaille à faire des Règlemens pour le Clergé. On tient,
que c'est à Mr Talon Avocat général à qui le roy a donné cet em-
ploy, qu'il en a conféré avec ceux qu'il a crû les plus capables,
mesme avec des docteurs de Sorbone. Il y a 4-5 articles. On ne
verra plus à l'avenir personne posséder deux Bénéfices, ny les
curez et chanoines estre conseillers dans les Parlements ny
autres jurisdictions.
(1) Cf. Bull. 1908, p. 266.
(2) Cf. plus haut, p. 170, au 30 janvier 1686.
17
258
MÉLANGES
Quand le Roy donna la charge de premier Président de la
chambre des comptes à Mr Nicolaï, il fut proposé au Conseil que
de deux ans il n'y prendroit sa place à cause de son jeune âge;
mais Mr le contrôleur général parla si fortement en sa faveur
que le Roy consentit qu'il entrast dès à présent en fonction. Il
doit estre reçû la semaine prochaine... (Fol. 113).
A Paris, le 2° Mars 1686.
...Le Roy envoyé des troupes au Duc de Savoye pour faire
obéir ses sujets Religionnaires qui prétendent luy empêcher l'en-
trée dans leurs vallées du Piedmont. Il y a 6 régiments d'infante-
rie, dont Nave, nouveau converty, est Brigadier, 2 Régiments de
cavalerie et 2 de dragons, dont Longueval, mestre de camp des
Dragons est Brigadier. Ces troupes seront commandées par
Catinat maréchal de camp et gouverneur de Casai et se joindront
à celles du Duc de Savoye. Et le tout obéira à dom Gabriel, bâtard
de Savoye, grand oncle du Duc d'à présent qui sera volontaire
dans son armée. Cette expédition ne peut pas durer long-temps,
les Religionnaires estans sans munitions, sans secours et sans
espérance d'en recevoir (1).
Le Cardinal Mellini en retournant de sa nonciature a passé
par Milan, où il a accommodé la noblesse avec l'Archevesque pour
un grand différend qui a duré depuis un long-temps avec beau-
coup d'aigreur entre les parties. Il s'y est acquis beaucoup
d'estime aussy bien qu'à Rome où il a fait de grands présents.
S. S. s'est tout de nouveau r'enfermée dans sa solitude, et est aussi
invisible que jamais (2)...
L'Electeurde Brandebourgattend pour envoïer les 7 mille hom-
mes qu'il a promis à l'Empereur qu'il ait touché le payement qui
luy doit estre fait. On luy vouloit faire ce payement à Vienne, mais
il l'a fallu porter à Lipsick.
Il y a eû du bruit à Edimbourg contre les catholiques qui reve-
noient de la messe. Le Chancelier du Royaume y a pensé estre
mal-traité. On a pris et déjà exécuté les plus mutins. Gregory
et Levintz, 2 des Juges d'Angleterre, ont esté déposez par le Roy
qui estoit mal satisfait de leur conduite. Il a dit à Gregory qu'il
fera bien de marcher droit. On dit que le marquis de Flamarin
qui s'estoit retiré en Angleterre à cause d'un duel, y a espousé
Nelgouvin, une des maîtresses du feu Roy d'Angleterre, qui
avoit esté comédienne. (Fol. 111),
11 y a deux nouveaux Brigadiers d'Infanterie depuis peu
(1) Cf. Sourches, au 17 février, p. 3G3. Sans signaler la conversion de Naves
« lieutenant-colonel du régiment de lîourbonois » il donne sur lui celte noie
favorable : « G'étoit un garçon qui servoit depuis Longtemps, el il n'y avoit
peut-être pas en France, un meilleur officier d'infanterie que lui. < p. 364 .
(2) Voir plus haut, p. 166.
MÉLANGES
convertis, La Nave et La Borde, ausquels S. M. a donné des
pensions, aussi bien qu'au comte de Clermont d'Amboise et à un
gentilhomme de Dauphiné. On a encore mis à la Bastille plusieurs
obstinez de la Religion.
...Bercy Malon est de retour icy, révoqué de l'Intendance du
Lionnois; on estoit mal satisfait de sa conduite.
Le Duc de Yilleroy est allé prendre possession du gouverne-
ment de Lion et du Lionnois...
Le Comte de Gastelman, ambassadeur d'Angleterre pour Rome,
fit jeudy une visite de cérémonie à Mrle Nonce.
...Il y a grand différend entre le grand Prévost de France
comme Prévost de l'Hostel et le Chastelet, pour le scellé du feu
maréchal d'Estrades. La force est demeurée au grand Prévost (1).
(Fol. 113, v°).
A Paris, le 6e Mars 1686.
...Le Pape a présentement quelque raison de se tenir caché,
luy estant venu une tumeur dans un certain endroit qu'on croid
que cela l'obligera de se faire faire l'opération. Il ne void que
ses chirurgiens et domestiques particuliers.
...Le comte dè Crécy a déclaré à la diète de Ratisbonne de la
part du Roy, que S. M. demande un Acte au prince Palatin, par
lequel il déclarera que la prise de possession qu'il a faite du
Duché de Simmeren et autres seigneuries appartenantes à
Madame ne préjudiciera point aux prétentions de cette princesse,
et qu'au refus que cet Électeur en fera, S. M. est résolue de
s'emparer de tous ses Éstats qui sont au deçà du Rhin, sans y
prétendre aucun droit et que cela puisse troubler la paix géné-
rale (2). Cet Électeur veut bien accepter la médiation du pape,
mais non son arbitrage pour les intérests qu'il a. à demesler avec
Madame; ce que l'Empereur n'aura pas fort agréable. (Fol. 114).
...Les enfans du duc de la Force que le Roy avoit fait mettre
dans le collège des Jésuites, ont fait abjuration avec grande céré-
monie.
Plusieurs gens des Sevennes mal convertis ont voulu prendre
les armes. On les est allé attaquer dans le bourg de Saint Jean
d'Argonnet. Ils ont esté battus et on en a mis plusieurs prison-
niers... (3).
(1) Sourches, tout grand prévôt qu'il est, ne signale pas dans ses Mémoires
ce triomphe personnel. Ce silence est à son éloge.
(2) Plus clairvoyant, le marquis de Sourches, annotant la phrase : « Sa
Majesté protestoit qu'elle se serviroit de la voie des armes », ajoute cette
note ironique : « G etoit là un beau prétexte pour recommencer à mettre le
feu dans toute l'Europe. » (p. 362).
(3) « Vers la fin de février, on eut nouvelle qu'il y avoit eu quelque mou-
vement dans les Cévennes où quelques huguenots, mal convertis, s'étaient
260
MÉLANGES
...Pararrest du Conseil a on sursis à la levée du scellé apposé
chez le mareschal de l'Estrades jusqu'à ce qu'on ait décidé à qui
il appartient du grand Prévost ou du Lieutenant civil...
...On a défendu aux Prélats qui estoient autrefois membres de
l'Empire et qui sont présentement dans l'obéissance du Roy, de
prendre la qualité de Prince de l'Empire... (Fol. 114 v°).
A Paris, le 9S Mars 1686.
...Quelques troupes du Duc de Savoye ayant voulu descendre
dans les vallées de Luserne,ils ont esté repoussez par les Religion-
naires. Il faut attendre que les forces que le Roy envoyé à ce prince
les aient jointes pour les réduire. Ils ont pour tout commandant
un ministre, si ce n'est que quelques-uns de nos fugitifs s'y soient
retirez. Ils n'ont que 20 mille pistoles et 20 mille sacs de bled
pour fournir à toute leur dépense. Ils ont présenté une
Requeste à leur Prince, ou plûtost ont ordonné un manifeste au
public par lequel il justifient leur conduite. Il est d'abord fort
soumis et fort respectueux ; mais il finit ïpar des paroles fort
menaçantes et fort séditieuses... (Fol. 115).
...L'on a arrêté dans le parc de Ste Jame à Londres un homme
qu'on a soupçonné d'avoir de mauvaises intentions contre le Roy
d'Angleterre.
Il n'est jour que l'on n'arrête icy quelque personne de la Reli-
gion. Le marquis de la Perrine, sa femme et ses fils, ont esté
mis à la Bastille, et ses filles aux Nouvelles converties, (en
marge : « D'autres disent Perré et que sa femme est aux Reli-
gieuses de Ste Anastase. ») (1).
Bissy, officier dans les troupes, qui se vouloit sauver, ira aux
Galères, à moins qu'il ne se fasse catholique (2).
assemblés et avaient pris les armes, mais cela fut dissipé en très peu de
temps ». (Sourches, t. I, p. 365).
(1) 11 s'agit de Jean Guiehard, marquis de Peray et de sa femme Catherine
de Courcillon de Dan^eau, mis à la Bastille par ordre du 2 mars.
(2) Tout entier au récit des fêtes et des mariages, Sourches ne dit rien ici
de ces arrestations ou évasions. Il avait signalé, en février, celle du marquis
de Bougy, omise ici par notre chronique, à moins qu'il n'y ait quelque
déformation de nom. « En ce temps-là, le marquis de Bougy, ci-devant meslre
de camp du régiment colonel-général de la cavalerie, et qui étoit huguenot,
crut avoir bien pris ses mesures pour sortir du royaume par La Franche-
Comté, s'imaginant que les passages étoient gardés moins exactement de ce
côté-là que du côté de Flandre et d'Allemagne; mais il fut trompe dans son
attente et il fut arrêté comme il étoit près dépasser en Suisse et conduit pri-
sonnier dans la citadelle de Besançon. » — Suit cette note sur Bougy : » Son
père étoit un Normand qui, étant devenu par ses services lieutenant-général
des armées du Roi, avoit épousé en Gascogne une héritière qui lui avoil
donné beaucoup de biens ; mais son fils en avoit déjà égréné une bonne
partie. » (p. 361). On lit encore au t) avril suivant : On sut dans h même
temps que le marquis de Bougy, n'ayant point voulu se convertir en Franche-
SÉANCES DU COMITÉ
261
...L'Archevêque de Tours ayant appris la mort funeste de feu
Mr Nicolaï son frère est tombé en apoplexie, laquelle s'est
changée en paralysie.
...Les mal convertis des Sevennes ont esté battus par le mar-
quis de Boufflers.
. . .Gastelman est party pour Rome. Il n'a point esté à Versailles.
(Fol. 115 v°)
Eugène Griselle.
(A suivre.)
SÉANCES DU COMITÉ
9 mars 1909.
Assistent à la séance, sous la présidence du baron F. de Schick-
ler, MM. d'Amboix de Larbont, G. Bonet Maury, Paul de Félice,
H. Monod, J. Pannier, R. Reuss, E. Rott et N. Weiss. — M. F.
Puaux se fait excuser.
Après la lecture et l'adoption du procès-verbal de la dernière
séance, le secrétaire rend compte de sa visite à Monsieur le séna-
teur Noël qui est en même temps maire de Noyon. Il s'est montré
favorable au projet de poser une plaque sur ce qui reste de la
maison de Calvin, à l'occasion du. retour, en 1909, de la date
quatre fois séculaire de sa naissance ; il est persuadé que la ville
de Noyon ne peut que gagner à ce qu'on y recherche les traces
du réformateur. lia donc transmis la demande de notre président
à son adjoint en le chargeant de l'enquête nécessaire^ et il a pro-
mis de lui en demander le résultat. M. Pannier voudrait qu'une
commission de la société se rendît à Noyon pour voir sur place
si la question peut être résolue.
Le président rend compte d'un entretien qu'il a eu avec
M. le pasteur Lacheret, président du Comité général qui s'est
organisé pour recueillir des souscriptions pour le Monument
international de Genève. M. Lacheret s'est demandé s'il ne convien-
drait pas d'organiser une solennité pour lancer cette souscription.
Plusieurs Eglises, entre autres, celle de l'Oratoire à Paris, ayant
Comté où. il avoit été fait prisonnier, le Roi avoit ordonné qu'on lui fit un
procès dans les formes, et qu'il avoit été effectivement tout près d'être con-
damné aux galères, mais que s'étant converti, le Roi lui avait pardonné. »
(P- 374).
SÉANCES DU COMITÉ
décidé de rappeler le souvenir de Calvin à l'un des cultes de la
fin du mois de juin, et notre Société ne pouvant tenir facilement
son assemblée générale à une époque rapprochée de celle des
fêtes de Genève auxquelles plusieurs d'entre nous doivent parti-
ciper — on décide de modifier le projet de nous arrêter, à cet
effet, à Chalon-sur-Saône en nous rendant à Genève. L'assemblée
générale de notre Société est reportée après les vacances où il
sera possible de rendre compte de ce qui se sera passé à Genève,
et peut-être d'attirer plus particulièrement l'attention sur le rôle
joué par Calvin en France. L'Eglise de Chalon n'en pourra pas
moins célébrer l'anniversaire de sa fondation avec le concours
d'un ou de plusieurs membres de la Société.
Le président communique ensuite la correspondance qu'il a
échangée avec le directeur du journal Le Gaulois au sujet d'un
prétendu nouveau portrait de Coliyny inséré dans ce journal par
un M. Ch. Mercki. Le Gaulois n'ayant pas inséré la protestation de
notre président, le comité décide qu'elle sera publiée dans le
Bulletin avec la réponse de M. A. Meyer.
Bibliothèque. — Elle areçu depuis la dernière séance, de la
part de M. E. Yincens, fils de Madame Vincens, en littérature
Arvècle Barine, plus de trois cents volumes d'histoire et de litté-
rature que le secrétaire a été autorisé à choisir dans sa biblio-
thèque. Ce don, joint à celui de Madame d'Arconati-Visconti
augmentera nos collections d'un millier de volumes pour lesquels
il faudra faire de la place sur nos rayons.
11 mai 1909.
Assistent à la séance MM. P. de Félice, J. Pannier, F. Puaux,
R. Reuss, E. Rott, et N. Weiss. M. le président, baron F. de Schic-
kler, retenu ailleurs, et MM. G. Bonet-Maury et Henri Monod se
font excuser.
Après la lecture et l'adoption du procès -verbal de la dernière
séance, M. J. Pannier revient sur la question de Noyon. Le secré-
taire rappelle ce qui a été consigné dans nos derniers procès-ver-
baux et explique, d'après quelques renseignements qu'il a pu se
procurer, pourquoi nous n'avons pas encore reçu de réponse.
M. Pannier propose alors que nous organisions unepetite excursion
à Noyon pour le lundi de Pentecôte et voyions par nous-mêmes ce
que nous pourrions obtenir des intéressés à l'apposition d'une
plaque sur la maison de Calvin. Après une conversation sur ce su jet,
on rédige une note qui sera adressée le soir même à nos principaux
journaux religieux et dans laquelle nous demandons que les adhé-
rents veuillent bien envoyer leur nom au secrétaire avant Le ÎS mai.
SÉANCES DU COMITÉ
263
Le secrétaire informe ensuite le Comité qu'ayant été averti que
le 24 mars on allait célébrer à Berlin le vingt-cinquième anniver-
saire de la participation de M. le Dr Richard Béringuier au Consis-
toire de la Colonie française de Berlin, il envoya au jubilaire, au
nom de notre Société, une lettre de félicitations que confirma, le
jour môme, ce télégramme de notre président: « Pour le jubilé
consistorial du vingt-quatre, les vœux et cordiales félicitations des
membres et président du Comité de l'Histoire du Protestantisme
français, baron Schickler»
A cette occasion, le secrétaire informe ses collègues que deux
publications périodiques très utiles pour l'histoire du Refuge
huguenot ont cessé de paraître. La première est le journal Die
franzôsische Colonie auquel M. R. Béringuier collaborait active-
ment et qui nous renseignait sur l'histoire des réfugiés en Prusse
et généralement en Allemagne. 11 paraissait à Berlin, par fasci-
cules mensuels depuis 1887 et a cessé avec le dernier fascicule de
1906 (l).Nous venons aussi de recevoir la dernière livraison du
tome IX et dernier du Bulletin de la Commission de V Histoire des
Églises wallonnes fondé, en 1885, par nos amis si tôt disparus
W. N. Du Rieu, F. H. Gagnebin et A. J. Enschédé. Espérons que
des circonstances plus favorables permettront de faire revivre des
publications qui empêchaient tout au moins les comtemporains
de perdre entièrement le souvenir de leurs ascendants et de la
cause pour laquelle ils avaient dû quitter leur patrie.
Bibliothèque. — Le bibliothécaire présente, de la part de
Madame Alexandre de Chambrier, le premier volume des Docu-
ments inédits sur la Ré formation dans le pays de Neuchâtel, que
M. Arthur Piaget, archiviste de l'État, vient de faire paraître et qui
renferme un grand nombre cle pièces du plus haut intérêt, notam-
ment, pour l'histoire de l'activité réformatrice et des procédés
usités par Guillaume Farel. — La bibliothèque a reçu aussi, en
mémoire de feu M. Eugène Hepp, un certain nombre de dossiers
intéressants pour la situation et la statistique de nos Églises
protestantes de France à la veille delà Séparation; — enfin, de
la part du président une importante histoire des cours allemandes-
depuis la Réformation: Dr Eduard Vehse, Geschichte der deutschen
Hôfe seit der Re formation, en 48 volumes (Hamburg, Hoffmann
u. Campe, 1851 à 1860).
(1) Une table générale comprenant les années 1887 à 1899 a paru en 1900.
Ce journal avait été précédé par Die Kolonie que M. Muret dirigea de 1875
à 1877 et qui reparut de 18^0 à 1882 sous la direction du recteur Bonnel. La
publication des Geschichblaetter des deulscheii Eugenottenvereins qui comprend
aujourd'hui 12 volumes, de 10 fascicules chacun, consacrés à des monographies
d'Églises du Refuge, paraît aussi arrêtée avec le 8e fascicule du vol. XIII.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
A propos du quatrième centenaire de la naissance de Calvin.
Le Monument. Les commémorations et publications.
Quand ces lignes paraîtront, nous serons tout près de la date
fixée pour la commémoration solennelle de l'anniversaire du
1 0 juillet 1 909 et du mouvement religieux et social développé et
organisé par l'homme né ce jour-là à l'ombre de la majestueuse
cathédrale de Noyon. Nous ne pouvons donc plus différer de montrer
des esquisses du projet architectural qui a été approuvé par le
jury du Monument international de la Réformation.
La date de 1559, fort intelligemment choisie pour indiquer
aux artistes les événements qu'ils étaient invités à nous rappeler,
est une des plus importantes de la Réforme dans les pays de
langue française. Calvin avait alors tout près de cinquante ans.
11 touchait, à la fois, au point culminant et au terme de sa car-
rière terrestre. Il était sorti victorieux de la longue lutte qu'il
avait soutenue à Genève et il y couronnait son œuvre en fondant,
au milieu d'une véritable disette, l'Académie dont les nombreux
élèves allaient répandre dans toute l'Europe et jusqu'au delà des
mers, son esprit, son enseignement et son idéal.
Mais, à ce moment même où, malgré l'extrême délabrement
de sa santé, le réformateur pouvait considérer son œuvre comme
définitivement fondée, se dessinait un retour offensif et concerté
des puissances inféodées à la papauté. La réconciliation de l'Es-
pagne et de la France par le traité de Cateau-Cambrésis (2-3 avril
1559) fut regardée comme le signal de la collaboration de ces
deux nations pour l'écrasement de l'hérésie.
En France, le procès intenté au conseiller du parlement,
Anne du Bourg (avril-mai 1559), prouvait qu'on y était décidé à ne
plus ménager rien ni personne, et, chose étrange, tant y était
grande l'assurance des disciples de Calvin, qu'ils choisirent ce
moment pour convoquer à Paris, siège et centre de la réaction,
le synode destiné à organiser leurs Églises naissantes (25 mai
1559) ! — Genève se sentait tellement visée et menacée qu'on y
résolut aussitôt de la fortifier et qu'avec un entrain admirable,
tous, bourgeois, réfugiés, professeurs, étudiants et pasteurs
mirent la main à cet ouvrage. Si la petite cité ne fut pas attaquée
ce fut uniquement parce que chacun de ceux qui convoitaient
cette gloire se méfiait des intentions des autres.
C 1 1 RON 1 Q U E LITTÉ H AI RE
265
Voilà pourquoi les promoteurs du Monument ont choisi le
projet qu'on a appelé le mur des réformateurs, « Dressé contre les
« murailles authentiques de la cité du xvic siècle, incorporé à ce
u qui reste de sa physionomie, un rempart de granit dira le lien
« séculaire qui, depuis Calvin, rattache Genève au monde protes-
« tant. Sur le mur symbolique court, en lettres monumentales, à
« l'antique, l'inscription Post Tenebras Lux qui domine tout l'en-
« semble de l'œuvre commémorative. Cette devise qui est, à la
« fois, la devise de Genève et, pour les réformés, l'expression
u figurée du résultat de la Réforme, détermine le caractère que la
« sculpture devra donner au groupe central des réformateurs. »
Telles sont les paroles par lesquelles le jury explique et jus-
tifie la pensée qui a dicté son choix et dressé le programme dont
devront s'inspirer les sculpteurs. On peut, en effet, se figurer les
quatre réformateurs devant un pan des murs nouvellement édi-
fiés au commencement de cette année 1559, puisque Calvin et
Bèze étaient à Genève où Farel venait souvent et que Knox allait
quitter définitivement. — Nous espérons que chaque protestant
réformé, conscient de ses origines et de ses privilèges, et surtout
chaque Église réformée apportera une pierre à l'érection de ce
mur symbolique. La Société de l'Histoire du Protestantisme
français s'est inscrite pour la somme de mille francs.
Le retour, après quatre siècles, de la date de la naissance de
Calvin a provoqué jusqu'ici un intérêt beaucoup plus grand. hors
de France qu'en France même. Il ne faut pas trop s'en étonner.
Les vaincus ont toujours tort dans le pays où ils ont été vaincus.
La situation précaire du protestantisme français l'a contraint à
concentrer ses efforts sur la lutte pour la vie et sur les divisions
intestines qui surgissent presque fatalement au sein d'une mino-
rité disséminée, par petits groupes éloignés les uns des autres,
sur un vaste territoire. Il a ainsi perdu peu à peu le contact avec
ses origines ou du moins gardé un souvenir très vague des réfor-
mateurs et trop longtemps négligé de défendre leur mémoire
contre des calomnies et des préjugés dont le moindre est qu'ils
furent des étrangers et des ennemis de l'unité nationale. Il en est
résulté que, jusque dans les dernières années du xixe siècle, on a
à peine soupçonné en France l'importance du rôle de Calvin dans
le développement religieux, politique et social du monde moderne.
En Allemagne où ses idées et ses disciples ont été combattus
avec tant d'acharnement au xvr9 et au xvne siècle, leur influence
n'a pas cessé de grandir depuis lors. C'est ce qu'on a fait ressortir
avec éclat devant de grands auditoires lors de la 13e assemblée
266
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
générale de l'Alliance réformée d'Allemagne réunie du 20 au
22 avril à Barmen-Gemarke, à la fois pour le 25e anniversaire de
la création de ce Reformirter Bund et le 400e anniversaire de la
naissance de Calvin (1). C'est ce qui ressort, avec plus d'éclat
encore, du grand nombre de publications consacrées au réforma-
teur en Allemagne. Nous avons déjà cité (voy. plus haut, p. 6),
les deux gros volumes (xxiv-498 et xx-496 pages in-8°) intitulés
Johannes Calvins Lebenswerk in seinen Brie f en (Tûbingen, Mohr,
1909), clans lesquels un jeune pasteur de Thurgovie, M.Rudolf
Schwarz a présenté une biographie étendue de Calvin écrite par
lui-même, c'est-à-dire dans une série de 759 de ses lettres tra-
duites fidèlement en allemand, choisies, classées et datées avec le
plus grand soin, de manière à le faire connaître sous ses aspects
les plus divers. Cette importante collection de lettres précédées
de notes historiques sommaires, rendra les plus grands services
à ceux qui n'ont pas le loisir de se plonger dans les 10 volumes
in-4° qui renferment la correspondance du réformateur dans l'édi-
tion des Opéra des savants strasbourgeois. Ce qui en augmente
encore la valeur, ce sont les deux avant-propos qui précèdent
chaque volume et dans lesquels le savant professeur bâlois Dr Paul
Wernle a mis en lumière, avec beaucoup de force et d'impartialité,
les traits principaux du réformateur tels que les révèlent ces
lettres (2).
A plusieurs reprises déjà le Bulle Un a eu l'occasion d'attirer
l'attention sur les travaux consacrés à Calvin par le Lie. August
Lang, prédicateur au dôme et « privat-docent » à Halle. C'est lui
qui était tout naturellement désigné pour écrire au nom de l'As-
sociation allemande d'histoire de la Réforme (Verein fur Be forma-
il) Déjà le 12 janvier le Conseil supérieur de l'Église évangélique unie de
Prusse où les luthériens sont en majorité, avait recommandé la commémo-
ration de cet anniversaire au culte du 11 juillet, ainsi qu'une collecte pour le
« Fonds du jubilé de Calvin ». — Les Allemands ont, en efTet, sur la proposi-
tion du D' Brancles prédicateur de la cour à BûckebuFg (cf. Reformirte Kir-
chenzeitung du 24 lévrier 1907), décidé de ne pas affecter leurs contributions
au monument international, mais à une fondation destinée à mieux faire
connaître et apprécier l'œuvre de Calvin. — La mémoire du réformateur a été
et sera encore rappelée, à l'étranger, ailleurs qu'en Allemagne. Ainsi le 21 mai
les deux grandes Églises presbytériennes d'Écosse, l'Église nationale et
l'Église Libre unifiée, ont célébré un service commémoratif à la cathédrale
St-Gilles d'Edimbourg. L'Église réformée de Bohême et de Moravie a convo-
qué pour le même objet, à Prague, un congrès international, qui se réunira
du 28, au 30 juin. La Hongrie sera représentée aux fêtes de Genève par une
députation importante et a entrepris de faire connaître Calvin par une série
de publications destinées aux intellectuels et au peuple (voy. la Semaine
religieuse de Genève du 13 mars et du 5 juin 1909).
(2) Un choix plus restreint avait déjà été publié par Maria von Born. Calvin-
Brie fe in Auswahl and Ueberselzung, mit Vorwo>-t von A. Muller-Erlangcn .
Elberfeld 1902.
268
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
tionsgeschichte), une biographie destinée au grand public, mais
reposant sur des études personnelles approfondies. Johannes Cal-
vin, ein Lebensbild zu seinem 400 Geburststag am 10 Juli 1909
(Leipzig, R. Haupt, 222 pages in-8°), forme le 99e fascicule des
publications de cette Société; c'est certainement un des meilleurs
récits que nous possédions pour orienter rapidement le lecteur
sur la vie et l'activité du réformateur (1).
Je ne puis guère qu'énumérer les autres publications venues
à ma connaissance. Le professeur E. Knodt, docteur en théologie,
et le Dr P. Paulsen ont fait paraître, l'un et l'autre, des biographies
relativement étendues. La première (Johann Calvin, Mittkeilungen
aus seinem Leben und seinen Schriften, avec portrait, un vol. de
IV-305 p. in-8°, Herborn, Buchhandlung des Nassauischen Colpor-
tagevereins, 1909) renferme de nombreux extraits des écrits de
Calvin; — la deuxième (Johannes Calvin, ein Lebensbild aus dem
Re f ormationszeitalter , avec portrait, un vol. de 177 p. in-8°, Stutt-
gart, C. Belcer, 1909), paraît inspirée par le travail du professeur
américain W. Walker (2).
Puis il y a toute une série d'écrits populaires, du doyen
A. Baur-Weinsberg, Johann Calvin, IV W. 9 H. des Religionsges-
chichtliche Volksbùcher (48 p, in-16, Tubingen, Mohr, 1909); — de
G. Sodeur, Johann Calvin, 247e vol. de la collection Aus Natur
und Geistesiuelt, 100 p. in-16, portrait, B. G. Teubner, à Leipzig,
1909, dont le style limpide et la division en courts paragraphes
rappellent le descendant de réfugiés français ; — du pasteur G. Bai-
jer qui a dramatisé sa narration, ainsi que l'indique ce titre,
Johann Calvin, Sein Leben und Wirken, dem evangelischen Volke
frei nach den Quellen (134 p. in- 18 illustrées, Buchhandlung
des Erziehungsvereins, Neukirchen, Kreis Mors) ; — du pasteur
G. Heidenmùller, Johann Calvin, ein Lebensbild (132 p. in-16,
P. Wunschmann, à Wittenberg) qui écrit, comme Baur-Weinsberg
et Sodeur, que le réformateur livra Servet à l'inquisition; — du
pasteur E. Kochs, dont le récit animé et abondamment illustré
(Johann Calvin ein auserwàhltes Rûstzeug Gottes) remplit près de
80 pages du Chrisllicher Volkskalender publié par la maison des
•
(1) M. Lang y reprend, entre autres, son étude sur la conversion de Calvin
(Cf. Bull. 1898, 48 et 1907, 282), et maintient, — contre K. Mùller d'Erlangen —
que le canevas du discours de Cop conservé à Genève a pour auteur Calvin et
constitue le premier témoignage authentique de ses nouvelles idées reli-
gieuses.
(2) Rappelons pour mémoire, mais en faisant les plus expresses réserves
sur les conclusions de l'auteur, les 6 conférences données à. Princeton aux
États-Unis, en octobre 1898, par le célèbre Dr A. Kuyper (Slone Lectures',
publiées en hollandais sous le titre de Hel Calvinisme, et en allemand (tr&d.
de Martin Jaeger) sous celui de Refovmalion wider Revoluliofi, un vol. de
196 p. in-8°, R. Christi à Gr. Lichterfelde, 1904.
270
CHRONIQUE L I TÏÉ R A I R E
Diaconesses de . Kaiserswerth pour 1909; — enfin de Friedrich
Oehninger dont la plaquette, Johannes Calvin, Licht und Finster-
niss wie es leuchtet ans seinem Leben und Wirken (46 p. in- 8°
carré, F. Blanke, à Emmishofen, 1909), est une des mieux
rédigées et illustrées de cette série.
Une mention spéciale est due à deux essais de résumer en
quelques pages condensées l'influence de Calvin dans l'éducation
religieuse de 'l'humanité. L'auteur du premier est le Lie. Bernhard
Bess qui a eu l'idée d'un livre intitulé (Insère religiôsen Erzieher,
(Nos éducateurs religieux, un vol. de 265 p. in-8°, Quelle et Meyer,
à Leipzig, 1908) et composé d'une série d'articles sur Luther,
Calvin, Spener, Gœthe et Schiller, Schleiermacher et Bismarck.
Nous aurions des réserves à faire sur l'influence religieuse bien-
faisante de Gœthe et surtout de Bismarck, mais devons reconnaître
que les 40 pages consacrées par M. B. Bess lui-même à Calvin,
caractérisent d'une façon remarquable les principaux traits de sa
physionomie morale. — Le professeur bâlois Wilhelm Schîatter
est l'auteur du deuxième essai qui ne comprend que 27 pages, en
tête de la Neue Christoterpe pour 1909, c'est-à-dire d'un recueil
annuel fondé, il y a trente ans, par R. Kogel, E. Frommel et
W. Baur (chez C. E. Millier à Halle a. S.). Ces pages intitulées
Zura Gedâchtniss Johannes Calvins sont une apologie enthousiaste
et convaincante, grâce à d'excellentes citations, de ce que nous
devons à la conception si élevée et si conséquente de la vie chré-
tienne telle que Calvin la comprit en l'appliquant avant tout et
sans défaillance à lui-même (1).
N'oublions pas, enfin, que le savant professeur d'Erlangen, Karl
Mùller, traduit en ce moment même en allemand les principales
pages de l'Institution ainsi qu'une série de commentaires de Cal-
vin (Buchhandlung des Erziehungsvereins à Neukirchen); — qu'à
l'occasion du 4e centenaire du réformateur, M. Ulrich Hildebrandl
a composé un choral-cantate, en quatre langues sur des paroles
tirées de l'Ecriture sainte par le Dr Jules Smend, professeur à
Strasbourg (F. Leuckart à Leipzig); — que M. Wilhelm Conrad
a dramatisé la vie de Calvin sous le litre de Calvin , ein Volhsabend
(F. E. Perthes à Gotha); — et que M. le pasteur W. Rotscheidt a
fait paraître une collection de poésies allemandes sur la vie du
réformateur, JohannCalvin im Spiegel der Dichlung , chez G. Diede-
rich à Elberfeld (2).
(1) Rappelons encore l'article non moins remarquable que nous avons
déjà cité, sur l'influence, plus profonde qu'on ne croit, exercée par Calvin sur
la Réformation allemande, article inséré par le pasteur H. Schûtte sous Le
le titre de Calvins Einfluss auf die deustche Hefonua/ion dans les Deustchr
evangelische Bldlter de mars 1907 (E. Strien à Halle a. S.).
(2) Je n'ai pas pu voir l'élude que j'ai vu citer du professeur Troeltsch de
Heidelberg, sur Calvin et le Calvinisme dans Die Cullur der degcnwart.
C 1 1 R 0 NIQUE LI T TÉRAIR E
271
#
A Genève M. Ch. Borgeaud a réimprimé en une élégante bro-
chure de 50 p. in-8°, illustrée de quatre planches hors texte, sous
le titre de Jubilé de 1909. Schola genevensis 1 559, les pages d'his-
toire universitaire consacrées à Calvin et à Bèze dans sa grande his-
toire de l'Académie de Genève (Genève Kiindig 1909, 3e éd.). —
M. le pasteur H. Denkinger a écrit une bonne brochure populaire
(Triomphes de /' Evangile, troisième série, Jean Calvin 1509-1 564-,
54 p. in-16, Genève Jeheber 1909), dont les 33 illustrations ont
été en partie empruntées au travail analogue du pasteur E. Kochs
que j'ai cité tout à l'heure. — M. le pasteur E. Choisy a fait pa-
raître de son côté, à l'adresse d'un public plus cultivé, dans le for-
mat et avec les illustrations de la plaquette de F. Oehninger,' une
notice exacte et au courant des derniers travaux, Jean Calvin, sa
vie et son œuvre (46 p. in-8° carré, Genève, Jeheber 1909) (1).
Je devrais pouvoir consacrer un compte rendu particulier à un
recueil de textes qui, s'il ne se rapporte pas directement à Calvin,
est pourtant de nature à mieux faire connaître l'époque etlepays
où il devait donner toute sa mesure. M. Arthur Piaget, archiviste
de l'État à Neuchatel dont nous avons déjà parlé ici à propos de
ses Documents inédits sur G. Farel (1897), a découvert et fait paraître
un premier volume de 170 Documents inédits sur la Réformation
dans le pays de Neuchatel, qui embrassent les années 1530 à 1538,
c'est-à-dire la période héroïque de la Réforme dans cette partie de
la Suisse. Il y a là une série de pièces du plus haut intérêt qui
nous permettent de voir et d'entendre tout autrement que ne le
ferait un récit historique, les choses et les gens au milieu desquels
s'est déployée l'activité foudroyante et batailleuse de «maître
Guillaume » . On comprend, rien qu'en parcourant ces textes
écrits sous l'impression même des événements, quel effet a dû
produire, sur le timide jeune homme de 27 ans qu'était Calvin
lorsqu'il s'arrêta à Genève, l'apostrophe véhémente du rude mon-
tagnard dauphinois. Tous ces textes sont édités avec un soin et
une érudition qui les placent à côté de ceux — qu'ils complètent
d'ailleurs — du regretté bénédictin de la Réforme dans les pays
de langue française, A. L. Herminjard. On y trouvera de nouveaux
renseignements, non seulement sur Farel, mais sur un homme
qui rendit de grands services à la Réforme et dont on ne connais-
sait même pas l'écriture, Robert Olivetan (2) ; — sur Thomas de la
(1) La librairie Atar (Genève Corrateiïe) commence à faire paraître sous le
titre de Jubilés de Genève en 1909, une série de trois cahiers illustrés avec
profusion et avec goût. Ils formeront un album artistique au prix de 5 francs,
où l'on retrouvera tous les souvenirs évoqués par ces solennités.
(2) En tête du volume qui compte 604 pages in-8° — Neuchatel, Archives de
272
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
Planche dit Barbarin dont Herminjard faisait deux personnages
distincts; — sur le polémiste à l'emporte-pièce Antoine de Mar-
court; — sur Pierre Caroli dont M. Piaget a retrouvé au Vatican
une épître en vers adressée a François Ier; — sur Christophe Fa-
bri, etc., etc. Les grandes bibliothèques devront se hâter d'acqué-
rir ce recueil qui n'a été tiré qu'à petit nombre et dont l'usage est
facilité par de copieuses tables parmi lesquelles la table des cotes
des pièces originales, qu'Herminjard n'a pas indiquées. „
*
•* *
L'Amérique nous a donné la biographie de Calvin de M. Willis-
ton Walker sur laquelle je reviendrai tout à l'heure, et un solide et
lumineux travail de M. Herbert D. Foster, Calvin' s programme for
a puritan state in Geneva [Harvard theological Revieiv, oct. 1908;.
Cette étude démontre, avec preuves à l'appui, que c'est bien à Cal-
vin que remontent les idées religieuses et ecclésiastiques qui ca-
ractérisent dans son ensemble le christianisme si vivant et si actif
des États-Unis. — M. Louis F. Benson, directeur du Journal of the
Presbyterian hislorical Society, y a étudié en deux articles (mars et
juin 1909, Philadelphia, Witherspoon building), le rôle de Calvin
comme créateur du chant des psaumes dans le culte public (John
Calvin and the Psalmody of the reformed churches). — Enfin, on a
réimprimé à Philadelphie (Allen, Lane et Scott, 1909), un article
sommaire qui avait paru dans The Presbyterian quarterly Revieiv
de 1876, de Thomas Balch sur Calvinism and american fndepen-
dence, un des premiers essais de rattacher les idées d'indépen-
dance politique à la réforme calvinienne.
La Société d1 Histoire vaudoise a fait paraître Pour les enfants des
vallées, une petite brochure de 16 pages — 17 février 1909, Jean
Calvin, réformateur de Genève, et bienfaiteur des Vaudois — où l'on
regrette de lire que Michel Servet était un « monstrueux blasphé-
mateur ». — La Société aV Histoire du protestantisme belge, se souve-
nant qu'Idelette de Bure, femme de l'anabaptiste Jean Stordeur,
puis de Calvin, était liégeoise, a eu l'idée d'ouvrir une souscrip-
tion pour offrir à la ville de Liège une copie du portrait de celle
jeune anabaptiste conservé au musée de Douai et qui a été repro-
duit et commenté dans ce Bulletin par le soussigné, (1907 p. 222),
l'Etat, 1909, — M. Piaget a placé une reproduction en fac simile de L'unique
lettre d'Olivétan, c'est-à-dire de Louis Olivier, maître d'école qu'il a retrouvée.
— Citons aussi, comme ayant paru en Suisse (dans la Revue de théologie el
de philosophie de Lausanne, janvier-avril 1909, Bridel), un article du profes-
seur P. Lobstein, sur La Connaissance religieuse d'après Calvin, étude d'his-
toire et de dogmatique.
CM RON [Q U E LITTÉRAIR E
273
C'est aussi à la Société d'Histoire du protestantisme belge que
nous devons un des rares travaux sur Calvin parus en France.
Sous ses auspices notre collègue, M. le pasteur G. de Félice a
donné, dans plusieurs villes de Belgique et ailleurs, deux, confé-
rences qu'il a rédigées et publiées dans le Bulletin de la Société
(1908) sous le titre de Jean Calvin, I L'homme; II Quelques accusa-
tions, Bolsec, Servet (tirage à part de 56 p. in-8°, imprimerie de
Nessonvaux, 1909).
L'étude de M. Gonzague Truc sur Les fondements psycholo-
giques du Calvinisme {La Revue des Idées, 15 août 1908), signalée
ici l'année dernière {Bull. 1908, p. 388) est extrêmement curieuse
comme témoignage de la mentalité d'un de nos élèves de l'ensei-
gnement secondaire supérieur qui a découvert Calvin et essaie de
raisonner l'impression profonde qu'il a reçue. Il vaudrait peut-
être la peine de discuter et surtout de rectifier, dans une de nos
revues, cette impression qui se ressent du caractère superficiel
des études historiques dans les écoles où se forme notre person-
nel enseignant.
Notre collègue M. Jacques Pannier qui a collaboré à la réédi-
tion de l'Institution française de 1541, a inséré dans la Revue chré-
tienne quelques pages sur Calvin écrivain, saplace et son rôle dans
la formation de la langue française, quelques appréciations ancien-
nes et modernes (16 p. in. 8°. Paris Fischbacher 1909). Parmi celles
de Calvin lui-même, il aurait pu citer cette phrase caractéristique:
« Quand j'eusse bien peu amener des sens subtils, si je me fusse
estudié à subtilité, j'ay mis tout cela soubs le pied et me suis tous-
jours estudié à simplicité » {Opéra IX, 893). Ceci signifie que s'il
avait voulu, comme certains humanistes, jongler avec les idées et
les mots, faire parade de sa culture, le brillant étudiant de Paris,
Orléans et Bourges y aurait aisément réussi, mais c'est à dessein
qu'il sacrifia tout, fond et forme, à la sincérité et à la. simplicité.
Dans le Bulletin historique et philologique du Comité des travaux
historiques et scientifiques de 1908 (p. 277-290, tirage à part de
10 p. in-8°, Impr. nat. 1909), M. E. Grave a recherché ce qu'il
pouvait y avoir de vrai dans la tradition d'après laquelle Calvin
aurait résidé à Hazeville et à Enfer, commune de Wy-Joli-Village
dans le Vexin (canton de Magny-en-Vexin, Seine-et-Oise), et y
aurait même écrit son Institution. Le résultat de cette enquête
est « que Calvin n'a jamais séjourné à Hazeville ; que le pavillon
de Calvin n'est pas contemporain du réformateur; que le hameau
d'Enfer a toujours porté ce nom ; que la dame Marguerite de la
Saussaye n'a jamais possédé le manuscrit de Calvin ; et qu'enfin
le protestantisme n'a pas été pratiqué ouvertement dans le Vexin
avant 1560 ».
18
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
M. l'abbé Rouquette me dispensera de discuter sa brochure
sur les Vie limes de Calvin (64 p. in-16, Paris Bloud, 1908) qui
débute, entre autres, par cette ligne : « Le personnage n'est
pas intéressant — il fallait du sang à cette âme de boue. »
Elle énumère, comme il était facile de le deviner, les principaux
procès suivis de condamnations capitales, qui eurent lieu à
Genève et qu'on met, comme l'indique le titre, à la charge Je
Calvin. L'auteur n'a pas l'air de se douter que si le rôle de Calvin
a été considérable, en matière criminelle l'autorité appartenait à
un tribunal régulier qui jugeait en toute liberté et qui appliquait
la loi. Or, en matière d'hérésie, cette loi qu'on reproche à Calvin
et à ses contemporains d'avoir appliquée, qui l'avait élaborée, si
ce n'est la Sainte Église catholique, apostolique et romaine,
laquelle avait façonné aussi, sur ce point et sur d'autres, la men-
talité des réformateurs ? D'où il résulte que « les victimes de Cal-
vin » sont avant tout des victimes d'un système de gouvernement
spirituel qui fut appliqué sans pitié pendant tout le moyen âge et
dont la Réforme ne parvint à se débarrasser que peu à peu. — La
deuxième brochure de l'abbé Rouquette, intitulée : Les Saint-
Barthélemy Calvinistes (64 p. in-16, Paris Bloud, 1908), ne se
rapporte à Calvin que par ces lignes de la page 33 : « Suivant à la
lettre la recommandation de Calvin au marquis de Poët, ils (les
protestants massacreurs et pillards) s'enrichirent. » Ainsi l'hono-
rable abbé fait remonter à Calvin, qui les blâma énergiquement,
les excès de l'époque des guerres de religion, sur la foi d'une
lettre qui est un faux, car tous les historiens savent que la pré-
tendue lettre de Calvin au marquis de Poët n'a jamais existé.
* *
La traduction en français de la biographie de Calvin par
M. Williston Walker paraît en ce moment même à Genève, chez
Jullien, sous le titre de Jean Calvin, V homme et V œuvre (XXVI-
504 p. in-8° avec 20 illustrations, à 3.50) et sous le patronage de
l'Association pour le monument international de la réformation
à Genève. Voici V avant-propos de Vun des traducteurs qui mettra
le lecteur au courant des raisons pour lesquelles celte édition
a été entreprise :
« Il n'y a guère de pays où Calvin soit aussi peu connu et ail
été moins sérieusement étudié que dans sa patrie. On peut
même dire que ceux qui auraient voulu le connaître d'un peu
près n'avaient pas à leur disposition de biographie en français
digne d'un tel sujet.
« 11 y a plus d'un demi-siècle, à une époque où le culle de l'his-
toire impartiale était peut-être plus en honneur que (h1 nos jours,
GHRONIQTJ E LITTÉ R A I R E
°275
M. Jules Bonnet avait été officiellement chargé de recueillir la cor-
respondance du réformateur, et l'on prétait au célèbre historien
Mignet, « à qui appartenait l'initiative de ce recueil (1) », l'intention
de tracer du mouvement religieux et social inspiré par Calvin, un
de ces tableaux historiques où il excellait (2). Il se borna, sous
forme de compte rendu des Lettres françaises parues en 1854, à en
rédiger une esquisse magistrale dans neuf articles du Journal des
Savants (1856-1860) où ils restèrent malheureusement ensevelis.
« La biographie populaire.de Félix Bungener, Calvin, sa vie el
son œuvre, parue en 186?, — au moment où les savants s trasbour-
geois Baum, Cunitz et Reuss lançaient le prospectus des Opéra
Calvini, dont la publication devait se poursuivre pendant trente-
huit années, — n'existe depuis longtemps plus en librairie. —
L'Histoire de la Ré formation en Europe au temps de Calvin com-
mencée par J.-H. Merle d'Aubigné en 1863, devait s'arrêter, avec
le huitième volume (1878), à la mort de Luther, survenue
18 années avant celle de Calvin. Pendant que cette publication,
plus littéraire que strictement historique, se poursuivait, et au
moment où MM. Baum, Cunitz et Reuss commençaient à faire
paraître la volumineuse et si importante correspondance du réfor-
mateur (3) (1872), un pasteur alsacien, M. G.-A.Hoff, écrivait une
Vie de Jean Calvin qui n'est pas sans mérite, mais qui, éditée par
la Société des traités religieux, resta absolument inconnue du
grand public.
(1) Voy.la belle préface des Lettres de Jean Calvin, I, p. xxr.
(2) Et dont il avait écrit un chapitre remarquable dans son mémoire inti-
tulé Etablis sèment de la .Réforme religieuse, el constitution du Calvinisme à
Genève, lu à l'Académie des Sciences morales et politiques les 15 et 22 nov.
1 834 et réimprimé dans ses Mémoires historiques (1854). — Voici, après 1834,
dans leur ordre chronologique, les principaux travaux biographiques consa-
crés à Calvin en France et dans la Suisse française : — J 852, l'article des
frères Haag dans la France Protestante, t. ni; — 1854, les Lettres de Jean
Calvin, publiées par Jules Bonnet, deux volumes in-8°, ne contenant que les
lettres françaises et qui n'eurent pas de suite; — 1856-1860, les articles de
Mignet [Journal des Savants, déc. 1856; février, mars, juillet, août 1857; jan-
vier, mars, déc. 1859; février 1860); — 1862, F. Bungener, Calvin, sa vie el
son œuvre, un vol. in-18; — 1863-1878, J.-H. Merle d'Aubigné, Histoire delà
lié. formation en Europe au temps de Calvin, 8 vol. in-8°; — 1872, G. -A. Hoff,
Vie de Jean Calvin, un vol. in-18; — 1877, Ch. Dardier et A. Jundt, articles
Calvin et Calvinisme dans l'Encyclopédie des sciences religieuses, t. n ; —
1882, II. -L. Bordier, article Calvin dans la 2e édition de la France Protestante,
t. m; — 1888, Abel Lefranc, La jeunesse de Calvin, un vol. in-8°; — 1898,
A. Lefranc et E.-H. Vollet, articles Calvin et Calvinisme dans la Grande En-
cyclopédie, t. vin. -i- Je ne mentionne ici que les études biographiques pro-
prement dites parues en français. Il sera amplement question, plus loin, des
travaux importants consacrés à telle ou telle partie de l'œuvre du réforma-
teur, par exemple par Ch. Borgeaud, E. Choisy, A. Billet, A. Roget, etc.
(3) Concurremment avec celle, embrassant un champ beaucoup plus
étendu, que publiait, depuis 1866, A.-L. Ilerminjard et qui s'arrêta, malheu-
reusement, en 1897, à l'année 1544,
27b'
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
« En dehors de ces ouvrages, il n'y avait que les articles bio-
graphiques, d'ailleurs remarquables, de la France Protestante
(1852 et 1882), de Y Encyclopédie des sciences religieuses (1 877 ) et
de la Grande Encyclopédie (1898), ce dernier seul postérieur au vo-
lume par lequel M. Abel Lefranc avait renouvelé l'histoire de la Jeu-
nesse de Calvin (1888).
« En attendant l'achèvement, encore éloigné, du Jean Calvin,
commencé par M. E. Doumergue en 1899, rien n'était donc plus
désirable qu'une biographie à la fois assez détaillée pour mettre
le lecteur français au courant de tout ce qui a été publié depuis
près d'un demi-siècle, et assez résumée pour donner sans séche-
resse, une idée complète, « objective », de ce que fut Calvin, de
ce qu'il voulut et de ce qu'il accomplit. Ce livre, un étranger,,
familiarisé avec l'histoire religieuse de l'Europe occidentale, que
Calvin modifia si profondément, mais éloigné de nos divisions
confessionnelles, politiques et ecclésiastiques, était peut-être
mieux placé qu'un Français pour l'écrire avec impartialité.
« M. Williston Walker est professeur d'histoire ecclésiastique
(=. histoire de l'Eglise chrétienne) à l'université bien connue de
Yale, à New Haven, dans le Connecticut, États-Unis d'Amérique.
Il a donc été élevé dans un pays où le calvinisme a exercé une
influence religieuse et sociale prépondérante et d'autant plus
remarquable qu'il s'y est développé librement, sans être assombri
et déformé par les luttes sanglantes qui ailleurs l'ont discrédité,
en déshonorant ses bourreaux.
« Un livre dans lequel M. Walker réussit à condenser, en moins
de cinq cents pages, la substance de son enseignement sur le déve-
loppement de l'ensemble de la Réforme, intitulé The Reformations),
le désigna à l'attention d'un de ses collègues, M. Samuel Macauley
Jackson, professeur d'histoire ecclésiastique à l'université de
New-York. Celui-ci avait entrepris de diriger la publication, sous
le titre de Heroes ofthe Reformation (2), d'une série de biographies
critiques des principaux réformateurs ; il confia à M. Walker celle
de Calvin qui parût en 1906 sous le titre de John Calvin, The
Organiser of Reformed Proteslanlism (3).
(1) New-York, Ch. Scribners Sons, 1901. Ce volume est le neuvième d'une
série de 10, intitulée Ten Epochs of Church Hislory (dix époques d'histoire de
l'Eglise).
(2) Jusqu'à ce jour il a paru neuf biographies de ces « héros de la- Réforme »
, (New-Vork, Scribner's Sons), savoir celles de Martin Luther, Philippe Métan-
chlhon, Désiré Erasme, Théodore de Bèze, Ulrich Zwingli, Jean Calvin, Thomas
Cranmer, John Knox et Balthazar Hiihmaier.
(3) Ce qui signifie Jean Calvin, l'organisateur du Protestantisme réformé.
Les mots français d'organisateur et de réformé ne rendant pas exactement
le sens d'Organiser et de Reformed, nous avons préféré le titre français plus
simple et plus court, qui correspond, d'ailleurs, bien au contenu du volume,
de Jean Calvin, Vhomme el l'œuvre,
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
277
« Ce volume avait, sur toutes les autres biographies antérieures
de Calvin, l'avantage de s'appuyer, d'abord sur la collection com-
plète des Opéra, terminée en 1900, puis sur un grand nombre de
travaux critiques, parus surtout à l'étranger. J'eus aussitôt la
pensée qu'il y aurait intérêt et profit, pour des Français, d'y con-
templer Calvin en quelque sorte du dehors, tel qu'a pu se le re-
présenter un de nos contemporains, étranger à tout ce qui nous
divise en France, mais rompu aux discussions théologiques d'au-
trefois et d'aujourd'hui, et capable de dégager, de la masse des
documents originaux étudiés de première main, le caractère et le
rôle historique et mondial du réformateur (1).
« Madame Weiss a bien voulu entreprendre la tâche ardue de
rendre en français le sens exact et, autant que possible, le style
de l'original anglais. J'ai revu ce travail et, avec l'autorisation de
l'auteur, en ai çà et là précisé ou légèrement retouché la rédaction
surtout au point de vue bibliographique. Enfin, 1 Association du
Monument international de la Réformation, a Genève, ayant résolu
de le publier sous son patronage, son président, M. le professeur
Lucien Gautier, s'est obligeamment chargé de revoir encore ma
revision et d'en corriger avec moi les épreuves, ce dont lui sauront
gré tous ceux qui, dans un livre d'histoire, apprécient l'impor-
tance de l'exactitude, cette forme matérielle de la vérité (2). »
* *
J'ajoute à ces quelques notes bibliographiques un portrait mo-
derne de Calvin que j'ai cru intéressant de faire connaître. En
1858 un des professeurs de Strasbourg qui s'était occupé avec
prédilection de l'histoire de la Réforme française et qui eut peut-
être le premier l'idée d'une édition critique et complète des œu-
vres de Calvin, feu M. Guillaume Baum désirait avoir un por-
trait du réformateur peint par un véritable artiste. Il réunit à cet
effet tous les portraits contemporains qu'il put trouver et les re-
mit à Albrecht Anker, l'artiste suisse bien connu par le sentiment
profond qui se dégage de ses tableaux de genre. M. Anker étudia
consciencieusement les documents que lui avait remis M. Baum
et il en résulta une belle peinture que je vis pour la première fois
l'année dernière à Strasbourg, dans le salon de la veuve de mon
ancien professeur. Madame Baum consentit gracieusement à en
faire faire une photographie dont nous la remercions de pouvoir
offrir à nos lecteurs cette reproduction.
(1) Nous aurions mauvaise grâce à ne pas rappeler qu'un peu après le vo-
lume de M. Walker, mais encore en 1906, parut à Paris le Calvin de M. A.
Bossert. C'est un portrait beaucoup plus sommaire que celui du biographe
américain et qui n'a d'ailleurs pas la prétention d'être une étude critique
approfondie.
(2) M. Gautier a bien voulu prendre aussi la peine de rédiger l'index.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
C'est certainement une des plus heureuses interprétations ar-
tistiques de la figure traditionnelle du réformateur, moins dure et
sèche, même que le portrait d'Ary Scheffer (1). A tous ceux qui s'as-
socient à ce jubilé elle rappellera que l'étude impartiale et appro-
fondie de Calvin a été rendue possible par le labeur acharné de
trois des hommes de science et de conscience qui illustrèrent les
dernières années de la Faculté de théologie protestante de Stras-
bourg telle que quelques-uns d'entre nous ont eu le privilège de
la connaître. A un âge où l'on songe à la retraite, MM. G. Baurn,
E. Cunitz et E. Reuss s'attelèrent à cette tâche écrasante qui a pu
être heureusement menée à son terme par trois de leurs élèves,
MM. A. Erichson, P. Losbtein et L. Horst. Ainsi, grâce à ces Alsa-
ciens et à leur abnégation, la ville de Strasbourg, où Calvin passa
les années les plus heureuses de sa vie tourmentée, devait trans-
mettre aux Églises de France pour lesquelles cet homme d'étude
devint un homme de combat, l'expression authentique et fidèle
de sa pensée. N. Weiss.
P. S. — Au moment de donner le bon à tirer de cette livrai-
son, je reçois le beau volume du professeur viennois, D. DrLoesche,
Luther, Melanlhon and Calvin in Oesterreich-Ùngarn, zu Calvins
vierlerJahrhunderlfeicr, mil archivalischen Bcilarjcn (X-372 p. in-8",
Tùbiiigen, Mohr, 1900, index), lequel comble une lacune dans la
littérature calvinicnne. Il expose, en effet, d'après des documents
en partie inédits, l'influence souvent profonde exercée par Calvin
sur les destinées du protestantisme en Autriche-Hongrie, Bohême,
Moravie, Silésie, Galicie et Transylvanie. C'est un important cha-
pitre d'histoire, — à peu près entièrement (2) négligé jusqu'ici
par les biographes de Calvin, — et «que l'anniversaire de I90fl
aura heureusement fait sortir de la plume, si compétente, du
biographe du réformateur Jean Mathesius (3). N. W.
Documents inédits sur le protestantisme à Vitry-le-François,
tpense, Heiltz:le-Maurupt, Nettancourt et Vassy(i).
Avec ce troisième volume, digne des précédents que nous
avons signalés ici-même (Bull. XXXVII, p. 327 ; X.LU, p. 105 .
(1) Quelques exemplaires de ce portrait, tirés à part et pourvus d'une lé-
gende sont en vente chez M. Fichbacher, 33, rue de Seine.
(2) M. Walker y louche néanmoins; — cf. aussi une note du Bulletin rte
1893, p. 5;»2. — A relever, dans ce livre, p. 22S5, entre autres, cette phrase
Caractéristique d'une lettre (non réimprimée dans les Opéra) de Calvm à
J. Augusta (2!) juillet 1Î540) : « Si je dois me marier, je le ferai pour «pie. dé-
charge de beaucoup d'embarras, je puisse mieux servir le Seigneur. «
(3) Au dernier moment je recois aussi un petit recueil de Poésies hugue-
notes que M. Daniel Benoît a fait paraître à Toulouse (Soc. des public, mo-
rales) à l'occasion du même anniversaire calvinien.
(4) Depuis la fin des guerres de religion jusqu'à la Révolution française.
CH B 0 N I Q U E L 1 TTÉ R A I R E
279
LUI, p. c275 ; LV, p. 167), M. G. Hérelle achève son histoire docu-
mentaire du groupe des Églises réformées de la région de Vitry.
En mesurant la somme énorme de recherches et de labeurs que
cet ouvrage représente on pourrait presque se demander si la
destinée de cinq petites communautés provinciales, fraction mi-
nime d'une Église qui fut elle-même en France une minorité,
valait la peine d'être racontée avec un tel luxe de documents et
une pareille abondance de preuves.
Mais en achevant la lecture de ce livre, on est obligé de recon-
naître que l'auteur n'a pas perdu son temps et que cette recons-
titution produite à l'aide de tant de matériaux retrouvés et réunis
dépasse infiniment les limites de ce petit coin de Champagne
et l'intérêt confessionnel ou généalogique de quelques familles
dispersées ou éteintes.
C'est une histoire-type, en quelque sorte, et qui n'avait pas
encore été écrite avec les procédés critiques et la méthode rigou-
reuse que nous trouvons clans l'ensemble et dans les plus petits
détails des travaux de M. Hérelle. Sans faire tort aux monogra-
phies qui ont été rédigées antérieurement pour telle autre pro-
vince, on peut dire que l'historien du protestantisme dans n'im-
porte quelle région trouvera profit à s'inspirer de ce modèle.
L'auteur ne plaide pas, il ne s'indigne pas, on pourrait dire qu'il
raconte à peine. Et cette masse de menus faits, de noms propres,
de textes qui auraient isolément peu d'importance acquiert une
valeur historique considérable parles rapprochements et les con-
clusions qui s'imposent au lecteur le plus prévenu. Si Elie Benoît,
pour ne citer qu'un de nos anciens historiens, avait apporté cet
ordre et ce savoir-faire à la mise en œuvre des matériaux énormes
qu'il a plutôt remués que classés, nous posséderions l'histoire
générale et définitive du protestantisme français qui est encore à
écrire.
Les cinq parties de cet Appendice, précédées de douze
pages de bibliographie des sources manuscrites et imprimées
et suivies de copieux errata, comprennent : 1° (p. 15 à 95) :
une chronique substantielle de chacune des Églises de l'ancien
colloque de Vitry, depuis l'évangélisation du Perthois par Forne-
let. La liste des pasteurs jusqu'à la Révocation y est donnée avec
les détails biographiques qui ont pu être retrouvés, ainsi qu'un
aperçu statistique de la population de chacune des communautés,
et les noms, par ordre alphabétique, des principales familles.
M. Hérelle a eu acGès à des archives particulières qui ont révélé
recueillis et publiés par G. Hérelle, professeur de philosophie, correspondant
honoraire du Ministère dé l'Instruction publique — tome 111 Appendice :
Chronique sommaire des Églises. — Conversions. — Inhumations. — Fugi-
tifs et réfugiés. — Biens confisqués. 1 vol. in-8°, 525 pages. Paris, Alphonse
Picard, éditeur, 1908.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
des faits inédits, comme par exemple les dragonnades de Nettan-
court, l'apostasie du pasteur Serval, l'origine du célèbre Lestocq.
issu d'une très modeste famille d'Heiltz-le-Maurupt, etc.
2° (P. 97 à 176) un chapitre très documenté sur les conversions
extorquées par la force ou l'adresse, aux environs de la Révocation.
Tout une organisation avait été créée pour séduire ou intimider
les réformés de la région. Le registre des abjurations de l'évêché
de Châlons contient 1275 noms. En outre, M. Hérelle a extrait
d'autres documents un grand nombre d'autres noms qu'il a dis-
posés en listes alphabétiques. Le succès des convertisseurs fut
plus apparent que réel, et l'enquête de 1698 prouve que dès que
la persécution se relâcha, presque tous les nouveaux convertis
qui n'étaient pas sortis du royaume renoncèrent aux pratiques du
catholicisme pour revenir à leurs premières croyances.
3° (P. 177 à 206) des notes sur les inhumations de religionnaires
sans poursuites criminelles, il est vrai, mais dans la forme
odieuse que relate par exemple le procès-verbal des funérailles
de Mme de ïhoiras, au château du Tronc (p. 199.). Le corps est
transporté le soir dans une .fosse creusée entre deux allées de
charmes, sans aucune cérémonie, après quoi la terre est foulée
aux pieds par quatre domestiques, en présence de la famille. Sou-
vent les cadavres étaient enfouis dans « un détour de la maison »
de sorte, remarque M. Hérelle, « que la ville de Vitry et ses envi-
rons se peuplèrent de lombes éparses ; et les morts demeurèrent
au milieu des vivants comme pour entretenir chez leurs coreli
gionnaires de farouches rancunes ».
4° (P. 207 à 486) Dès le xvi0 siècle beaucoup de Champenois
avaient échangé contre la liberté de conscience des pays évangé-
liques l'existence précaire que l'intolérance des adversaires leur
faisait dans leur patrie. Plusieurs familles étrangères ont leurs
ancêtres dans nos vieilles provinces françaises. Mais c'est sur-
tout au xvne siècle que le mouvement d'émigration se dessina.
M. Hérelle fait l'histoire du Uefuge et montre un commence-
ment d'exode de 166*5 à 1669, puis la fuite en masse, vers sep-
tembre 1685. Des émigrés, les uns comme M. de Beauvau
d'Épense et l'apothicaire Garnier sont autorisés ; d'autres comme
les ministres, les relaps, les galériens graciés sont bannis; le plus
grand nombre enfin sont fugitifs, malgré les édits. La ville de
Vitry se vide de ses meilleurs éléments et cette « désertion »
amène sa déchéance. L'auteur a eu la patience de suivre en An-
gleterre, en Hollande, en Suisse, en Allemagne, les réfugiés de
Vitry et des environs et en a dressé - on devine au prix de
quelles recherches — un catalogue biographique qui est assuré-
ment la partie la plus méritoire de son livre. Sous 398 noms de
famille, il comprend 2067 noms de personnes, dont la ville de Vi-
CHRONIQUE L l TT ÉRAIR E
281
try fournit à elle seule la moitié. Plusieurs occupèrent, à l'étranger,
de hautes fonctions. Six furent membres de l'Académie de Berlin,
"2 de la Royal Society de Londres, 25 ministres de l'Évangile,
37 officiers, 40 médecins, apothicaires et chirurgiens. Tous les
corps d'état, toutes les industries ont leurs représentants. (Les
2 marchands de cheveux p. 485, ne seraient-ils pas des marchands
de chevaux? ?) En général les réfugiés champenois furent bien
accueillis, mais, parfois, le pain de l'exil était amer. (Voir p. ex.
p. 138 les difficultés suscitées par les gantiers de Zurich, ou
p. i63 l'anecdote comiquement navrante sur le proposant Varin
et l'algarade qu'il s'attira de la part du roi Frédéric-Guillaume
pour s'être habillé à la française trop élégamment au gré du rude
monarque.)
5° (P. 487 à 508) La confiscation opérée sur les biens des con-
sistoires et des fugitifs donne lieu à une étude des plus appro-
fondies. L'usage fait des biens saisis, l'administration de ces biens,
les différents systèmes essayés par le fisc pour en tirer parti, l'in-
succès moral et matériel de l'opération, ont été examinés avec
soin par M. Hérelle, et l'aridité des documents analysés n'em-
pêche pas que de curieux rapprochements s'établissent entre les
diverses époques où d'analogues « modifications de propriété »
ont eu lieu. Les liquidateurs des biens du clergé catholique en
1700 n'ont eu qu'à s'inspirer des précédents de 1685 pour con-
duire leurs opérations, et ceux de nos contemporains qui ont à
poursuivre la même besogne se trouvent en présence des mêmes
difficultés. La confiscation de 1685, si elle ruina d'innombrables
familles, ne procura pas à l'État « tous les secours qu'on en atten-
doit ». Cela devait se répéter, mais qui donc a jamais profité des
leçons de l'histoire?
Remercions encore M. Hérelle du monument — aere peren-
nius — élevé par sa science et son labeur à un petit peuple qui,
grâce à lui, n'aura pas obscurément souffert et lutté pendant deux
siècles pour une grande cause digne d'un meilleur sort. Ne vou-
dra-t-il pas achever son œuvre en sauvant de l'oubli ce qui reste
à raconter des autres protestants de Champagne, ceux de Troyes,
de Châlons, d'Ay, de la Brie?
H. Dannreutuer.
Fénelon et Mme Guy on (1).
Dès 1717 et 1718, les Lettres de Mrae Guyon et ses Discours chré-
tiens et spirituels donnaient quelques fragments de sa correspon-
(1) D'après M. Maurice Masson, Hachette 1907. XGV-379 p. in-16. 3 fr. 50.
Cf. Revue des Deux Mondes (15 janv. 1909) : Fénelon avant le préceptorat du
duc de Bourgogne, par M. Strowski, notamment depuis la p. 294, où l'in-
fluence de MŒe Guyon est aussi fort bien caractérisée. :
282 CHRONIQUE LITTÉRAIRE
dance avec Fénelon. sans toutefois le nommer. Mais ce n'est que
juste cinquante ans plus tard que le pasteur piétiste vaudois Jean-
Philippe Dutoit, dit Dutoit-Mambrini, ami des disciples hollandais
et allemands de Mme Guyon et disciple enthousiaste lui-même de
cette « femme divine, le plus grand hérault de l'amour pur, la
première sainte après Marie », comme il l'appelait, publiait à Lyon
(sous le titre de Londres) une nouvelle édition de ses Lettres
chrétiennes et spirituelles. Le dernier de ces cinq volumes était
en grande partie consacré à la correspondance secrète de Fénelon
avec son amie, c'est-à dire aux lettres inédites, non classées d'ail-
leurs, et conservées, semble-t-il, dans l'ordre du manuscrit, re-
trouvé, dit Dutoit, « par ce qu'on pourroit appeler un tissu de mi-
racles ». Lorsqu'en 1828 l'abbé Gosselin publia la Correspondance
générale de Fénelon en onze volumes, il exclut ces lettres dites
secrètes, assuré, « que tous les lecteurs judicieux sauront gré
d'avoir laissé dans l'oubli des pièces manifestement supposées en
tout ou en partie ». Cet arrêt péremptoire d'un juge qui paraissait
compétent lit que depuis lors la correspondance secrète resta
inutilisée. Guerrier (1881) et P. Janet(1892) semblent en ignorer
l'existence; et quand (1892) la. Revue internationale de V enseignement
réédita les trente-huit lettres de Fénelon, M. Ritter les y pré-
senta comme « aussi inconnues que si elles étaient inédites »;
les estimant toutefois authentiques, sans que cet aveu soulevât
la discussion attendue. Seul M. Brunetière, dans son Fénelon de
la Grande E ne g dopé die, exprima un avis sur ces documents « dont
l'authenticité n'est pas tout à fait démontrée, mais paraît intini-
ment probable ». Puis le silence s'est refait et n'a pas même
été interrompu par le Fénelon et Bossuel de M. Crouslé (1894).
Ce sont ces lettres, avec les réponses de Mme G. (ces dernières
en petits caractères et souvent réduites), que M. Maurice Masson
nous offre encore une fois avec des notes explicatives, bibliogra-
phiques, biographiques, grammaticales, etc. et une substantielle
et judicieuse introduction critique qui, « de cette authenticité de
vraisemblance et de sentiment » qu'invoque M. Brunetière.
« voudrait essayer de conduire le lecteur à une certitude ». Car
« on ne trouvera pas dans cette correspondance une seule proposi-
tion théologique, un seul conseil de direction intérieure, que Féne-
lon eût pu désavouer plus tard; ce sont les mêmes goûts spiri-
tuels, les mêmes aspirations, la même doctrine. Dès 1 1>89 , en par-
lant du pur amour, de la sainte indifférence, du sacrifice de l'éter-
nité, il s'approche des formules mêmes où il s'arrêtera huit ans
plus tard dans les Maximes. Pour lui déjà, le vrai christianisme c'esl
l'amoureuse liberté des enfants de Dieu, suivant son impulsion
en toute souplesse et petitesse et humblesse d'esprit, sans motif
intéressé et sans crainte servile, c'est ce haut idéal de Sainteté
GHRONIQ UE LÎTT ÉRAT RE
283
affranchie, dont les Lettres spirituelles sont le manuel admirable.
Dans les deux correspondances, c'est le môme vocabulaire, parfois
très spécial dans sa technicité mystique... 11 suffit de lire une
lettre de Fénelon avec la réponse de M"10 G.., pour sentir immé-
diatement, par le contraste des « écritures », l'authenticité de
toutes deux ».
Outre l'histoire et l'authenticité de la correspondance secrète,
l'introduction de M. Masson en expose l'état actuel et raconte tout
le détail des rapports entre les deux correspondants, depuis leur
rencontre préparée à Beynes, chez la duchesse de Charost en
octobre 1688, alors que « dans l'abbé mondain, presque précieux
(il avait 37 ans) restait quelque chose du Gascon idéaliste : esprit
ardent, imagination aventureuse et privée du sens de l'impossi-
ble, mêlant dans ses aspirations et dans ses projets le fantas-
tique et le réel. »
Nous ne pouvons suivre ici les péripéties, les causes, les
troubles, les singularités, de cette amitié si importante pour la
psychologie religieuse et même la psychologie tout courtu
Disons seulement que les lettres de Mme G. expliquent « comment
certaines préoccupations religieuses manquent à l'œuvre de Féne-
on, comment d'autres y prédominent et en négligant les pué-
tilités, ou les bizarreries d'expressions, on y verra présentées, sous
une forme moins habile et plus diffuse, les idées mêmes que F.
plus tard apportera en remède à ses dirigés ». Rappelions aussi
qu'alors « il avait déjà une petite santé vacillante, qu'il soignait
comme un vieillard » ; qu' « au 1er choc, il avait le corps et le
cœur en souffrance » ; qu' « à cet homme faible » et pourtant ar-
dent, « qui ne se trouvait aucune consistance en aucun sens, il
fallait un soutien et un réconfort, » que « l'amitié lui était in-
dispensable... moins encore pour s'appuyer sur elle que pour lui
dire tout, pour décharger en elle un cœur fragile qui ne pouvait
garder ses émotions, et où les peines, trop longtemps contenues,
auraient grossi jusqu'à le crever » (p. lxxxiii. Ce sont les propres
termes de Fénelon.)
Enfin, pour effleurer encore une tout autre face du problème,
n'oublions pas « l'admirable souplesse de son tempérament mé-
ridional ». Car certaines contradictions, certaines... inconsé-
quences obligent M. Masson à rappeler « qu'il était un pur Gascon
et que la vérité a plus de souplesse sur les bords de la Dordo-
gne », et à parler même d' « un fond de mensonge et d'insincé-
rité » que Fénelon d'ailleurs « confessait avec une très belle hu-
milité », puisque « tout homme est menteur » (p. xvm).
Quant aux lettres elles-mêmes, l'ensemble de la doctrine quié-
tiste est trop connu pour qu'il soit nécessaire d'en donner ici des
extraits. Au milieu de beaucoup de verbiage et de puérilités, elles
284
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
renferment des pensées admirables, des images belles ou tou-
chantes, et de profondes expériences psychologiques, susceptibles
d'intéresser le lecteur le moins théologien. Car, on l'oublie trop
souvent, la psychologie religieuse n'est pas un champ à part et
qui puisse être séparé à volonté du domaine général de la psycho-
logie; c'en est au contraire la partie centrale, et vouloir l'exclure
de son investigation, c'est se condamner à ne connaître que les
abords et à ignorer le fond même du cœur humain. Qu'on le
veuille ou non, le sentiment religieux se mêle à toutes les ma-
nifestations de la vie psychique et son absence fait aussitôt appa-
raître toute existence comme décolorée, flétrie, superficielle et
partant sans lendemain.
Les 139 lettres sont suivies de 17 poésies spirituelles échangées
entre F. et Mme G. et dont « l'authenticité ne saurait faire de
doute », mais qui n'enrichiront guère ni la littérature française,
ni la poésie religieuse.
Enfin, un triple index, grammatical et sémantique, du vocabu-
laire mystique, et des noms propres, clôt ce volume indispen-
sable à tous ceux qui voudront se familiariser avec le quiétisme.
c'est-à-dire avec une des pages les plus curieuses de l'histoire
religieuse et une des faces les plus instructives du problème
religieux.
Tu. Soi.
Les Origines de la Réforme.(l)
Le t. I de l'ouvrage de M. Imbart de la Tour a été « consacré
à l'étude du milieu social où la Réforme a pris naissance (2). » C'est
le milieu moral et religieux que « veut décrire le présent volume ».
Celui-ci établit dès l'abord « qu'il serait puéril de contester que,
dans la 2e moitié du xve siècle, le catholicisme ait traversé une
crise redoutable » qui «prépare et explique en partie les déchire-
ments qui vont ébranler l'Europe ». Car l'agonie du moyen âge
« n'entraîne pas seulement des changements profonds dans la
structure des États : elle provoque des transformations dans
l'Église même. Elle agit sur son action (sic) extérieure et publique»
aussi bien « que sur l'état intérieur » et « sur le système intel-
lectuel ». Quant « à présenter le catholicisme comme en pleine
dissolution, incapable de se régénérer lui-même, rendant ainsi
inévitable et nécessaire une forme nouvelle du christianisme »,
cela « paraît être une opinion assez commune », mais « il est
douteux qu'elle réponde à la réalité ». Car « la Réforme n'est point
venue au moment où l'état de l'Église était le plus corrompu,
(1) D'après M. Imbart de la Tour, t. II. L'Église Catholique, la crise c!
la Renaissance. Hachette, 1909. VII 1-592 p. 7 f, 50,
(2) Voy. Bulletin tic I905,p. 864,
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
285
sans espoir de relèvement possible, mais à une époque où,
comme toutes les autres, l'institution religieuse réparait ses
ruines». C'est «un phénomène analogue à celui que Tocqueville a
observé pour... la Révolution », qui « se faisait déjà avant 1789 ».
El Fauteur se demande si « nos historiens ont prêté une attention
suffisante à ce travail intérieur du catholicisme, avant Luther ».
Cette considération l'« a conduit à restituer au grand effort de ré-
génération religieuse tout son rôle dans l'histoire des premières
années du xvie siècle » et à se. demander, d'autre part, « dans
quelle mesure ce progrès de la conscience chrétienne était en
harmonie ou en contradiction avec la culture nouvelle de l'Eu-
rope». En effet, ne voyant dans «la restauration de l'art, de la lit-
térature, de la philosophie antique qu'une réssurrection du paga-
nisme », certains « historiens ont conclu, ou à l'opposition de la
Renaissance et du catholicisme, ou à la corruption du catholicisme
par la Renaissance », ramenant « ainsi le problème des origines de
la Réforme aune évidente simplicité... Cette explication peut être
celled'une doctrine métaphysique», mais l'auteur ne pense point
qu'elle soit celle de l'histoire. Tout au moins ne peut-elle rendre
compte de certains faits, de celui-ci, entre autres, que la hiérar-
chie et les grands esprits du catholicisme aient adopté la culture
nouvelle, et en l'adoptant, n'aient pas cru déformer, mais élargir
la religion... L'auteur ne se flatte pas de résoudre ces problèmes»,
mais « a conscience au moins de ne se prononcer que sur un en-
semble de documents qui autorisent à conclure », et « de ne point
séparer l'histoire de la religion, de l'histoire de la société »; il
affirme que l'Histoire des Papes, de M. Pastor, l'a « beaucoup
aidé dans ses recherches ».
Tel est le résumé de la Préface et voici maintenant le plan de
l'ouvrage : I. Théocratie et nationalisme : La papauté à la fin du
moyen âge ; le gallicanisme ; le concile de Pise. — II. Les abus ;
l'anarchie organique ; le désordre des bénéfices ; la fiscalité ; la
crise morale. — III. La culture nouvelle ; caractères généraux de
la révolution intellectuelle ; la Renaissance française ; l'huma-
nisme chrétien. — IV. Léon X et la Renaissance religieuse : le
Concordat de 1516 ; les réformes (spontanée, administrative, con-
ciliaire) ; la vie intellectuelle.
Dans tout le cours de cet exposé, la préoccupation du protes-
tantisme se fait sentir pour ainsi dire à chaque page; son ombre
plane sur tout le récit et son influence latente provoqué des réac-
tions constantes. Mais il est rarement pris à partie directement, on
le combat presque toujours sans le nommer; on se contente de
faire sentir discrètement qu'il est de trop, qu'on se serait fort bien
passé de lui, que tout était en meilleure voie de s'arranger, quand
il est venu tout gâter, en véritable enfant terrible. Nous ne suivrons
286
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
pas Fauteur sur ce terrain. Car rien n'est plus facile que de recons-
truire l'histoire comme elle aurait pu ou dû se développer, si tel
ou tel fait ne s'était pas produit. C'est là le domaine de la fantai-
sie. Nous ne voulons nous occuper que de ce qui est ou a été, con-
vaincu que ce qui se produit doit se produire selon des lois que
nos chétifs raisonnements humains ne sauraient influencer, étant
à peine capables de les entrevoir ou de les deviner.
Parmi les passages à noter comme particulièrement caractéris-
tiques ou comme répondant plus spécialement aux préoccupations
ordinaires de ce Bulletin, citons la fin du livre II, sur les consé-
quences de la décadence morale, l'hostilité de l'opinion publique,
l'affaiblissement du gouvernement spirituel, le clergé cessant
d'être l'organe directeur de la nation; ou tout le chapitre sur l'hu-
manisme (p. 397), qui combat les tendances directrices du catho-
licisme médiéval, à savoir la tendance intellectualiste et la ten-
dance sociale, et renouvelle la religion, en la considérant moins
comme un système que comme une vie, en ne cherchant plus dans
la théologie une extension syllogistique du dogme, mais l'étude
de la parole de Dieu, en limitant l'autorité du dogme, réagissant
contre les pratiques, développant la liberté intellectuelle, la vie
intérieure et le sens spirituel du christianisme, affaiblissant en un
mot le sens social du catholicisme au profit de l'individualisme
religieux, et ne cherchant à réformer l'Église que par le progrès
intérieur, la diffusion de l'Évangile et une renaissance de l'Apos-
tolat; — ou encore l'avortement de la réforme générale (p. 525),
le retour aux anciens abus, l'échec partiel de la réforme intérieure
et monastique, qui, devenue une opération de police, provoque la
haine et la révolte dans les corps religieux; — ou enfin les dévia-
tions de l'humanisme (p. 563). qui ne réussit pas à restaurer
l'unité intellectuelle; le courant mystique et fidéiste, qui remonte
à Lefèvre, est dirigé à la fois contre la scolastique etlhumanisme
et prétend conduire par le mysticisme à la révélation.
Tu. Sou.
La bourgoisie française au XVIIe siècle (1).
Cette étude sociale veut ressusciter une « classe de la société, dé-
gagée du fatras de l'histoire générale et envisagée, au point de vue
de la vie publique et politique, dans son action exclusivement
(1) La vie publique — Les idées et les actions politiques. 1604-1661. Av,v
8 planches hors texte. Alean, 1908, in-8° de 432 p. l'ai1 N. Ch. Normand, l'au-
teur de l'Histoire Ancienne des peuples de l'Orient.
Cf. G. Fagniez La femme et la société française dans la première
du xv.ii8 siècle : l'enfance et l'éducation, dans U Revue des Deux Mondes du
15 janvier 1909.
CHRONIQUE LITTÉ RA1R E
487
personnelle ». La classe moyenne, dont il s'agit ici, « a joué sous
l'ancien régime, un rôle capital. Par la puissance économique que
lui assure le développement du commerce et de l'industrie, par
les progrès de la richesse mobilière qui s"est constituée à côté de la
richesse foncière, par la valeur politique que lui apportent les
charges administratives dont l'hérédité est établie, par les services
multiples qu'elle rend à l'autorité royale, elle a passé depuis long-
temps au premier plan de l'histoire. C'est surtout pendant les cin-
quante premières années du xviie siècle que s'accomplit cette évo-
lution intéressante. Delà l'importance du livre où M. N. étudîece
grave et redoutable problème de notre histoire politique, économi-
que et sociale. » (Ch. Dufayard,dansla Revue Universitaire de mars
1909, p. 273).
Appliquée à l'époque actuelle, une telle étude serait bien com-
pliquée par l'émiettement de la classe moyenne: à l'époque choi-
sie, elle est, non seulement encore possible, mais, « par certains
cotés, profitable même au temps présent », et, de plus, a l'avan-
tage «de nous montrercomment l'actionpolitique d'uneclasse sur
laquelle reposait alors presque tout l'effort de l'existence nationale
m été entravée par des causes purement économiques ». Enfin,
« c'est une page de l'histoire de la bourgeoisie française où Ton
retrouvera peut-être avec surprise, soulignés par les contempo-
rains, plus d'un trait de caractère et plus d'une tare où il fallait
bien qu'il y eût une part de vérité, puisqu'ils servent encore
aujourd'hui d'arguments aux adversaires de la classe moyenne ».
Deux parties, indiquées par le sous-titre : ï Vie publique « de
chacun de ces petits mondes dont l'ensemble constituait une
organisation forte et serrée que l'influence de l'argent peut seule
dissoudre », c'est-à-dire « étude des lois financières qui ont
modifié cléplorablement l'esprit de la bourgeoisie » et « classe-
ment hiérarchique des différentes fractions de la classe moyenne ».
II. Idées et actions politiques, soit l'analyse du « retentissement
qu'eut la transformation financière de la bourgeoisie sur son action
politique, et des « mouvements qu'elle suscita ou laissa faire ».
Quant aux deux dates extrêmes de 1604 et 1661, la lreest celle « de
la paulette qui créa le Droit annuel, assura ainsi l'hérédité des
offices et marque un moment capital dans l'histoire de la bour-
geoisie française, celui où elle va donner naissance, avec la com-
plicité du pouvoir, à une ploutocratie judiciaire qui essaiera en
vain de prendre sa part du gouvernement de l'Etat. La 2e date
correspond aux débuts du pouvoir personnel de Louis XIV : elle
marque à son tour un point non moins précis et non moins
déterminé, celui où le développement et l'action politique de la
classe moyenne subissent un arrêt momentané, dû sans doute à
l'autorité absoluç du monarque, mais plus encore à l'origine
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
financière et au fonctionnement vicié par l'argent de cette nou-
velle aristocratie »,
L'auteur juge la bourgeoisie sévèrement. Voici, par exemple, ce
qu'il dit de sa « folie française des offices » : « Cédant à l'instinct de
la race, fait de vanité, d'économie et de prévoyance un peu mes-
quine, les parents travaillèrent désormais avec rage pour procu-
rer à leurs enfants l'accès si envié de cette nouvelle aristocratie.
C'était non seulement décrasser la famille en élevant le fils plus
haut que le père, mais c'était aussi — sentiment bien français —
assurer à l'héritier du nom et de la fortune l'exemption de cer-
taines charges, une position fixe... Les petits bourgeois eux-
mêmes cédèrent à la tentation... La vanité, le besoin de paraître,
la convoitise de la situation officielle s'étendaient ainsi du plus
petit au plus grand, et le nombre des officiers dépassa presque
le chiffre des malheureux citoyens chargés de les entretenir... et
partout, dans les œuvres sérieuses, comme dans les romans, on
voit flétrir cette aristocratie de robe, universelle aragne, qui
s'étend, attire à elle toutes les forces du pays, en tarit à
son profit la richesse et constitue une redoutable association qui
n'a qu'un but, reprendre au centuple sur le justiciable les
sommes considérables qu'elle a été obligée de verser au trésor ».
Un dernier mot. On s'attendrait à trouver dans ce livre des
traces de l'influence protestante, alors encore puissante. Il n'en
est rien, soit que les huguenots ne se fussent pas distingués, sur
ce point, de leurs concitoyens catholiques, soit, espérons-le
plutôt, que l'auteur ait laissé volontairement cette influence dans
l'ombre. Il ne la signale que pour la fronde bordelaise (p. 401):
« Le contact continuel des commerçants bordelais avec leurs
clients d'Angleterre avait émancipé les esprits, les souvenirs et
les regrets des protestants de la région y entretenaient une
opposition sourde que la moindre occasion pouvait transformer
en guerre ouverte. Sous cette double influence, renforcée par des
désirs très nets et très précis de liberté commerciale, on
remuait à Bordeaux des idées singulièrement plus révolution-
naires qu'à Paris... L'Angleterre, qui était le meilleur marché des
crus de Bordeaux, y apparut en même temps comme le meilleur
modèle à suivre en temps de révolution. »
Cette page est la seule allusion au protestantisme que nous
ayons trouvée dans le volume. C'est dire qu'il ne rentre qu'indi-
rectement dans le domaine de notre Bulletin.
Th. Sch.
Le Gérant : Fiscrbacher.
Paris. — Typ. Ph. Rknouard, 19, rue dos Saints-Pères 2146.
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de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, Cen-
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Suez, ancien Président du Tribunal de Commerce
de la Seine, Président.
A, Mirabaud, de la Maison Mirabaud et Cie, Ban-
quiers ^Administrateur de la Compagnie des Che-
mins de fer de Pan; à Lyon ei à la Méditerranée et
de la Compagnie Algérienne, Vice-Président. .■
Eug. Guët de la maison Guet et Cie, banquiers.
C. Jameson, ancien associe de la maison. Hottinguer
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France et de la Compagnie des chemins «e fç
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A. Thurneyssen, Administrateur de la Cie des Chsi
. de, fer des Landes. / ;
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et de Paris-Lyon-Méditerranée suivant l'itinéraire choisipar le'
voyageur, et avec les réductions suivantes sur les prix du tarif
général pour, un parcours (aller et retour compris) d'au moins 300
kilomètres. — Pour une famille de 2 personnes 20 p. 100, de S
personnes 23 p. 100, de 4 personnes 30 p. 100, de 5 personnes 35
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Paris-Lyon-Méditerranée, les;billets ne sont délivrés, qu'aux fa-
milles d'au moins quatre personnes et le-prix s 'obtient en ajou-
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Faculté de prolongation moyennant supplément de 10 p. 100.
Ces billets doivent être demandés au moins 4 jours à l'avance
à la gare de départ.
AVIS. — Un livret indiquant enT détail les conditions dans
lesquelles peuvent être effectués divers voyages d'excursions, de
famille, etc.:, sera envoyé gratuitement à toute personne qui fera
parvenir au Service Commercial de la Compagnie, 54, boulevard
Haussmann, àParis (IX* arrondissement) le montant de l'arïran-
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balnéaires suivantes r BERCK (station du ■ehemin de ferïf
rét local), BOULOGNE- VILLE ou TINTELLERIES (Le P<fi
CALAIS. CAYEUX 'station du chemin de fer d'intérêt M
CONCHIL-LE-TE.MPLE (plage de Fort-Mahon). DAMH
CAMIERS (plage Sainte-Cécile ou Saint-Gabriel). DUNKBB8
(plage de Mâlo-les-Bains et de Rosandael), ETAPLES (Paris
station du chemin de fer électrique), EU (plage.du Bourg
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Fort-Philippe) LE CROTOY (chemiri de fer d'intérêt
Noyelles), LEFRINCXOUCKE (plage de Mâlo-TeriiiinUs
T REPORT-MERS, I.OON-PLAGE, MARQUISE-RIN:
(plage de Wissant), NOYELLES, Q U EN D -FO RT-M A II ON (
de Quend et de Fort-Mahon), ST- VALERY-sur-SOMMï
MILLE-WIMEREUX (plages de Wimereux, Audressèllesi
bleteuse),NOINCOURT (plages du bourg d'Ault et d'Onival' '
COOTE (Nord Plage). 11 existe trois catégories de billet
|« Billets de saison (1) delte, 2«, et 3» classe, vala
dant 33 jours, non compris le jour de l'émission, avec f
prolongation pendant plusieurs périodes de ifi je
condition d'effectuer un parcours minimum de 100 kil
retour. Ces billets, créés pour les familles, sont nymïnfll
collectifs.il est accordé une réduction d'e 80 0/0 â; chaque r
de la famille en plus du troisième ; les billets dont il "*'"
vent être demandés au moins 4 jours à l'avance, à la
voyage doit commencer. ,
2° Bill ets ne bd o ma d a i res et carnets d'à I U
tOur(l)de 1", 2« et3eclasse. Les billets hebdomadaire* «fl
labiés pendant 5 jours, du vendredi au mardiet de Tavanfc|
au surlendemain des fêtes légales. Ces billets et carnatssbn|
viduels. Les prix varient selon la distanceet présentent de*"
tions de 23 à 40 0/0.
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être utilisés à une date quelconque dans le délai de 33
compris le jour de distribution.
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jours de fêtes légales, valables pendant une journée,
sont individuels ou de famille. Pour les familles (ascep
descendants), il est accordé une nouvelle réduction sur
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que la famille se composede 2, 3, 4, 5 personnes et pi
(1) Les billets de saison et les billets hebdomadaires
labiés dans les mêmes trains et aux mêmes condition* ,
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du
Protestantisme Français
Reconnue d'utilité publique par Décret du 13 juillet 1870
Bulletin
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SEPTIÈME DE U-A. 5' SÉRIE
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vant n'en renfermera que cinq.
ÉTUDES HISTORIQUES.
■ Ch; Bost. — " Le meurtre du consul Louis de Bagars (1691).
Avec une carte ... 7. . . ... ... . .: . 289
DOCUMENTS.
Jean Meyhoffer. — Les Commelins de Douai. — Jehan Com-
inelin martyr (lo67) . /„.... . . . 320
Th. Maillard. — Un chapitre de géographie huguenote. —
Le Moyen-Poitou protestant au milieu du XVIIIe siècle.
Avec une cart . .. . . ......... ... . . ....... . 328
MÉLANGES. ' -
E. Griselle. — Avant et après la Révocation de l'Edit de
Nantes, Chronique des événements relatifs au Protestantisme, de
1682 à 1687 {{S mars — 27 avril 1686) . . . . . . •'. . . . . . . - 361
CHRONIQUE LITTÉRAIRE. :
N. Weiss. — Le Jubilé de Calvin en Angleterre, aux Etats-
Unis, en Allemagne, en France, en Suisse et à Genève.
— Publications parues à cette occasion. 374
ILLUSTRATIONS.
Carte des Basses-Gévennes, dressée par M. Ch. Bost . .*< .... . 297
Le versant "Nord du Col du Mercou, d'après une photographie . . . 301
Carte du Moyen- Poitou, dressée par. M. Th. Maillard. ... . . . 344-45.
Carte de Noyon et des envwohs, dressée par M. J. Pannier . . . . 377
Le Porche de la Cathédrale de Noyon, d'après. une photographie. . 378
L' Abside de la Cathédrale de Noyon, d'après une photographie de
M. 0. Compiègne à Noyon .... . . . . . . . 379
Genève .• V angle de la Corraterie et de lapromenade des Bastions ; —
le Collège de Genève ; —- un coin de Saint-Pierre, clichés prêtés
par l'Association des Intérêts de Genève . . . . . . . 385-87
RÉDACTION ET ABONNEMENTS
Tout ce qui 'concerne la rédaction du Bulletin : doit Être adressé a M. N. "Wtttss, secrétaire de la
Société,. 54, rue des Saints-Pères, Paris (VU"), qui rendra compte de tout ouvrage intéressant notre
histoire, dont deux exemplaires Vseï ont déposés, à cette adresse. Un seul exemplaire donne droit à une
nnoncc sur cette couverture.
Le Bulletin paraît tous les deux mois, en cahiers in-8* - de 96 pages avec illustrations. On ne
s'abonne pas pour moins d'une année. Tous les abonnements datent du x" Janvier et doivent être
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Prix de l'abonnement:- 10 fr, pour la France, l'Alsace et la Lorraine; — -■•t2 fr. 50 pour l'étian-
ger ; — 6 fr. pour les pasteurs, instituteurs, etc., de France et des colonies françaises; 10 fr. pour
les pasteurs de l'étranger. > — Prix d'un numéro isolé de l'année courante et de la précédente à fr.
et pour les autres années, selon leur rareté.
La voie la plus économique et la plus simple pour le payement des abonnements est l'envoi d'un
mandat-carie au nom de M. Fischbacher, libraiie, vue de Seine, 33, à Paris, ou de M. N. Wdss.
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Nous ne saurions ,trop^ en&agir nos lecteur s\ à éviifr tQUi inierrnidiait HMi 'me celui des libraires.
Études Historiques
LE MEURTRE DU CONSUL LOUIS DE BAGARS (1691)
Le 28 juillet 1691, Carrier, prêtre et prieur de La-
salle (Gard), L. Sarrasin, prêtre et curé du même lieu, et
Massabieau, prêtre et prieur de Saint-Bonnet de Sallen-
drenques, inscrivaient sur le registre paroissial de l'Église
de Lasalle les mots suivants : « A esté enterré dans notre
cimetière, sieur Louis de Bagars, cy-devant ministre,
assassiné par le chemin de Pommaretau col du Marcou,.
fusillé et percé de cinq coups de dagues en haine de la
R. C. A. et R. que Dieu lui avait fait la grâce d'embras-
ser (1). » La mort de Louis de Bagars fut attribuée par
Bâville et ses subordonnés à cinq prédicants du Langue-
doc sur lesquels la justice du roi parvint à mettre la
main : Etienne et Paul Plan, Pierre Gay, Paul Colognac,.
et Papus de la Verdogie dit La Bouvière. Colognac fut-
condamné par l'intendant comme l'auteur direct du
meurtre. Quelques-uns de ces accusés ayant été défendus
autrefois par Brousson en particulier et de nos jours par
M. D.Benoît qui s'est fait spécialement l'avocat de Colo-
gnac, il n'est pas indifférent d'examiner avec quelque
détail si l'intendant s'est trompé dans ses réquisitions, et
si c'est « calomnier » (2) les hommes que nous avons nom-
més que de leur attribuer la mort de l'ancien pasteur.
En 1682, les Bagars comptaient à Lasalle deux
chefs de famille, Louis de Bagars, bourgeois (66 ans)
époux de Jeanne de La Foux, et Jean de Bagars (57 ans)
consul de l'année, notaire depuis 1643, époux de Mar-
(1) Mairie de Lasalle.
(2) Expression ancienne. Bull. X, 274.
Juillet- Août 1909. ift
390
ÉTUDES HISTORIQUES
guérite de Novis. Le 5 février, Jean de Bagars vendit son
étude à Louis Ressaire, un catholique, originaire de la
Bastide d'Engras. La déclaration du Roi « pour exclure ceux
de la R. P, R. d'exercer les offices de notaire... » ne de-
vait être datée que du 15 juin 1682, mais une décision de
l'autorité provinciale précéda, dans le Languedoc au
moins, les ordres du Roi, car les cinq notaires protestants
de Lasalle achèvent leurs registres, en 1682, par des actes
qui sont compris entre le 29 janvier et le 12 février, et
Ressaire seul continue leurs fonctions (1). A vrai dire, les
notaires réformés essayèrent de tourner laloi. Le registre
de Ressaire pour les années 1682, 1683 et 1684 est d'une
telle diversité d'écritures qu'il est certain que les actes,
s'ils furent signés par le seul tabellion qui eût le droit de
les enregistrer, furent rédigés par ses confrères interdits.
Jean de Bagars demeura protestant jusqu'à la dragonnade.
Le 11 octobre 1685, il abjurait dans l'église de Lasalle
avec son futur gendre Ant. Raujoux, et le 14 novembre,
reprenait l'enregistrement de ses actes notariés.
Louis de Bagars, le frère du notaire, avait en 1682
quatre enfants : 1° Pierre, docteur en droit, juge et baillif
de Sallendrenque ; 2° Marguerite, mariée (à Bréau) avec
Fulcrand de Quatrefages de la Roquette (2) ; 3° Anne, veuve
de Pierre des Vignolles (3) ; 4° Louis, le ministre qui de-
vait mourir si tragiquement.
Nous ne connaissons de la carrière pastorale de Louis
de Bagars, que quelques dates. Le 3 mai 1671 il est ins-
crit au livre du Recteur de l'Académie de Genève (4) .
Le 5 mars 1677, sa signature, avec son titre de « propo-
(1) M. P. Gachon (Quelques préliminaires de la Révocation... en Langue-
doc), ne parle pas d'une mesure de ce genre. Mais voir : Ribard, Notes d'His-
toire Cévenole, p. 25:>, une lettre de M. Vcyret, avocat protestant de Nîmes,
à M. de Pépin, Sieur du Cayla, résidant à Valestalières (Monoblet), du
22 lévrier 1682. « Les procureurs et notaires se sont dépouillés de leurs charges
sans que nous en ayons perdu aucun (c.-à-d. aucun n'abjura], ce qui donne
du chagrin à. nos ennemis, et cela a fort consolé nos Eglises. »
(2) En 1087 elle avait, cinq fils et deux filles. Son mari était note comme
« faisant très bien », aux yeux de l'Eglise (Bull. XLVllI, G 1 1 ) .
{'6) En tG91 elle était remariée avec Louis Joubert, capitaine d'infanterie
au régiment de Flandre.
(4) Ludovicus de Jku/ars, Sallensis r.r Gsbennis maii.
ÉTUDES II ISTORIQ LJ ES
291
saut », figure au bas d'un acte religieux célébré dans le
temple de Lasalle. Le 15 juillet 1678, dans les mêmes
conditions, il signe comme <* ministre d'Aigremont »
(près Lédignan, Gard), et, le 17 mars 1679, comme « mi-
nistre de S. Félix de Palières ». Il assiste au synode pro-
vincial du Vigan le 26 août 1681, qui examine et reçoit
neuf proposants nouveaux, et il est désigné, en tant que
ministre de Saint-Félix, en même temps que le ministre
Darvieu, de Soudorgues, pour imposer les mains au propo-
sant Lsaac Teissicr, de Durfort, nommé à Saint-Roman
de Codières (1). Louis de Bagars et Darvieu eurent la pru-
dence — qui était de la faiblesse — de ne point se mettre
au nombre des zélateurs qui, lors des mouvements de
1683, encouragèrent les protestants de Saint-Hippolytc
à reprendre et à continuer leur culte, malgré la démolition
de leur temple. Ils assistèrent tous deux, mais sans être
accompagnés d'un de leurs Anciens, à l'assemblée convo-
quée à Colognac (7 sept. 1683) par le comte du Roure, en
vue de faire cesser l'exercice illégalement repris, surent
se garder de toute démarche aventureuse, et demeurèrent,
au milieu de 1684, avec le pasteur de Durfort, les seuls
ministres de la région à qui leurs charges eussent été
conservées, leurs collègues et voisins de Monoblet, SLRo-
roan [de Codières et Lasalle ayant dû fuir en Suisse pour
éviter de cruelles condamnations. Le 4 juillet, le présidial
de Nîmes décide de raser les temples de Cros, Monoblet,
Valestalières, Colognac et Lasalle. Le temple de Saint-
Félix, qui demeure debout encore, réunit le dimanche,
les paysans des environs. Des réformés de Cros y viennent
entendre le sermon, des protestants de Colognac y appor-
tent des enfants au baptême.
Mais les circonstances délictueuses entraînant la sup-
pression de l'exercice public dans une communauté
avaient été si habilement multipliées, il était si facile à
un catholique mal intentionné de les découvrir ou de les
faire naître, que les procès s'accumulaient contre les tem-
(1) Mairie de Lasalle. François Teissier... par J.-J. Faure, Lausanne, 1877,
p. 78.
292
ÉTUDES HISTORIQUES
pies qui subsistaient encore. Le temple de Toyras (annexe
de Saint-Félix) est condamné le 20 février 1685, celui de
Soudorgues, le 21; Saint-Félix est interditle 30 septembre.
Il ne restait que Durfort, qui reçut le coup de grâce le
4 octobre « le dernier des Cévennes ». A cette date, la
dragonnade avait commencé. Montpellier s'était « catholi-
cisé en corps de communauté » le 29 septembre. Nîmes
avait fait de même le 3 octobre. Le 11 octobre, les dragons
étaient à Ganges; le 15 ou le 16 à Lasalle. Noailles « ne
savait plus que faire des troupes, tout se convertissant
dès leur arrivée ».
Les pasteurs n'étaient point encore atteints expressé-
ment par ces mesures violentes. Aucun acte officiel de la
cour ne les avait ordonnées. Elles ne visaient, en Langue-
doc, comme dans la Guyenne, le Béarn et le Poitou, qu'à
dresser des listes de convertis si nombreuses, que rien
dès lors n'empêchât le roi de révoquer l'édit de Nantesf
devenu inutile par la disparition des protestants . On sait
que l'édit de Révocation (du 18 octobre), en constatant
le fait, édicta des mesures propres à empêcher tout retour
offensif d'une hérésie vaincue, chassa de France les pas-
teurs qui ne voudraient point abjurer, et offrit à ceux qui
se feraient catholiques, une pension viagère, d'un tiers
plus forte que les émoluments que leur avaient servis leurs
Eglises. 137 pasteurs du Languedoc quittèrent la province
avec des passe-ports réguliers qui leur furent accordés
du 24 octoore au 30 novembre (1). 45 autres préférèrent
l'abjuration à l'exil (2), et, parmi eux, quelques-uns des-
collègues les plus rapprochés de Louis de Bagars : Anni-
bal Darvieu, de Soudorgues, qui reçut 450 livres de pen-
sion, Jean Dumas de Durfort, taxé à 600 livres; et enfin
Louis de Bagars lui-même, qui se contenta de 350 (3).
(1) Arch. Languedoc (Préfecture de l'Hérault) C. 279. Etat des certificats
donnés aux ministres pour sortir du roj/aume. L'état porte le nom de 1 l.r> pas-
teur S, mais sur le nombre 8 abjurèrent, dont le nom se retrouve sur la
liste mentionnée dans la note qui va suivre. 11 ne faut i>as oublier que de
nombreux pasteurs avaient déjà quitté le Languedoc avant les jugements
de 1684.
(2) Ibid. C. 279. Liste publiée, Bull. XXXM, '.08.
(3) En valeur actuelle, la livre représentait environ cinq franc».
ÉTUDES HISTORIQUES
293
De quelle valeur morale était la conversion de ces
ministres ? Il est superflu de se le demander. Les uns,
les meilleurs, gardèrent l'âme ulcérée jusqu'à la fin par
l'acte d'hypocrisie qu'ils avaient commis, et entretinrent,
parmi les Nouveaux Catholiques, dans l'attente d'une
délivrance prochaine, l'horreur de l'Église persécutrice (4).
D'autres, pour apaiser leur conscience, s'efforçaient de
persuader à leurs anciens paroissiens qu'il était bon qu'ils
fussent demeurés dans le royaume, même au prix d'une
apostasie, les encourageaient à répéter leurs anciennes
prières, leur conseillaient de communier comme ils fai-
saient eux-mêmes, « après avoir bien déjeuné », et leur
assuraient qu'ils pensaient constamment à sortir de
France (2) . D'autres vivaient d'une existence retirée,
jouissant de leur pension en cultivant leurs terres, se
faisant modestes devant la répulsion qu'inspirait aux
protestants zélés leur indifférence satisfaite (3) .
Le ministre converti Cheiron, de Nîmes, prenait son
parti des circonstances plus allègrement. « Le plus fort
l'emporte ! » disait-il, et il avait accepté la charge de pre-
mier consul de la ville, pendant que son ancien collègue
Paulhan, devenu catholique également, était promu con-
seiller honoraire au présidial. Louis de Bagars devait aller
plus loin encore. Il s'était retiré à Lasalle, auprès de sa
famille. Son père et sa mère, la femme de son frère le
bailli, avaient abjuré ensemble le 13 octobre. A cette
date, le bailli Pierre était déjà catholique, caria veille il
(1) Bâville dut, par exemple, faire informer contre le pasteur de la Coste,
à Saint-Étienne Valfrancesque, et l'exiler à Carcassonne (C. 165 C. 274). Le
pasteur lsaac Dumas, de Soustelle, était en 1690 relégué «à Narbonne (C. 170).
(2) François Dumas, ministre de Vézenobres. C. 167. (Voir abbé Rou-
•quette : les Poètes Cévenols, p. 20.)
(3) C'est le cas de Darvieu, retiré dans sa ferme de la Selve, près de Sauve.
Interrogé en 1697 sur une assemblée secrète qui s'est tenue près de chez lui,
il déclare que les assistants, plutôt que de passer devant sa maison pour se
•rendre au lieu marqué, ont fait à droite et à gauche de son logis un détour
de 150 à 200 pas, « car lesN. C. depuis sa conversion le craignent, le haïssent,
■et lui disent mille injures ». (C. 176, dossier de l'Assemblée du Bois du Ranc.
*v. Douen, Les premiers pasteurs du désert, II, 283. C'est l'assemblée dont il
^est question Bull. XXXIX, 1902).
291
ÉTUDES HISTORIQUES
signait un acte d'abjuration en qualité de témoin. La con-
version de son frère le pasteur attira sur lui la bienveil-
lance de l'intendant. Dès le début de 1686, il portait le
titre de « subdélégué » de Bâville. En cette charge il était
appelé à informer contre les Nouveaux Convertis qui
montraient déjà ce que valait leur prétendue soumis-
sion. 11 ne se déroba point à ses devoirs nouveaux. Le
21 février» il dresse procès-verbal d'un conflit armé qui a
mis aux prises les soldats cantonnés à Lasalle et des
protestants qui vers Saint-Félix, à cent mètres du temple
où son frère prêchait cinq mois auparavant, leur ont tiré
des coups de fusil. La procédure, poursuivie par Bâville
en personne, aboutit à l'exécution de Teissier, viguier de
Durfort, dont Louis de Bagars a consacré le fils, main-
tenant exilé en Suisse (1). Le 31 mars, il verbalise contre
le « crime » d'Antoine Dumas, de Lasalle, qui dans
l'église du lieu a interrompu le sermon du missionnaire
Aiguisier (2). Enfin lorsque en août 1687 les négociations
entamées à Lasalle entre le maître de camp Dugua et
Vivens, décident celui-ci à quitter la France avec les
autres prédicants, c'est Pierre de Bagars qui, avec un
officier, conduit la première troupe de 45 personnes jus-
qu'aux frontières d'Espagne (3). Lorsque deux ans plus
tard Vivens revint dans les Gévennes, Pierre de Bagars
veillait encore aux intérêts du catholicisme. Ce fut lui qui
par l'interrogatoire d'un prisonnier, Louis Manoël, arrêté
par une patrouille (26 août 1689), put apprendre le pre-
mier à Bâville que le célèbre prédicant était dans le pays
depuis trois semaines (4). Un mois après, il interro-
geait encore deux habitants de Lasalle coupables d'avoir
laissé échapper de leur maison un individu suspect que
le R. P. Gélibert y avait enfermé (5).
Pierre de Bagars poussait son propre fils Louis dans
la voie où il marchait lui-même. Ce dernier, âgé de 15 ans
(1) Arch. Langued. C. 160.
(2) Ibid. C. 164.
{?>) Archives particulières.
(4) Arch. Langued. C. 170, dossier David Ouct, prédicant.
(5) Ibid. C. 170.
ÉTUDES HISTORIQUES
295
à la Révocation, avait abjuré comme son père et sa
mère (1). Le bailli devait en 1691 acheter pour lui la charge
de lieutenant de milice bourgeoise. Le jeune homme se
trouva ainsi à la tête de l'un de ces détachements
composés de catholiques que Bâville avait organisés
dès 1688, qu'il créait dans tout le Languedoc pour sup-
pléer au manque de troupes régulières, et dont la fonction
consistait spécialement à courir sus aux assemblées et à
pourchasser les prédicants.
Il paraît cependant que la colère des Nouveaux Con-
vertis se portait moins contre lé bailli et son fils que
contre leur frère et leur oncle, le pasteur apostat. Les
religionnaires gardaient pour les ministres pensionnés
une persistante répugnance. Il avait fallu donnera Cheiron
une escorte de soldats pour le protéger dans la ville de
Nîmes. Les esprits n'étaient pas moins surexcités dans les
Cévennes. On se souvenait que Bagars avait donné la
cène le jour même où était rendu l'arrêt fatal qui con-
damnait son temple de Saint-Félix (2) , que « ce jour-là
il avait prononcé anathème contre ceux qui abandonne-
raient la profession de la vérité ». Le Maranatha mystérieux
de Saint Paul (l Corinthiens XVI, 22) qu'il avait prononcé
contre les traîtres, en les excommuniant suivant la for-
mule de la discipline (3), s'était donc retourné contre lui.
« Le peuple qui l'avait en exécration, l'appelait Maranatha,
dit Brousson, les catholiques romains faisaient de
même (4). » Méprisé par ses anciens coreligionnaires et
plaisanté par les nouveaux, il ne lui restait que la ressource
de prouver son zèle à l'intendant. H n'y manqua point.
Consul de Lasalle en 1686, puis en 1690 et en 1691, il
allait fournir au début de cette dernière année une
preuve de son dévouement à l'Eglise, qui devait décider de
sa perte.
(1) Celle-ci s'appelait Anne de Mestre.
(2) Bull. VIII, 5.
(3) Discipline des Égl. Réf. de France, chap. v, art. 16. Forme de l'excom-
munication.
(4) Relat. des merveilles... p. Î53.
'296
ÉTUDES HISTORIQUES
* *
Les hauteurs boisées qui environnent le vallon de
•Lasalle, les plateaux de Sainte-Croix de Caderles, de Sou-
•4 orgue s, de Colognac, de Monoblet et de Vabres, avaient
été pendant l'été et l'automne de 1690 un des séjours
favoris des prédicants. Vers le mois de novembre, à
Caderles, Brousson avait réuni presque tous les prédica-
teurs itinérants qui sous sa direction et celle de Yivens
essayaient avec l'ardeur ingénue de leurs exhortations
populaires, de restaurer les Eglises détruites. Ceux-ci
comptaient à Lasalle de fidèles amis. Des femmes, des
jeunes filles, leur portaient, dans leurs retraites, dans les
taillis de chênes verts, ou sous les châtaigniers, de l'ar-
gent, des vivres, des vêtements. Encouragés par ces compli-
cités, les prédicants eurent la témérité de descendre dans
I-e vallon, et jusqu'au bourg. Dans les derniers jours de
janvier 1691, une assemblée religieuse se tint dans le
Mas de la Vivaryé, chez Guillaume Fournier, tout près de
l'unique rue qui forme l'agglomération de Lasalle. L'en-
itreprise était osée, elle ne demeura point secrète, et le
matin du 30, l'ancien pasteur devenu consul, avec son
neveu Louis de Bagars lieutenant de bourgeoisie, un
unaréchal de logis et quelques cavaliers du régiment du
€hâtelet (compagnie de ])uminy) se mirent en mesure de
fouiller le mas de la Vivaryé et les métairies voisines.
Dumas du Solier, ils montent au Puech de Clarou. Arrivé
devant la maison d'Etienne Dolmet, un soldat en voit sou-
dain sortir deux hommes qui prennent la fuite vers le
sommet de la montagne, à toutes jambes. 11 appelle ses
compagnons qui accourent hors d'haleine. Seul, le jeune
Louis de Bagars peut, avec le soldat, poursuivre quelques
instants les deux fuyards, dont l'un porte « un manteau
ou brandebourg obscur doublé de rouge. « Le dragon tire
un coup de mousqueton sur l'homme au manteau, qui
tombe, mais se relève, pour « grimper le bois de toute sa
force » et disparaître du côté de Soudorgues. Un jeune
garçon du Puech de Clarou fournit le lendemain le nom
298 ÉTL'DES HISTORIQUES
des deux inconnus. Une demi-heure après la surprise, au
Pont de Micoulaud, il avait rencontré Etienne Plan, de
St-Martin de Corconac, qu'il connaissait pour l'avoir vu
à Lasalle travailler de son métier de cadissier, et celui-ci,
ému et essoufflé, lui [avait dit « qu'on venait de tirer
sur son frère (1) ». Etienne et Paul Plan étaient connus
comme prédicants. Si le consul Bagars sut leurs noms,
ils surent sans aucun doute également que c'était lui qui
avait conduit le détachement contre eux. Le jour même
deux femmes étaient arrêtées à Lasalle, et une information
ouverte au sujet de l'assemblée soupçonnée. Le surlen-
demain Bagars faisait saisir et séquestrer les meubles du
mas de la Vivaryé. Quelques patrouilles ordonnées par
lui allaient jusqu'à Caderles se saisir de quelques réfor-
més suspects. 11 n'en fallut pas davantage pour que
désormais le bruit courût dans toute la région que l'ancien
pasteur « devenu un insigne persécuteur, conduisait et
commandait lui-même les soldats lorsqu'ils cherchaient
les saintes assemblées et les ministres de l'Évangile
pour les prendre morts ou vifs (2) ».
Les ennemis déclarés des prédicants savaient ce que
pouvaient leur coûter leurs efforts. Vivens et ses compa-
gnons cheminaient armés, personne ne l'ignorait dans
les Cévennes, et leurs balles ne visaient pas uniquement
les soldats du roi. Aux environs de Lasalle, l'espion
Mielgues, de Caderles, le curé Refrégier, de Peyrolles
avaient été tués (31 oct., 5 nov. 1689 . En avril ou
mai 1690, au logis de l'Asclié, sur un passage très fré-
quenté du chemin de crêtes qui menait de Lasalle à
l'Aigoual, un certain Carbonnel avait été assassiné. Le
3 octobre 1690, le vicaire de Soudorgues, Grégoire
Cabanes, ayant surpris au mas de Briontet deux prédi-
cants attablés, avait reçu un quart d'heure après, au valat
(1) Arch. L. G. 171 L'information fat faite par Pierre de Bagars . Le frère
d'Etienne Plan dont il est question ici est sans doute Paul, qui prêchait. Le
troisième frère, Pierre, n'accompagnait pas toujours ses aines. Sur les frères
Plan, \o\rBull. XLVI 505. Il y aurait à rétablir dans un meilleur ordre chro-
nologique les faits rapportés, p. 501 el 508).
2 Urousson. Relal. </ew Merveilles, p. 53.
ÉTUDES HISTORIQUES
299
des Horts, une balle au travers du corps, qui l'avait tenu
deux mois au lit. Le 28 ou le 29 octobre, à Roquedur, près
du Vigan, le corps du fermier du mas de Quinty, David
Séverac, capitaine de milices, avait été retrouvé assommé
à coups de pierres avec un billet vengeur piqué sur la
poitrine. L'exaspération des prédicants se doublait au
printemps de 1691 des espérances qu'ils fondaient sur
l'arrivée prochaine dans le Languedoc d'un corps de sol-
dats étrangers. C'est au début de mars, en effet, que
Brousson, d'accord avec Vivens, écrivit au comte de
Schomberg le fameux « billet » qui joua un rôle si grave
clans son procès. Les deux pasteurs y suppliaient leurs
amis du Piémont de jeter dans les Cévennes 2 000 hommes,
ou 1000, ou « au pis 500 hommes choisis, et des officiers
surnuméraires ». Ils affirmaient que « le coup sur »,
était de débarquer le contingent, le soir, entre Montpel-
lier et Aiguës- Mortes, de le mener pendant la nuit jusque
vers Cannes (entre Quissac et Saint-Mamert). De là les
soldats prendraient entre Durfort et Saint-Félix, passe-
raient proche de Lasalle, et gagneraient les environs de
Saumane, dans la vallée Borgne. C'était à peu près le
cœur des Cévennes, où le peuple se ramasserait de tous
côtés (1).
Il importait, par conséquent, en 1691, de préparer
spécialement la région de Saumane et de Lasalle au rôle
spécial qu'elle allait bientôt jouer.
Brousson pensait avant tout à éveiller la piété des
réformés, Dieu ne devant délivrer son peuple que si
celui-ci lui rendait gloire par une consécration totale à la
vérité. Vivens qui ne distinguait point entre le droit à la
résistance collective et la légitimité des représailles
individuelles, prétenditeontinuer ses exécutions. Le matin
du 19 mai, près d'Aire de Caute (entre Valleraugue et
Saint-André de Valborgne), le curé Vernède, de Saint-
Marcel de Fonfoulhouse (près Saumane) tombait frappé
d'une balle. Brousson, dont le compagnon ordinaire,
(1) Douen, II 116.
300
ÉTUDES HISTORIQUES
Henri Portai, avait eu cependant sa part dans l'affaire,
protesta hautement contre le nouveau meurtre, dit à
Yivens qu'il était « un homme de sang » et redescendit
immédiatement vers Anduze.
Vivens et ses amis demeurèrent entre l'Aigoual et
Durfort, poursuivant leur œuvre de prédication et d'inti-
midation.
La mort de Bagars entrait dans leurs plans. Il ne paraît
pas assurément qu'ils y cussentsongé longtemps d'avance,
mais les circonstances leur offrirent une occasion de
nettoyer le pays d'un homme dangereux.
Les détails de l'assassinat ayant fourni matière à quel-
ques discussions, on nous excusera de donner aux pages
qui suivent la forme d'un exposé critique.
Le récit de l'affaire nous a été conservé d'abord dans
la double déposition d'un homme qui accompagnait Bagars
et faillit périr avec lui, Antoine Gervais (30 ans), facturier
de laines à Lasalle, qui remplissait dans le bourg les fonc-
tions d' « huissier » et de « valletdes consuls ». Le 18 dé-
cembre 1691, dans des conditions que nous dirons plus
loin, il racontait la scène au Fort de Saint-Hippolyte
devant le subdélégué Daudé, du Yigan (1).
Le matin du 27 juillet 169 J (2) Gervais partait de
Lasalle, et par le chemin royal qui par le col du Mercou
menait à.Saumane, puis à Saint-Romans ou à Saint-André
de Yalborgne, conduisait à Pomaret, près de Saint-
André, deux chevaux au consul Louis de Bagars, et au
sieur Yalmalle, de Saint-Hippolyte (3). Les deux hommes
avaient « pris les eaux » dans le hameau, depuis quel-
(1) Arch. L. C. 171. Dossier des accusés pris au Mas de Montredon (S.
André de Valborgne).
(2) Il dit « en août ». Le registre curial de Lasalle nous permet de corri-
ger la date. Bagars ayant été enterré à Lasalle le 28 juillet, nous supposons
qu'il est mort la veille.
(3) Le col du Mercou est encore franchi par la route qui joint l asalle à
l'Estréchure. La route actuelle monte lentement sur chaque versant, sur le
ilanc des pentes. L'ancien chemin suivait de chaque côté le fond des ruisseaux
pour attaquer le col en rudes zigzags.
Le versant nord du col du Mercou et l'ancien chemin royal.
A gauche le valat où était embusqué P. Colognac.
Vue prise en hiver, cliché J. Dagnière.
302
ET U D ES II ! ISTORI Q UES
ques jours, aux « sources de la santé » qui y sont connues
encore, et ils pensaient rentrer le soir à Lasalle. Tous
deux montent sur les bêtes que leur amène le valet,
lequel suit à pied. Au crépuscule les trois hommes sont
au Pont de Vallongue, et soupent au « logis » où les r
voyageurs faisaient halte avant de gravir le versant nord
du col du Mercou. On repart, on atteint les lacets que le
chemin royal, au milieu des chênes verts et des châtai-
gniers décrit sur la raide pente, et dont un sentier de
montagne abrège par instants les méandres. « Le Sr de
Valmalle étant le premier, le déposant [Gervais] venait
après, avec le Sr de Bagars, à une portée de pistolet, et
le déposant ayant pris un sentier, dans le temps que le
S' cle Bagars était au tournant du chemin, il aurait entendu
devant lui le S1" de Valmalle qui cria : « Ah! Messieurs
que voulez-vous faire î » et à même temps, il vit deux
hommes qui étaient à sept ou huit pas de lui [Valmalle],
par-dessus le chemin, qui lui lâchèrent deux coups de fusil,
et led. Sr de Valmalle se sauva au galop [vers le haut],
ayant tombé son chapeau; et s'étant tourné vers le S1 de
Bagars il [Gervais] vit qu'il mit pied h terre et prit la
fuite en bas, quittant le chemin royal et suivant le
vieux sentier, criant : « Ah! mon Dieu! je suis mort! »
Et à même temps deux autres hommes qui étaient par-
dessus le chemin lui tirèrent deux coups de fusil et le
manquèrent, et le Sr de Bagars, courant toujours pour
aller rejoindre [au bas des lacets] le grand chemin [qui
menait par une pente plus douce au Pont de Vallongue],
deux autres hommes qui sortirent du bas du ruisseau lui
tirèrent, desquels coups il tomba à terre. Et dans le
moment tous six allèrent sur le déposant, lui deman-
dèrent d'où il était, s'il connaissait ces gens-là, et le
répondant ayant répondu qu'il ne les connaissait pas, ils
lui dirent pourquoi il portait une [petite] épée et une
manche doublée de rouge avec des boutons d'étain. El
leur ayant répondu qu'il était un huissier, ils lui prirent
sa casaque, son ceinturon et son épée, le ceinturon étant
de peau blanche piquée de soie blanche et couleur d'or
ÉTUDES HISTORIQUES
303
avec une boucle de lailon, et. lui dirent qu'il fallait penser
à mourir. Et l'auraient tué sans ce qu'il leur demanda plu-
sieurs fois la vie, et l'ayant lâché, ils dirent : « Il est bon
qu'il apporte la nouvelle que le persécuteur est mort. »
Et ils allèrent sur le Sr de Bagars avec leurs bayonnettes
à la main le poignarder tout mort, après avoir rechargé
leurs fusils ; ayant, outre cela, pris le sac de selle du
Sr de Bagars que le déposant portait, avec le chapeau du
Sr de Yalmalle. »
Une seconde déposition de Gervais (1) est, dans l'en-
semble, identique à la première. Gervais ajoute seule-
ment qu'il a fui, vers le bas de la côte, dès qu'il a vu Val-
malle attaqué. Il modifie son premier témoignage sur
un seul point. Ce sont les deux hommes qui ont tiré la
première fois sur Bagars qui, après la fuite éperdue du
consul, ont marché les premiers sur Gervais, et c'est pen-
dant qu'il était menacé par eux et par les deux compa-
gnons venus de plus haut, qu'il a entendu résonner plus
bas un seul coup de feu, celui qui a tué Bagars. Le meur-
trier et un autre compagnon sont alors montés à leur
tour vers le prisonnier, annonçant la mort du consul; et,
proposant de laisser la vie au valet, ils l'ont fait relâcher
après l'avoir eux-mêmes dépouillé. Un dernier détail a son
importance. Parmi les deux hommes qui sont les premiers
venus sur Gervais, l'un avait « un justaucorps jusqu'en
bas et les cheveux [cachés] dans une coiffe. » Celui-là est
le seul ensuite qui ne soit point « descendu sur le corps
de Bagars pour le poignarder » .
A ces deux dépositions du valet des consuls de Lasalle,
correspond exactement la double déposition de l'un des
hommes qui s'étaient embusqués pour attendre l'apostat,
et qui révéla à Bâville le nom des coupables. Pierre Val-
deyron (20 ans) tisserand, du Mas de La Salle (paroisse
de Valleraiigue) avait vu pour la première fois Vivens
dans une cerclière (2) voisine de Calviac (près Lasalle) au
(1) Arch. L. C. 172. 2 juin 1692 à Valleraugue, devant Daudé. Dossier
Etienne et Paul Plan.
(2) Bois taillis de jeunes châtaigniers.
304
ÉTUDES HISTORIQUES
début de juillet 1691, et s'était mis de la troupe armée
qui le suivait. Sous le nom de guerre de Languedoc , il
devait l'accompagner pendant six mois et demi. En jan-
vier 1692, saisi dans les environs d'Anduze alors que
Vivens était dans la grotte de Carnoulès (près S1 Sébas-
tien d'Aigrefeuille) , il fut conduit au fort d'Alais, parvint
à cacher son nom, fut enfin reconnu dans des circons-
tances qui demeurent obscures, confronté avec un dragon
d'Anduze, nommé Liron, ami comme lui de Vivens, et
conduisit enfin les soldats d'Alais jusqu'à la retraite du
prédicant. Tl semble assuré que la vie et la liberté lui
avaient été offertes pour le prix de sa trahison ; cependant
il fut gardé quelque temps dans les prisons d'Alais ou de
Saint-Hippolyte. Interrogé d'abord par Bâville lors du
procès fait au cadavre de Vivens (cette déposition est
perdue), il répondit une seconde fois devant le subdélégué
Daudé au fort d'Alais le 26 février 1692, et rapporta le
détail de ses courses errantes, avec une minutie qui
confond. L'exactitude de ses souvenirs nous est garantie,
cependant. Un autre des compagnons de Vivens, Abraham
Ducros, de Lasalle, dit Chrestien, dans un interrogatoire
daté également du fort d'Alais, et du 26 février, raconta
un voyage d'un mois qu'il avait fait de Lasalle vers le
Vigan avec Vivens et sa bande (1), et son récit tout aussi
détaillé concorde avec celui de Valdeyron. Nous ne pos-
sédons point, pour la partie de la déposition de ce dernier
qui concerne l'affaire de Bagars, des moyens de contrôle
aussi rigoureux, mais des témoignages relatifs aux assem-
blées secrètes tenues aux environs de Lasalle en juillet et
en septembre 1692, avant et après la mort du consul, et
qui s'accordent avec les souvenirs de Valdeyron, nous ôtent
toute raison sérieuse de douter de sa sincérité. Il n'appa-
raît pas, d'autre part, qu'il ait voulu charger d'une res-
ponsabilité particulière tel de ses anciens compagnons. Il
ne parle point par vengeance. Il a pris simplement le parti
de tout dire. C'est tout au plus, on va le voir, s'il cherche
(1) Arch. L. C. 172. Dossier Liron. La déposition de Valdeyron est dans h
même dossier.
ÉTUDES HISTORIQUES 305
une fois à pallier sa propre culpabilité, comme s'il dou-
tait encore des promesses qui lui ont été faites.
Suivons maintenant le récit qu'il fait du meurtre.
■» *
Après une assemblée pieuse qu'il a tenue au Valat
{ruisseau) de Fossemale (entre Lasalle et Monoblet) vers
le 15 juillet 1691, Vivens, avec son suivant ordinaire,
Papus de la Verdogie (dit La Bouvière) et avec Valdeyron,
.se réfugie près de Lasalle., dans la cerclière d'Olivet. Le
.prédicant David Gazan (dit La Jeunesse, de S-Marcel de
Fonfoulhouse) et son frère Jean ; le prédicant Paul Colo-
gnac (de Cros, dit Dauphiné) avec David Grevou (dit La
Verdure, de S -Martin de Corconac) et Jacques Capieu
{dit La Bonté, de SVPaul la Coste) les y rejoignent. Vivens
confère avec les nouveaux venus, puis il part, avec Val-
deyron et La Bouvière « comme pour aller prendre les
eaux de Pommaret ». Ils vont au Mas du Fouet (sur le
versant sud du col du Mercou), passent le lendemain jus-
qu'au Mas de Las Ondes (au nord de S^Martin de Cor-
conac), puis le jour suivant jusqu'à un valat, près de la
fontaine de Pommaret, où Vivens prit les eaux pendant
six jours, les allant quérir de nuit à la fontaine. « Le cin-
quième jour [26 juillet] le cadet Espaze [Jean Espaze 22 ans,
faiseur de bâts, du Mas de Liron, paroisse de Soudorgues],
vint dire à Vivens que La Jeunesse , les Plan [Etienne, Paul,
<et aussi Pierre ?} et Dauphiné, le priaient de leur envoyer La
Bouvière pour leur aider à assassiner Bagars, consul, que
c'était mettre en repos le lieu de Lasalle. Et La Bouvière,
Valdeyron et Espaze étant partis, allèrent rejoindre
Étienne Plan, Dauphiné et Pierre Gay [de Sumène, il allait
devenir prédicant], qui étaient le long de la côte du col
-de Mercou vers le [sur le versant du] Pont de Vallongue.
Les Sieurs de Valmalle et Bagars étant venus, Valdeyron
et La Bouvière étant plus haut que les autres firent
signe à Valmalle de passer... » Contrairement à Gervais,
Valdeyron prétend donc que les deux hommes postés le
plus haut ne tirèrent point. C'est qu'il est l'un des deux.
20
306
ÉTUDES HISTORIQUES
ce Valdeyron ayant entendu tirer de suite, et on dit que
Bagars était mort, sans que Valdeyron Fait vu... », ce qui
est vrai, car au témoignage de Gervais, Bagars est tombé
au bas de la côte, loin des quatre premiers compagnons,
et sa fin n'a été connue d'abord que par le témoi-
gnage du meurtrier, lorsqu'il est monté vers ses amis.
Valdeyron ne parle point des coups de bayonnette donnés
au cadavre, il désigne Dauphiné comme l'auteur direct
de la mort du consul (nous reviendrons sur ce point), et
continue : « Et de là Valdeyron et La Rouvière allèrent
rejoindre Vivens [à Pommaret l et partirent à. l'instant avec
ledit Vivens et Cévennes [c'est un Cévenol dont le vrai
nom était Pomaret] et allèrent à Las Ondes dans un valat. »
Le 2 juin 1692, à Valleraugue, Valdeyron était appelé
à confirmer son témoignage, qui devait servir à confondre
Étienne et Paul Plan, lesquels venaient d'être arrêtés. 11
renouvela ses premières déclarations, ajoutant qu'à la
cerclière d'Olivet, aux divers prédicants qui avaient conféré
avec Vivens, il fallait ajouter les trois frères Plan. Mais il
mit en avant le personnage de Cévennes pour s'innocenter
cette fois de toute participation au meurtre, dont il
n'aurait eu connaissance que par Cévennes lui-même. Le
cadet Espaze, affïrma-t-il, vint trouver Vivens à Pomaret,
où celui-ci était avec Cévennes, La Bouvière et Valdeyron.
Il demanda La Rouvière, de la part de La Jeunesse, les
Plan et Dauphiné qui attendaient Bagars à son retour des
eaux, « Ils croyaient n'être pas assez forts pour entre-
prendre l'action, à cause qu'on disait que le sieur Ville-
neuve (sic) devait descendre avec le Sr de Bagars; mais
que pourtant ils l'entreprendraient, forts ou faibles ».
La Rouvière n'ayant pas voulu y aller seul, Cévennes [et
non plus Valdeyron] partit avec lui. Le soir, dans la nuit,
Cévennes [et non Valdeyron] revint sans fusil, portant la
nouvelle que Bagars était tué. Valdeyron ajoute, et avec
raison comme on verra, que La Rouvière ne rejoignit pas
Vivens immédiatement, mais seulement quatre ou cinq
jours plus tard, et au Mas de Las Ondes. A part la subs-
titution intentionnelle de Cévennes à Valdeyron, le nom
ÉTUDES HISTORIQUES
307
des acteurs du drame est le même. « Cévennes dit à Vivens
qu'ils étaient six : Dauphiné [Paul Colognac], Étienne
Plan, Pierre Gay, La Bouvière, Espaze et lui ».
D'autres dépositions confirment, en tout ou en partie,
l'exactitude des détails précédents. Le sieur Fabre, de
Montredon (près Lasalle), tenait de Gavanon, un jeune
homme de Lasalle qui suivit Vivens à la fin de septem-
bre 1691, que La Bouvière avait été de l'action, en même
temps que Dauphiné, les Plan [sic) « et d'autres » (1).
Guillaume Ducros, de Lasalle, frère d'Abraham, avait
entendu, vers novembre 1691, Espaze le cadet raconter à
quelques amis que l'affaire avait été accomplie par Espaze
lui-même, La Bouvière, Languedoc [Valdeyron], Gay,
Dauphiné, et les Plan, qui « deux jours durant avaient
attendu Bagars à demi-côte du col du Mercou »(2), Papus
enfin [La Bouvière), bien qu'il ait nié avoir pris part lui-
même à l'assassinat, donna le&noms des Plan, d'Espaze
et de Colognac [Dauphiné) , et, dans la chambre de
torture y ajouta, non pas le sien, mais ceux de Pierre Gay
et de Languedoc (3).
On pourrait objecter, à vrai dire, que Gervais, six
mois après le meurtre, crut reconnaître deux des assassins
dans deux personnages dont l'un n'a pas été nommé
encore. Le 17 décembre 1691, à Saint-Hippolyte, il était
mis en présence du cadavre de David Grevou [La Verdure)
et des prisonniers Jean Gazan, Jean Espaze [le cadet], et
David Teyssonnières (dit La Violette, de Cros, 19 ans)
ramenés par les soldats des environs de Saint-André de
Valborgne. Le 18, après avoir examiné le mort et les
vivants « pendant deux jours et à divers reprises », il
donnait du meurtre de Bagars le récit que nous avons
déjà mentionné, et déclarait reconnaître Teysonnières
pour l'un des premiers qui avaient tiré sur le consul, et
Grevou pour l'un des derniers « le dit Grevou faisant
(1) Arch. L. G. 174, dossier Papus[£a Rouvière]. Déposition du 9 mars 1695.
(2) Même dossier. Dép. du 9 octobre 1693 (provenant du dossier Paul
Colognac, lequel se trouve G. 173).
(3) Ib'id. G. 174 dossier Papus. Dernier interrogatoire du 8 mars 1695;inter-
rog. à la question 8 mars. - •
ÉTUDES HISTORIQUES
plus le méchant qu'aucun des autres » (1). On pourrait
s'étonner également que Gervais n'eût point reconnu
Espaze qui lui fut présenté. Mais il faut songer que le
valet des consul savait peu vu les agresseurs de son maître,
et sous les arbres, et au crépuscule; que Grévou, abattu
de mort violente était mort depuis le 16 décembre au
soir, et que Teyssonnières gisait percé de plusieurs coups
de bayonnelte. Ce sont là tout autant de conditions qui
expliquent que Gervais ait commis une triple erreur.
Nous ne comprenons point en effet comment ni
Grevou ni Teyssonnières n'auraient été mentionnés par
Valdeyron, Ducros et Papus, et nous croyons par consé-
quent pouvoir affirmer sans la moindre hésitation que
participèrent à l'embuscade : le prédicant Paul Colognac
{Dauphiné) ; Pierre Gay et Papus qui devaient devenir pré-
-dicants àleur tour; Valdeyron et Espaze, qui suivaient les
prédicants comme « accompagnateurs », et enfin Étienne
Plan, compagnon ordinaire de son frère Paul, et prédicant
comme lui, et qui avait tenu à venger sur le consul le
coup de feu que son frère avait reçu au Puechde Clarou.
Il est même possible d'aller plus loin, et d'assigner à
■quelques-uns de ces hommes leur rôle particulier dans
l'affaire.
Valdeyron et La Mouvïère, d'après Valdeyron lui-
même, étaient postés plus haut que leurs compagnons.
Les meurtriers, pour dissimuler au moins quelques traits
■de leur signalement, avaient caché leurs cheveux [longs]
sous leur coiffure. La Bouvière, plus précautionneux
encore, avait quitté son justaucorps et mis «. une veste
;blanche » (2).
Entre les deux hommes qui tirèrent les premiers sur
'Bagars, Gervais a remarqué celui qui avait un « justau-
corps vert boutonné jusqu'au haut ». Valdeyron, dans sa
seconde déposition, nous apprend que c'était Étienne
Plan, qui pour se déguiser, « avait mis son justaucorps
(1) Arch. L. G. 171. Dossier des accusés du Mas de Montrcdon.
(2) Une « camisolle blanche » dit Gervais, quand il lui fut confronté, et
«qu'il le reconnut (C. 174, 6 mars 1695).
ÉTUDES HISTORIQUES
309*
tourné [à l'envers], la doublure verte paraissant, comme
si c'était le justaucorps d'un dragon, étant boutonné
jusqu'au fond ». Quelques mois après l'assassinat, le
tailleur Grail, de Lasalle, grand ami des prédicants, fuyant
une arrestation imminente, vint joindre Vivens au château
de Rouville (près de Saint-Jean), et Valdeyron l'entendit
dire que la casaque doublée de vert avait été faite par lu»
pour Etienne Plan, et qu'après l'affaire, le même Plan*
lui en avait fait découdre la doublure, trop compromet-
tante pour lui.
Enfin Colognac était embusqué au plus bas de la
pente, dans le creux du ruisseau qui, à gauche du chemin,,
descend du col. Gervais le reconnut formellement pour
être venu à lui « le dernier, du fond du valat, après avoir
tiré sur Bagars » (1) . 11 n'est pas douteux en effet que ce
ne soit Colognac qui ait tué l'ancien pasteur qu'il déclara,,
lors de son procès « avoir ouï prêcher quand il était à
Saint-Félix ». Dans sa première déposition, Valdeyron-
affirme qu'il n'a pas vu tomber Bagars, mais il ajoute :
« ayant ouï dire à Dauphiné que son fusil ayant manqué^,
il l'avait tué d'un coup de pistolet, lequel pistolet Marion
Vestieu, de Saint-Hypolyte leur (sic)- avait donné, avec-
son semblable qui avait appartenu au sieur Vestieu son*
frère qui est sorti du royaume », (2). Il répète, dans sa
seconde déposition, que « Dauphiné a fait le coup, et tué
Bagars d'un coup de pistolet ». Enfin Abraham Ducros
(Càrestien), clans le procès d'Etienne et de Paul Plan,
témoigna à Valleraugue, le 2 juin 1692, qu'il avait entendu,
dire à Dauphiné prédicant, que c'était lui qui avait tué d'un*
coup de pistolet le sieur de Bagars, « lui ayant montré le
pistolet, disant qu'il aimait mieux celui-là que Vautre ». Ce-
détail n'est point de ceux que l'on invente.
Le meurtre consommé, et Gervais relâché, l'« habillé
de vert », Etienne Plan, s'éloigna seul, tandis que les>
(1) Arch. L. C. 173 dossier Paul Colognac. Gonfrontationde Gervaisà Colo-
gnac, 6 octobre 1693.
(2) Jean Vestieu, de Saint-Hippolyte [et non Vestier], un jeune homme,
exclu de l'amnistie de 1683 pour avoir pris part aux mouvements de Saint-
Hippolyte, avait fui à Genève (P. Gachon... p. CXXVIll).
310
ÉTUDES HISTORIQUES
cinq autres allaient regarder le corps de Bagars, auquel
La Bouvière (au dire de Guillaume Ducros et de Gervais)
donna plusieurs coups de bayonnette. Gervais dépouillé
de son uniforme et meurtri de coups de pied, courut à
Lasalle donner avis de l'événement. Le soir même, à dix
heures, au logis de l'Asclié, l'hôte Toussaint Carbonnel
(un parent de celui qui avait été tué dans la maison
quinze mois auparavant), dut sortir de son lit et ouvrir la
porte à quatre hommes qui se disaient « des troupes du
Roi » (1), et qui entrèrent armés de fusils, de bayonnettes
et de pistolets. Il leur donna du pain et du vin. Trois se
mirent à table, La Bouvière, Capieu et Gay (?), deux de
taille assez bien prise et assez grande, un autre un peu
courbé, « vêtu d'un justaucorps bien boutonné, de
couleur brune avec des parements de manche rouges »,
qui était le justaucorps d'uniforme de Gervais. Un qua-
trième, de petite taille, le visage assez blanc, jeune, les
cheveux noirs, courts, et un peu crêpés, « faisait senti-
nelle à la porte, venant prendre de temps en temps à
manger et à boire, et retournant toujours à la porte pour
y faire sentinelle ». C'était Paul Colognac (et Carbonnel
le reconnut plus tard sans hésiter) plus agité que ses amis
parce qu'il avait plus à craindre (2) . Les quatre hommes
disent à l'hôte que le consul Bagars vient d'être tué, qu'il
ne tardera pas à voir arriver chez lui la compagnie de
Lasalle. Une heure après leur départ, en effet, la compa-
gnie de dragons était à l'Asclié, et y resta jusqu'au jour (3).
Les fugitifs avaient gagné le Yigan. Capieu y fut arrêté par
un soldat de bourgeoisie, puis relâché.
La Bouvière, quelques jours plus tard, vint retrouver
Vivens au Mas de Las Ondes, mais celui-ci, avant son
retour, avait pu conférer avec les autres prédicants.
11 avait appris au Mas, que La Jeunesse, Grévou, el les
Plans, au lieu de fuir, élaient demeurés sur un haut con-
(1) Des milices, naturellement.
(2) Voir Bull. LI 413, le signalement de Colognac. Confrontation de Car-
bonnel à Colognac, 6 octobre 1603. G. 173 dossier Colognac.
(3) Déposition Carbonnel, 11 oct. 1693 (C. 174 dossier Papa* I.n déposition
provient du dossier de Colognac).
ÉTUDES HISTORIQUES 311
trefort du Mont Liron, dans un bois qui dominait la
claie (1) des Cabanes (paroisse de Saint-Martin de Corco-
nac). Avec Valdeyron et Cévennes, il monta passer deux
heures avec eux, trouva dans la troupe le cadet Espaze et
le jeune Jean Gazan, eut une conversation particulière
avec La Jeunesse, Etienne et Paul Plan, se fit montrer la
petite épée de Gervais, qu'Etienne Plan avait gardée, en
même temps que le ceinturon de peau blanche (2), et
comme le prédicant avait aussi rapporté du Mercou le
chapeau de Valmalle, et se trouvait en avoir deux, Vivens,
usant de l'autorité que lui reconnaissaient ses compagnons,
fit remettre une des coiffures à Valdeyron (3).
On verra plus loin les conséquences que la mort de
Bagars produisit dans sa propre famille. Elle ne provoqua
point dans le vallon de Lasalle un redoublement de
rigueurs, car l'audace des prédicants s'y accrut étrange-
ment pendant les mois de septembre et d'octobre. Mais
quelques-uns des meurtriers tout au moins portèrent
cruellement la peine de leur attentat. Il nous reste à exa-
miner comment ils se défendirent, et ce que valent leurs
dénégations.
Jean Espaze, le premier saisi au Mas de Montredon
(Saint-André de Valborgne) ne fut pas recounu, nous
l'avons dit, par Gervais, et fut condamné aux galères
simplement comme complice des prédicants, par le
comte de Broglie (13 janvier 1692).
Valdeyron, après avoir livré Vivens, donné le nom de
ses hôtes et fourni la liste des assassins de Bagars, fut
utilisé comme témoin, et laissé en liberté.
Etienne et Paul Plan furent arrêtés à Figueyrolles
près de Valleraugue le 1er juin 1692. Dauclé recourut à
Valdeyron et à Gervais pour les charger du meurtre. Au-
(1) Petite maison à un étage, aménagée pour le séchage des châtaignes.
(2) Etienne Plan devait bientôt donner le ceinturon à Teyssbnnière (qui en
fut trouvé porteur).
(3) Déposition Valdeyron C. 172.
312
ÉTUDES HISTORIQUES
cun des témoins n'incrimina Paul Plan, qui fut seulement
accusé de « s'être tenu aux avenues. » Les dépositions,
étaient formelles contre Etienne. Celui-ci se contenta de
répondre « qu'il n'avait tué personne, qu'il ne savait si
les autres l'avaient tué [Bagars], qu'il ne pouvait répon-
dre que de lui-même. » Il est vrai, en effet, qu'il n'avait
point a tué » le consul. 11 nia d'ailleurs s'être trouvé,
avec son frère, au Puech de Clarou. A la torture (16 juin)
les deux frères n'opposèrent aux questions qu'un mutisme-
obstiné ou des dénégations. Ils furent pendus le même-
jour. Leur seule qualité de prédicants les vouait d'ailleurs
à la mort (1).
Pierre Gay, devenu prédieant, fut pris au Mas de
Maliestre, près de Lasalle, le 17 décembre 1692, en même-
temps qu'Antoine Compan, des Bousquets (paroisse de-
Soudorgues), ce dernier soupçonné d'avoir blessé le
vicaire de Soudorgues. Tous deux nièrent avoir pris part
à la moindre violence. Gay prétendit qu'au moment de la
mortdeBagars, il s'était trouvé « dans un désert, tout seul,
n'étant pas en bonne santé » . Transférés à Montpellier ils-
furent sans doute soumis à de nouveaux interrogatoires, qui
nous manquent. Tous deux furent envoyés aux galères (2). -
BestentPapus etColognac. Papusdela Verdogie devait
être arrêté le dernier à Montpellier le 7 février 1695r
sous le nom d'Olivier. Bâville ne découvrit que le
6 mars qu'il tenait la Rouvière, le « valet » de Vivens.
Confronté à Guillaume Ducros et à Gervais (6 mars), il
nia formellement être le personnage qu'ils reconnaissaient
en lui. Le 7 mars, il refusait encore d'avouer à Bâville.
qu'il était le compagnon de Vivens. Ce ne fut que le
8, dans son « dernier interrogatoire » qu'il convint de son
nom véritable. Il déclara que Vivens « leur faisait voir
par des passages de l'Ecriture Sainte que l'on pouvait
assassiner... et leur disait aussi que si un loup venait dé-
vorer le troupeau il fallait tuer le loup ». Il dit avoir em
(1) Arch. L. G. 172. Dossier incomplet. 11 manque des interrogatoires subis-
par les accusés à Montpellier.
(2) lbid. G. 172 dossier Gompan et Gay.
ÉTUDES HISTORIQUES 313-
connaissance du meurtre de Bagars, mais s'être trouvé
dans l'impossibilité de l'empêcher. Usant enfin du même
subterfuge que Valdeyron dans sa seconde déposition, il
prétendit que Vivens, de Pommaret, avait envoyé au col
du Mercou « Cévennes et Languedoc », mais non point lui-
même. A la torture (8 mars) il nia avec la même énergie,,
persista dans son système de défense et signa le procès-
verbal sans le moindre tremblement, avant de marchera
l'échafaud où il fut rompu vif comme « assassin et pertu-
bateur du repos public (1) ».
Paul Colognac avait montré la même obstination. IB
n'avait point caché son nom lors de son arrestation à Nîmes
(1er octobre 1693). A Montpellier, où il futimmédiatement
conduit, Bâville armé de la longue déposition de Valdeyron.
l'interrogea avec une habileté consommée. 11 le questionna*
d'abord sur sa vocation de prédicant, puis sur quelques dé-
tails du voyage qu'il avait fait vers le Vigan en octobre-
1691, en compagnie de Vivens, et dont l'accusé reconnut
l'exactitude. Brusquement entîn il lui demanda « s'il ne con-
naissait pas Marion Vestieu, et si elle ne lui avait pas donné-
deux pistolets? (2) ». Colognac répondit non, comme à
toutes les questions qui suivirent, et qui étaient relatives
à la mort du consul. Le 6 octobre, il nia encore, après
avoir été confronté à l'interrogatoire de Valdeyron, à la
déposition d'Abraham Ducros, à Gervais et à Carbonnel,
qui le reconnurent. Un nouvel interrogatoire du 11 (3),
ironique évidemment de la part de l'intendant, ne lui fit
pas avouer qu'il eût porté le justaucorps de Gervais, ni le:
chapeau de Valmalle. Le 12, dans le « dernier interroga-
toire », Bàville lui représenta vainement que « la déposi-
tion de Valdeyron était véritable j'en ce qui concernait
son rôle dans l'assassinat], puisqu'il avait convenu de
tous les faits sauf de celui-là. » Colognac déclara qu'il1
n'était point présent au meurtre. À la question, le 13, le-
(1) Arch. L. C. 174. dossier Papus.
(2) Voir Bull. XXX, 11, où Marion Vestieu, sur la copie des Papiers Frais-
sinet, est devenue « Mairon, vestière », de même que plus bas Les Plans-
sont devenus la Plaine. Le dossier Colognac se trouve C. 173.
(3) Résumé seulement Bull. XXX, 13.
ÉTUDES HISTORIQUES
greffier note que le bourreau ne lui tira pas un aveu. « 11
n'a fait que crier : « Mon Dieu, aie pitié de moi ! » Sur
la roue, le même jour, à Marsillargues, où il fut conduit,
il pardonna à l'exécuteur, à ses juges et à ses ennemis, et
ne montra « aucun signe de bon chrétien », entendons,
naturellement : de catholique.
* *
Après les témoignages formels que nous avons rappelés
plus haut, faut-il prêter aux dénégations d'Etienne Flan,
de Gay, de Papus et de Golognac, la valeur qu'y attachent
certains écrivains protestants? Il suffira de rappeler que
Papus ne convint qu'à la dernière extrémité avoir été
compagnon de Vivens, et que Golognac nia avoir présidé
des assemblées dont les assistants fussent armés. Bâville
ne s'y trompait point. 11 ne voyait dans les démentis que
lui opposaient les accusés, que des efforts résolus pour
échapper au supplice de la roue. Mais nous pouvons, dans
leur ténacité à nier l'évidence, découvrir un autre senti-
ment que la peur, à savoir une révolte forcenée contre le sort
qui leur était fait, et contre l'injustice effroyable de la
justice qui les accablait. Dans leurs âmes frustes et naïves,
où la colère avait éclaté en violences brusques, brûlait
une exaspération analogue à celle à laquelle Brousson
donna libre cours en 1693, lorsqu'un placard de Bâville
le déclara « perturbateur du repos public (1) ». Avec une
dignité hautaine, qui contraste avec les mots respectueux
par lesquels elle s'exprime « Permettez-moi, dit-il, de
représenter à Votre Grandeur, avec une humilité profonde
et dans la nécessité d'une juste défense, que je ne puis
pas vous reconnaître pour mon juge... parce que depuis
l'abolition des Édils... nous sommes privés de nos juges
légitimes, et traités non plus en personnes libres, mais en
esclaves... Je déclare que j'appelle de vos ordonnances
devant le tribunal de Dieu qui est le Roi des rois... le
souverain juge du monde, et un juste juge, qui est h4
maître que je sers. »
(1) Douen. Les premiers pasteurs du Désert, lï. 218.
ÉT U 13 ES H I STO R l Q U ES
315
Le meurtre de Bagars n'était point pour les prédicants
un assassinat, mais comme celui de Séverac, une mani-
festation.de la justice de Dieu, dont ils étaient les exécu-
teurs. Lorsque P. Colognac, dans une lettre, conservée
dans son dossier, écrivait au Sieur Moynier, de Cros, qu'il
était « extraordinaire ment affligé » d'apprendre les « ca-
lomnies atroces » qui couraient sur lui dans son vallon
natal, et de se savoir « accusé d'être un meurtrier » et de
vouloir tuer Moynier, quand il disait « je ne crois pas
qu'il y ait personne dans le monde qui ait sujet de plainte
contre moi » (1) , il ne raisonnait point autrement que Vivens
lui-même. Celui-ci qui avait dans son souvenir le meurtre
du curé Réfrégier, de Séverac et du curé Vernède, écri-
vait aussi à l'un de ses parents de Valleraugue, dans une
lettre que nous publierons ailleurs : « Ya-t-il aucune créa-
ture qui se puisse plaindre que je lui aie jamais fait
aucun tort? Eh quoi ! si je ne veux pas révolter des éten-
dards de mon Sauveur (sic), faut-il me faire la guerre
et me maudire comme un scélérat?»
Brousson lui-même, bien que les violences de Vivens
ne convinssent point à sa nature, et bien qu'en fait, depuis
1691 il cheminât seul et sansarmes, ne répudia jamais publi-
quement la solidarité qui le liait à Vivens, et couvrit tou-
jours les colères de ses compagnons les plus fougueux d'ex-
cuses qui lui paraissaient naturelles. 11 suffit de le lire de
près, pour constater que s'il voile parfois, en avocat con-
sommé, pour les besoins d'une cause qu'il plaide auprès
des autorités françaises et des pasteurs du Refuge, cer-
tains faits dont il a été témoin, il les connaît dans toute
leur brutalité, et atteste néanmoins qu'il en tient les
auteurs pour de bons ouvriers de l'œuvre divine. Que l'on
pèse par exemple les quelques mots qu'il consacre dans
sa Relation des merveilles, à Colognac et à la mort de
Bagars (2) « On a prétendu qu'en l'année 1691 ce jeune
homme avait été présent lorsqu'on avait tué dans les Cé-
(1) Arch. L. C. 173. Publiée in extenso. Abbé Rouquette Les Poètes céve-
nols, p. 29.
(2) P. 53. C'est nous qui soulignons.
316
ÉTUDES HISTORIQUES
vennes un ministre apostat appelé Bagars... Comme de
berger, il [Bagars] était devenu un loup ravissant qui
faisait plus de ravage dans la bergerie du Seigneur que
ses anciens ennemis, quelques jeunes hommes, transportés
de zèle et d'indignation, comme autrefois Elle, le tuèrent
dans un chemin. Brousson n'avait pas... approuvé cela, et
il n'avait pas ouï dire que le frère Colognac eût été pré-
sent à cette action. Depuis ce temps-là, il avait plusieurs
fois vu Colognac durant deux ans et demi, et il lui avait
toujours paru fort sage, d'une vie pure et sainte, plein de
zèle et de pété. » Si Ton songe qu'après avoir blâmé « cer-
taines actions qu'un zèle qui ne lui paraissait pas assez
modéré » avait fait commettre au frère Vivens, Brousson
de même proclame qu'au reste, la vie de celui-ci « était
pure et sainte et qu'il avait une piété angélique», on croira
fort possible de conclure des lignes qui concernent
Colognac que Brousson avait au moins quelques doutes
sur sa parfaite innocence.
Ce que Brousson dit de La Rouvière est tout aussi ca-
ractéristique. 11 écrivit de la Haye le 19 mars 1695, quand
il apprit la mort du jeune prédicant (1) : « Les juges ini-
ques qui Font condamné à un supplice barbare s'ima-
ginent qu'ils en ont eu un légitime prétexte, à cause que
feu notre frère Vivens et ceux qui l'accompagnaient, défen-
daient leur propre vie contre ceux qui voulaient les massacrer.
Mais cela ne les excuse ni devant Dieu ni devant les hommes. »
Peut-on nier, devant ces paroles, que Brousson savait
l'accusation de Bâville contre Papus, fondée en fait, et
connaissait la participation de Papus au meurtre de Bagars?
Il est constant, sans doute, que les réfugiés de Hol-
lande ne crurent point à la culpabilité de Papus, ni à celle
de Colognac. « L'histoire de Paul Coulougnac surnommé
Dauphiné » dont nous ne connaissons que le titre, exal-
tait la piété du prédicant et l'innocentait de tout crime (2).
La <( Belation » de la vie et de la mort de Papus (3), déclare
(1) Douen II 242. C'est nous qui soulignons.
(2) Bull. X, 215.
(3) Bull. X, 269. Imprimé d'après une copie manuscrite dont le débul avec
le titre et la fin sont perdus.
ÉTUDES HISTORIQUES
317
que ce dernier a été condamné sur deux faux témoignages.
(Ce sont ceux de Gervais et de Garbonnel, qu'il paraît
impossible de récuser). Elle s'indigne qu'un même crime
ait pu être imputé à Papus, à Colognac, et à « un jeune
homme roué en 1691 à Montpellier». Or ce jeune homme,
qui est Jean Roussel, de Caderles, était accusé de la mort
de Séverac, et non point de celle de Bagars, qui vivait
encore quand Roussel mourut, et il ne faut pas oublier
que Bâville avait recueilli les noms de six coupables dans
ses enquêtes touchant l'assassinat du consul. Les publica-
tions pieuses de la Hollande doivent être sérieusement
contrôlées. Ecrites loin du Languedoc, d'après des rela-
tions fautives, dans un milieu ardent qui transformait les
nouvelles d'après ses espérances, elles sont souvent sujettes
à caution. Comment oublier que Daniel de Superville,
par exemple, dans sa 2e lettre sur les «devoirs de l'Église
affligée » , combattit violemment « les noires calomnies »
suivant lesquelles Brousson aurait voulu introduire en
France des armées étrangères. Ces «calomnies » répétaient
cependant un fait aujourd'hui avéré (1).
Colognac et Papus, pour ne parler que d'eux, sont
donc du nombre des prédicants cévenols qui au col du
Mercou assassinèrent l'ancien pasteur Louis de Bagars.
Il faut le reconnaître sans ambages. Mais s'il est vrai que
pour juger équitablement des hommes il convient de se
remettre dans leur milieu, il ne sera pas inutile, en termi-
nant, de rechercher quelle impression produisit sur la
famille du consul sa dramatique fin. Or, si extraordinaire
que le fait puisse paraître, pour son frère — Pierre le bailli,
qui instruisait les procès faits aux Nouveaux Convertis, —
pour son neveu Louis, le lieutenant de milice bourgeoise,
la mort de Bagars parut un avertissementdu ciel (2).
Le soir du 1er octobre 1691, Brousson quittant le
(1) Voir Fonbrune-Berbinau. Daniel de Supe?'ville, 1886, p. 127.
(2) Pour ce qui suit voir l'interrogatoire d'Anne Baudoin, de Caderles, au
fort de Saint-Hippolyte, du 11 novembre 1691, conservé C. 191 dossier Brousson.
318
ÉTUDES HISTORIQUES
château de Cornely (Lasalle) pour aller célébrer un culte près
de la métairie de Las Sognes, et conduit par une jeune
fille de la maison, Louison de Bringuier(18 ans) , fut averti
par elle, en chemin, que le jeune Louis de Bagars assiste-
rait au culte, dont elle lui avait donné avis. Brousson la
blâma fort d'avoir pris une telle décision sans la lui avoir
communiquée d'avance, mais il ne recula point. Arrivé à
une claie de M. de Calviac, Brousson rencontra le lieute-
nant de bourgeoisie qu'accompagnait une fidèle amie des
prédicants, Anne Baudoin, de Caderles (19 ans). Il le
prit à part, causa longuement avec lui, et dans l'obscurité
les assistants entendirent bientôt pleurer le neveu du
pasteur apostat. On atteignit enfin le lieu désigné pour
l'assemblée. Brousson prêcha, donna la cène, et fit, en
terminant « un discours à Bagars, sur son heureux retour » ,
après quoi il lui remit plusieurs de ses sermons manus-
crits. Le fils les donna au père, celui-ci eut l'occasion de
les montrer au comte de Broglie, prétendant les avoir
trouvés sous une pierre à la porte de son jardin. Anne
Baudoin gronda son ami d'une imprudence si grande. 11
répondit que « cela était pour le mieux, et pour faire
voir la beauté des sermons. »
Le jeune de Bagars n'avait que 21 ans. 11 s'employa
pour les prédicants dans la mesure de ses forces, trouva
le moyen d'envoyer à La Jeunesse, qui lui avait demandé
des armes, quelques pistolets, une épée, et de la poudre
qui provenaient d'une distribution faite à la milice, le reçut
chez lui, assista à ses assemblées. Le bailli Pierre, sachant
le zèle d'Anne Baudoin, « la tira un jour à part, dans une
chambre de sa maison, et la loua beaucoup sur sa con-
duite, et sur la confiance que les prédicants avaient en elle
l'exhortant d'être secrète. » 11 affirma qu'il souhaiterait
d'avoir une conférence avec Brousson, ajoutanl qu'il
l'avait connu. 11 déclara qu'on avait tort de souffrir aux
assemblées de la jeunesse, qu'il n'y fallait que d'hon-
nêtes gens, et qu'il convenait de ne les faire que dans les
maisons.
Un changement si radical doit-il être attribué à la
ÉTUDES HISTORIQUES
peur? Prétendra-t-on que les deux Bagars, par leurs pro-
testations d'amitié, entendaient simplement échapper à
des représailles dont ils avaient éprouvé l'horreur? Un
mot du jeune homme montre au contraire que leur dou-
leur avait été sérieuse et morale. La mort du consul, du
ministre pensionné, loin d'être envisagée par eux comme
un odieux assassinat, avait été pour leurs cœurs un coup
de la colère céleste, qui blesse et qui guérit. « Le Sieur
de Bagars fils dit à Anne Baudoin que depuis la mort de
son oncle, ils vivaient d'une autre manière dans leur
maison, qu'il y avaient les Testaments, qu'ils faisaient des
lectures tous les soirs et la prière. »
Assurément cette ardeur ne dura pas longtemps. Dès
le mois de novembre, de nouvelles enquêtes ordonnées
par Bâville provoquèrent à Lasalle de nombreuses arres-
tations. Le bailli dut reprendre son rôle d'administra-
teur avec d'autant plus de sérieux que son fils était plus
compromis. Il réussit, nous ne savons comment, à éloi-
gner de sa demeure les sévérités de l'intendant, enrôla son
fils dans les troupes régulières (1), ne s'exila point, et
mourut à Lasalle en 1720, à 82 ans. Il n'eut rien d'un
héros. Du moins la commotion morale qu'il ressentit en
1691 nous aide à comprendre la ferveur religieuse que
répandirent dans toutes les Cévennes lès premiers prédi-
cants même par leurs violences, même par leurs meur-
tres. Le bailli Bagars, en ne maudissant point les
assassins de son frère, le pasteur devenu persécuteur,
nous interdit de les traiter autrement que lui. Il permet
aux protestants de France de conserver pour la personne
et pour l'œuvre des premiers prédicateurs une pieuse
reconnaissance.
Ch. Bost.
(1) Le 9 mai 1699, Louis de Bagars est « lieutenant de dragons » ; en 170G-
« capitaine de dragons de Pezoux; en 1118 « capitaine de dragons au régiment
de Baulîremont. » (Actes notariés de Lasalle).
Documents
LES COIÏIIÏIELIN DE DOUAI
JEHAN COMMELIN, MARTYR, (1567)
A plusieurs reprises déjà le Bulletin a mentionné les
noms de Commelin et Crommelin (1). C'est surtout à la
famille Crommelin, originaire de Courtrai, et qui s'établit
à Saint-Quentin, que des notices ont été consacrées. Des
Commelin résidaient dès le commencement du xvie siècle
à Douai. La France protestante (2e éd., t. IV, p. 912) et
Je Bulletin (article de M. J. Pannier, t. XLV, p. 243),
semblent admettre qu'il s'agit là de deux branches d'une
.seule et même famille. Il ne nous le paraît pas. Tout
d'abord l'orthographe de ces deux noms est suffisamment
différente pour éviter une confusion qui n'a d'ailleurs
pas été faite au xvie siècle, Les documents de cette époque
-qui se rapportent aux Crommelin de Saint-Quentin, écri-
vent : Crommelin, Crornmelick ou Cromelincq . Tous ceux
qui concernent les Commelin de Douai, et que nous
avons eus entre les mains portent : Commelin, Commeli-
nus ou Commelijn. Nous avons trouvé une fois Joannes a
Commelin.
En second lieu clans la « Généalogie du nom, maison
et famille des Crommelin », écrite en 1712 par le réfugié
Jacob Crommelin (Bulletin, t. VII, p. 478), celui-ci ne
fait aucune mention d'une branche de sa famille qui
aurait habité Douai. Il remonte jusqu'au milieu du
xvie siècle ; si une parenté quelconque avait, à cette
-époque, uni les deux familles, il l'eut, semble-t-il, indiqué.
(1) Bull., t. VII, p. 478; t. VIII, pp. 461, 548; t XLV, p. 242.
DOCUMENTS
ne fût-ce qu'à cause des persécutions qui s'abattirent sur
les Commelin de Douai, et la dispersion qui s'ensuivit.
Il y a enfin une troisième raison qui nous prouve qu'il
s'agit làde deuxfamillesdistinctes.LesCrommelinportaieni
au xvie siècle: d'argent au chevron de gueules accom-
pagné de trois merlettes de sable (Crommelin ancien) (1)..
Les Commelin portaient: d'azur à la fasce d'or accom-
pagnée de trois licornes naissantes d'argent, accornées-
et crinées d'or. Ces armes, qui se retrouvent dans des
ouvrages du xvne siècle écrits par des Commelin réfugiés
en Hollande, sont portées par les derniers descendants —
à notre connaissance — des Commelin, les Commeliner
d'Angleterre. Ceux-ci sont établis dans ce pays depuis-
1620. Un James Commeliner fut naturalisé anglais en
1640 (2).
Les détails concernant les Commelin qui habitaient
Douai au xvie siècle sont peu abondants. Nous rencon-
trons quelquefois leur nom, mais restons dans l'ignorance
sur les liens de parenté qui unissaient entre eux ces-
membres d'une même famille.
Jérôme Commelin, dit Saint-André, est le plus connu-
Il gagna Genève pour fuir la persécution et s'y établit
comme imprimeur. Il fut appelé à Heidelberg par l'élec-
teur palatin qui lui confia le soin de sa bibliothèque. Il
mourut en 1598.
Comme Jérôme, et peut-être avec lui, Toussaint Corn-
(1) Ces armoiries furent modifiées en 1596. Jean Crommelin qui s'établit à*
Saint-Quentin, épousa le 17 décembre 1595, Marie, fille de Jacques de Semeryr.
seigneur de Camas. Ce mariage fut honoré de la présence de Madame
Catherine de France, sœur du roi Henri IV, qui accepta aussi d'être marraine-
du fils aîné de Jean, Pierre Crommelin, né au château de Mouy-Saint-Far, le
28 novembre 1596 (Bull., t. VII, p. 480, 481). En souvenir de ce fait, les armes-
suivantes furent concédées aux Crommelin : Parti; au 1 d'azur à une fleur-
de lys d'or à la bordure componée des mêmes émaux; au 2, de Crommelin
(Crommelin moderne). De nos jours encore les Crommelin tiennent beaucoup-
à cette fleur de lys.
(2) Ces renseignements nous ont été fournis par le colonel C.-E. Comme-
line de l'armée anglaise, qui possède encore la lettre de naturalisation de son»,
aïeul.
21
322
DOCUMENTS
melin quitta Douai pour Genève. En 1560, sa fille Antoi-
nette y épousa en secondes noces Antoine Cauvin, frère
du réformateur Jean Calvin (France prot., t. III, p. 639;
t. IV, page 913.)
Nous trouvons à Emden, comme prédicant, Jacques
Commelin frère de Jérôme. Il était né à Gand. En avril
1566, il s'inscrivit comme étudiant à l'Académie de
Genève. Il a laissé des poésies latines imprimées en 1568.
En 1575, il était encore à Emden (4).
Un Martin Commelin faisait partie en 1541 de la com-
munauté calviniste secrète de Douai. Crespin nous le dit
« riche et libéral envers les povres». Il avait été vivement
remué par le martyre de Maître Pierre, curé de Douai,
exécuté par le feu en 1538, et a fut lors avancé en la
« doctrine de l'Évangile : si que depuis il alla tousjours
« de plus en avant en la conoissance d'ieelle ». La
persécution le força à émigrer, et il se rendit avec de
nombreux compatriotes en Angleterre, où se formèrent
plusieurs colonies de Flamands et de Wallons. Mais la
mort d'Edouard VI et l'avènement de Marie (1553)
obligèrent les exilés à fuir leur refuge. On sait le triste
voyage qu'ils firent de Gravesend aux côtes de Norvège,
et de là en Danemark où, pas plus que dans l'Allemagne
luthérienne, on ne voulut leur permettre de s'établir.
Jean Utenhovequi nous a laissé le récit de cette lamentable
pérégrination rapporte que Martin Commelin mourut en
touchant le solde l'Allemagne. Le sénat de Wismar, se
conformant aux usages du temps, confisqua ses bagages,
et ce ne fut qu'à grand'peine que son parent et légitime
héritier, Étienne Rosée, put en obtenir la restitution (2).
Nous désirons grouper ici quelques renseignements
sur un autre membre de cette famille, Jehan Commelin,
(1) Biogr. Universelle (Bruxelles 1843-47), t. V, p. 147.— Idvre du Recteur,
(Genève 1860), p. 14. —Werken der Marnix-Vereeniging (Utrecht, 1810-89),
Sér. 111, Ve partie, p. 309.
(2) Chkspin, éd. de Toulouse, I, 343. — Raiileisheck, Réfugies belges du
DOCUMENTS
323
que ne mentionnent ni le Bulletin, ni la France protes-
tante [\). Il était aussi originaire de Douai, et y était pro-
bablement né (2). L'année de sa naissance ne nous est pas
connue, mais nous savons qu'il était grand-père en
1567. On peut donc approximativement la fixer au pre-
mier quart du xvie siècle. Il se voua au commerce et
chercha pour ses affaires un centre plus actif que ne
l'était sa ville natale. Peut-être séjourna-t-il quelque
temps à Yalenciennes. Il est une fois indiqué comme
venant de cette ville, clans le journal manuscrit de Pb. Cam-
paneus auquel nous empruntons plusieurs détails le con-
cernant (3). Il est certain, en tout cas, que c'est à Gand
qu'il s'établit. II y acheta une maison à la rue du Bourg
(Burchstraete) . Cet immeuble qui avait appartenu à
xvie siècle en Angleterre, p. 11 t'Extrait de la Revue trimestrielle, 2e série
t. VIII, Bruxelles, 1865.)
(1) Les sources auxquelles nous avons puisé sont :
I. Manuscrits : a) Aux Archives du Royaume, à Bruxelles, dans les Papiers
d'État et de l'Audience, le reg. 530 (Conseil des Troubles, vol. 36 : Sentences).
b) À la Bibliothèque royale, à Bruxelles : le manuscrit n° 16892-93 : Dia-
rium rerum Gandavensium ab anno M. D. LXVI usq. ad annum M. D. LXXXV
JE. C. per magistrum Philippdm Campaneum. — Ce Diarium, inédit, a pour
auteur, comme son titre l'indique, Philippe van Campene, qui fut avocat au
Conseil de Flandre. Il appartenait au parti catholique. Son journal est écrit
avec grand souci de vérité. Au xvme siècle il existait une traduction manus-
crite flamande, passablement abrégée sur bien des points, de ce Diarium.
Cette traduction avait été faite par J. G. van Maie, curé de Bovekerke-lez-
Dixmude, qui appelait notre auteur Philippe de Kempenaere : elle a été
publiée à Gand en 1839 par Pu. B(lommaert), sous ce titre : Vlaemsche Kro-
nijk, of Dagregister van al het gene gedenkwardig voorgevallen is, binnen de
stad Gent, sedert den 15 july 1566 tôt 15 juny 1585, door Ph. de Kempenaere.
Nous ne citons pas cet Ouvrage, ayant toujours pu recourir à l'original latin
déposé à la Bibliothèque royale.
II. Imprimés : a) C. en Ph. van Campene, Dagbœlc, behelzende... gebeurte-
nissen... te Gent, sedert het begin der godsdienstberœrten tôt den 5en April
1571, édité par Fr. de Potter., Gand, 1870. — C'est une chronique flamande
écrite par Corneille van Campene, le frère de l'auteur du Diarium mentionné
ci-dessus, et continuée par Philippe lui-même, pour les années 1567 à 1571.
b) J. Van den Vivere en eenige andere..., Chronycke van Ghendt..., édité
par Fr. de Potter, Gand, 1885.
c) B. de Jonghe, Gendsche geschiedenissen..., 1566-1585 (3e éd.), Gand (1781).
d) M. van Vaernewyck, Mémoires d'un patricien gantois sur les troubles
religieux en Flandre, trad. en franc, par H. van Ddyse, Gand, 1905-06.
(2) « Joannes a Commelyn, duacensis. » Diarium, fol. 71 v°7 149 v°. —
« Jean Commelyn, de Douai. » Van Vaernewyck, II, 283. — « Jan Commelijn,
van Douay. » Dagbœk, 122.
(3) « Joannes Commelinus, Valenchenas, mercator frumenti... » Diarium,
fol. 56 v°.
DOCUMENTS
Me Charles de l'Espinoy, conseiller au Conseil de Flandre,
avait une valeur locative d'au moins 20 livres de gros (1).
Jehan Commelin était marchand de grains et d'autres
denrées ; ses affaires prospéraient. Sa fortune était esti-
mée de 700 à 800 livres de rente (2). Lorsque les idées
religieuses nouvelles se firent jour à Gand, elles trouvèrent
en Commelin un fervent adhérent ; il y a tout lieu de
croire qu'il en était partisan dès son arrivée dans cette
ville, puisque nous voyons à Douai déjà plusieurs membres
de sa famille les avoir acceptées. Il suivait assidûment les
prêches de la nouvelle religion tant à Gand qu'à Anvers,
lorsque ses affaires l'y appelaient. Sa fille avait épousé
un protestant et nous savons que son petit-fils fut baptisé
protestant. Nous donnons plus bas la sentence portée
contre lui, qui nous fournit tous ces détails.
A la fin de l'année 1566 la persécution contre les
adhérents des nouvelles doctrines avait subi un considé-
rable ralentissement dans les Pays-Bas. Le nombre des
sectaires et leurs violences l'avaient momentanément
arrêtée. Ils avaient reçu l'autorisation de se réunir ouver-
tement et même de construire des temples à proximité
immédiate des principales villes. A Gand la communauté
calviniste se mit sans tarder en devoir de profiter de ces
circonstances favorables : le 28 octobre 1566, à 8 heures du
matin, douze députés désignés à cet effet se réunirent, et
communiquèrent leurs projets à toute l'Église au culte
de l'après-midi. Jehan Commelin fut choisi comme tréso-
rier général (3) . Les collecteurs versèrent entre ses mains
(1) « ... thmis van Jan Commelijn, stœnde in de Burchstraete. wijlen
tœbehoort hebbende Mr Chaerles Lespinoy reedt ordinaire sConijncs ons
gheduchts heere in zijnen Rtedt van Vlœnderen... verhuert es gheweest
voor XX lib. gr. » Dagbœk, p. 163. — « Domus Joannis Commelyn in platea
dicta Burchstrate... fuit locata XX lib. » Diarium, fol. 71 v°. — Sur Charles
de l'Espinoy, voir Biographie nationale. Bruxelles, 1866 et suiv., t. V. p. 404.
(2) « Jean Commelin, riche marchand de grains, disposant de sept ou
huit cents livres de rente par an demeurait à la rue du Bourg [de Bruges] et
tout récemment avait acquis pour sept cents livres de revenu annuel de la
ville de Gand et du comté de Flandre. » Van Vaernewyck, t. IT. p. 821,
(3) « ... smorghens ten acht hueren zoo woeren vergaedert do prhedepu-
teerde van den voorseyde guesen [gueux] ora elcanderen te spreeken hcr ende
jn wat manieren datse hucrlieder keercke ma^cken zouden : ende d;rrt<r vrceren
ghecozen tweelf mannen... De zelve waeren hij den predicant tsachternœn*
DOCUMENTS 325
les sommes considérables qu'ils recueillirent pour l'édifi-
cation du nouveau temple, et lui-même veillait aux
dépenses que nécessitait l'entreprise.
Le temple calviniste de Gand ne dura pas longtemps :
il fut brutalement démoli le 9 avril 1567 (n. s.) par des
troupes envoyées à cet effet, tambour et fifre en tête (1).
C'est que la Gouvernante Marguerite de Parme, un ins-
tant effrayée par l'audace des sectaires, s'était ressaisie.
Les concessions faites furent retirées ; un régime d'oppres-
sion succéda aux quelques mois de détente qui avaient
marqué la seconde moitié de l'année 1566. Celui qui avait
pour tâche d'extirper complètement l'hérésie vint rem-
placer Marguerite : le duc d'Albe arriva dans le pays. Il
ne tarda pas à exercer une terrible répression. Partout
parviennent des citations à comparaître devant le Conseil
des Troubles institué à Bruxelles. Du 16 janvier au 10 fé-
vrier 1567 (1568 n. s.) une série de citoyens de Gand
(150 environ) sont cités : ce sont ceux qui ont dirigé ou
favorisé la nouvelle religion. Dix-huit des plus notables
osent se rendre à Bruxelles pour se justifier. Jehan Com-
melin est de leur nombre (2). Il est convoqué avec d'autres
au palais du prince pour le 3 mars. Là avec plusieurs de
ses concitoyens, il est, ainsi que son fils, arrêté vers
9 heures du soir et jeté en prison (3). Son procès fut
jnt laetste vande sermœne uuytghelesen ende huerlider ghemeente te kennen
ghegheven, ende huerlieder ontfanghere genersel was Jan Commelijn, gra-
nier. » Chronycke van Ghendt, p. 218.
(1) Voirie pittoresque récit de Van Vaernewyck, t. I, pp. 432-435.
(2) « Die Xa [feb. 67] Bruxelles in curia principis prœlecta sunt nomina
diversorum incolarum huius urbis [Gand] qui partira, prsesentes, partim
absentes fuerunt causa religionis. Quorum omnium primus fuit Eranciscus
Huerebloc, quem sequebant plurimi alii, ut Joannes Commelinus,... et plu-
rimi alii cives numéro centum et quinquaginta, quorum quidam erant capita
novae religionis, qui vulgo vocabantur lingua flandrica consistoriantes ; alii
vero auditores et studiosi prEedictse religionis. » Diarhim, fol. 56 r° et v°. —
Voir aussi : Vander Vynckt, Histoire des troubles des Pays-Bas, Bruxelles,
1836, t. I, p. 270.
(3) « Die iija [rriar. 67] ...omnes praefati citati présentes sub vesperam
iussi sunt venire ad curiam principis, ubi sunt capti et carceri traditi. Inter
quos fuerunt... Joannes Gommelyn cum filio..., et aliquot alii quorum qui-
dam fuerunt constitoriantes tempore novarum concionum. Alii vero aliorum
criminum fuere rei contra maj estâtes divinas et humanas, utpote qui in
proprias œdes receperunt concionatores, eos foventes, et adiuvantes omni
ope, consilioet auxilio. » Diarium, fol. 58 v°. — Le 4 mars on apprend à Gand
3°26 DOCUMENTS
rapidement mené; le 6 avril la sentence suivante fut pro-
noncée contre lui :
Le Prévost de l'hostel de sa Majesté ayant veu le procès de Jehan
Commelin par lequel il appert que ledict Gommelin auroit receu
des mains des collecteurs par l'ordonnance d'aulcuns des consisto-
riaulx divers deniers jusques à notable somme et par la mesme
ordonnance exposé lesdicts deniers à l'édification du nouveau
temple, ayant aussi esté présent où a esté levé l'enfant de sa fille
à la nouvelle mode et au nouveau temple ; et qu'il auroit esté
continuellement aux presches tant à Gand qu'Anvers ; qu'abban-
donnantl'anchienne foy catholicque et tenant la partie de la nou-
velle religion contrevenant les ordonnances deSa Majesté; et après
que touta esté veu — ledict prévost, par l'advis des conseillersde
SaMajesté et de ladicte court, a condempné et condempne par ceste
que ledict Jehan Commelin doibt estre exécuté par l'épée et ses
biens confisquez au prouffict de sa dicte Majesté. Ainsy pronunché
en la ville de Bruxelles, le vje d'apvril 1567 devant Pasques (1).
Le même jour Jehan Commelin fut décapité avec son
fils hors des murs de la ville. Plusieurs autres Gantois
périrent en même temps, les plus notables parl'épée, les
autres par la corde (2). Le journal de Campaneus rapporte
que les condamnés se réconcilièrent avec l'Eglise catholique
et reçurent le sacrement deJ'autel. Il est probable cepen-
dant que tous n'abjurèrent pas. En effet van Yaer-
newijck nous raconte que quelques jours auparavant, « il
s'en trouva d'assez imprudents pour combattre la croyance
générale de l'Eglise avec tant de témérité qu'ils semblaient
se croire en plein Genève. » Et il ajoute : « Dieu sait ce qu'il
leur en coûtera (3) ». De grandes sommes furent offertes
pour racheter les principaux d'entre eux, Jehan Commelin
et son fils en particulier (4) ; mais ce fut en vain : le duc
« ...datzyghecoort ende ghevanghen Nvierden,tsaventsontrent denIX hueren,
onderdewelcke zyn... Jan Gommelijn metzijne sonen..., etc. » Dagbœ h, p. 109.
(1) Archives du Royaume, à Bruxelles. Papiers d'État et de l'Audience,
Reg. 530, (Conseil des Troubles, 36), fol. 75 r° et v°.
(2) Nous n'avons pas trouvé la sentence portée contre Commelin fils. Son
arrestation est rapportée : Diarium, fol. 58 v° et Dagbœk, p. 109; — son exé-
cution, Diarium, fol. 62 v° (voir ci-dessous). — Cf. aussi au sujet de la
mort des nombreux Gantois : Van Vaeknewyck, II, pp. 283-284. — .Ipste, His-
loire de la Révolution des Pays-Bas sous Philippe 11, Bruxelles, 1855. t. II.
p. 455. — Henné et Wauters, Histoire de la ville de Bruxelles, Bruxelles.
1845, t. I, pp. 415, 416.
(3) Van Vaernewyck, t. Il, p. 222.
(4) « Die vj' [ap. 67] multi Bruxellrr morti sunt adiudirali rives, et incol.v
DOCUMENTS
327
resta inflexible — si tant est que l'offre soit parvenue jus-
qu'à lui. La confiscation des biens des condamnés rappor-
tait d'ailleurs plus au trésor que ne l'eût fait leur rançon. Le
fisc ne tarda pas à s'en emparer. La mise en location des
maisons des Gantois exécutés fut annoncée le 30 juillet 1568
par Jean van den Poêle, receveur : le 4 août la maison de
Jehan Commelin était louée pour trois ans au prix de
10 livres de gros (1). Cinq ans plus tard, le 24 sep-
tembre 1573, elle était vendue à vil prix (2) .
Telles sont les informations que nous avons pu réunir
sur Jehan Commelin. Il s'en faut de beaucoup que nous
ayons là un portrait : ce ne sont que quelques lignes d'une
physionomie que nous devinons sympathique. Jehan Com-
melin nous apparaît comme un homme religieux, intègre,
entreprenant et énergique. Son attachement à une doc-
trine persécutée, la confiance de ses coreligionnair esr
la réussite de ses affaires, son courage à se présenter à la
citation du due d'Albe, nous en semblent les preuves. Il
nous a paru intéressant de faire sortir de l'ombre cette
figure presque inconnue (3) .
Jean Meyhoffer.
huius urbis, qui etsi paeniterent suorum criminum, et sese per confessionem
et sumptionem corporis dominici réconciliassent catholic£e ecclesiae, nihi-
lominus sumptum est de iisdem ultimum supplicium, partim per capitis
diminutionem, et partim per patibulum, licet pro quorundam rédemption e
multum pecunise offerebatur ut pro Joanne Commelyn, filio eius, etc.. »
Diarium, fol. 62 v\ — Cf. Dagbœk, p. 122.
(1) Diarium, fol. 71 r° et y0. — Dagbœk, pp. 161 et 163. — Van Vaernewyck,
t. II, p. 448.
(2) Diarium, fol. 149 v°.
(3) M. Meyhoûer me permettra d'ajouter une note à son très intéressant
document. On a vu, ci-dessus, p. 321-322, que deux membres de la famille
du martyr Jehan Commelin, savoir Jérôme et Toussaint Commelin se réfu-
gièrent au xvie siècle à Genève et qu'en 1560 la fille de ce dernier, Antoinette,
y épousa en secondes noces Antoine, frère du réformateur Jean Calvin. Or
on se rappelle peut-être que le musée de Douai renferme un portrait déjeune
femme du xvr siècle sur lequel se trouve la double inscription : femme de
Jan Calvein {Bull. 1907, 222). Cette légende ne s'explique bien que si on
suppose qu'elle a été inscrite sur la peinture lorsque la personne que celle-ci
représente, c'est-à-dire la jeune femme de l'anabaptiste Jean Stordeur, fut
devenue l'épouse du réformateur. Si ce portrait était à Douai au xvr3 siècle,
ce qui est fort possible, celui qui le possédait a pu fort bien, non seulement
savoir qui était Calvin, mais encore tenir à fixer ainsi un fait fort intéressant,
vu la notoriété du réformateur. Et qui sait si ce portrait ne se trouvait pas
dans la famille dont un membre s'allia à celle de Calvin? N. W.
UN CHAPITRE DE GÉOGRAPHIE HUGUENOTE
LE MOYEN-POITOU
PROTESTANT AU MILIEU DU XVIIIe SIÈCLE (1)
Au lendemain du vote de la loi de séparation des
Églises et de l'État qui va très probablement amener un
remaniement des anciennes Églises officielles, en certaines
régions, en particulier dans le Poitou, il est peut-être
utile, il est assurément intéressant de connaître comment,
dans cette province, furent organisées les Eglises après
la tourmente qui suivit la révocation de l'édit de
Nantes.
Parmi les manuscrits composant le fonds Gobineau (2)
retrouvés par nous, il y a quelques années et déposés
;aujourd'hui à la Bibliothèque de. la Société de l'Histoire
du Protestantisme Français, se trouve un document utile
it ce sujet.
C'est un état qui fournit la liste des premières Églises
<de cette région. Il y en' avait 14. Chaque Église était
-divisée en un certain nombre de quartiers. Le document
relève les noms de ces quartiers, avec ceux des bourgs,
-villages, hameaux et fermes isolées qui le composaient.
En l'absence du pasteur, toujours errant, sans domi-
cile fixe et qui ne pouvait ainsi connaître tous les fidèles,
•chaque quartier était placé sous la surveillance d'un
ancien, homme de confiance, éprouvé, chargé d'exercer
.une certaine discipline morale, de distribuer les méreaux
les jours de Cène et de percevoir les honoraires. Le nom
du quartier était celui de la résidence de l'ancien, ce qui
.explique que beaucoup "de ces noms de quartiers, loin
d'être des bourgs ou des villages importants, se trouvent
(1) La carte qui accompagne ce travail, dressée sous les yeux de M. Mail-
lard, a dû être considérablement réduite pour pouvoir être reproduite ici. 11
laudradoncla consulter avec une loupe, bien que les noms aient été transcrits
lisiblement.
(2) Bull., X, 83. - XXXVI, 432. - XXVI.ll, 216"". - XLI1I, 224-235.
DOCUMENTS
329
être souvent de simples hameaux ou même des fermes.
Lorsqu'en 1736, les premiers pasteurs Chapel (1),
Michel Viala (2), J.-B. Loire (3), vinrent travailler en
Poitou, leur premier soin fut d'essayer de reconstituer les
Églises disparues.
Dans la correspondance qu'ils entretinrent avec Ant.
Court et Court de Gébelin on trouve la trace de leurs
efforts.
Le 20 novembre 1740, Viala écrit:
« J'arrivai en Poitou à la fin du mois dernier, après avoir sou-
« tenu les travaux d'un long et périlleux voyage. La confusion qui
« régnait parmi les fidèles de cette province et surtout l'intru-
« sion de certains esprits turbulents qui s'opposaient à l'établisse-
« ment de l'ordre, me firent douter d'abord de la réalité de mes
« desseins. Mais la Providence, dicipant les difficultés, m'ouvrit
« bientôt un vaste champ que j'ai cultivé depuis avec efficace. J'y
« ai formé vingt-quatre églises ; il est vrai qu'il y en a quatre où j'ai
« trouvé des opposants assez opiniâtres. Mais, j'espère que ceux-
« ci se rangeront aussi par la suite et que nous aurons occasion
« de former dans la même province plus de dix autres églises
« dans les lieux que je n'ai pu visiter (4). »
De son côté, Loire écrivait quelques mois après, le
14 mars 1741.
« Je suis arrivé dans ce pays le 12 du mois d'octobre dernier ;
« j'y ai trouvé un très grand peuple affamé de la parole de Dieu.
« M. Viala y a formé 26 arrondissements assez considérables, sans
« ceux qui sont encore à former... La moisson est grande, mais il
« y a peu d'ouvriers... Je suis seul dans ce pays et je ne sais les-
« quels contenter les premiers... Quand il y aurait deux
« ministres et quatre prédicanls ils auraient encore du travail
« autant qu'ils en pourraient faire (5). »
Le passage de ces deux pasteurs dans la province
n'ayant été que de très courte durée, leur œuvre ne put
(1) Bull, XI, 81. — XXXV, 436. — XXXVI, 679. — XXXIX, 645. — XLIII,
146. — XLVI, 504. — XLV1II, 346.
(2) Bull., XI, 81. — XLIV, 373. — XLVIII, 342. — XLIX, 9.
(3) Bull., III, 314. — IX, 250. — XLVIII, 344.
(4) Papiers Anl. Court. Genève. Tome XIII. N° 1, p. 173ss.
(5) » » » » » p. 263.
330
DOCUMENTS
jeter de profondes racines. C?est aux premiers pasteurs
fixes que revient l'honneur d'avoir relevé les brèches et
reconstitué les Églises. Ces deux premiers pionniers sont
Gounon dit Pradon (1) et Pélissier dit Dubesset.
Lorsqu'en 1744, Gounon arriva en Poitou, son
premier soin fut de rétablir Tordre et d'organiser les
Églises. Dans une lettre à Court de Gébelin, à la date du
15 août 1745, il raconte comment il s'y est pris.
« Vous me demandez, dit-il, de vous apprendre mon état et
« celui des églises que j'ay. Pour ce qui est de moy, je vous
« diray que, depuis 15 mois que je suis dans le Poitou, je me
« suis parfaitement bien porté. Loué soit Dieu ! L'air du Poitou
« m'est fort favorable et je m'y plais extrêmement. D'autant plus
« que je vois que mon ministère n'y est pas inutile. J'ay décou-
« vert un grand nombre de Protestants qui répondent fort bien à
« mes vues, faisant paraître beaucoup de piété et de zèle, ne
« manquant pas une assemblée... Nous avons, dans le Haut et le
« Bas-Poitou, trente églises, mais depuis le 16 courant de l'année
« dernière que je commençay à prêcher le jour, j'ay rangé cela
« en douze arrondissements, pour la commodité des Églises et de
« nous... Dans chaque arrondissement j'ay établi un corps de
« consistoire pour veiller sur les affaires, pour faire régner l'ordre
« et pour faire observer la Loi de l'Église (2). »
La pièce qui suit est, selon toute probabilité, le clas-
sement ainsi fait, en 1744, par Gounon et son collègue
Pélissier.
Nous possédons le méreau de chacune de ces qua-
torze Églises énumérées dans cet état, plusieurs avec deux,
trois, et jusqu'à cinq variétés. Si on en connaît un plus
grand nombre, c'est que les Églises furent augmentées
dans la suite. Au tome II, p. 149, de son Histoire de la
Restauration du protestantisme en France au xviii0 siècle.
M. Ed. Hugues donne, à la date de 1774, une nouvelle liste
des Églises du Poitou et qui s'élève à vingt-neuf, Haut et
lias-Poitou compris et, encore, ajoute-t-il, en note, « cette
liste ne doit pas être complète ».
(1) Bull., Xï, 245. — XII, 122. — XXXVIIT, 219. - XLVI, 588. - LtV, 887.
(2) Papiers Anl. Court. Genève. Tome XVII. N" 1, p. 151-154.
DOCUMENTS
331
Les quatorze Églises de notre état embrassent la
partie classique du protestantisme poitevin des Deux-
Sèvres et qui s'étend sur les arrondissements de Niort et
Melle, avec extension sur la partie limitrophe de la Vienne,
du côté de Lusignan et Couhé.
Dans cet espace, avant la séparation, il y avait 37 pa-
roisses officielles, avec 42 pasteurs.
Les limites de ces quatorze Eglises ne correspondent
à aucune de nos divisions actuelles, civiles ou religieuses,
c'est un groupement arrangé plutôt d'après les limites
naturelles. Pour qui connaît un peu le pays, il est
facile de s'en rendre compte en jetant un coup d'œil sur
la carte qui accompagne ces lignes.
Th. Maillard.
332 DOCUMENTS
ÉTAT DES ÉGLISES DU HAUT-POITOU
AVEC LA NOMENCLATURE DES BOURGS,
VILLAGES, HAMEAUX ET FERMES
QUI LES COMPOSAIENT AU MILIEU DU XVIIIe SIÈCLE
I. — Église de Saint-Maixent (1).
QUARTIERS
VlLLLb, rJUUnGo, VILLAlrEb
L U M M U JN L
L liLlbL
HAMEAUX ET FERMES
ACTUELLE
ACTUELLE
odini-iviaixeni. . .
LiG Ull Odini-lVldlXeilT/.
odlIll-^VldlXcIll.
odlill-MdlXeill.
Pissot.
Saint- Martin de
Saint-Maixent.
)>
De La Bizière. . .
La Bizière (2).
Exireuil.
))
La Fortran che.
))
La Touche Poupard.
Saint-Georges
de Noiné.
))
Vinché.
Saivres.
))
L'Houmée.
Saint-Georges
de Noiné.
»
La Métiverie.
Saivres.
»
Chisseré.
»
»
La Meurtrière.
Saint-Georges
de Noiné.
L'Houmeau.
Saivres.
»
Maunay.
La Coutancière.
»
))
»
Sous-le-Bois.
»
La Briaudière.
»
(1) ÈuU.I, 236. — III, 118.— IV, 228, 322, 352. — VII, 431. —XV, 518,380. — XXIV 307 —XXVI 1
417. — XXVIII, 170. —XXXVIII, 110,214. — XL, 212,655. — XLII. 424. - XLIII 127 138 148 -
XLV, 53, 168. - XLVII, 527. - XLIX, 109. - L. 557, 560, - LU, 409. - LtV, 90, 300, 330, $49, .
— LV, 483.
(2) Lieu do naissance du pasteur François Brunot en 1781.
DOCUMENTS 333
QUARTIERS
VILLES, BOURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
COMMUNE
ACTUELLE
a] Tcp
ACTUELLE
I a RiziArp
La Chaillochère.
Saivres. • -
Saint-Maixent.
Saugé.
»
»
Exireuil.
Exireuil.
»
Le Pinier.
Saivres.
»
La Blanchardière.
»
»
La Roche.
Exireuil.
La Mimardière.
Saivres.
Couché.
Nanteuil.
»
La Bernatière.
L'Audonnière.
La Goubaudière.
»
Jje Ici odl dllUIc! k} .
Vix.
Saivres.
Magnou.
Saivres.
Combré.
Lugné.
»
Tindeure.
»
La Couture.
»
»
L'Herbaudière.
La Thibaudière.
»
»
De Pellevoisin . .
Paunay.
Saivres.
»
Perré.
»
Mautré.
Azay-de-Brulé
A/dy-ie-
Bnilf* (A)
■ '
Puiblain.
Saînt-M aîxPTi t
Verrière.
»
La Brousse-d'Azay.
Azay.
Azay.
La Crote.
»
»
La Grange aux Moines.
S'-Martin de
Saint-Maixent.
S'-Maixent.
La Fenouillère.
»
»
Geofîret.
»
(]) Bull., XLIII, 147.
33i
DOCUMENTS
QUARTIERS
VHfFS ROTTRftS VTLLAftFS
HAMEAUX ET FERMES
COMMUNE
ACTUELLE
FfTI TSF,
Ht UT Là 1 O Ht
ACTUELLE
De Charnier . . .
Cerzeau (1).
Azay.
Azay.
Mons.
»
Fenouix.
Breloux.
La Crèche.
Monfreteau.
Azay.
Azay.
II. — Église de Cherveux (2).
De Coûtant. . . .
nrin tan t
Azay-le-
Brulé.
La Coutinière.
Azay.
■»
T et Tin/^liAttA
JUcl llUL/ilClLC.
Auge.
»
La Folie.
))
»
Peumant.
»
La Cour d'Augé.
»
Le Pin d'Augé.
))
Saint-Hilaire.
»
»
Esset.
»
Boiségu.
»
Vuzé.
La Chapelle-
Odlll L-itlcllAtJlll^
Bâton.
La Bertonnière.
Augé.
Azay.
Bonnay.
La Chapelle-
Saint-Maixent.
Baton.
Bessé.
Cherveux.
Cherveux.
La Grange-Neuve.
Beauvais.
»
»
Marcusson.
Augé.
Azay.
Le Breuil de Bessé.
»
»
De la Grange de
Maulvault.
Cherveux.
Cherveux.
Maulvault. . . .
La Carte.
» ]
Lussay.
)>
")V'-'. '■'
(1) SuU,, LU, 446.
(2) Bull., IV, 232. — XLIII, 127. — LU, 423. — LIV, 304, 349, 357, 3%.
DOCUMENTS 335
— 1
QUARTIERS
VILLES, BOURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
COMMUNE
ACTUELLE
ÉGLISE
ACTUELLE
De Fonverrines . .
Fonverrines.
Azay.
Azay.
Givrais.
Cherveux.
Cherveux.
Villeneuve.
»
»
Le Chatellier.
La Balaizerie.
»
Chavant.
»
La Chaume.
»
»
Creusé.
Breloux.
La Crèche.
Bédane.
Azay.
Azay.
La. Petite-Valette.
»
»
De Boisragon . . .
Boisragon (1).
Breloux.
La Crèche. 1
Drahé.
»
»
De Ghampdenier .
Champdenier (2).
Champdenier.
Saint-Maixent.
Rouvre.
Rouvre.
»
La Barre-de-Rouvre.
»
»
Tripozeau.
Cherveux.
Cherveux.
La Bernière.
»
Le Breuil de Saint-Cristophe.
St-Christophe.
Saint-Maixent.
De la Brange . . .
La Brange.
»
Saint-Gelais (3).
Saint-Gelais.
Chauray.
Le Quéray.
Le Prieuré d'Availles.
»
»
Rignelaire.
François.
La Crèche.
Le Grand Dognon (4) .
»
- » i
Les Groies.
Saint-Gelais.
Chauray.
Chalusson.
. »
Le Breuil-Gallerit.
François.
La Crèche.
(1) Bull., II, 200. — XI, 245. — XLVl, 157. — XLIX, 240.
(2) Bull.. IV, 322. — XV, 518. - XLVII, 139. — LU, 571. -
(3) Bull., IV, 232. — LIV, £96.
(4) Bull., I, 384. — II, 232,
- LIV, 313, 333.
336
DOCUMENTS
QUARTIERS
VILLES, BOURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
COMMUME
ACTUELLE
EGLISE
ACTUELLE
III. — Église de Niort (1).
De François. . . .
Le bourg de François.
Ruf'fîgny.
La Petite-Garnerie.
La Pérée.
Gandé.
François.
Chavagné.
Breloux.
»
»
La Crèche.
Chavagné.
La Crèche.
»
De Maisons-Neuves.
Breloux.
Estrées.
L'Ile.
La Villedieu.
Le Pairé.
Tressauve (2).
Moullay(3) (Moullé)
»
»
)>
Chavagné.
Fressines.
»
»
Chavagné.
Fressines.
De Bougouin . . .
Thille.
Ghavagné(4).
Les Champs.
Mizeré (5).
»
Chavagné.
»
»
Chavagné.
»
»
De Vaumoreau (6).
Gascougnolle (7).
Villeneuve.
Vouillé.
»
Vouillé.
Vouillé (8).
(1) Bull., I, 236. — IV, 228, 322, 352, 505. - VI, 387,391. — IX, 294. - XI, 82.— XV, 518, 380. -
XX, 231. — XXI, 169. — XXIV, 551. — XXVII, 416. — XXXIV, 367. — XXXVI, 110, 211. - XXXIX,
68. - XLII, 165, 424. - XLIII, 128. — XLIV, 360, 610. - XLVI, 451. - LIV, 304, 331, 348.
(2) Lièvre. Les Martyrs Poitevins, p. 273.
(3) Journal de Jean Migault, Edit, de Bray. Niort, 1840, p. 20, 24, 64.
(4) Bull., XXXVIII, 170. — Lièvre, Martyrs Poitevins, p. 230.
(5) Journal J. Migault, p. 125, 132.
(6) Bull., LU, 256.
• 7) Journal J. Migault, p. 32, 47.
(8) Journal J. Migault, p. 27.
DOCUMENTS
337
QUARTIERS
VILLES, BOURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
COMMUNE
ACTUELLE
ÉGLISE
ACTUELLE
D'Artenay
La Moise.
Vouillé.
Vouillé.
Chaban (1).
Chauray .
Chauray.
Dp Ninrt.
Ninrt
Niort.
Niort.
De Griffon . . . .
Trevin.
Chauray.
Chauray.
Chauray (2).
La Roche.
»
Moulin-Neuf.
IV. — Église de Mougon (3).
De la Ghesnaye . .
LaChesnaye (4)
Aigonnay.
Prailles.
Bois-Martin.
Fressines.
Fressines.
Lortet.
»
Ghanteloup.
De Fressines (5). .
Le bourg de Fressines.
»
La Raimondière.
»
Rochetant.
»
La Billaudière.
La Plinière.
»
Poitrenault.
))
» l
La Bardinière.
»
» - ■ f
La Gallinière.
. >>
» F
De Mougon. . . .
Le bourg de Mougon.
Mougon.
Mougon.
Alleray.
»
Lalut.
Thorigné.
Thorigné.
(1) Journal J. Migault, p. 89. 123.
(2) Bull.. XXXVIII, 214.
(3) Bull., IV, 230. — XV, 518. — XXXVIII, 217. — XLIII, 127, 139.— XLIX, 180, 310. — LIV, 304,
349, 398. — Journal de J. Migault, 21, 60, 43. 68. — Lièvre. Martyrs Poitevins, 270, 281.
(4) Lièvre. Hist. des Prot. du Poitou, II, 260 ss.
(5) Bull., XXXVIII, 110. — XLIII, 147. - Journal de J. Mignault, p. 26.
22
338
DOCUMENTS
QUARTIERS
VILLES, BOURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
COMMUNE
ACTUELLE
ÉGLISE
ACTUELLE
De. la Couture (1).
Le village de La Couture. ,
Grand-Ry (2). ,
La Groie.
Jussay.
La Pelletrie.
Montaillon.
La Combe.
Ecravois.
Charcogné.
Aigonnay.
Prailles.
»
»
Mougon.
)>
Mougon.
»
Prailles.
»
»
)> -
»
De Jonchereau . .
Les Marchollières.
Virzay.
La Baldrie.
La Touche.
Le Gros-Permat.
Prailles.
»
»
Prailles.
»
»
»
D'Aigonnay (3) . .
Le dit Bourg.
Le Breuil d'Aigonuay.
Laubarée.
Les Rhues.
Magné.
Le Joug.
Lautremont.
Aigonnay.
»
»
»
»
»
»
V. — Églsie de Prailles (4).
De Prailles . . . .
Le dit Bourg.
Le Breuil.
Prailles.
Prailles.
(1) Lièvre, flist. des Prot. du Poitou, II, 212.
(2) Bull, IV, 227. — L1V, 384. — Journal J. Migault,
Poitou, 11, 489. Martyrs Poitevins, y. 185.
(3) Lièvre. Martyrs Poitevins, p. 2G9.
(4) Bull., XLII, 592. — XLÏII, 130 ss.
p. 176. — Lièvre, flist. des Prot. du
DOCUMENTS
339
QUARTIERS
VILLES, BOURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
COMMUNE
. ACTUELLE
ÉGLISE
ACTUELLE
lie urlOb DUla [*■)• •
Le dit Village.
Prailles.
Prailles.
Saint-Martin.
»
Biard.
»
u ; >>• 'd'im
La Cri ère.
))
Le Bouchet.
»
La Sihaiid iftrfi
))
Villebeurre.
»
»
De Maisoncelle . .
Le Coussat.
'; . » i
»
Pi Prl -T^nn 1 fi vcl
La Pelletrie.
»
))
Le Pinier.
»
))
De Vitré (2). . . .
Le dit Bourg.
Vitré.
Baussais.
La Bertramière (3).
»
»
L'Infirmerie.
»
»
De Grois-d'Abbé. .
Les Omb rails.
Celles.
Celles.
Ripailles.
»
»
flîl VAf*Vl Pt
La Cigogne.
Thorigné.
Thorigné.
Conzais,
»
La Forêt.
Thorigné.
»
Tauché
Sainte -Blandine
Celles.
Escoulois.
»
Thorigné.
La Juinière.
»
»
De Thorigné (4) . .
Le dit Bourg.
»
Jadré.
»
La Grouzille.
»
»
Couteaux.
>>
Richet.
(1) Lieu d'Assemblées jusqu'à la construction du Temple de Prailles, 1858.
(2) Bull., XXXVIII, 216. — XLII, 597. — Lièvre. Martyrs Poitevins, p. 259.
(3) Lièvre. Martyrs Poitevins, p. 257.
(4) Bull., LIV, 399. — Journal J. Migault (1840), p. 52. — Lièvre. Martyrs Poitevins, 239, 291.
MO
DOCUMENTS
QUARTIERS
BeThorigné. .. .
De BesseU . .. .
De Chateauneuf (2;
VILLES, BOURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
La Chimbaudière.
Les Touches, village
et moulin (1).
Le Clouzeau.
Le Vigneau.
Monteil.
Le dit Village.
La Gaillaudière.
La Chaize.
Pied-d'Ouaille.
La Guignerai e.
Verruies.
COMMUNE
ACTUELLE
Thorigné.
[Aigonnay.
Prailles.
Aigonnay.
Vitré.
Thorigné.
))
Prailles.
Thorigné.
ÉGLISE
ACTUELLE
Thorigné.
Prailles,
Baussais.
Thorigné.
»
Prailles.
Thorigné.
VI. — Église de Melle (3).
La Bonnaudrie.
Vitré.
Baussais.
La Bessière (5).
»
La Poupaudière.
»
»
Le Vau.
»
»
La Renaudière.
»
»
Eclopegenet.
(Des Chaumes. . r
Les deux métairies du
Courtiou.
Baussais.
* •
Logis et bourg de
Baussais (6).
(l) Li-eu de naissance de J. Migault. Bull., LIV. 337.
| i(2) Bull., XLIJ, 596.— Lièvre. Martyrs Poitevins, p. 291.
• {3-)-SulL, IV, 231. 352. — XV, 518. — XXI, 238. — XXV, 61, 109. — XXXIII. 186. — XXXV11I,
£16. — XLI1I, 127, 130, 137. — XLIV, 429. — L, 590. — LI, 92. — LIV, 331 ss, 349, 398.
m BulL, XLIIl, 131.
1 m Journal de J. Migavlt, p. 29, 32, 53, 66.
Ij (6) DhIL XXVIII, 170. — XLI1I, 147 ss. — XLVIII, 341. - Liovre, Hist. des Prot. du Poitou", II,
381. — Martyrs Poitevins, p. 87, 295.
DOCUMENTS
QUARTIERS
jVlLLES, ROURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
COMMUNE
A C T U E L.L E
É GLISE
A C TUELLE
Des Chaumes . .
Le Village de Crouzon (1).
Baussais.
i Baussais.
Le Village de Moinard.
»
Six-Chiens.
Faugeré.
La Couarde.
La Motte
S1 Héray.
Fonchâtré.
Baussais.
Baussais.
De La Touche. . .
Village de LaChollerie.
/■'■;■: », : -
Fonbelle (2)
' ■■ ■ ■ »
F,p«; ri put m^fairifiK dft
La Touche.
»
p>
Le village de Mortaigre.
»
»>
U\j Ijtl VJCll LC , . ...
LjC Village UtJ Lia XiUll/it; ^Oj cl
V cl 1 111 \CS.
-, V p rvîn p-c?
trois métairies.
ï p villa erp rlp T. a fiar7Pllp
»
La Revétison.
Celles.
Celles.
Le village de La Carte.
Vitré.
Baussais.
Les deux métairies de
La Bessière.
Vitré*
Baussais. |
Le. logis et village de
Villermat (4).
Baussais.
IS
La métairie de Faugeré (5).
»
)*
La métairie de Virleban (6/-
1 ■ )>•
De Chironail . . .
Follet.
»
9
Parsay.
»
La Mouline.
»
Bois-Renaud.
»
! »
Viré.
; •»
Le village de Bonneuil.
1 ».
La métairie de Feux.
y» M
(V) Bull, XL[II, 131, 133.
(2) Bull., XLIII, 141.
(3) Lieu de naissance du pasteur Jean Marteau, vers 1760.
(4) Journal de J. Migault.
(b) Bull., XLVIII, 338.
(6) Lièvre. Martyrs Poitevins, p. 260.
342
DOCUMENTS
QUARTIERS
VILLES, BOURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
COMMUNE
ACTUELLE
ÉGLISE
ACTUELLE
:: De Chironail . . .
Mortefont.
Baussais.
Baussais-.
; De La Caillaudrie .
Le village de Nègresauve (1)
Verrines.
Verrines.
La Brousse.
»
La Grand-Rue.
»
La Brissonnerie.
»
Le Lucq.
»
»
De La Nègrerie . .
Le village de La Roche.
Melle,
Melle.
La métairie de La Vergne.
»
La métairie au Moine.
»
»
Le village du Bouchet.
Thorigné.
Thorigné.
La métairie de La Vau.
Celles.
Celles.
La métairie
des Maisons-Neuves.
»
»
La métairie de Madré.
Melle.
Melle.
La métairie du Nac.
»
VII. — Église de La Brousse (2).
: De Tublier . . . .
Village de La Jaunetière.
Sepvret.
Sepvret.
Logis de Bocelay.
»
La métairie du Breuil.
Baussais.
Baussais.
La métairie de LaPoinière.
»
La métairie de Javarzais.
»
»
La métairie du Tublier.
L'Enclave
Melle. s
La métairie du Quaireux.
»
»
Du Breuil de la
Village de L'Orberie.
»
i' Fragnée
L'Epine.
Sepvret.
Sepvret.
Le Bignon.
L'Enclave.
Melle.
Les Quatre-Vents.
(1) Lièvre. Martyrs Poitevins, p. 273.
(#) La Brousse-du-Cerf, commune do Choy. — Bull... XXXVIII. 219,
DOCUMENTS
343
QUARTIERS
VILLES, BOURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
G (J M M U JN L
ACTUELLE
Tjl /"i t TOT?
liGLISE
ACTUELLE
Du Breuil de la
La Vinière.
L'Enclave.
Melle.
Fragnée . . . .
La Guillotière.
»
La métairie de La Vacherie.
": ~:>>»r. :./.'.
Le Crapaud.
»
De la Martinière .
La Bertramière.
»
L'Epinière*
» *
L'Aubonnière..
»
»
La Morillonnière.
»
»
La Mouchetune.
Saint-Léger.
»
Fayette.
L'Enclave.
La Fain.
»
. ",i
Tit» I r» TPmi^Tip
, JL»C J_j<X lUUtllC. .
La Brousse.
Chey.-
Chey.
La Sauzée.
Saint-Léger.
Melle.
Le Coudray.
Sepvret.
Sepvret.
Le Chatellier.
»
»
La Barre-Clairin(l).
»
La Touche-Esnard.
Lezay.
Lezay.
La Touche.
Chey.
Chey. ;
La Richardière.
»
Pré-Conseil.
»
Lid rouiiic,
))
»
JUC l^lUlltell.
Lezay.
Lezay.
(~* ri n \\ d e c o n n
IjllClJJ U BS C Cl U. .
LfC Là X1UUI11CC. .
T o flrtinrlo ɻt ln PptltA
Ijd ulclllU." CL ici renie
Foye (2).
L'Houmée.
))
»
La Cailletière.
»
»
La Lambertière.
Sl Vincent.
Melle.
Moissac.
»
Miseré.
»
La Rimbaudière.
Lezay.
Lezay.
(1) Lieu de naissance du pasteur P. Gamin. 14 août 1715. -
!2) Lièvre. Hist. des Prot. du Poitou. II. 260, 293.
- Lièvre Martyrs Poitevins, p. 299.
U6
DOCUMENTS
QUARTIERS
VILLES, BOURGS, VILLAGES
11AiMc.AU a 1j 1 rJCinlvilLo
COMMUNE
A PTTTT7T T V
ÉGLISE
A f T TT T T Ï7
A 'j L U 1, L L l
La Mauvaitière (1).
))
De Gerolour . . .
Puy-Richard.
Saint-Coutant.
Saint Coûtant.
Le Souil.
»
»
Le Magnou.
Lezay.
Leray.
Saint-Aubin.
Saint-Coutant.
Saint-Coutant.
Ruisseau.
Lezay.
Leray.
Le Chantiveau.
»
»
Les métairies de Lezay.
»
»
Saint-Coutant.
Saint-Coutant.
Saint-Coutant.
VIII. — Église de Chay (2).
DePiébaché. . . .
Les Branges.
Exoudun.
Exoudun.
Fonblanche .-
-, , - - » . ['■: '
»
Les Maisons-Neuves.
Sepvret.
Sepvret.
Le Pinier.
» -
Gircé.
»
La Bourellière.
»
»
La Grosse-Talle.
»
Le bourg et la métairie de
Sepvret. (3)
Pillac.
»
Fonbedoire (4).
La Tremellière.
»
>>
La Reverserie.
»
Tarouenne.
»
De Bagneaux(5). .
Qui comprend ledit village.
Exoudun.
Exoudun.
(1) Lieu d'Assemblées.
(2) BulL, XXXVII, 170. - XXXVII, 218.
(3) Bull., XI, 245. — XII, 235.
(4) Bull, IV 937. — Lièvre. Les Martyrs Poitevins, 273, 280.
(5) Bull,, XXXVI, 484. — XLII1, 147, 221. — LV, 0. — Lièvre. ttist. des Prot . du Poitou, IL 1V>9.
— Les Martyrs Poitevins, 298.
DOCUMENTS 347
VILLES, BOURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
COMMUNE
ACTUELLE
ÉGLISE
ACTUELLE
JUtî Ull Village- •
JiXOuuUil.
T p<; TCninpç
Chev
Chpv
Dn Pir
La DaDinicie.
))
La Tlrirlprip
T r\ n n/li v"\ O 11 Tt 1 O J1 û
JLci LiaraiiicLuaitii e.
Ta RnnfHÎTiîAvc
I j U UUU1 UI11IC1 U*
»
La Grange.
))
>) !"
La Grange-Neuve.
))
La Malbran chère.
))
Logis et village de la Forêt.
))
La Coudre.
))
» j;
Le bourg de Chay.
))
»
Le logis et les métairies de
!;
Bois-Couteau.
))
)) ,
jju r\oyei . . . . .
Lezay.
JUCtitlj.
jLd Ldioionnitîre.
- »
))
La Jolonniere.
))
r iea- v erain.
cney.
cney. j
»
La Magnonnerie.
»
»
JbOIlJUu.lltî.
Lezay.
Lezay.
Beauvoir.
» ;■■■/
» M
La Clielle
))■ ;■■ •
» ii
La Gauit.
))
Puy-Limousin.
'..»■ : ■
La Bouterie.
»
L'Anguillerie.
»
Le Petit-Marais.
»
Butré .
/ »
)>
Ripailles.
»
Le Moulin Tuit.
» i
Le Grand-Marais.
(1) Bull, XXXVIII, 218. — XLIII, 380. - LIV, 399, 401.
348
DOCUMENTS
QUARTIERS
VILLJiiO, BUURGb, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
r\ A f A T T ' AT T?
COMMUNE
ACTUELLE
E G L 1 b E
ACTUELLE
Du Noyer ....
Bourchenin.
Lezay
Lezay
BoUhas.
»
La Mignonnerie.
Clochet,
»
De Chasse-André .
Faugerit.
Sepvret.
Sepvret.
Le Petit-Moulin de Circé.
)>
»
-
La Ripaudière.
Chev
Chev.
La Serpe (i).
Le Logis et la métairie de
Bregion.
)>
»
Foucault.
Sepvret.
Sepvret.
La Maisonnière.
»
Lussaudière.
»
La Granerie.
»
»
IX. — Église de Saint- Sauvant.
De Bois-le-Bon . .
La Coiraudière.
Rom.
Rom.
Fontaine.
»
»
Balzant.
»
La Roche-Rimbaud.
La Chaussée.
La métairie de Brejeuille.
»
»
Le Plaisir.
?
La Roche-Goupilleau.
Rom.
Chassignolles.
De Vançais (2). . .
Le dit bourg de Vançais.
Vançais.
Vançais.
Le village des Brousses.
»
Lais.
»
»
(1) Lieu de naissance du pasteur Jean Bellivier, le 28 déccmbro 1787. Décédé à
1859.
(2) Lièvre. Martyrs Poitevins, p. 277.
Chev, 80 Février
DOCUMENTS 349
! QUARTIERS
VILLES, BOURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
COMMUNE
ACTUELLE
ÉGLISE
ACTUELLE
çais ....
La métairie de Chabannes.
Rom.
Rom.
Les Eclouzettes.
)) "
))
Le moulin de Bonneuil.
Sainte-Soline.
Saint-Coutant.
Les deux métairies des Coûts.
Vançais.
Vançais.
Le Clouzeau.
»
»
Vausage.
»
De Grandchamp. .
La métairie de Villeneuve.
Lezay.
Lezay.
Régné.
»
»
De Teillé. (1). . .
Le dit Village.
»
»
Bignault (Bignet)
»
»
La Baronnière.
Vançais.
Vançais.
La Miolière.
Lezay.
Lezay.
La Métairie de laBacherie.
»
»
La Pierre.
»
»
De Courge ....
Le dit Village.
Vançais et
Vançais et
Chenay.
Chenay.
Les deux métairies de
Taizé.
»
»
Des Bourdellières .
Les Hautes-Bourdëllières.
»
Les Basses-Bourdelières.
• *) " \ . ' '■:
Du Breuil de
Le dit bourg de Chenay.
>> '
Chenay . . .
Le village du Breuil de
Chenay.
(1) Lieu d'Assemblées.
DOCUMENTS
QUARTIERS
VILLES, BOURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
COMMUNE
ACTUELLE
EGLISE
ACTUELLE
Église de Lusignan (1).
Du Grand-Breuil
De l'Épine .
Des Chaumes
Le dit Village.
Le village de Venours (2).
La Métairie de la Bouque-
tière.
Le village des Touches.
Le dit Village.
Le village de Martran.
Le village de la Sauvagère.
Le village de Brantelay.
La métairie de la Renoncière.
La Poinière.
Le village de laGautelière.
Le village d'Etournelière.
La Chatonnière.
Le village de Crieuil.
Le village de la Garnaudière.
Le village de Saugou.
Le village de la Charanton-
nière.
La métairie de la Ragottière.
Le village de l'Andraudière.
Le village de Breuilté.
Le village de la Chaurière.
La métairie "des Amilières.
Le village de la Gauvannière.
La métairie de la Coudre (3)
Rouillé.
Jazeneuil.
(1) Bull., IV, 232, 821. - XV, 518. — XXI, 109. — XXXVI11, 219. - XLIIT, 126. - LU, 412. —
LIV, 331, 348, 356.
(2) Bull., XI, 93. — XXVII, 518 SS. — XXXIX, 328. - XLIII, 126. - L. 277. - LIV, 339. 8*7,
Lièvre. Les Martyrs Poitevins, p. 111, 164.
(3) Aujourd'hui démolie.
DOCUMENTS
351
VILLES, BOURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
COMMUNE
ACTUELLE
ÉGLISE
ACTUELLE
Des Chaumes . . ,
Le village de la Jarillière.
Houille.
Rouillé.
Le village de la Terraudière.
» . .
. - ))
Le village de la Bruyère.
))
Le village de laGroussinière.
»
»
La métairie de la Georgi-
nière.
»
La métairie de la Lande.
»
»
La métairie de la Chaume-
lière.
Jazeneuil (1)
Lusignan.
La métairie de la Mimau-
dière.
»
Rouillé.
La métairie du Bois-d'Au-
gère. * *
nouille.
»
La métairie du Courtiou.
»
r>
Le village des Chaumes.
»
» ■ !
Le village du Breuil.
Jazeneuil.
Lusignan.
Le village de la Basse-Vallée.
»
»
De Saint-Sauvant .
Le dit bourg.
Sl-Sauvant.
S'-Sauvant.
Le village de Chiré.
»
Le village de l'Eterpe.
»
Nillé.
La Chapelatière (2).
S'-Sauvant et
Sl-Sauvant et
Rouillé,
Rouillé.
Maisoncelle.
Lusignan .
Lusignan.
La Lotière (La Litière).
S-Saurant.
S'-Sauvant.
La Forêt.
' : . .»■■ ■ .
Le Serret.
)>
La Broussé (Portron).
» .
»
La Bonnetière.
»
Mauprié.
Lusignan.
Lusignan.
La Touche.
Cloué. *
»
La Fuye.
Lusignan.
La cour de Verné.
S'-Sauvant.
St-Sauvant.
(1) Lièvre. Hist. des Prot. du Pbitoii, T, 150. — II, 300. —
(2) Bnll.. XLVI1I, 351, note.
III, 323, 356.
352
DOCUMENTS
Q UARTIERS
VILLES, BOURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
COMMUNE
ACTUELLE
ÉGLISE
ACTUELLE
-
Des Touches-
Moreau. . , .
Le village de la Chevraise.
Longe.
Les .Héraults.
Saint-Sauvant.
Saint-Sauvant.
»
Vitré.
»
La Teillée.
Les Marzelières.
»
»
Pouzeau.
»
»
Le Coudre de l'Épine.
»
»
La Forêt.
Rom.
Rom.
F Ton rJhps— Morpflii
Sain t,-Sau va n t, .
Saint-Sauvant
Les Bois-de-Luché.
»
»
La Fiole.
Rom.
Rom.
De La Brousse-
! (Motheau). 9i . .
Le Village.
La métairie de Faljoie.
Le Breuil-Cartais.
Saint Sauvant.
»
»
Saint Sauvant.
»
Le Poyau (1).
Les Molles.
»
»
»
»
XI. — Église de Pamproux (2).
De Bougon . . . „
La métairie de la Chapelle.
Le Petit-Moulin.
Bougon.
)>
Bougon (3).
»
La métairie de Riberolles.
Salles.
Soudan.
La métairie de BougOntet.
Le village de La Roche.
Bougon.
»
Bougon .
»
Le village du Grand-Javarzay.
»
? De Pamproux ., «. ;
Le moulin de Pouillet.
Le moulin de La Ronce.
Pamproux.
)>
Pamproux.
(1) Bull., XLI1I, 351.
(2) Bull., XXXIV, 556. — XLIII, 134 ss. — XLIX, 288. — LUI, 46. — Lièvre, flist. Us Proi. du
Poitou, II. 286, 295. — Lieu do naissance du pasteur Pierro Poupot, 21 ociobro 1798, décédé à
Poitiers, 21 nov. 1863.
(3) Bull., XLIX, 283.
DOCUMENTS
353
QUARTIERS
vn t TiOTTRrm vttta(^f<:s
V JLIjIjILOj DUUAuij, V LXjLii\ UILiO
II A MITA 1TV W TrtrDTVlTJC
f! fl M M TT M TT
A P T rT f f T 17
A ( , I 1) Il 1j L h
ACTUELLE
De Pamproux. . .
Le moulin La Liborlière (1).
Pamproux.
Pamproux.
Le moulin Pié-Frouin (J).
)>
»
La métairie du
Grand-Goureau.
Salles.
Soudan.
Le moulin du Petit-Coureau.
Pamproux.
Pamproux.
Le moulin de Mouré.
Salles.
Soudan.
La métairie de.Puy-Bernaud.
»
Le village du Souci.
Soudan.
»
Le village delaPoitière.
Pramproux.
Pamproux.
Le village de la Gonnonière.
»
La métairie df» Mnrtpffmt
»
Le village de Nerbonneau.
»
)>
Le village de Vielpain.
»
»
Le village de la Villedieu (2).
La métairie de la Jarrie.
»
»
La métairie de la Bourrelière.
>>
La Grange-au-Prieur.
»
»
De Souillaud (3). .
La métairie de la Petite Bou-
taudière.
Rouillé
Rouillé.
» La Grande Boutaudière.
» j;
Le village de Boisgrollier.
»
La métairie de la Poinière.
^ •"$ 1
Le village deNardaine.
» ";î 1
Le village de la Goulombière.
^ ... ))
» ■'' 1
La métairie de Chauday.
»
)> 1
Le village du petit-Breuil-
Boussit.
)>
)>
De Parondeau. . .
Le bourg d'Avon.
Avon.
Bougon.
Le village de la Roche d'A-
von.
» j
Le village d'Aintré.
(1) Lieu d'Assemblées. {
(2) La Villedieu-du-Perron.
(3) Bull.,XLlK, 283.
23
354
DOCUMENTS
QUARTIERS
VILLES, BOURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
COMMUNE
A CTUELLE
ÉGLISE
A CTUELLE
De Parondeau. . .
Le village de Parondeau.
Pamproux.
Pamproux.
Le bourg de Saint-Martin.
)>
»
De Thorigné d'A-
La métairie de Mellier.
Avon.
Bougon.
Les deux métairies deBrioux.
»
»
La métairie de laCrouzillère.
»
Le village des Ouches.
»
>)
Champ-Roy.
Rouillé.
Rouillé.
La métairie de Boësse (1).
Avon.
Bougon.
De Loubigné. .
Bourleuf.
»
»
Petit Javarzay.
Bougon.
»
Les Gourjaudières.
Chenay.
Chenay.
Loubigné (2).
Exoudun.
Exoudun.
XII.
Église de Sainte-Eanne.
De Soignon. .
De Geay.
Le faubourg Charrault (3).
Lorpoitiers.
La Fragnée.
Mounée.
Chiloup.
Le Grand et le Petit Geay.
Bois-Dureau.
La .lasse.
Les Rivières.
Salles.
Le Breuil.
Saint-Maixent.
Saint-Martin de
Saint Maixent.
Sainte Eanne.
Souvigné.
Sainte-Eanne.
Salles.
Sainte-Eanne.
Saint Maixent.
LaMothe Saint -
Héray.
Souviçné.
La Mot lie
Soudan.
La Mothe
(1) Lièvre. JTist. des Prot. du Poitou, II, 295. - Martyrs Poitevins, p. 293.
(2) Lieu de naissance du pasteur Pierre Souche, 7 avril 1803, décédé | LùsiglàftQ, le 15
(3) Faubourg de Saint-Maixont.
DOCUMENTS
AT! i D TT UD Ç
VILLES, BOURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
COMMUNE
ACTUELLE
ÉGLISE
ACTUELLE
Les Bourdelleries.
Samte-Eanne.
La Mothe.
LeGhatelier.
.;-)) 1 '■■
»
Moulin-Neuf.
)) -
»
Vergor (1).
ÇîiIIpq
OClliCO. »
Crtn /Ton
AVtil Ildll .
))
))
Gauvin.
r n Mrtl Vl P
T a Mntl i p
La Rocne-ricner (-2).
^ n î n 1 p . \? n n n p
La Ronce.
))
Les Chassaignes.
•
Samte-Eanne .
))
De Bois-Bourdet. .
Galmantier.
Souvigné. - -
Souvigné.
Souvigné (3).
»
Fonfréroux (4).
»
»
Bois-Guérin.
» . ..
»
La Garennerie.
»
Chàteau-Tison.
»
)>
Les Essarts.
La Mothe.
La Mothe.
La Vinaterie.
Souvigné.
Souvigné.
Fer chat.
»
» -i
Les Fontaines.
La Mothe.
La Mothe.
Boutecule.
La Mothe et
»
La Villedieu (de Comblé).
Sainte-Eanne.
v, ... , » . '>!
Paille.
Souvigné.
Souvigné.
Les Pierrières.
Salles.
Soudan.
Bois-Pineau.
Souvigné.
•Souvigné.
Le Courtiou.
» -
j (1) Lièvre Hist. des Prot. du Poitou, II, 220.
! (2) Bull., XLIX, 283, note 1.
(3) Bull, XLIII, 132. — LU, 575. — LIV, 387, — Lièvre. Martyrs Poitevins, p.
(4) Bull., XLIII, 141.
273.
356
DOCUMENTS
VILLES, BOURGS, VILLAGES
COMMUNE
ÉGLISE
ATT A T) TTT D C
HAMEAUX ET FERMES
ACTUELLE
ACTUELLE
-
XIII. — Église de Ré
gné (1).
J-JC LXê il. Il 1 . t .
Rrplnmr
MJk CAU UA .
T a CtppIip
Epervier.
»
»
La Guiberterie.
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»
T a Cr^riî ti ïptp
LiC Uld.llU.~lTlUU.llll.
l
Sai ntp-Npnnri ^p
S'e.TVpnmavp
O ilCUlllCljCi
D'Aiript. (2) . , .
Goise.
Aigonnay.
Prailles.
Villeneuve.
»
»
Dp T P M)
Les UULllt;&.
O -i>c01IlcLyc.
^le_!V4nm a vp
Les Fontenelles.
))
»
JLtIIcIUIcIj W/*
Tî nm a r»
HUllldll.
O "iicuinajc.
T n nTîinfTP
JU cl Ulctllgc.
La Vienne.^
»
»
De Tinefort ....
Roman (4).
Le Vieux Roman.
Roman.
»
»
La Guigneraye.
))
La Petite-Garde.
»
La Cour de La Garde.
»
î^e Liinedu.
»
D'Argentière . . .
Douhault.
Prailles.
Prailles.
Régné.
Souvigné.
Souvigné.
Gourdon.
»
La Règle.
(1) Bull., XXXII, 182. — XXXIII, 526.
(2) Lieu de naissanco du pasteur Louis Gibaud, 15 août 1790. Décédé à la Molho Sami-Horay le
6 juin 1863.
(3) Bull., XXXIII, 527. — LIV, 309. — Lièvre. Hist. des Prot. du Poitou, 11, 313, 316, — Martyr
Poitevins, p. 300.
(4) Bull., LIV, 350.
DOCUMENTS
357
QUARTIERS
VILLES, BOURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
COMMUNE
ACTUELLE
ÉGLISE
ACTUELLE
cTInsay
La Brousse.
Romans.
Ste Néomaye.
De La Perjellerie
La Pauvrenière.
La Ghevallerie.
Le Ratou (1).
La Pergellerie. .
D'Houmeau.
Souvigné.
»
S'-Martin
de S'-Maixent.
Souvigné.
»
S-Maixent.
De Ghauvet ....
Rochetant.
Boisne.
Cherchenay.
La Corbelière.
Recoupettes (Ricou).
Bois-Gentray.
»
»
»
Azay-le-Brûlé.
»
Sl-Martin
de S'-Maixent.
»
Azay.
»
S'-Maixent.
XIV. -
- Église de La Mothe -Saint- Héray (2).
Du Souil .....
Le Souil.
Le bourg de La Mothe.
Exoudun .
La Mothe
S'-Héray.
Exoudun. 1
La Mothe
S'-Héray.
D'Exoudun(3). . .
Tous les moulins entre
Exoudun et la Mothe.
La métairie de Plamé.
La métairie de Bel-Air.
Le Prieuré d'Isernay.
Le Logis de Petousse (4).
Le Logis de La Lande.
Exoudun.
Exoudun.
»
(1) Lièvre. Hist. des Prot. du Poitou, II, 201.
(2) Bull.. III, 232.— IV, 228, 352. — V. 309. — XV, 518. — XXI, 375. — XL, 596. — XLII1, 126,
139. — XL1X, 291. — LU, 399. — LIV, 356, 333, 396.
(3) Bull.., IV, 229, 322. — iX, 297. — XV, 518. — XXVIII, 170. — XXXVIII, 112.— XLIII, 126,
217. — XLV1, 455. — XLIX, 311. — LIV, 330, 333, 395.
(4) Bull., XXXVIII, 170. — Journal de J. Migault, p. 134.
358
DOCUMENTS
QUARTIERS
VILLES, BOURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
COMMUNE
ACTUELLE
ÉGLISE
ACTUELLE
d'Exoudun ....
La métairie de La Tresse.
Exoudun.
Exoudun.
La métairie de Massien.
))
»
La métairie du Quéreau.
»
Le village deLaBourdonnerie
»
La métairie
desPrinchardries.
»
»
Le village de
La Villedieu-des-Couts (1).
La Mothe.
La Mothe.
La métairie de Fonmorte.
»
»
Les deux métairies de
»
La Ghapronnière.
»
Lia, Hlcld.ll.lt? U.U Jrlli.
Le village de Barbecane.
Trémont.
»
»
De L'Hermitain (2).
L'Hermitain.
La Couarde.
>>
»
La métairie du Fontagnou.
La Mothe.
La Mothe
La Mothe
Les deux métairies du Pairé.
etSouvigné.
et Souvigné.
Le village de Savrelle.
Souvigné.
Souvigné.
Le village de FHermitain.
» ■ - -
. . »
Lamétairie.
de La Cabournerie.
Le village du Rivaud.
La Couarde.
La Mothe.
Le village de La Couarde {S).
»
Le village de LaFontauzelière.
Souvigné.
Souvigné.
D'Hurit
Hurit.
Prailles.
Prailles.
La métairie de
La. Grange d'Oiré.
Souvigné.
Souvigné.
La Gratonnerie.
Prailles.
Prailles.
Le village de LaGravette (4).
(1) Bull., XLII1, 135, 143.
(2) Bull., LIV, 381 ss. — Liôvro. Martyrs Poitevins, p. 281, 291.
(3) Bull,, LIV, 360.
(4) Bull., LIV, 386.
DOCUMENTS 359
QUARTIERS
VILLES, BOURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
COMMUNE
ACTUELLE
ÉGLISE
ACTUELLE
(THurit
Le moulin de Roussillon.
Prailles.
Prailles.
Le village de La Justice.
La Couarde.
La Mothe.
Lie Village Dell mil.
a 1 cliiica .
Jrl dlllcb.
De Caunay. . . .
Caunay.
La Couarde.
La Mothe.
La métairie de La Berlière.
»
»
Le village de la Bertaudière.
»
»
La métairie de Maupertûis(l).
»
La métairie de la
Perjaudière.
»
»
Le village de la
Boucquetière.
»
Le village de La Maison-
Rouge.
»
Le village de La
Rani «ssi ptp (Q\
Baussais.
Raillai s
T p lncnc dp T.no.G.anrliprp ("\\
Prailles.
Praillps
Le village de Lussaudière.
»
»
La métairie de L'Homellerie.
La Couarde.
La Mothe.
T o irîllnorf» rl n CTiptip
1 j C VlllCliiv/ U. U, V_^11C 11 c .
Prailles.
Praill ps
F a mptairip rlp Mftnlav
AjCl IllClCtlllO U.C 1T1UU.1CXJ.
La Gaucherie.
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Des Côtes (4) . . .
Les Côtes.
La Couarde.
La Mothe.
La métairie de Vilfa.
)> i
Le village de Vigneau.
>) il
La Chaume.
»
»
Le Souci.
La Gandissière.
»
»
Pied-Limousin.
»
(1) Bull. , LIV, 386.
(2) Lièvre. Hist. des Prot. du Poitou, 11, 204.
(3) Bull, XLII, 594.
(4) Bull., LIV, 385.
360
MÉLANGES
QUARTIERS
VILLES, BOURGS, VILLAGES
HAMEAUX ET FERMES
COMMUNE
ACTUELLE
ÉGLISE
ACTUELLE
Des Côtes
La Bosse (1).
La Couarde.
La Mothe.
Aiglemier.
»
»
Le gros bourg de Goux (2).
»
»
Le village de La Foye.
»
Le village de L'Erable. (3).
La Passe-Bernière.
»
))
(1) Bull., LIV, 389.
(2) Bull., LIV, 389.
(3) Bull., XL11I, 141,
142.
Mélanges
AVANT ET APRÈS LA RÉVOCATION
DE L'ÉDIT DE NANTES
Chronique des événements relatifs au Protestantisme
de 1682 à 1687 (1)
A Paris, le 13e Mars 1686.
...Le Pape a donné audience au Gouverneur de Rome qui ne
i'avoit point eue depuis 5 mois, quoyque ce soit un des officiers à
-qui il seroit plus nécessaire de communiquer souvent. L'on pré-
tend qu'il tiendra bientost un consistoire où il fera une promo-
tion. L'Abbé d'Enoff sera nommé Cardinal pour la Pologne, le Roy
s'estant désisté de la nomination qu'il avoit faite de l'Ëvêque de
Beauvais. Cet abbé estoit allé au despens de cet évêque à Rome
pour luy soliciter le chapeau.
A présent que les troupes du Milanez sont en partie licentiées
et en partie envolées aux Vénitiens, le Gouverneur de Milan a
esté allarmé de la marche de quelques troupes sorties de Casai
par les ordres de Mr de Catinat pour secourir le duc de Savoye
contre les Religionnaires ; mais l'on apprend qu'une partie de ces
gens-là se sont faits catholiques et que l'autre a passé en Suisse,
le Duc leur ayant donné passage.
...Le prince d'Orange fait prêter le serment de fidélité à tous
les officiers françois qui pour cause de Religion se sont retirez en
Hollande. C'est plûtost pour luy que pour les Ëstats Généraux.
A l'exemple du Roy, celuy d'Angleterre va faire un camp de
ses troupes au commencement du mois de may, auprès de. Wind-
sor, afin de les discipliner. Il envoyé des troupes en Escosse à
•cause de la dernière émotion qui s'est faite à Edimbourg, pour
soûtenir les commissaires qui font le procès aux séditieux. Il va
aussi faire publier de rigoureures deffenses contre les duels ; car
il y en a eu depuis peu quelques-uns fort considérables. Un des
professeurs de Théologie de l'Université d'Oxford s'est déclaré
catholique avec tous ses Ecoliers; il a esté excommunié.
(Fol 116).
Il y a eu de nouveaux désordres dans les Sevennes. On y a fait
le presche et la Cène dans une grange et dans une vigne. Mr de
(1) Voyez plus haut pp. 254-261.
362
MÉLANGES
Boufflers et l'Intendant de la province y sont allez. Quelques uns
ont esté pendus et les autres envoyez aux Galères.
Le Père Bourdaloue fait de grands fruits à Montpelier où il
presche le Caresme (1).
Deux sœurs de Mr Danjau (2) ont esté arrêtées auprès de
Blois. On les amène icy en des convents.
Trois jeunes Dames de la Religion ont esté arrêtées, habillées
en Cavaliers. Ce sont Madame de la Sablière et mesdemoiselles de
Forest et de Chais. Madlle de la Force s'est faite catholique.
Mr de Bercy, ayant esté tiré de l'Intendance de Lion pour un
autre employ (3), on a mis en sa place Mr de Brest qui l'estoit à
Grenoble auquel a succédé M. de Bouchu... (Fol. 116 v°).
A Paris le il 6e Mars 1686.
...Le Duc de Savoye a encore prolongé le délay à ceux des
vallées pour leur donner le temps de se faire catholiques ou de
vuider de ses Estats. L'on dit que le Régiment de la Croix
Blanche ayant voulu tenter la descente dans la vallée de Luserne
a esté repoussé.
Le Duc de Savoye n'a pas accordé à l'Empereur les secours
qu'il luy demandoit, ne se trouvant pas en estât de cela.
Castelmen, ambassadeur d'Angleterre à Rome, est allé s'embar-
quer à Marseille et descendre à Livourne; de là il continuera son
chemin à Rome.
...Ce n'est pas au nom des Estats que le prince d'Orange a fait
prêter le serment de fidélité aux officiers françois qui pour cause
de Religion s'estoient retirez en Hollande, mais en son nom. On a
esté surpris d'un coupaussy hardy.
Les deux jeunes Bosc, de Montpellier, beaufrères du jeune
Duquesne, qui à cause de la Religion s'estoient retirez comme
les autres en Hollande, ont pris résolution de revenir en France.
Le prince d'Orange, a, de son authorité, fait saisir tous leurs
effets. On leur a accordé des représailles sur tous les biens que
ce prince a en France.
Le Roy d'Angleterre a dépossédé un officier de l'Echiquier pour
(1) Sur la mission de Bourdaloue à Montpellier, voir mon Histoire critique
de la Prédication de Bourdaloue, t. I, aux années 1685 et 1686.
Louvois, demeuré en relations avec le jésuite qui lui avait servi de répé-
titeur au collège, s'était chargé d'aider à son voyage, comme l'indique notre
chronique, et comme le confirment les fragments de la correspondance du
ministre avec son ancien maître, retrouvés récemment. Cf. Études du 5 juillet
1909, p. 704.
(2) Mesdemoiselles Charlotte et Hélène de Courcillon de Dangeau.
(3) Cet emploi était celui d' « intendant du commerce des doux mors »,
(Sourches, t. I, p. 365). Sourches attribue cet avancement à la faveur de
M. de Seignelay, car outre que cette nomination étoit de son district. Mm' de
Seignelay était nièce, à la mode de Bretagne, de M. de Bercy. » ^p. SfiÔ
MÉLANGES
36$
quelque faute qu'il a faite et a mis en sa place un catholique.
(Fol. 117).
Mr le maréchal de Schomber a pris le congé du Roy.
Les habitans du village de Mer, prés de Blois, qui estoient cy
devant de la Religion, s'avisèrent le jour de Carnaval d'aller dans
l'Eglise avant vespres et chanter le psalme 128 qu'ils avoient
acoûtumé de chanter devant leur Temple, sans que le Curé ny
les paroissiens l'ayent jamais pû empêcher. L'on informe contre»
eux. Ceux qui ont esté de la Religion ne veulent pas estre appelez,
nouveaux convertis, mais réunis.
...La comtesse deSoissons s'est embarquée àOstende avec son.
fils le prince Eugène, pour aller à Madrid. Ce Prince espère que
le Roy d'Espagne luy pourra donner le Grand Prieuré de Castille^
de l'ordre de Malte.
L'affaire de l'Estang (1), a esté jugée aux Requestes de
l'Hostel. Il est condamné à 5 ans de bannissement et à 15 mille
livres de réparations civiles. Le chevalier d'Hoquincour doit
servir le Roy cinq ans à ses dépens, Saché, banny pour 3 ans ; un
autre absous de l'accusation. La Pipane et Rouillier sont condamnez;
a avoir le col coupé. Il n'y a que de l'Estang qui soit prisonnier.
Le cabaretier qui avoit tué Mr Petit, Chanoine de St Germain
de l'Auxerois a esté condamné aux Galères à perpétuité et est
party... (Fol. 117 v°).
A Paris le 20* Mars 1686.
Le voyage que fait la comtesse de Soissons en Espagne est afin
d'assurer et mesme augmenter ses pensions qui n'estoient pas
trop bien payées aux Pays bas, les fonds manquant le plus sou-
vent. L'on dit aussi qu'elle est assurée d'y marier le prince;
Eugène, son fils, avec une très-riche héritière. La princesse,
Colonne sa sœur, qui fut mise dans un convent à Madrid dans le
temps que son mary y estoit, estant sortie pour quelques
visites, au retour voulant r'entrer, la porte du convent luy fut
refusée. Les Religieuses estant depuis long-temps fort mécon-
tents d'elle, crûrent avoir trouvé le moyen de s'en deffaire. Cette/
Dame employa tous les moyens pour r'entrer. Le Nonce qui a
grand pouvoir et mesme jurisdiction en ce pays là, interposa
sonauthorité, mais sans eflet. On eût recours à l'autorité du Roy ;,
mais ceux qu'on y envoya furent encore refusez. Sa M. fut obli-
gée d'y envoyer un Alcaïde accompagné de plusieurs Alguasils et
autres ministres de justice qui enfoncèrent les portes, mais à
quelques pas de là ils trouvèrent un retranchement qu'ils furent
obligez d'enfoncer; et de cette manière la connétable trouva les
moyens de r'entrer dans son appartement.
(1) Cf. plus haut, p. 175, au 13 février 1686.
MÉLANGES
Le Pape a congédié son médecin et luy a donné pour récom-
pense un bassin d'argent rempli de chocolat. Il n'a plus avec lui
que son chirurgien qui luy a fait l'opération, ayant une fistule.
Il a refusé au cardinal Mellini qui luy a fait de fort beaux présents
revenant d'Espagne, une petite charge une fort petite charge qu'il
luy avoit demandée pour son neveu. Il ne veut pas que le Cardi-
nal Cibo, légat d'Avignon, remplisse les charges de cet Estât. Il a
mandé au vice légat qui est sur les lieux d'y pourvoir sans parti-
cipation de cette Eminence. Il ne faut point espérer de promo-
tion. Il a trouvé le moyen d'empêcher que les Jacobins n'élussent
un général françois. Il a supprimé un Mont pour un profit fort
modique que la Chambre Apostolique en retire. Le secours qu'il
a résolu d'envoyer au Roy de Pologne est de 300 ducats romains
qui font un million monnayé de France... (Fol. H 8).
A Ratisbonne dans un festin qu'a donné le principal commis-
saire de l'Empereur à plusieurs Députez des Estats de l'Empire.
Mr de Torcy en fut convié. Au milieu du repas, après avoir beû la
•santé de l'Empereur, on beût aussi celle des 3 Roys d'Angletterre,
•de France et Espagne. Quand ce fut au tour de Mr. de Torcy, il
nomma le Roy de France seul et le premier et les deux autres
«ensemble, ce qui fit honte à quelques-uns qui avoient beû avant
luy qui les avoient nommez tous trois ensemble. Ensuite on
recommença à boire de la manière qu'elle avoit esté commencée.
Les Estats Généraux ont fait des deffenses fort expresses de
parler à l'avenir dans aucun écrit de la conduite que l'on tient
présentement en France à l'égard des Protestans.
Le Roy d'Angleterre a osté la charge de Grand Trésorier d'Es-
•cosse aumylordde Guisbury, aussi bien que le gouvernement du
•chasteau d'Edimbourg. Il a donné l'administration des finances
de ce royaume à A ou 5 personnes et le gouvernement du chas-
teau à Milord Gourdon qui est catholique. Il est certain que milord
Guisbury a suscité la dernière émotion à Edimbourg, estant un
rzelé protestant et ennemi du chancelier d'Escosse.
Madame d'ïïervart et la marquise de Gouvernay sa fille sont
parties pour se retirer en Angleterre, suivant la permission qu'elles
■en avoient obtenu du Roy (1).
L'on a levé les défenses que l'on avoit faites de débiter les livres
de Mr. Le Tourneux qui sont d'une grande édification aux Nou-
veaux Catholiques. L'on en a seulement changé le canon de la
messe.
...L'on juge présentement Mr Vedeau, conseiller à la cour : on
•en dira le détail au premier jour.
L'on vend en détail la bibliothèque de feu M. le chancelier
:Séguier.
(1) Voir plus haut, p. 255, au 20 février 1686.
MÉLANGES
365
Il y a eû une banqueroute en Provence de huit cent mille
livres ; les banqueroutiers sontarrétéz. (Fol. 118 v°.)
A Paris le 23e Mars 1686.
...La Reine de Suède avoit résolu de faire un Opéra chez elle ce-
Carnaval; mais à cause de l'indisposition du Pape, elle n'a pas-
voulu permettre qu'on fit aucunes réjouissances. Le peuple de
Rome n'en n'a pas usé de mesme, car après qne le Gouverneur de
Rome a représenté à S. S. que le peuple vouloit marquer la joye
qu'il avait de sa convalescence, l'on a permis aux Dames et
mesme aux courtisanes de se masquer.
Le Roy de Pologne s'est entièrement déporté de la nomination
qu'il avoit faite de l'Evêque de Beauvais au cardinalat, sçachant
l'aversion que S. S. a pour ce prélat II a nommé en sa place un
Barberin.
Le Duc de Savoye est campé avec ses troupes auprès des-
vallées, et Catinat avec celles de France est prest à le joindre.
L'on tient que le Roy de Pologne commandera luy-mesme son.
armée. (Fol. 119).
...Le Prince d'Orange arme 6 vaisseaux à ses dépens. Le secré-
taire de l'ambassadeur de Hollande qui est icy a esté révoqué-
L'on n'estoitpas content de luy icy non plus qu'en Hollande.
L'on fait le procès à Pépin, officier de marine, pour avoir faci-
lité l'évasion de plusieurs Religionnaires. Quelques Intendants»
ont fait publier des Ordonnances par lesquelles ils enjoignent aux
Nouveaux Catholiques d'entendre la messe sous de grosses
amendes,
Le maréchal de Schomber est party au regret de toute la cour.
Sa Majesté en a témoigné beaucoup de chagrin. Elle le fît r'entrer
deux fois dans sa chambre pour luy dire adieu. Monseigneur
l'embrassa; Madame la Dauphine luy dit des choses fort obli-
geantes. Il s'ira embarquer avec madame la maréchale sa femme
dans un vaisseau que le Roy leur donne pour cela à la Rochelle.
L'arrest contre Mr Vedeau porte un bannissement de 9 ans,
■4 mille livres envers le Roy, de se deffaire de sa charge dans
6 mois, qu'autrement elle demeurerera impetrable, incapable
d'exercer aucunes charges à l'avenir, l'arrest sera écrit où le
registre a esté falsifié. Son secrétaire est aussi condamné au
bannissement pour 9 ans, le nottaire à une année d'interdiction,
et le Gentil'homme r'envoyé absous... (Fol. 119 v°).
A Paris le 27° Mars 1686.
Il y avoit eû quelque sujet d'altération entre le Duc de Savoye
et Madame Royale sa mère pour quelques prétentions (sic) qu'elle
avoit contre luy. Le marquis d'Arcy, ambassadeur de France, s'est
entremis pour les accommoder et l'a fait avec tant d'addresse qu'il a
366
MÉLANGES
terminé l'affaire au contentement de l'un et de l'autre, dont
Madame Royale a fait faire des remerciments au Roy.
Les Religionnaires des vallées se sont retirez dans le haut des
montagnes en des lieux inaccessibles où il est presqu'impossible
de les attaquer.
Il paroit que le Duc de Mantoue évite de rendre réponse à
l'envoyé de l'Empereur qui est allé pour solliciter la liberté de
deux de ses officiers, son capitaine des gardes et son premier
ministre, accusez d'avoir voulu atten ter à la personne du prince et
de l'Estat.
Le Roy d'Angleterre a très bien reçu le marquis de Ruvigny,
aussi bien que toute sa cour. (1) S.M.B. a fait une 4e compagnie
de ses Gardes à cheval, dont Milord Douvre est capitaine.
L'on tient que le Parlement d'Escosse sera un préj ugé de ce que
l'on doit espérer de celuy d'Angleterre, et que les catholiques y
seront fort bien traitez. Le Roy a permis une collecte en faveur des
Réfugiez de France. L'Archevêque de André et l'Evêque d'Edim-
bourg sont arrivez à Londres. On ne sçait pas encore le sujet de
leur voïage. L'on a permis aux ministres des princes catholiques
qui sont à Londres de faire prêcher dans leurs chapelles en
langue angloise où tous les anglois catholiques pourront aller.
(Fol. 120).
...Les Hollandois font un puissant armement par mer. Outre ce
qui avoit déjà esté résolu, ils arment encore 12 vaisseaux de
guerre et 6 frégates. Les Corsaires d'Alger ont déclaré la guerre
aux Estats Généraux.
Un nommé Texier (2), viguier d'une petite ville des Sevennes,
a esté pendu avec un autre, comme autheurs de la nouvelle sédi-
tion que les Nouveaux Catholiques avoient faite.
Le marquis de Langey et son fils ont esté mis à la Bastille, et
sa femme et sa fille chacune dans un convent.
L'on verra dans peu de temps un manifeste ou Déclaration du
Roy par laquelle S. M. fera voir les raisons qu'elle a eues de
presser les Religionnaires de France à se faire catholiques. Outre
les raisons de pieté et de religion, elle a encore celle qu'ils ont
voulu troubler en toutes rencontres la paix, S. M. ayant entre les
mains les originaux des Traitez qu'ils ont fait avec les Princes
Protestans pour faire des soulèvemens. (Fol. 120 v<>).
A Paris le 30e Mars 1686.
...Le Pape s'est r'enfermé jusqu'à Pasques. C'est son chirurgien
qui le gouverne et qui a le plus de pouvoir auprès de luy.
Les voisins du Duc de Mantoue prennent beaucoup de jalousie
(1) Voir plus haut, p, 266 au 28 nov. 1685 et p. 116, au 16 février 1686,
,(2)11 s'agit de Teissier viguier de Durfort, cf. plus haut, p. 169 (note) au
26 janvier 1686. 1
MÉLANGES 367
de la manière dont en use ce Duc, appréhendans qu'il ne remette
ses Estats entre les mains des François, persuadez qu'ils sont
qu'il a fait un traité avec le Roy.
La diette que les Suisses tenoient à Basle est terminée. Ils y
ont résolu de secourir cette ville et le canton de toutes leurs
forces si quelque puissance les attaquoit. On leur a voulu faire
accroire que l'on avoit de mauvais desseins contre la liberté de
cette ville et contre celle de Genève; mais on n'a rien voulu
statuer à l'égard de celle-cy. Aussy elle n'est alliée que fort peu
des cantons : mais il est certain qu'on n'a aucun dessein ny
contre l'une n'y contre l'autre.
Van Beuning s'est entièrement démis de tous ses emplois et
veut vivre à l'avenir dans Amsterdam comme un autre parti-
culier.
Le Roy d'Angleterre ne fera qu'un médiocre armement de
vaisseaux cette année. L'on a depuis peu imprimé et publié à
Londres par autorité du Roy un catéchisme qui contient tous les
dogmes de l'Église Romaine. Ce livre n'a pas plûtost paru que
l'Évêque de Londres en a fait débiter un autre qui contient tous
les dogmes de l'Église Anglicane. Ce n'est pas la première fois
que ce Prélat en a usé de mesme. L'on a frappé depuis peu une
médaille à Londres. D'un costé est la teste du roy avec cette
légende : un Dieu, un Roy, une foy; et de l'autre costé est un
soleil, de la manière que l'on représente le Saint-Sacrement dans
les églises catholiques.
Les deux fils de madame de Gouvernet (1) se sont faits catho-
liques.
L'on a arrêté plusieurs personnes en Languedoc, les uns soup-
çonnez et les autres convaincus d'avoir voulu émouvoir une
sédition.
L'on a envoyé une partie du régiment des Gardes Suisses en
Picardie pour en relever d'autres, qui ont ordre de marcher en
Normandie afin de contenir les Nouveaux Catholiques dans leur
devoir.
L'Électeur de Brandebourg, conjointement avec l'Envoyé
d'Angleterre ont fait icy de grandes instances afin que le prince
d'Orange ait main levée de sa principauté; mais on ne void pas
que cela fasse un grand effet. (Fol. 121).
Mr des Marais, cy-devant Intendant des finances a eû la per-
mission de revenir icy avec toute sa famille.
Le Prince Électoral de Saxe a vû le Roy incognito, parce qu'il
se prétendoit couvrir devant S. M. s'il l'eût veû publiquement. Ç'a
esté Madame la Dauphine qui l'a présenté.
L'Archevêque de Rouen a donné la cure de Saint-Gervais à
(i) C'était la fille de Mme d'Herwart, cf. plus haut p. 255, au 20 février 1686.
368
MÉLANGES
Mr Feu, qui en a pris possession. Mr de Brillac, Indultaire sur
l'Abbaye du Becq prétend emporter ce Bénéfice. Le défunt Curé a
fait pour plus de 30 mille escus de fondations à de pauvres écoliers
et à la communauté de prestres et aux filles de Sainte-Croix.
Le Roy a approuvé l'arrest que le Parlement a donné pour
l'affaire de Mr Vedeau.
L'on dit qu'il y a un Arrest du Conseil qui ordonne que les
propriétaires des maisons de la paroisse S* Sulpice payeront
le double de ce qu'ils ont coutume de payer, afin d'amortir les
debtes de la fabrique de cette paroisse et achever le bâtiment.
...Le Roy entend que ceux qui ont esté pourveûs en régale dans
le chapitre de Pamiers ayent à se faire religieux de S1 Augustin
comme est tout le chapitre de cette église, à faute de quoi leurs
Bénéfices seront impétrables. (Fol... 121 v°).
A Paris le 3e Avril 1686.
.. .L'on perd l'espérance que le Pape fasse jamais des Cardinaux.
Ceux qui luy sont présentez par les couronnes sont, dit-il, des
sujets qui ne méritent pas cette dignité.
Le marquis de Blanchefort, fils du maréchal de Créquy, a esté
reçû à l'audience de S. S. parce qu'elle a sçû qu'il alloità la guerre
d'Hongrie. 11 Ta comblé de bénédictions et d'indulgences et l'a
extrêmement loué d'un dessein si chrétien. S. S. a fait tenir le
chapitre général des Carmes des-chaussez à Bologne, afin d'empê-
cher les solicitations de l'ambassadeur de France pour que l'on
ne nommast pas un sujet qui fut Général et désagréable icy.
Le Duc de Savoye a fait réponse aux envoyez des Suisses
qu'ils ne s'estoit point mêlé des affaires qui estoient arrivées en
leur pays au sujet de la Religion, qu'il vouloit vivre en bon voisin
avec eux, mais que ce n'estoit pas à eux à se mêler de ce qu'il
faisoit dans ses estats avec ses sujets, qu'il estoit leur souverain
et vouloit estre obeï.
Les Religionnaires des vallées s'estoient retirez en des lieux
qu'ils prétendoient inaccessibles ; mais la veue des troupes de
France leur a fait perdre toute espérance. Il faut qu'ils changent
de religion ou bien qu'ils abandonnent le pays; on leur avoit
donné dix jours pour se résoudre. (Fol. 422.)
L'Electrice douairière Palatine, mère de Madame et du dernier
Electeur Palatin, est morte et le prince palatin est fort malade,
Le Duc de Nortomberlan, fils naturel du feu Roy d'Angleterre,
s'est marié clandestinement à une femme de basse naissance. Ces
sortes de mariages ne se cassent pas en Angleterre.
Le Roy a licencié cent officiers de ses troupes d'Irlande el a
mis cent catholiques en leur place.
L'Evêque de Bath a fait un sermon tout catholique devant Le
prince et la princesse de Danemark. Le ministre de Posné, à
MÉLANGES
369
deux milles de Londres, s'est déclaré catholique à la fin de son
presche.
Mr de Barillon fait prescher à Londres pendant le Garesme
•dans sa chapelle 3 fois en François et 4 fois enAnglois. Les autres
ministres des princes catholiques en usent de mesme.
Mr de St Martin, cy devant conseiller à la Cour, de la Reli-
gion, a esté mis à la Bastille parce qu'il vouloit dogmatiser. La
femme et la fille de Chardon se sont faits catholiques.
Mr Dangeau a épousé Madlle de Levestin la nuit du dimanche au
lundy. Mr le Duc et madame la Duchesse donnèrent la chemise.
Les fiançailles furent faites dans la chambre de madame la Dau-
phine par Mr Fléchier Évêque de Lavaur. (Fol. 123).
A Paris, le 6e Avril 4686.
...Les Députez des cantons de Zurich et de Bern ont fait sçavoir
aux Gens de vallées qu'ils ne doivent attendre aucun secours de
leurs supérieurs. Cependant on vient d'apprendre qu'ils sont en
volonté de se deffendre contre le duc de Savoye. L'ambassadeur
•de France en Suisse avoit fait sçavoir de la part du Roy que
S. M. prendroit pour infraction et rupture d'alliance s'ils prenoient
la résolution d'assister les ennemis ou rebelles de quelque
prince que ce puisse estre qui fust de ses alliez, leur faisant
-connoistre par là que c'estoit le Duc de Savoye dont il vouloit
parler. L'on dit que les Suisses veulent faire cet esté deux camps
de toutes leurs meilleures troupes.
...Les troupes que le Roy de Suède a fait passer en Poméranie
donnent beaucoup d'inquiétude à l'Electeur de Brandebourg.
Le Roy a fait délarer aux Hollandois qu'il n'avoit aucun dessein
de troubler la paix ny défaire aucune entreprise sur les Estats
■du Roy d'Espagne ; qu'il ne demandoit autre chose que la resti-
tution de ce que l'on avoit indeuement pris à ses sujets; que si
après cette déclaration, ils se mêloient d'assister le roy d'Espagne,
il prendroit cela pour une infraction à la trêve. On tient que cela
a fait cesser l'armement de mer qu'ils faisoient, d'autant plus
que chaque fois qu'ils augmentaient le nombre de leurs vaisseaux,
le Roy augmentoit le sien au double (1).
(1) Pour les affaires d'Espagne, occasionnées par les vaisseaux confisqués
à Cadix, il est trop long de tout reprendre; ce serait l'objet d'un extrait spé-
cial et intéressant. Voici ce qu'on lit au 3 avril :
« L'on a envoyé un courrier à Patoulet qui est à Madrid pour l'interest du
négoce. On ne sçait pas précisément quels ordres il porte ; mais Patoulet doit
revenir dans peu s'il ne reçoit pas une réponse positive pour satisfaire nos
négociants. Le Roy ne veut point que la restitution de l'argent qui a esté pris
dans le vaisseau saisy à la Corogné se fasse par les mains du Nonce qui est
en Espagne, mais qu'elle soit faite par les ordres du Roy d'Espagne.
«Le dessein des Espagnols et des Hollandois joints ensemble est de ruiner
le traffic de France. Geux-cy ont fait cultiver grande quantité de chanvres et
24
370
MÉLANGES
Les Estats Généraux ont ordonné la démolition d'une grande
partie des fortifications de Mastrick, qui sont d'une trop grande
garde
Par ordre du Roy d'Angleterre, les Evesques ont envoyé
défense de prescher des controverses. Mr de Barillon travaille
présentement à un traité de commerce. Il s'en fait un pareil entre
l'Angleterre et le Danemark.
...L'on poursuit fortement les maires et échevins des villes et
autres lieux qui ont touché les deniers des estapes, qui ont fait
beaucoup de friponneries. (Fol. 123 v°.)
A Paris ce 10* Avril 1686.
...Le pape a tenu un consistoire qui a duré peu de temps, les
cardinaux ayant esté avertis de ne pas tenir un long discours. On
y a seulement fait quelques propositions d'Evêchés. S. S. y a fait
lecture de l'éloge qu'elle a fait du Roy en conséquence des révo-
cations des édits de Nantes et de Nisme, comme fit Urbain 8 de
Louis 13 après la prise de la Rochelle. Le cardinal d'Éstrées et
le Duc son frère, ont supplié S. S. de leur en donner coppie pour
l'envoïer au Roy. S. S. a remis au prochain consistoire qui (se)
tiendra après Pasques, de donner le chapeau, et fermer la bouche
au cardinal Méllini.
L'on a crû que l'accommodement des gens des vallées de
Piedmont avec le Duc de Savoye estoit fait, que les temples
seroient abbatus et les ministres chassez ; que ceux qui voudroient
rester le pou'rroient faire en se faisant catholiques, et que les
autres seroient obligez dans un certain temps de vuider le pays ;
mais par des lettres du 2 de ce mois, on apprend que les troupes
françoises jointes à celles du Duc de Savoye, sont entrées dans
les vallées. Ainsi cela fait connoitre qu'il n'y rien de fait.
...La Diète de Ratisbone a déclaré, ainsi que le Roy le deman-
doit, que la prise de possession qu'avoit fait le nouveau Electeur
de lins dans la Silésie, dont ils ont fait faire des toiles de différente qualité
afin de les débiter aux Indes occidentales, dont le débit se faisoit à bien plus
bas prix que celles de France ; mais ils n'ont pas eu le succès qu'ils en espé^
roient; car une fois blanchies elles se sont trouvées dures et cassantes et
d'un fort méchant usage. Ainsi les habitans des Indes ne s'en peuvent plus
servir et des plus belles on n'en trouveroit que fort peu de chose, et on sera
encore contraint de revenir à celles de France. » (fol. 122.)
On lisait au 16 mars : « L'on attend, avant que d'envoïer les derniers
ordres pour nos nouveaux armemens de mer, que Patouillet ^en marge,
ou Patoulet) qui a passé en Espagne au nom des marchands françois, soit
de retour afin de sçavoir quelle résolution le conseil d'Espagne aura pris et
de quelle manière on prétend les satisfaire. Deux marchands, l'un de Rouen
et l'autre de St Malo, ont ordre de venir icy pour instruire nos ministres de
quel interest le commerce d'Espagne, et principalement dos Indes peut estre
pour la France. » (fol. 117).
MÉLANGES
371
Palatin des lieux, places et Seigneuries et des meubles prétendus
par Madame dans la succession des deux Electeurs Palatins, son
père et son frère, ne luy pourroit préjudicier, ny à Mr le Duc de
Chartres, son fils, non plus que cette présente Déclaration ne
pourra nuire aux droits de l'Electeur Palatin. (Fol. 124).
Le Roy d'Angleterre a fait pressentir le pape s'il approuve roit
qu'il fût couronné à Edimbourg comme Roy d'Escosse par les
Evesques protestans comme il a fait pour le Royaume d'Angleterre
à Londres. La Cour de Rome a esté contraire à cette demande.
Le Prince d'Orange a fait, de sa propre autorité, armer 6 vais-
seaux. On ne doute pas que ce ne soit pour assister le Roy d'Es-
pagne. Il en donnera le commandement au comte Stirum , ausquels
doivent je joindre 6 autres vaisseaux de convoy.
Le comte de Théaubon et autres . de la Religion qui s'estoient
embarquez à Dieppe et si bien cachez que ceux qui visitèrent le
vaisseau ne les purent découvrir, pensant estre en sûreté, ils mon-
tèrent sur le tillac et se mirent à se réjouir, se faisant servir par
un laquais habillé de jaune. Les visiteurs qui, estans dans un
autre bastiment, remarquèrent qu'ils n'avoient point vu cette
livrée, ce qui les obligea de courir après. Ils r'amenèrent le vais-
seau et ont tout mis en prison.
La comtesse de Roye est partie lundy pour aller trouver son
mary en Danemark. Elle a esté conduite quelques jours par le
maréchal Duc de Duras, son frère.
...L'on a levé les deffences de débiter la traduction qu'a fait
Mr le Tourneux du Canon de la messe. Le Roy n'a pas trouvé
bon qu'on l'ait fait sans luy en avoir parié (1). (Fol. 124 v°.)
. A Paris le 1 3e Avril 1686.
...Le Pape se rendra plus visible quand le temps auquel on luy a
dit qu'il devoit mourir sera passé, un Astrologue luy ayant
prédit qu'il seroit pape pendant 16 ans, et comme peu s'en fallut
qu'il ne fut élu au lieu de Clément X, il compte depuis ce temps
là, ce qui fait à peu près les 16 années.
Comme l'éloge que S. S. a fait en faveur du Roy et que le car-
dinal d'Estrées a envoyé icy, est mis dans la Gazette, il n'en sera
point parlé dans cet écrit ; mais seulement que c'est un appelé
Colonis qui l'a composé (2).
(1) Voir plus haut, p. 364, au 20 mars 1686.
(2) L'allocution faite au consistoire du 18 mars est en effet citée dans le
numéro 15 de la Gazette, paru le 13 avril 16S6. On y lit : « Hier il (le Pape)
tint Consistoire : après avoir donné part aux Cardinaux de ce que le Roy Très
Chrétien avoitfait pour la réunion de ses Sujets à l'Église catholique, il leur
a dit en subsistance, Que par l'amitié qu'il avoitpour ce grand Prince et pour
le très florissant Royaume de France, il avoit une extrême joye de ce que
Dieu luy avoit réservé la puissance nécessaire pour extirper l'Hérésie, et pour
délivrer son Royaume, en si peu de temps, de la fausse Religion qui y avoit
372
MÉLANGES
S. S. a refusé les décimes des biens ecclésiastiques aux Véni-
tiens ; ce qui leur tait beaucoup de chagrin et les pourroit por-
ter à écouter les propositions qui leur sont faites de la part des
Turcs, quoiqu'il fassent un puissant armement pour la campagne
prochaine... ;
...Les protestans des Vallées sont enfin soumis aux volontez de
deur souverain le Duc de Savoye (1).
Le Roy de Pologne sera à la teste de ses troupes au commen-
cement de Juin. Le courier qu'il a envoyé à Rome a rapporté que
S. S. a promis de lui envoyer encore un million, monnoye de
Pologne, afin de soûtenir la guerre. L'on a nouvelle par lamesme
voye de Pologne, que les Tartares Kalmuch ont déclaré la guerre
aux Moscovites.
Le duc de Northumberland, fils naturel du feu roy d'Angle-
terre, a fait passer sa nouvelle épouse en Flandres dans uu convent.
C'est la fille d'un marchand de volaille (2). S. M. B. estoit en parole
4e le marier avec la fille du duc de Neufscatel, la plus riche héri-
tière d'Angleterre.
Le Parlement d'Escosse est retardé de 15 jours. Tout le monde
€roid en Angleterre qu'il y a un traité d'alliance avec la France ;
mais ce n'est que pour le traffic, principalement pour celuy de
l'Amérique. (Fol. 125.)
...Le Divan d'Alger a déclaré la guerre aux Hollandois. Cela
obligera ceux-cy d'envoyer une partie de leurs vaisseaux dans la
Méditerranée.
L'on apprend tous les jours que plusieurs personnes de la Reli-
gion se retirent hors de France et qu'ils se vont embarquer en
des ports détournez ce qui oblige à mettre des gardes de costes
<en ces lieux-là...
Mr le Chancelier a fait sçavoir aux principaux des collèges
-qu'ils fissent les classes plus fortes, parce que les escoliers en
sortoient fort ignorants.
Les Espagnols veulent s'excuser de donner les Galères, qu'ils
ont promises aux Vénétiens, sous prétexte de la guerre qu'ils
appréhendent d'avoir contre nous. (Fol. 125 v°.)
«ss té introduite au siècle passé... Que le Roy Très Chrétien avoit supprimé
ies Édits que les Hérétiques rebelles avoient extorquez des Roys ses prédé-
cesseurs... et que Dieu bénissant l'ouvrage de Sa Majesté, avoit donné à ses
sujets de la Religion Prétendue Réformée, un cœur nouveau pour les faire
a-entrer dans le sein de l'Église... Que comme le zèle et la piété du Roy Très
Chrétien avoit extraordinairement éclaté dans cette action, il dcvoit dès à
présent luy donner les louanges que la prostérité luy donnera toutes les fois
-qu'elle pensera à une entreprise si grande et si glorieusement exécutée... »
(p. 174-175.)
(1) Cette nouvelle était inexacte et sera démentie dès le Courrier du
21 avril.
. v(2) Voir plus haut, p. 368, au 3 avril 1686.
MÉLANGES
A Paris, le 1 7° Avril 1686.
...L'indisposition du Pape et l'incommodité qu'a eue le duc
d'Estrées ont esté cause que S. S. a remis après Pasques à tenir
chapelle papale en action de grâces de ce que le Roy a fait pour
chasser l'hérésie de son Royaume. Cette feste se fera avec une
grande pompe et cérémonie. S. S. y entonnera elle mesme le
Te Deum ; le canon tirera et il y aura des feux par toute la ville
et une girandole au chasteau St Ange. Le lendemain nostre
Ambassadeur fera encore une grande feste chez luy, et des feux
à la Trinité du Mont.
On se flatte toujours de l'espérance d'une promotion. On croid
mesme que l'Electeur de Cologne sera fait cardinal à la nomina-
tion de l'Empereur (t). Pour ce qui est du prince Reinalt d'Esté, S~
S. refuse absolument de luy donner le chapeau, quoyque le Roy
d'Angleterre le demande. Il n'y a pas encore de nouvelle que
le comte Castelmen, Ambassadeur de S. M. B. soit arrivé à Rome-
Quelques instances qu'ait pu faire l'envoyé de l'Empereur, il
n'a pu obtenir du Duc de Mantoue la liberté de son premier mi-
nistre et du capitaine de ses Gardes, accusez d'avoir esté gagnez,
par le comte de Melgar pour mettre ce prince au pouvoir des-
Espagnols ; ce qui augmente extrêmement le soupçon qu'on a
qu'il ne se soit accommodé avec , les françois; cela donne beau-
coup de jalousie aux princes d'Italie qui sont fâchez de ce que le
comte de Melgar a engagé la plus grande partie de ses troupes au»
service des Vénitiens...
...L'empressement que les Hollandois avoient de faire cette
année un grand armement, a beaucoup diminué, soit que les
fonds manquent ou bien qu'il appréhendent d'irriter une puis-
sance plus forte que la leur.
Le Gouverneur de Douvre estant mort, le Roy d'Angleterre -a»
donné ce gouvernement à Milord Douvre, qui est catholique et que-
S.M.Brit. avoitdepuis peu fait milord eU3 capitaine de ses gardes.
L'envoyé du prince palatin faisant bastir une chapelle dans:
son palais, Milord Maire l'en voulut empescher. Le Roy d'Angle-
terre luy en a fait une forte réprimande et luy a dit d'en aller
faire les excuses à ce ministre (Fol. 126) (2).
Les supposts de l'Université d'Oxford ayant voulu chasser le
docteur Valtier, parce qu'il n'assistoit point aux prières com-
munes, le Roy a envoyé faire des deffenses de l'inquiéter e%
qu'il l'en avoit dispensé.
Les mal-convertis en Languedoc s 'estant assemblez en un*
(1) L'information du 10 avril (fol. 124 v°) se rapporte peut-être â ces nou^
velles ou espérances : « L'Evesque de Strasbourg partit lundy en grande dili-
gence pour se rendre auprès de l'électeur de Cologne, où des affaires de la-
dernière conséquence l'appellent. »
(2) Cf. plus bas, au 18 mai 1686.
374
MÉLANGES
champ auprès de Pin, au nombre de quatre à cinq cents, ils ont
imposé les mains à un proposant et l'on reconnu pour ministre. Il
les a preschez et donné la cène; mais on les a poursuivis et mis
plusieurs en prison. On a trouvé sur un fugitif un mereau de plomb
qui avoit d'un costé une ancre et de l'autre un agneau pascal.
G'estoit la marque pour se reconnoitre ; car on a trouvé chez un
ministre prétendu converty à Manosque plus d'un boisseau de
ces mereaux (1).
Eugène Griselle.
(A suivre.)
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
LE JUBILÉ DE CALVIN
En Angleterre, aux États-Unis, en Allemagne, en Suisse,
en France et à Genève.
Livres, brochures et articles.
En Angleterre, aux États-Unis et en Allemagne.
Le jubilé de Calvin a pris les proportions d'un événement
international auquel se sont associés, en beaucoup de lieux, des
représentants de toutes les dénominations protestantes (2), ainsi
que les autorités civiles et les corps universitaires.
(1) Voir le Bulletin du 15 avril, 15 juin, 15 juillet et 15 sept. 1888 (art. de
M. E. Delorme); celui du 15 déc. 1893, page 659, note 3; celui du 15 janvier
1894 : Les Me'reaux du Temple de Charenton, p. 46 à 51, et surtout l'article :
Le Méreau dans les Églises réformées en France paru dans les Mémoires de la
Société de statistique des Deux-Sèvres, cité ibicl., p. 50. Ce méreau semble, non
seulement inédit (on en connaît de l'époque du Désert, portant une ancre,
mais sans revers), mais d'autant plus intéressant qu'il se présente, comme
date, entre l'époque précédant l'édit de Nantes, et la réapparition du méreau,
après 1740. Cf. M. H. Gelin, Op. cit., p. 53 : « Nous ne connaissons, écrit-il,
aucun écrit antérieur à cette date et portant mention expresse de l'emploi du
méreau depuis la Révocation. » Notre chronique comble donc une lacune de
l'histoire du méreau dans les Églises réformées de France.
(2) Le Protestantenblalt du 21 juillet 1909 ne signale qu'une seule note
discordante : Une feuille luthérienne du Schleswig-Holstein (Die Perle, La
Perle), sous le titre de Calvin Vennemi héréditaire des Eglises luthériennes
en Allemagne, a écrit entre autres : « On place Calvin au nombre des réfor-
mateurs. Cela peut être vrai dans ce sens que par un enseignement nouveau,
il a détaché de Rome un grand nombre d'âmes, mais nullement dans le sens
qu'à l'instar de Luther, il aurait remis en pleine lumière l'Évangile de Jésus-
Christ... etc. » D'autre part, à Genève, le président de la Confédération et
d'autres catholiques n'ont pas craint de reconnaître les services rendus pat
la Réforme.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
375
Nous avons déjà mentionné, dans notre précédent Bulletin
(p. 266) quelques commémorations, en Allemagne, Écosse et
Hongrie. En voici d'autres : à Londres, le 8 mai, le Synode de
l'Église presbytérienne anglaise clôtura ses séances par une
grande réunion publique à l'église de Marylebone à laquelle, après
une exposition des principales idées de 1 Institution par le docteur
Bavinck, d'Amsterdam, prirent part: MM. OswaldDykes, principal
emeritus du Westminster collège de Cambridge et le Rev. Syl-
vester Horne du Tabernacle congrégationaliste de Whitfield.
Aux Etats-Unis, le neuvième concile de l'Alliance universelle
des Églises presbytériennes, qui représente près de 6.000.000 de
membres et qui siégea à New-York du 15 au 25 juin, a également
payé un tribut de reconnaissance émue à la mémoire de Calvin
(voir le Quarterly Régis ter d'août 1909 et Y Echo des Vallées (Vau-
doises) du 30 juillet).
En Allemagne, le 6 juin, à Brunswick, après l'ouverture du
Synode de la confédération des Églises réformées de la basse Saxe,
en présence des autorités civiles et ecclésiastiques, le professeur
D. Mirbt, de Marbourg, démontra comment et pourquoi Calvin
n'appartient pas seulement à l'Église réformée, mais au protes-
tantisme tout entier (1).
Le 8 juin, à la conférence pastorale de Strasbourg en Alsace,
le pasteur R. Will exposa, en un travail solide et bien documenté, la
valeur de Calvin pour le temps présent (Calvins Bedeutung fur
unsereZeit, une brochure de 38 pages in-8°. Strasbourg, Heit£, 1909) .
Un travail analogue et non moins remarquable fut présenté
le 14 juin, par M. le professeur P. Wernle de Baie à la Société
"pastorale suisse, réunie à Saint-GalL Un résumé de ce rapport
a été publié par l'a Semaine religieuse de Genève du 19 juin
•(supplément au n° 25) sous le titre: Calvin et le temps présent. On
y trouve un tableau du christianisme calviniste et de la réaction
anti-calviniste, suivi d'une série d'appréciations personnelles.
Les Églises réformées française et allemande de Francfort-
sur-Main rappelèrent solennellement la mémoire du réformateur
le 1 3 juin. — A Erlangen la même fête eut lieu le 15 juin, veille de
la 51e session du Synode de l'Église réformée de Bavière. La
séance fut présidée par le professeur K. Millier et le discours pro-
noncé par le pasteur Lang de Nuremberg (voir Beformirte Kir-
chenzeitung de 1909, n° 27).
Le 26 juin, ce fut le tour de Breslau où la séance commémo-
rative eut lieu sous les auspices de l'Association évangélique, et
avec la participation du professeur docteur D. Cornill. A Buckeburg
elle fut présidée, le 27 juin, par le prédicateur de la cour
(1) Cette conférence a paru : Verlag des ev. Bundes zu Halle a/S. Flug-
schriften, Heft 272 (n. 8 der 23 Reihe), sous le titre de Johannes Calvin, von
Prof. D. Cari Mirbt-Marburg.
376
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
Dr Brandes, et, le même jour, elle eut lieu avec une grande solen
nité à l'église réformée allemande de Magdebourg avec le concours
de représentants de toutes les autres Églises, et du docteur Her-
mann Dalton (1). [Ibid. nos 30 et 31)..
Les universités de Vienne en Autriche, de Berlin, Breslâu,.
Halle, Heidelberg, Strasbourg et Giessen s'associèrent à ce jubilé
par des séances académiques solennelles qui eurent lieu à Vienne
le 9 juillet, à Berlin, Breslau, Halle, Heidelberg, et Strasbourg
le 10 juillet, enfin à Giessen le 16. On y entendit le doyen Dr
Beth, et les professeurs Holl, Loofs, D. Arnold, H. de Schubert
et Eck, dont les discours seront sans doute publiés (2). A Stras-
bourg le professeur D. P. Lobstein, dont nous avons déjà cité
l'étude d'histoire et de dogmatique sur la Connaissance religieuse-
(expérimentale) d'après Calvin (tirage à part de 64 pages in-8°
Paris, Fischbacher; Lausanne, Bridel, 1909), compara, en un paral-
lèle original, l'idéal chrétien, moral et social de Calvin à l'idéal
payen et essentiellement égoïste de son compatriote et contem-
porain Montaigne {Calvin und Montaigne, une brochure de-
20 pages in-8° Strasbourg, E. van Hauten, 1909).
Enfin, le 11 juillet, dans un très grand nombre d'églises d'Alle-
magne et de Suisse, le souvenir du réformateur a été rappelé-
conformément à l'invitation du conseil supérieur de l'Église^
évangélique unie de Prusse et des autorités ecclésiastiques des»
Cantons Suisses (3).
En France.
En France il y a eu quelques manifestations isolées. Ainsi, à
l'église de l'Oratoire à Paris, le service du 27 juin fut spécia-
lement consacré à Calvin. Les trois pasteurs, MM. Viénot,
W. Monod et Roberty y prirent successivement la parole. On trou-
vera dans la Revue Chrétienne du 1er août un résumé des deux pre-
mières allocutions. Nous croyons savoir qu'un grand nombre
d'églises se proposent de consacrer à ce jubilé le service de la
Fête de la Réformation du mois de novembre prochain.
(1) A l'occasion de cet anniversaire, le docteur Dalton, bien connu par ses ..
travaux sur la Réforme en Pologne, a fait don de sa bliblîothèque, toute cata-
loguée, au séminaire de l'Église réformée à Elberfeld.
(2) La Faculté de théologie de l'université de Halle a conféré le doctorat
honoraire au prédicateur du dôme Aug. Lang, auteur de la biographie de Cal-
vin dont nous avons parlé (p. 266), et. à M. A. Bœgner directeur de la Société
des Missions de Paris. L'université de Giessen a, de son côté, nommé doc-
teur en philosophie M. le doyen E. Doumergue et docteur en théologie le pas-
teur Ch. Wagner. M. A. Lang a, en outre, été tnommé professeur à Halle.
(3) A Lausanne le public fut invité à une séance commomorative le
4 juillet au soir à l'église S'-François; MM. Secrctan, Herzog et le soussigné
y prirent la parole. On rappela surtout les nombreuses relations de Calvin
avec Lausanne où était P. Viret. Le Dr Barth et le lie. lladorn. de Berne, ont
parlé de l'influence de Calvin, le premier à Berne et le second à Francfort.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
377
Toutefois, quelques-uns d'entre nous n'ont pas voulu attendre
cette époque, généralement encombrée par la rentrée des-
vacances, pour faire un pèlerinage à Noyon. Non que la petite
cité de 7.336 habitants se soucie beaucoup du plus illustre de ses
fils qu'elle vit naître le 10 juillet 1509, sans se douter que qua-
rante ans plus tard il entraînerait à Genève l'élite de sa population^
et sur lequel elle a depuis lors fait le silence. Mais il nous a?
semblé qu'avant d'aller à Genève, nous devions voir les lieux oh
le futur réformateur reçut les premières impressions qui sont si
profondes et durables.
Si, à bien des égards, la petite cité picarde est restée inféodée
Noyon, la cathédrale, la maison de Calvin et les environs. *
au moyen âge dont son admirable cathédrale est au milieu d'elle*
le témoin éloquent et significatif, il semble pourtant qu'à l'en-
droit de Calvin il s'y manifeste quelque chose qui ressemble
à un revirement d'opinion. On sait qu'un Noyonnais, descen-
dant de la famille de la mère du réformateur, H. Abel Lefrancr
aujourd'hui professeur au Collège de France, en renouvelant,,
en 1888, l'histoire de la Jeunesse de Calvin, a tracé de l'étudiant
de Paris, Orléans et Bourges un portrait bien différent de celui
qui avait cours dans les milieux bien pensants. Le premier indice-
de ce revirement parut il y a quinze ans, lorsque quelques
citoyens noyonnais proposèrent de donner le nom de Calvin à
une rue située derrière le bloc de maisons qui renferme celle
où il naquit. La proposition ne passa pas, comme bien l'on.
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JROd B}lJOjd U9 UO SIBU1 'SU0i;BÎS9;0jd S9TlblSa9U94P SUBS '9SU9CÏ
380
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
manger de l'hôtel de France élevé sur l'emplacement de la partie
de la maison de Calvin qui faisait face à l'ancienne place au Blé
et à la petite église de Sainte-Godeberte où il fut baptisé et qui
n'existe plus (Voy. Bull. 1888, p. 45 et 1897, p. 375). Cette salle à
manger a été agrandie récemment, derrière l'hôtel, par une
annexe qui occupe presque toute la cour laquelle naguère séparait
l'hôtel du bâtiment du quinzième siècle, lui appartenant, et qui
renferme, au premier étage, à gauche, la chambre dite de Calvin,
parce qu'une tradition constante affirme qu'il y est né. Nous
étions donc réunis sur le sol même de l'ancienne cour que le
jeune fils de Gérard Cauvin, « scribe de la Court spirituelle de
Noyon », et de Jeanne le Franc, devait traverser toutes les fois
qu'il se rendait à l'école des Capettes (1). Le déjeuner fut présidé
par M. le député E.Réveillaud. On y émit le vœu qu'un monument,
ou du moins une plaque commémorative, rappelât au visiteur
de ces lieux le nom de Calvin, et que ce qui reste de sa maison
soit conservé, comme ont été conservées les maisons de Luther,
de Zwingli et de Knox.
Après le déjeuner la petite troupe s'achemina vers la cathédrale
qui fut visitée dans tous ses détails et du haut de laquelle nous
pûmes contempler le gracieux paysage, ondulé et boisé, qui en-
toure la ville. J'ai pu, au cours de cette visite, préciser l'emplace-
ment de la chapelle dite « de la Gésine », dont le bénéfice fut
attribué en 1521 au jeune écolier, alors âgé de l!2 ans et dont on
savait seulement qu'elle était proche du chœur. En regardant une
pierre tombale sur un côté du transept de droite, quand on est
entré par le porche principal, j'y lus, en effet, ces lignes : « Hic
jacet magister Thomas Carteron, presbiter parisinus, ad altare
sub invocatione bealœ Virginis puerperœ, in hac ecclesia per 40 et
amplius annos capellanus... 1714, — dont voici la traduction : « Ci
gît maître Thomas Carteron, prêtre parisien, devant l'autel érigé
sous l'invocation de la bienheureuse Vierge des femmes en cou-
ches, lequel fut chapelain de cette Eglise pendant plus de
40 ans... 1714». Il y eut donc dans ce transept, au moins jusqu'au
xvme siècle, en face de la porte par laquelle on y pénètre du côté
de l'abside et qu'on voit sur la reproduction ci-contre d'une
carte postale de M. Compiègne, de Noyon, — un autel consacré à
la Vierge des femmes en couches, c'est-à-dire une chapelle de la
Gésine, et c'est du bénéfice de cette chapelle, située, en effet, près
du chœur, que le jeune Calvin fut pourvu grâce à la faveur qu'on
portait alors à son père et aussi au fait qu'il était lui-même
destiné à la carrière écclésiastique.
(1) Voir une vue de la cour et de la maison du xvc siècle avant la cons-
truction de l'annexe de l'hôtel, dans le Bulletin de 1897, p. 373, et une autre,
de la cour et de l'escalier qui conduità la galerie et a la chambre de Calvin,
dans le Jean Calvin de W. Walker, trad. E et N. Weiss, p. 18.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
381
Après la visite de la cathédrale, de la salle capitulaire, du cloître
où poussent des herbes folles, de la prison de l'officialité où
Calvin fut enfermé à deux reprises en 1534, nous n'eûmes que le
temps de donner un coup d'oeil à la charmante façade de la Biblio-
thèque du Chapitre où, en attendant les décisions des autorités, les
précieuses archives de ce Chapitre sont en proie aux rongeurs —
otàcelle,non moins intéressante de l'Hôtel de Ville, puis de repren-
dre le train pour Paris. — Nous joignons à ces notes une petite carte
sommaire, dressée par notre collègue M. J. Pannier, à l'usage de
ceux qui, après nous, viendront entreprendre le même pèlerinage,
et nous voulons espérer qu'une autre occasion permettra aux
Noyonnais de faire plus ample connaissance avec le Calvin, non
de la légende, mais de l'histoire.
A Genève.
Le lendemain de cette visite dont tous nous gardons le meilleur
souvenir, le train emportait le signataire de ces lignes à Genève,
où il arriva juste à temps pour se glisser dans la foule qui, à
Saint-Pierre, écoutait la conférence du doyen E. Doumergue sur
Calvin le prédicateur de Genève. Vour traiter ce sujet, l'orateur qui
occupait la chaire de Calvin n'avait qu'à puiser à pleines mains
dans la masse imposante de plus de 2000 sermons du réformateur
qu'au pied de cette même chaire des auditeurs qui étaient de
vrais sténographes, avaient recueillis mot à mot. Il a pu ainsi nous
donner une idée prise sur le vif d'une parole dont l'austère sim-
plicité et la sincérité familière produisirent sur les contemporains
une impression dont, plus tard, la prétendue « éloquence de la
chaire », si en honneur jusqu'à nos jours, ne parvint pas à effacer
le souvenir (1).
Mais comment donner une idée de ces fêtes qui furent inaugu-
rées par ce discours et par les beaux psaumes qui l'encadrèrent?
Car même si nous nous bornions à énumérer ce qui remplit, on
peut dire chaque heure de cette semaine héroïque, ce Bulletin n'y
suffirait pas.
Ceux qui voudront la revivre en imagination ont d'ailleurs à
leur disposition, en premier lieu la belle publication de la maison
Atar intitulée Les Jubilés de Genève en 1909, que nous avons déjà
annoncée. Les cent pages du troisième et dernier fascicule donnent
un aperçu aussi pittoresque que vivant de ces « Journées » désor-
mais historiques. Il y a là une série de notes enlevées au courant
de la plume, qui donnent la sensation de l'instantané, et des photo-
graphies multiples et d'autant plus remarquables, que le soleil
(1) Le texte entier de cette conférence vient d'être publié par la maison
Atar (Corraterie 12, Genève) sous ce titre : Prof. E. Doumergue, Calvin le pré-
dicateur de Genève, une brochure de 29 pages in-16, prix 1 fr.
382
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
n'en a favorisé aucune. Puis il y a les comptes rendus quotidiens
du Journal 'de Genève (3 au 15 juillet), de La Tribune (1er au 10 juil-
let) ; enfin, last but not least, les 25 paragraphes, supérieurement
rédigés, du travail de M. Francis Chaponnière intitulé les Jubilés
Calviniens et publié dans la Semaine religieuse de Genève .des
10, 17 et 2 4 juillet;
Nous nous bornerons à noter ici quelques impressions person-
nelles. Et tout d'abord, le soin, la précision avec laquelle tout
fut organisé jusque dans les moindres détails. Il y eut trois jubilés
proprement dits, celui de Y Eglise (du 2 au 4 et du 6 au 7), celui du
Collège (le 5), et celui de YUniversité (du 7 au 10); enfin, entre le
second et le troisième (du 5 au 7) et à cheval sur la fin du premier,
ce qu'on pourrait appeler la Commémoration monumentale qui fut le
point de départ et le centre des trois jubilés puisque le monument
rappelait à la fois la naissance du réformateur et le fondateur de
l'Église et de l'université. On ne pouvait guère empêcher ces quatre
comités d'empiéter quelque peu les uns sur les autres, mais le
public qu'ils se sont passé les uns aux autres ne s'est aperçu
d'aucune friction. En somme il n'y eut guère qu'une journée, celle
de 6 juillet où il eût fallu, outre une certaine force de résistance,
le don d'ubiquité pour participer, successivement ou simultané-
ment: 1° à la séance solennelle des délégués et invités à Saint-Ger-
vais; 2° au défilé se rendant à la promenade des Bastions ; 3° à la pose
delà première pierre du monument et aux nombreux discours qui
l'accompagnèrent; 4° au déjeuner au palais Eynard suivi de toasts
abondants et prolongés; 5° à la visite des expositions historiques ;
(6, 7, 8) à une soutenance de thèse présidée par M. Boutroux, à la
réception, à l'hôtel National, des délégués des universités étran-
gères, pendant que le soussigné donnait à l'Aula une conférence
sur la Réforme et la Pensée moderne; enfin (9 et 10), à la réconfor-
tante réception de Madame Th. de Saussure à la Tertasse et au
concert du soir au kiosque des Bastions, pendant que la pluie inon-
dait les préparatifs de ces deux dernières réceptions.
Eh bien! pour employer une expression favorite de Calvin,
« comme on dit », il y eut du monde partout et en foule, malgré
cette pluie qui, après les deux ou trois premières journées (à peu
près passables) semblait prendre plaisir, mais sans y réussir d'ail-
leurs, à contrarier la bonne volonté, l'inaltérable bonne humeuiv
l'entrain des Genevois.
# *
En effet, et c'est là le deuxième trait que je tiens à relever, les
Genevois et leurs hôtes, dont il est impossible de dire le nombre,
les Genevois surtout qui doivent pourtant être blasés sur les con-
grès (y a-t-il un congrès qui ne se soit pas tenu à Genève?) — y
sont allés cette fois de tout cœur. Il fallait voir, le lundi 5 juillet,
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
383
avec quelle unanimité et quel goût ils pavoisèrent toutes les mai-
sons des rues basses, de la Gorraterie et en général tous les coins
du vieux Genève et de Saint-Gervais. Il fallait voir avec quel en-
thousiasme débordant protestants, catholiques et libres penseurs
célébrèrent le jubilé du Collège sur les bancs duquel, depuis tant
d'années, ils avaient tous appris, dans la diversité des tempéra-
ments, des intelligences et des traditions, à se considérer comme
les enfants joyeux et reconnaissants d'une même famille spiri-
tuelle. Il fallait les voir écouter et applaudir orateurs et conféren-
ciers!
Et c'était un spectacle réconfortant que celui des autorités
civiles, administratives, cantonales et fédérales (j'en oublie cer-
tainement), accompagnées des huissiers en manteaux rouges et
jaunes, fraternisant aussi bien avec les représentants des Eglises
qu'avec ceux des universités. Ceux qui venaient d'un pays où le
moindre personnage officiel se croit tenu, sous peine de nuire à son
avancement, de s'abstenir comme du feu, de toute participation à
une cérémonie religieuse quelconque (1), ont eu cette impression
inoubliable : Les luttes d'autrefois n'ont pas réussi à rompre, à
Genève, les liens sacrés qui unissent le présent au passé et, sans
rien sacrifier de sa liberté individuelle, personne ne se croit obligé
de répudier l'héritage de ce passé.
Cet esprit de solidarité profonde, uni à la plus entière liberté
individuelle, a été particulièrement saisissant et bienfaisant sur le
terrain religieux. Il s'est manifesté dans une grande diversité
d'appréciations de l'œuvre de la Réforme et d'expressions de
sentiments individuels ou collectifs, à la séance solennelle de
réception des délégués ecclésiastiques à la grande salle de la
Réformation le samedi 3 juillet, à celle de l'Association du
monument international, le 6 juillet à Saint-Gervais, enfin et
surtout, Je dimanche 4 juillet, à huit heures du matin, au culte
émouvant et à la communion à Saint-Pierre à laquelle participèrent
plus de 1.800 protestants de tous pays, de toute langue et venus-
des points les plus opposés de l'horizon ecclésiastique.
Involontairement on se représentait Calvin, le Calvin de
l'histoire, élevé à l'école du moyen âge, mais entrevoyant les
temps modernes et en posant les fondements, involontairement,
dis-je, on se représentait Calvin assistant à ces séances mémorables,,
écoutant ce qu'on disait de lui et voyant ce qu'on faisait en
mémoire de lui. Certes s'il avait été là, sans avoir rien appris
(1) Voici un symptôme caractéristique de cet état d'âme : Au congrès des
Petites amicales laïques (œuvres postscolaires; tenu au Havre les 16, 17 et
18 juillet 1909, un des organisateurs, au cours d'une discussion, proféra cette
phrase qui a dû lui faire l'effet d'une véritable trouvaille : « Je vous ai
écouté, je ne dirai pas religieusement, car le mot serait déplacé ici, mais-
avec une très grande attention »! !
384
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
depuis 350 ans, il n'aurait pu prendre part à la communion de
Saint-Pierre, pas plus qu'il n'aurait admis que son nom figurât sur
la pierre de Champel, lui qui croyait fermement à la nécessité
■de la suppression de l'hérétique et n'admettait la communion des
âmes que dans leur soumission sans réserve à une profession de
foi, identique pour tous. Et pourtant, ceux qui le connaissent tant
<soit peu, sentent que s'il avait pu vivre les 350 années qui nous
séparent de son ministère terrestre, lui l'humble esclave de la
vérité en marche, il l'aurait saluée comme nous, comme nous il
l'aurait adorée sous ces formes si différentes de celles sous les-
quelles il la concevait!
Mais si Calvin avait pu, comme nous, voir en combien de lieux
«divers la semence répandue « en pleurant, » avait produit une
moisson inespérée ; s'il avait pu faire le compte approximatif de
ceux qui, dans l'univers dont il ne connaissait qu'une minime
partie, se réclament de lui ou plutôt de la cause qu'il a servie —
je crois qu'il aurait approuvé l'hospitalité grandiose de Genève à
l'occasion de ces jubilés.
Un des premiers buts qu'il poursuivit et qu'il réalisa malgré
>une opposition, très vive parfois, ce fut de faire de Genève une
cité — disons mieux, la cité du Refuge. Gela entraîna des difficul-
tés diplomatiques, des menaces de la part des gouvernements
voisins, mais cela entraîna surtout de grands sacrifices de la part
-de la ville et du public. C'est ainsi que Calvin enseigna aux Gene-
vois l'hospitalité. S'ils lui firent grise mine, surtout lorsqu'ils
-constatèrent que ces réfugiés lui étaient — tout naturellement —
j)lus dévoués qu'eux-mêmes, il faut reconnaître que sur le ter-
rain de l'hospitalité, depuis le xvie siècle jusqu'à nos jours, ils
•©nt égalé, sinon dépassé celui qui leur avait donné l'exemple.
Qui ne se rappelle avec quelle largeur de cœur, au milieu du
xvie siècle, la petite cité pauvre et souvent presque à bout de res-
sources accueillit ceux qui ailleurs avaient vu les portes et les
cœurs se fermer? Qui ne sait qu'encore aujourd'hui le Jeûne fédé
rai est le témoin annuel de l'hospitalité accordée aux réchappes
de la Saint-Barthélemy? Et qui peut oublier qu'à partir de la Révo-
cation, le flot de la grande tribulation européenne se déversa sur
'Genève pendant près d'un siècle?
Or on peut dire que les Genevois de 1909 ont été à la hauteur
de ceux de 1572 et de 1685. Les quatre ou cinq comités qui s'étaient
^partagé ces quatre jubilés n'ont pu mener à bien une tâche aussi
«écrasante que grâce au concours bénévole de toute la population.
-Je ne crois pas qu'aucun gouvernement d'Etats beaucoup plus
puissants aurait pu recevoir, pendant dix jours, tant de centaines
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
d'hôtes comme on le fit à Genève, précisément grâce à l'active-
et sympathique collaboration du public.
Ici je ne parle pas seulement des banquets officiels ou offi-
cieux — ils furent légion et nulle part aucun de nous n'avait vo
une série aussi importante d'agapes aussi formidables — mais
surtout des réceptions particulières — de M. et Mme Perrot de
Montmollin et de M. et Mme H. Berguer à Chambésy (3 juillet); —
Coin de la Corraterie et de la promenade des Bastions.
de M. et Mme Bernard Bouvier (5 juillet) ; — de M. et Mme Alexan-
dre Glaparède; de Madame Théodore de Saussure (6 juillet); —
de M, et Mme Casimir de Gandolle au Vallon (8 juillet) ; — de-
MM. et Mmes Ferdinand, Léopold et René de Saussure au creux de
Genthod (9 juillet) ; — sans parler d'un grand nombre d'invitations
plus intimes et surtout des deux bateaux qui pendant toute la
journée du 7 juillet, sous le discret patronage de M. et Mme Lucien
Gautier firent faire le tour du lac à plus de 1500 convives en les
réconfortant matériellement et spirituellement à Villeneuve et à
Chillon. Presque chacune de ces réceptions, organisées dans des*
25>
386
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
cadres merveilleux, faillit être compromise par la persistance du
mauvais temps, mais l'inaltérable bonne grâce des hôtes aidant,
elles ne laissèrent aux invités que les plus gracieux souvenirs.
Puisque je parle de la concurrence redoutable faite par les
Genevois à la locution proverbiale de l'hospitalité écossaise, il
faut au moins mentionner la manière délicate avec laquelle l'Uni-
versité a exercé ses devoirs de maître de maison. Elle a voulu
Le Collège de Genève.
associer au jubilé qu'elle célébrait des représentants de la haute
culture dans le monde entier. On a vu défiler à Saint-Pierre, le
8 juillet, des délégués de toutes les contrées, non seulement de
l'Europe et des Etats-Unis, mais encore de l'Afrique, du Brésil, du
Mexique, de la République argentine, de l'Inde et de l'Australie,
— et rien n'était pittoresque et suggestif, en un tel lieu, comme
cette réunion de costumes variés encadrés par des centaines
d'étudiants groupés en grande tenue autour de leurs bannières.
Mais, outre cette marque de déférence par laquelle la Genève
universitaire accentuait le caractère international de l' Académie
de Calvin, elle a voulu s'associer plus étroitement encore un cer-
tain nombre de ceux qui dans les domaines les plus divers, et
sans égard pour leurs titres universitaires, avaient rendu quelque
service, soit à la science, soit à l'humanité. Elle a donc, d'un seul
coup, créé cent cinquante docteurs honoris causa, dont tes noms
CHRONIQUE LITTÉRAIRE 387
ont été proclamés et souvent acclamés le vendredi 9 juillet, à la
séance solennelle du Victoria-Hall (1).
Un coin de Saint-Pierre.
Je regrette que le temps et l'espace me manquent pour parler,
et de l'exposition calvinienne que M. F. Gardy, conservateur de la
(1) Cinq membres de notre Comité se trouvent sur la liste qu'a donnée le
Journal de Genève des 8 et 9 juillet, savoir : MM. F. Buisson, Th. Dufour et
388
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
Bibliothèque de Genève, organisa avec tant de soin (1); et de la
séance populaire de la grande salle de la Réformation, du jeudi
soir, où figurèrent les représentants de 80 familles de la Genève
du temps de Calvin et où M. Edouard Favre, descendant de l'une
de celles qui firent le plus d'opposition au réformateur, montra
qu'au fond les libertins étaient autre chose que ce qu'on entend
communément par ce mot (2); — enfin du fameux cortège histo-
rique à la difficile reconstitution duquel s'était depuis longtemps
consacrée une phalange de Genevois compétents et dévoués. Cette
curieuse et impressive leçon de choses fut malheureusement, de
toutes les manifestations de ces jours de fête, celle qui eut le
plus à souffrir de la pluie. Il n'en faut féliciter que plus chaude-
ment ceux qui en la bravant courageusement, donnèrent, pour
terminer, une leçon qui n'est jamais superflue.
Je devrais aussi remercier, du moins au nom des Français,,
ceux qui derrière et au milieu des rouages de cette grosse entre-
prise, furent exceptionnellementà la peine et que personne n'a re-
merciés comme il auraitfallu. Tels MM. Lucien Gautier, et Charles
Borgeaud dont les allocutions pleines de tact laissaient deviner
combien cette rare vertu leur avait été nécessaire (3) ; — MM . le pas-
teur Alexandre Guillot et Louis Cramer-Micheli dont tous nous con-
naissons maintenant l'écriture ; — les reporters de journaux,
vraiment à plaindre, vu le nombre prodigieux de discours qu'ils
durent écouter et résumer séance tenante; — M. Guillaume Fatio
dont l'étranger en quête de son chemin, d'un renseignement, voire
d'un secours, rencontrait invariablement le regard rassurant et
l'inépuisable obligeance... Mais, que le lecteur genevois, à son
tour, se rassure ; je me garderai bien de me lancer dans une énu-
mération fatalement inexacte et qui — fût-elle complète — ne
pourrait donner la mesure de notre gratitude.
Publications.
Essayons d'ajouter encore quelques notes bibliographiques
à celles de notre dernier Bulletin.
A tout seigneur tout honneur. Nous avons reçu, avec recon-
naissance, de la part de l'université de Genève le beau volume de
G. Monod (Faculté des lettres), F. de Schickler et N. Weiss (Faculté de théo-
logie. Les quatre biographes de Calvin, MM. A. Lefranc, E. Doumergue.
A. Lang et W. Walker ont aussi été nommés, le premier, docteur ès lettres,
les trois autres, ainsi que le Dr Loesche, de Vienne, et P. Frédéricq, l'historien
de l'Inqui-sition aux Pays-Bas, docteurs en théologie.
(1) Voy. Semaine religieuse du 3 juillet.
(2) Voir la Seryiaine religieuse du 24 juillet.
(3) Journal de Genève des 7 et 13 Juillet.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE 389
M. Ch. Borgeaud Y Académie de Calvind'ans V Université de Napoléon
(VIII-252 p. in-4°, Index, avec 16 planches hors texte, Genève
Georg, 1909), qui, pour le fond et la forme, ne le cède en rien à
son aîné intitulé VA cadémie de Calvin i 559-17 98 . Il fauthaute-
ment féliciter et remercier l'auteur d'avoir, à travers tout ce que,
depuis des mois, il a dû donner de son temps et de ses forces, soit
àl'Association du Monument, soit à l'Université — su mènera bien
ce livre pour lequel il a fallu combler les graves lacunes des docu-
ments officiels par des recherches multiples dans des archives
privées. La lecture en est singulièrement attachante. On voit l'an-
cienne université de Genève aux prises avec l'absolutisme ombra-
geux de Napoléon, obligée de se suffire à elle-même et de lutter
ù armes inégales contre des influences occultes qui avaient juré
sa ruine. Grâce aux traditions d'indépendance, d'abnégation et
tie prudence qu'elle avait héritées du passé, grâceaussi à des con-
cours individuels de Genevois et de Genevoises haut placés, elle
réussit à tenir tête à l'orage et à remporter la victoire, au moment
même où le curé Vuarin croyait toucher au but de ses menées
déloyales et ténébreuses et voyait s'effondrer celles-ci dans la
déroute de Napoléon.
Le livre du Collège, de dimensions beaucoup plus restreintes
fm-16 de XVI-270 p. Genève, Jullien, 1909), est une compilation
extrêmement intéressante de textes de toutes les époques et prove-
nances donnant une idée complète et souvent amusante de ce que
voulut être et de ce que fut le collège de Genève à travers les
âges. Une quinzaine d'anciens élèves collaborèrent à ce recueil qui
s'ouvre et se ferme par une préface et un article plein de faits, de
finesse et de verve, de l'écrivain aussi connu chez nous qu'à
•Genève, Philippe Monnier.
On sait que de tous les calvinistes de tout le monde entier,
qui participèrent aux jubilés, les Hongrois furent les plus nom-
breux et les plus enthousiastes. Il fallut organiser pour eux un
culte en langue hongroise à Saint-Pierre le 4 juillet à midi (1) et
une séance le lundi 5 à l'Auditoire, en langue française, suivie de
4a réception de M. Alex. Claparède. Ce dernier, qui s'était spé-
cialement consacré aux compatriotes de Madame Claparède, a
publié à cette occasion une fort instructive brochure (72 p. in-8°,
^Genève, Jullien, 1909), intitulée : L'Église réformée hongroise,
coup d'œil jeté sur son passé et son état actuel, avec un abrégé de
ses lois ecclésiastiques et une carte.
A la base de la constitution de cette remarquable Eglise, plus
■démocratique que celle de Calvin, il y a l'appel et l'élection des
pasteurs, directement par le peuple — et non la présentation aux
(1) Voir les photographies du 2° fascicule des Jubilés, p. 152.
390
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
électeurs par une autorité ecclésiastique, d'un ou de plusieurs
candidats. — C'est ce qui explique que l'Eglise hongroise a su»
mieux que d'autres Eglises réformées du continent, résister aux
influences adverses et rester intimement unie aux destinées du
peuple magyar (1).
* *
Passons aux publications plus spécialement calviniennes. La
Compagnie des Pasteurs de Genève a fait paraître en un vol. de
432 p. pet. in-8° (Jullien) les Œuvres choisies de Calvin, accompa-
gnées de deux portraits. MM. E. Choisy et Th. Dufour ont préparé
ce choix d'écrits français précédés de courtes notes explicatives,
et qui remplacera avantageusement celui du bibliophile Jacob,
devenu d'ailleurs introuvable. Ce volume prendra place à côté de
la réimpression de Y Institution de 1541, dont la première partie a
pu être présentée à l'Association du Monument et à l'Université
de Genève par MM. J. Pannier et G. Monod, de la part de l'une des
hautes écoles de cette même Sorbonne qui avait fait brûler
l'original exactement 367 ans auparavant. Nous espérons qu'un jour
ou l'autre ces textes publiés par la Compagnie des pasteurs
pourront être complétés* par un recueil d'extraits caractéristiques
des registres du Consistoire qui nous donneraient en quelque
sorte l'application pratique des écrits du réformateur (2).
Nos lecteurs savent depuis longtemps que M. le doyen
E. Doumergue préparait pour cette année une Iconographie calvi-
nienne. Elle a paru, chez G. Bridel à Lausanne. C'est un petit
in-folio de VII-280 pages qui se compose, outre la dédicace et
l'Introduction, de deux parties, consacrées aux portraits et aux
caricatures, et complétées par un catalogue descriptif des portraits
gravés de Calvin, par le Dr H. Maillart-Gosse et par un inventaire
descriptif des médailles concernant Calvin, par le Dr E. Demole.
Il y a 76 gravures dans le texte et 26 planches en phototypie. La
publication est très soignée, comme tout ce qui sort de la maison
Bridel et les deux inventaires méthodiques ont été rédigés avec la
plus grande précision. — Quant au fond, il y aurait beaucoup à
dire sur les appréciations, classifications, etc. Je me bornerai à
quelques remarques sommaires.
Les deux seuls portraits vraiment nouveaux que nous donne
l'iconographie, sont celui de Rotterdam (pl. III) qu'un expert
(1) Cf. les articles de MM. S. P. Jœrimann et A. Maday dans la Semaine
religieuse du 3 juillet et le Journal de Genève du 8.
(2) Pourquoi ne pas avoir terminé le recueil par les deux discours d'a-
dieu de Calvin? Bien que sortis, non de sa plume mais de sa bouche, et
fidèlement transcrits, ils sont très caractéristiques et auraient heureusement
complété les quelques renseignements autobiographiques que renferme la
préface des Psaumes.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE 391
affirme être du xvie siècle et celui de la collection Tronchin
(pl. VIII) qui est sans aucun doute celui que Calvin donna à
Th. de Bèze. Ce dernier portrait est évidemment l'effigie la plus
authentique du réformateur. Plus on la regarde, plus on l'y
retrouve tel qu'il nous apparaît dans ses écrits si nombreux et si
divers et surtout dans son œuvre, l'œuvre prodigieuse de sa matu-
rité. Ce qui jusqu'ici nous a tous empêchés de voir Calvin tel à
peu près qu'il apparut à ses contemporains, c'est la mauvaise copie
de cette peinture qui est à la Bibliothèque de Genève et qui seule
était accessible au public, et aussi le fait qu'on semblait faire peu
de cas de la gravure sur bois des Icônes que, pour ma part, j'avais
toujours considérée comme le meilleur portrait du réformateur et
qui est effectivement une copie gravée de celui de la collection
Tronchin, bien supérieure à la peinture de la Bibliothèque.
J'avoue que je ne partage pas l'opinion de M. Doumergue sur
le portrait de Rotterdam. Le grand reproche que je lui adresse,
c'est de manquer absolument d'expression. On convient qu'il res-
semble beaucoup à celui de Baie (pl. IV, Cf. Bulletin 1902, p. 384)
qu'un autre expert affirme catégoriquement être du xvme siècle.
Si ce dernier est une copie du même original qui a été reproduit
par celui de Rotterdam, il en est certainement une copie plus
exacte (comparer le dessin de la bouche) et moins banale. Mal-
heureusement la phototypie de ce portrait de Baie est tellement
noire qu'on n'y distingue guère que la partie supérieure du
visage.
Quant aux portraits gravés, je placerais en première ligne celui
qui a été retouché par Tscherning (71 et 70) et dont la plus
ancienne reproduction est une gravure hollandaise qui porte la
date de 1616 mais qui remonte peut-être au xvie siècle (p. 72). Il
me semble peu probable, en effet, que Tscherning (est-on sûr
qu'il n'y avait pas déjà un imagier de ce nom au xvie siècle?) ait
inventé la date de 1539 et vraisemblable qu'à Strasbourg il ait
existé une effigie de cette époque. Puis viennent les portraits
de 1559 (pl. V), — dont le seul exemplaire connu se trouve à la
Bibliothèque de notre Société — et de 1562 (René Boivin,,pl. VI),
qui ont l'un et l'autre rajeuni les traits de Calvin à cette époque;
ceux de Woeiriot (pl. XIV), dont il existe, si je ne fais erreur,
des exemplaires moins frustes que ceux de M. D. a fait reproduire
(cf. Bull. 1905, 445) ; enfin celui des Icônes ou des Vrais Pour traits. .
M. Doumergue a aussi donné le portrait supposé d'Idelette
de Bure que le Bulletin a fait connaître en 1907 (p. 222). Il rac-
compagne d'un point d'interrogation (voir planche XV et p. 91) et
de deux notes, l'une de M. Rùtgers, professeur d'histoire ecclé-
siastique à Amsterdam, qui écrit : « J'ai eu tout d'abord l'impres-
sion que l'inscription, femme de Jan Caluein, ne peut être exacte ».
L'autre est de M. E. W. Moes, directeur du musée des estampes.
392
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
•Ce dernier écrit : « La dame dont vous m'avez montré le portrait
sphot ographié ne peut aucunement représenter la femme de Cal-
vin, ïl serait déjà singulier de la voir dans un tel habillement;
«iais il est tout à fait inadmissible qu'une femme se soit parée
«d'un costume qui ne devait être en usage que plus tard; Or
idele tte de Bure est décédée le 31 mars 1549 et le portrait en ques-
tion présente une dame passablement jeune, de la haute société,
«d'environ 1560 à 1565. La mode des manches inférieures trans-
parentes sur les avant-bras nus, ne permet pas de s'éloigner
ieaucoup de la période nommée. On peut se servir pour type de
comparaison d'un portrait d'Emilie Walburg, comtesse de Maurs,
la femme du comte Hoorne, décapité en 1568, portrait dont l'ori-
ginal se trouve à Chantilly et dont une photographie est au musée
d'Amsterdam. »
J'ai tenu à reproduire toute l'argumentation du savant direc-
teur du musée des estampes d'Amsterdam — à titre de docu-
ment complémentaire de celui que constitue la peinture du musée
■de Douai, non toutefois parce que cette argumentation me parait
irrésistible- et de nature à classer définitivement cette peinture
dans la catégorie des légendes.
En effet, la première objection : « Il serait déjà singulier de
voir la femme de Calvin dans un tel habillement », tombe d'elle-
même. Je n'ai jamais eu, ni exprimé la pensée que la personne
^ainsi vêtue pût représenter la femme de Calvin. En donnant ce
litre à mon article j'ai simplement voulu reproduire la légende
de la peinture. Cette légende, je le répète, ne s'explique que si
«elle a été inscrite, soit sur une copie de l'original exécutée lorsque la
personne représentée fut devenue la femme du réformateur, soit
-sur Foriginai lui-même, mais postérieurement à son exécution, par
(les soins de quelqu'un qui connaissait ce fait, sinon la personne
«Ile-même. Ce qui me ferait croire à une copie de l'original exé-
cutée lorsque la veuve de Jean Stordeur devint l'épouse de Calvin,
c'est que le peintre chargé de copier ce tableau pour le musée de
Liège, a découvert, dans l'angle opposé à celui où se trouvent les
;mots « femme de Jan Caluein », mais de la même main et couleur,
deux chiffres dont le second est certainement un 7 et le premier,
peu visible, un 2 ou un 3. Ces deux chiffres indiquent sans doute
£'âge de la personne, soit 27 ou 37 ans.
La deuxième objection se résume en cette proposition : Le
costume ne peut être antérieur à 1560, dit M. Moes, — à la fin du
Tègne de Henri II, disent les conservateurs des estampes de la
Bibliothèque nationale de Paris et d'autres (t). Remarquons
d'abord que l'expression « la fin du règne de Henri II » — tué le
10 juillet 1559 — nous permet de remonter un peu plus haut
(1) M. A. Boghaert- Vaché, dans le Petit Bleu de Bruxelles. N° du 6 M>Ù1
1909.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
393
que 1560 — disons aux environs de 1555. Mais, est-on bien sûr que
ce costume n'ait pas été porté avant ces dernières années de
Henri II? M.Boghaert donne des échantillons, notamment d'après
Tortorel et Perissin, etc. de ce costume, en vogue entre 1559 et
1 572, et M. Moes cite le portrait d'Emilie Walburg, femme du
comte de Hoorne (décapité en 1568) qui se trouve à Chantilly.
Fort bien, mais pour entraîner ma conviction, il faudrait me
montrer des costumes liégeois, de 1535 à 1545 par exemple,
absolument différents de ceux-là. J'ai peine à croire que pour le
xvie siècle, époque de transition et de grande variété, où l'Europe
était encore partagée en une foule de petits États qui avaient leur
vie propre et surtout leurs costumes, très différents les uns des
autres, on puisse affirmer que telle mode, — mettons celle des
manchettes transparentes — n'ait fait son apparition qu'à une
date précise, ou que si on fournit cette date pour une certaine
région, il faille en conclure qu'elle n'existait pas ailleurs aupara-
vant.
Enfin, dans quel butun peintre aurait-il mis cette légende sur un
portrait postérieur au moins d'une vingtaine d'années à l'époque
où vivait la personne qu'il représentait?
En attendant des arguments plus probants, nous savons (Fr.
Prot. Z* éd. IV, 913), qu'il y avait à Douai, où probablement le Dr Es-
callier a trouvé ce tableau — une famille Gommelin, dont deux
membres se réfugièrent à Genève où Antoinette; la fille de l'un
d'eux, Toussaint Gommelin, épousa, ensecondes noces, Antoine, le
frère de Calvin. Il y avait donc alors des relations entre Genève et
Douai où l'on connaissait Calvin, et on se demande tout naturel-
lement si ce portrait n'a pas appartenu à un membre de cette
famille Commelin.
Je n'ai pas la prétention de conclure, mais je crois que la
question reste ouverte.
Sur la planche XVII de Y Iconographie, qui représente deux
faux portraits de Calvin, il faut intervertir les légendes. M. Dou-
mergueauraitdû citer aussi un beau portrait de Jean Bugenhagen,
au musée Condé à Chantilly, daté de 1538, sur lequel on lit : Cal-
vinus setatis 44.
Page 64, lisez au lieu de Dédicace à Mazure, — à Desmazures;
— p. 73, manque la note 2. — Enfin p. 154, la gravure d'Abraham
Bosse ne représente nullement, comme se l'est imaginé l'inconnu
qui y amis une note manuscrite, Calvin travesti. C'est tout simple-
ment un petit tableau de genre représentant la saison de l'hiver.
D'ailleurs Abraham Bosse était protestant, et peut-être Le Blond
aussi.
Outre Y Iconographie, M. E. Doumergue a publié encore, en guise
-de Souvenir du jubilé, Lamaisonde Calvin, une plaquette de 40 pa-
ges in-4° (Genève, Atar) ornée de vingt photographies et de deux
394
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
portraits de Calvin. C'est en partie la reproduction, avec de très
bellesgravures, dece qui se trouve déjà, sur le même sujet, dans
la Genève calviniste du même auteur (1).
.. ... ^ ■/.'..:-,,;■,: # * . ■ _ • • ' ■ .- :r y-t <. .
M. le professeur A. Schroeder, de Lausanne, a aussi écrit,
sous le titre Jean Calvin, esquisse de sa vie et de son œuvre (ornée
du portrait de Tscherning), une courte brochure de 32 p. in-16
(Lausanne G. Bridel). C'est peut-être ce qui a paru de plus com-
plet et de plus précis en français sous un volume aussi réduit.
L'auteur résume à grands traits la vie de Calvin, sans rien omet-
tre d'essentiel, puis il expose et discute, avec non moins de net-
teté, de vigueur et de concision les principales idées qui sont à la
base de l'œuvre religieuse et sociale du réformateur.
Enfin, nous avons, grâce à la librairie Delagrave, dans le tome Ier
de Y Histoire de la littérature française classique (1515-1630)
par Ferdinand Brunetière (VI-640 p. in-8°), les trente et quelques
pages qu'il a écrites sur -Y œuvre littéraire de Calvin. Ce sont les
pages 191 à 230 de ce volume qui va de Marot à Montaigne (1515-
1595). On y retrouve les qualités de style et de composition et
aussi les défauts du célèbre littérateur, c'est-à-dire son parti pris
et ses sophismes lorsqu'il aborde le sujet de la Réforme. Il
commence par opposer la Renaissance à la Réforme, « la seconde
ne s'étant établie que sur les ruines de la première» (p. 125),—
comme si l'une et l'autre n'avaient pas, en réalité, la même
origine et comme si, malgré que beaucoup d'humanistes se soient
détournés de la Réforme, d'autres, à commencer par Lefèvre
d'Etaples et Calvin ne l'avaient pas embrassée. — Puis, reje-
tant les causes « philologiques » (?), théologiques et morales,
il ne veut admettre, pour la conversion de Calvin, que des
causes «historiques » (p. 200), c'est-à-dire sa répugnance pour la
tradition — comme sien théologie et en morale, il n'y avait pas
une différence radicale entre les principes du réformateur et ceux
du catholicisme. Enfin, M. Brunetière conteste que ces principes,
Calvin les fonde sur l'Ecriture (p. 228). Celui-ci « met l'individua-
lisme et le subjectivisme à la base de sa morale comme de sa
théologie et transforme la religion elle-même, d'une institution
sociale en une affaire personnelle », — comme si le calvinisme,
(1) Cette plaquette a été presque aussitôt épuisée. Mais on peut encore se
la procurer, au prix de 6 fr., chez G. Bridel, à Lausanne.
Citons aussi, dans le même ordre d'idées, et aussi chez Atar, de M. Dou-
mergue, Autrefois et aujourd'hui, très intéressant Guide historique, et
pittoresque de l'étranger à Genève, joli volume illustré de plus de i 00 p.
in-18, qui a été gracieusement offert à beaucoup de délègues aux Jubiles.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
395
partout où il a triomphé, n'avait pas créé un véritable état social
fort différent de celui des pays restés catholiques.
D'autre part, M. Brunetière convient (p. 227) que « l'Institution
chrétienne, par sa date, est le premier de nos livres que l'on
puisse appeler classique. Elle l'est également — par la sévérité de
la composition, par la manière dont la conception de l'ensemble y
détermine la nature et le choix des détails. Elle l'est, — par cette
inclination de convaincre ou d'agir qui, comme elle en est la cause ,
en fait le mouvement intérieur, l'anime de son allure ou de
son rythme oratoire. Elle l'est encore, — par la gravité soute-
nue d'un style dont on a pu voir que la « tristesse » n'est pas
le seul caractère. Elle l'est enfin, — pour cette « libéralité », si je
puis ainsi dire, toute nouvelle alors, avec laquelle Calvin y a mis
à notre portée les matières qui ne s'agitaient jusqu'alors que dans
les écoles de théologiens... S'«il faut qu'il y ait des hérésies »,
celle de Calvin n'a pas été tout à fait inutile, je dis : à l'Eglise
même; et pour ne pas sortir ici du domaine de la littérature, je
ne sais, sans Calvin, si Pascal, peut-être, et Bossuet, certainement,
seraient tout ce qu'ils sont — ou plutôt, j'ose dire qu'ils ne le
seraient point. »
Quelque signifiatifs et honorables que soient ces aveux, que
le Manuel de V histoire de la Littérature française du même auteur
ne laissait pas prévoir (1), ils sont loin de donner une idée com-
plète des mérites littéraires de Calvin. Je recommanderai à cet
égard, à ceux qui auraient lu Brunetière, de lire les pages écrites
sur le même sujet, il y a 70 ans, par M. A, Sayous, dans ses Etudes
littéraires sur les écrivains français de la Ré formation {%).
Il me reste à citer un assez grand nombre d'articles et de bro-
chures auxquels le centenaire de Calvin a donné naissance et dont
il vaut la peine de conserver la trace.
Je signalerai, en premier lieu, l'excellent Coup d'oeil historique
sur V Église de Genève duxvi* siècle à nos jours, illustré de nombreux
portraits et vues, par lequel M. Alexandre Guillot a ouvert le pre-
mier fascicule des Jubilés de Genève (3) (p. 1 à 12). A côté de cet
aperçu se placent les articles du 2e fascicule sur V Académie et le
(1) Voy. Bull. 1898, p. 161. La principale différence entre le Manuel et l'His-
toire, c'est que, dans cette dernière, Brunetière reconnaît que la Réforme
n'est pas une importation germanique, mais qu'il y a une Réforme française.
Il est vrai qu'il fait de Lefèvre d'Etaples, qui n'était qu'un humaniste chrétien
épris de Réforme, un réformateur.
(2) L'étude sur Calvin parut à part, à Genève et à Paris, chez Cherbuliez,
dès 1839 (123 p. in-8°). Elle fut retouchée dans l'ouvrage de 1841.
(3) Le même fascicule renferme, tout aussi abondamment illustrée, l'His-
toire de la genèse du Monument.
396
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
Collège, celui de M. le recteur Chodat sur les hommes de science à
V Académie et à V Université de Genève au xixe siècle (ibid.), à lire
après les pages de M. Emile Yung, la Genève savante, insérées
-dans le Journal de Genève du 4 juillet et auxquelles il faut joindre
une fort intéressante notice de M. H. Aubert, A propos de la disci-
pline morale dans l'ancienne Académie, notice qui renferme quel-
ques lettres inédites de et à Théodore deBèze {ibid., n° du 7 juillet).
— M. Paul Frédéricq a aussi envoyé au même journal (10 juillet)
un article plein d'aperçus nouveaux sur Le self-government et le
Calvinisme (1).
Pour l'Allemagne j'ai à compléter les indications de ma précé-
dente chronique en ajoutant aux écrits populaires que j'y ai cités,
•ceux de W. Conrad (Johan Calvin, ein Lebensbild zum 400 Jahres-
tage der Geburt des Reformators, 56 p. Gummersbach, Fr.
Luyken); — W. Stark (Calvin, ein Lebensbild, ein Gedenkblatl
zu seinem 400 Geburtstage), que le consistoire de Posen a fait
répandre dans les écoles et les familles (32 p. in-8°, Posen, Verlag
der ev. Vereinsbuchhandlung) ; — enfin le petit volume de 90 p.
in-8 (Johannes Calvin, ein Bild seines Lebens fur das christeiche Volk
dargestellt, Basel, Missionsbuchhandlung), dans lequel M.W. Schlat-
ter a surtout fait ressortir les côtés les plus humains et les moins
connus de Calvin, en les illustrant de gravures (2) empruntées aux
volumes de M. E Doumergue. J'ai vu citer aussi un recueil d'études
•sur Calvin paru à Elberfeld : Lie Dr S. Bohatec, Calvinstudien (3).
Si nous passons maintenant aux articles parus en allemand,
on lira avec plaisir et profit une série d'études sur les amis de
Calvin, avec de nombreux et frappants extraits de ses lettres, par
le traducteur de ces dernières, M. R. Schwarz. Ces articles inti-
tulés Calvins Freundschaft ont paru dans les nos 12 à 16 (21 mars-
25 avril 1909) de la Reformirte Kirchenzeitung , et mériteraient
d'être tirés à part. Le môme auteur a tracé pour le Sonntagsblatt
der Basler Nachrichten (4 et 11 juillet) une esquisse du réforma-
teur et essayé de caractériser sa valeur actuelle (Kirchenblatt fur
die Réf. Schweiz, N°s 27, 28 et 29).
(1) Le même journal a publié un n° (176) des Jubilés où MM. A. Borgeaud,
$>. Seippel et G. Vallette ont écrit pour le grand public quelques pages sur
^Calvin et Genève, la Schola genevensis et le livre du Collège.
(2) Un petit volume qui, racontant surtout le rôle de Calvin à Genève,
-complète heureusement la plupart de ceux ci-dessus énumérés, a déjà paru
il y a une vingtaine d'années: E. Langhans, Johan Calvin und die Re forma-
tion in G<m/Y114p.in-8% Zurich, A. Frik, 1888).
(3) Presque toutes ces publications ont été l'objet de compte-rendus, de la
part de M. le past.R. Schwarz, dans le Kirchenblatt fur die reformirte Schweiz
n0" 9, 10, 16, 23 et 25 de 1909.) J'ai relevé aussi, Lie. W. Lùttge, Die Rechifer-
tigungslehre Calvins und ihre Bedeutung filr seine Frommiykcil Berlin» Hou
ther u. Reinhard. — Dr F. Barth, Calvms Personlichkeit, Bern, A. Franko.
24 p. et Dr W. Hadorn, Calvins Bedeutung, Ncukirchcu, 24 p.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
397
Le journal religieux spécialement destiné aux classes cultivées
de l'Allemagne, Die christliche Welt a consacré tout son numéro
du 8 juillet et une partie de celui du 15 juillet (28 et 29) à Calvin.
Il y a là une série de notices écrites par quelques-uns des histo-
riens ou des théologiens les plus compétents : MM. Brieger [Cal-
vins Bedeutung fur den Protestantismus des sechzehnten Iahrhun-
derts, Calvin et le Protestantisme au xvie siècle) ; — F. Kattenbusch
(Das bedeutende Moment in Calvins Lehre, Ce qu'il y a de plus»
important dans son enseignement) ; — A. Julicher {Calvin ah
Schriftausleger, Calvin exégète) ; — E. Simons [Geint und Formr
Le fond et la forme); — M. Schulze [J enseitshoffnung und Sittlich-
keit bei Calvin, Calvin et ses idées sur l'au-delà et sur la morale) ;
— P. Wernle [Zu Gottes Ehre, A la gloire de Dieu) ; — K. Benrath
[Calvinin Ferrara 1536, Calvin à Ferrare); — P. Lobstein et Joh.
Ficker [Zu Calvins Aufenthalt in Strassburg et Calvin und Strass-
burg, Calvin à Strasbourg) ; — K. Sell [Calvin und der Reformka-
tholizismus, Calvin et la Réforme Catholique); — K. Holl [Calvin-
Briefe, la Correspondance de Calvin, suivie de quelques extraits
topiques); — enfin E. Trœltsch [Calvinismus und Luthertum, Le
calvinisme et le luthéranisme, résumé très précis des pages 528
à 587 de l'histoire de la religion chrétienne — Geschichte der christ-
lichen Religion — qui forme la 4e partie (t. I) du grand ouvrage
publié par Paul Hinneberg sous le titre de Die Kultur der Gegen-
toart, La culture moderne (1).
# #
Je terminerai cette trop rapide et pourtant — malgré se»
lacunes — longue revue, en complétant mes notes (Bull. 1908„
387 et 1909, 6) sur Servet.
M. D. Fritz Barth, professeur d'histoire ecclésiastique à l'uni-
versité de Berne, a publié une conférence qu'il y a donnée sur Cal-
vin et Servet [Calvin und Servet, brochure de 24 p. in-8°, A. Franke,
Bern 1909) qui est peut-être le résumé le plus concis, le plus-
objectif et le plus impartial qui existe actuellement sur cette
question. Je ne m'en écarterais que sur un seul point qu'a d'ail-
leurs déjà relevé M. Schwarz [Kirchenblatt fur die reformierte
Schweiz, 1909, p. 92), celui où M. Barth dit (p. 12), que de Trie n'a
certainement pas écrit la première de ses lettres (26 février 1553)
à A. Arneys (2), sans que Calvin en ait eu connaissance, vu l'étroite
(1) Un vol. de X-792 pages grand in-8° (index), Berlin et Leipzig, Teubner,
2e éd. 1909. Ce vol. a été rédigé par F. Wellhausen, A. Julicher, A. Harnack,
N. Bonwetsch, K. Mûller, A. Ehrhard et E. Troeltsch. Il y a aussi un article
sur l'attitude de Calvin à l'égard des Juifs, de W. Rotscheid [Calvins Slellung
zu den Juden) dans la Reformirte Kirchenzeitung , n° 31 (1909).
(2) Dans laquelle, pour protester contre le reproche adressé à Genève, de
398
CHRONIQUE LITTERAIRE
amitié qui existait entre eux. Je réponds, cela est possible, mais
cela n'est pas prouvé. Ce qui est certain c'est que de Trie a pro-
testé, dans cette même lettre qu'il « avoit esté quatre fois plus loin
qu'il ne pensoit » (t), c'est-à-dire qu'il n'avait pas l'intention de
parler de Servet, mais y avait été entraîné par le besoin de se
justifier des reproches qu'on lui avait adressés de ne s'être réfugié
à Genève que pour y vivre licencieusement. Admettons toutefois
ce qui, je le répète, n'est et ne peut être prouvé, que Calvin ait eu
connaissance de cette lettre de son ami et que cette phrase puisse
être interprétée autrement. Une chose est certaine, cette lettre n'a
pas été écrite pour être communiquée à l'Inquisition, ou pour faire
dénoncer Servet. De Trie, en effet, on s'en souvient, lorsqu'un
mois plus tard il apprend que l'inquisiteur a été mis au courant
de ce que lui, de Trie, avait appris à Antoine Arneys, — écrit à ce
dernier : « je ne pensois point que la chose deust venir si avant...
vous avez déclaré ce que j'avois entendu escripre privément à vous
seul... »
Dans cette phrase qui n'a certainement pas été écrite pour la
postérité, — ou bien de Trie dit la vérité, dans ce cas il faut
admettre qu'il ne songeait pas à l'Inquisition quand, pour se jus-
tifier, il parla à son cousin de Servet, et Calvin a dit vrai en pro-
testant qu'il n'avait eu aucune relation, ni directe, ni indirecte
(commele prétend M. Barth), avec le tribunal catholique. — Si de Trie
ment et si, par voie de conséquence, Calvin joue sur les mots, il
faut que ceux qui le croient en fournissent la preuve.
Si l'on objecte que, malgré sa surprise, de Trie, non seulement
prend vite son parti des conséquences imprévues de sa confi-
dence, mais s'associe à la dénonciation de son cousin, en lui
fournissant, le 2b mars, de nouveaux documents, je réponds qu'il
était dans la situation d'un[homme[qui ne pouvait plus se déjuger, à
moins d'être pris pour un étourdi ou un lâche. Et si, comme je le
soupçonne, il avait intérêt à se justifier des imputations de son
cousin, on comprend qu'il ait insisté auprès de Calvin jusqu'à ce
qu'il eût obtenu, faute du livre de Servet (où elles étaient impri-
mées), une partie des lettres manuscrites de Servet à Calvin.
Calvin aussi, en se laissant faire violence pour ne pas abandon-
ner son ami dans cette conjoncture, s'est associé à cette dénon-
ciation. Il a commis un acte pour le moins indélicat puisque Ser-
vet était son ennemi et, à ses yeux, le démon qui voulait détruire
ce qu'il avait enseigné comme venant de Dieu. Or j'ai montré,
puisque, au moment où il les livrait à de Trie, ces lettres de Ser-
ïavoriser le libertinage, il dit qu'on laisse Servet organiser secrètement A
Vienne une propagande religieuse subversive.
(1) Voy. pour les renvois, mon article dans le Bulletin de 1908, p. 3S1.
Prière, à la page 397, première ligne, de lire Antoine au lieu de Claude.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
399
vet étaient déjà imprimées (1) par les soins deServet lui-même, que
Calvin a pu croire licite de les communiquer. Il n'en reste pas
moins qu'il a eu le sentiment de la faute qu'il commettait, puisque
de Trie écrit « qu'il luy semble que son debvoir est quant à lui
(Calvin) qui n'a point de glaive de justice, de convaincre plustost
les hérésies par doctrine, que de les poursuivre par tel moyen,
mais qu'il (de Trie) l'a tant importuné... qu'à la fin il s'est accordé
à les lui bailler. »
La faute de Calvin est donc évidente. Mais je répète qu'en pré-
sence de son affirmation et de celle de son ami, nous n'avons pas
le droit de transformer cet acte de faiblesse — accompagné de
circonstances atténuantes — en un acte prémédité de lâche trahi-
son justifié après coup par une équivoque.
Si j'insiste c'est que tout récemment j'ai été entraîné dans
une polémique dont il n'est pas inutile de dire ici quelques
mots : Le journal religieux La Vie nouvelle du 1er mai, citait cette
phrase d Orpheus, Histoire générale des Religions, par Salomon
Reinach (1909, p. 465) : « Calvin eut par trahison les feuilles d'un
ouvrage que Servet faisait imprimer secrètement. Il les envoya à
Lyon, avec les lettres qu'il avait reçues de lui, action qui suffirait
à le déshonorer à jamais. Calvin fit accuser Servet par un émis-
saire : quel rôle pour un apôtre » !.. — et me priait d'y répondre.
Je répondis, entre autres ( Vie nouvelle 1 o mai) : « Ce n'est pas par
trahison que Calvin obtint l'ouvrage que Servet avait -fait impri-
mer secrètement mais c'est Servet qui le lui fit parvenir. Puis
aucune « feuille » de cet ouvrage (sauf le titre) ne fut envoyée à
Lyon, mais seulement deux feuillets de YInstitution annotés par
Servet ; — et cet envoi ne fut pas fait par Calvin, mais par
Guillaume de Trie qui tenait à se justifier d'avoir sans prémédita-
tion, spontanément dénoncé Servet, lequel n'a, par conséquent,
pas été accusé par un émissaire de Calvin », etc..
Cette lettre fut réimprimée par le Signal de Genève (5 juin)
sous le titre : Calvin, Servet et M. Salomon Reinach, C'est ainsi que
M. S. Reinach en eut connaissance. Il écrivit au Signal (19 juin) :
« Dans l'édition prochaine d' Orpheus (en anglais) dont je corrige
actuellement les épreuves, je rectifierai, après m'être reporté aux
sources, les assertions qui ont ému M. Weiss, mais ces assertions
font partie d'un texte de Voltaire (Essai sur les mœurs), imprimé
entre guillemets et sous son nom ; à la place de M. Weiss je n'au-
(1) Voici comment elles étaient intitulées, à la fin (p. 577) de la Restitutio :
Epistolae triginla ad Ioannem Calvinum Gebennensium concionatôrem. Si l'on
objecte qu'après tout elles étaient anonymes, je ferai remarquer que la Resti-
tutio se termine p. 734, par ces trois initiales M. S. V., sous lesquelles ceux
qui depuis longtemps connaissaient le De Trinitatis erroribus, per Mi-
chaelem Serveto... 1531, ou Dialogorum de Trinitate libri duo,per Michaelem
Serveto... 1532, pouvaient facilement retrouver le nom de Servet.
400 CHRONIQUE LITTÉRAIRE
rais pas omis ce détail ». Pais M. Salomon
rapport avec moi, je lui envoyai mon article, nous échangeâmes
quelques lettres et finalement la discussion se poursuivit dans le
Signal du 26 juin où M. R. répondit, en substance : « Calvin a
nié avoir dénoncé directement Servet à l'Inquisition... mais ne
réfute pas l'accusation d'avoir fait dénoncer Servet ; il répond à
côté et sans bonne foi. C'est donc qu'il se sent coupable ».
On trouvera ma réponse, basée sur les mêmes faits que je viens
d'exposer, dans le Signal du 3 juillet, enfin, dans celui du 17 juil-
let, une nouvelle lettre de M. Reinach, maintenant son interpréta-
tion dont je conteste le bien fondé dans une dernière réplique (1).
Le même sujet a encore été traité, en réponse à des objections
faites au Comité américain du Monument, par M. Edwin D. Mead
de Boston, dans un long article du Boston evening transcript, du
12 juin 1909 {part three), dans lequel l'auteur montre, par de nom-
breux faits tirés en particulier de l'histoire religieuse de l'Angle-
terre, combien le protestantisme a mis de temps à répudier l'into-
lérance que le catholicisme lui avait léguée et qui dès les premiers
jours de la Réforme, avait scandalisé quelques esprits illuminés
par l'Évangile, mais trop peu nombreux pour combattre efficace-
ment des idées et des pratiques séculaires.
On se demandait si les promoteurs du monument de Servet à
Vienne, qui devait être inauguré au mois d'août, rendraient hom-
mage à la vérité, en s'abstenant d'exploiter contre le protestan-
tisme, ou contre le christianisme, le supplice du malheureux
espagnol, martyr, non de la libre pensée, mais de la foi libre, —
lorsqu'on apprit par les journaux que, le sculpteur ne pouvant être
prêt, ces fêtes de Vienne étaient remises à l'année prochaine.
Cette circonstance imprévue aura du moins l'avantage de ne pas
les faire passer pour la contre-partie de celles de Genève.
N. Wèiss.
(1) L'Action radicale, de Genève, des 10 et 24 juillét, a naturellement
exploité, contre moi, les articles de M. Reinach (celui du 24 est même
intitulé, dans une intention visible de me déshonorer, la bonne foi du salarié,
d'où je conclus que les écrivains de Y Action vivent tous de leurs rentes, ce
que j'ignorais absolument). Au même moment on répandait à Genève un
placard intitulé Sonneries de cloches, où l'on traite Calvin de « meurtrier, de
délateur, de desposte cruel », etc. etc.
Le Gérant : Fiscrbacher.
ch se mit en
Paris. — Typ. Ph. Rhnouaud, 19, rue des Saints-Pères. — ??3:*.
Ch. I i i \ . 4'oyen ïimibVanW— Études bibliques. — Nouveau teétamontv — - Aiïciei
Testament i — Les In/scri pl ions en hcbroù arcliaïqueetcélled'Eshifrioun-Azar
! • — 3, brochures de 42, 32, 20, 42, !>6 ; 8, 40; 20, 32, M; 8 ; — et 40 p. in-8*. Paris
^Fîschbacher. 4"908 ec 1909. •
. • l)r J. Orr. — Le Problème, de PÀWeièiv 'testa mc'ïit CoiisidértV dans fia relation avec 1
•• critique moderne. Le .Pentatêtiàtte, tradf par E. îhouvenot pi\, un vol. de 308 pV,in-l(
;r^enève;^fï. Kobert, lUOaV v t "
_ o . _ • - ' • *' • " — Lausann<
59 volumes in-i\
ITZ - Ed. REUSS
V—,Pmxrmukïïrc>ché:. '. ; v . . 300 f =
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léans et dans les gares du Midi situées à 60 kilomètres au
moins de la destination. — Durée : 33 jours, non compris les
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du Nord (Paris-Nord excepté), de l'Etat, d'Orléans, du Midi
et de Paris-Lyon-Méditerranée suivant l'itinéraire choisipar le
voyageur, et avec les réductions suivantes sur les prix du tarif
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personnes 25 p. 100, de 4 personnes 30 p. 100, de 5 personnes 35
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Noyelles),.. LEFRINCKOUCKE (plage de Mâlo-Terininàs
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de Quend et de Fort-Mahon), ST-VALERY-sur-SOMMË
MILLB-WIMEREUX (plages de Wimereux, Audresselles e£
blèteuse),NOINCOURT (plages du bourg d'Aultetd'Onival),^
COOTE (Nord Plage). Il existe trois catégories debillets
1° Billetsdesaison (1) delr«, 2«, et 3» classe, valabïei
dant 33 jours, non compris le jour de l'émission, avecfaoijk
prolongation pendant plusieurs périodes de 16 jour?
condition d'effectuer un parcours minimum de 100 kil. i
retour. Ces billets, créés pour les familles, sont numinatH
collectifs. Il est accordé une réduction de SO 0/0 à chaque w
de là, famille en plus du troisième - les billets dont il s'a||
vent être demandés au inoins 4 jours àl'avance, à la
voyage doit commencer.
2° Billets hebdomadaires et carnetsd'aller
tour(l.)de 1", 2« et3«classe. Lesblllets hebdomadaires sa
labiés pendant 5 jours, du vendredi au mardi et de l'avant
au surlendemain des fêtes légales. Ces billets et carnets sot
viduels. Les prix varient selon la distance et présentent de*
lions de 25 .à 40 0/0.
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être utilisés à une date quelconque dans le délai de 33 ourj
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■ 3» Billetsd'excursîon(2) ne 2« et 3e cl., desdimaij'
jours de fêtes légales, valables pendant une journée. Ces 1
sont individuels ou de famille. Pour les familles (aecendi
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LIBRAIRIE FISCHBACHER (Société anonyme)
33, rue de Seine, 33
SOMMAIRE
ÉTUDES HISTORIQUES.
A. de Cazenove. — Un Syndicat en Bréaunèze en 1651 .... 40i
DOCUMENTS.
N. W — Calvin et Marie Stuart (4554).
L. Bastide. — Locke et les protestants du Languedoc . . . . 417
G Dumons. — Madame de Brail de Moulens. ......... 421
Bne de Chamisay. — L'origine du soulèvement des Camisards
au Bas-Languedoc. — L'affaire du prieur de Valérargues racon-
tée par un témoin catholique. 425
Lodis Ftjzier. — Cinq lettres inédites de Rabaut S*-Etienne. . 443
MÉLANGES.
A. Galland. — L'ancienne Eglise réformée de Pontor-
son-Cormeray, d'après un registre d'état civil inédit . . . 448
CHRONIQUE LITTÉRAIRE.
N. W. — Le 350e anniversaire de la fondation de l'Eglise
réformée de Chalon-sur-Saône. 464
G. Dumons. — A propos d'une étude sur les fugitifs du Lan-
guedoc. .... 466
De Richemond. — Correspondance de Samuel Robert. — His-
toire de Saint-Jean-d'Aiigely , . . 473
G. Bonel-Maury. — Le bicentenaire de l'Eglise française de
New -Rochelle
CORRESPONDANCE. 4
G. D. — Famille de Caumont-Monbbeton. — Naves . . . . .477
Jean Meyhoffer. — Didier Abrie. " 478
H. Dannreuther. — La mort de Jean Cousin . . . . . 479
Souscription au Monument international de la Réformation 480
ILLUSTRATIONS.
Vues de Valérargues , d'Uzès, de la basse-cour du prieur et de ce qui reste
du pilori du roi à Uzès, d'après des photographies 427, 429, 435 et 437
Carte de la région de Pontorson-Cormeray . 449
Plaque apposée dans l'Église réformée de Chalon-sur-Saône, d'après
une photographie de M. A. Auquier . . . * . . 465
RÉDACTION ET ABONNEMENTS
Tout ce qui concerne la rédaction du Bulletin doit être adressé à M. N. WRiss, secrétaire de la
Société, 54, rue des Saints-Pères, Paris (VIIe), qui rendra compte de tout ouvrage intéressant notre
histoire, dont deux exemplaires seront déposés à cette adresse. Un seul exemplaire donne droit à une
annonce sur cette couverture.
Le Bulletin paraît tous les deux mois, en cahiers in-8" de 06 papes avec illustrations. On ne
s'abonne pas pour moins d'une année. Tous les abonnements datent du 1" Janvier et doivent être
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Prix de l'abonnement: 10 fr. pour la France, l'Alsace et la Lorraine; — is fr. 50 pour l'étran-
ger [ — 6 fr. pour les pasteurs, instituteurs, etc., de France et des colonies françaises ; 10 fr. pour
les pasteurs de l'étranger. — Prix d'un numéro isolé de l'année courante et de la pifoMcntc 2 fr.
et pour les autres années, selon leur rareté. . „
La voie la plus économique et la plus simple pour le payement des abonnements est l'envoi d'un
mandat-carte au nom de M. Fischbaoher, libraire, rue de Srinc, 33, a Paris, ou de M. N. \\<-.,s.
secrétaire-trésorier, 54, rue des Saints-Pères, Paris VII*.
Nous ne saurions trop engager nos lecteurs à éviter tout intrrtn/diaitr, rifme relui dit Ithrairn,
LES PKRSONNKS QUI N'ONT PAS SOLDÉ LEUR ABONNKMKNTAU 15 MARS RKÇOIVSNT UNS QtUTTANCK A OOMI
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Études Historiques
UN SYNDICAT EN BRÉAUNÈZE EN 1651
Par un vieux reste de féodalité, qui, à distance,
nous paraît tout spécialement un apanage des seigneurs
catholiques, il se rencontrait, encore au xvne siècle, un
certain nombre de familles chevaleresques qui méritaient,
par leurs procédés envers leurs paysans, l'idée que nous
attachons aujourd'hui à ce mot. Le pillage des cam-
pagnes, les exactions et les violences étaient encore, à
cette époque, dans les mœurs de beaucoup de seigneurs,
quoique fût close l'ère des grandes guerres protestantes,
et il fallut les jugements des cours souveraines et les
Grands Jours d'Auvergne pour amener les maisons féo-
dales à une conception plus moderne de la civilisation, et
des droits de leurs vassaux.
Dans le grand procès qu'eurent, au Vigan, à partir de
1607, les Ginestous et leurs descendants, sous les noms
de Montdardier, la Rouvière ou Cabanis, procès qui se
termine par le rasement du château de Montdardier, il
est constamment question de « mille voleries et brigan-
dages commis sur Jes pauvres paysans qui seroient con-
traints, si iesdites voleries étaient de durée, de quitter
le pays et de se retirer ailleurs ».
Un cas analogue se produisit au milieu du xvne siècle
dans les environs du Vigan. Les Montfaucon (1), sei-
(l)Grande famille féodale possessionnée dès le moyen âge dans la viguerie
du Vigan et les Gausses environnants. Elle devait d'ailleurs bientôt sortir de
sa région natale, puisqu'en 1525 elle possédait Calviac, près Lasalle, Gard, à
40 k. de son lieu d'origine. Elle avait possédé Avèze de 1252 à 1490, elle
Septembre-octobre 1909.
26
ÉTUDES HISTORIQUES
gneurs de Vissée et du Clos, avaient, comme barons
d'Hierles, autorité sur la partie haute de la viguerie du
Vigan : d'autre part, ils mettaient leur mépris du paysan
au service et au compte de leur haine religieuse. Restés
obstinément catholiques, ils se vengeaient par leurs exac-
tions de leurs sujets devenus protestants.
Mais, à partir de 4 650, ils se heurtent à un pouvoir
nouveau, dont ils n'ont pas, jusque-là, soupçonné l'im-
portance : l'opinion publique est née, les peuples, au
contact de la Réforme et des lumières qu'elle dégage, se
sont ressaisis, ont pris conscience d'eux-mêmes, et, en
face du seigneur féodal appuyé sur la force, se dresse le
syndicat de ses vassaux, ètayé sur le droit.
En l'année 1651, les habitants d'Aulas, Arphi, Rréau,
Bréaunèze (1), composant une même paroisse dépendant
de l'autorité du baron de Vissée, se forment en syndicat
contre leur seigneur, Christophe de Montfaucon, baron
de Vissée et d'Hierles. Les membres du syndicat furent :
MM. d'Espinasse, Mahistre, Quatrefages, de Caladon
et Dunal. Leur premier acte consiste en un emprunt de
742 livres pour pouvoir mènera bien les poursuites qu'ils
intentent contre leur seigneur.
Les « violements, roberies, meurtres et autres dom-
mages » exercés par Christophe de Montfaucon et son fils
Pierre avaient été tellement criants que, dès 1649, la cour
souveraine, séant à Castres, avait condamné à mort
Pierre de Montfaucon, et requis tous les consuls et habi-
tants des villes etlieux des environs du château de Vissée
pour prêter main-forte pour l'exécution de cet arrêt; « ce
que, dit un vieil acte notarié, ils auroient faict soudain,
sans remise, ayant, les consuls d'Aulas ethabitans d'icelle
communauté capables de porter armes, accompagné le
acquit au xiv° siècle la baronnie d'Hierles et tenait encore au début du xvu* siècle
Vissée et Molières où était le château seigneurial.
(1) On entendait par « Bréaunèze » la partie de la viguerië du Vigan qui
avoisinait Bréau : cette petite circonscription est sise au Nord OÀïeSl de la
ville du Vigan, sous-préfecture du département du Gard. I,n plupart dos vil-
lages cités Aulas, Arphi, etc., sont également situés au N.-O. du Vigan el à
une faible distance de cette ville.
ÉTUDES HISTORIQUES
sergent de Vissée chargé de signifier cet arrêt par tout le
causse, ès toutes ses métairies, en telle sorte que la force
en est demeurée au Roy et à sa justice.
« Et d'autant que ladite communauté et habitans
d'Aulas se sont constitués en grands frais et despenses,
outre l'extraordinaire peine qu'ils ont prise, ledit sergent
de Vissée, désirant en quelque façon les indemniser, leur
a donné tout le blé qu'ils pourraient recueillir de la ré-
colte pendante dans les terres du sieur d'Assas. » Par
une singulière anomalie, le baron d'Hierles et son fils du
Clos contresignent leur propre spoliation.
Le 14 avril 1652, le procès est porté devant le roi. Noble
Étienne Dunal, Pierre de Quatrefages (1), sieur Pierre
Mahistre, fils àfeu Pierre, du lieu de Bréau, rappellent que,
le 26 septembre 1651, ils ont obtenu acte de ratification et
d'approbation du syndicat créé pour poursuivre le procès
criminelcontre les Montfaucon, syndicat dont les membres
étaient : le sieur Mahistre, noble Jacques de Caladon,
sieur de Lacaze, fils, Pierre de Quatrefages, Estienne
Dunal et Charles d'Albignac, seigneur d'Arre. Les sommes
empruntées jusqu'ici pour la constatation et répression
des crimes ont été insuffisantes, « les poursuites vont
donc demeurer suspendues et sans punition », les mem-
bres du syndicat ont donc, « d'une commune voie et opi-
nion, décidé qu'il sera emprunté la somme de 1642 livres,
du recouvrement de laquelle les sieurs Dunal, de Quatre-
fages et Mahistre, sont chargés, sous l'obligation de leurs
biens propres, solidairement et l'un pour l'autre ».
La personnalité dunotairequi reçoit l'acte, Parlongue,
homme intelligent, actif et animé d'une haine particulière
contre les Montfaucon et la personnalité des témoins,
entre autres Daniel de Montcalm, sieur de la Baume
(1) Ce Pierre de Quatrefages était le fils de François Quatrefages et de
Marie Balsin parente proche de Jean Balsin, second consul du Vigan en 1621.
Pierre épousa par contrat du 23 octobre 1624 Magdelaine de Cayrol. Un de
leurs fils, également nommé Pierre, dont il est question plus loin, épousa
Suzanne des Hours (26 mars 1672), fille de Charles des Hours de Calviac, et de
Diane de Sarret. Cette dernière était dame de Saint-Jean de Védas, près de
Montpellier, un des derniers châteaux où se célébra le culte protestant avant
la Révocation.
ÉTUDES HISTORIQUES
Saint- Véran, Fulcran d'Aubignac, seigneur de Madié-
rès, etc., témoignent qu'il va s'agir d'un procès sérieux
dont les auteurs ne reculeront devant aucun sacrifice
pour arriver à le mener à bien.
De son côté, Montfaucon ne s'endormait pas. En 1651,
il présentait une requête contre les syndiqués à messei-
gneurs du Parlement. 11 les suppliait de considérer que
Charles d'Aubignac, sieur d'Arre, Fulcran, sieur de Récol-
lette, frères, Jean François de Lavalette, sieur de la
Condamine, ayant conçu une haine mortelle contre lui,
avaient résolu de le prendre, « de l'assassiner par toutes
sortes de moyens, avaient fait plusieurs assemblées et
embûches en chemin pour le tuer ». Sous la menace de
cette haine, en vertu des provisions qu'il avait obtenues,
il s'était mis, lui et ses domestiques, sous la protection et
sauvegarde du Roi (1) et de la cour, et avait obtenu
droit de prise de corps contre ses ennemis. Néanmoins,
Etienne Mahistre, Gabriel et Etienne Unal, Quatrefages,
Caladon, etc., la plupart armés d'épées, fusils, pistolets
et autres armes, attroupés en forme de gens de guerre,
enseignes déployées, seraient allés, le 13e jour du présent
mois en la ville du Yigan, en plein jour, à dessein de le
tuer.
L'embuscade qu'ils lui avaient tendue ayant été
éventée et « leur pernicieux dessein manqué, ils
auraient tiré plusieurs coups de fusil et de mousquet,
l'auraient injurié, avec plusieurs blasphèmes exécrables
du saint nom de Dieu, par haine de l'ordonnance de la
cour », qui le sauvegardait contre leur fureur.
Le 23 septembre 1651, Louis XIV, par arrêt du Par-
lement, le prend de nouveau sous sa sauvegarde. Il est
évident qu'il y avait là, déjà à cette époque, une tendance
particulière à faire aux seigneurs catholiques en compéti-
tion avec leurs sujets protestants, un régime de partialité
et de spéciale faveur.
Entre temps, Pierre de Quatrefages, docteur et avocat,
(1) Le jugement prononce môme la peine de mort contre les ennemis de
Montfaucon,
ÉTUDjES HISTORIQUES
-405
qui nous paraît l'âme du syndicat de la Bréaunèze, vint à
disparaître. Sa veuve, demoiselle Magdelaine de Cayrol, le
remplace dans le syndical, avec l'énergie qu'ont déployée, à
plusieurs époques de notre histoire, les femmes hugue-
notes. Le 17 juillet 1652, nouvelle instance ouverte en la
chambre de l'édit de Castres. Jacques de Caladon, sieur
de Lacaze, syndic particulier des habitants de la Bréau-
nèze et de la baronnie d'Hierles, Etienne Mahistre,
écuyer, demoiselle Magdelaine de Cayrol, Charles et Fui-
cran d'Aubignac, sieurs d'Àrre et de Madières, Daniel de
Montcalm, sieur de la Baume St-Véran, Pierre deQuatre-
fages, maîtres Etienne et Gabriel (Jnals, Jacques Reilhan
et Jean Anterrieu, se portent partie contre les Montfau-
con. Ces derniers sont représentés par le baron d'Hierles,
fils de Christophe, son procureur Siméon, dit la Plume,
ses domestiques, chambriers et palefreniers, Louis du
Clos, sieur de la Baume, le capitaine Jean Surville et Jean-
François de la Valette Combecalde.
Tous les partisans de Montfaucon sont convaincus de»
crimes à eux imputés, pour réparation desquelsils devront
être appréhendés, amenés sous bonne et sûre garde aux
prisons de la conciergerie delachambrede Castres, etmis
en mains de l'exécuteur delà haute Justice. Ce dernier les
fera, « les jours accoutumés, promener par les rues et
carrefours de ladite ville, et, sur un échafaud qui y sera
dressé, rompra et brisera les membres au dit Pierre de Mont-
faucon, baron d'Hierles, et, après son corps mis sur une
roue hors de la ville, à un des carrefours, pour y demeurer
jusqu'à être consumé, et sur une potence, qui y sera aussi
plantée seront pendus et étranglés jusqu'à ce que mort
naturelle s'ensuive : Siméon la Plume, le capitaine Sur-
ville » et tous les affidés du baron d'Hierles.
Le même arrêt déclarait leurs biens acquis etconfisqués
à qui de droit, en réservant seulement la troisième partie
pour leurs femmes et enfans, sans préjudice de la somme
de 10.000 livres d'amende à partager entre Caladon,
Quatrefages et les syndics qui avaient intenté le procès.
Cet arrêt spécifie nettement le droit de ces derniers,
40 6 ÉTCJ DES [ IJ STO H JQ UES
y compris Magdelaine de Cayrol, veuve de Quatrefages, le
droit de prendre et de saisir au corps, en quelque part
qu'ils pourront se trouver dans le royaume, Montfaucon
et ses complices, il est enjoint à tous magistrats, gen-
tilshommes, consuls, prévôts, etc. de prêter main-forte à
l'exécution de cet arrêt.
fl en résulta : d'abord la confiscation effective des biens
du baron d'Hierles, dont une partie fut donnée en 1653,
en considération de ses services, à Claude d'Assas, le
bisaïeul du héros de Clostercamp. Il en résulta encore cette
chose tout à fait anormale pour l'époque, une réunion
de notables et de bourgeois de la baronnie d'Hierles, se
syndiquant après avoir fait les frais d'un procès retentis-
sant, pour lever les troupes, assiéger le château de leur
seigneur, en vertu des ordres royaux, et en saisir la gar-
nison.
Ces actes d'énergie n'étaient d'ailleurs possibles sous le
règne du Roi-Soleil, qu'à l'époque où Mazarin écrivait :
« Le petit troupeau broute une mauvaise herbe mais ne
s'écarte point. » Cet acte, par lequel des bourgeois se
substituaient à l'autorité légale , par lequel des protestants
mettaient la main sur des catholiques, ne devaient pas
avoir d'analogues dans les années qui suivirent la majorité
de Louis XJV.
Le coup de main une fois réussi, â la réserve pourtant
de Pierre de Montfaucon, qui s'échappa, qu'est-ce que les
habitants de la Bréaunèze allaient faire de leurs prison-
niers ?
La route était longue, d'Aulas jusqu'à Castres. Elle
passait sur les terres de bien des seigneurs catholiques,
qui pourraient avoir la tentation de délivrer leurs coreli-
gionnaires. Il fallut aviser aux moyens de les escorter avec
sûreté, de les nourrir en route et de les amener sans
encombre aux conciergeries de la chambre mi-partie. De
là nouveaux frais, énumérés dans un rapport de Jacques
Mahistre, chargé de l'escorte, rapport consciencieusement
épluché par les membres du syndical, lorsque Mahistre
revint à Aulas, sa mission heureusement terminée.
ÉTUDES HISTORIQUES
Etienne Quatrefages (1), consul deBréau, lui avait remis
au départ la somme de 500 livres, qu'il dépensa pres-
que entièrement. Ses étapes furent, par l'Espérou : le logis
de M. de Sumène, St-Maurice, Millau, laNuéjols, le logis
deFitou, Vabres, St-Cernin, Montfranc, la Triballe, laBeys-
sonié, etc. 11 était escorté par 50 soldats de Bréau etBréau-
nèze, pour chacun desquels il paie 4 sous par nuitée ;
à chaque ville protestante, St-Affrique, Milhau, etc. Il est re-
joint par des volontaires qui grossissent ou remplacent l'es-
corte, et qu'il s'agit de nourrir aussi. Aune ou deux étapes
à l'est de Castres, un avocat général de la cour se détache
à la rencontre du convoi. Malgré les accidents prévus,
chevaux déferrés, mulets de litière qui ont rompu leurs
bats, le voyage ne dure que 5 jours, et Mahistre, aussi bon
chef de convoi que scrupuleux comptable, ne demande
pour sa peine qu'une solde de 15 livres pour ses dix jours
de route.
Il y eut des faux frais néanmoins, auxquels durent
participer les habitants des lieux circonvoisins, depuis
Ganges jusqu'à la Nuéjols, et qui furent payés, le 20 mars
1653, suivant un état signé par Pierre Goubert, François
Quatrefages (2) , Guillaume Brunei, Etienne Villaret, consul
moderne d'Aulas, Arphi de Bréaunèze, Pierre Mahistre
Pierre Boisson, Pierre Mazel et Pierre Galari, députés
du syndicat, et qui aboutirent au remboursement, au comp-
table Mahistre, de la somme de 342 livres.
Mais le coup de force réussi par les protestants de la
Bréaunèze n'avait pas intimidé le baron de Vissée.
Appuyé sur ses hautes relations, allié d'ailleurs à un grand
nombre de familles illustres du pays, les du Poujol
d'Olargues, les la Farre etc. il tentait d'intimider les
protestants et de surprendre l'impartialité de la cour mi-
partie. Sur les instances des syndiqués, deux conseillers
de Castres furent députés pour venir étudier sur place les
(1) Sans cloute, oncle de Pierre de Quatrefages, mari de Magdelaine de
Cayrol.
(2) Cousin de Pierre de Quatrefages de Cayrol, il avait épousé Marie
Mazel, d'une famille protestante de Sumène,
408
ÉTUDES HISTORIQUES
origines de ce procès, qui remontait déjà à plus de
cinq années. MM. de Jullien et de Commerre furent
désignés à cet effet : l'un d'eux au moins étaient protestant,
M. de Jullien sans doute, d'une famille qui eut plus tard la
terre de Scopon, près de Toulouse, les possessions pro-
testantes des la Tour de Pin, de la branche de Maleyrar-
gues, et culmina, en 1753, en la personne du marquis de
Pégueirolles (j ), premier président à Toulouse.
Une supplique fut adressée à la chambre de l'Édit, par
laquelle Jacques de Caladon-Lacaze et Pierre de Quatre-
fages, deux des syndics des habitants d'Aulas et de Bréau,
dépendant de la baronnie d'Hierles, se plaignaient des
grands frais qu'ils avaient supportés pour faire transpor-
ter sur les lieux MM. de Commerre et de Jullien, con-
seillers en la cour de Castres, députés par elle pour par-
faire le procès à 28 prévenus, soldats du baron de Vissée,
ce à raison de plusieurs crimes capitaux, par eux commis ».
Pour empêcher le jugement de ce procès, Vissée exerce
toutes les chicanes imaginables, récuse la juridiction delà
cour de Castres, au point que les deux syndics sont obli-
gés a d'aller à la suite du Roi, à grand frais, pour faire
renvoyer la cause en ladite cour ». Vissée s'étant pourvu
auprès du privé conseil de Sa Majesté, le Roi fait évoquer
l'instance devant lui. Une nouvelle procédure en résulta
c'est-à-dire nouveaux frais, 80 écus entre autres, au sujet
desquels les impétrants exposent qu'ils sont ruinés en
cette poursuite. « Il n'est pas juste, ajoutent-ils, que les
dits suppliants puissent être obligés de payer ces 80 écus :
il n'est pas juste non plus que le crime dont il est ques-
tion demeure impuni, faute de remettre la dite procé-
dure en la chambre de l'Édit de Paris. »
Il semble que justice fut faite à la recommandation
des suppliants. En tout cas, Antoine de Commerre et
Pierre de Jullien évoquent, le 7 juillet 1656, devant la
(1) Les Julien sont sorti •= du Levezou (Àveyron), et ont été protestants
pendant une partie du xvir siècle. Us avaient dans le Gard actuel, Mons
Maleyrargues, Saint-Just et Vacquières; ces dernières terres appartenaient
avant 1688 aux La Tour du Pin qui y maintenaient la religion protestante Bl
y encourageaient les assemblées.
ÉTUDES HISTORIQUES
409
chambre de l'édit de Castres, le représentant des syndics
de la Bréaunèze. Ce procureur, nommé Randon, se pré-
sente pour Jacques de Caladon-Lacaze et Pierre de Quatre-
fages, syndics des habitants faisant profession de la R. P. R
des villages d'Aulas et de Bréau. Mais Randon a besoin,
pour appuyer ses dires, des quittances des communautés
qui ont concouru avec Àulas à la prise et à l'escorte des
complices du baron d'Hierles. Or, les notaires de la région
du Vigan, soupçonneux et pratiques, ont craint que des
copies qu'ils délivreraient de ces comptes ne les compro-
missent ou ne leur fussent pas payées, et ont refusé de
les minuter. Randon obtient qu'ils seront contraints par
toute voie raisonnable, d'expédier ces copies, à peine de
de 500 livres d'amende et d'y être contraints par corps.
Les huissiers chargés de signifier ce mandement se heurtent
naturellement à un refus des communautés dont la plu-
part, Mon tdardier entre autres, pourtant si intéressé à se
venger du baron d'Hierles, affirment n'avoir aucun
compte ou délibération ayant trait à la question.
Entre temps, Yissec s'occupe de ses affaires comme
s'il n'avait pas déjà été roué en effigie sur le carrefour
de Castres. Le 12 août 1656, il vend sa terre et seigneurie
de Rogues à noble d'Albignac, sieur de Madières, pour
la somme de 1050 livres. 11 use néanmoins d'un certain
stratagème, fait cette vente au nom de sa femme, Félice
du Poujol, et fait remettre à cette dernière la somme
dont il s'agit.
Il a besoin d'argent pour continuer un procès aussi
coûteux et aussi long, et donne pouvoir à sa femme de tout
négocier en son nom.
Les délibérations de la Bréaunèze se multiplient pour
arriver à une solution, pour obtenir l'exécution de l'arrêt
rendu en sa faveur, et surtout pour se libérer des charges
écrasantes qu'entraîne la lenteur du procès.
Le 10 février 1661, les habitants de la région se réu-
nissent en conseil général dans le temple de Bréau, en pré-
sence et sous la direction de maître Jean de Cayrol, sieur de
Randonnières, docteur es droit, juge td'Aulas et de la Bréau-
HO ÉTUDES HISTORIQUES
ncze, beau-frère de Pierre de Quatrefages, l'ardent cham-
pion des huguenots, alors décédé. Les membres de l'assem-
blée sont : Pierre Mahistre et Pierre Boudes, consuls de
Bréau et Bréaunèze, noble Jacques de Caladon et sieur
Pierre de Quatrefages, syndic des habitants d'Aulas et
de Bréau, François etEtienne Quatrefages, Pierre Poujade,
Pierre Mazel, François Doue, Jacques Mahistre et André
Nadal, habitants de Bréau et Bréaunèze. La réunion est
motivée par les lettres d'amnistie (en Viganais « de
mixtî )>), que le baron d'Hierles dit avoir obtenues de la
cour de Paris, et qui sont confirmées par le député que la
Bréaunèze a envoyé à la cour pour poursuivre le procès.
L'assemblée décide d'envoyer un nouveau député, « exprès
pour solliciter et être au jugement, pour conserver notre
droit et demander réparation des crimes commis ». Mais
il est nécessaire d'emprunter 300 livres pour éviter les
avantages que Vissée pourrait obtenir contre la commu-
nauté. Après avoir mûrement réfléchi, l'assembléedécide,
d'une commune voix et « sans discrépance », que comme
elle n'a aucune rente ni revenu, elle délègue les deux
consuls, Mahistre et Boucles, pour emprunter comme ils
pourront la somme nécessaire.
Le 12 mars de la même année, nouvelle réunion
dans le temple, nouvelle lettre de Senebier, le député de
la communauté à Paris, réclamant les 300 livres qui sont
indispensables pour suivre le procès. Pierre Mahistre
et Boudes sont encore chargés de se procurer cette
somme.
Le 21 mars, la même formalité se renouvelle au même
lieu. L'assemblée est plus considérable encore. Aux
membres déjà nommés s'ajoutent noble Henri de Sur-
ville, sieur de Puechméjan, François Quatrefages (1),
sieur de la Boquette, Jean de Peyre, Etienne Balsin, le
(1) La descendance des Laroquette quitta les Cévennes pour passer on
Lyonnais avec Louis, directeur des fermes de Roanne en 1 7 5 1> , et Pierre
conseiller secrétaire du Roi à Lyon en 11 Vt dont le petit lils .Iran Rodolphe
seigneur de Lîmonest, de Saint-André du Coing et de Saint Didier, premier
président du bureau des finances de la généralité de Lyon, fut membre dé
l'assemblée de la noblesse de la sénéchaussée de Lyon en 1189,
ÉTUDES HISTORIQUES
descendant du fondeur de canons de Rohan, Jacques
Quatrefages, enfin la plus grande partie des habitants de
Bréau et de la Bréaunêze.
Cette fois-ci, c'est un véritable réquisitoire que fait le
premier consul : il s'élève contre tous ceux qui, depuis
« depuis 10 ans en ça », ont géré les affaires dansla com-
munauté. Il leur reproche de refuser de donner les
comptes de leur administration, « à cause qu'ils ont en
leur pouvoir denotables somme dedeniers, qu'ils refusent
de délivrer pour être employées aux affaires delà commu-
nauté ». L'assemblée, émue de cette vibrante accusation,
donne aux consuls Mahistre et Boucles, procuration
pour poursuivre, par toutes voies utiles, tous ceux qui
ont eu part à la gestion des affaires, et refusent de mon-
trer leurs comptes.
En 1672, Etienne Quatrefages est consul de Bréau. 11
reçoit à ce titre des lettres du député Senebier, qui nous
apprennent que Vissée est enfin incarcéré, que la justice
a fini par suivre son cours, et qu'il gémit sur la paille de
la Conciergerie de Paris. Mais ce merveilleux intrigant est
sur le point de se tirer d'affaire. 11 a pu réunir une
somme de 1 500 livres, et, par ses intelligences avec le
geôlier de la Conciergerie, tente de s'évader. Mais il a
manqué son coup : et, se retournant avec sa dextérité
habituelle, il a donné requête à la chambre de l'Édit et a
exposé qu'au mois de juillet 1651, les accusations qu'il
avait formulées contre ceux qui le poursuivaient n'avaient
pas été suivies d'effet. 11 a donc demandé la révision de
cette procédure.
Cette argumentation paraît avoir réussi, et certaine-
ment Vissée fut mis peu après en liberté. Par un revire-
ment bien humain, ceux qui s'étaient réunis pour le
poursuivre se tournèrent les uns contre les autres. Une
fois leur entreprise avortée, pour essayer d'éviter les frais
immenses de ce procès. Le 21 décembre 1665, Jacques de
Caladon témoigne en justice qu'il a été fait syndic en
1651 des habitants de la Bréaunêze pour poursuivre la
réparation des plusieurs a foulles, extorsions, violements,
412
ÉTUDES HISTORIQUES
assassins, concussions et autres crimes commis contre les-
dits habitants par le baron de Vissée ». Il énumère les
arrêts qu'il a obtenus en la chambre de Castres, au Séné-
chal de Nîmes, au conseil privé du Roi, en la chambre
de l'Édit du parlement de Paris. 11 expose les dépenses
qu'il a faites en considération dusyndicat.il explique qu'il
a, depuis longtemps, « requis les syndiqués de procédera
l'ouïe de ses comptes, mais ces derniers n'ont accepté
qu'une partie de ses comptes, et comme le roi a établi des
commissaires pour la révision des dettes des communautés
il se pourvoit devant ces derniers pour obtenir l'examen
de ses comptes et le remboursement de ses avances.
Deux procédés se présentent : ou bien les consuls de
la Bréaunèze accepteront la discussion immédiate de la
comptabilité ou bien, ils la porteront au greffe de la com-
mission royale, à Pézenas, pour être examinée par les
commissaires de Louis XIY.
Que lit alors le syndicat de la Bréaunèze, si puissam-
ment uni jusque-là et si fortement constitué par l'acte
juré, le 26 septembre 1652, par-devant M. de Cassagne,
conseiller au sénéchal de Nîmes? Il préféra porter ses
comptes devant le greffier de Pezenas. On constata qu'en
1652, 800 livres avaient été empruntées à Jean Arbousse,
que 255 livres dues à divers furent rayées en 1668, à faute
de justifier de l'emploi, que cette somme fut rétablie le
19 janvier 1659, et enfin payée par la Bréaunèze vers cette
époque.
Le syndicat avait encore emprunté : à Jacques Baumes,
200 livres; à M. Roussy, 855 livres, qui furent acquittées
par Aulas, dans les dernières années du xvnR siècle.
A Pierre Sales, on emprunta 225 livres, dont il restait
encore une dette de 146 livres dans les premières années
du xviii0 siècle, 742 livres furent empruntées à Etienne
Mahistre, Estienne Quatrefages, Pierre Esticnne et Pierre
Mazel. Aulas devait encore, en 1680, 127 livres sur ce
total. Quant à Caladon, on lui emprunta 800 livres, qui
lui furent rendues, mais comme il ne fut pas payé dos
dépenses accessoires qu'il avait faites pour le procès,
ETUDES HISTORIQUES
413
on transigea encore en faveur de son fils, M. duCaylou, à
qui la Bréaunèze paya 363 livres.
Mais à cette époque, les communautés de la Bréaunèze
entrent dans une phase plus misérable encore. Les dra-
gonnades de 1683 font loger à Bréau deux compagnies du
régiment colonel-général et 50 places d'état-major. Aulas
logea la compagnie de Grandval, Bréau la compagnie de
Gouhas. Les dépenses qui en résultent, ayant excédé ce
que la communauté devait dans la répartition générale
imposée à la viguerie, le surplus servit à amortir les dettes
de la Bréaunèze. De nouveaux frais sont d'ailleurs venus
absorber par avance cet excédent ; le père Bougas, ins-
pecteur de la bâtisse des églises, a fait élever une chapelle
catholique à Bréau, acheter pour 355 livres aux du Caylou,
Puech-Méjan, Pierre Martin et Survilie le terrain néces-
saire et payer au sieur Fulcran Finiels « le clocher et
glacis de la dite église », « accordée » (quel mot déli-
cieux !) par Monsieur l'Intendant.
Il résulte de ce qui précède que bien des causes se
réunissaient pour ruiner d'une façon définitive les habi-
tants de la Bréaunèze.
Que devenait pendant ce temps-là Pierre de Montfaucon ?
Le 10 mai 1670, le procès était encore pendant. Quelques
mois auparavant, le 6 février, les procureurs et syndics delà
Bréaunèze se présententdevant le château du baron de Vis-
sée pour lui signifier les arrêts de la chambre de l'Edit de
Paris. Le 10 mai, Bicard, chargé à Paris des affaires des
syndiqués, donne avis à ses commettants de faire diligence
pour envoyer de l'argent, afin de poursuivre vigoureuse-
ment et obtenir arrêt du Parlement. Le procès contient
d'ailleurs plus de 4300 articles. L'avocat remarque du
reste que Montfaucon voit assurément sa cause perdue et
que sa tactique consistera plutôt à empêcher que l'arrêt
ne soit rendu, qu'à y faire opposition.
Qui se lassa le premier, du syndicat ou du baron de
Vissée? Ce dernier, encore qu'il jouât sa tête et qu'il
eût fait effectivement quelques années de prison, semble
avoir trouvé, dans sa situation sociale d'abord, dans sa
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ÉTUDES HISTORIQUES
qualité de catholique, ensuite, le moyen d'échapper aux
foudres de la justice. Le procès qui se traînait depuis 1651,
et, comme nous venons de le voir, renaissait de ses cen-
dres au milieu de 1670, ne dut pas aboutir. Les 28 soldats
enfermés dans les prisons de Castres pour avoir commis
d'affreux briga.ndages et tendu des embûches aux passants
inoffensifs dans les fossés du château de Molières, échap-
pèrent sans doute au gibet qui les menaçait. Les événe-
ments qui se précipitaient, la suspicion qui environnait
les protestants, leur mise hors la loi, qui se dessinait
d'une façon précise entre 1675 et 1685, n'étaient pas des
circonstances favorables pour leur faire rendre justice, et
les juges qui avaient leur procès entre les mains n'étaient
plus assez impartiaux pour leur faire droit. Un seul
résultat est acquis : le baron de Vissée n'ose plus repa-
raître dans le pays, quoique la sanction suprême soit refu-
sée aux protestants, sanction qui, au début du siècle, leur
avait été accordée, lorsque, en 1608, le château de Mont-
dardier fut rasé pour punir les déportements de ses
seigneurs.
Où sont les sacs de notre procès ? Sont-ils à la con-
ciergerie de Paris? Sont-ils au greffe de Toulouse, dans
ce grenier immense où s'entassent 50 000 procès réunis
en forme de moellons figurant une forteresse avec des
créneaux, ses bastions et ses embrasures ?
Que reste-t-il de cette poussière, sinon le souvenir
d'un des premiers syndicats, de la lutte des notables d'un
petit pays contre leur puissant seigneur, le témoignage
de l'énergie qu'ont déployée nos ancêtres pour dé-
fendre leurs droits et maintenir leur liberté de conscience.
Nous repensons, en remuant ces poudreuses archives,
au laboureur de Virgile, dont la charrue éventre des tom-
beaux antiques, et qui
Pâlit de la grandeur des ossements romains :
Grandiaque effbssis mirabitur ossa sepulcris.
A. DE Cazenove
Documents
CALVIN ET MARIE STUART
Il n'est question que deux ou trois fois de Marie Stuart
dans la correspondance de Calvin, par exemple lorsque
Knox ou un correspondant anonyme l'informent qu'elle
fait célébrer la messe dans son palais, bien que son peuple
eût embrassé laRéforme (Opéra Calmni Epislolœ N°* 3584
et 3612). Il ne semble pas que le réformateur français ait
jamais été en contact direct avec la belle nièce des Lor-
rains. Pourtant, il ressort d'un texte qu'on va lire que
celle-ci, non seulement savait qui était Calvin, mais avait
de bonne heure été mise en garde contre son enseigne-
ment que Knox, un des plus grands admirateurs de la
Réforme genevoise propageait avec tant de zèle en Ecosse.
Parmi les curiosités de la Bibliothèque nationale se
trouve un recueil de thèmes écrits par la jeuue princesse.
D'après M . A. de Montaiglon qui a publié ce manuscrit, il y a
plus d'un demi-siècle, dans un recueil anglais peu accessible
(Warton Club 1855)le précepteur qui dirigea, c'est-à-dire
dicta ou inspira ces exercices de langue et de style était un
M. de Saint-Estienne.Ildictaitsans doute ou faisait rédiger
les textes français que Marie devait traduire en latin. Ce sont
généralement des lettres, hypothétiquement ou réellement
adressées à des parents ou amis de la princesse, auxquels
peut-être quelques-unes d'entre elles furent effectivement
envoyées pourdonner uneidée des progrès de la jeune reine.
Au milieu de ces pages sans grand intérêt on en trouve
tout à coup une, le thème XVIII, qui est adressée à Calvin
et porte la date de 1554. On verra qu'il reproche au réfor-
mateur, à grand renfort de citations plus ou moins pro-
bantes, de nier le Purgatoire. Comme M. de Montaiglon
Ta déjà remarqué, il est peu probable que cette prétendue
lettre ait jamais été envoyée à Genève, mais elle prouve
que dans l'entourage de la jeune reine on parlait de Calvin
et on combattait son enseignement. Cela n'est pas surpre-
416
DOCUMENTS
nant lorsqu'on sait que celui qui dirigeait l'éducation de
la jeune Marie était le fameux cardinal de Lorraine.
Nous ne pensons pas qu'il faille faire grand état de la
date de 1554, si ce n'est parce qu'elle coïncide avec
l'année où Calvin atteignit le point culminant de sa renom-
mée. Parle supplice de Servet sa situation avait été défini-
tivement consolidée à Genève et l'on réimprimait d'année
en année Y Institution, c'est-à-dire le livre qui à cette épo-
quebattit en brèche avec le plus de succès le papisme. Ainsi
en 1 553 et 1 554 il n'y eut pas moins de trois éditions de Y Ins-
titution, une latine et deux françaises. Ladernière sortit des
presses de Philbert Hamelin, l'apôtre de la Saintonge, qui
allait aussitôt la répandre lui-même en France, en attendant
d'être brûlé à Bordeaux à cause de cette propagande. N.W.
XVIII
Socratee disoit qu'il i avoit deus voies par lesquelles les esprits
sortent du corps. Carceus qui se sont gardés chastes et entiers, et
qui aus corps humains ont ensuivi la vie des Dieus, ils retornent
facilement à eus. Et ceus qui se sont du tout souillés de vie, ont
un chemin détorné du conseil, et de la présence des Dieus. Maisles
esprits de ceus qui se sont quasi fais serviteurs des voluptés, et
non toutefois du tout, sont longtemps à errer par la terre avant
que de retorner au ciel. Tu vois donc que Socrate, Platon, et plu-
sieurs autres philosophes ethniques, ont eu cognoissance du
purgatoire que toi, doué de la loi de grâce, misérablement et à ta
perte tu nies. Jésuchrist le fils de Dieu te vueille rappeler, Calvin.
De Gompienne 18 d'Aoust.
XVIII
M. S C. R. CALVINO S. D. P.
Socrates dicabatduplices esse vias quibus anima? exeunt e cor-
pore, nara illi qui se servarunt castos et integros, et qui in eorpo-
ribus humanis imitati sunt vitam deorum redeunt facile ad oos.
Illi vero qui se totos contaminarunt vitiis habent viam seclusani a
consilio et prœsentia deorum. Sed eorum animi qui se prsebue-
runt quasi ministros voluptatum, et non tamen omnino, diu errant
circa terram antequam redeant in cœlum. Tu vides ergo quod
Socrates et Plalo et plurcs alij philosophi ethnici habent notitiam
purgatorii, quod tu, miseri et tuo damno negas, eu m sis dotatus
lege gratise. Christus filius Dei te avocet Calvine, intérim cura ut
recte et pie sapias.
DOCUMENTS
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LOCKE ET LES PROTESTANTS DU LANGUEDOC
(1676-1677).
Les notes qui suivent sont traduites du Journal de
Locke. Le manuscrit aujourd'hui conservé au Musée bri-
tannique, fut publié en 1829 par un descendant du philo-
sophe, lord King, dans : The Life and Lelters of John
Locke, Londres. 2 vol. in-8.
30 décembre 4 675 (N.S.).A trois lieues de Pont-Saint-Esprit,
nous arrivons à Orange, petite ville entourée de murs en quadri-
latère, moins considérable que Bath. Les demi-lunes à l'entrée
des portes sont démolies par le roi de France, ainsi que les
châteaux-forts qui se trouvaient sur un rocher juste au-dessus...
Ici je vois de quelle façon l'on dévide la soie au moyen d'une ma-
chine qui fait tourner en même temps cent-trente-quatre bo-
bines ; elle est trop compliquée pour que je la décrive sur un simple
coupd'œil ; une vieille femme les fait toutes tourner; elles- tordent
et dévidentla soie d'un même mouvement. La population de la ville
compte douze protestants pour neuf papistes; deux consuls sont
protestants et deux papistes; il y a deux églises protestantes ; l'une
d'elles que nous sommes allés voir est une manière de jolie cons-
truction, une seule arche de pierre, pareille à un pont, embras-
sant toute la longueur de l'église et soutenant . les chevrons,
comme la poutre maîtresse dune maison; c'est pour une pareille
salle une façon de bâtir nouvelle et non sans avantages.
Nismes, 3 janvier 1616. Les protestants de Nismes n'ont plus
maintenant qu'un seul temple, l'autre ayant été démoli par ordre du .
roi il y a environ quatre ans. Deux des consuls sontpapistes et deux
protestants, mais ceux-ci n'ont plus comme autrefois le droit de
communier en robe. Les protestants avaient bâti un hôpital pour
leurs malades, mais on le leur a enlevé: onleur y a laissé une seule
salle pour leurs malades, mais ils ne s'en servent point, parce que
les prêtres les tourmentent quand ils y vont. Malgré leur découra-
gement, je ne trouve pas que beaucoup d'entre eux passent au
papisme : l'un d'eux me dit, quand je lui pose la question, que
les papistes n'obtiennent rien, sinon par la force ou par l'argent.
4 janvier. Nous sommes arrivés à Montpellier à une heure
avancée de la nuit, ayant dîné dans une auberge protestante, à
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418
DOCUMENTS
Lunel, à trois lieues de Montpellier, et où nous avons été bien
traités.
Î8 janvier. Vers 9 heures ce matin, je suis allé à l'hôtel de
ville (town-hall) où les états du Languedoc alors assemblés
dans la ville, tiennent leurs séances. La salle est belle. Au fond
se trouve un siège plus élevé que les autres pour le duc de Ver-
neuil, gouverneur de la province, quand il vient à l'assemblée,
ce qui est rare et seulement quand il a quelque chose à proposer.
D'ordinaire le cardinal Bonzi, archevêque de Narbonne, prend ce
siège d'honneur sous le dais; à sa droite sont les évêques, au
nombre de vingt-deux, et les barons, au nombre de vingt-cinq; les
députés de la ville sont au nombre d'environ quarante- quatre.
Vers 10 heures ils commencent à arriver dans la salle où les
évêques mettent leurs vêtements d'apparat, ornés de riches
dentelles: le cardinal est en rouge; dès qu'il arrive, ils vont tous
entendre la messe à Notre-Dame, une église tout près de là, et
vers 11 heures ils sont de retour et commencent à siéger, termi-
nant à midi et siégeant rarement dans l'après-midi, à moins d'une
occasion extraordinaire. La session dure quatre mois par an,
commençant en octobre et se terminant en février.
19 janvier. Uzès, ville de la province située à peu de distance
de Nismes, envoyait tous les ans un député protestant à l'assem-
blée des états de Montpellier, comme la population est en majorité
protestante ; on le leur a interdit cette année; et cette semaine les
protestants ont reçu ordre du roi de ne plus choisir des consuls de
la ville de leur religion; leur temple doit être démoli, c'est le
seul qui leur reste, bien que la ville soit aux trois quarts protes-
tante. On allègue comme prétexte que, le temple étant trop près de
l'église papiste, le chant des psaumes trouble les offices.
1er février. Les protestants sont, d'ordinaire, traités impar-
tialement par les juges, à moins qu'ils ne plaident contre un
nouveau converti, auquel cas on cherche à favoriser celui-ci. Les
protestants ne paient pas de taxes plus lourdes que leurs voisins,
mais ils sont incapables d'exercer des charges publiques. Dans
les dix dernières années on leur a démoli au moins cent-
soixante églises. Dans cette région, ils vivent en assez bons termes
avec les papistes laïques; tantôt ils gagnent et t an loi ils
perdent des prosélytes. On ne fait rien à ceux qui se convertissent
à la religion réformée, à moins qu'étant auparavant devenus
papistes, ils ne soient relaps; alors on les poursuil en justice
quelquefois. Le nombre des protestants dans ces dernières
années ne s'est poinl accru et n'a pas beaucoup diminué. Ceux
qui passent à l'Eglise de Home sont généralement séduits par
de belles promesses, lesquelles communément ne sont point
DOCUMENTS
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tenues. Les protestants ne mènent pas meilleure vie que les
papistes.
13 février. Je visite M. Birto. Les protestants n'ont pas eu de
synode général depuis dix ans : ils ont naturellement un synode
provincial du Languedoc tous les ans, mais non sans la permis-
sion du roi. Ils y font les lois ecclésiastiques pour la province, à
la condition de ne pas contrevenir aux lois faites par le synode
national. Le synode comprend environ cinquante pasteurs et autant
de diacres ou d'anciens. Il a le pouvoir de réprimander ou de destituer
un pasteur qui fait scandale ; il admet aussi les candidats à la consé-
cration et à être pasteurs dans certaines Églises, nul n'étant admis
dans les ordres à moins d'avoir un poste. Voici comment les
choses se passent : quand une Église veut un pasteur, comme
par exemple Montpellier, si l'un des quatre pasteurs est mort ou
parti, les candidats s'adressent au consistoire de cette Église»
Celui que le consistoire préfère, reçoit l'ordre deprêcher devant la
congrégation ; s'il est agréé, le candidat se présente au prochain
synode ; quatre pasteurs sont désignés pour l'interroger en
langues anciennes, sur ses études d'université et en théologie.
Avant tout il doit exhiber les certificats des universités où il a
étudié. Il prêche un sermon en latin et un sermon en français
et, si toutes ces épreuves sont passables, deux pasteurs sont
désignés pour le consacrer. Ceux-ci, après un sermon sur les
devoirs du ministre, descendent de chaire et lisent devant le
candidat plusieurs chapitres des Epîtres, où il est question des
devoirs du ministre ; ensuite, après une prière, il lui imposent
les mains en déclarant que, de par l'autorité du synode, il a pou-
voir de prêcher, de remettre les péchés, de bénir. les mariages, de
célébrer la cène; ceci fait, il est ministre dudit lieu. Son traite-
ment dépend du consistoire.
Si quelqu'un ici professe une doctrine contraire à la confes-
sion de foi réformée, le roi le punit, en sorte qu'ici il faut être de
l'Église romaine ou de l'Église réformée. Il n'y a pas longtemps,
il arriva qu'un homme d'ici, inclinant vers l'arianisme et cherchant
à publier ses doctrines, fut l'objet d'une plainte du gouverneur
au roi. L'ordre vint de mettre l'homme en jugement, il fut donc
envoyé à Thoulouse; là, il prit le parti de tout nier devant les
juges et fut élargi; s'il avait avoué, on l'aurait brûlé comme héré-
tique.
...Montpellier compte 30.000 habitants, parmi lesquels il y a
8.000 communiants à l'Église protestante. Onmeditquele nombre
des protestants depuis vingt ou trente ans a manifestement aug-
menté ici, et augmente encore quotidiennement, bien qu'ils
perdent tous les jours quelque privilège. Leurs consistoires pou-
DOCUMENTS
vaient autrefois interroger les témoins sous serment, il y a dix
ans qu'on leur a enlevé ce droit.
/ 6 février. Toute la force de la discipline ecclésiastique réside
dans le consistoire; celui de Montpellier comprend les quatre
pasteurs et les vingt-quatre anciens. Le consistoire décide à la
majorité de toutes les affaires de l'Église, gère les finances,
ordonne les censures, etc. C'est la majorité des voix qui l'emporte,
quand même aucun des pasteurs n'aurait voté pour. S'il s'élève
entre eux quelque contestation juridique, ils en réfèrent à des nota-
bles de bon conseil de la ville ou à des homme de loi protestants.
Il y a encore six conseillers de cette religion, et les avocats sont
libres de professer la religion qui leur plaît.
Voici comment l'on procède pour les censures ecclésiastiques :
Si quelqu'un mène une vie scandaleuse, on commence par l'exhorter
en particulier; s'il ne s'amende point, il est mandé par-devant le
consistoire et admonesté; si cette mesure ne donne aucun résul-
tat, on agit de même avec lui devant la congrégation publiquement
assemblée; si malgré tout il reste incorrigible, il est exclu de la
cène.
... 19 février. Mercredi des cendres. Les censures publiques
sont rares : des deux derniers qui en furent l'objet l'un avait
frappé un coreligionnaire à la joue en pleine église, un jour de
communion, ce qui lui valut d'être privé de la cène; l'autre avait
donné sa fille en mariage à un papiste, faute pour laquelle il resta
excommunié pendant six mois. L'excommunication entraine
simplement la privation de la cène, non l'exclusion de l'Église et
du prêche.
...21 février. Le roi vient de faire une loi qui défend les
mariages mixtes, cause fréquente de changement de religion,
surtout sequioj'is sexus.
Aujourd'hui à l'église on a beaucoup toussé.
24 février. La province de Languedoc est ainsi gouvernée :
le duc de Verneuil, le gouverneur, commande toute la province.
Il a un pouvoir assez semblable à celui du roi, bien qu'il soit à
proprement parler lord-licutenant. Je n'entends pas dire qu'il
s'immisce le moins du monde dans les affaires judiciaire s, soil
civiles soit criminelles. En son absence, la province est divisée
en trois districts, ayant chacun un vice-gouverneur investi du
même pouvoir; chaque ville a aussi son gouverneur, dont le
pouvoir ressemble assez à celui d'un chef de garnison. Montpel-
lier a six consuls, qui ont le gouvernement delà police munici-
pale, surveillent les poids et mesures, jugent au civil quand la
somme en litige ne dépasse pas cinq livres; ils avaient autrefois
DOCUMENTS
441
une autorité considérable, aujourd'hui ils ne sont plus que les
serviteurs du gouverneur de la ville; naguère ils étaient trois
protestants et trois papistes, mais les protestants ont été exclus
cette année.
... 28 mars. Baptêmes de la religion à Montpellier environ
300, enterrements environ c260.
... /er mai. Les protestants de France sont, croit-on, un
seizième de la population ; dans le Languedoc ils sont 200.000.
... Paris. 13 février 1 679. Depuis vingt ans on a démoli plus
de 300 églises protestantes, depuis deux mois on en a condamné
quinze de plus.
Locke garda longtemps le souvenir de ce séjour en
Languedoc. Dans un de ses ouvrages philosophiques écrit
vers la fin de sa vie, il rappelle la finesse d'esprit des
paysans languedociens en ces termes :
Il y a des exemples de gens de condition très modeste, dont
l'esprit s'est haussé jusqu'à bien sentir et à bien comprendre la
religion... Car, si je ne me trompe, les paysans réformés de France
(classe de la société beaucoup plus accablée par le besoin et
la misère que les journaliers d'Angleterre) comprenaient la
religion bien mieux et raisonnaient mieux là-dessus que ceux
d'une condition supérieure parmi nous. » Works, III, p. 207.
Ch. Bastide.
MADAME DE BR Al L DE M0ULENS
Le 22 février 1686, on arrêtait à Agen plusieurs reli-
gionnaires qui cherchaient à gagner Bordeaux et, de là,
une terre de liberté (1). Au nombre de ces prisonniers, se
trouvaient un gentilhomme de Puylaurens, Jean de Brail
Sr. de Moulens, et sa femme Louise Dupuy (2).
(1) Ces fugitifs étaientles suivants : Jérémie Dupuy, de Caraman; Etienne
Malabiou (ou Maillabiou), de Castres ; Jean Mascarenc et sa femme Margue-
rite Salavy, de Castres; Marquis Caudié et sa femme Françoise Rigal, de
Bruniquel; Jean de Brail Sr de Moulens, sa femme Louise Dupuy et leur
valet lsaac Lanis. — Cf. Du Puy, la Juste reconnaissance, éd. de Toulouse;
Baird, Réf. hug. en Amérique, traduction française ; Arch. du Tarn B, 241
France Prot. 2e éd. 111, 74 et V. 919, 921.
(2) Leur contrat de mariage avait été retenu par Paul Tournier notaire à
Saint-Paul le 4 août 1659. — Louise Dupuy était fille de Samuel, docteur et
avocat, Sr de la Bousquetié, et de Marie Le Roy.
Plutôt que de renier leur foi, ils ont laissé dévaster
par les dragons leurs métairies et leur château de Roque-
vidal, ils ont enduré les fatigues et couru les dangers de la
fuite. Mais maintenant, devant la perspective des galères
ou de la réclusion perpétuelle, ils ont une défaillance -et
consentent à abjurer.
Mis en liberté le premier, M. de Moulens se rend à
Bordeaux et s'embarque pour l'Angleterre où il « recon-
naît » aussitôt sa faute, et où il est « reçu à la paix de
l'Église » ; puis il passe en Allemagne et prend du service
dans les troupes de l'Electeur de Brandebourg. — Quelques
années plus tard il meurt en Saxe.
Quant à Louise Dupuy, « n'ayant pas été assez à temps
à Bordeaux pour s'embarquer avec son mari, elle fut prise
un soir sur le port où elle devait s'embarquer cette nuit-
là pour le suivre ». Le document publié ci-après raconte
les circonstances de cette arrestation. Mais l'ami inconnu
qui a rédigé, écrit et signé cette supplique, ne s'est cer-
tainement pas inspiré des sentiments de la noble prison-
nière, quand il lui fait demander la liber té « afin de pouvoir
faire l'exercice de sa religion catholique » : une lettre du
28 août 1686 nous apprend, en effet, que « Madame de Mou-
lens est à Tholose dans un cloître depuis deux mois pour
ne vouloir pas faire les exercisses », et que ses biens sont
saisis en même temps que ceux de son mari fugitif.
Bientôt d'ailleurs le régime du couvent fut jugé trop
doux, puisqu'il n'avait pas réussi à abattre le courage de
la recluse, qui fut transférée dans les prisons de l'Hôtel de
Ville. Toujours môme obstination, entretenue, pensa-t-on,
par des visites ou des messages d'amis dévoués. Aussi, en
mai 1687, Madame de Moulens fut-elle tirée de son
cachot, éloignée de tous les siens, reléguée en plein pays
catholique et confiée aux... soins des religieuses de
Sl-Etienne en Forez. Mais elle ne voulut jamais « faire
aucune fonction de cette religion qu'elle avait embrassée
par force ». Elle lassa le zèle de ses nouveaux convertis-
seurs, et enfin « le roi la lit sortir lorsqu'il lit sortir tous
les confesseurs qui étaient dans les prisons », Conduite en
DOCUMENTS
Suisse, elle rejoignit son mari en Allemagne et s'établit
plus tard à Berlin.
Là s'arrêtent nos renseignements à son égard: ils suf-
fisent à montrer ce que peut la force de Dieu s'accom-
plissaitt dans la faiblesse d'une pauvre créature humaine.
G. Dumons.
A Monseigneur. Monseigneur de De Lamoignon cher conDT d! Estât
Jntandant en la province de Languedoc.
Suppie humblement dame Louise Dupuy, femme de noble Jean
de Brail sieur de Moulins, disant qu'à cause des garnisons extra-
ordinaires de diverses troupes de gens de guerre quy ont esté
baillés aud. S' de Moulens dans son château de Roquevidal près
Puilaurans au diocèse de Lavaur, quy leur ont prins et ravagé
tous leurs biens, bestiaux et autres effets mobilaires de notable
valleur et réduit la supliante et sond. mary à ne pouvoir pas sub-
cister, elle auroit été obligée de se retirer ailleurs pour la conser-
vation de sa personne, et se transporter en la ville d'Agen, où la
supliante adjura la R. P. R. entre les mains du sieur grand vicaire
dud. lieu quy luy en expédia son certifficat le dernier février der-
nier, à suite de quoy la supliante alla visiter le sieur de Lupé son
beau-frère et damlle Dupuy (1) sa famme sœur de la supliante,
habitans à leur maison de campagne à trois ou quatre lieues dud.
Agen ; et, après y avoir fait quelque séjour, elle s'en alla en la ville
de Bourdeaux pour apprendre des nouvelles dud. sieur de Moulens
son mary; mais elle feust arrestée avec un de ses parans habi-
tant dud. Bourdeaux, deux jours après son arrivée aud. Bourdeaux,
en s'an allant à la campagne, par des gens de guerre, de l'ordre de
Monsieur l'Intandant de Guienne et des Consulz de lad. ville, soubz
préteste du soubçon qu'ils avoint, contre toutte apparance, que
la supliante vouloit sortir du Roiaume, au préjudice des déclara-
tions de Sa Majesté et des ordonnances. En sorte que lesd. consulz
luy prindrent et enlevèrent la somme de 645 1. en quatre pièces
de quatre pistolles, quarante deux louis d'or, un demy louis d'or
et une pièce de trante sols qu'elle aportoit, ensemble le certifficat
de son adjuration, comme aussy luy firent saisir et arrester dans
Bourdeaux les habits et linge qu'elle y avoit. Et despuis la suppte
a esté conduite aud. Puillaurans, par quelque officier des troupes
de Sa Majesté avec quelques dragons, où elle arriva le trantiesme
lire : treizième) du courant et a esté deslivrée entre les mains
(1) Marie Dupuy avait épousé (contrat Bosquet notaire à Algans, 5 juillet
(1666) Josué de Luppé de Tillac S de Talbosc et habitait le Fezensaguet.
424
DOCUMENTS
des consuls diid. Puilaurans, quy l'ont remise en celles de demlle
Delaline directrisse des Filles Dévotes dud. Puilaurans où elle est
détenue, luy aiant seulement permis d'aller voir la sainte messe
le 16 du courant, ainsin que résulte du certifficat du Sr Gaillard
pbre et curé de Puilaurans. Et d'autant qu'il n'est pas juste qu'elle
demure plus longtemps dans la maison desd. Filles Dévotes, veii
mesmes que par vostre ordce du 4e du courant, publiée et affichée
aud. Puilaurans le susd. jour 13e du courant, jour de l'arrivée de
la suppliante, il est accordé délay de quinsaine à tous ceux de la
province quy ont abandonné leurs maisons d'y revenir, moienant
quoy touttes poursuites cesseront à leur esgard; et attendu que
la supliante y a satisfait, elle a recours à vostre justice à ce que,
veù vostred. ordonnance et certifficat dud. sieur curé de Puilaurans
cy attachés, il vous plaise, Monseigneur, ordonner que la supliante
sera mise en liberté, à l'instant du commandement quy sera fait
ausd. consulz de Puilaurans, à lad. Demlle de Lalineou autres dé-
tenteurs de sa personne, afin de pouvoir faire l'exercisse de sa
religion catholique, à paine d'y estre constrains par fraction de
portes et par corps. Et, ce faisant, que les consulz ou jurats dud.
Bourdeaux et autres détenteurs dud. argent et autres choses qu'ils
détiennent à la supliante le luy randront aussy à l'instant du com-
mandement, à peine d'y estre constrains par toutes voyes et par
corps, et la supliante priera Dieu pour vostre santé et prospérité.
(signé) Blaud.
Nous ordonnons que lad. dame de Moulins sera remise entre
les mains du Sr de Najac (1) à la charge de faire les exercices de
la Religion catholique, apostolique et romaine. FaitàPuylaurens,
le premier may 1686.
(signé) Delamoignon.
Par Monseigr (signé) Lesellier.
L'an m. vie quatre vings six et le second may, par moy Jean
Bourgues, huissier au domaine reçu par monsieur le juge de
Puilaurens y habitant soubsné, à la réquisition de dame Louise dé
Dupuy femme de noble Jean de Brailh sieur de Moulens, avons
intimé et signifiée la requeste et ordonnance rendue au pied d'icelle
par monseigneur l'Intandant de la présante province, à mon pré-
sent exploit original attaché, en dacte du premier du courant, de
point en point, selon sa forme et tenur, à messieurs les consuls
modernes dud. Puilaurens aux fins ne l'ignorent ; parlant à Sieur
(1) Philippe de Gineste Sr de Najac avait épousé en secondes noces (con -
trat Vialas notaire à Puylaurcns 22 juin 1613) Antoinette Dupuy. sœur de
Mmc de Moulens.
DOCUMENTS
425
Pierre de Trinquier sieur de la Plaine premier consul dud. Puils,
auquel trouvé en personne aud. Puilaurens luy ay baillé, tant pour
luy que pour ses collègues, tant de lad. requeste et ordonnance
que présent exploit. En foy de ce
(signé) Bourgues.
Controllé à Puilaurens le second may 1686.
(signé) Gontier.
L'ORIGINE DU SOULÈVEMENT DES CAMISARDS
AU BAS -LANGUEDOC
L'Affaire du Prieur des Valérargues (1) racontée
par un témoin catholique
Il est un fait certain que tous les nouveaux documents
viennent confirmer; c'est que la barbarie de l'abbé du
Chayla (2) et les supplices terrifiants qui suivirent son
assassinat firent soulever les Cévennes ; il est aussi prouvé
qua son tour le Bas-Languedoc fut entraîné dans cette
(1) Valérargue est un ancien petit village (259 h.) du canton de Lussan, à
15 kilomètres d'Uzès (Gard); on le voit de la grande route sur une hauteur
au milieu de la plaine et ses vieilles maisons s'échelonnent à travers des
arbres toujours verts.
(2) Voltaire qui le premier vint consulter les archives du ministère de la
guerre pour écrire l'histoire du siècle de Louis XIV, fut convaincu de la cul-
pabilité de l'abbé du Chayla, d'après les pièces officielles qu'il étudia et dans
le chapitre sur le Calvinisme, il accuse l'archiprêtre des Cévennes d'avoir
provoqué la guerre. Le baron d'Aigaliers dans ses Mémoires, après avoir
parlé de la mort de l'abbé du Chayla, ajoute : « Voilà l'origine des derniers
troubles du Languedoc, qu'on appelé Camisars, non pas un projet de prendre
les armes concerté par les huguenots, comme l'a voulu persuader à la cour
le clergé, voulant excuser leur faute, en la rejetant sur des innocens qui
n'ont eu que trop de complaisances pour les hommes, puisqu'ils l'ont poussée
jusqu'à trahir leur concience. »
Un cévenol, Jacques Morin, dit aussi : « que l'abbé, ce cruel cœur de lion,
acquitta en quelques années le grand nombre de dettes que son château devait
en ruinant les Cévennes » et le baron d'Aigaliers assure que l'archiprêtre
acquit à ce métier 4.000 livres de rente; ces sortes d'accusations sont encore
mentionnées dans le rapport du comte de Peyre, Intendant général de la
Province (Archives historiques de la guerre, Volume 1614, f° 46). Voy. du reste,
plus haut, pp. 243-253, l'article intitulé Précisions documentaires sur l'histoire
des Camisards.
DOCUMENTS
révolte par la rigueur avec laquelle on avait puni la sédi-
tion de Valérargues, le 11 juin 1701. Les nouveaux con-
vertis du diocèse d'Uzès alors prêts à d'impitoyable repré-
sailles attendirent le premier appel des Cévenols pour se
joindre à eux et venger leurs martyrs. Ce fut l'origine de
la participation du Bas-Languedoc au soulèvement des
Cévennes, qui devint la guerre des Camisards.
Ces deux répressions sanglantes qui eurent les plus
graves conséquences, ne nous laissent aucun doute sur la
brutalité et le pouvoir du clergé sous Louis XIV pendant
ces années de persécutions, comme aussi sur sa responsa-
bilité, qui du reste est affirmée par Monsieur de Pàratte
commandant à Uzès.
11 avait la hardiesse d'écrire à M. de Chamillart (1) le
6 juillet 1704 : « Si j'ozois vous dire Monseigneur qu'il
« seroit à propos pour le bien de la Religion et du service
« du Roy de retenir Monsieur Yévêque d'Uzès (2) où il
« est s'en seroit un d'y atirer l'évêque d' A lais (3) ; ces deux
« prélats sont en partie cause du désordre de cette pro-
« vince par leur dureté et injustice » (4).
Voilà qui est catégorique !
Les historiens catholiques contemporains des Cami-
sards ont généralement passé sous silence cette émotion
populaire qui s'appelle : L'Affaire du Prieur de Valé-
rargues.
Bien au contraire un officier, le colonel de Marcilly (5)
qui était venu combattre les Camisards pendant la cam-
pagne du comte de Broglie attacha une grande impor-
(1) Ministre de la guerre de 1701 à 1708.
(2) Monseigneur Poncet de la Rivière, ancien officier de cavalerie et plus
soldat que prêtre, fut un persécuteur implacable. Il était alors à Paris.
(3) François Chevalier de Saulx, premier évêque d'AIais, fut nomme en
1694 pour anéantir les huguenots des Cévennes. L'érection de cet évéché
eut lieu dans ce but, « suivant les saintes intentions du Roy » écrivait le car-
dinal de Bonzy à l'évêque de Montpellier {Chroniques du Languedoc).
(4) Archives historiques ministère de la guerre, Volume 1798, p. T;8.
(5) M. le marquis de Marcilly, colonel d'un régiment de son nom, le com-
mandait en Languedoc en 1703. Il tomba souvent dans les embuscades des
Camisards et sut en tirer vengeance. Lorsqu'il entra en vainqueur à Genolhac
(février 1703) il s'empara des réformés, tranquilles dans leurs maisons, et les
fît périr par la main des soldats (Antoine Court, t. [, page 232),
DOCUMENTS
tance à cette manifestation hostile, car il voyait en elle ce
feu qui couvait sous la cendre et d'où allait s'envoler
l'étincelle qui embraserait le pays.
Connaissant les préoccupations de la Cour il envoya
à M. de Chamillartle il novembre 1703, de Poncharraen
Dauphiné où il était en résidence, un mémoire, pour lui
donner le moyen de pacifier le Midi et quoique mal ren-
seigné, aveuglé par les idées fausses de son temps et de
son état, il donne aux faits qu'il mentionne l'importance
qu'ils ont eue.
Voilà le début de ce mémoire concernant les affaires
du Languedoc (1) .
Trois choses principalles sont en partie cause de la conti-
nuation de tous ces désordres.
La première — par l'impunité de la prophanation de l'église de
Vallérargue (2) diocèse d'Uzès arivé au mois de mai 1701 et par le
massacre de l'Abbé du Chaila arivé au Pont de Montvert le 24 juil-
let 1702.
Voilà le commencement de tous ces désordres.
La deuxième — pour avoir armé plusieurs milices bourgeoises
qui se sont laissés battre et enlever des armes ce qui a fourny
la plus grande partie des armes des rebelles, et pour avoir mis la
plupart de ces bourgeoisies en garnison dans les lieux qui paroi-
soient les plus coupables pour en tirer seulement de V argent, nom-
mant cette sorte de punition pure perte.
La troisième — pour n'avoir pas connu ou voulu connoitre de
quoi il s'agit, à qui l'on avoit à faire et la manière comme il faloit
se comporter pour l'apaisement de cette naissante révolte joint à
la mauvaise disposition des troupes, sans oublier les égards qu'on
avoit pris pour les personnes recommandées.
On verra par la suite que ce que M. de Marcilly
appelle l'impunité était tout autre chose. L'essentiel c'est
qu'il donne à l'affaire de Valérargues une signification
prépondérante.
Le Président de La Baume (3) qui écrivait à l'époque
(1) Archives historiques du Ministère de la guerre, Volume 1708. pace 239,
(2) L'église n'était autrefois qu'une toute petite chapelle qui fut agrandie,
même douhléccn 168G et qui ne fut remplie de fidèles qu'à force [d'amendes,
d'emprisonnements et de supplices.
3) Relation historique de la révolte des Camisards. page 3."».
430
DOCUMENTS
même des troubles fait à peine allusion à celte émeute
dans ces termes dont on verra tout à l'heure l'inexacti-
tude. Voici son récit :
Daniel Raouls, de la paroisse de Vagnas en Vivarais fut uirde
ceux qui se distingua le plus en fanatisme. Il disoit que Dieu lui
avoit donné l'esprit du prophète Daniel.
11 fit un grand nombre de prophètes et de prophétesses. Ses
disciples et ses émissaires (1), au mois de juillet de l'an 1701, eurent
l'audace d'aller en plein jour à l'église de Vallerargues, d'en
rompre le tabernacle, d'en emporter les vases sacrés et de com-
mettre plusieurs autres désordres. On prit Alexandre Jaussaud (2)
et quelques autres des plus coupables que Monsieur de Basville
jugea à Uzès le 25 du même mois avec des commissaires du Pré-
sidial de Nismes.
Jaussaud convaincu d'avoir brisé le tabernacle fut brûlé vif.
Ces exemples n'aiant pas arrêté Raouls, il continua ses assem-
blées séditieuses où il engendrait une infinité de prophètes.
Dans le Fragment de la guerre des Camisards Fauteur
anonyme cite en passant seulement l'horrible sacrilège
commis à Valleraugue (3) comme si Valleraugue et Valé-
rargues étaient une même localité. Il donne ensuite une
partie tronquée du jugement. On ne peut reprocher à
Antoine Court (4) que d'avoir été trop bref; mais il est
exact en s'exprimant ainsi :
Rapportons quelques exemples du zèle aveugle et barbare des
ecclésiastiques.
Le Prieur de Valeirargues près d'Uzès, ayant découvert sur ses
pas un jeune berger à genoux faisant sa prière, le traina par les
cheveux dans sa maison et afin que Guiraud, Juge de Lussan, en
put dresser un procès-verbal, il alla lui-même demander du papier
marqué au fils du notaire nommé Boulon.
Celui-ci, non seulement refusa de lui en donner, mais le taxa
(1) Aucun des émissaires de Daniel Raouls ne vint à Valérargues en juil-
let 1701 puisque dès le // juin les prétendus coupables avaient subi les sup-
plices de la roue et du gibet. Autre erreur : les vases sacrés ne furent pas
emportés.
(2) Alexandre Jaussaud ne vint jamais à Valérargue puisqu'il fui COD
damné le M juillet 1701 pour un motif inconnu. On voit combien il faut se
méfier de la prétendue exactitude de La baume.
(3) Ce Fragment a été publié et annoté par Marins Talon privas 1867) qui
n'a pas remarque L'erreur de son chroniqueur.
(4) Histoire (tes Camisards, Livre I, p&geS l2i-'2.ri.
DOCUMENTS
431
de faux prophète et, par une suite de la dispute qu'ils eurent
sensemble, ce jeune homme courut à l'église du lieu, jeta tous les
ornemens dans un puits et ne se fit aucune peine de raconter à
qui voulut l'entendre ce qu'il venoit de faire; il poussa même la
sécurité si loin qu'il se retira tranquillement chez lui où il fut
arrêté et avec lui un nommé Olimpe son voisin, mais qui n'avoit
eu aucune part à son action.
Ils furent conduits à Uzès où Basville fit rouer le jeune Bouton
après lui avoir fait couper le poing (1) et fit pendre Olimpe,
nonobstant toutes les preuves qu'il put donner qu'il avait même
ignoré le dessein de Bouton.
Les prêtres des autres cantons n'en usoient pas avec plus de
douceur que le Prieur de Valeirargues.
Un bourgeois d'Uzès Siméon Abauzit qui vivait à la
fin du xvine siècle, homme instruit et curieux qui eut le
loisir de recueillir dans le pays même les vestiges de ce
qui s'était passé, raconte ainsi dans ses Mémoires le
tumulte et sa répression.
En 1701 le Prieur de Valeirargues, petit village près de Lus-
san, traîna lui-même par les cheveux un jeune berger parce
qu'il l'avait rencontré priant comme les huguenots.
Il dénonça le fils du notaire Jacques Bouton et le sieur Olimpe
qui avaient blâmé cette violence. Bouton fut roué vif à Uzès.
Olimpe fut pendu. La sentence fut exécutée sur la place publique
d'Uzès.
Mais M. Weiss nous a communiqué la copie d'un
document catholique anonyme et contemporain qui
apporte sur ce point des révélations émanant certaine-
ment d'un témoin oculaire.
L'auteur qui les consigne est très probablement l'abbé
Poncet de la Rivière, vicaire général du diocèse d'Uzès où
son oncle Mgr Michel Poncet de la Rivière était évêque
depuis 1678.
L'abbé était tourmenté par les agissements des reli-
gionnaires et redoutait le sort qu'ils réservaient aux gens
d'Église leurs plus infatigables persécuteurs.
(1) Quoique cette aggravation dans le supplice ne soit pas mentionnée dans
le jugement, elle est probable; c'était la punition des sacrilèges.
(2) Monseigneur Poncet de la Rivière mourut en 1728 et resta 50 ans sur
le trône épiscopal à persécuter les huguenots et à les ruiner par des amendes
qu'il gardait pour lui-même afin d'augmenter ses revenns déjà très considérables _
DOCUMENTS
Il écrivait aisément (1), et entretenait une correspon-
dance suivie avec M. de Chamillart et le dimanche 8 dé-
cembre 1702, il lui mandait ceci :
Permettez moi aussy, Monseigneur, de vous représenter l'état
où nous sommes icy par rapport à la religion. Nous voyons tous
les jours massacrer nos prêtres, brûler nos églises, enlever nos
anciens catholiques (2) qu'on trouve ensuitte assassinés (3) dans
les bois ou dans les grands chemins.
Nous sommes déjà les plus faibles en nombre puisqu'on peut
dire que presque tous les nouveaux convertis trempent directe-
ment ou indirectement dans ce désordre (4).
Au témoignage d'Antoine Court, en avril 1703, le même
abbé lui proposait ce moyen radical de terminer le con-
flit (5) :
Un enlèvement est le plus doux remède (6) pour trois raisons.
La première qu'il évite l'effusion du sang des sujets du roi et
la longueur des procédures.
La seconde qu'il prévient la mauvaise volonté qu'ont les pro-
testants depuis un temps considérable de se soulever.
La troisième qu'il assure les prêtres dans leurs paroisses et
qui sans cela trembleront toujours se voyant environnés de leurs
ennemis.
Mais surtout, ce qui fait attribuer ce récit à l'abbé
Poncet, c'est qu'aidant son oncle dans toutes les affaires,
(1) L'abbé avait une réputation d'écrivain et d'orateur, son oncle obtint
qu'il prononçât l'oraison funèbre du cardinal de Bonzy dans l'église de Nar-
bonne en 1704. C'est ce même cardinal qui fit bâtir pour sa maîtresse, la
comtesse de Ganges, un hôtel merveilleux à Montpellier, sur le terrain, con-
fisqué à son profit, où avait été le temple des huguenots. (Lettres de M"" du
Noyer.)
(2) L'abbé ne mentionne pas que, le 17 novembre, M. de Broglie avait
enlevé GO religionnaires à Aigucsvives et que la cour de Nimes les avait
jugés et condamnés (probablement aux galères).
(3) Il oublie aussi que le 26 octobre, le jour du marché à la porte d'Andu/e.
on avait attaché la tête de treize nouveaux convertis qui venaient d'être
massacrés [Fragment de la guerre des Camisards, page 22).
(4) Archives historiques Ministère de la guerre, Volume 1614, page 124.
(5) Antoine Court, Histoire des Camisards, Livre 1, page 2,riS.
(6) Ce plus doux remède fut goûté par Montrevel, Villars et leurs officiers,
et autorisé par le roi. Des familles furent enlevées, emprisonnées, et dans
leurs maisons pleines de leurs biens, des anciens catholiques furent installes.
On devine quelle indignation soulevaient de tels actes et quelles vengeances
ils provoquaient!
DOCUMENTS
438
ambitieux et se mettant toujours en avant, il dut certaine-
ment jouer un rôle actif dans ce procès. 11 y trouvait
l'occasion de venger un confrère insulté et en punissant
cet outrage par les plus horribles tortures, il se protégeait
et augmentait son autorité. Dans tous les cas celui qui a
écrit ces lignes, vivait à Uzès, était présent aux interroga-
toires, et raconte avec le style et les pensées d'un
prêtre.
Les subdélégués de l'intendant de Bâville, MM. de
Larnac (l)'et Rosier, s'ils avaient résumé ces événements,
auraient écrit différemment avec d'autres formules.
En somme la lettre de l'abbé Poncet à M. de Chamil-
lart et son mémoire, ainsi que le manuscrit qui est une
sorte d'histoire des Camisards (2) émanent évidemment
du même homme, on y voit toujours les mêmes craintes,
e même désir de les dissiper par tous les moyens, et les
plus injustes ne semblent pas peser sur cette conscience
morte.
Manuscrit anonyme
attribué à l'Abbé Poncet de La Rivière
Toutes les diligences et les précautions qu'on sceut joindre
aux chatimens devinrent si inutiles qu'on vit dans le commence-
ment de l'année 1701 si fort augmenter le nombre des fanatiques
et surtout dans le diocèse d'Uzès qu'à peine y eut-il un endroit qui
en fut exempt et la maladie devint si contagieuse qu'à son intro-
duction des communautés entières en estoient infectées dans les-
quelles il n'est point de folies et d'extravagances qu'on y vit
ensuite commettre.
La première qui paru la plus enfarinée et qui leva le masque
avec plus d'hardiesse fut celle de Valeyrargues.
Le Dimanche de la Trinité 1701 (3) à Valeyrargues dans le dio-
cèse d'Uzès il se tint une grande assemblée au Cabaret où l'on fit
tous les exercices du fanatisme.
(1) Rodolphe de Larnac, lieutenant-magistrat en la judicature royale de
la ville et viguerie d/Uzès était, ainsi que Rozier, commissaire subdélégué
de Monseigneur de Bàville, intendant du Languedoc.
(2) Le récit de l'aiïaire de Valérargue n'en est qu'un épisode de quelques
pages.
(3) Ce dimanche qui suit la Pentecôte était, cette année-là, le 22 mai.
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Le sieur Cousin Prieur du lieu, en estant adverti, s'y estant
porté la dissipa. Quelques jours après s'estant de nouveau assem-
blés et le Prieur les ayant encore surpris dans leur fonction, après
en avoir arrêté luy-même quelques-uns et lié avec des cordes, il
les fît conduire (1) dans les prisons d'Uzès (2).
Le lendemain, jour de l'octave du Saint-Sacrement (3), le Prieur
du lieu de Lussan (4) avec son curé et le juge estant venus à
Valeyrargues pour y visiter le Prieur, la première personne qu'ils
y découvrirent fut un jeune berger (5), âgé de 15 à 16 ans tout au
plus, les mains jointes, à genouil devant une porte et comme
enfoncé dans l'oraison, auquel ayant voulu parler, leur dit en
propre terme :
« Je vous commande de la part de l'Éternel et du Saint Esprit
dont je suis rempli de vous retirer d'icy au plus tôt. »
Sur quoy ces messieurs s'en estant saisi et l'ayant conduit
chez le Prieur (6), auquel, sur le premier interrogat qu'il lui fit,
luy répondit :
Qu'il venoit du Paradis où. il avoit veu Dieu et les Anges.
Et luy ayant demandé pour le faire parler : Comment est-ce que
les anges estoient faits? de quoy estoient-ils vestus? et comment
leurs ailes estoient faites?
Il luy dit que le tout estoit blanc.
Ses postures et son raisonnement l'ayant fait envisager à bon
droit comme un sujet de distinction dans la société visionnaire
obligea ces messieurs de l'attacher à un arbre de la basse-cour (7)
pour ensuite le faire conduire à Uzès comme les autres.
(1) Le Prieur avait à cette époque un pouvoir absolu; il possédait le fief
de Valérargues et se trouvait en même temps seigneur temporel et spirituel
de son village. Ce Prieuré de Saint-Christophe de Valérargues, arrenté 750 livres
(Chamand, notaire), était à la collation de l'évêque, c'est-à-dire que ce prélat
le nommait comme il l'entendait et le prêtre choisi devenait sous cette dépen-
dance un vrai limier de police.
(2) Uzès était la résidence de l'évêque qui possédait une des trois tours
féodales, dont il avait fait ses prisons. La grande pièce du bas était la salle
de l'inquisition.
(3) C'étai t le jeudi 2 juin, la Fête Dieu et du Saint-Sacrement étant le 26 mai :
ces indications de jours de fêtes religieuses révèlent un écrivain ecclé-
siastique.
(4) Lussan est un gros village (100(3 h.) chef-lieu de canton à LS k. dTz.es :
son Prieur, comme celui de Valérargues, était à la collation de L'évêque
d'Uzès; la population étail protestante, nouvellement convertie comme son
seigneur Jean d'Audibert comte de Lussan, prieur gentilhomme de la chambre
du prince de Condé.
(5) La version d'Antoine Court et d'Abauzit met le Prieur de Valérargues
en contact avec le jeune berger dès qu'il le voit à genoux.
(G) En le rudoyant, dit la tradition, el en le traînant par les cheveux sur
la rue pierreuse qui monte au presbytère.
(7) La basse-cour existe encore et le vieux mûrier qui L'ombrage est
peut-être le même.
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Mais l'inspiré, prévoyant que tous ses prétendus dons et ses
faveurs divines n'estoient pas en estât de le mettre à l'abri du juste
jugement que son manège lui alloit attirer, ayant sceu trouver le
moyen de se détacher, il eutfacilementaprès celuy de se sauver (1).
Ces messieurs, croyant ensuite ne pouvoir esviter de verba-
liser (2) sur son évasion, le curé de Lussan alant pour cet esfet
chez le sieur Bouton notaire du lieu pour y prendre du papier
timbré, trouvant sur ses pas Jacques Bouton (3) son fils auquel
ayant voulu demander où estoit son père, s'approchant de luy en
secouant la teste et marmotant entre dents, le traita d'idolâtre, de
séducteur, d'ange de Satan et de faux prophète.
Le curé ignorant pour lors son fanatisme, surpris d'ailleurs
qu'un homme qui luy avoit tousjours paru estre de ses amis le
traita de la sorte, ne sceut s'il devoit recevoir cette action comme
une insulte ou comme l'osfet d'une raillerie; mais le voyant
pousser jusques à luy porter le poing sur le nez avec menasses et
des injures (4) encore plus atroces, saisissant pour lors le furieux
au colet, le conduisit chez le Prieur où il fanatisa dès aussitôt
soubs la figure et les postures d'un obsédé, vomissant contre
l'église et l'Estat les abominations les plus exécrables.
Ces messieurs ne trouvant ensuite personne pour le conduire
aux prisons d'Uzès, se croyant pour lors obligé de le faire eux-
mêmes, s'estant mis en chemin, tout le village complice à l'attentat
et atteint du mesme mal (5) s'estant ameuté contre eux pour le
leur enlever, ils furent constraint de le leur abandonner (6) et
trop heureux encore d'eschaper de leur fureur qu'ils n'auroient
sceu pourtant esviter, s'ils n'eussent eu des fusils (7) qui, en les
(1) La population surexcitée était massée devant l'église qui touchait la
cure, la basse-cour placée derrière la sacristie avait deux sorties, une qui
donnait dans le haut du village sur une traverse étroite et l'autre sur la
campagne; il était plus facile de se sauver par là et de trouver une retraite
sûre dans les cavernes des rochers.
(2) Leurs attributions étaient de rédiger des accusations que l'on appelait
« Les inquisitions secrètes ».
(3) Il avait fui la. manifestation de la rue; mais il ne put réprimer son
indignation quand il comprit quelle serait la gravité du rapport de ce
prêtre.
(4) Ces menaces et injures sont extrêmement exagérées puisqu'elles ne
sont pas mentionnées dans le jugement de condamnation.
(5) En effet, converti par force, le village était favorable aux meneurs de la
bande. Dès ie xvi° siècle, Robert d'Àlbenas était co-seigneurde Veleyrargues :
après la Révocation, ses descendants s'établirent à Lausarne; leurs vassaux
partageaient celte même foi ardente, ce qui explique leur résistance. Aujour-
d'hui il n'y pas une famille catholique à Valérargues, L'église est transformée en
grange, 4e chœur en est rempli de paille, el par les dons de la population, un
temple protestant a, été bâti. La puissance du Prieur s'esl évanouie.
(C>) Cette foule exaspérée n'attaqua, jamais les prêtres, 06 ne fui qu'à la fin.
devant le danger que courait boulon, qu'elle le délivra, mnls sans brutalité,
(7) Les fusils n'ont protégé ni les Prieurs m le juge, l es paysans avaient
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préservant, leur donnèrent lieu de se retirer à Lussan (l).
Pour lors cette troupe séditieuse dont Bouton paraissoit le
chef le plus passionné se portant à l'église armée d'haches et de
marteaux, en ayant enfoncé les portes, brisa le bénitier, rompit
le tabernacle où par bonheur le S* Cyboire n'estoit pas, jetta le
crucifix de l'autel, la pierre sacrée, les napes, le voile et tout le
reste dans le puis (2) du dit lieu et renversa finalement l'autel.
Et ayant ensuite passé par une porte de communication (3)
dans la maison du Prieur, elle y rompit les portes, les fenestres
et générallement tous les meubles et jeta à la rue ses livres et ses
papiers après les avoir déchirés (4).
Le jour suivant les prisons d'Uzès furent remplies de ces cou-
pable sacrilège que la compagnie bourgeoise du lieu de S1 Quen-
tin (6) envoyée à Valeyrargues immédiatement après les désordres
avoit capturé, au nombre desquels se trouva heureusement le dit
Bouton qui, en y entrant, commença de dire au nommé Euzeby
huissier du Présidial qu'il estoit prophète et que pour l'en con-
vaincre il l'aloit rendre témoin d'un grand miracle qui estoit de
luy faire voir le père Éternel avec tous les anges. Et, ayant fanatisé
soubs une figure horrible, se voyant moqué après par le dit
Euzeby aussi bien que par les autres assistans de ce qu'il ne leur
avoit pas fait voir ce qu'il leur avoit promis, il leur respondit :
« Vous n'avez pas lafoy, vous n'avez pas la foy! la foudre vous
confonde, oui, oui, c'est la vérité» !
Le concierge le pressant pour lors de s'asseoir pour luy mettre
les fers aux pieds, après une petite espace de temps, joignant les
mains, il se mit à dire en tremblotant et branlant les bras :
des haches et des marteaux et n'ont pas voulu s'en servir. On sait que les
Camisards ont remporté les premières victoires sur les armées du roi sans
aucune arme. Le maréchal de Montrevelécrivaitle 31 mars 1704 àM. de Chamil-
lart, après la défaite du sieur de la Jonquière : « Une partie n'avait que des four-
ches et les autres de grands hâtons ». Les prêtres seuls étaient armés et c'était
une honte de les voir menaçants au milieu de leur troupeau ou courant la
campagne armés comme les dragons du Roi. »
(1) Lussan posé sur un mamelon était une véritable forteresse, de gros
murs élevés, restés en partie debout, entouraient le village et le château; les
portes fermées les prêtres s'y trouvaient en sûreté.
(2) Le puits, est intérieurement, à L'entrée de l'église dans un coin sombre,
délabré et garde au milieu des ces ruines un aspect tragique.
(3) Cette porte existe toujours et donne accès de l'église dans la maison
qui fut le presbytère.
(4) Cela se comprend, ces paysans voulaient anéantir les charges du
fief et les procédures.
(5) 11 y avait à, Uiiès outre les prisons de l'évôque celles du roi dans son
château, et sa tour, celles des consuls dans la tour Banastière et relies du
Duché.
(6) Saint-Quentin est un village important du diocèse d'Uzès, il était en
grande partie catholique, sa bourgeoisie était fanatique cl le peuple peu
éclairé.
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« Non, l'esprit me dit : Non, mon fils, demeure là et les luy
ayant mis dans cet estât, il pria dès aussitôt le dit Euzeby de
les faire oster. »
Sur quoy, luy ayant dit qu'estant prophète et favorisé de si
grands dons, il pouvoit luy mesme sans le secours de personne
se les tirer, à quoy il respondit qu'il le pouvoit si bien, que c'es-
toit là le moindre de ses pouvoirs et qu'il n'avoit qu'à venir sur
le soir qu'il l'en verroit deslivre'. Le soir venu, toujours chargé de
ses fers au préjudice de ce qu'il avoit si bien assuré, estant con-
duit au commissaire pour procéder à son audition, au premier
interrogat qui luy fit sur son nom et surnom, en tremblotant de
tout son corps, il luy respondit :
« Oui je suis, je suis Jaques Bouton, Jaques Bouton. » Inter-
rogé ensuite sur sa capture, il dit que l'Abé Cousin, Prieur de
Valeyrargues, l'ayant constitué prisonnier avec des autres prêtres
estant au chemin de Lussan, l'esprit luy avoit dit :
« Va mon fils, ne crains point, quand tu seras à un. buisson tu
n'as qu'à tenir le pied ferme et tu seras délivré. »
En effet il le fut comme j'ay desja dit par l'enlèvement qu'en
firent les habitans du dit lieu (1), à la sollicitation du nommé
Jaques Olimpe exécuté avec lui à Uzès (2).
Il dit ensuite que l'esprit l'avoit obligé d'aler à l'église et d'y
faire tout ce qu'il y avoit fait.
Le Mardi suivant (3) de sa prise, se voyant frustré des secours
dont il s'estoit flaté dans ses visions, au contraire prévoyant la
juste punition que ses impiétés et ses extravagances lui aloient
attirer, poussé d'un sentiment de repentir ou de politique, il pria
le dit Euzeby de luy faire venir un capucin pour le consoler et le
faire mourir catholique (4), disant qu'il croyoit qu'on luy avoit
donné quelquechose le matin du désordre de Valeyrargues qui l'a
porté à faire toutes ces figures et à commettre ces sacrilèges dans
l'église et qu'il souhaitoit de voir Monsieur le Prieur pour lui
demander pardon.
Le Samedi suivant onzième Juin, estant condamné par le Pré-
sidial de Nismes qui estoit à Uzès (5) à estre rompu vif, après
(1) Cette délivrance miraculeuse pouvait faire espérer à Jacques Bouton
d'être délié de ses liens.
(2) Ce fut cet acte de courage qui le fit brûler vif.
(3) Ce mardi était le 1 juin.
(4) Si Bouton a voulu se confesser, faisant croire in extremis à une con-
version soudaine, c'était, sans doute, afin de sauver sa femme et son père des
rigueurs de l'évêque, pour les laisser vivre et mourir en paix.
(5) L'intendant de Bâville, « ce funeste roy du Languedoc » était alors à
Uzès l'hôte de l'évêque, logé dans le palais épiscopal, demeure somptueuse
où le prélat tenait un grand état de maison. Grand mangeur et, comme
bourguignon, grand buveur, sa table était des plus recherchées. Il entrete-
nait des musiciens qui lui coûtaient fort cher, sa musique avait une grande
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avoir escrit à sa femme pour quelques affaires particulières, il se
confessa bien ou mal, il escouta avec plaisir le capucin qui l'ex-
hortoit où il en fil semblant, il baisa le crucifix qu'on luy présenta
de cœur ou peut-estre seulement de bouche et donna finalement
des marques extérieures de conversion auxquelles tout le monde
n'adjouta pas foy et moy moins que personne.
L'aveu que Bouton fit avant mourir de ses folies et la punition
exemplaire qu'on fit ne servirent encore qu'à rendre celles de ses
confrères plus communes et plus générales, elles se respan-
dirent pour lors dans les communautés des diocèses de Nismes,
d'Alais et de Mande également que dans celles de celuy d'Uzès.
Voilà bien l'aveu de l'extension de l'exaltation reli-
gieuse provoquée par des exécutions aussi injustes que
cruelles. Nous donnons ci-après le jugement officiel auquel
nous avons ajouté quelques notes. L'original fait partie du
recueil Séguier n° 200 à la Bibliothèque de Nîmes.
11 Juin 1761.
Jugement Présidial de condamnation à mort contre Bouton et
Olimpe et des Galères contre Serre, de Valér argues.
Les deux premiers exécutés à la place publique dTTzès, savoir
le dit Bouton rompu vif et Serre pendu.
Jugement rendu par le Présidial de Nismes contre lesaulheurs
du sacrilège commis dans l'église de Valérargues.
Les commissaires députés du Présidial de Nismes au premier
huissier requis sçavoir faisons que par écrit cejourd'hui entre le
procureur du Roy demandeur en réparation du crime de Sacrilège
fait avec effraction et émotion populaire dans l'église du lieu de
Valérargues d'une part, et Jacques Bouton laboureur de terre du
lieu de Valérargues fils d'Antoine Bouton notaire du dit lieu,
Jacques Olimpe cardeur de laine du dit lieu et Hiérome Serré isolé
du dit lieu de Valérargues, accusés, prisonniers, défenseurs
d'autre.
Veu le jugement de compétence par nous donné le huitième
réputation. Ainsi dans les délices de la vie, se préparaient, les jugements impî
toyables.
C'est Antoine Court et La Baume <pii nous Informent de la \enuc de
Mville à Uzès pendant le procès.
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de ce mois ensemble les actes et procédures interrogatoires et
réponses des dits accusés sur lesquelles le dit jugement a esté
rendu avec l'exploit de signification au dos, faits à Jacques Bou-
ton, l'un des dits accusés du 9 et 10 de ce mois; autre cahier de
confrontations faites à Hiérome Serre du 9 de ce mois, ensemble les
conclusions du Procureur du Roy.
Les dits commissaires députés du Présidial de Nismes, jugeant
en dernier ressort ont déclaré le dit sieur Jacques Bouton atteint
et convaincu du crime sacrilège avec effraction et émotion popu-
laire dans l'église de Valérargues, pour réparation duquel l'ont
condamné à faire amende honorable pieds et tête nus en chemise,
la corde au col, tenant en mains une torche de cire ardente du
poids de deux livres, au devant de la porte de l'église cathédrale
de cette ville (1) où il sera conduit à cet esfait par l'exécuteur de la
haute justice, ayant un écriteau devant et derrière avec ce mot
« Sacrilège » et là il déclarera que méchamment il a commis le
dit sacrilège dont il se repent et en demande pardon à Dieu, au
Roy et à sa justice.
Et ensuite sera mené (2) parle dit exécuteur à la place de cette
ville (3) où il sera rompu tout vif sur Téchafaud qui sera fait à
cet efait où il restera jusqu'à ce que mort naturelle s'ensuive et
ensuite (A) son corps mort porté aux Fourches Patibulaires (5)
sur une roue qui sera à cet efait dressée (6).
Comme aussi ont déclaré le dit Jacques Olimpe atteint et con-
vaincu d'avoir participé au dit sacrilège, pour réparation de quoi
condamnons le dit Olimpe a estre pendu et étranglé à une potence
(1) L'église cathédrale attenante au Palais épiscopal s'élève sur une large
terrasse qui était alors entourée par les maisons des chanoines et titulaires
du diocèse; mais d'un côté, à droite, au-dessus des remparts, la vue des gar-
rigues pierreuses, des oliviers épars, devenait à cette heure un symbole en
rappelant le Golgotha.
(2) Le cortège suivit l'étroite rue de l'officialat, petite ruelle solitaire qui
semble garder dans sa tristesse le souvenir de ces pauvres patients.
(3) Cette place était le centre de la cité; elle est telle aujourd'hui qu'à
cette, époque, les arceaux et les piliers qui soutiennent les maisons sont tou-
jours les mêmes.
11 y manque seulement un îlot de bâtisses démoli depuis quelques années
et justement derrière l'endroit appelé « Le Costel ».
Là, les Consuls étaient les maîtres depuis un temps immémorial et les
jours d'exécutions ils y faisaient dresser Léchafaud.
Pour avoir cette justice à cette place et les douze pas à l'entour, ils s'étaient
engagés à payer au Roy comme albergue une maille d'or par an.
(4) Les bourreaux brisaient avec une barre de fer les membres du con-
damné, puis ils le laissaient mourir de douleur!
(5) Les fourches patibulaires étaient formées de trois piliers; un seul reste
debout, il est fait de larges dalles superposées et s'élève encore à une certaine
hauteur; mais les pierres s'écroulent, et lentement disparaît ce qui reste de
cette effroyable justice.
(6) Au milieu des pierres est encore le vide où l'on plaçait la roue.
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qui sera à cet effait dressée à la dite place publique jusques à ce
que mort naturelle s'en suive et ensuite son corps mort porté au
dites fourches patibulaires (1).
Les biens des dits Bouton et Olimpe acquis et confisqués à qui
de droit apartiendra(°2), distraitpréalablementsuryceuxlatroizième
partie pour leurs femmes et enfans s'ils en ont. * -
La somme de cens livre d'amende pour chacun envers le Roy
si la confiscation n'a lieu au profit de sa majesté.
Les dits Bouton (3) et Olimpe (4) préalablement appliqués à la
question ordinaire pour la révélation de leurs complices; et à
l'égard de Hiérome Serre (5), veu les actes de genne (6) du dit
Bouton etOlimpe, estre ordonnécontre luy ainsy qu'il appartiendra,
condamnant le dit Bouton et Olimpe au fres de la justice, en faveur
de ceux qui lés ont exposés.
Signé :
Montclus, Président, nous Lieutenant principal.
Gévaudan (7), Rapporteur Isabeau, Maillan, Galepin.
De Varangles, commissaire.
Donné à Uzès le onzième Juin mil sept cent un.
Signé : Martel, Greffier.
(1) Quand le jour eut baissé Bouton et Olimpe furent enlevés de la place
et portés hors de la ville par des bourreaux qui, de la petite bourgade, sui-
virent une traverse étroite bordée par des murs bas qui enclosent des jardins,
des champs d'oliviers et des vignes. Le chemin monte et domine une cam-
pagne fraîche et ombragée; tout en haut s'élève ce grand pourrissoir : « Le
pilori du Roy ».
Il y en avait trois à Uzès appartenant à chaque justice. Celui des évêques
au quartier St-Ferréol.
Celui des consuls dans l'enclos de la cité à la place du Costel, et celui de
la justice royale en dehors des faubourgs, sur la hauteur au-dessus du che-
min de Nîmes et de la vieille petite ville d'Uzès. Les cadavres restaient long-
temps à la cime de ces colonnes; puis le dernier acte de ces tragédies se
terminait dans une sorte de cahute en pierre appelée « Capitèle » où l'on jetait
dans un brasier les lambeaux de chair tombés à terre et qui empestaient l'air.
(2) Naturellement l'intendant et l'évêque.
(3) La famille de Bouton est éteinte; elle datait du xvi° siècle; elle était
très honorable : En 1713 Anthoine Bouton, le père du supplicié : avancé en
âge dicta son testament; n'ayant eu qu'un fils unique, mort sans enfants
à peine marié, il donna une partie de ses biens à une nièce de sa femme
Françoise du lieu de Lussan, qui était venue le soigner ayant compassion de
sa veillesse et fit son héritière Alix Françoise, son épouse bien aymée. Les
témoins étaient Messire Guillaume Vezins, Prieur du Belvezet et Jacques
Gourand, Prêtre dudit Valérargues (Chamand, notaire). Le Prieur Cousin Hait
mort: mais craintif le vieux Bouton restait entre les mains des prêtres.
(4) Il y a encore à Valérargues des habitants qui s'appellent Olimpe.
(5) Les Serre sont restés nombreux et riches.
(6) Les actes de Géhenne sont malheureusement perdus.
(7) Gévaudan était le frère de la maîtresse du cardinal de Boiuy.
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Prononcé et exécuté le dit jour dans la place publique de la
ville d'Uzès.
Signé : Martel, Greffier.
Par jugement du lw2me du même mois Hiérome Serre a esté
condamné aux galères perpétuelles.
Voilà comment s'appliquait ce qu'on appelait la justice
il y a deux cents ans, pendant le grand siècle. C'est ce qui
explique suffisamment les violences qui furent com-
mises plus tard et que l'on reproche injustemeut aux Ca-
misards, car dans leurs lentes représailles, ils furent tou-
jours au-dessous des misérables qui leur avaient fait con-
naître les pires cruautés.
Bne de Charntsay.
CINQ LETTRES INÉDITES DE RABAUT ST-ÉTIENNE
Les lettres ci-dessous qui font partie de notre col-
lection de documents sur le Vivarais sont adressées à
Louis Mariton, le père de mon arrière-grand'mère, Anna
Mariton, épouse de François Fuzier.
Louis Mariton, né à La Voulte-sur-Rhône, le 22 juin
1727, y mourut le 17 prairial an II : il avait épousé à
Beauchastel, le 16 février 1749 Madeleine Menet, fille de
François Menet et de Marie Torras, et sœur d'Isabeau
Menet. Sa sœur Marie-Elizabeth Mariton, née le 2 mars
1734, décédée en février 1812, avait épousé Alexandre
Vernetné à Annonay et décédé à La Voulte-sur-Rhône, où
il résidait, le 1er germinal an ÏX, âgé de 73 ans. On conserve
dans nos archives municipales le registre des mariages
bénis par le pasteur Vernet : le premier est du 19 novem-
bre 1752, le dernier, qui porte le numéro 1579 est du
10 décembre 1780.
Louis Fuzier,
AU
DOCUMENTS
Nîmes. 3 Février 1773.
Monsieur
Le peu de connoissance que j'ai formée avec vous dans
votre passage à Nîmes, est moins ce qui m'autorise à vous
écrire, que l'idée que ceux qui ont l'honneur de vous connaître
m'ont donnée de votre disposition à obliger : car c'est un service
que je viens vous demander. — Je Tais imprimer un ouvrage
intitulé : Le Manuel des Malades, ou Recueil de lectures édifiantes à
l'usage des malades, des vieillards et des infirmes. Cet ouvrage,
Monsieur, est fait pour suppléer aux visites des Pasteurs qui sont
rares, ce livre manque absolument à la piété et à la consolation
des fidèles, car on n'a que le livre de M. Drelincourt, qui n'est pas
précisément ce qu'il faut. J'ai pensé, Monsieur, qu'il pourrait
s'en débiter clans le Vivarais et que vous voudriez bien vous
prêter à fournir un débouché favorable autant que cela ne
vous exposerait pas, ce que je ne présume point. Il s'agirait
d'introduire 3 ou 4 cens exemplaires de cet ouvrage et de le dis-
perser dans vos Eglises, en choisissant d'honnêtes gens pour
dépositaires. L'impression m'a coûté beaucoup de fraix qu'il
serait toujours désagréable de perdre. Je donnerai ces ouvrages à
un prix sur lequel les personnes qui le débiteront pourront trou-
ver un honnête bénéfice : il pourrait se trouver, Monsieur, un
honnête homme que vous voudriez obliger et qui gagnant de six
à huit sols par exemplaire y ferait ainsi quelque profit. Ayez la
bonté de me dire en réponse si je n'ai pas été trop indiscret de
m'adresser à vous pour une commission pénible, et au cas que
vous ne puissiez pas 'vous en charger, à qui je pourrais m'adres-
ser pour cela. Je me chargerai de faire rendre mes exemplaires au
Bourg St-Andéol, aune adresse sûre, il m'est impossible de les
faire monter plus haut n'y connaissant personne; mais du Bourg
on les ferait randrechez vous à l'adresse sûre que vous donneriez.
Encore une fois, Monsieur, je vous prie d'excuser la liberté que
j'ai prise, et d'être bien persuadé que si je pouvais vous randre
quelque service dans ce pays-ci, je m'y employerais avec zèle. Je
suis avec beaucoup de considération,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur.
De St-Etiknne.
Mon adresse esta Messieurs Lapierre frères pour M. Brunei à Nîmes.
DOCUMENTS
Nîmes, 3 Mars 1773.
Monsieur.
Agréez, je vous prie, mes sincères remercimens pour la
peine que vous avez bien voulu prendre à cause de moi. Je sui-
vrai de point en point les indications que vous me donnez ; et comme
je ne puis point faire encore cette expédition, j'aurai soin de vous
en donner avis dans le tems, ce qui n'ira pourtant pas
plus tard que la fin du mois. En attendant, obligez-moi, Monsieur,
d'en parler clans l'occasion aux personnes qui pourraient favo-
riser le débit de cet article. Je vous réitère ici mes remer-
cimens, et les assûrances d'une reconnaissance entière. J'ai l'hon-
neur d'être dans ces sentimens
Monsieur,
Voire très humble et très obéissant serviteur,
De Saint Étienne.
Nîmes, 2 Avril 1773.
Monsieur,
J'ai l'honneur de vous écrire de nouveau pour vous prévenir
que dans peu vous recevrez deux cens exemplaires de l'ouvrage
que je vous ai annoncé, avec les précautions convenables. Je vous
prie de vouloir bien en payer le port de Bourg St-Andéol chez
vous, et de vous rembourser sur la vente des premiers exem-
plaires. C'est une bonté que vous joindrez à celles que vous
m'avez déjà témoignées, et dont je conserverai toujours une infi-
nie reconnoissance. Agréez, je vous prie, mes très sincères
remercimens. J'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre très humble
et très obéissant serviteur,
De Saint Etienne.
Nîmes, 26 Avril 1773.
Monseur,
J'ai été surpris que les livres que je vous ai annoncés ne vous
soyent pas parvenus, et j'ai écrit pour cet objet. Quand je vous ai
dit qu'ils vous viendraient do Bourg, c'est qu'ils y ont été impri-
més; ceci, monsieur, doit rester entre vous et moi pour la sûreté
de l'imprimeur. Il s'est chargé, de vous en faire passer deux cens
exemplaires, et je lui écris par ce même courrier pour l'en faire
souvenir. Si vous aviez vous même, monsieur, quelque occasion
sûre à lui fournir vous m'obligeriez beaucoup de la lui indiquer :
il s'appelle Guiremand, et il est libraire et imprimeur au Bourg.
m
DOCUMENTS
Je prends la liberté de vous prier encore de lui rembourser les
fraix que pourra coûter le transport du ballot chez vous, ou les
payer vous même au voiturier : — vous vous payerez vous-même
sur le. produit des premiers exemplaires qui se vendront. Je ne
pourrai pas les laisser à moins de trente sols, ce qui est assez
cher pour un pays pauvre, mais vous sentez, monsieur, qu'il fau-
dra donner un bénéfice à ceux qui se donneront des peines pour
le vendre : je les passerai à ces personnes-là vingt-six ou vingt-
quatre sols, selon les lieux et leur distance de la Voûte afin qu'elles
puissent y trouver un certain profit. Vous taxerez vous-même,
monsieur, ce qu'il sera juste de leur faire gagner, je suis trop
loin pour en pouvoir juger. La coutume de donner tant par exem-
plaire est la meilleure parce qu'elle engage le marchand à se don-
ner plus de mouvement pour le débit.
Ce dont on vous a parlé, Monsieur, de ce qui s'est passé en
Provence, se réduit, grâce à Dieu, à peu de choses. Quelques
cavaliers de la maréchaussée déguisés furent faire une descente
chez M. Pic qu'ils ne trouvèrent pas : c'est à Lourmarin. Cepen-
dant M. Pic qui s'y manifeste publiquement n'est pas un homme
difficile à trouver; on n'a donc voulu que lui faire peur et l'enga-
ger à plus de ménagement. Il y a apparence que l'échevin de
Marseille qui a tant persécuté les Protestants de cette ville a sol-
licité des ordres contre M. Pic qui va de temps en temps y faire
des assemblées. Vous savez peut-être, Monsieur, qu'on a fait plu-
sieurs descentes chez les trois Pastrs du Béarn et chez quelques
particuliers qui prêtaient leurs maisons ou pour les Min: ou pour
les assemblées : cela ne prouve pas que la Cour veuille persécu-
ter, mais cela prouve, je crois, que si quelques subalternes veuleut
nous inquiéter, on n'aura pas la force de les refuser entièrement:
il faut donc encore bien des ménagemens. Mon cher Père à qui j'ai
communiqué la question que vous lui faites au sujet de la maison
que M. V. doit faire bâtir, ne croit pas qu'il y ait des inconvé-
niens à le faire, pourvû que ce soit sans éclat, et surtout sans
avoir l'air de morguer les prêtres qui sont un peu écoutés. Il y a
apparance que les Moines ne le seront plus, car on assure que le
Roi s'empare de leurs revenus, et les taxe à 4001- de pension pour
ceux de Paris, et 3001- pour ceux de Province : on m'a assuré que
l'Edit allait être enregistré au Conseil Supérieur. Une sentence de
notre sénéchal nous donne de grandes espérances sur la tranquil-
lité de nos mariages. Un homme Prot. de quelque coin des
Cevennes ou du Vivarais marié au désert, mourut après avoir fait
son testament. Un de seslils voulant engloutir toute la succession
obtint du roi des lettres de légitimation, au moyenMesquelles il
se présenta comme unique héritier et demanda la cassation du
testament de son Père : procès : il le gagne aux ordinaires : appe
DOCUMENTS
ui
au Sénéchal de Nîmes où il a été débouté et condamné aux dépens,
et le testament confirmé. Les juges l'ont traité avec le mépris
qu'il mérite; ils sont persuadés que le conseil supérieur, si l'on y
appelle, jugera comme eux : cet exemple effraiera peut-être les
mal-intentionnés. Voilà, Monsieur, de bonnes et de mauvaises
nouvelles, c'est une image de notre état, où il y a pourtant très
peu de bon sur beaucoup de mauvais. Je vous prie de présenter
mes respects à M. V. Quand les livres seront arrivés vous en tire-
rez deux, s'il vous plait, un pour M. Vernet et un pour vous. Mon
G. Père vous présente à l'un et à l'autre les assurances de son atta-
chement et et de son sou venir. Pour moi, Monsieur, je vous dois
beaucoup de reconnaissance, je vous l'offre avec mes services, et
tout ce qui dépendra de moi pour vous témoigner que je suis
très réellement, Monsieur, votre très -humble et très obéissant
serviteur,
De St-Etienne.
Nîmes, 1er Septembre 1773.
Monsieur,
Je vous annonçai, il y a quelque temps, l'arrivée de quelques
livres, et vous eûtes la bonté de me promettre de vous donner
des soins pour en faciliter le débit. On a prodigieusement tardé
de les faire passer chez vous, cependant, Monsieur, j.e les crois à
la veille d'arriver, et j'ai l'honneur de vous écrire pour vous en
donner avis. Ce délai, Monsieur, et la cherté du livre, et la pau-
vreté des campagnes me décident à les laisser à 24 sols. C'est à ce
prix-là, Monsieur, que je vous prie de dire qu'il faut le vendre ;
et les personnes qui voudront bien se charger du débit trouve-
ront le bénéfice que vous voudrez, et que vous jugerez raison-
nable. Elles peuvent gagner quatre ou cinq ou six sols par exem-
plaire à proportion de la peine qu'elles auront. Pourvu qu'ils me
reviennent à dix huit sols tout quitte pour moi, je n'y perdrai pas
si je n'y gagne point. Je souhaite que les autres y gagnent. Je vous
prie, Monsieur, d'en prendre deux exemplaires un pour vous, et
un pour M. Vernet à qui je présente les assurances de mon res-
pect, j'ai l'honneur d'être avec beaucoup de reconnaissance,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur.
De St-Etienne.
Mélanges
L'ANCIENNE ÉGLISE RÉFORMÉE DE PQNTORSÛN-CORMERAY,
D'APRÈS UN REGISTRE D'ÉTAT CIVIL INÉDIT (0.
Ponlorson, chef-lieu de canton de l'arrondissement
d'Avranches (Manche), est une petite ville de 2 700 habi-
tants, bien connue comme tête de ligne du tramway qui
mène au Mont-Saint-Michel.
Au moyen âge et à l'époque des guerres de religion,
elle eut une certaine importance stratégique. Par son
château, elle commandait le pont du Couesnon, petit
fleuve côtier séparant la Normandie de la Bretagne. Du
Guesclin l'avait défendue avec succès contre les Anglais.
Mais Gabriel II de Montgomery (2), fils du meurtrier
involontaire d'Henri II, réussit à la prendre (1590) (3) ;
il en resta gouverneur au nom d'Henri IV. Dès lors, Pon-
torson fut l'une des places de sûreté des réformés bas-
normands. En vertu de l'édit de Nantes, son Église fut
confirmée à titre personnel, comme fief des Montgo-
mery.
Or, c'est moins de deux ans après l'Édit que s'ouvre
le registre d'état civil mentionné dans notre sous-titre.
Ce registre, contenant les « baptesmes administrés par
M. Pierre Paris pasteur de l'Église Réformée de Pontorson
(1) Ce registre se trouvait mêlé, nous ne savons comment, aux papiers d'un
de nos oncles par alliance, récemment décédé. Nous en avons fait don à la
bibliothèque de la Société.
Nous regrettons de ne pas en avoir eu connaissance, lorsque nous préparions
notre Essai swr VliisLoire. du Protestantisme en Basse-Novmandie, publié
en 1898.
(2) Bien que notre registre donne Mongommery} nous adoptons, comme en
1898, la forme Mon/gomer;/, d'après M. Léon M.ulet [Le comte de M
mery, 1890).
(3) Il est vrai qu'il échoua l'année suivante contre le Mont Saint
Michel.
29
450
MÉLANGES
et par quelques autres pasteurs en icelle Église », va du
10 décembre 1599 au 6 octobre 1669, sauf une interrup-
tion de 1623 à 1627, déterminée par les troubles du
règne de Louis XIII.
Nous allons voir d'abord les réformés de Pontorson
célébrant leur culte dans cette ville. Puis nousles suivrons
à Cornieray, village voisin, où ils durent « se recueillir »
a;:rès 1627. Nous dirons enfin comment la Révocation les
dispersa sans retour.
I
Le temple de Pontorson était situé « au midi de
l'église, et près du château » (1). C'est à ce temple que les
baptêmes sont presque toujours administrés, et de
préférence les dimanches et jeudis, jours de cultes régu-
guliers.
Le registre ne donne que des actes de baptême, sans
digression. Toutefois, à plusieurs reprises, il signale des
services de Cène, notamment le dimanche 24 octobre 1621
et le dimanche 15 janvier 1623. On peut en inférer qu'à
Pontorson, comme à Caen (2), la Cène se célébrait tous
les trois mois.
Jusqu'en 1622, le pasteur de l'Église est Pierre Paris (3),
marié d'abord à Ester Guyneau, puis en secondes noces
à Marie Ravenel.
Souvent il fait échange avec son collègue, tout voisin,
de Ducé (4), autre fief des Montgomery. Ce pasteur de
Ducé est « Anthoine Philponneau (ou Philiponneau) ,
escuier., sieur de la Fleur-Argier », marié à Judith d'Au-
(1) Voir deux articles sur le Protestantisme dans UAvranchin, publiés par
M. Le Breton, notre ancien et regretté proviseur, dans le Nouvelliste rf'Jvran-
chesdes 22 et 29 décembre 1900. Kien ne reste du château de Pontorson. Mais
des Pontorsonnais se rappellent avoir connu, entre l'église et la grande rue
du Couesnon, une rue du Prêche, aujourd'hui englober dans un clos
privé.
(2) Voir notre Prot. en B. Norm., p. 82.
(3) 11 y avait des Paris protestants à Caen {Ibid. 276, 401).
(4) Chef-lieu de canton de l'arrond. d'Avranehes, à 14 kilom. au N. K. do
Pontorson.
MÉLANGES
451
teville. Pierre Paris va baptiser à Ducé leurs enfants :
Jean (12 juin 1612), Suzanne (25 mars 1614) et Natha-
naël (28 juillet 1618). En revanche, Philiponneau vient
baptiser à Pontorson, le 22 janvier 1606, Suzanne, fille
de Pierre Paris et d'Ester Guyneau.
De 1599 à 1623, sont désignés sur le registre comme
anciens :
André Audebert,
Antoine de Grigny,
David Guérard,
Henry de la Fosse,
Jean Lebret Lescu (ou sieur de Lescu),
Joacim Le Roux,
Jacques Suppliau (ou Suppligeau), dit Le Bignon.
Dans cette première partie, les actes de baptême sont
rédigés sous une forme très sèche ; la date de naissance
n'est pas régulièrement indiquée ; souvent des prénoms,
voire des noms restent en blanc. Mais il est un fait qu'on
ne peut s'empêcher d'observer : c'est que, de 1601 à 1603,
et surtout de 1604 à 1606, la mortalité est effrayante.
Quatre actes consécutifs de baptême, du 3 juin 1604 au
4 août 1605, se terminent par la même mention, sorte de
glas funèbre: « dempuis décédé ». Le 2 octobre 1605, un
autre enfant meurt « incontinent après le baptesme ».
Par les dates ci-dessus, on voit que ces décès se produi-
sent même dans la belle saison. Sans nul doute, il y eut
alors, à Pontorson, une épidémie sur les nouveau-
nés.
Si nous comptons les baptêmes des années 1600 à
1621 inclusivement (années complètes), nous trouvons un
total de 241, ce qui donne, pour 22 années, une moyenne
annuelle de 10, 9 ; soit bien près de 11 baptêmes par an.
Admettons 1000 habitants à raison de 30 baptêmes; nous
aurons pour Pontorson, entre 1599 et 1621, un chiffre
approximatif (et peut-être inférieur à la réalité) de
366 fidèles.
Les mariages qu'ils contractent sont, pour la plupart,
très féconds : nous le verrons par plusieurs exemples. En
452
MÉLANGES
outre, leurs mœurs doivent être pures : d'un bout à
l'autre du registre, on ne relève aucune naissance illégi-
time.
A la tête du troupeau, parade « haut et puissant sei-
gneur » le comte Gabriel II de Montgomery. Il porte
« écartelé de gueules, au premier et quatrième quartier
chargé de trois coquilles d'or, au deuxième et troisième de
trois fleurs de lys d'or » (1). Il est « chevalier des ordres du
Roy, gentilhomme ordinaire de sa chambre, capitaine
de 50 hommes d'armes de ses ordonnances, sieur chaste-
lain de Ducé, Cherencez (2), Champcervon (3), et gouver-
neur des ville et chasteau de Pontorson » (4).
En 1600, il a été salué par Jean Brouault (5) comme
« le principal et le plus sûr appui » des réformés du
Cotentin, par « le rocher non esbranlé de sa ferme foi en
l'Evangile ».
Sa femme est Suzanne de Bouquetot, fille de Jean du
Breuil, sieur de Vaux.
Déjà sont venus au monde : leur fils aîné, Gabriel IIL
marié plus tard à Aimée de Ghastenay, et leur fille aînée
Louyse, qui épousera en 1614 Jaques de Vassy, seigneur
de la Forest, baron de Brecey (6).
Après 1599, ils font baptiser à Pontorson six autres
enfants ;
En 1600, le M février : Suzanne, présentée et nommée
par « noble homme » Jean de Glay, sieur de la Costa r-
daye,et dame Charlotte de Mongommery, femme de noble
homme Daniel de la Tousche, sieur de la Ranardière ;
(1) Généralité de Caen : Recherche delà noblesse, en 1666 et ann. suivantes,
par Messire Chamillarl, intendant (Caen, Delesques, 1887), p. 206.
(2) Chérencé le Héron, c. de Villedieu, arr. d'Avranchcs, ou Chércncc le
Roussel, c. de Juvigny, arr. de Mortain.
(3) C. du c. de La Haye-Pesnel, arr. d'Avranchcs.
(4) Reg. passim, ann. 1599 à 1623.
(5) Polémiste de Carcntan. (Voir notre Prot.en R. Norm., p. 53).
(6) Brecey est un canton de l'arr. d'Avranchcs. — Sont baptisés m Pon-
torson deux des enfants de Jaques de Vassy : le 6 novembre 161». (iabnel.
présenté et nommé par Gabriel, comte de Montgomery, baron d'Escouché
(Orne); — le 14 septembre 1616 : Jaques, qui B pour parrain le ^i<nir du
Bord âge .
(7) Le prénom est en blanc dans le registre .
MÉLANGES
En 1602, le 3 février : Louis, futur sieur de Dueé ; son
parrain est « noble homme (7) deMornay, sieur de Bauves,
fils de noble homme Philippe de Mornay, sieur duPlessis,
gouverneur de Saumur ;
En 1603, le 27 novembre : Elizabeth, née le 20dudit
mois, présentée et nommée par noble homme Isaac de
Pienne, sieur de Bricqueville (1).
En 1605, le 11 décembre : Jean (2), futur sieur du
Breuil, présenté et nommé par son grand-père Jean du
Breuil, et par Suzanne de Refuge, femme de (3) Froté,
sieur de Sey ou Sai (4) ;
En 1607, le 28 juin : Charlotte, née le 21 juin, pré-
sentée par noble homme Jacob du Désert, sieur de
Villelou, et nommée par Louyse de Montgomery sa
sœur;
En 1609, le 22 octobre : Jfacques, futur sieur de Lor-
ges, présenté par Anthoine de Gaillardy, et nommé par
Louyse de Montgomery.
Souvent Gabriel Tï, sa femme, ses fils et ses autres
filles acceptent d'être parrains ou marraines ; mais (sauf
exceptions) ils se contentent de « nommer » l'enfant, sans
le « présenter ».
Notre registre laisse entrevoir ce qu'était l'entourage
d'un seigneur protestant, chef d'une place de sûreté.
En l'absence de Montgomery, le château de Pontorson
est commandé par Benjamin de Pieres, sieur de Saint-
Sonnin. Sont désignés comme étant « de l'ordonnance
du chasteau » :
Jacques Suppliau (ou Suppligeau), dit le Bignon (ou
sieur de Bignon) , « sergeant » ;
(1) Châtelain d'Isigny.
(2) Donc, par ordre, de naissance les deux fils cadets de Gabriel II sont Jean
et Jacques, et non Jacques et Jean, comme le dit la France protestante,
l'° éd., VII, 483, 484.
(3) Le prénom est en blanc au registre .
(4) Le 15 octobre 1601, sont baptisées à Pontorson deux filles de Guillaume
Martin, sieur d'Esselme (?), et de Marie Froté.
Ces Froté doivent être des aïeux de Louis de Frotté, le fameux chef de
chouans. Sur Tes de Frotté protestants, voir M. de la Sicotière, Louis de
Frotté, I, 1 16, et notre Prot. en B.Norm., p. 476, 478).
454
MÉLANGES
Urbain Bysson, sieur de la Cousture, « sergeant » ;
Jacques Bysson, dit Laillerye, marié à Jacqueline de
Sainctemarie ;
André Àudebert, dit la Bresche ;
Antoine Beauchef, sieur de la Bretonnière;
Jean Corbière, dit Jouan ;
Julien Gallien, sieur de la Vigne;
Abraham Le Jeune la Commune ;
Pierre Le Tellier, sieur de la Pierre ;
Pierre Ogeron, sieur du Puits ;
Daniel Perrin, sieur de Pontivy ;
Pierre Turpin, dit le Hamel.
Figurent peut-être aussi parmi les hommes d'armes du
gouverneur : un Allemand, Jacques Bourgard, dit /e lands-
knecht, et trois Suisses : Jean Lebret Lescu (1) ; Hérodin
Le Tellier, dit la Fleur ; Rodolphe Wandermuller, ou
Werdemiler, plus tard francisé comme « bourgeois de
Pontorson » sous le nom de Verdemilet, et marié à Su-
zanne du Mont.
Gabriel II de Montgomery a pour « escuyer » le « sei-
gneur » Jules Copolo (ou Copollo) ; pour « maistre d'hos-
tel » : Anthoine de Gaillardy ; pour <n homme de chambre » :
DanieiLe Roux ; pour secrétaire » et ((intendant » de ses
« affaires » : l'avocat au Parlement Jaques Dallibert (ou
dAlibert), sieur du Désert, de la Villefrisson etde Laume-
rais, marié en premières noces à Suzanne Tardif, sœur
de Gabriel Tardif, sieur de Moidré (2) ; en secondes noces,
à Louyse de Pilois (ou de Pilouays).
Cette famille Dallibert va être anoblie en 1637; elle
portera « d'azur à trois têtes de loup d'or (3) ».
Plus ancienne est la famille d'Auteville (ou de Haute-
ville) : un vieux nom normand.
Elle porte « d'argent à trois fasces de sable au sautoir de
(1) Jean Lebret, André Audebert et Jacques Suppliau sont, en outre, anciens
de l'Église. (V. supra).
(2) Moidré ou Moidrey, commune entre Pontorson et. le Mont-Saint-Michel.
— Vers 1877, un Tardif de Moidrey était avocat général près la COUr d'appel
de Cacn. Cette famille est aujourd'hui catholique.
(8) Génér. de Cacn. Rech. de la nobl., p. 756, 7;>7.
MÉLANGES
gueules, brochant sur le tout, J à la bordure^ de gueules ».
Nous avons vu qu'une Judith d'Auteville avait épousé le
pasteur Philiponneau. Gabriel d'Auteville, écuyer, épouse
en 1618 Élisabeth de Corbet (1).
D'autres « nobles hommes », écuyers pour le moins,
figurent dans cette partie du registre comme parents ou
parrains : les d'Anfernet, lesCarbonnel de Chasseguey (2) ;
les de Chesnaye : les Douessay de Saint-Clou et d'Estel-
len ; les du Breuil du Plessis Challonge ; les de Gloris ; les
Guyot-Tanet (ou Tannel), sieurs de Courtepierre et de
Villecunan ; les de la Fosse ; les de la Harague d'Àstrey ;
les du Rocher-Montagu : les Le Maistre ; les de Martigny ;
les Missanes : les de la Palluelle ( 3) ; les Pesant de la Ma-
sure : les Le Resseguier de la Pierre.
Des bourgeois, les uns sont fonctionnaires. Ainsi
Charles Tourmyne. sieur de la Hyonnièreet delà Morinaye,
marié à Renée Janot, est «receveur de la traitte foraine
de Pontorson, c'est-à-dire qu'il perçoit dans cette ville les
droits de douane entre la Normandie et la Bretagne.
D'autres sont médecins, comme François Collet et
Charles Lucas , ou chirurgiens, comme Jacob Bougie (ou
Bougis . et Jean Bougie, sieur de Lestang.
Jean Le Fèvre (ou Le Febvre), sieur de la Prime, est
c maître-imprimeur ». Epoux de Jeanne de Grigny (ou
Grigney ) , fille d'Anthoine de Grigny et de Rachel Dallibert.
il meurt en 1607(4). Il a publié diverses plaquettes de con-
troverse religieuse, sur la messe, le purgatoire (5), etc.
Bertin est chapelier. Boyseau << sarger » (6), Jamet
boulanger, Le Jeune tailleur, Tiellent boucher, Hommery
serrurier. Périer (ou Poirier) La Fosse : armurier.
Sont inscrits sans mention de métier : les d' Auron, Bar-
(1) Dans la Rech. delà noblesse, p. 286, on suppose les formes Corbres,
Cordray ou Coudren, qui semblent toutes trois inexactes.
(2 C. de Juvigny, arr. de Mortain.
(3) Voir Rech. de lanobl., p. 215.
4 Le 13 septembre 1607., on baptise RacheL sa fille posthume.
(5) Les traités sur la messe et le purgatoire, de quelques pages seulement,
sont cotés 120 francs chacun, et très recherchés par les bibliophiles. M. Le
Breton. Nouvelliste d'Avranches, 22 décembre 190U).
(6) Fabricant de serges.
456
MÉLANGES
berot Saint-Pierre, Basset, Bernier, Blouet-Lespins, ou de
Lespinne ; Boudon, Buette, Cairon, Champion la Roche,
Çlïannevière, Couespel, Dairou, Des Bouillons, DuCosney,
DoMoustier, Durand les Sallières, Duré, Eschard, Fanet,
Galliot de la Noë, Gaultier, Girard la Chaussée, Gosselinla"
Chapelle, Goulepel, Guernier, Hannet, Jouennot, La Rose,
de Launay (1), de La Vieuville, Le Chartier, Lemeunier,
Lemoine, Lemonnier, Le Pellé, Le Prince, Le Roy, Le
Seigneur (et Seigneur), Le Tessier de Lisle, Levaré, Le
Villain, Lohier de Verbysson, Mahot, Maillard, Meschin,
Michel de Saint Agnen, Milet, Mongis, Nouail (ou Nouel, ou
Noël), Odolf dit le Flamant, Pautret, Pinot, Piquet, Pou-
lain, Rabec dit Larsonneur, Régnier, Remon Saint-Gilles,
Roesson-Laillerye, Souesmier, Trouvé, Varin la Rivière,
Villalard.
II
Mais les beaux jours sont passés pour l'Église de Pon-
torson.
Le dimanche 15 janvier 1623, le pasteur Philiponneau
est venu, de Ducé, y donner la Cène et baptiser deux
enfanls. Après les deux actes de baptême, on lit ces
quelques lignes, qui sont d'une autre main :
« Depuis lez baptistères ci-dessus escrits il est advenu
interruption à l'exercice de la religion jusques en l'an
1627... » (2).
La cause de cette interruption, c'est 'a tourmente de
1621, qui déjà va coûter aux protestants la plupart de
leurs forteresses. Gabriel II de Montgomery est « pécu-
nieux »; moyennant 100.000 écus et le commandement
d'Argentan, il a rendu au roi Pontorson, dont il était
gouverneur. Sans tarder, on a démantelé Pontorson,
démoli son « presche », et interdit dans cette ville toute célé-
bration du culte protestant (1623).
Mais Louis Mil a considéré que dans tout le diocèse
(1) Un de Launay représente Corncray au synode normand do 1655.
(2) Rey., p. 52.
MÉLANGES
457
d'Avranches il n'y avait aucun exercice de bailliage. En
conséquence, par arrêt du 12 décembre 1626 (1), il a
permis aux réformés de Pontorson de se « recueillir » à
Cormeray, village distant d'une lieue vers l'Ouest, et qui
a pour seigneur leur coreligionnaire Gabriel d'Aute
ville.
De 1623 à 1627, pendant l'interruption, c'était à Ducé
que l'on portait les enfants à baptiser. C'est aussi le
pasteur de Ducé, Anthoine Philiponneau, qui fait « le
premier presche », le 12 août 1627, au « temple neuf »
de Cormeray (3); il dessert les deux Églises jusqu'en 1630.
A cette date, il a pour successeur, tant à Ducé qu'à Cor-
meray, le pasteur Jacques Giron.
A partir de 1646, Cormeray aura un pasteur parti-
culier : de 1646 à 1650, Jortin (ou Fortin?) (2); puis, de
1650 à 1674, Luc Pouquet (ou Poucquet), ancien condis-
ciple de Samuel Bochart à Sedan. Luc Pouquet reçoit
de son troupeau un traitement annuel de 480 livres (4) .
A peine est-ce de quoi nourrir sa nombreuse famille :
de 1651 à 1661, sa femme, Marguerite Lemoine, lui donne
six enfants : Elisabeth, Suzanne, Gabriel, Elizée, Margue-
rite et Paul, presque tous présentés et nommés par de
nobles personnages, des Montgomery, des Dallibert ou
des d'Auteville.
A Pontorson, avant 1623, quelques baptêmes avaient
été célébrés par des pasteurs d'autres Églises : Pierre de
Saulx, de Falaise (1608 et 1610); Charles de Beaunays,
d'Alençon(7 mars 1619). De même, à Cormeray, viennent
baptiser : Giron, de Ducé (après 1646) ; — de Hautpays,
de Fresne (5) ; — de Barhays, de Fontenay (6) et Chasse-
guey; — un pasteur Bourseau, dont on n'indique pas
l'Église (29 juillet 1668.)
(1) Voir notre Prot. en B. Norm., p. 33.
(2) Reg., P. 52.
(3) On croit lire Jortin; mais il y avait, dans l'élection d'Avranches, des
Fortin protestants. (Rech. de la noblesse, p. 376),
(4) Voir notre Pr. en B. N., p. 66.
(5) Fresne, c. du c. de Tinchebray, arr. de Domfront (Orne).
(6) Fontenay, c. de Mortain.
458
MÉLANGES
Pour le troupeau « recueilli » à Cormeray, quatre
fidèles sont désignés au registre comme anciens :
Joachim Le Roux ;
Jean de Glay (ouGlé), sieur de la Costardaye, marié
à Elisabeth de Beauvoir (1) ;
Jacob Bougie, chirurgien;
Isaac Bouchet, sieur du Plessix, ou du Plaissy, garde
du bureau des traites foraines.
Sauf quelques omissions rectifiées après coup (2), les
actes semblent rédigés avec plus de soin. Presque tou-
jours, avant de donner la date du baptême, on indi-
que celle de la naissance, et sous une forme solennelle :
« naquit en nostre Seigneur. . . »
M ais le nombre des baptêmes a singulièrement diminué .
Avant 1623, la moyenne atteignait près de 11 par an.
De 1628 à 1636 (années complètes), elle tombe à 3, 3
(30 baptêmes en 9 ans).
Si elle remonte à 4, 4 pour la période de 1639 à 1668
(132 baptêmes en 30 ans), c'est que les parents qui
apportent leurs enfants au baptême ne sont pas tous de
la région Pontorson-Cormeray. Dès avant 1623, il en
venait des paroisses bretonnes les plus proches : Saint-
Georges de Gréhaigne (3) ; « Bagnes Picquant », ou
plutôt Baguer-Pican (4) ; voire Cancale (famille Estenar,
ou Estenard). Dans la seconde s artie du registre, ces
exceptions sont de moins en moins rares. Ainsi, sont
baptisés à Cormeray :
Le 24 mai 1665, un (ils de Pierre Ryé et d'Elisabeth
Mogier, « de l'Église dePlouer (5) en Bretagne » ;
Les 17 février et 25 avril 1666 : un fils de Jean du Feu
et deMichelle Corniche, et une fille de Jacques Guillemet e(
de Jeanne Le Tellier, tous les quatre habitant Saint-Servan.
(1) Beauvoir, village entre Ponlorson el. le Mont-Saint-Michel.
(2) Ainsi, après le 12 juin 1630, est inscrit un baptême de 1624. Des actes
de 1640, 1642 et 1643 sont respectivement intercales dans Les années 164t.
1643 et 1644.
(3) G. du canton de Pleine-Fougères, arr. de Saint-Malo.
(4) G. du canton de Dol, même arr.
(8) Bourg entre Dinan et Dinard.
MÉLANGES
459
De 1607 à 1668, plusieurs réformés de « Vittrey » (ou
Vitré) (1) figurent au registre comme parrains (2).
Même on relève des noms d'outre-Manche : Gosselin,
de « Grenezay » (Guernesey); Jean Pope, « marchand
anglais » ; la fille d'un Ecossais : « Wallter Singentonne
(pour Singleton ?) , présentée au baptême par « le capitaine
Houstor » (13 mars 1639).
Quant aux Montgomery, le seul mentionné avec quel-
ques détails, après 1627, est Jacques, « seigneur de
Lorges », dernier fils de Gabriel II. De sa femme, Jeanne Le
Révérend, il a eu, en 1646, un fils, Jean, (3) présenté au
baptême à Cormeray par Jean de Montgomery et Judith de
Barberie, « damoiselle » de Saint-Contest (4). Suzanne,
sa fille, est trois fois marraine à Cormeray (en 1652, 1661
et 1669).
L'ancien secrétaire de Gabriel II, Jacques Dallibert,
est devenu « président en l'élection d'Avranches ». De sa
première femme, Suzanne Tardif, il a eu sept enfants :
Gabriel, Suzanne, Aimée, Jacques, Loys, une seconde
Suzanne et Gédéon, nés de 1609 à 1620. Louise dePillois
sa seconde femme lui en donne trois : René, Madeleine et
Jacques, nés de 1627 à 1635.
Une de ses parentes, Louise Dallibert, est veuve du sieur
Béchevel de la Hôtellerie.
C'est peut-être son fils aîné, Gabriel, qui est désigné
comme écuyer, sieur de Langevinnière, et mari d'Anne
Marguerite Gouyon. Leurs cinq enfants sont :
Marguerite, présentée au baptême (janvier 1656) par
le vicomte de Terchaut ;
Claude-Charles, présenté, en février 1657, par Claude-
(1) Sous-préfecture d'Ille-et- Vilaine.
(9) Jean Clavier, sieur de Challon; le sieur de Fueillet; Gendrel; Jean
de Gennes, sieur de la Guinarderie ; Jacob Grillet, sieur de la Paindavinnière ;
Jean Hardy; Suzanne Noël ; Pierre Nouail ; Noël Daudrairie, ou Dautrairie, ou
plutôt Baudrairie. ^11 y a encore aujourd'hui à Vitré une rue Baudrairie).
(3) Qui sans doute abjura vers 1685, et devint maréchal de camp. Dans
notre P. en B. N. (p. 98), nous l'avons confondu par mégarde avec son oncle
Jean.
(4) En 1690, Mme de Tilly, née Barberie de Saint-Gontest, écrit de Hollande
à l'évêque Huet : « Ma sœur de Montgomery est avec M. Oldembourg. » (Voir
notre P. en B. N., p. 488).
MÉLANGES
Charles Gouyon, baron de Marcey près Avranches, époux
d'Élisabeth DuMatz;
Claude, présenté, en juillet 1658, par Claude Gouyon,
sieur de Touraude;
Gabriel, présenté, en octobre 1660, par Louis Ruer (ou
Rues?) sieur d'Escures (1) ;
Elisabeth, présentée, en novembre 1661, par Jacob
Hue de Montays.
Mais celui qui, nouveau Montgomery, a « recueilli » la
petite Église, c'est Gabriel d'Auteville, appelé « seigneur
de Cormeray », ou « M. de Cormeray ». De sa femme,
Elisabeth de Corbet, il a eu, de 1618 à 1634, dix enfants,
dont quatre sont nommés au registre : Gabriel, Louys,
Charles, Elizée, son « neuvième » fils.
Cet Elizée d'Auteville. sieur de Rommilley, marié à
Marie de Bechevel, en a cinq enfants :
Marie- Anne (avril 1654) ;
Philippe (septembre 1655), présenté au baptême par
Philippe de Bechevel, écuyer, sieur de La Motte-Blagny ;
Magdelaine (septembre 1656), présentée par M. de Car-
net, écuyer, beau-frère d'Elizée d'Auteville;
Elizabeth (décembre 1657) ;
Mai-guerite (juin 1668).
Peut-être faut-il aussi compter parmi les enfants de
Gabriel d'Auteville et d'Elisabeth de Corbet :
1° Jean d'Auteville, dit « sieur de Cormeray » (2),
marié a Catherine Mahot; d'où cinq enfants; Henry,
Jean, Jacques, Elisabeth, Judith (1642-1648);
2° Jacques d'Auteville, marié à Suzanne de Rieux; d'où
quatre enfants : Gabrielle, Jeanne, Gilles et Philipes. —
Jeanne a pour marraine, le 21 août 1652, Jeanne Duchas-
tellier, dame de Macey, près Pontorson. Philipes a pour
parrain, le 28 août 1658, Philipes de la Rocherre, écuyer,
sieur de Villaurey, et pour marraine Louyse de Philipon-
neau (sans doute une fille du pasteur), épouse d'Henry Le
Bouteiller, écuyer, sieur de Houlebec.
(1) Peut-être Escures sous Favières, près Falaise.
(2) Une demoisc le Magdelaine Meslin est dite aussi <. dame lie Cormeray »
MÉLANGES
Des autres noms mentionnés avant 1623, beaucoup ont
disparu. Ainsi, il n'est plus question ni de Gaillardy, ni de
Copolo, l'un maître d'hôtel, l'autre, écuyer de Gabriel II
de Montgomery. Des douze soldats « de l'ordonnance du
chasteau », quatre seulement : Le Jeune, Ogeron, Suppli-
geau et Turpin, semblent être restés au pays, ou y avoir
laissé des parents. On retrouve en 1645 une Marie Le
Jeune. Une Jaquenne Ogeron a épousé Mathurin Marual,
sieur de La Haye. Une Jeanne Suppligeau est mariée avec
Abel Gaullard, sieur des Vallées; une Rachel Suppligeau,
avec Gabriel Camas (ou Camatz), sieur Lusserie (ou de
Luisserie). D'Abraham de Cheux, écuyer, sieur de laFon-
tainne, et de sa femme Magdelaine Turpin, naissent sept
enfants : Suzanne, Ester, Jean, Gabriel, Judith, Magde-
laine et Abel (i 651-1661).
Un Philippe Taixoire (ou Tessoires?), « sieur du
Béarn », a épousé Anne Cairon, de Pontorson; il en a
deux enfants : Magdelainne (1656) et Rachel (1667).
Figurent seulement comme parrains, dans cette seconde
période : Anthoine de Couvains (1), écuyer; Jacques Le
Ricollais, sieur de Laubinnière ; Osseber (ou Osbert),
sieur de Castillon.
La « recette des traites foraines » de Pontorson a passé
de Charles Tourmyne à Claude Regoumier, sieur de Poi-
sioux, « conseiller ordinaire de l'artillerie », époux de
Louyse Armenauld; il a pour « garde de bureau » Isaac
Bouchet, sieur du Plessis, marié à Suzanne Le Roux.
Nous trouvons encore un médecin : Guillaume . Le
Moyne ; — deux chirurgiens : Semeon Feillet, Talbot du
Hamel ; — un « opérateur » (2) : le sieur de Chailleu ; —
un serrurier : Jaques Gosselin, dit Lafosse ; — un « cui-
singnier » (cuisinier) : Saudrayn.
Terminons par quelques nouveaux noms de bourgeois,
que ne distingue aucune mention spéciale : Barbier, Bau-
(1) C. du canton de Saint-Clair, arr. de Saint-Lô.
(2) « Artisan », ou plutôt : « Celui qui fait une opération de chirurgie. »
(Voir F. Godefroy, Dicl. de l'ancienne langue française, tome V, et complé-
ment, tomeX, au mot « opérateur ».)
462
MÉLANGES
prest, Bouchard, Chevreil, Du Bos, Du Bourg, Du Cartier,
Fleury, Fouquelin, Frémont (et Froment), Fresnaye, Fri-
querolles, Hardy, Hue, Lainey, Leconte, Lefort, Léon,
Martin, Pèlerin, Perrin, Boudel, Buault, Sevestre, Tillard.-
ïïï
Les trois derniers baptêmes inscrits au registre sont
des 30 juin, 4 juillet et 6 octobre 1669. Le 1er mai de la
même année, les fidèles de Cormeray déléguèrent, au
synode provincial de Caen, leur pasteur, Luc Poucquet,
et Abel Gaullard des Vallées, ancien. Le synode leur
alloua, pour un incendie survenu à leur temple, un secours
de 281 livres (1).
Au synode du 6 juin 1674, Gaullard des Vallées repré-
senta seul Cormeray. C'est que Luc Poucquet, en raison
de son grand âge avait demandé et obtenu d'être « des-
chargé » de ses fonctions; il mourut la même année, le
27 août, âgé de 76 ans. Au synode du 16 juillet 1675,
les députés de Cormeray furent Haupays, ministre, et
Gaullard, ancien (2).
De jour en jour, l'horizon devenait plus sombre. De-
puis 1660, en Normandie comme dans toute la France,
on contestait aux réformés leurs lieux d'exercice, on
recherchait leurs « usurpations ». — « Produisez vos
titres! » leur disait-on. Or, le hasard avait voulu (était-ce
bien un hasard?) que des registres de baptêmes et de
mariages fussent dérobés, en 1663, à l'Église de Cor-
meray.
Cette Église trouva pourtant grâce devant le conseil du
roi, lors des arrêts sur les « partages » (1679-81); mais
sa « faiblesse » l'empêcha de se faire représenter, en
1682, au dernier synode de Normandie. Indifférente à
Y Avertissement pastoral du clergé (1683), elle fui enfin
supprimée, en 1685, par sentence du lieutenant gênerai
(1) Bibl. Prot., Pap. Norm., aff. i,r<'n,, suppl.,11. 7i sqq.
(2) Ibid., 86 sqq.
MÉLANGES
463
d'Avranches, et ses pauvres rentes attribuées à l'hôpital
général de Pontorson.
Déjà l'Avranchin ne renfermait plus que 193 réformés.
En 1699, Nesmond, évêque de Bayeux, félicite son col-
lègue d'Avranches, le célèbre érudit Daniel Huet, de
n'avoir plus de « Montgommerie » dans son diocèse.
Au Refuge, nous ne connaissons que deux noms de
Pontorson-Cormeray.
C'est d'abord une Marguerite Dallibert (1) ; en 1688,
devant FÉglise française de Rotterdam, elle s'accuse d'avoir
abjuré dans son pays par contrainte, elle en fait péni-
tence, et demande à rentrer dans la communion de ses
frères.
L'autre nom se rattache à un fait beaucoup moins édi-
fiant. Jeanne Voisin est née à Jersey, en 1692, de Louis
Voisin et d'Anne d'Auteville (2). Survient la déclaration
royale du 29 décembre 1698, promettant restitution de
leurs biens aux réfugiés qui rentreront en France dans les
six mois, et abjureront dans le mois de leur retour. Dès
qu'elle a connaissance de cette déclaration, Jeanne Voisin
se sent touchée de la grâce. A peine a-t-elle perdu « une
mère qui l'obsédait », qu'elle abandonne un père obstiné
dans son « erreur » ; elle revient en Normandie, « où
Dieu la rappelle ». Après avoir abjuré, elle réclame ses
biens confisqués. Mais les parents mis en possession re-
fusent de lâcher prise; d'où procès, qui durait encore
en 1733 (3).
Aujourd'hui, rien ne subsiste, à Pontorson, de l'an-
cienne Église réformée, que le souvenir d'une rue du Prêche,
et, s'il se trouve dans la région quelques protestants dissé-
minés, ils ne doivent pas en être originaires.
A. Galland.
(1) Peut être la fille aînée de Gafiriel Dallibert, sieur deLangevinnière, et de
Marguerite Gouyon (V. supra).
(2) Peut-être Marie-Anne d'Auteville, née en avril 1654, d'Elizée dAuteville
et de Marie de Bechevel. (V. supra). — C'est par erreur que, dans notre P. en
B. Norm., nous avons imprimé d'Auteville.
(3) Voir notre Prot. en B. Norm., p. 71, 169, 198, 202, 207, 210, 238, 250,
25S 254, 293, 346.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
Le 350e anniversaire de la fondation de l'Église réformée
de Chalon-sur-Saône.
Ce jubilé a eu lieu, dans le temple de Chalon-sur-Saône, le
18 juillet, à la suite des fêtes de Genève. Tous les protestants de
Chalon et des environs s'étaient donné rendez-vous dans le
modeste édifice orné de guirlandes. M. le pasteur Rimond de
Genève représentait la Société évangélique de cette ville, qui
avait pris une part prépondérante à la reconstitution de l'Église
de Chalon au xixe siècle. Au culte du matin, M. le pasteur Cornet-
Auquier, en un travail approfondi, résultat de longues années de
recherches dans les archives locales et régionales, résuma l'his-
toire dramatique, émouvante, de l'ancienne Église de Chalon, de
1559 à 1685. Les faits principaux de cette histoire, M. Cornet
Auquier les avait d'ailleurs fait graver sur une grande plaque de
marbre qui fut inaugurée à cette occasion et dont nous reprodui-
sons ici la photographie, dans l'espoir que cet exemple sera suivi
dans d'autres Églises. L'étude détaillée dont elle ne pouvait être en
quelque sorte que l'ossature, paraîtra du reste dans ce Bulletin.
A la suite de cette conférence, le chœur de l'Église chanta quel-
ques strophes d'un cantique composé par le poète chalonnais et
huguenot Philibert Guide pour l'inauguration d'un des anciens
temples de Chalon qui avait eu lieu le 1er juillet 1584.
Voici une de ces strophes :
Chassez la peur que vous aviez jadis,
• Que le plus faible en soy pense à mes dits :
C'est que de Dieu son espoir confirmé
Il faut, viril, de vraie foy estre armé.
Après une allocution de M. le pasteur Rimond on écoule la
lecture d'une série de lettres adressées à cette occasion à l'Église
de Chalon, entre autres par le président de notre Société qui
n'avait pu, à son grand regret, venir assister à ce jubilé comme il
en avait eu l'intention.
L'après-midi, un auditoire, peut-être encore plus compact, vint
écouter la conférence, adaptée à la solennité qui nous réunissait,
que le soussigné avait donnée à Genève le (\ juillet sur la /»V
forme et la Pensée moderne.
Église Reformée de Chalon-^Saone
: 550^e anniversaire de sa fondation. 1550 -1009
t
* Fondée en l5$9, par ie pa'steur
François GOILLEXAT de Gien- sur-Loi re,
l'Eglise Réformé*» de Chaton s'^ssembia
d'abord dans une maison de la rue aux-Fèvr-ei.
Eîl«V»ut M«mV»î. Irai* pà?Uurs.
et Je consul! des wTtévins im eeds ies haA3es
'<!*• la. ville, où elle s* réimît jù5qu'en , •
)i fut alors inîerdit au a protêt ants,. /
de célébrer leur eu! te -dam la *"ïl
De CUL* :• 1587, 'A- dur<-ri> *e rendre
sucées?! veinent pour c^ft-â \>r'd un.au
Péaoed- Dra<:v. a Coreell*». au .château
de Cruz'JU.c! Lhati'noy-ie-Rovaî.
Le.15 Janvier 1602, îU jnauo'urèr^nt
aux-Es ■• Çhavarihes »n gVand temple
qu'on leur* lit démolir e.n 1657.
IU allèrent Je.. !"rs ou prèch» a Buxv,
jusqu'en 3G85, é - , . • ' U '■■
La R évocation de l'Edit de Nantes-
anéantit !'£<>! is<» de ChaJon ,
mens furent donne* à 'l'hôpital
-î la plupart de ?•■>< membre* émior.-renU
Le ••ulî* 'réformé ne reparut V»n \ qu'en 3833,
Il lut' d'abord célébré '"rue aux-Févres,
puis dan.» ce tepiple, inauguré le 2 fi Juin 165(1
•Reo< mnaissanls» envers .Dieu pou r la liberté
f\f>n\ il* jr.in'i>«id.l'i< membre de [Bobs* Reformé'
de Lhalon '-rit déVidé;d"érïd<»r ee marbre
a la mémoire 'de tous <*»ux cjui l'ont servie
'«u '|Uf <<nt ofiuff^rt pour e}b*„ .
IL i»> Lvvrti^hLa cder
Au XV ! ï S5-"lf ■ Franeoiv r, U I LU ETAT ■
r^nriir a Dipui p.n (502 el dont la. ?èt*-fut
expQèe^ a CbnLn 1*4 payeurs Antoine POPILLON
' BON - DUPRE et Philibert GRENE qui
organisèrent l'Eglise d* 1580 à L5G2
Louis DARSE et Jean de VIN décapita
en 3562 . Ctaud» CRESTIN. le pasteur :
Nicolas DîV.E.S victime de la 'S- Barthélémy,
' l«juriscôr.s«lt« DESCOUSU et DON EAU. '
GUÉRI Nd*» CABRÂVROLLES .Seigneur de CRijZ! LIE
Jean de SA1 NT- LEGER, baron- de RULLY
le poète Philibert GUIDE, les médecins.
: Toussaint DUCRET. 'Jod.a$-'..M ACH URE A L LT
pï Marc de la -CROIX'.!»* pasteurs de PA.5SY
Benoit ALÏZET et JéVéme. S AL ME
Au XVÏf?. Siecledes' pasteurs Tl^iiphdê \ '
CASSEGRAIM. Ame de BON, HÉ-LIODORE .
>L Miche! DUNOYER, l'av<v»at Job BOl'VOT
•$ara H ELIOT veuve dp Jean GIRARD si son'
j'emlrè Pierre PLANTAMOUR-,traihes sur la Claie
1686 Ami. Suzanne de b CROIX
'©aasc4âirk* des prisonnier? pour- ç;ruse reùo'ieuse.
Françoia COULOM, Samuel JANTHlA'U
Pierre VINCENOT et I« familles BOUVOT.
de la CROIX. GIRARD, G1ROD. GUIDE,
JÀNTH I AL. LESP1 NASSE. PERREaULT
PLANTAMOUR, RI BOUDE AULT qui pour red>r
fidèles à l'Evnndile abandonnèrent tous
Jeurs biens et passèrent' à 1' -étranger.
Au XIX- S«éel- i« pasteurs' HOFFMANN
et T.ESTUZ qui ave.- Luuw El^ BARP^ an:n,
maire de CimUn furent les restaura?*»: r> d-
••L Eglise de 1833 -a l.H4<>TJ les pasteur •
Aua- G/ iMN, F PU MUR DE S G 0. MBA Z
• Tnhn PETER, É1U GROZAT <A A . GD'RY
30
466
CHRONIQUE LITTERAIRE
Ajoutons qu'à cette occasion les membres du petit troupeau
exercèrent, à l'égard de leurs coreligionnaires des environs et
leurs invités, la plus aimable et cordiale hospitalité.
N. W.
 propos d'une Étude sur les Fugitifs du Languedoc.
M. Ch. Bost a consacré dans le Bulletin de 1908 (p. 193 etss.-)
un article aux deux premiers volumes publiés par M. l'abbé
Rouquette sur la Révocation de VEdit de Nantes en Languedoc. Il a
montré le grand intérêt que présente la publication des docu.
ments provenant de l'Intendance du Languedoc, documents
jusqu'ici enfouis dans les cartons des Archives de l'Hérault. A
notre tour nous exprimons à M. l'abbé Rouquette la reconnaissance
qu'il mérite pour avoir abordé, malgré son aridité, une étude sur
les Fugitifs (1685-1715), et nous souhaitons qu'il donne à cette
étude une deuxième partie en la prolongeant jusqu'en 1789.
Dans le dernier chapitre de son ouvrage, M. R. donne de longues
listes de fugitifs dont la lecture rendra grand service aux conti-
nuateurs de la France protestante; peut-être pourrait-on demander
à l'auteur une exactitude plus scrupuleuse dans l'orthographe des
noms cités, exactitude qui ferait de son ouvrage un véritable <( livre
de sources ».
M. R. analyse avec beaucoup de soin et de clarté la législation
concernant les biens des fugitifs; il expose les grandes lignes de
l'administration de ces biens, et tâche de se rendre compte de la
fortune laissée par les réfugiés.
11 distingue cinq périodes dans la législation :
1° De 1669 à 1685, la confiscation des biens est prononcée de
droit contre les fugitifs : exception est faite pour les ministres et
sujets sortis du royaume avec permission; le dénonciateur du
fugitif se voit attribuer la moitié des biens par la déclaration du
20 août 1685. — Pendant cette période, les listes de fugitifs sont
sans doute dressées au siège de chaque intendance, mais peut-
être ne sont-elles pas tenues à jour très soigneusement.
2° De 1686 à 1687. L'édit de Révocation, puis la déclaration du
1er juillet 1686, accordent une amnistie valable jusqu'au Ier mars
1687 à ceux qui rentreront dans le royaume et abjureront la
R.P.R. Les biens des absents, confisques en droit, sonl on fait
seulement séquestrés, soumis à la régie ou donnas à bail ; 1rs
parents des fugitifs obtiennent souvent des brevets de don du
Roi, ou la main-levée du séquestre ou des provisions sur ces
biens. Dans le Languedoc, Baville exige de ces parents des preuves
de conversion sincère.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
-467
3° De 1688 à 1689. L'édit de janvier 1688 réunit au domaine
les immeubles des consistoires, ministres et sujets de la R. P. R.
Conformément à cet édit, l'intendant adjuge au plus offrant, le
Sr Audiffret. la ferme de ces biens. Tous ceux qui ont des pré-
tentions sur eux doivent faire opposition dans le délai d'un an.
Ces mesures provoquent des procès sans fin; l'imbroglio est
complet. — Pendant cette période, comme pendant la précédente,
les commissaires nommés par l'intendant pour administrer les
biens des fugitifs, puis les commis du Sr Audiffret, dressent la
liste complète des réfugiés possédant des biens avec l'indication
de la valeur de ces derniers (ces listes que nous possédons en
grande partie sont reproduites dans l'ouvrage).
4° De 1690 à 1698. L'édit de décembre 1689 annule les édits
antérieurs, casse les baux, et rend aux plus proches parents les
biens des fugitifs tels qu'ils étaient en 1686; seuls les biens des
ministres et des personnes sorties avec permission et n'ayant pas
d'enfants en France restent soumis à la régie.
5° De 1699 à 1715. Un certificat de catholicité est exigé des
possesseurs des biens des émigrés: ceux qui ne peuvent pas en
représenter sont privés de ces biens dont le Roi dispose à sa
volonté. — Les listes de fugitifs, qui n'avaient guère été tenues à
jour pendant la période précédente, sont refaites et complétées;
elles mentionnent le nom des détenteurs des biens avec une anno-
tation concernant leur zèle pour la religion catholique.
Avec M. R. nous constatons que les mesures de confiscation
prises par le Roi n'ont guère enrichi l'État. Les dépouilles des
fugitifs ont servi à récompenser les parents bien convertis, à payer
des pensions aux « ci-devant ministres et autres », et ont surtout
profité aux séquestres des biens.
Les premiers chapitres de l'étude ont trait à l'émigration pro-
prement dite. Nous ne dirons rien de celui qui est intitulé Guides
et Routes : ce sujet a été traité amplement par M. Ch. Bost dans
lè Bulletin de 1898 sous les titres de : Le Guide Paul Berger Ragatz,
et Les Routes de l'Exil.
Au chapitre II. M. R. énumère les mesures législatives prises
pour empêcher la fuite des religionnaires et nous fait toucher du
doigt les difficultés matérielles de cette fuite; il montre que
l'émigration en masse n'a pas pu se produire et il justifie cette
assertion en reprenant sa thèse — faut-il dire son thème? — sur
la lâcheté des protestants au moment de la Révocation. Nous ne
discuterons pas de nouveau cette thèse, à laquelle M. Ch. Bost a
déjà répondu [Bull. 1908, p. 194 et ss.).
M. R. semble envelopper d'ailleurs dans le même dédain et
ceux qui, restés en France, se soumettent à toutes les exigences
du pouvoir civil et religieux malgré la protestation intérieure de
468
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
leur conscience, et ceux qui, après une première chute, osent,
pour obéir à cette conscience, braver tous les périls et passer la
frontière. Sans doute, il concède en bloc que beaucoup parmi ces
derniers « ont fui pour pouvoir aller à l'étranger pratiquer leur
religion en toute liberté », mais les documents qu'il cite avec com-
plaisance ne paraissent lui avoir révélé que des motifs de fuite
peu honorables : un collecteur de tailles s'enfuit en emportant la
caisse, un grand nombre de huguenots, avant de passer à l'é-
tranger ont gaspillé leur patrimoine ou dissipé la dot de leurs
femmes; certains ne font pas honneur à leur signature; la plupart
ont le tort impardonnable de ne pas régler leurs affaires avant
leur départ. Or est-il besoin de faire remarquer que les mauvais
renseignements donnés sur un fugitif proviennent le plus souvent
d'un créancier, d'un parent qui demande une provision sur les
biens confisqués ou la main-levée du séquestre, et qui a tout
intérêt à exciter la pitié de l'intendant en se représentant comme
privé de toutes ressources par la faute même du fugitif ? D'autre
part n'oublions pas qu'à cette époque la fortune est à peu près
exclusivement immobilière : les femmes, les créanciers qui n'ont
pas été remboursés de leur dot , de leurs loyers, de leurs créances
par des débiteurs peu soucieux d'éveiller l'attention des consuls
et des prêtres en réglant leurs comptes à la hâte, pourront frapper
d'opposition la mise en régie des immeubles de ces débiteurs
fugitifs. Admettons sans contrôle les faits cités par If. R.; ne
nous portons pas garants de la délicatesse et de l'honorabilité de
chaque réfugié en particulier ; disons qu'il a pu se trouver quelques
brebis galeuses parmi ces hommes qui. pour leur foi, risquaient
la liberté et la vie. Mais il nous semble qu'en un si grave sujet
M. l'abbé R. a fait plutôt œuvre de polémiste que d'historien en
laissant supposer, comme il le fait, que ces défaillances ont été
générales (p. -43 à 5-2;. Il résume d'ailleurs son opinion sur les
fugitifs en déclarant qu'ils ne sont guère intéressants, qu'ils ne
constituent nullement une élite dans notre patrie. Élite d'éner-
gie ? Non, car ils ont tous accepté ledit de Révocation (oh!
cette acceptation, sous la menace de la ruine, delà torture, de la
dragonnade, delà prison!); car, devant leurs juges, sans défen-
seurs, ils n'ont pas volontiers affronté les galères, la prison per-
pétuelle ou la mort en avouant leur dessein de fuir. — Élite de
désintéressement? Non. car en parlant, ils n'ont pas laissé leurs
affaiies en ordre, ils ont eu la faiblesse d'emporter à L'étranger
quelque argent pour subsister, car. après tout, ils n'ont pas aban-
donné grand'chose sur la terre de France! — Élite commerciale,
industrielle, agricole? Non, car le vide laissé dans la patrie a été
imperceptible (et qu'importe sans doute l'essor indiscutable donné
à l'industrie do l'Angleterre, à la colonisation du Brandebourg)
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
469
Bref M. R. veut bien, pour être juste, ne pas « les écraser du
poids de leur faiblesse » et reconnaître en eux « des hommes
dignes de notre pitié et de notre commisération », quoique ce
peuple emporte sur ses épaules, « fardeau bien lourd, le souvenir
de sa chute qui engendre le remords, et le souvenir de sa religion
qui engendre la haine ! ».
C'est déjà quelque chose que cette pitié à laquelle condescend
M. l'abbé R. : nous regrettons pourtant qu'il n'ait pas su ou pu
s'élever plus haut, et que le spectacle de ces fugitifs de tout âge,
de tout sexe, de toute condition, — quittant position, biens, fa-
mille, patrie, et s'exposant aux fatigues et aux dangers de la fuite,
à l'incertitude et au dénuement de l'exil, ou aux prisons et aux
galères du Grand Roi, — n'ait pas réussi à provoquer chez lui le
moindre sentiment d'admiration.
Aussi bien le nombre de ces fugitifs n'est-il pas tellement
infime qu'on pourrait être tenté d'excuser les auteurs respon-
sables de cet exode sans importance? S'appuyant sur l'affirmation
de Bâville (d'après laquelle, sur 200.000 religionnaires du Langue-
doc, 4 000 seulement auraient émigré, dont 3 600 définitivement),
sur les listes de fugitifs qu'il publie et sur la valeur des biens dé-
laissés qu'il cherche à supputer, M. R. évalue à 20 pour 1000 la
proportion de réformés fugitifs de 1685 à 1715.
Il faut ici serrer la question de près, et, à défaut d'une exacti-
tude impossible à obtenir, chercher une estimation moins fantai-
siste que celles de la plupart des auteurs cités par M. R., et que
celle... de M. R. lui-même.
Suivons attentivement les déductions de ce dernier.
A l'époque de la Révocation la population protestante de la
France est d'environ 600.000 personnes d'après un état par géné-
ralités qui se trouve aux archives de l'intendance et qui a été
publié dans le Bulletin (1908, p. 82), de 650.000 d'après les mé-
moires des intendants consultés par Bâville; celle du Languedoc
en constitue donc à peu près le tiers. — Si l'on admet avec
M. Lavisse, dont l'évaluation est une des plus modérées, que
200.000 huguenots sortirent du royaume, la proportion indiquée
donne pour le Languedoc environ 65.000. En raison de l'éloigne-
ment des frontières, et de difficultés particulières, n'accordons au
Languedoc qu'une proportion du cinquième dans l'émigration
totale : nous trouverons encore 40.000 réfugiés. « Or Audiffret
afferme en 1688 les biens de tous les fugitifs de cette province
pour 64.000 livres. Dans cette supposition, voici la conclusion
logique et mathématique : en moyenne chaque fugitif ne possédait
que trente sols de revenu annuel. Du coup l'absurdité apparaît.
M. R., qui veut éviter une semblable absurdité, nous dit qu'au
moment du bail d'Audiffret (mai 1688) il n'y a, d'après ses listes,
470
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
que 2 000 fugitifs : de ce nombre, il défalque environ 1000 femmes
et enfants, 240 fils de famille, et une soixantaine de « misérables))
ne possédant rien; il trouve ainsi 700 chefs de famille ayant cha-
cun un revenu de 90 livres ou un capital de 400 à 500 livres en
moyenne. 11 y a alors, selon lui, harmonie entre le nombre des
fugitifs et la valeur des biens et les comptes présentés par les
subdélégués et signés par l'intendant.
Prendre pour base le montant du bail du Sr Audiffret, nous
paraît pour le moins arbitraire. L'adjudicataire ignorait-il que les
biens ainsi mis en régie donneraient un revenu beaucoup moindre
que s'ils étaient restés entre les mains des propriétaires? Que l'ex-
ploitation de cette ferme (commençant au moment des récoltes)
allait demander la constitution d'une véritable armée de commis
d'un entretien fort onéreux? Que le Roi avait déjà accordé et accor-
derait encore en grand nombre, pensions, provisions, dons, mains-
levées? Ne faut-il donc pas supposer qu'en réalité la valeur des
biens des fugitifs était très supérieure à celle qu'indique le prix
du bail d'Audiffret?
Ou inversement, de ce que le bail d'Audiffret semble avoir été,
d'après les comptes qui nous sont produits, un véritable désastre
pour ce financier, faut-il conclure que les biens des fugitifs
n'avaient à peu près aucune valeur?
On le voit : trop d'éléments divers, trop de facteurs inconnus
entrent dans cette question de l'évaluation des biens délaissés
pour qu'il soit possible d'en tirer argument.
Les listes de fugitifs publiées dans le volume analysé sont-elles
complètes, comme M. R. semble le supposer, et nous fournissent-
elles une base plus solide pour édifier nos calculs? Ici nous
pouvons encore répondre positivement que non.
M. R. explique fort bien que ces listes, centralisées au siège
de l'intendance, avaient pour but, non de faire connaître le nombre
exact de ceux qui quittaient le royaume, mais bien plutôt de per-
mettre la mise sous séquestre ou en régie des biens de ces der-
niers. On ne trouve à peu près aucune liste dressée par les consuls
et donnant le catalogue complet de tous les absents de la com-
munauté quelle que fût leur situation pécuniaire ou de famille.
En d'autres termes, à part de rares exceptions, les listes dressées
ne donnent que les noms de ceux qui possédaient quelque chose :
chefs de famille avec ou sans leurs femmes, veuves, enfants
orphelins ou ayant un patrimoine. Il suffit de se reporter aux
listes publiées pour se convaincre de la vérité de notre assertion.
Sont donc exclus de ces listes : 1° les « misérables »; 2° les enfants
non orphelins ou n'ayant pas de patrimoine. Quelle est l'impor-
tance de ces deux catégories? Pour les besoins de sa cause M. R.
apprécie diversement le nombre des premiers : tantôt il expose
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
471
que ces « misérables » sont une exception, que les historiens se
sont trompés en prétendant qu'ils constituent les neuf dixièmes
des fugitifs, tantôt il assure que « le nombre de ceux qui ne possè-
dent rien est plus grand que ne le disent les historiens » ; tantôt il
parle d'une soixantaine de « misérables » (voir pp. 20, 21,52). Faute
de données positives, nous n'articulerons nous-même aucun
chiffre. — Quant aux enfants nous allons voir s'il est possible
d'être fixé sur leur nombre relatif.
Une note de l'article dont il a été question plus haut [Bull,
1908, p. 82 et ss.) cite un état (1) officiel fixant, à. la date du
30 janvier 1688, à 5.681 le nombre des réfugiés du Languedoc,
soit à 28 pour 1000. Ce qui nous intéresse encore plus que ce
nombre absolu (inférieur suivant nous à la réalité), c'est la pro-
portion relative des divers éléments dont il est composé :
1.049 chefs de famille, soit 1/5; 673 femmes, soit 1/8; 2.726 gar-
çons, soit 1/2; 1.233 filles, soit 1/4. Cette énorme proportion
de fugitifs sous la puissance paternelle (les 3/4) peut surprendre
au premier abord, mais elle est confirmée par la lecture des listes
d'assistés à l'étranger. Ces listes nous montrent que nombreux
sont les enfants emmenés au Refuge par leurs parents et bien plus
nombreux encore les jeunes gens et jeunes filles de 15 à 35 ans,
plus vigoureux, plus enthousiastes, plus rebelles au joug, plus
faciles à déraciner que leurs parents attachés à leurs biens et au
sol natal.
Quoi qu'il en soit, si nous considérons le diocèse de Castres,
dont la population protestante est estimée par les uns à 12.550,
par les autres à 14.600 et dont le nombre des chefs de famille
fugitifs serait, d'après les seules listes publiées, d'environ 155, et
si nous lui appliquons la proportion du l/5e trouvée plus haut,
nous arrivons à un total de 775 réfugiés soit 50 à 60 pour 1000.
En procédant de môme pour le diocèse de Lavaur (5.300 à
5.700 protestants, 116 chefs de famille fugitifs d'après les listes),
on trouve 580 réfugiés soit 100 à 110 pour 1000.
Contrôlons ces résultats : On a évalué la population réfor-
mée du pays castrais, à l'époque de la Révocation, à 22.800' ou à
20.400 personnes. Or, d'après les recherches que nous avons
faites, soit aux archives de l'intendance du Languedoc, soit dans
les ouvrages spéciaux, le nombre des réfugiés de cette région, de
1685 à 1715, s'élèverait à environ 1200 (2). La proportion de ces
derniers serait donc de 50 à 60 pour 1000 (3).
(1) Rappelons que cet état était tiré de la Correspondance des contrôleurs
généraux des finances avec les Intendants publiée par M. de Boislisle
(t. I, p. 394. n.)
(2) On trouve plus de 200 autres réfugiés pour la période de J 716 à 1765.
(3) Nous n'avons consulté ni les listes d'assistés à Londres, à Genève, en
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
D'autre part un état officiel (dressé vers 1696) des nouveaux
convertis du diocèse d'Albi donne dans l'ensemble du diocèse
65 fugitifs pour 1.080 protestants, soit 60 pour 1000, et à Réal-
mont seulement 51 fugitifs pour 700, soit 74- pour 1000 (1).
Nous regrettons de ne pas avoir sur d'autres diocèses ou
d'autres régions du Languedoc des données précises qui permet-
traient d'intéressants rapprochements. Mais nous croyons être
au-dessous de la réalité en évaluant à 80 pour 1000 la proportion
des fugitifs de cette province de 1685 à 1715.
Reportons-nous au magistral article de M. F. de Schickler sur
les Pays de Refuge, publié dans l'Encyclopédie des Sciences reli-
gieuses (t. XII). Nous y lisons que, jusqu'en novembre 1687,
28.000 fugitifs avaient traversé Genève; il est incontestable que
la plupart d'entre eux arrivaient des provinces du Midi et Ton
peut admettre que le tiers au moins, soit 9000, appartenait au
Languedoc. D'autre part, on assistait en Angleterre, en 1687,
15.500 émigrés ; le septième au minimum devait provenir de notre
province ; ajoutons les Languedociens qui s'étaient acheminés
vers la Hollande, l'Allemagne ou les autres pays de refuge sans
passer par Genève, nous aurons un total de 12 à 13.000 jusqu'à
cette môme année 1687, et probablement de 18 à 20.000 jusqu'en
1715.
Nous nous excusons en terminant de l'aridité de cette discus-
sion et de ces calculs statistiques qui nous amènent à formuler
cette conclusion : si la plupart des historiens, frappés surtout de
ce que l'étranger a gagné au point de vue matériel, intellectuel et
moral du fait même du Refuge, ont exagéré l'importance absolue
de cette émigration, M. l'abbé R., au contraire, a diminué comme
à plaisir le nombre des fugitifs, dont par ailleurs il essayait de
rabaisser la valeur morale, n'apercevant pas suffisamment le côté
relatif des documents qu'il a consultés.
En continuant, dans ses prochaines études, la publication de
documents semblables, M. R. ne négligera pas sans doute de les
passer au crible de sa critique; s'il confronte soigneusement les
persécuteurs avec les victimes, il fera œuvre, non de polémiste,
mais d'historien impartial.
G. Dumons.
Suisse, en Hollande etc., ni celles listes de réfugiés de passage à Genève el à
Zurich qui nous auraient certainement fourni un gros contingent, de fugilifs.
(1) Arch. Hérault, G. 274. — .Nous avons trouvé en réalité, pour la période
de 1685 à 1715, dans le diocèse d'Albi 100 fugitifs, soit 93 pour 1000; dans la
seule ville de Réalmont 74 fugitifs, soit 105 pour 1000.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
473
Correspondance de Samuel Robert.
Le baron Léon Michel de La Morinerie avait préparé avec le
plus grand soin la publication de la correspondance de Samuel
Robert, que la Société des archives historiques d'Aunis et de Sain-
tonge, vient de faire paraître avec une introduction de M. Georges
Musset, lauréat de l'Institut, archiviste paléographe et bibliothé-
caire de la Rochelle. Nous ne saurions mieux donner une idée
de l'intérêt que présentent ces lettres qu'en reproduisant les pas-
sages môme d'un rapport adressé en 1861 au Préfet de la Cha-
rente-Inférieure par le baron L. de la Morinerie.
« Samuel Robert était ce-qu'on appelle un curieux. Ilavait puisé
le goût des choses littéraires chez son parrain Samuel Veyrel. Il
aimait à consigner dans sa correspondance, dans ses registres
journaliers les événements politiques de son temps et jusqu'aux
circonstances les plus intimes de sa vie. Le lieutenant particulier
en l'Élection, Etienne Auger, venait de mourir, laissant pour
héritière une fille Jeanne, mariée à Alexandre de Rabar, conseiller
au Parlement de Bordeaux. En 1650, Samuel Robert acheta de
M. de Rabar l'office de son beau-père et se mit en mesure de faire
procéder à sa réception, mais il était huguenot, et son admission
rencontra d'ardents adversaires. Notre futurlieutenant particulier
se rend à Paris, il sollicite et obtient plusieurs arrêts de la Cour
des Aides qui, nonobstant les oppositions du clergé, prescrivent à
la Chambre de l'Élection de le recevoir en son office. Les arrêts
de la Cour n'arrêtent point les difficultés. Il faut porter l'affaire au
Conseil privé (1).
« Pendant son séjour dans la capitale, Samuel Robert entretient
ses amis de Saintonge de toutes ses démarches ; il note les bruits
de la Cour et de la ville, et ses remarqués nous initient à de
curieuses révélations sur ces temps de troubles. Revenu au pays,
il continue de tenir au courant le brouillon de sa correspondance,
qui devient de plus en plus abondante en détails. Il écrit tout ce
qu'il voit, tout ce qu'il entend : il suit à la piste les marches et
les contre-marches des armées du roi et de la Fronde. Il a l'œil
ouvert sur les préparatifs du comte de Daugnion et tout ce qu'il
rapporte peint à merveille le caractère à double face de ce person-
nage. Il nous montre en scène le prince de Condé, le comte
d'Harcourt, le duc de Tarente, La Rochefoucault, Saint-Simon,
Richelieu, Bellière, du Vigean, Matha, Jonzac et Balthazar. Les
événements se pressent sous sa plume, il nous fait assister aux
deux capitulations de Saintes, à l'arrivée des Espagnols en cette
(1) L'acharnement avec lequel on s'opposa à ce que Samuel Robert prît
possession de l'office qui lui appartenait ne remonterait-il pas aux agisse-
ments secrets de la célèbre Compagnie du Saint-SaerementCf. Réel.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
ville, à l'horrible saccageaient de Pons, à la destruction de
Moëze, aux sièges de Cognac, de Saint-Jean-d'Angely, de Tonnay-
Charente, de Brouage et d'autres lieux de la province, au combat
de Montanceys, en Périgord. Puis, au milieu de ces grandes
figures et de ces actions mémorables se détachent le caractère
impassible de Samuel Robert, ses querelles de ménage... com-
pliquées et attisées par des interventions étrangères... »
La publication de sa correspondance complète celle de son
journal (1er octobre 1647 au 1er août 1668) parM. Gaston Tortat.
De Ricuemond.
Le bi-centenaire de l'Église française de New-Rochelle (1).
Le 30 mai 1909, les Protestants de New-Rochelle (État de Mas-
sachussets) ont célébré le 200° anniversaire de leur rattachement
à l'Eglise anglicane, sous le nom d' « Eglise de la Trinité ». Nous
avons raconté il y a quelques années, dans le Bulletin de la So-
ciété, la fondation de cette Église de réfugiés ; nous avons dit
comment, en 1689, John Pell, seigneur du manoir de Pelham,
fit, en faveur des huguenots réfugiés, « une vente de 6000 acres
« de terre, pour la fondation de la ville de New-Rochelle, plus
« 100 acres, pour y bâtir une église; à charge par eux de lui four-
« nir un veau gras, le 4e et 20e juin de chaque année ». La colonie
se composait de trente familles, parmi lesquelles on remarque les
noms de Bonrepos, Constant, Guion, Dutuffeaux, Dr Neufeuille,
Le Roy, Pintard, Sicard etc. Le temple fut bâti en 1692 et d'abord
desservi par des ministres anglicans de Westchester.
Cette Église eut pour premier pasteur Daniel Boudet, qui
s'était d'abord fixé à Boston et vint à New-Rochelle, en 1695, et
fut subventionnée par la Société anglicane pour la propagation de
l'Evangile (S. P. G).
Quatorze ans après, le 12 juin 1709, tous les membres de la
dite Eglise réformée française, excepté deux, déclarèrent con-
sentir, pour le culte, de se conformer à la liturgie et aux rites de
l'Eglise anglicane, telle qu'elle était établie par la loi du Royaume
de Grande Bretagne et, par un vote solennel, ils se mirent sous
la protection de cette Eglise. Cette résolution était à la fois un
témoignage de reconnaissance pour l'appui que ces réfugiés fran-
çais avaient reçu de la S. P. G., et un acte de loyalisme envers
le souverain, qui avait autorisé leur établissement dans cette colo-
nie dépendante de la Couronne.
(1) H. Augur : New-Rochelle through seven générations. N. Rochelle. L908,
in-16°, nombreuses illustrations.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
475
Ce rattachement ne se fit pas sans opposition, et un certain
Moulinars fut le champion de la minorité de l'Église, qui tenait
à célébrer le service suivant le rite des Calvinistes de la vieille
France.
D. Boudet mourut en 1722, léguant tous ses livres, environ
400 volumes, à la bibliothèque de l'Église de New-Rochelle et eut
pour successeur, le ministre Stouppe, aussi un Français de nais-
sance, mais qui avait été consacré par l'évêque de Londres. L'op-
position des Calvinistes intransigeants ne cessa qu'avec la mort
de Moulinars, vingt ans après.
G. Bonet-Maury*
Histoire de St-Jean-d'Angely (1).
« Pour mon compte, dit M. Eug. Réveillaud, dans son éloquente
« préface, devant à l'histoire, pour une grande part, ma formation
« morale et intellectuelle, et je dirai patriotique, et en étant
« resté toujours un fervent zélateur, j'ai été heureux de lui
« rendre, comme historien, un peu de ce que j'en ai reçu comme
« étudiant... Ce m'a été un très grand plaisir de pouvoir payer en
« quelque mesure, mon tribut de reconnaissance à l'Histoire en
« écrivant, après mon Histoire du Canada et des Canadiens fran-
« çais, et après le Précis historique qui ouvre mon" livre plus
« récent sur la Séparation des Églises et de l'État, cette Histoire
« de la ville, commune et sénéchaussée de St-Jean-d'Angely, qui,
« dans ma pensée, avec les cartes et illustrations dont elle est
« ornée, s'adresse surtout à la jeunesse de nos écoles publiques. »
Hâtons-nous d'ajouter que comme l'Histoire de France racontée
par M. Guizot à ses petits-enfants a été fort bien accueillie par le
grand public, il en sera de même du nouveau livre de M. Réveil-
laud, qui complète et rectifie ses prédécesseurs, Guillonnet, Mer-
ville, Briïlouin, D. Massiou. Il se réfère lui-même souvent aux
livres de M. L. G. Saudau, le plus exact et le plus complet, et à
M. Georges Musset lauréat de l'Institut, l'éminent éditeur du cartu-
laire de l'abbaye.
Comme La Rochelle, Montauban, Sancerre et tant d'autres.
St-Jean-d'Angely a subi des sièges pour la conservation de la foi
protestante ; quatre chapitres rentrent donc plus particulièrement
dans le cadre des études de notre Société, dont M. Eugène Réveil-
laud déclare avoir souvent profité. St-Jean-d'Angely, pendant
la Réforme et sous les guerres de Religion, jusqu'au siège de
(1) Histoire delà ville commune et sénéchaussée de Saint-Jean-d'Anqely^ds
Eugène Réveillaud, député de la Charente-Inférieure, ouvrage orné d'une
carte et de nombreuses illustrations hors texte, 316 p. in-8. Paris. Henri Jouve,
1909.
476
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
1569, sous Charles IX — depuis le siège jusqu'à l'assassinat du
roi Henri IV en 161 1, — depuis l'avènement de Louis XIII jusqu'à
la révocation de l'édit de Nantes, — depuis la Révocation jusqu'à
la Révolution de 1789. (Les événements importants depuis cette
dernière époque trouvent naturellement place dans son Histoire
politique et parlementaire, actuellement en cours de publication).
De nombreux documents empruntés aux archives nationales
servent de pièces justificatives. De fréquentes citations de Michelet
enrichissent le récit. Le style de M. Réveillaud est d'ailleurs
excellent. Nous n'oublierons pas de dire, avec Jurieu « que les
« guerres dont on a voulu faire un crime aux prolestants, ont esté
« des guerres civiles de la nature de toutes les autres qui
« s'élèvent dans le sein des Etats, c'est-à-dire qu'elles ont esté
« excitées par le mécontentement des peuples, par les jalousies
« des Grands, et la Religion n'y est entrée que par accident...
« Durant près de la moitié d'un siècle, nous avons souffert des
« cruautés inouïes sans chercher les moyens de nous venger et
« de nous défendre... » Comme dit Mézaray: Le malheur de la
France fut le bonheur du duc de Guise et rabaissement du Conné-
table son exaltation. Dès l'heure la jalousie qui étoit entre ces
deux maisons aboutit à former deux partis contraires dans le
Royaume... Quant à la conjuration d'Amboise, « c'est la plus
« grande de toules les injustices de vouloir charger nos Hugue-
« nots de cette affaire. Il est très constant que dans cette partie
« il y avait autant de Catholiques Romains que de Huguenots, le
« chancelier de l'Hôpital en étoit ». M. Réveillaud n'a pas de
peine à démontrer que des massacres qui sont loin d'être prouvés
ont été à tort attribués aux Huguenots, qui se sont bornés à
des excès contre les idoles, malgré leurs chefs.
Ceux qui se sont appuyés sur l'Espagne n'ont pas à reprocher
aux Huguenots d'avoir manqué de patriotisme et ce sont les Hugue-
nots qui ont contribué à mettre Henri IV sur le trône.
Le beau livre de M. Réveillaud vient à point au lendemain de
la pose de la première pierre du monument de la Réformation etdu
jubilé de l'Académie de Genève et à la veille du monument de
Jean Guiton à La Rochelle.
De Richemond.
CORRESPONDANCE
Famille de Caumont-Montbeton. — Le Bulletin a plusieurs
fois entretenu ses lecteurs du noble confesseurDavid de Caumont-
Montbeton (Bull, 1885, 1888. 1894) : voici sur sa famille quelques
renseignements généalogiques destinés à compléter ceux de la
France protestante (2e éd., III, 899).
Jean de Gaumont baron de Montbeton épousa (contrat 10 mars
1612, Boneau notaire à Montauban) Marie d'Aliès; de ses 6 enfants
il ne restait, à la mort de cette dernière (1668) que :
Marie qui épousa en 1676 Jean de Viçose Sr de Genebrières (le
baron de Viçose) veuf d'Anne de Ségur,
et David baron de Montbeton. Celui-ci, dont l'héroïque cons-
tance, au milieu des défaillances générales, contribua à sauver
l'honneur du protestantisme montalbanais, avait eu de sa femme,
Jeanne de Martel, A enfants :
1° Paul, qui suit;
2° Marguerite, qui épousa (contrat 17 mai 1680, Rigaud, notaire
à Montauban) Paul de Sarrau Sr de la Brande, fils de Pierre et
de Suzanne du Bousquet, habitant au château de la Brande, juri-
diction de Monflanquin ;
3° Marie, qui épousa (contrat 5 déc. 1682, Rouère, notaire à
Montauban) François deJaussaud, avocat, fils de Louis, conseiller
à la chambre del'Edit de Castres et de Bernardine Guy d'Airebau-
douze de Clairan; elle se réfugia à Genève avec son mari et y
mourut, un mois et demi avant lui, le 13 décembre 1697(1);
4°Tabita, qui épousa (contrat 7 août 1685, Rouère, notaire).
Jean de Cazettes, avocat, fils de Jean, avocat, juge de Tournon et
de Percide de Rabar.
Paul, baron de Montbeton épousa le 6 novembre 1678 Marthe
Dulong (morte sans doute à Montauban en 1716), fille de Pierre
Sr de Moliage et de Marie de Colom (2). Il émigra au moment de la
Révocation (3) et, après diverses pérégrinations, finit par s'établir
à Hamelnoùil mourut en décembrel735. Sa fille unique, Jeanne,
en butte pendant sa jeunesseaux persécutions du clergé, se maria
en 1704avec Jeand'Aliès (ou.Daliès) Sieur de Réalville qui, seul
des sept enfants du baron de Caussade resta en France, et qui
devint président àla cour des Aides de Montauban ; elle mourut en
octobre 1729, laissantune fille mariée en 1731 avec M. de Scorbiac?
(1) Bull. 1909, p. 60.
(2) H. de France : les Montalbanais et le Refuge p. 153.
(3) Un document des archives de SchafFhouse (Exulante-Bûchlein) men-
tionne son passage dans cette ville, le 12 février 1686, sous le nom de « Es-
tienne de Gausmon, seigneur et baron de Montbeton ».
CORRESPONDANCE
et un fils Paul Antoine Daliès de Réalville, président à la Cour
des Aides. G. D.
Didier Abria. — Au nombre des premiers adhérents de la Ré-
forme à Metz on compte Didier ou Désiré Abria (Aubryot), curé
de Saint Gorgon(Bull . t. XXXII p. 195, — 0. Cuvier, Trois martyrs,
pageslet77). En 1524, il étudiaità Baie pour devenir évangéliste. Il
retourna à Metz, brusquement, en juin 1525. Suspecté d'hérésie,
il y est arrêté et mis en prison ; mais il peut fuir Metz et se réfugier
à Paris. (Ment, dans plusieurs lettres de Pierre Toussain à Farel,
Herminjard, I, pass. et Bull. XXV, 466). En février 1532, des pour-
suites sont de nouveau commencées contre lui par ordre du car-
dinal de Lorraine. J'ignore quelle en fut l'issue. Toujours est-il
qu'« en 1538 il est absent de Metz où l'on ignore ce qu'il est devenu»
( Cuvier) .
Quand a commencé cette nouvelle absence? Peut-être durait-
elle depuis plusieurs années. Je me demande s'il ne faudrait pas
alors identifier Abria que Toussain n'appelle que Desiderius ou
le curé, avec Desiderius ou Didier, prêtre français, brûlé à
Liège le 26 avril 1533 ; et cette supposition me paraît d'autant
plus plausible que Daris (Histoire du diocèse de Liège au XVIe
siècle, p. 61), s'en référant au Registre de l'officialde Liège (n°63 ,
le nomme Aubert.
Il y a cependant une difficulté. Les auteurs qui parlent de
l'exécution de Desiderius disent tous qu'il venait de l'Artois ou
de la Picardie (Ghapeauville, Gesta Pontïficum leodiensium, t. III,
p. 325, l'appelle Moriensis, ce qu'il faut entendre probablement
par : venant du territoire habité par les Morins, c'est-à-dire le pays
de Térouanne (1). — Foullon, Historia leodiensis, le fait venir du
diocèse de Tournai. — Daris, loi. cit., du diocèse d'Arras. —
Lenoir, Réformation au Pays de Liège, p. 20, de la Picardie).
L'ancien curé de Metz aurait-il pendant quelque temps, après
son séjour à Paris, exercé un ministère itinérant en Artois et
dans les contrées avoisinantes?
Pourriez-vous — ou quelque lecteur du Bulletin pourrait-il
me donner à ce sujet une indication démontrant péremptoire-
ment qu'il s'agit de deux personnages différents, ou au contraire
venant confirmer ma supposition?
Jean MeyhOFFER
Naves. — Ce nom, cité dans le Bull. 1909, p. 258, 1. lt et note
1, est sans doute celui de Balthazard de Vilette (ou Villettes).
Sr de Naves, de Saint-Antonin en Rouergue. Un réfugié de cette
(1) Ou peul-ctrc Monlreuil-su-r-Mer ?
CORRESPONDANCE
479
Ville, Pierre Vieusseux, rencontrait en mai 1688 à Tournon oe
M. de Naves, devenu « lieutenant général des troupes du Langue-
doc », avec (Jean) de Villettes (Sr de Pailhairols) gouverneur de
Saint-Antonin (Bull. 1876, p. 277). La mère de ce dernier, Jeanne
de Doux d'Ondes, veuve de I. de V. Sr de Pailhairols, se réfu-
gia en Angleterre où on la trouve assistée en 1702 (Fr.prot. 2e éd.
V, 191). G. D.
La date de la mort de Jean Cousin Ier (1). — M. Maurice Roy
publie dans le Bulletin de la Société archéologique de Sens (t. XXIV
1909 p. 65 à 148) sur Les deux Jehan Cousin, un mémoire qui
débute par cette affirmation avantageuse : « Tout ce qui a été
écrit, depuis ie xvnesiècle, sur labiographie de Jean Cousin n'est,
ou peu s'en faut, qu'un véritable tissu d'erreurs... » Grâce à ses
investigations dans les études des notaires sénonais, M. Roy
apporte en effet quelques précisions utiles à la biographie du
grand peintre, et notamment à celle de son fils et continuateur
Jean II Cousin, mais il omet de citer le remarquable article de
M. H. Bordier dans la 2e édition de la Finance protestante, t. IV,
1884, col. 842 à 858, et les textes découverts par MM. J. Guiffrey
et N. Weiss qui ont dès longtemps établi la distinction à faire
entre les deux artistes. Le plus intéressant des documents nou-
veaux donnés par M. Roy à la suite de son étude est le bail
consenti par Jean Daussonne, armurier et gendre de Jean Ier
Cousin, de la maison occupée par celui-ci au faubourg Saint-
Germain, rue des Marais proche de la rue de Seine. Ce contrat est
du 22 décembre 1562, et l'on est autorisé à penser que la date
jusqu'ici inconnue de la mort de Jean I«r Cousin doit être de peu
antérieure. Dès lors comment ne pas reprendre l'hypothèse de
l'identité du célèbre artiste avec le peintre huguenot qui n'échappa
aux prisons de l'Abbaye de Saint-Germain des Prés que pour être
noyé dans la Seine, le 21 juillet 1562, ou avec le « Jean Cousin,
orfèvre» précipité, la même année, par la populace dans le fleuve
qui charria tant de victimes du fanatisme? (v. Fr. Pr. art. Cousin
col. 856). Le fait même que les titres de la famille ainsi que les
documents postérieurs sont muets sur cette mort misérable
et sans sépulture nous paraît un argument de plus à invoquer en
faveur de la thèse peut-être trop facilement abandonnée de deux
Jean Cousin, dont le premier, l'ancien (1500 à 1562) aurait été
huguenot, et dont le fils homonyme (1522 à 1595), ainsi que ses
sœurs seraient retombés dans le catholicisme. H. D.
(1) J'ai déjà, à la fin du Bulletin de mars-avril, touché à ce travail que je
ne connaissais que par un journal local. Les lignes de notre collaborateur ne
faisant, au fond pas double emploi a\ec ma note, je les insère bien volon-
tiers. N. W.
480
CORRESPONDANCE
Monument international de la Réformation.
Voici la liste complète des Églises qui, jusqu'à ce jour, nous
ont envoyé une souscription pour ce monument. Nous la donnons
dans l'ordre alphabétique : Aigues-Vives, Alger, Antibes, Argen-
teuil, Aubais, Auxerre, Bar-le-Duc, Bellevue-Sèvres et Ville-
d'Avray, Bernis et Aubord, Beuzeval, Bolbec, Bordeaux, Brest,
Caen, Calmon, Calvisson, Carcassonne, Castres (réf. et ind.),
Chalon-sur-Saône, Chambéry, Châtillon-sur-Loire, Clermont-Fer-
rand, Cozes, Dijon, Eynesse, Florac, Gabre, Gap, Guelma, le
Havre, Houilles, Jallieu, Labastide-Rouairoux, Landouzy-la-Ville,
Laparade, La Pervenche, Les Ollières, Libourne, Lussan, Lyon
(réf. et ind.), Mantes, Marseille (chr. réf.), Marsillargues, Mas-
d'Azil, Mazamet, Meaux, Metz, Meyrueis, Millau, Montargis, Mont-
pellier, Moulins, Mulhouse (Égl. fr.), Nancy, Nantes, Nanteuil-les-
Meaux, Nice, Nieulle-sur-Seudre, Nîmes, Pamproux, Paris (Bati-
gnolles, Bon Secours, Oratoire, Passy, Saint-Marcel, Sainte-Marie),
Pau, le Pouzin, Pranles, le Raincy, Reims, Rouen, Saint-Eloi,
Sotteville et Petit-Quevilly, Royan, Rueil, Saillans, Saint- Afïrique,
Saint-Ghamond, Saint-Gloud, Saint-Dié, Saint-Etienne, Saint-Ger-
main-en-Laye, Saint-Jean- d'Angely, Saint-Just-en-Chaussée.Saint-
Martin-de-Lansuscle, Saint- Pierre-d'Oléron, Sainte-Foy-la-Grande,
Salies-de-Béarn, Saujon, Saumur, ïonneins, Toulouse, Tours,
Tunis, Valence, Vauvert, Vernoux, Versailles, Vialas, Vincennes.
Le total des souscriptions de ces 101 églises (dont 2 hors de
France) s'élève à 3 790 fr. 15. Nous espérons bien qu'à l'occasion
de la Fête de la Réformation, spécialement consacrée cette année
au souvenir de Calvin, quelques Églises qui ne figuraient pas sur
cette liste nous permettront d'atteindre le chiffre de 4 . 000 francs.
Nous avons recueilli, en outre, trente-sept souscriptions particu-
lières qui ont produit la somme de 3058 francs. Nous prions ins-
tamment tousceuxqui n'ont pas encore répondu à notre appel,
soit ici, soit ailleurs, de bien vouloir le faire pour que, dans la
prochaine livraison de ce Bulletin, nous puissions publier une
liste définitive et complète des donateurs et des sommes données.
Nous remercions, en attendant, bien vivement ceux qui ont bien
voulu nous répondre N.W.
Erratum. — P. 205, ligne 7. Au lieu de Duehal, lire Is Duchat,
et à la note 2: Son prénom était Timothèc, 11 ;i publié en 1688 à
Sedan (39 p. in-8) une Méditation sur le. X* chapitre <l>' S. Mathieu,
vers. 9,2.
Le Grrant : FlSCRBACHBR.
Paris. — Typ. Vw. Rknouard, 19, rue <ios Saints Pèrta
G. Hérelle. — Documents inédits sur le Protestantisme à Vitry-le-Franç
Epense, Heilz-le-Maurupt, Nettancourt et Vassy depuis la fin des Guent
Religion jusqu'à la Révolution française, tome III Appendice (Chronique sommaire
Eglises. — Conversions. — Inhumations. — Fugitifs et Réfugiés. — - Biens conOsq
un vol. de 526 p. in-8°. Paris, A. Picard, 1908.
Ch. Borgeadd. — Histoire de l'Université de Genève. L'Académie de Calvin I
l'Université de Napoléon 1789-1814, avec 14 planches en photolypie et des repro
tions de documents dans le texte, ouvrage publié sous les auspices du Sénat universi
et de, la Société académique, un vol. de XIV, -252 p. in-4\ Index, Genève, George 190!
E. Doumergue. — Iconographie Calvinienne, ouvrage dédié à l'Université de Genèï
suivi de deux appendices : Catalogue des portraits gravés de Calvin, pa
DrH. Maillard-Gosse, et Inventaire des médailles concernant Cal vin parE. Dec
avec 76 gravures dans le texte et 26 planches en phototypie, un vol. de VII-280 pages
in-folio, Lausanne, Bridel 1909.
Les jubilés de Genève en 1909, un vol. de 230 p. in-4°, très nombreuses illustrali
Genève, Atar, 1909.
Willistoriwalkk. — Jean Calvin, l'homme et l'œuvre. Traduit avec Fautorisatièl
l'auleur par E. et N. Weiss, avec 20 illustrations. Edition française publiée à l'occi
du quatre centième anniversaire de la naissance de Calvin, par l'Association du Monui
internation nal de la Réformation à Genève, un vol. de XXVI~504 p., in-8°. Genève!
lien, 1909.
Œuvres choisies de Jean Calvin publiées par la Compagnie des pasteur
Genève, un vol. de 432 p. in-8°, portraits, Genève, A. Jullien 1909.
Alex. Claparède. — L'Eglise réformée hongroise. Coup dœil sur son passé et son
actuel, avec un abrégé de ses Lois ecclésiastiques et une carte, une brochme de ?!
in-8°, publiée à l'occasion du Jubilé de Calvin, Genève A. Jullien 1909.
Prof. D. Dr Georg. Lœsche. — Luther, Melanchton und Calvin Œsterreich Ungi
Zu Calvius vierte Iahrhundertfeier, milanhivalischen Beilagen, un vol. de XVI-372 n. j|
Tubingen J. C. B. Mohr, 1909.
Daniel Benoit. — Poésies huguenotes publiées à l'occasion du quatrième cei
naire de la naissance de Calvin, un vol. de 222 p., in-16. Toulouse", Société
publications morales, 1909.
FaANiUDE Crue. — L'action politique de Calvin hors de Genève d'après sa Con
pondance. Mémoire publié à l'occasion du Jubilé de l'Université 1509-1909, une broc;
de 76 p. in-8°.
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. Le nombre de collections qui seront mises à la disposi-
tion du corps pastoral étant limité, la livraison à ce prix
infime n'est garantie qu'aux premiers inscrits. Jusqu'à la
fin de l'année Y Histoire de la Béforrnation sera livrée au
public au prix de 20 francs, franco. Il ne sera pas livré
de volumes isolés. Les volumes seront expédiés contre
remboursement. — L'expédition se fera dans les deux
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Professeur à l'Université de Yale.
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. quiers .Administrateur de; la Compagnie des Che-
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de la naissance
DE CALVIN
La revue « Foi et Vie » publiera le 16 octobre |
double fascicule illustré qui sera tout entier consacî
à Calvin et formera une forte plaquette-album.
La couverture portera une gravure tirée en tro:
couleurs, composition de M.. Schmed, l'artiste à q
le Comité des Fêtes de Calvin à Paris a commandé •
portrait du Réformateur : elle représente la cathé-
drale de No}'on et la maison de Calvin.
SOMMAIRE DES PRINCIPAUX ARTICLES
Calvin à No.yon, par M. Abel Lefranc, professe)-
au Collège de France.
Calvin, Luther et Loyola, par M. Gabrîï
Monod, professeur à la Sorbonne.
Portraits de Calvin à la plume : Michel^
Renan, Lanson, Faguet, Brunot, Brunetièke... J
Le grand fantôme noir, par Paul de Félice.-.
Calvin intime : son mariage, par J. Pales.
L'Eglise et l'Etat d'après Calvin, par Eugêt
Chois y. ,
La paternité de Dieu. — L'honneur de Diei
• par le doyen E. DoUMBRGUE.
La prdestination d'après Calvin, par Vict*
Monod. .
Calvin et Servet, par N. Weiss.
Notes et Documents, Un jubilé à Genève par G
Gide, professeur à la Faculté de Droit de Paris. ;
Une belle suite d'illustrations — trente-cinq envir
— accompagnera le texte (128 colonnes de la revu»
et formera aussi 8 pages de hors texte.
On peut souscrire à ce fascicule jusqu'au 30 oc1
bre au prix de 1 fr. 50 — port en plus, 0 fr. 25.
A partir du I" novembre, le fascicule sera ven
2 francs. .39HHHHH9HHHHNHHNHMHHHHHHH1
SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE
du
Protestantisme Français
Reconnue d'utilité publique par Décret du 13 juillet 1870
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PARAISSANT TOUS LES DEUX MOIS
Etudes, Documents, Chronique littéraire
LVIII* ANNÉE
SEPTIÈME IDE A. S ' SÉRIE
Novembre-Décembre 1909
PARIS
Au Sicge de la Société, 54, rue des Saints-Pcrcs
LIBRAIRIE FISCHBACHER Société anonyme)
SOMMAIRE
AVIS. - - Les Ta(>lcs du Bulletin de 1909 paraîtront avec la première livraison»
de 1910.
N. Wkiss. — Fcniand «le Schickler; article nécrologique. .... 48 i
ÉTUDES HISTORIQUES.
Henri Monod. — La Saiiit-lîarthéleniy. La version du duc
d'Anjou, texte et notes ! 485
DOCUMENTS.
H. Dannreuther. — La confession des péchés de la liturgie
des Eglises réformées de France insérée dans un livre de
piété catholique (suite) 543
B. Sara zi n. — Les temples et les pasteurs de Mouchamps
avant la révocation de l'édit de Nantes, 1561-1585 547
G. D. — Extrait d'un mémoire sur le diocèse de Castres
(1674 ou 1675) 500
MÉLANGES.
E. Gri selle. — Avant et après la Hévocation de Pédit de
Nantes. Chronique des événements relatifs au Protestantisme
de 16«2 à 1687. 20 avril-4 mai 1685 565
Séances du comité. — 8 Juin 1909 569
CHRONIQUE LITTÉRAIRE.
N. W. — Le jubilé de Calvin. Premier supplémenl. 570
P. F.-R. — Locke et la Tolérance . : 573
CORRESPONDANCE.
Monument international de la Réformation 575
A. Lafont. — Au sujet du sacrilège de Vallerargues 575
ILLUSTRATIONS.
Portrait du baron de Schickler, d'après une photographie 48
L'église: de Mouchamps, d'après une .photographie. 54
Le temple de Mouchamps, d'après une photographie 55
RÉDACTION ET ABONNEMENTS
Tout ce qui concerne la rédaction du Bulletin doit être adressé à M. N. Wfiiss, secrétaire de
Société, 54, rue des Saints-Pères, Paris (VIP), qui rendra compte de tout ouvrage intéressant not
histoire, dont deux exemplaires seront déposés à cette adresse. Un seul exemplaire donne droit à
annonce sur cette couverture.
Le Bulletin paraît tous les deux mois, en cahiers in-8» àt 96 pages avec illustrations. On
s'abonne pas pour moins d'une année. Tous les abonnements datent du 1" Janvier et doivent ê'
soldés à cette époque,
Prix de l'abonnement: 10 fr. pour la France, l'Alsace et la Lorraine; — 12 fr. 50 pour l'étta
ger • — 6 fr. pour les pasteurs, instituteurs, etc., de France et des colonies françaises ; 10 fr. po~
les pasteurs de l'étranger. — Prix d'un numéro isolé de l'année courante et de la précédente 2
et pour les autres années, selon leur rareté.
La voie la plus économique et la plus simple pour le payement des abonnements est l'envoi d'
mandat-carte au nom de M. Fischbacher, libraire, rue de Seine, 33, à Paris, ou de M. N. Wc'
secrétaire-trésorier, 54, rue des Saints-Pères, Paris VIIe.
Nous ne saurions trop engager nos lecteurs à éviter tout intermédiare, même celui des lib?aù
Les personnes qui n'ont pas soldé leur abonnement au 15 mars reçoivent une quittance a do
ole, avec augmentation, pour frais de recouvrement, de : 1 fr. pour les départements ; 1 fr. 50
l'étranger.
Ces chiffres sont loin de couvrir les frais qu'exige la présentation des quittances ; T adminisU ati
préfère donc tout ours que les abonnements lui soient soldés spontanément.
FERNAND DE SCH1CKLER
Un grand nombre de nos lecteurs savent déjà quel est le coup
qui a frappé notre Société. Son président, le baron Fernand de
Schickler est décédé presque subitement, à Paris, le mardi 12 oc-
tobre dernier (1). Le jeudi 7 octobre, après une assez longue
absence, il était venu à la Bibliothèque prendre connaissance de
ce qui s'y était passé pendant les vacances et s'entretenir avec le
soussigné. Le surlendemain, une indispositionsubite qu'on croyait
sans gravité immédiate l'avait obligé à s'aliter. Mais quatre jours
plus tard déjà Dieu mettait un terme à ses souffrances en le rap
pelant à Lui. Cette fin si rapide ne pouvait surprendre que eeux
qui étaient accoutumés à le voir sans cesse sur la brèche, avec
un entrain et une ponctualité toujours les mêmes, mais qui igno
raient au prix de quels efforts il parvenait à remplir ses multiples
devoirs.
(1) La dernière livraison du Bulletin étant déjà tirée S
pas été possible d'y faire mention de ce deuil,
ortie date, il n'a
6. Nov.-Dér. 1909.
Il
'.Si FERNAND DE SCIIICKLER
II ne m'appartient, ni de rappeler, ni môme d'indiquer les ser-
vices que M. F. de Sçhickler a rendus en dehors de la Société d'His-
toire. Mais comment oublier sa grande discrétion, son humilité, sa
profonde piété dont M. le pasteur E. Roberty a cité de si touchants
exemples le jour de ses obsèques! C'est bien parce qu'il était
extrêmement exigeant pour lui-même et que jusque tard dans la
nuit il s'astreignait au travail, qu'il fut si indulgent, si large, si
généreux, qu'il laisse des regrets unanimes partout où il a passé.
Certains lui ont fait grief de sa largeur d'esprit et de cœur, de sa
passion pour l'union et la paix dans la sincérité et la liberté de
toutes les convictions. Sa consécration à ce haut idéal de justice
et de vérité a été pour lui une véritable école de renoncement et
de douloureuses expériences ; il a dû apprendre qu'il ne suffit
pas, hélas! de vouloir et de faire le bien pour être compris et
approuvé ! Il a beaucoup souffert dans ces toutes dernières
années et au moment même où il était éprouvé durement dans
ses plus tendres affections. Sans se plaindre il a cherché la
consolation dans un redoublement d'activité qui, à vues humaines,
a hâté sa fin. Il est entré dans son repos, et il jouit maintenant
de cette paix qu'au milieu de nos divisions et de nos luttes il
poursuivait avec une douce obstination et pour laquelle ceux
qui l'ont bien connu et aimé, savent qu'il a donné le meilleur
de lui-même.
N. W.
Études Historiques
LA SAINT-BARTHÉLEMY
Version du duc d'Anjou (1).
Le duc d'Anjou fut élu roi de Pologne le 9 mai 1573 ;
le 28 septembre, il quitta Paris pour Cracovie, où il fut
couronné le 21 février 1574. La chose n'avait pas été
sans difficulté. Charles IX, jaloux des lauriers qu'Henri avait
cueillis à la guerre par la main de Tavannes, redoutant
peut-être les suites de la préférence que Catherine de Mé-
décis affichait pour le duc d'Anjou, avait poussé active-
ment des négociations dont le succès devait éloigner son
frère de la Cour de France. Un habile homme, [Montluc,
évêque de Valence, avait été envoyé à Varsovie pour sou-
tenir la candidature française, laquelle rencontrait des
hostilités fort vives : on représentait le duc d'Anjou
comme un catholique fanatique, instrument docile dans
la main de la Cour de Rome, et la Saint- Barthélémy
était venue apporter aux adversaires d'Henri un argu
ment terrible. « Les rivaux de la France, disait Mon I lin
au Conseil du Roi, mettoient tout en œuvre pour rendre
le duc d'Anjou odieux aux Grands d<> Pologne à l'occa-
sion du massacre de Paris qu'ils dis oie ni avoir été liii
de dessein prémédité (2) . »
(1) La plus grande partie de ce travail a été publiée par la Rewa
le 15 août 1908, mais avec une ordonnance différente de celle que l'auteur
avait conçue, et qui est rétablie ici. Deux documents Importants, L'arrêt du
29 janvier 1566 <i"i reconnail Coligny innocent du meurtre de Françoli de
Guise, el. La lettre adressée !<• 28 aoûl 1572 par Charles LX I I< lu de v
seigneur cl, baron de La Valette, ont été publiés dans son numéro de juillel 1909
parla Revue historique, ils on! repris Loi leur place, dans les notée
(2) De Thon, Histoire universelle» Trad. frM Londres, 1734,1a Vlt,p I
ÉTUDES HISTORIQUES
Cet événement avait, en effet, sans acception de par-
tis, été condamné en Pologne, où la tolérance religieuse
était généralement pratiquée. Lorsque, en avril 1573,
s'était ouvert en plein air, aux portes de Varsovie, l'as-
semblée des seigneurs où devaient être discutées les can-
didatures au trône, les gentilshommes protestants avaient
demandé que des garanties leur fussent données pour leur
sûreté pendant les délibérations. Mais les gentilshommes
catholiques s'étaient indignés. Ils avaient protesté « qu'ils
mourraient tous plustost qu'endurer qu'il y eust jamais
guerre en Pologne pour la religion (1) ». Montluc rendit
nécessairement compte à la Cour de France de ce grave
incident : dès janvier 1573 ce peu scrupuleux diplomate
avait écrit à Charles IX : « Si vous pouviez faire ou con-
trefaire un édit contenant que vous n'entendez pas qu'au-
cun soit forcé de sa conscience en votre royaume, cela
servirait de beaucoup. Si vous avez l'intention contraire,
vous le pourriez adresser aux gouverneurs seulement qui
en useraient puis après comme vous le leur vouldriez
commander (2). »
Dans son discours devant la Diète de Varsovie, Mont-
luc, en soutenant la candidature du duc d'Anjou, avait
observé un silence prudent sur le rôle actif joué par
celui-ci dans les guerres civiles. Il avait loué ses talents
militaires, mais il n'avait nommé ni Jarnac ni Moncontour.
Il avait fait l'éloge de la paix civile : « C'est cette union
et concorde », avait-il dit, « qui a si longuement défendu
et conservé vos maisons, vos femmes, vos enfants, la
dignité et la gloire souveraine de vostre nom. Que si
d'aventure par quelque sinistre destinée elle se départoit
d'avec vous, incontinent la discorde se mettroit en son
lieu, qui tousjours est contraire et ennemie de repos, de
paix et de toute félicité, et, comme elle est coustumière de
renverser ce dessus dessous des maisons excellentes, des
citez opulentes, des choses publiques très puissantes et des
vl) Mémoires de l'Estat de Francesous Charles Neufiesme, 1576-77, t. II, p. 360.
(2) Bibl. nat. ms. coll. Colbert, 338 (Cité par le marquis de Noailles :
Henri de Valois et la Pologne en 1575, t. II, p. 130, note).
ÉTUDES HISTORIQUES
487
Royaumes très florissants, aussi vous jetteroit-elle divisez
en diverses factions à prendre les armes pour les convertir
contre vos propres entrailles, à vous faire entretuer les
uns les autres, à commettre toutes sortes de meschancetez,
et bref, à la subversion et destruction entière de tout
vostre Estât (1). »
Le mêmeMontluc, adressant aux Polonais une défense
imprimée contre ceux qui avaient, disait-il, calomnié le
duc d'Anjou, jugeait habile de terminer par ces mots :
« Retenez donc le duc d'Anjou pour protecteur et compa-
gnon à maintenir votre Estât. Et avant que le recevoir,
donnez ordre de le faire obliger par promesses, serment
solennel, et tous autres moyens de vous maintenir en vos
libertez et franchises (2) , » C'était faire la part du feu et allor
habilementau devant d'une exigence dont on savait qu'elle
serait produite. Montluc réussit, moins par les mérites
personnels de son candidat qu'à cause des graves objec-
tions auxquelles les autres candidatures donnaient prise.
Le duc d'Anjou fut donc élu roi des Polonais et des Lithua-
niens; l'élection était soumise à cette condition que
le roi, avant d'être couronné, s'engagerait par serment à
respecter la liberté des cultes. Voici les termes énergiques
de ce serment, qu'il dut prêter deux fois, une fois entre
les mains des ambassadeurs polonais qui portèrent à
Paris le décret de l'électionet une seconde lois à Cracovie,
préalablement à son couronnement : Pacem inter dissi-
dentes de religtone tuebor et manutenebo 3 .
(1) Premier discours de Montluc. Traduction des Uémoireë <lc V Estai de
France sous Charles IX, II, 3('»<S.
(2) Ibid., p. 189.
(3) Celait une sorte d'axiome au xvr siècle que l imité de la religion est un
élément essentiel d'ordre public, el que le <lr«>ii pour I.' souverain .1 imposer
la sienne à ses sujets est un des attributs <l<' la souveraineté : Ulud i
noslrum firmum maneat : unam religionem m uno régna tentri [ittStfl I ips<
De una relU/ione liber). J. B. Agneau Itérai. pivsidenl au Parlement do Bour-
gogne, publiait un libelle intitule : Remontrances /
les députez des trois Estais de son Duché de Bourgogne sur l'edicl de i<i poci
ficalion, par où se monstre qu'en un Royaume deux rêUgSeMM Ht M ptl I
soutenir et les maulx oui ordinairement advionneni au* Roue n urm mern H
les hérétiques sont tolérez. AHV6M, 1561 et ToulOUM, 1868 la principal*
cause de la deuxième guerre civile lui que le connétable de MonUnorencj
déclara officiellement ô Condé, de la pari .lu roi, que jamaii
•488
ÉTUDES HISTORIQUES
Traversant les pays allemands pour gagner son
royaume, Henri, universellement considéré comme un
des principaux fauteurs de la Saint-Barthélemy, avait ren-
contré, au milieu des honneurs qui partout lui était ren-
dus, des blâmes à peine dissimulés, parfois même de
véhéments reproches. De somptueux banquets lui étaient
offerts, mais sur les murs de la salle on accrochait des
tableaux représentant les horreurs du massacre; dans les
belles chambres, aux lambris dorés, préparées à son
sommeil, dans les galeries qu'on lui faisait visiter, par-
tout son regard se heurtait à des portraits de l'Amiral
Coligny, à ces images qui venaient d'être condamnées par
le Parlement de Paris, dans son arrêt du 29 octobre 1572 :
« Toutes les pourtraictures dudit de Goligni, soit en
bosse, ou peinture, ou tableaux, ou autres, en quelque
lieu qu'ils soient, seront rasez, cassez, rompus et lacé-
rez. »
Le nouveau roi comprit qu'avant même qu'il arrivât
à Cracovie, il était nécessaire qu'il cherchât à dégager sa
responsabilité de l'acte qui soulevait ainsi l'indignation
du Nord de l'Europe.
A son entrée en Pologne, à Miedzéricz, il fut compli-
menté par l'Evêque de Cujavie au nom du Sénat et de
la noblesse. Pibrac répondit en son nom. Entre autres
choses il dit : « Qu'ayant appris dès son enfance à préfé-
rer la piété et la religion à tout, le roi de Pologne auroit
fort souhaité de trouver tout le monde d'accord sur cet
article; qu'en attendant un si grand bien, l'amour de la
paix et de la tranquillité, l'expérience qu'il voit par lui-
même et par les autres des maux et des calamités qu'en-
traîne après elle la guerre civile, l'engageoient à les
exhorter tous à se joindre à lui pour empêcher que l'union
rerait deux religions dans le royaume (voir plus loin la note 4). Il n'y a pas
de doute que le serment exigé de lui parut très pénible à Henri d'Anjou, si
pénible qu'à Cracovie il chercha à l'éluder, de complicité avec l'archevêque
qui présidait la cérémonie. Mais des Grands s'aperçurent de la substitution
au texte ancien du texte nouveau. Ils réclamèrent à grands cris. La cérémonie
fut suspendue. Quand elle eut été reprise, l'archevêque ne put poser la cou-
ronne sur la tête d'Henri qu'après que celui-ci eût prêté le serment dans les
termes que je cite.
ÉTUDES HISTORIQUES
489
des cœurs, et la sûreté de l'Etat qui en dépend, soient
altérées (1) ».
C'est évidemment sous l'empire des mêmes préoccupa-
tions que fut rédigé en latin, imprimé en Cracovie, chez
le même imprimeur, dans le même format, et avec les
mêmes caractères que l'avaient été les deux discours de
Montluc en faveur du duc d'Anjou, un opuscule intitulé :
VER A ET BRE
VIS DESCRIPTIO
TVMVLTVS POSTREMI
GALLICI LVTETIAN1, IN
quo occidit ADMIrallius cum alijs non
paucis, ab origine, sine cuiusquan
iniuria facta
CRACOVIE.
In Oflicina NIcolai Scharffenbergij
Anno Dni M. D. LXXIII.
C'est un petit in-quarto de huit feuillets, y compris
celui du titre, sans pagination (2). Quel en fut le rédacteur?
Parmi ses familiers Henri d'Anjou n'avait que rembarras
du choix : Montluc, Pibrac, Lansac... Plusieurs indices,
particulièrement des traits communs à la Vera descriptio
et à la Defensio Montliicii contra qùorumdam calumnias,
donnent à penser qu'ici encore ce fut Montluc qui tint la
plume. Mais, en lisant, l'on acquiert la certitude que pas
un mot ne fut écrit qu'Henri d'Anjou n'eût préalablement
approuvé.
Pendant longtemps, lorsque les historiens de la
Saint-Barthélemy ont invoqué le témoignage d'Henri d'An-
jou, l'usage a été de citer un document à propos duquel il
est nécessaire que j'entre dans quelque détail.
Cinquante et un ans après la Saint-Barthélemy, trente-
quatre ans après la mort de Henri III, en 1623, du Mesnil-
(1) De Thou, VJI, 30.
(2) Le dernier Feuillet est blanc
490
ÉTUDES HISTORIQUES
Bazire, avocat du Roi, conseiller en sa Chambre des aides
à Rouen, publia dans la Suite des mémoires de Villeroy un
document intitulé : Discours du Roy H enri troisiesme à un
personnage d'honneur et de qualité estant auprès de Sa
Majesté. Dans la nuit qui précéda son couronnement à
Cracovie comme roi de Pologne, le duc d'Anjou, » l'en-
tendement troublé d'inquiétudes et d'agitation en repensant
à l'exécution de la Saint-Barthélemy », avait appelé un
de ceux de sa cour, quelques-uns disent son médecin
Miron (1), et lui avait fait ce récit du tragique événement.
Ce récit, d'une publication si tardive, eut, sans doute à
défaut d'autres documents, la bonne fortune de capter l'at-
tention des historiens. « Nous considérons, dit Henri
Martin, la confession d'Henri 1TI comme le document
capital sur la Saint-Barthélemy , celui autour duquel il faut
grouper tous les autres. » Michelet hésite d'abord, puis il
acquiesce : Dans un récit très vraisemblable attribué
au duc d'Anjou... Ce qui me prouve que le récit attribué
au duc d'Anjou est vraiment de lui ou d'un homme à lui,
c'est qu'à ce moment il dissimule la situation honteuse où
se trouvèrent les coupables (lui, sa mère et Retz)... »
L'argument est aussi bon en faveur de ceux qui pensent
que c'est sous l'inspiration de Retz que le récit a été écrit.
Enfin, nettement : « Nous allâmes, dit le duc d'An-
jou.. . (2) »
Il existe plusieurs manuscrits du Discours a un person-
nage d'honneur. Le plus ancien connu (je crois que c'est
celui que je possède) ne remonte pas au delà des premières
années du xvne siècle.
En 1879, dans son livre : La Saint-Barthélemy et la
critique moderne (3) — ouvrage qui a eu le très appréciable
honneur de modifier l'opinion de M. Alfred Maury (4) —
M. Henri Bordier soutint que ce Discours n'a jamais été
(1) M. Miron de l'Espinay ne dit pas un mot de cette légende dans le livre
qu'il a consacré à François Miron, le prévôt des marchands, et où il ne laisse
pas de parler de son grand-oncle, le médecin d'Henri 111.
(2) Michelet, Histoire de France, t. ix.
(3) Genève et Paris, 1879, in-4" de 116 p.
(4) Journal des Savants, mars 1880.
ÉTUDES HISTORIQUES
491
prononcé par Henri d'Anjou, qu'il a été fabriqué longtemps
après les événements qu'il expose, dans le dessein visible
de servir la famille de Gondi en allégeant la lourde
responsabilité qui, du fait de ces événements, pesait sur
la mémoire d'Albert de Gondi, maréchal de Retz (1). La
lecture attentive du document confirme ces conclusions.
Én les combattant, M. Loiseleur (2) reproche à M. Bordier
de s'être trompé sur la date de la publication du Discours
d'Henri III. Il est vrai que ce discours a été publié pourla
première fois, non pascomme le croyait M. Bordier, en 1631
dans Y Histoire de France de Pierre Matthieu, mais, comme
nous l'avons dit, en 1623, par du Mesnil-Bazire. Pierre Mat-
thieu avaitécritce passage de son histoire avantlapublication
de 1623, puisqu'il est mort en 1621. C'est donc lui, bien
probablement, qui a communiqué le Discours à du Mesnil
Bazire. D'ailleurs ce qui importe ce n'est pas qui l'a publié,
mais quand il a été rédigé, et ce qu'il contient. Si vraiment,
dans cette nuit dramatique qui précéda son couronnement,
la nuit du 20 au 21 février 1574, le roi de Pologne, « l'en-
tendement troublé d'inquiétudes et d'agitation en repen-
sant à l'exécution de la Saint-Barthélemy, » dicta ce récit
à son confident six mois après les événements qu'il relate,
comment expliquer qu'il n'ait été produit au jour qu'en
1623, après un nouveau délaide quarante-neuf ans, trente-
quatre ans après la mort de son soi-disant auteur? Et quant
au contenu de cette relation, si elle était de la façon
d'Henri, duc d'Anjou, elle dénoterait chez lui une inin-
telligence et une maladresse que ses pires ennemis ne lui
ont jamais reprochées. Nous allons montrer quelle fut en
réalité son apologie ; mais ici, non seulement il ne
s'excuse pas, mais il s'accuse, si bien qu'à l'hypothèse si
vraisemblable de M. Bordier que le Discours à un homme
d'honneur a été rédigé en faveur de Gondi, Ton peut
(1) « On disoit que Charles IX a voit appris d'estre ain.sy dissimulateur de
son grand lavory Albert Gondy, qui estait un florentin fin. caul et trinquât,
corrompu, grand menteur et, dissimulateur » (Brantôme, EdU. tic la Société
de l'histoire de France, t. v, p. 283).
(2) Trois énigmes historiques : \es ?iouvellcs cont ro vers es sur la Saint-liar-
thélemy. Paris 1882, in-12.
492
ÉTUDES IIISTORIQU ES
ajouter qu'il l'a été aux dépens d'Henri d'Anjou.
L'auteur lui impute les déclarations les plus compromet-
tante, les confessions à la fois les plus accablantes et les
plus inutiles.
Dès le début, le roi de Pologne raconte que, « bien
peu devant la Saint-Barthélemy », il trouva un jour le roi
fort en colère, et que celui-ci mit même la main sur la
garde de son poignard en regardant son frère d'un air
furieux. « Du pas je m'en allay trouver la Royne ma
mère... Nous demeurasmes l'un et l'autre aysément per-
suadez et comme certains que l'Amiral estoit celuy qui avoit
imprimé au Roy quelque mauvoise et sinistre opinion de
nous; et résolusmes dès lors de nous en de ff aire et d'en
rechercher les moiens avec Madame de Nemours » (la
veuve de François de Guise). Ils s'adressèrent d'abord à
un spadassin qui leur parut « trop esservelé et évanté; »
puis s'avisèrent de se servir de « Montravel comme
d'un instrument plus propre et déjà praticqué et expéri-
menté à l'assassinat que devant il avait commis en la
personne de feu Mouy (1)... Asseuré qu'il fust d'une
bonne récompense, et de l'appuy et support qu'il pouvoit
espérer de nous, etencores conforté de tout ce que nous
pensions servir à l'encourager et fortifier davantage à
l'entreprendre asseurément (c' est-à-dire sans risques) nous
le laissasmes, comme on dict, aller sur sa foy tirer
le coup d'arquebuse... »
(1) Rappelons que ce Montravel, ou plutôt Maure vert, était communément
appelé « le tueur du roy » (Brantôme), et que lorsqu'il eut assassiné l'un des
principaux capitaines huguenots, Claude de Vaudray, sieur de Mouy, dont il
s'était fait l'ami, et dont il était le commensal et l'obligé, Charles IX adressa
à son frère, le duc d'Alençon, la lettre suivante : « Mon frère, pour le signalé
service que m'a fait Charles de Louvier, sieur de Monreveil, présent porteur,
estant celuy qui a tué Mouy de la façon qu'il vous dira, je vous prie, mon
frère, lui bailler de ma part le collier de mon ordre, ayant été choisy et esleu
par les frères compaignons dudict ordre pour y estre associé ; et faire en
sorte qu'il soyt, par les manans et habitans de ma bonne ville de Paris,
grattifyé de quelque honneste présent selon ses mérites, pryant Dieu, mon
frère, qu'il vous tienne en sa sainte et digne garde. Escript au Plessis-les-
Tours, le 10e jour d'octobre mil cinq cens soixante neuf. Votre bon frère :
Charles. » De même, trois ans plus tard, Besme, qui tua Coligny, reçut en
récompense une grosse somme d'argent du roi d'Espagne. (Dépêche de l'am-
bassadeur Petrucci au grand duc de Toscane, 15 septembre 1072. Abel Desjar-
din, Négociations avec La Toscane, 111, 338.)
ÉTUDES HISTORIQUES
La mort de Coligny est évidemment due à d'autres
motifs que ceux qui sont ici allégués ; il ne fut pas assa-
siné uniquement parce qu'on le soupçonnait d'avoir
indisposé Charles IX contre Henry et Catherine (1),
Cependant on comprendrait qu'un narrateur eût été induit
en erreur sur ce point. Ce que l'on ne comprendrait pas,
ce qui semble inadmissible, c'est que ce soit Henri qui,
pour un tel grief, se charge d'un tel crime, et précise ainsi
une culpabilité qui jusqu'à son aveu restait dans une
obscurité favorable.
Continuons notre analyse du Discours : celui-ci
étant présenté comme un fragment auto-biographique,
la suite semblera plus surprenante encore. Le duc
d'Anjou a donc envoyé Maurevert « tirer le coup d'arque-
buse». Maurevert s'est montré maladroit. L'amiral a été
seulement blessé. Charles IX va le voir. Sa mère et son
frère d'Anjou accompagnent le roi. « Le roy et nous don-
nasmes à l'Amiral bon espoir deguérison, l'assurant que
nous luy ferions faire bonne justice de celui ou ceulx qui
l'avaient ainsi blessé et de tous les autheurs et participans » .
Revenant de cette visite, d'Anjou examine la situation
avec sa mère : « J'eus bien martel en tête », dit-il, « et elle
aussi de son costé, et ne fust pour lors pris autre délibé-
ration que de faire, par quelque moien que ce fust despe^cher
(c'est-à-dire assassiner) l'amiral ». Catherine et lui font
venir Nevers, etTavannes, etGoridi, etBirague,mais seu
lement pour avoir leur avis sur les moyens d'exécution de
la chose laquelle nous avions desjà arrestée, la Rot/ne et
moy. Puis viennent les efforts pour décider le roi Char-
lesIX. Ainsi l'homme qui avait armé le bras du meurtrier,
(1) Le loi dut intervenir, car Maurevert a déclaré lui-même qu'il
avait agi « du consentement du roy ». 11 n'y a aucune raison pour ne pas
acceptèr ici le témoignage de Pierre Fayet, grenier d'Estampes, qui écrit dans
son journal du 22 août 1572 : « Le vingt deuxièsnie du dit mois, messire
(îaspard deColigny, admirai de France, fut Messe au bras d'un coup d arque
buse par Maurevert, gentilhomme de brie, lequel, du despuis, me diet. en la
ville de Salluces, l'avoir faief du consentement du roy : ce qu'il n'eus! jamais
faict n'eust esté qu'il avoit. tue Monsieur de Mouy. » ■.Journal historique de
Pierre Fayet sur les troubles de la Ligue, Tours. 1 S ; i J , In 12, pp. 2 3 Mail
revert n'évita pas d'ailleurs la vengeance qu'il redoutait; il fui lue de tamaio
du lils de Mouy.
494
ÉTUDES HISTORIQUES
qui se préparait à achever la victime, allait visiter cette
victime pour lui souhaiter guérison et lui promettre
justice. Cela est odieux ; cela est monstrueux; et cela est
en grande partie vrai; mais, encore un coup, on ne dit
dit pas de telles choses de soi-même. Gomment! Il y a
deux jours qu'Henri est arrivé à Cracovie ; il est roi d'une
nation en partie protestante, tout entière tolérante ;
demain matin, dimanche, il va être couronné et prêter
le serment dont j'ai donné plus haut la formule : et c'est
le moment qu'il choisit pour une semblable confession,
faite sans doute pour être connue, qui en tous cas peut
être connue, et qui semble calculée pour soulever contre
lui l'indignation de son nouveau peuple ! Cela est impos-
sible. Le Discours d'Henri troisiësme à un personnage
d'honneur (et ce titre même, qui fait partie de l'ouvrage,
est une preuve que celui-ci ne fut écrit qu'après la mort
de Charles IX, puisqu'auparavant Henri d'Anjou n'était
pas Henri III) a été faussement mis dans la bouche du roi
de Pologne, probablement par quelqu'un qui avait intérêt
aie charger pour se décharger soi-même. Les considéra-
tions que nous avons faitvaloir s'ajoutent à celles présentées
par M. Bordier pour ruiner l'authenticité du document.
Déjà, pour M. Alfred Maury, il avait « perdu presque
toute valeur (1). » Nous croyons qu'il ne lui en restera
aucune lorsque Ton connaîtra la version véritable du duc
d'Anjou sur la Saint-Barthélemy.
Son langage en effet, lorsqu'il parla lui-même, ou fit
parler pour lui, fut bien différent de celui qui lui est si
malencontreusement prêté dans le Discours. Pour conter
la Saint-Barthélemy, il eut soin de remonter à l'origine des
guerres civiles, de présenter de celles-ci un sommaire, ou
les torts, habilement répartis entre les Guises et les Hugue-
nots, ne semblaient jamais être du côté de la royauté, où sa
propre personnalité était exaltée, où l'événement du
24 août n'était plus que l'aboutissant malheureux de longs
troubles, un désordre des rues (tumultus), dû d'abord au
(1) Journal des Savants, loc. cit., p. 161.
ÉTUDES HISTORIQUES
495
hasard d'une rencontre entre deux partis fort animés,
ensuite à un mouvement populaire auquel en tous cas il
était resté, lui, Henri, absolument étranger. Tel est le
résumé de la Vera et brevis Descriptio. Qu'on le compare
à celui quenous avons donné du Discours; on reconnaîtra
sans peine quelle a dû nécessairemeut être la version du
roi de Pologne .
De ce qu'Henri d'Anjou fut l'auteur, ou l'inspirateur,
de notre opuscule, il ne faudrait d'ailleurs pas conclure
que cette descriptio, qui est brevis, comme l'annonce son
titre, mérite également son épithète de vera. En ce qui
concerne spécialement la Saint-Barthélemy, les récits pré-
sentés par ceux qui y ont été personnellement mêlés sont
forcément suspects.
La royauté, par exemple, au début, dans le premier
enivrement des violences réussies, leva la tête ; elle reven-
diqua la responsablité du sang versé. La Cour de France
recevait des puissances catholiques des félicitations
enthousiastes et les acceptait. Charles I X déclarait fière-
ment au Parlement de Paris que tout ce qui avait été
accompli l'avait été par son ordre. Mais, très vite, l'on
s'aperçut que cette arrogante franchise nuisait à la bonne
renommée de la France et compromettait sa politique
extérieure. L'attitude se modifia de tout point et le subtil
Pibrac se chargea de faire cadrer les faits avec les nou-
velles tendances de la Cour, Si donc on lit sa célèbre
épitre : Ornatissimi cujusdam viri de Rébus Gallicis ad
Stanislaum Elvidium Epistola, ou encore la Lettre de
Pierre Charpentier, jurisconsulte, dont Charles IX lui-
même prenait la peine d'envoyer des exemplaires à son
ambassadeur à Londres (1), ce que l'on devra y chercher,
ce n'est pas la vérité historique, c'est ce que, en décem-
(1) Lettre du roi à, M. de la Mothc Fénelon, le 3 décembre 1572 : r Monsieur
de la Mothc, je vous envoyé une douzaine de livres d'une espitre faiele par
Carpenticr que je désire qui soit secrètement publiée et faicte courir de main
en main, sans que l'on saielie que cola vienne de vous ny de moy ; mais que
l'on dye et croye qu'elle a esté imprimée en Allemagne, .le vous y en envoya»-
rai d'ici à quelque temps, qui seront eu françois, dont il faudra que t ien s
de mesme. Charles. » (Correspondance diplomatique de Berhnind de Salignac
de la Mothe Fénelon , t. VII, p. 102).
496
ÉTUDES HISTORIQUES
bre 1572, la Cour de France désirait que l'on pensai et
que l'on dît delà Saint-Barthélemy.
Tavannes a été un des acteurs de premier rang, le
23 août dans la délibération, le 24 dans l'exécution. Mais
dans ses Mémoires, (1), combien son rôle est efïacé! C'est
de Sauve et de Retz qui avertissent la reine-mère des
fâcheuses dispositions du roi; quand, après l'entrevue de
Montpipeau, Catherine se retire à Monceaux, et que
Charles IX vient l'y rejoindre, Tavannes est présent, mais
il ne dit mot; c'est encore de Sauve qui prend la parole;
Catherine est nettement accusée de s'être moins occupée
de l'Estat de France que de sa propre domination et des
intérêts du duc d'Anjou (2) ; Tavannes a blâmé Maurevert
de l'assassinat de Mouy ; il ne l'a agréé pour assassiner
l'Amiral que par « commandement de la Royne » ; après
la blessure de Coligny, c'est la Reine et de Retz qui
mettent sa Majesté en colère contre les huguenots, luy
font croire avoir « sceu une entreprise des huguenots
contre luy ».. Tavannes a accompagné Charles IX dans
sa visite à Coligny le 23 août (3) ; cependant il ignore cette
visite; il dit que « le roy envoie visiter l'amiral blécé ».
Quand le massacre commence, Tavannes n'apparaît que
pour sauver La Neuville, Rethunes, Rugnac, le maré-
chal de Riron, « soupçonné sans subject de favoriser les
huguenots ». Le pillage est horrible : « le seul sieur de
Tavannes a les mains nettes ». Il se présente cependant
une occasion oû Tavannes se départ de cette extrême
modestie. Dansle Conseil du Roy, l'on aproposé de mettre
à mort Navarre et Condé. Lui seul s'y est opposé. A lui
seul, ila amené le Conseil et le roi à des résolutions plus
sages. 11 a fait observer « que le roi de Navarre et le
prince de Condé estoient du sang de France qu'il falloit
(1) Ecrits par son fils.
(2) Voici le passage : « La royne juge qu'il n"y alloit seulement de l'Estat
de France, mais de ce qui luy estoit plus proche, du gouvernement d'icelle,
de la renvoyer à Florence, et du danger de M. d'Anjou; elle résout avec deux
conseillers » (Tavannes n'était-il pas l'un des deux? Il ne l'avoue pas!) « et
M. d'Anjou la mort de l'amiral ».
(3) De Thou, VI, 387.
ÉTUDES HISTORIQUES
497
espargner et respecter; qu'ils estoient jeunes et qu'on leur
pouvoit donner des serviteurs qui leur feroient changer
de religion et d'opinion. De ce seul advis et de cette
seule voix du sieur de Tavannes, ce grand roy Henri
quatriesme, régnant aujourd'hui, et le feu prince de Condé
tiennent la vie ». Voilà donc ce que Tavannes désirait
que son fils racontât. Mais qui pensera connaître, sur
ce seul récit, la part que prit Tavannes soit dans la pré-
paration, soit dans l'exécution, du massacre? Chacun en
croira plus volontiers l'ambassadeur vénitien, Jean Mi-
chiel, lequel dit dans sa relation au Sénat : « On chargea
le maréchal de Tavannes et Nevers, regardés comme très
sûrs et ennemis acharnés des huguenots (J), de tuer
M. de Larochefoucauld et les autres chefs (2) ».
C'est de même que le soi-disant Discours d'Henri troi-
siesyne a été écrit principalement en vue de produire cette
affirmation audacieuse que Gondi, dans le Conseil du roi,
s'était opposé au sanguinaire projet. Les preuves du con-
traire sont surabondantes. Nous venons de citer Ta-
vannes, et Brantôme voit en Gondi « le premier et prin-
cipal autheur et conseiller du fait (3) ». L'intérêt du men-
songe est ici de montrer comment, peu de temps après la
Saint-Barthélemy, les plus compromis s'efforçaient à l'envi
de se dégager.
Le duc de Montpensier fut un de ceux qui mirent le
plus d'entrain dans les tueries. « Qu'il n'en échappe pas
un », criait-il par les rues. Mais qu'on lise sa vie par
Nicolas Coustureau, « Conseiller d'estat des Roys Charles IX
et Henri III » (4). La Saint-Barthélemy est a peu près
passée sous silence, et de la part que le duc y prit, pas un mot.
On peut faire une remarque analogue sur les Mémoires du
duc de Nevers.
C'est de môme qu'Henri d'Anjou a dicté ces pages,
(1) Tenuti confèclentissiini e inimicissitni degli Ugonotti.
(2) Avec une grâce aimable, l'ambassadeur ajoute, s 'adressant au Doge
« Si je donne ces détails, c'est qu'il me semble que voire sérénité doit les
entendre avec plaisir ».
(3) Brantôme, IV, 301.
(4) Rouen, 1645, I vol. in-4°.
ÉTUDES HISTORIQUES
où son rôle est celui d'un défenseur des droits de la
royauté, se retirant noblement de la lutte dès qu'elle
n'est plus à armes égales. Chercher dans un tel récit
la vérité historique serait une naïveté ; la Vera et
brcvis descripiio n'a que la valeur d'un plaidoyer royal.
Le père Gritïet, dans ses observations sur F Histoire
de France de Daniel, dit avec force et justesse, en par-
lant de tous ces narrateurs du massacre : « Comme ils
n'en étaient mieux instruits que les autres que parce qu'ils
en étaient coupables, il semble que, plus ils avaient de
connaissance de tout ce qui s'était passé, moins on doit
ajouter foi à leurs témoignages (1) ».
Henri Martin, après avoir dit l'importance qu'il attache
'bien à tort; au Discours d'Henri III à un personnage
cl honneur, ajoute : «Nous regrettons de n'avoir pu comparer
le Discours de Henri HT avec une pièce latine publiée à
Cracovie, vers la lin de 1573, par ordre, dit-on, de Henri
lui-même (Vera et brevis Descriptio lu /nuit us postremi
Gallici Lutetianï), document rare, dont nous ne connais-
sons que le titre (2) ». C'est la pièce qui fait l'objet du pré-
sent travail et l'on va donc pouvoir faire la comparaison
souhaitée par Henri Martin. Lorsque celui-ci publia son
Histoire, la pièce existait à la Bibliothèque nationale.
Mais, perdue qu'elle était dans un recueil, elle n'avait pas
été individuellement cataloguée. Elle l'est aujourd'hui :
8°Lb 33 3/3. Mais elle n'a pas été sérieusement utili-
sée. M. le Mis de Xoailles, qui la cite dans son livre :
Henri de Valois et la Pologne de 1572, ne lui consacre que
quelques lignes, et n'en a évidemment pas saisi l'importance.
J'ai fait de cette version de la Saint-Barthélémy, que
j'attribue à l'inspiration directe du duc d'Anjou, la traduc-
tion qu'on va lire et que je ferai suivre de notes en guise
de commentaires ou de rectifications.
(1) Cité par Leber. Collection de pièces relal ces à l'histoire île France
t. XVIII, p. 32.
(2 Henri .Martin, Histoire de France, t. IX. p. 309. note.
ÉTUDES HISTORIQUES
499
RÉCIT YÉRIBIQUE. SOMMAIRE ET IMPARTIAL, DEPITS L ORIGINE, DU DÉSORDRE
OUI S'EST PRODUIT RÉCEMMENT A PARIS ET OU PÉRIRENT L AMIRAL
ET NOMBRE D'AUTRES PERSONNE-.
Personne n'ignore quelles furent l'occasion et la cause de la
première guerre civile. 11 s'agissait de la tutelle des fils de
France, que revendiquaient de puissantes familles. Nous ne
nous étendrons pas sur ce sujet I 1). Voici ce qui détermina la
seconde guerre. La charge de connétable est dans le royaume de
France la première dignité : elle met aux mains de son titulaire
toute la puissance militaire. Le prince de Condé Dux Condœus)
y aspirait. La fortune semblait favoriser ses efforts. Mais le car-
dinal de Lorraine était désireuxde réfrénerles desseins du prince,
et résolut de l'éloigner de son but par des voies détournées. Il prit
les dehors de la sympathie, de l'amitié; il offrit son concours; en
même temps il conduisait l'affaire de manière à persuader au duc
d'Anjou que la prétention du prince de Condé était une menace
pour son autorité à lui. d'Anjou; qu'étant en France le premier
après le roi. c'était à lui, non à Condé, qu'il appartenait de com-
mander l'armée, et qu'il ne devait pas supporter que Condé en
usurpât l'honneur. Par cet artifice, il irrita d'Anjou contre Condé,
et les projets de celui-ci vinrent se briser contre l'opposition de
celui-là. Condé, qui tenait le succès pour acquis, et se voyait,
pour ainsi dire, enlever le morceau de la gorge, fut enflammé de
colère : ruminant les moyens de tirer vengeance de cette humi-
liation et de cette duperie, il se retira de la Cour (II).
Peu de temps après, en 1567, le jour de la Saint-Michel,
comme le roi était à Meaux. une embûche fut dressée par Conde.
où Charles IX fut sur le point d'être pris, et l'eût été sans l'héroïque
bravoure des Suisses. L'idée de Condé était de faire prisonniers
le roi et ses frères, puis de tuer tous les Guises : il toucherait
alors au pouvoir suprême. Pour bien comprendre que ce ne fut
pas là un plan improvisé au hasard, mais une véritable conspira-
tion, méditée, machinée, ayant de nombreux complices, il faut
savoirque ce jour-là même les huguenots envahirent plusieurs cités
dont ils se rendirent les maitivs. Condé. voyant ses ambitions
désormais connues, ivre d'orgueil à la nouvelle des villes occu-
pées par ses partisans, élève son àme vers des entreprises plus
hautes. Sans retard, il s'établit à Saint-Denis avec l'amiral Gas-
pard Coligny, lève des troupes et s'attaque à Paris. Pendant un
mois et demi, Paris est assiégé. Pour donner à la guerre qu'il
commence l'apparence d'une juste cause, pour attirer à lui. en le
(il Les chiffres entre parenthèses et en caractères romains renvoient rai
notes.
500
ÉTUDES HISTORIQUES
détournant de l'obéissance due au roi, le bas peuple qui se laisse
toujours prendre à l'appât d'une liberté immodérée, Condé
publie que ce n'est nullement la religion qui lui a mis les armes
à la main; son objet est de délivrer les citoyens de charges into-
lérables, d'impôts énormes et injustes; d'instituer une adminis-
tration meilleure, plus secourable; de rendre à tous la liberté
qu'opprime la tyrannie de quelques-uns. Il en dit bien d'autres,
multipliant ces incitations qui si aisément s'insinuent dans l'es-
prit de la multitude éprise de liberté. Il avertit le roi que si la
chose publique lui est chère, il faut qu'il le prouve par ses actes,
qu'il supprime les impôts excessifs; qu'il lui confie, à lui Condé,
la haute administration du royaume : qu'il relègue le duc d'Anjou
en Aquitaine; qu'il écarte de sa cour tous les Guises, fauteurs de
troubles et factieux : voyez le reste dans l'Histoire de France
récemment éditée à Genève (III).
Le Roi, en présence de ce siège si témérairement, si auda-
cieusement entrepris, en présence de ces propositions outra <
géantes, en présence de ces hommes si prêts au combat, si étran-
gers à tout souci de la paix et du repos public, ulcéré qu'aux yeux
de l'univers des sujets osassent recourir à la violence et prendre
les armes contre lui, le Roi laissa enfin échapper sa colère. Con-
traint d'opposer la force à la force, il se dressa contre ses
ennemis, les battit le jour de Ja Saint-Martin, et les chassa des
abords de Paris. Peu après cette défaite, Condé et l'Amiral
reçurent par la Lorraine des renforts d'Allemagne, et mirent le
siège devant Chartres. Le Roi, dont le seul désir était de pacifier
le royaume, ne négligea aucun effort pour mettre un terme à
cette lutte et rentrer dans une ère de repos et cle tranquillité. Ses
soins furent couronnés de succès; on s'entendit sur les condi-
tions d'un accord; la paix fut faite; les griefs furent oubliés; tout
bruit de guerre s'apaisa : on était au mois de mars 1568 (IV).
Le prince de Condé ne se tint pas tranquille longtemps. Agité
de nouveaux soupçons, irrité par les artifices du cardinal de Lor-
raine, que le Roi lui-même supportait malaisément, il quitta au
mois d'août, en compagnie de l'Amiral et d'autres chevaliers, le
château de Noyers (V), traversa la Loire et arriva à la Rochelle,
qui l'accueillit. Cette ville dès lors refusait, comme aujourd'hui
encore elle refuse, de laisser mettre en garnison chez elle. Condé
s'empare rapidement de quelques autres cités, et les livre au pil-
lage. D'Angers, et d'une grande partie du Poitou, il enlève un
butin qu'il envoie vendre en Angleterre. Sur l'ordre du roi (VI), le
duc d'Anjou accourt avec une armée; il arrive près de Bassac; il
engage la bataille; il la gagne; Condé est tué.
La mort de Condé eût dû mettre fin à la guerre civile; mais
son compagnon d'armes, l'Amiral, ne l'entendait pas ainsi. 11 la
ÉTUDES HISTORIQUES
501
renouvela au contraire et concentrant vers la lutte toutes ses
forces, tous ses projets, grâce à des renforts allemands, cavaliers
et fantassins, au nombre de 17 000 hommes, sans parler des
Français qui combattaient avec eux, de l'étincelle qui allait
s'éteindre il sut faire un vaste incendie.
Le duc d'Anjou, voyant que l'Amiral allait recommencer la
guerre avec des forces accrues, prit ses dispositions, décidé à
mourir ou à délivrer sa patrie d'un tel fléau. A la tête d'une
armée, grande par le nombre, plus grande par le courage de ses
soldats, il se porta vivement vers l'Amiral, le joignit à Moncon-
tour, lui livra une importante et sanglante bataille qu'il gagna.
Quatorze mille ennemis furent tués (VII); un grand nombre furent
faits prisonniers. Dans la chaleur du combat, le cheval du duc fut
tué sous lui. Le duc se releva intact, enfourcha un autre cheval,
chargea impétueusement, et remporta ainsi la victoire. Sans
perdre un instant, il marcha sur Saint-Jean-d'Angely qu'occu-
paient les gens de l'Amiral, et s'en empara (VIII).
Après un succès où la fortune de la guerre avait été si favo-
rable au duc d'Anjou, on passa les premiers mois de l'année 1570
à étudier les moyens de rétablir la paix, qui fut enfin heureuse-
ment signée au mois d'août (IX). Les prisonniers furent rendus à
la liberté ; les places occupées par les rebelles furent restituées;
les rebelles eux-mêmes rentrèrent en grâce auprès du roi. Tout
était réglé; les accords étaient de part et d'autre observés,
lorsque ce déplorable désordre, ou plutôt ce malheureux acci-
dent, vint de nouveau troubler la douce paix enfin reconquise.
Mais je reviendrai sur cela plus tard. Pour l'heure poursuivons
notre récit.
En 1571, eurent lieu les premières négociations qui aboutirent
au mariage de la reine de Navarre. L'Amiral vint trouver le roi
à Blois. Non seulement le Roi le reçut avec bonté, avec joie, mais
toute la cour, et les princes, l'accueillirent de la manière la plus
bienveillante. Bien plus, le Roi, afin de marquer mieux encore en
quelle estime était l'Amiral auprès de lui, et combien sincèrement
il désirait que de l'esprit de tous disparût la mémoire des choses
passées, voulut que l'Amiral eût le pas sur tous les Maréchaux, il
lui octroya, avec bien d'autres dons et prérogatives, cinquante
mille couronnes (X). Le légatdu Pape et l'Ambassadeur d'Espagne
étaient alors à la Cour (XI). Cependant entre le duc de Nevers et
l'Amiral s'éleva une nouvelle querelle qui surexcita leur haine
l'un pour l'autre. Voici quelle en fut l'occasion : Gomme un
citoyen d'une ville appartenant au duc de Nevers présentait
au roi une supplique pour qu'il autorisât dans cette vill<> la
libre et publique profession de la. religion réformée, l'Amiral
intervint, et recommanda l'affaire au roi. Le duc de Nevers fut
502
ÉTUDES HISTORIQUES
irrité que l'Amiral se permît de prendre ainsi la défense d'un
de ses vassaux, à lui Nevers, et dans la chambre même du roi ;
il s'en plaignit vivement à l'Amiral. Mais l'Amiral lui ayant
répondu : « Vos vassaux! Ils vous tiennent si bien pour leur
ami qu'ils vous envoient des balles dans la jambe » (ce qui
en effet avait eu lieu pendant les troubles (XII). Nevers, exaspéré
qu'on osât lui reprocher si vilainement son malheur, répliqua :
« Moi du moins, je n'ai jamais porté les armes contre mon sei-
gneur et mon roi ». L'Amiral fut si piqué de ce propos qu'il pro-
voqua immédiatement Nevers, et ils allaient quitter pour se battre
la chambre du Roi, mais celui-ci s'opposa énergiquement à leur
sortie, et, leur parlant avec douceur, finit par apaiser l'un et
l'autre. Si le Roi eût nourri dès lors quelque dessein hostile à
l'Amiral, s'il eût prémédité ce qui arriva plus tard, il n'eût sans
doute pas aplani ce différend; il lui était facile alors d'être vengé
de l'Amiral sans que personne pût mettre sa vengeance sur le
compte de son ressentiment, car il semblait incroyable qu'ayant
si gravement offensé Nevers, lequel jouissait d'un si grand
crédit, d'une puissance si grande, l'Amiral pût se tirer sain et
sauf d'une rencontre avec lui (XIII). Le fait est qu'alors, et plus tard
encore, le Roi s'opposait à tous ces commencements de querelle.
L'Amiral retourna dans sa province l'esprit tranquille, et revint
auprès du roi avant les noces delà Reine de Navarre, en juillet 1572.
Ce n'est pas le lieu de décrire ces noces, la réunion de tant de
princes et des plus grands seigneurs, la pompe des cérémonies,
le luxe des festins et des jeux, la nouveauté des spectacles : ces
splendeurs sont d'usage dans de telles fêtes royales. Je ne dirai
qu'un mot, parce qu'il touche à l'objet de mon récit. Une ancienne
inimitié couvait entre le duc de Guise, dont le père avait été assas-
siné par un sicaire affidé (XIV) et l'Amiral. Cette haine s'était attisée
par l'extrême faveur où l'Amiral était auprès du Roi, et dont le
duc de Guise, le duc de Nevers, tout Paris étaient les témoins.
Lorsque des esprits ardents sont ainsi animés l'un contre l'autre,
la dispute est dans l'air, et à la moindre occasion elle éclate. Une
altercation se produisit en effet un jour entre Goligny et Henri de
Guise au moment où le Roi se mettait à table. Mais le Roi fit un
signe à l'Amiral, le priant de ne se laisser émouvoir par aucune
provocation; si quelqu'un lui faisait injure, qu'il voulût bienpatien-
ter et dissimuler, pour que ces belles fêtes ne fussent pas troublées.
« Tant que le Roi, dit Goligny, est sain et sauf, l'Amiral ne redoute
les menaces ni le pouvoir de personne. » Ces paroles provoquèrent
de la part du duc de Guise un geste violent, mais l'Amiral remar-
qua qu'elles n'avaient pas choqué le Roi, et il quitta le Louvre.
Peu de temps après, comme l'Amiral revenait du Palais vers
son logement, un soldat — qu'on croit généralement avoir agi à
ÉTUDES HISTORIQUES
503
l'instigation de Gnise (XV) — lui tira un coup d'arquebuse et le
blessa à la main droite et au pied gauche (XVI). Dès qu'il l'apprit, le
Roi fut rempli d'inquiétude. Il vitclairement le péril, et que, dans
un si grand rassemblement d'hommes, avec tant de factions, et
des factions si puissantes, ce forfait risquait d'entraîner des tue-
ries. Il envoya des cavaliers de sa garde pour rechercher l'assas-
sin, il ordonna d'emprisonner les personnes que l'on trouverait
dans la maison d'où le coup avait été tiré, et dès qu'il eut dîné, il
alla avec ses frères et avec sa mère rendre visite à l'Amiral (XVII). Il
se lamenta sur le malheur arrivé; il pria l'Amiral de ne pas songer
à venger cette injure avant que l'auteur en fût connu : une entre-
prise hâtive dans ce sens pourrait causer de grands malheurs; se
produisant au sein de cette multitude effrénée, composée d'hommes
dont après tant de guerres, tant de sièges, les esprits n'avaient
pas encore eu le temps de s'apaiser, elle donnerait lieu à des
troubles plus graves, et qui sait si le peuple, divisé entre tant de
factions, ne se déchirerait pas lui-même (XVIII)? Et sur l'heure, le
Roi nomma des juges de la religion réformée (XIX) ; il les chargea du
soin de rechercher les auteurs du crime et de les punir. L'Amiral
se montra très calme. Mais la noblesse de sa faction n'agit pas de
même. Le jour suivant, par trois fois elle assiégea le Roi et la
Reine-mère; elle réclama hautement, par prières, par menaces,
se vantant de pouvoir appuyer les unes et les autres de 50000
hommes, que le duc de Guise fût arrêté. Des deux côtés la diffi-
culté était extrême, le péril grave. Guise était puissant, par lui-
même, par ses richesses, par ses amis et ses clients, petit-neveu
du roi Louis XII, ayant derrière lui une très grande part du
royaume. Il était bien certain qu'il ne s'abandonnerait pas, qu'il
ne se laisserait pas, sans citation, sans jugement, sans avoir été
entendu, arrêter et emprisonner, ce qui eût été sur son nom et
sur sa famille un opprobre éternel. Les nobles, ses partisans, se
soulèveraient, et de nouveau l'Etat serait profondément troublé :
cela ne faisait aucun doute. On supplia les amis de Coligny de
patienter au moins un jour; il ne fallait pas prendre de détermi-
nation aussi grave tumultueusement ; les juges désignés décou-
vriraient les auteurs du crime et en mettraient en lumière toutes
les circonstances. Mais ni raisonnements ni prières n'eurent d'em-
pire sur. eux, et ils quittèrent le palais plus irrités encore qu'ils n'y
étaient entrés. Leur attitude était bien différente de celle qu'avaient
eue les Guises lors de l'assassinat du duc François. Celui-ci avait
été tué de la manière la plus infâme, en trahison; La veuve, les
enfants, les frères de la victime, accablés de douleur, s'étaient
jetés au pieds du Roi, pour obtenir justice ; et cependant, par con-
sidération pour la paix publique, un délai de quatre ans avait été
accordé à ceux que les plaignants accusaient. Et maintenant, ceux
504
ÉTUDES HISTORIQUES
là mômes qui avaient été les complices du meurtre du duc de Guise,
à propos, non de la mort, mais de la blessure de l'Amiral, ne
pouvaient pas supporter un délai d'un seul jour (XX) !
Le 23 août, deux chevaliers de l'ordre (de Saint- Michel), l'un
gouverneur pour le roi de Navarre, l'autre commandant militaire
(duo équités aurai i, aller pvorex Régis Nàvarriœ, alterprœfeclus rnili-
tum |, vinrent trouver le Roi de nuit. Us lui déclarèrent qu'une cons-
piration était ourdie entre les huguenots; que ceux-ci devaient
envahir en armes le Louvre, tuer les Guises, tous les membres de
leur famille et leurs partisans ; qu'eux-mêmes avaient naguère pris
les armes pour obtenir la libre profession de l'Évangile, mais
qu'en cette affaire, où le salut du royaume était en jeu, où il s'agis-
sait de renverser le pouvoir suprême du Roi, ils ne pouvaient se
résoudre à poursuivre un aussi pernicieux dessein, et se retiraient
donc de la conspiration (XXI). Le Roi, consterné, ajouta foi à leurs
paroles, car il se rappela alors d'autres tentatives, consignées dans
des libelles que l'on avait trouvés chez Gondé ; et il se demandait
par quelle assez prompte action son Conseil pourrait prévenir l'effet
d'un complot qui, pensait-il, ne devait pas l'épargner lui-même.
Il manda son frère Henri, duc d'An jou, et l'ayant mis au courant
de la découverte, lui exposa le plan arrêté par le Conseil. Mais le
duc d'Anjou, peu soucieux de compromettre son nom, illustré
par tant de victoires éclatantes, craignant d'obscurcir sa gloire
militaire en allant ferrailler par les rues contre les survivants de
ces armées qu'intactes et florissantes il avait tant de fois vaincues
sur les champs de bataille, méprisa toute cette histoire de
conjuration; refusa d'y attacher la moindre importance, quitta le
Roi son frère, et rien ensuite ne put le décider à revenir siéger
au Conseil (XXII).
Quant au Roi, il ne jugea pas que la dénonciation dût être ainsi
rejetée sans examen, et, soit pour faire des recherches à cet
égard, soit, dans le cas où le fait serait confirmé, pour prévenir et
arrêter les conspirateurs, il renvoya les princes et les soldats.
Ceux-ci, à peine sortis du Louvre, se heurtent à une troupe de
quelques gentilhommes huguenots; un garde du Roi leur donne
l'ordre de se rendre au Louvre sans armes; les uns prennent la
fuite; d'autres tirent leurs épées ; un combat sanglant s'engage;
trente personnes sont tuées (XXIII); c'est du moins ce que raconte de
Bèze dans sa lettre aux habitants de Nuremberg (XXIV). Ce triste
début eut des suites plus tristes encore, car bientôt la ville fut rem-
plie de clameurs; tout le monde courut aux armes ; nombre de meur-
tres horribles, comme on pouvait les attendre d une multitude
transportée de fureur, furent perpétrés; l'Amiral fut tué un des
premiers par le duc de Guise ; environ cinq cents hommes péri-
rent (XXV).
ÉTUDES HISTORIQUES
505
Pendant toute la journée du lendemain, afin de faciliter l'apai-
sement et la fin du désordre, on ordonna que les portes de la ville
fussent fermées, et elles le furent effectivement ^XXVI). Etpour que
les autres villes ne troublassent pas Tordre public, et ne se lais-
sassent pas entraîner à de semblables excès, pour qu'elles restas-
sent fidèles aux traités de paix, à la concorde antérieure, le Roi
envoya immédiatement des instructions à tous ses gouverneurs.
Il expliqua que le massacre avait eu lieu à son insu, contre son gré
[se inscio et invito). Il est vrai qu'ensuite, pour des raisons graves
[certis de causis), il fut forcé de lui donner son approbation. Toutes
les villes obéirent aux ordres du Roi (XX VII), excepté sept (XXVIII).
A Lyon, à Orléans, à Bordeaux, à Toulouse, à Rouen, à Tours, et
Meaux, la population, en dépit des édits du Roi, suivit l'exemple
de celle de Paris; elle prit les armes, et dans ces villes environ
cinq mille hommes furent tués. Par l'ordre du Roi, on fit de cela
de sévères enquêtes ; les auteurs des désordres furent punis {in
authores tumuitus cuiimadversum) (XXIX). Les premières instruc-
tions furent confirmées en termes beaucoup plus sévères. Dans
toutes les autres villes royales, comme dans celles appartenant
au duc d'Anjou, pas un homme ne fut tué, pas un enfant (XXX).
Telle est la description fidèle de «l'accident» qui s'est produit
en France (càsus gallici) . Ce n'est pas là un récit imaginaire. C'est
une relation dontla vérité, dont l'exactitude pourront être établies
par des lettres royales, par les dépositions faites devant les tri-
bunaux et par les arrêts émanés de ceux-ci, par les témoignages
de tous les hommes probes et dignes de foi. L'an 1573.
NOTES
I
{Page 499) .
On admirera avec quelle prestesse le massacre de
Vassy est escamoté. Ce devait cependant être le point de
départ de Fauteur s'il voulait justifier son titre : Vera
Descriptioab origine, à moins qu'il n'eût préfère remonter
aux massacres de Cabrieres et de Mérindol, ou plus haul
encore, à celui des Albigeois, qui avait si fort hanté el
stimulé sa mère, Catherine de Médicis. Deux ans avant la
Saint-Barthélémy, en i$70, l'ambassadeur vénitien, Gio-
506
ÉTUDES HISTORIQUES
vanni Correr, dans le rapport qu'il présenta au Sénat de
Venise sur son ambassade à Paris en 1569, raconta une
conversation fort extraordinaire qu'il avait eue avec la
reine-mère : « La reine me dit avoir lu à Carcassonne, en
revenant de l'entrevue de Bayonne, une chronique manus-
crite où il était relaté comment la mère du roi Saint-
Louis, celui-ci n'ayant pas plus de onze ans, rencontra
l'opposition des grands... Ceux-ci s'unirent avec les héré-
tiques albigeois, lesquels, comme les huguenots, ne vou-
laient pas de prêtres, ni de moines, ni de messes, ni
d'images, ni d'églises. Il fut nécessaire d'en venir aux
mains. La victoire resta au Roi. Toulouse, l'asile des
rebelles, fut démantelé. Enfin, à la persuasion de la Reine,
on fit la paix, et plusieurs de leurs demandes furent
accordées aux rebelles. Mais d'après les conseils de la
même Reine, le roi, devenu grand, accabla ses ennemis
de sa vengeance. En me racontant ces choses, elle les
appliquait aux affaires actuelles. On était entré en cam-
pagne; Orléans avait été démantelée comme Toulouse; la
paix avait été faite d'après ses conseils, et cette paix était
avantageuse aux Huguenots... « Madame, lui dis-je, les
a choses présentes étant comme un miroir des choses
« anciennes, vous pouvez être sûre que la fin ne sera pas
ce dissemblable ». Elle se mit à rire beaucoup, comme elle
fait quand elle entend une chose qui lui est agréable, et
me répondit : « Je ne voudrais pas que personne sût que
« j'ai lu cette chronique, car on dirait que je me suis
« conduite d'après l'exemple de cette dame et Reine qui
« s'appelait Blanche et était fille d'un roi de Castille »
(Armand Baschet, la Diplomatie Vénitienne, pp. 521-522).
II
{Page 499) .
Voici en quels termes Henri Martin (IX, 212) raconte
cet incident : « Le duc Henri d'Anjou, jeune homme de
quinze à seize ans, dont Catherine exaltait avec prédilec-
ÉTUDES HISTORIQUES
507
tion l'ambition précoce, eut aussi sur ces entrefaites une
scène violente avec le prince de Condé; le vieux Mont-
morenci souhaitait résigner l'épée de connétable à son
fils aîné, et Condé, fort mal à propos pour les intérêts de
la Réforme, se jetait pour son propre compte en travers de
cet arrangement. Catherine engagea le vieillard à garder
son titre et fît promettre par Charles IX au duc d'Anjou
la lieutenance-générale du royaume, qui emportait le
commandement suprême des forces militaires. De cette
occasion naquit la haine du jeune duc d'Aujou contre
Condé, haine qui eut de tragiques résultats ». On voit
que l'historien n'a aucune connaissance de l'intervention
cauteleuse du cardinal de Lorraine en cette affaire, et du
rôle actif auprès du duc d'Anjou qui lui est ici prêté. Il ne
faut d'ailleurs pas oublier que la Vera descriptio est défa-
vorable aux Guises presqu'autant qu'aux huguenots. Si
Henri d'Anjou fut un des bourreaux de la Saint-Barthé-
lemy, ce fut aussi celui qui fît plus tard assassiner à Blois
Henri de Guise.
Quant aux vraies causes de la seconde guerre civile,
elles furent plus générales et plus graves que des rivalités
d'ambition personnelle. « Les protestants », écrit de Thou
(V. 343 etsq.) « dont la patience se trouva épuisée par les
supplices, les bannissements, les ignominies et les pertes
de biens qu'on leur fît souffrir pendant un assez long
temps, rassemblèrent enfin tous leurs sujets de plaintes.
Leur principal grief était l'inobservation des édits donnez
en leur faveur, dont on éludoit les dispositions, soit par
de nouvelles déclarations, soit par la mauvaise volonté
des juges et des gouverneurs de provinces. Un autre grief
étoit que tout le mal qu'on leur faisoit, même le meurtre
de plusieurs personnes de leur parti, demeurait impuni ».
Et l'historien part de là pour raconter les réunions à
Chatillon-sur-Loing, et les délibérations qui aboutirent à
la prise d'armes.
508
ÉTUDES HISTORIQUES
III
(Page 500).
L'ouvrage dont il est ici question est celui de Jean de
Serres : Commentariorum de Statu Religionis et Reipu-
blieœ in regno Galiïœ partes V, dont les trois premières
parties avaient paru en effet à Genève en 1570 et 157J . Il
y a quelque perfidie dans cet appel au témoignage d'un
historien protestant à la fois incomplètement et très
inexactement cité. Ainsi de Serres ne dit nulle part que
Condé exigea l'administration du royaume. Pour lui-
même Gondé ne demandait absolument rien. 11 n'y a pas
non plus dans les Mémoires produits par les protestants
pour être soumis au roi un seul mot qui fût relatif au duc
d'Anjou.
Nous possédons le texte officiel des revendications de
Condé. Il est reproduit par de Thou (V, 358 et 559) et c'est
justement à Jean de Serres que de Thou l'a emprunté. Le
Roi ayant fait demander à Condé l'exposé écrit de ce qu'il
souhaitait, la réponse de Condé renfermait ces demandes :
« Que le Roi congédiât au plus tôt toutes les troupes étran-
gères; — qu'il permît au prince de Condé, et aux sei-
gneurs qui étaient avec lui de se rendre, après avoir mis
les armes bas, auprès de Sa Majesté; qu'il eût la bonté
d'écouter leurs plaintes et punît les calomniateurs ; —
— qu'il confirmât et maintînt les édits donnés en faveur
des protestants, lesquels édits avaient été en fait presque
entièrement abolis; — qu'en donnant à ses sujets la
liberté de conscience, il rendît la paix à son royaume; —
que le Roi partageât également, et sans distinction de
religion, les dignités, les honneurs et les magistratures,
et en revêtît tous ceux qui s'en trouveraient dignes; —
qu'il soulageât les peuples en diminuant les impôts que
les Italiens, et ceux qui avaient trop de crédit à la Cour,
avoient fait excessivement augmenter à leur profit; — que,
pour établir la tranquillité par les moyens les plus pro-
ÉTUDES HISTORIQUES
509
près, on tînt incessamment, suivant l'ancien usage, une
assemblée parfaitement libre des États du royaume ».
Encore ne fut-ce qu'un premier texte, et, le roi ayant
montré que ces prétentions étaient sur plusieurs points
attentatoires aux droits de sa souveraineté, « on prit la
résolution de changer le mémoire des demandes, et on
dressa une nouvelle requête dans laquelle on supplioit
très humblement Sa Majesté d'accorder à tous ses sujets
une pleine et entière liberté de religion et de conscience...
Les réclamants s'excusoient d 'avoir parlé dans leur premier
écrit du soulagement du peuple et de l'assemblée des États ;
ils dirent qu'ils l'avoient fait avec une bonne intention, non
pour porter aucune atteinte à l'autorité royale, mais pour
donner au roi des preuves de leur fidélité, en le suppliant
de regarder quelquefois un peuple malheureux et désolé... »
Même après ce second mémoire l'entente fut impos-
sible, le connétable de Montmorency ayant répondu au
nom du roi que jamais il ne tolérerait deux religions dans
le royaume. On voit à quel point les choses sont fausse-
ment présentées dans la Vera descriptio.
11 importe d'ailleurs de se replacer dans l'esprit du
temps, et de ne pas perdre de vue que la prétention de
Condé et de Coligny était que, loin d'opprimer le roi, ils
tendaient à le délivrer de l'oppression des Guises et
de l'Espagnol. Dans l'édit de pacification d'Orléans,
(13 mars 1563) le roi avait reconnu que cette prétention
était fondée : « Sont mis à néant tous jugemens donne/
pour choses faictes sous l'aveu et mandement du prince
de Condé, que nous tenons et réputons pour nostre très
cher cousin, obéissant sujet et fidèle serviteur, et tous
qui sous lui ont prins les armes; avouant tout ce qu'ils
ont fait et ce qui s'en est ensuyvi comme fait pour nostre
service.^. » On chercherait vainement ce texte dans le
Recueil des édicts de pacification... depuis Tannée 1561 de P.
d. B. (Pierre de Belloy). On le trouve dans l'ouvrage de
la Popelinière : La vraie et entière histoire des troubles...
(La Rochelle, 1573, f°3b). C'est l'édit rendu en exécution
delà paix d'Amboise, dont Coligny en Conseil dit à Condé :
510
ÉTUDES HISTORIQUES
« Monseigneur, d'un trait de plume vous avez ruiné plus
d'églises qu'on n'en eût détruit en dix ans». Mais ici nous
ne voulons que montrer que Condé, se déclarant le
défenseur de la royauté, avait vu sa déclaration officielle-
ment confirmée.
IV
{Page 500).
Ce passage semble directement inspiré du préambule
de Fédit de pacification du 23 mars 1568 (paix de Long-
jumeau) : « Charles..., prévoyant la désolation qui pour-
roit cy après advenir si les troubles n'estoyent prompte-
ment pacifiez, pour à iceux mettre fin, remédier aux
afflictions qui en procèdent, remettre et faire vivre nos
sujets en paix, union, repos et concorde comme toujours
a esté nostre intention,... après avoir sur ce prinsl'advis
et conseil de la Royne, nostre très chère et très honorée
Dame et mère, de nos très chers et très aimez frères le
duc d'Anjou, notre Lieutenant général, et duc d'Alençon.
Princes de nostre sang... » Le duc d'Anjou peut bien
avoir eu la main dans les deux textes.
V
{Page 500).
Il eut raison de le quitter, le château de Noyers! La
paix de Lonjumeau à peine signée (23 mars 1568), Cathe-
rine de Médicis entreprit de s'emparer par trahison de
Condé et de Coligny. Voici ce qu'en dit Davila, grand
admirateur de la politique de Catherine (I, 290) : « On
sentoit que, tant que le Prince et l'Amiral (ceux avec
lesquels on venait de signer la paix) pourroient agir, la
paix ne seroit jamais solide... On conclut, sans balancer,
à se saisir d'eux... Ils se trouvoient alors à Noyers, petite
ville sur les frontières de Bourgogne, trop foible pour
résister longtemps. Comme le succès demandoit plus de
ÉTUDES HISTORIQUES
511
secret que de forces, on chargea le comte de Tavannes
d'investir si promptement cette ville que le Prince et
l'Amiral ne pussent échapper... L'on espéroit réussir
aisément ainsi dans le dessein d'exterminer le parti,
parce qu'on accableroit les chefs avant qu'ils fussent
secourus, et que les autres, comme Dandelot, n'étoient
pas assez accrédités pour recommencer la guerre... »
Condé fut averti juste à temps pour prendre la fuite. Il
traversa la Loire à gué, tenant son fils entre ses bras.
Dans la nuit le fleuve grossit et quand les troupes de
Tavannes arrivèrent, elles ne purent passer (25 août 1568) .
VI
{Page 500).
« Sur l'ordre du roi (pro injuncto sibi a Rege munere) ».
On remarquera le soin avec lequel est écartée du duc
d'Anjou toute responsabilité dans l'initiative de la cam-
pagne ou périt le duc de Condé. On sait que Condé fut
tué à Jarnac par derrière, après s'être rendu, de la main
de Montesquiou, un des gardes du duc d'Anjou, et, affirme
l'auteur, en général bien informé, du Tocsin des massa-
creurs (fos 64 a et 105 a) « par le commandement » de
celui-ci. (J'aurai plus d'une lois recours à cet ouvrage,
plein de renseignements précis et précieux, et auquel je ne
trouve à reprocher que son titre. Celui qui découvrirait le
nom de l'auteur du Tocsin rendrait à l'histoire un sérieux
service) ,
VII
(Page 501).
Quatorze mille, c'est beaucoup. L'évaluation de l'his-
torien de Thou (V. 630) est moindre : « De quatre mille
fantassins allemands, il n'en resta que deux cents. En
outre, il périt à Montcontour deux mille fantassins fran-
çais, et bien trois cents cavaliers. Ceux qui veulent
512
ÉTUDES HISTORIQUES
compter les valets, les goujats et tous ceux de cette espèce
qui périrent ce jour-là fout le nombre des morts bien
plus grand »>. Même en comptant ceux qui pour de Thon
ne comptent pas, nous sommes loin de quatorze mille
morts d'un seul côté. D'Anjou se vante sans doute un
peu.
vin
[Page 501).
Ce fut la paix de Saint-Germain, celle que Charles IX,
dont on sait la profonde rancune contre les huguenots
depuis l'aventure de Meaux (1568), appelait a ma paix »,
et sur laquelle l'historien italien Davila, très catholique,
très dévoué au duc d'Anjou, s'exprime en ces termes :
« Le roi tint conseil avec la reine-mère, le duc d'Anjou et
le cardinal de Lorraine. On résolut de revenir au projet
tant de fois formé, tant de fois abandonné, celui d'ac-
corder la paix aux huguenots, de délivrer ainsi le royaume
des troupes étrangères » (non pas bien entendu des
Suisses qui défendaient le roi, mais des reîtres qui com-
battaient avec les princes) « et ensuite d'employer l'ar-
tifice et de profiter des conjectures favorables pour se
défaire des chefs du parti... Ainsi la cour se décida à
substituer la ruse à la force ouverte pour exécuter un des-
sein qui avait toujours échoué lorsque l'on n'avait eu
recours qu'aux armes ». La paix signée, Davila écrit : « Le
Roi et la Reine ne tardèrent pas à faire jouer les ressorts
qu'ils avaient imaginés pour attirer les chefs des hugue-
nots, et exécuter enfin par artifices ce qui s'était montré
de plus en plus difficile par la voie des armes. Ces arti-
fices étaient les mômes que ceux qui avaient été mis en
usage tant de fois, mais qui avaient toujours échoué à cause
des défaillances de volonté de la reine, dont d'ailleurs les
adversaires s'étaient toujours défiés, et surtout à cause
des révélations faites par des ministres infidèles. Mais cette
fois on espérait le succès parce que l'on ne confiait le
secret de ces desseins qu'à des ministres personnellement
ÉTUDES HÏSTOR ÎQUES
513
intéressés à leur réussite, et parce que le Roi tenait lui-
même la main à leur exécution. Ce ï\oi, âgé alors de vingt
ans » (Davila dit par erreur : ving-deux ans) « paraissait
d'un caractère ferme, implacable dans son ressentiment,
mais surtout consommé dans l'art de dissimuler, et vou-
lant gouverner par lui-même. » Voilà qui explique admi-
rablement le mot de Charles IX, disant de la paix de
Saint-Germain, en apparence si favorable aux huguenots :
c'est ma paix. Le Roi a pris, sinon les affaires, au moins
cette affaire-là en main. Et il la conduit sûrement : Fuite
de Meaux (1568); — Paix de Saint-Germain (1570); —
Saint-Barthélemy (1572) : ce sont les trois étapes. Saint-
Germain, c'est sa paix : la Saint-Barthélemy, c'est sa
guerre. Le 26 août, il dit : « Ce n'est que maintenant
que je suis Roi ».
IX
(Page 501) .
Dans le récit des combats de Jarnac et Montcontour,
le vrai vainqueur, qui fut incontestablement Tavannes,
n'est pas même nommé. C'est un fort indice que le récit
fut rédigé sous l'inspiration directe de celui qui préten-
dait s'attribuer toute la gloire de ces journées. D'Anjou
était en cela bien différent du duc de Guise, lequel, s'il
faut en croire Brantôme (V. 91), « ne desroba jamais
l'honneur d'un vaillant homme. »
X
{Page 501).
La couronne devait valoir deux livres, car Henri
Martin (IX, 284) écril : « Charles I V lil à l'amiral un pré
sent de 10(3000 livres et comme cadeau de noces (Colignx,
venait de se remarier) èt comme dédommagement du sac
de Chatillon-sur-Loing, pille pendanl la guerre ». Mais
les libéralités du Boi né se bornèrent pas là : « Il con-
83
514
ÉTUDES HISTORIQUES
tirma à l'Amiral une Abbaie du feu cardinal de Chas-
tilJon son frère, avec la tutelle delà maison de Laval,
dont le bien montoit à cent mille livres de renies, sans
estre tenu de rendre compte ny faire autres frais qu'à
l'entretenement des enfants jusqu'à leur majorité ».
{Tocsin, f° 62 b).
XI
[Page 50 7).
« Erant tune Un », dit le texte, ce qui donnerait à
penser qu'une partie au moins de notre récit a été écrit
à Paris, avant le départ pour la Pologne, et envoyé à Cra-
covie pour y être imprimé et distribué.
XII
Page 50?).
Voici en quels termes Brantôme IV. 381-82) raconte
cet incident : « En allant jusqu'à Nevers voir madame sa
femme, le duc de Nevers vint à rencontrer quelques gen-
tilzhommes, tous huguenots, qui alloient à l'armée, dont
la plus part esloient ses vassaux et voisins. Sans dire
gare, il les chargea; il en porta par terre un, et >on vassal
qui, tout par terre, lui déchargea son pistolet a la jambe
vers le genouil. 11 demeura ainsi estropié. »
Xlil
Page 502).
Ceci semblera si extraordinaire qu'il me faut donner
le texte latin : hicredïbile en'rm fuit admïralUwn in tant a
Ducis Xirernensis injuria, gratia. et potentia. ex ea pugna
incolumem ecadere potuïsse. Que l'on pût donner aux ren-
contres entre gentilshommes l'issue qu'exigeait le Roi,
ETUDES HISTORIQUES 515
nous le savions par celle du soi-disant duel de Vâleqoier
et de Lignerolles (en voir le récit dans Eudel du Gord.
Recueils de fragments historiques sur les derniers Valais,
Paris. 1869. in-8°. pp. 213 et sq : Ton reste néanmoins
étonné de l'entendre avouer aussi ingénument.
XIV
Page 50*2 .
L'insertion à cette place de cette parenthèse constituait
une insinuation des plus perfides, non moins que l'emploi
de ce mot : affidé : per scbmissoi sitar ium, l'auteur comp-
tant bien que le lecteur ajouterait mentalement aè Admi-
raUo. Henri d'Anjou et son secrétaire Montluc. celui qui
probablement tint la plume pour écrire la Vera descripito,
étaient pourtant de ceux qui. le 29 janvier 1566 au Conseil
du roi. avaient déclaré Coligny innocent de tome compli-
cité dans le meurtre commis par Jean de Poltrot. Cet
arrêt solennel, rendu dans une cause que le roi avait
évoquée, comme il est expliqué dans l'arrêt în^ai^. a une
importance que la plupart des historiens semblent avoir
méconnue.
Voici comment s'exprime de Thou :
Il se fit une réconciliation, au moins apparente, entre les Colismy
et les Guises, et c'est ce qui avoit été le principal objet de l'assem-
blée. Ainsi, après que l'affaire eût été bien débattue de part eî
d'autre, l'amiral s'étant purgé par serment du meurtre du duc de
Guise, assurant qu'il n'en étoit pas l'auteur et qu'il n'y avoit pas
même consenti, le Roi interposa son autorité en leur ordonnant
d'être amis (1).
Le silence de l'historien sur l'arrêt du 29 janvier 1566
est d'autant plus surprenant que sou père était au nombre
des juges et qu'il avait lui-même (2 » expliqué comment le
procès avait été évoqué parle roi.
(i) De Thou. Histoire universelle; texte franç. , Londres. 1734 . t V. p. 184.
2) Ibid., t. IV, p. 541.
ÉTUDES HISTORIQUES
Davila est encore plus laconique et plus vague :
Le, Roi, qui vouloit éteindre les animosités particulières pour
travailler au repos général du royaume, s'appliqua à réconcilier
les maisons rie Guise et de Châtillon... Les Coligny et les Guises
eurent une entrevue en présence du Roi ; mais le Roi et tous ceux
qui étoient présens jugèrent que cette réconciliation ne seroit pas
longue (1).
Henri Martin n'est pas beaucoup plus explicite quand
il écrit :
Une scène plus dramatique se passa le 29 janvier dans le Con-
seil du Roi : Coligny jura qu'il n'avoit été ni l'auteur ni le complice
de l'assassinat du duc de Guise et défia au combat quiconque
voudrait soutenir le contraire. Le Conseil, à l'unanimité, déclara
qu'il n'existoit aucunes charges contre l'amiral; le Roi le déclara
innocent et enjoignit aux parties de vivre désormais en paix et
amitié (2).
Michelet ne voit dans cet essai de rapprochement
qu'un piège pour discréditer Coligny :
Il fallait le montrer faible et versatile ; c'est ce qu'on essaya
à Moulins. Ce roi ordonna une réconciliation. L'amiral, sommé au
nom de la paix, au nom de l'Évangile, ne peut reculer. Il lui
faut embrasser les Lorrains (3).
La France protestante en dit un peu plus; elle connaît
le fait de la récusation par Coligny du parlement de Paris ;
mais, au moment où il serait tout naturel d'indiquer que
l 'instance aboutit à l'arrêt du 29 janvier 1566, l'auteur
de l'article Châtillon tourne court et, comme les autres,
se contente dédire que les deux maisons se réconcilièrent
sur l'ordre du roi :
Les Guises allèrent trouver le Roi à Meulan pour lui demander
justice de l'assassinat du duc. Charles IX leur permit de se pour-
voir au Parlement; puis, sur les observations du cardinal de Châ-
tillon que jamais son frère n'accepterait pour juges des hommes
qui s'étoient montrés beaucoup trop partiaux pendant les troubles,
il revint sur la décision, ôta au Parlement la connaissance de cette
(1) Davila, Guerres civiles, livre III, ann. 1566.
v2) H. Martin, Hist. de France, t. IX, p. 197.
(3 Michelet, Hist. de France, t. IX, p. 535.
ÉTUDES HISTORIQUES
517
affaire et la renvoya au Crand Conseil, malgré l'opposition des
princes lorrains... L'affaire traîna ainsi jusqu'à l'assemblée de
Moulins où, sur l'ordre formel du Roi, les deux maisons se récon-
cilièrent en apparence, après que l'amiral eût affirmé par serment
qu'il n'avoit pas trempé dans le meurtre dont on l'accusoit d'être
complice.
Qui se douterait, ayant lu les textes reproduits
ci-dessus, que la réconciliation entre Guise et Coligny
fut ordonnée, non par une intervention personnelle de
Charles IX, mais par la prescription, rédigée en termes
impérieux, d'une décision judiciaire ? Il ne s'agit pas ici
d'une « scène dramatique », d'un serment déclamatoire
et d'un appel par Coligny au jugement de Dieu. Voici
comment les choses s'étaient passées. Les Guises, auxquels
ne suffisait pas l'effroyable supplice subi par Poltrot, et
qui ne voulaient pas se laisser convaincre par les réponses
si nettes, si décisives qu'avait opposées Coligny à ses
accusateurs (1), demandèrentau roi l'autorisation de pour-
suivre Coligny comme complice de l'assassinat du duc
François de Guise devant le parlement de Paris. Coligny
récusa cette juridiction, si l'on en croit de Thou :
La reine fut d'avis que, puisque les Coligny récusoient le Parle-
ment de Paris, le Roi évoquât l'affaire à lui et la renvoyât à ce
qu'on appelle le Grand Conseil. Mais les Lorrains se plaignant
qu'on leur faisoit injure de les renvoyer à un autre tribunal qu'à
celui des pairs du royaume, le Roi, né pouvant plus résister à leur
irnportunité, évoqua de nouveau cette affaire, à lui; el pour de
bonnes et justes raisons, il en suspendit le jugement pendant trois
ans. Après lequel tems on en commença l'examen lorsque le Roi
étoit à Moulins.
On voit que La France protestante s'est trompée el
qu'à tort elle a confondu, comme les historiens l'ont lait
souvent, le Grand Conseil avec le Conseil (ta Roi} qui
portait en effet autrefois le nom de Grand Conseil. Mais
en 1197 fut créé le tribunal qui prit le nom de Crand
Conseil et qui devait remplir les fonctions judiciaires que
le Conseil du Roi avait conservées, malgré l'organisation
(1) Mémoires de Coudé, t. IV, p. 28S el suiv.
518
ÉTUDES HISTORIQUES
séparée du Parlement. Seulement, le Cwiseil du Roi con-
tinua à juger certaines affaires, particulièrement celles
qui intéressaient ta sûreté de l'État par évocation. 11
s'appelait alors le Conseil d'État ou d'En-Haut, et lorsqu'il
avait à délibérer sur des affaires d'Etat, il était constitué
comme nous allons voir qu'il le fut dans le procès des
Guises contre Coligny.
La décision royale qui évoque l'affaire, et dont le
texte offre un grand intérêt, est reproduite en entier dans
les Mémoires de Condé (1) . Elle est intitulée : Arrêt du Con-
seil du Roi/, par lequel il évoque à sa personne le procès
mis entre les maisons de Guise et de Chastillon à l'occasion
du meurtre du feu duc de Guise et en suspend le jugement
'pendant trois ans. L'arrêt est daté : « Donné à Paris, le
cinquiesme jour de janvier 1563 ». C'est en exécution de
cet arrêt que, le 29 janvier 1566, le délai imparti des trois
années étant expiré, l'affaire fut jugée définitivement.
La composition du Conseil qui,, sous la présidence du
roi, la jugea était des plus imposantes. La voici, telle
qu'elle résulte des termes mêmes de l'arrêt :
Le Roi;
La Reine-mère ;
M. le frère du Roi (duc d'Anjou) ;
Le cardinal de Bourbon;
Le prince de Condé, prince du sang;
Le duc de Montpensier, prince du sang;
Le prince Daulphin ;
Le duc de Longueville, pair de France;
Le duc de Nemours, pair de France;
Le duc de Montmorency, pair et connétable;
Monsieur le Chancelier (l'Hospital);
Sieur de Vieilleville, mareschal de France;
Sieur de Bourdillon, mareschal de France;
Monsieur de Morvillier;
L'évêque de Valence (Montlucj;
Sieurs de Crussol, de Grimault, de Lansac, de Chaulne, baron
de la Garde, chevaliers de l'Ordre;
M. Christophe de Thou, premier président;
M. Pierre Séguier, président à la cour du Parlement de Paris;
(1) Mémoires de Condé, t. IV, p. 49o et suiv.
ÉTUDES HISTORIQUES
519
Sieurs de Laubespine et de la Case-Dieu, conseillers;
Maître Baptiste du Mesnil, conseiller et avocat du Roi en ladite
cour de Parlement.
L'arrêt du Conseil est remarquable par son texte, par
la qualité dô ceux qui y participèrent, par les efforts qu'il
trahit chez les Guises pour éviter un jugement définitif, et
par l'unanimité avec laquelle il fut rendu. 11 a une telle im-
portance historique que, malgré son étendue, il doit être
reproduit en entier :
Le Roy, estant bien recors et mémoratif des requestes cy-
devant présentées à Meulan, l'une le 26e jour de septembre
Tan 1562 par les dames duchesses de Guise, mère et femme de
feu messire François de Lorraine, en son vivant pair, grand maistre
et grand chambellan de France, par les enfants, parens et amis
dudit defîunct soubs-signez en ladite requeste ; l'autre à Chantilly le
27 octobre audit an. L'antre requeste présentée par ladite dame de
Guise, veufre dudit deffunct, tant en son nom que comme tutrice
des enfants mineurs dudit deffunct et d'elle, le 8° jour de
décembre ensuivant, tendant à ce qu'il pleust à Sa Majesté luy
permettre de faire poursuite en ses cours de Parlement de l'homi-
cide commis en la personne dudit deffunct duc de Guise à ren-
contre de tous ceux qui s'en trouveront chargez et coupables,
mesme contre Gaspard de Goligny, sieur de Chastillon, amiral de
France, des responses sur ce faictes et des requestes présentées
de la part dudit sieur amiral;
Sur quoy et sur aucunes resquestes il auroit pieu à Sa Majesté,
le 5 de janvier ensuivant, tenir en estât, suspens et surséances
lesdites poursuites pour le temps de trois ans et tel temps qu'il
lui plairoit;
Pendant auroit fait deffences à chacune desdites parties de se
travailler l'une l'autre, directement ou indirectement, et à tous
juges d'en cognoistre, retenant à lui la cognoissance de la cause ;
Et ayant depuis cogneu que l'interdiction de cette affaire don-
noit couleur à beaucoup d'inimitiez et de divisions qui se nour-
rissent parmi ses sujets, auroit mandé venir à. soy, en cette ville
de Moulins, Monsieur le cardinal de Lorraine el ladite dame de
Guise, veufve dudit deffunct et tutrice des enfants mineurs dudil
deffunct et d'elle, auxquels il auroil déclaré le singulier désir
qu'il avoil pour plusieurs grandes occasions de mettre une bonne
fin au différend qui estoil entre leurs deux maisons à l'occasion
que dessus, et luy-mesme embrasser à définition d'iceluy diffè^
rend par voyes justes et équitables;
Ce que lesdits sieur e1 dame ayant entendu, lui auroient res
520
ÉTUDES HISTORIQUES
pectivemenl déclaré estre prests et disposez de recevoir en cet
endroil l'équitable raison et justice qu'ils ont tousjpurs attendu
et espéré de sa bonlé en toutes choses, ainsi qu'il est plus à plain
contenu et déclaré en l'acte de ce faict le 12e jour du présent mois,
signé : Charles et contre-signé : Laubespine;
Depuis ledit acte, ledit sieur cardinal et dame de Gnise auroient
faict entendre à Sa Majesté qu'ils n'avoient avec eux les pièces qui
pouvoient servir à la justification de leur droict, pour lesquelles
reconvier ils auroient requis délay, lequel sadite Majesté leur
auroit accordé ;
Laquelle toutefois, ayant par après cogneu que ce délay pour-
roit tourner à quelque longueur, et que toutes les pièces, ou la
plupart de celles dont ils entendoient s'ayder, se pouvoient
promplement recouvrer, les a admonestez de déclarer quelles
estoient lesdites pièces pour lesquelles ils auroient demandé ledit
délay;
A quoy obéissant lesdits sieur cardinal et dame de Guyse
auroient faict déclaration particulière d'icelles pièces, lesquelles
seulement ils entendoient produire pour ce faict, se départans
dudit délay s'il plaisoit à Sa Majesté les assurer estre par devers
Elle pour être veuës et en ordonner par Sa Majesté ;
Laquelle auroit ordonné cet acte estre faict et expédié ainsi
comme il appert par iceluy acte du 17e jour dudit mois, signé de
Laubespine ;
Après lequel auroit ladite dame duchesse de Guise, le 56e jour
desdits mois et an, présenté requeste à sadite Majesté, tendant à
fin de lui estre permis de faire contre les chargez et coulpables
poursuite de ce que dessus en la cour de Parlement de Paris et y
faire porter et envoyer les pièces estans par devers sadite Majesté;
Sur quoy le Roy auroit déclaré qu'il retenoit à luy et à son
Conseil îa cognoissance de sa matière principale et de tout ce qui
en despend pour, après avoir le tout veu à sondit Conseil, faire
droit à ladite darne, ainsi qu'il appartiendroit par raison ;
Et pour cet effet auroit sadite Majesté, assisté de la Reyne sa
mère, faict assembler les princes de son sang et autres seigneurs
et mareschaux de France, chevaliers de son Ordre et conseillers
en sondit Conseil, cy-dessous nommez (la liste en a été donnée c>-
dessiis)\
Et, en sa présence et desdits sieurs faict donner lecture des
confessions de feu Jean de Poitrot, soy-disanl sieur de Meray,
exécuté à mort pour ledit homicide, envoyées au Roy par sa cour
de Parlement de Paris, en vertu de ses patentes et commende-
ment, et de luutes et chasennes les pièces spécifiées audit acte du
17 de cedit mois, et rapport des autres pièces, actes et requestes
cy-dessus mentionnés;
ÉTUDES HISTORIQUES
521
De quoy lecture et rapport faicts, Sa Majesté auroit aujourd'hui
faict entendre auxdits sieur cardinal de Lorraine et dame de Guise,
ensemble audit sieur de Chastillon, amiral de France, les per-
sonnes appellées et assistans audit Conseil, pour sçauoir s'ils
entendoient en récuser aucunes;
Lesquels sieur cardinal de Lorraine et dame de Guise auroient
déclaré qu'ils ont présenté requeste au Roy comme à leur souve-
rain et naturel seigneur et non à autre, remettant à lny d'or-
donner en ce faict ce qu'il lui plaira, ce que ledit sieur amiral
a de sa part semblablement respondu qu'il se remettoit aussi à ce
qu'il plairoit à Sa Majesté d'en ordonner ;
Après lesquelles déclarations auroit sadite Majesté mandé ledit
sieur de Chastillon, amiral, et luy a enjoinct et commandé de
déclarer à sa présence, et des susdits, ce qui estoit de la vérité du
faict dudit homicide, en ce que l'on l'en avoit voulu charger et
accuser;
Lequel sieur amiral auroit respondu qu'il avoit ey-devant dit,
déclaré et affermé à sa dite Majesté comme il disoit, déclaroit et
affermoit encores devant Sa Majesté comme devant Dieu qu'il
n'avoit faict, ne faict faire, ne approuvé ledit homicide;
Le Roy, tout ce que dessus bien entendu et au long examiné,
et après avoir pris sur ce l'advis des dessus dits princes et sei-
neurs et gens de son Conseil, qui tous ont esté d'un mesme
accord et ad vis;
A déclaré ledit sieur de Chastillon, amiral de France, purgé,
deschargé et innocent du faict dudit homicide et des charges
qu'on luy a voulu, ou pourroit pour ce regard imputer;
Et a imposé et impose silence perpétuel à son procureur
général et à tous autres;
Fait inhibitions et detfences, tant auxdites parties qu'à tous
autres, en taire cy-après aucunes recherches et poursuites, ores
ne pour l'advenir, soit par voye de justice ou autrement, et à tous
juges d'en prendre aucune cause et cognoissance ;
A pris ledit seigneur lesdites parties en sa sauvegarde, leur
enjoignant de vivre en amitié sous son obéissance, sans aucune
entreprise de faict les uns àl'encontre des autres, directement ou
indirectement;
Déclarant dès à présenl auxdites parties, leurs parents, amisel
alliez qui contreviendront à ce présent, jugement, avoir encouru el
encourir crime de lèze-majesté comme infracteurs de paix ri per
turbalcurs du repos public, et leurs personnes el biens confisquez,
lesquels biens audit, cas il a, des a présent comme pour lors, uni--
et incorporez, unit et incorpore au domaine de sa couronne :
Beffendant ledit seigneur, sur les peines que dessus, à toutes
personnes, de quelque qualité (pie ce soit, de contrevenir à ce
ÉTUDES HISTORIQUES
présent anrest, ne iceluy révoquer en doute, controverse ne dis-
pute, et veult iceluy estre envoyé à toutes les cours de Parlement
de ce royaume, baillages et sénéchaussées d'iceux, pour y estre
leu, publié et enregistré, à ce qu'aucun n'en prétende cause d'igno-
rance.
Faict audit Conseil, auquel estoient présens (voir la liste ci
dessus), le 29e iour de janvier l'an 1566, au chasteau de Moulins en
Bourbonnois, et prononcé aux parties le dernier iour dudit mois.
Signé : Bourdin.
Le texte de cet arrêt occupe les sept premières pages
d'une plaquette intitulée : Arrest \\ par lequel Monsieur ||
T Amiral de Chastillon est déclaré inno || cent de la mort du
Duc de Guise. (1) Ce qui est imprimé sur la huitième page
mérite d'être recueilli :
Sa Majesté, ayant fait appeler Monsieur le cardinal de Lorraine
et Monsieur l'Amiral, leur déclara que, suivant l'arrest qu'il avoit
donné, il vouloit que toutes occasions d'inimitiez cessassent et
qu'ils fussent désormais amis, n'estant accompagnez dores-en-
avant que de leurs trains ordinaires.
Ledit sieur cardinal fit responce qu'il vouloit en tout et partout
obéir au Roy et suivre ses commandemens.
Monsieur l'Amiral a respondu qu'il louoit Dieu qu'en sa pré-
sence la vérité de son innocence avoit esté connue et "de ce que
Sa Majesté demeuroit satisfaite de luy.
Qu'il avoit tousjours ouy dire que la cause pour laquelle le
cardinal de Lorraine et les siens luy vouloient mal, c'estoit qu'ils
avoient opinion qu'il fut cause de la mort de feu M, le duc de Guise,
que maintenant le contraire leur apparoissoit, et que, s'il pouvoit
prendre seureté qu'ils eussent perdu leur mauvaise volonté et
qu'ils ne luy voulussent plus de mal, il leur voudroit faire ser-
vice.
Un tel arrêt, auquel avaient participé Henri d'Anjou
et Montluc, ne leur permettait pas, sept armées plus tard,
d'expliquer la haine des Guises pour Coligny en disant que
le duc François avait étéassasiné per submissum sicarium.
Il n'y a pas si longtemps qu'à la tribune de notre Cham-
bre des députés étaient lancées contre Coligny des accusa-
(1) Il est reproduit presque en entier dans le Gaspard de Coligny du comte
Jules Delaborde, Paris, 1881, t. II, p. 40 i et suiv., d'après un manuscrit de la
Riblioth. nat.
ÉTUDES HISTORIQUES 523
Lions ridicules, cent fois réduites à néant, autant de fois
ranimées par le plus injuste esprit de parti. Rappelons
à ce sujet qu'au mois de juin 1883 le comte de Paris sous-
crivait mille francs pour la statue de l'amiral et écrivait
à celui qui avait pris l'initiative de l'entreprise : « Il vous
a été facile de justifier ce vrai patriote de l'accusation por-
tée contre lui après le crime de Poltrot. »
Comment l'arrêt de 1566 fut obéi, on ne le sait que
trop. Six ans plus tard, très probablement à l'instigation
de celui qui l'avait rendu, Henri de Guise tuait Coligny.
Mais l'arrêt de Moulins était antérieur à l'affaire de
M eaux !
XV
(Page 503).
« Miles quidam, ut vulgo creditum esi % instinct u Guisii».
Un soldat... un soldat quelconque... L'auteur ne sait
même pas son nom... C'est probablement un émissaire du
duc de Guise... On le croit généralement... En tout cas
le duc d'Anjou n'y est pour rien... Voilà qui diffère des
précisions, rappelées plus haut, qu'on trouve dans le Dis-
cours d'Henri III à un personnage de qualité ! Il ne sera
pas inutile de reproduire ici quelques lignes des Mémoires
de r Estât de France sous Charles IX (1, p. 361) : « Trois
semaines avantla Saint-Barthélemy » (donc, au commence-
ment du mois d'août) « le duc d' Anjou, feignant aller jouer
en un Chasleau près Paris, avoit faict venir Maurevel ».
C'est le miles quidam « auquel il avoit longuement parlé
« en un cabinet ». Nous aurons l'occasion de revenir sur
le rôle joué par d'Anjou le 24 août.
XVI
(Page 503).
Maure vert tira trois balles. Goligny fui blessé à la
main droite, dont un doigt fui emporté, etaaj brasganche,
524 ÉTUDES HISTORIQUES
une balle ayant presque traversé l'avant-bras dans le sens
de la longueur : entrée près de la main, elle avait péné-
tré jusqu'au coude. Notre récit fait donc erreur, et sans
doute cette erreur est-elle voulue. C'est toujours la même
préoccupation et le même système. Il fallait que le lecteur
se dît : d'Anjou était tellement en dehors de tout qu'il
se trompe sur les détails les plus insignifiants et les plus
connus.
XVII
[Page 503) .
D'après les Mémoires sur F Estât de France (t. I, 374),
ce fut sur la demande de Coligny que Charles IX se ren-
dit auprès de lui : « Tandis qu'on bandoit les playes de
l'Amiral, Théligny par son commandement vint trouver
le Roy, lequel il pria humblement de la part de son beau-
père de le vouloir visiter, s'il lui plaist en prendre la
peine : qu'iceluy est en grand danger de mort, et a ce-
pendant à dire au Roy choses importantes et concernantes
son salut (sa sûreté), lesquelles il est assuré qu'homme
de son Royaume ne lui oseroit descouvrir. Le Maréchal
de Danville, prié par l'Amiral, dit le même au Roy, le-
quel respoudait à tous deux qu'il iroit volontiers... »
XYII1
[Page 503).
Ce furent des raisons analogues que le roi donna pour
décider l'Amiral (qu'il n'y décida pas) à se laisser Lrans-
« porter au Louvre ; qu'il y avoit danger de sédition, et
et que quelque grand « trouble ne s'esmeut en la ville
plaine de mutins et enragez ». Mémoires de t Estât de
France, I, 378.)
XIX
[Page 503).
11 y alà encore une contusion voulue. Les trois membres
du Parlement que le Roi avait chargés d'instruire l'affaire
ÉTUDES HISTORIQUES
■' -
étaient le président deThou. et les conseillers de Morsen et
Viole : aucun des trois n'était protestant. Mais le roi ayant,
au cours de sa visite, demandé à l'Amiral s'il avait pour
agréables les juges qu'il avait commis. Sire, répondit
l'Amiral, je m'y accorde bien . Seulement je vous supplie
humblement que Cavagnes. l'un de vos maîtres des re-
quêtes, y soit adjoint, ensemble M. de Masparault. et un
autre qu'il nomma, du nom duquel ne se souvient plu>
celui qui oyoit ces propos - . Mémoires de C Estât Je France,
I, 377). Le Roi y consentit, et ce sont là les judices evan-
gelicos dont parle notre auteur. Mais il ne dit pas ce qu'il
en advint. Nous ne savons si le second et le troisième
furent massacrés le lendemain. Mais nous savons que le
premier. Arnaud de Cavagnes. un des négociateurs de la
paix de Saint-Germain, fut traduit par le Roi devant le
Parlement, qu'il fut condamné comme étant un des com-
plices de la -oi-disant conspiration ourdie par Coluny.
et fut pendu le 27 octobre 1572. Le roi voulut le voir
mourir, en même temps que le vénérable Briquemaut,
âgé de 70 ans. et. comme ils furent pendus le soir, il tît
apporter des torches, afin de s'amuser de leurs grimaces.
C'est certainement à ce fait, et aussi aux mutilations que
subit le cadavre de Coligny. que pensait Montaigne quand
il écrivait dans les Essa i& :
A peine me pouvois-je persuader, avant que je l'eusse veu. qu'il
se fust trouver des âmes si monslrueuses qui. pour le seul plaisir
du meurtre, le voulussent commettre, hacher et destrencher les
membres d'autrui, aiguiser leur esprit à inventer des tounuens
inusitezet des morts nouvelles, sans inimitié, sans profit, et pour
ce^te seule tin de jouir du plaisant spectacle des gestes i t mou-
vemens pitoyables, des gémissemeus et voix lamentables d'un
homme mourant en angoisse. Car voylà l'extrême point où la
cruauté puisse atteindre. L> < Essais, 1. H. ch. u : De la Cruauté.
La mémoire de Cavagnes d de l>riquemaut lut réha-
bilitée par l'article 36 de l'Edil de pacification de 1570.
526
ÉTUDES HISTORIQUES
XX
( Page 504) .
L'auteur ne devrait pas oublier que Poltrot avait été
arrêté, jugé, supplicié, tandis que l'assassin de Coligny
s'était facilement enfui. Il devrait aussi dire à quelle occa-
sion se produisirent les instances des seigneurs protes-
tants auprès du Roi. On avait su immédiatement que
dans la maison d'où les coups de feu sur l'Amiral avaient
été tirés logeait Yillemur, précepteur du duc de Guise. On
savait que l'assassin avait été conduit à cette maison et
y avait été recommandé par Cliailly, superintendant du
duc de Guise, et, dans sa conversation avec le Roi, Coli-
gny avait demandé que Chailly et Villemur fussent inter-
rogés. On savait que l'assassin s'était enfui à cheval, et
qu'au sortir de la ville il avait trouvé un cheval frais qui
l'attendait. Or le lendemain, et c'est un historien ultra-
catholique, Capilupi, qui nous l'apprend {Stratagema di
Carolo Nono, p. 51), on prit l'homme qui avait « baillé
le cheval de relais à celuyqui avait tiré le coup de harque-
bouse, et cesluy-ci confessa qu'il estoit serviteur de la
maison de Guyse ». Dès lors la culpabilité du duc de
Guise parut amplement prouvée, et c'est de quoi les hu-
guenots demandaient justice. Cette culpabilité ne faisait
d'ailleurs pas de doute pour le Roi. « Si M. de Guise ne se
fust caché tout ce jour-là, le roy l'eût fait pendre» (His-
toire de France de M. Ernest Lavisse, tome VI, p. 127.
Ces mots sont entre guillemets dans le texte de M. Marié-
jol, mais, suivant l'usage de la plupart des historiens, il
n'indique pas d'où ils sont tirés). D'ailleurs, la courte
retraite de Guise et la courte colère du Roi semblent
avoir été aussi sincères l'une que l'autre.
ÉTUDES HISTORIQUES
5-27
XXI
[Page 504).
On trouve dans les Relations de Jean Michiel, am-
bassadeur de Venise à Paris en 1572, l'origine de ce
roman, que Charles IX ne craignit pas de produire en
plein Parlement, et que le Parlement ne craignit pas de
donner pour base à des condamnations à mort. D'après
Michiel, un des chefs huguenots, Bouchavannes, vint dire
au roi que les protestants projetaient de se réunir et de
rassembler leurs forces à Melun le 7 septembre afin de
tirer vengeance de l'attentat commis sur l'Amiral. Il y
a certes loin de là à la conjuration dénoncée depuis par le
Roi comme ayant nécessité l'emploi immédiat de moyens
préventifs de défense. Le fait relaté par Michiel tire de
la vraisemblance de la mansuétude dont Bouchavan-
nes de Bayancourt fut l'objet pendant les massacres.
Quant à la conspiration, voici ce qu'en écrivait à Rome le
nonce Salviati : « Le compte rendu officiel du procès
« fait à la mémoire de l'Amiral dit en autant de mots
« que l'Amiral conspirait en ces derniers temps contre
« la personne du roi et de ses frères, bien que ce soit
« d'une fausseté absolue et c'est une honte qu'une
« allégation pareille soit admise par des hommes dont
« le métier est de se tenir au courant des choses de
« ce monde. » (Dépêche citée par Hubert Reade : The
true story of ihe Massacre of Si Bartkolomœus, p. 225).
Dans sa remarquable élude : Themassacre of Sl-Bar-
tholomew (p. 47), sir Henri Austin Layard s'exprime sur
ce point en termes catégoriques :
L'excuse présentée parle Roi et la Reine-mère pour justifier le
massacre, à savoir que c'était un acte de légitime défense contre
les huguenots, qui avaient tramé une conspiration contre la vie du
Roi, de sa mère et de ses livres, est démontrée par les documents
n'avoir aucun fondement quelconque. Elle ne fut pas moine mvo
quée parle Pape Grégoire, qui ne voulut voir dans le massacre que
528
ÉTUDES HISTORIQUES
le triomphe de la foi. Elle ne trompe, les dépêchas des ambas-
sadeurs vénitiens l'établissent, ni Elisabeth, ni les Princes alle-
mands. Dans sa déclaration au Sénat de Venise, l'ambassadeur
Michiel la rejeta. Elle est d'ailleurs contradictoire avec l'ordre
donné par le Roi d'exterminer les protestants à travers toute la
France.
Voici en quels termes Bossuet s'est exprimé au sujet
de cette soi-disant conspiration :
Tout ce qu'on employoit pour décrier l'Amiral ne servit qu'à
illustrer sa mémoire. Elle fut pourtant condamnée par un arrêt
solennel qui eût pu être juste dans un autre temps et pour un
autre sujet, mais rien ne parut plus vain ni plus mal fondé que
la conjuration dont on l'accusoit alors. (Abrégé de l'Histoire de
France, par feu M. Bossuet, Évêque de Meaux, Paris, 1747, in-4°,
pp. 831-832.)
On a dit que la Saint-Barthélemy fut la conséquence
de la maladresse de Maurevert, que, Coligny mort le
22 août, tout eût été terminé. « Comme l'Amiral ne fut
pas frappé à mort », écrit le Nonce du Pape, Salviati, « la
reine-mère, voyant l'insolence des huguenots, prit le parti
de pousser le roi aies faire tous massacrer ». L'historien
Pierre Matthieu est plus affîrmatif : « // est certain que si
l'Amiral fût mort de ses blessures, le malheur de son parti
s'en fût allé avec lui ». (La Saint-Barthélemy et les
Archives du Vatican, par M. Bou tarie, Bibliothèque de
l'Ecole des Chartes, t. XXIII, pp. 21 et 25). Gela ne nous
paraît pas certain du tout. Le contraire nous paraît cer-
tain, Si l'Amiral eût été tué au lieu d'être blessé, les
choses se seraient passées exactement comme elles se pas-
sèrent. Les seigneurs protestants eussent eu plus de raisons
encore pour se plaindre véhémentement. La Cour eût eu
plus de raisons encore pour présenter ces plaintes comme
des menaces. L'on eût bâti là-dessus la même fable d'une
conspiration, et l'on eût procédé par les mêmes moyens
au même massacre.
Brantôme, qui n'est pas souvent naïf, fait preuve d'une
naïveté extrême quand il écrit (VU, 363) que « si, après le
coup d'arquebuse à l'Amiral, ses amis se fussent tenus
ÉTUDES HISTORIQUES
529
cois e( n'eussent sonné mot, il n'en eut été antre chose ».
Voilà une résignation et une apathie que l'on pouvait à
coup sur ne pas attendre des compagnons de Coligny.
Aussi est-ce l'attitude opposée que Ton escomptait; c'est
sur leur indignation, sur leurs récriminations passion-
nées, sur leurs révoltes, peu à redouter d'ailleurs dans le
milieu parisien et avec les précautions prises, que l'on
avait tabié.
L'ambassadeur extraordinaire de Venise, Giovanni Mi-
chiel, avait parfaitement compris cela (qu'il approuvait
du reste) et l'a énergiquement exprimé dans sa relation
au Sénat : « On s'est demandé si, dans le cas où l'Amiral
aurait été tué par le coup d'arquebuse, on se serait
contenté de sa mort. Les gens qui connaissent le fond
des choses disent résolument que non, et que, dans ce
cas, sous prétexte de rechercher l'auteur de l'arquebu-
sade, on aurait immédiatement fermé les portes de la
ville; on aurait pourvu, au moyen de postes nombreux,
à ce que personne ne pût sortir, et on aurait fait la
fête à tout le reste, soit ce même jour, soit la nuit sui-
vante. Il suffît de dire qu'on y avait pensé et pourvu de
façon que personne n'aurait pu échapper ».
XXII
[Page 504).
Nous voici au point central, à la phrase capitale ; lors-
qu'on lit le récit d'ensemble, on a l'impression que c'est
pour ce morceau que l'ouvrage a été fait. Combien en effet
n'était-il pas injuste de reprocher au duc d'Anjou l'entre-
prise de la Saint-Barthélemy, alors que, premier prince
du sang, il avait refusé d'assister aux délibérations du
Conseil où elle fut décidée! Le texte latin doit être cité :
Vocal [rex) itaque fratrem Henricum Ducem Andegavensem,
eique et conspirationem patefactam aperit, et Consiliï sut
rationem exponit. Sed Dux Andegavmsis, ne nomen suum
toi clarissimis viçtorijs illustratum, et belli gloriam [si cum
3i
530
ÉTUDES HISTORIQUES
reliquijs eorum intra mur os urbis certaret quos ineolumes,
florenles et armatos bello toties devicit) conlaminaret, ac
obscuraret, omnem eam conspirationem contempsil ac pro
nihilo duxit ; simulque a Rege fratre discessit : nec postea
in Concilium adduci potuit.
Malheureusement pour le duc d'Anjou, les documents
sont surabondants pour démontrer la vanité de ces allé-
gations audacieuses.
Dans sa relation au Sénat de Venise, Jean Michiel
disait : « Toute l'affaire, du commencement à la fin, a été
l'œuvre de la Reine; c'est celle-ci qui Ta conçue, orga-
nisée et menée à ternie avec la seule participation de
son fils, le duc d'Anjou ». Plus loin, Michiel explique que la
première tentative contre Coligny [archibusciata) avait été
« concertée parla Reine et le duc d'Anjou », et que, le
coup manqué, la Reine et d'Anjou vinrent, le soir, trouver
le Roi, et là, seuls avec lui, lui démontrèrent la nécessité
de prévenir les attaques des protestants, et de profiter de
ce qu'ils étaient venus s'enfermer dans Paris pour en finir
avec eux.
Au lendemain du 24 août, le nonce du pape, Salviati,
écrivait à Rome, racontait les faits et ajoutait : « Toute
l'affaire a été conduite principalement par le duc d'Anjou... »
(Dépêche citée par M. Hubert Reade. Voici sa traduction :
The whole business lias been ehieffl y managed by M. d! An jou) ,
Le secrétaire du Pape, Camillo Capilupi, renseigné de
première main par le cardinal de Lorraine qui alors
résidait à Rome et dont il était un des familiers, écrit
dans son Stratagema di Carolo nono : « Le soir venu,
M. d'Anjou envoya quérir le duc de Guise, et eux deu\
seuls accordèrent que, la nuit suivante, ils devaient tuer
l'Amiral et tous ses adhérents » (page 49 de la traduction
française publiée, en 1574, à la suite de l'original italien).
Le même écrivain nous apprend que, le moment de l'exé-
cution arrivé, ce fut le duc d'Anjou qui fit chercher le duc
de Guise par M. de Losses (p. 51) ; que lorsque les trois
ducs (Aumale, Angoulême et Guise) allèrent procéder au
meurtre de l'Amiral, ils étaient accompagnés de plusieurs
ÉTUDES HISTORIQUES
531
harquebousiers de la garde du Roy, et de toute celle de
M. d'Anjou (p. 52).
Nous venons d'entendre d'Anjou déclarer qu'il n'a
même pas voulu siéger au Conseil du Roi où l'entreprise
fut discutée. Mais Camillo Capilupi, son admirateur, est
d'un sentiment bien différent. A chaque pas il nous signale
la participation constante, active, du duc d'Anjou, et à
cause d'elle, résumant son Stratagema, il couvre d'Anjou
de louanges. Voici le passage, dont j'emprunte la traduc-
tion à Aignan (elle a été publiée par lui au premier volume
de son excellente Bibliothèque étrangère, 3 vol. 8°, 1823):
<( Il faut porter en particulier le même tribut d'éloges à
M. d'Anjou; ce prince, non seulement a été initié atout ce
qui s'est fait, mais on doit le considérer comme la che-
ville ouvrière de l'entreprise ». Capilupi a accentué ce
passage dans le manuscrit, encore inédit, qu'il déclare
être le meilleur de son livre; il tient à dire que d'Anjou
a étéprésent partout, à la délibération comme àl'exécution.
Voici les termes dont il se sert : « Monsieur d'Anjou in par-
îicolare cite e stato, non solo consapewle sempre di tutto
quello che si trattava, ma senza il cui parère et opéra niuna
cosa si deliberava, o, deliôerata, simandavaal effetto ». L'on
dirait qu'il tient à justifier la pension que faisait au duc
d'Anjou la Cour de Rome.
On considérait si bien d'Anjou comme un des
auteurs de l'acte du 24 août que des Cours étrangères
catholiques lui envoyaient des félicitations directes, et il
les acceptait, et il répondait. On trouve dans les Négocia-
tions avec la Toscane (Collection des documents inédits
de l'Histoire de France) au tome lll, p, 840, note, le texte
de la réponse du duc d'Anjou à Cosme ï, Grand Duc de
Toscane : « Paris, 16 septembre 1572... Le Roy, mon
« seigneur et frère, s'estoit tousjours bien promis que,
« comme vous ave/ toujours eu une très ardente dévotion
« à l'avancement delà gloire de Dieu et au bien de cette
« Couronne, vous seriez des premiers à vous conjouir de
« l'heureux succès de l'exécution de l'Amiral el de ses
« adhérai) s... »
532 ÉTUDES HISTORIQUES
Roedereiyà la lin d'un livre écrit conlre la prémédila-
tion de la Saint-Barthélemy, répartit les responsabilités
et dit : « Le duc d'Anjou fut le plus lâche, le plus ardent
et le plus atroce » [La proscription de la Saint-Barthé-
lemy, 1830, in 8, p. 245). Il rappelle l'opinion exprimée
par Le Laboureur : «D'Anjou eut la principale part à cet*e
cruelle et sanglante tragédie et il ne se répandit tant de
sang que pour ses intérêts ».
C'est que d'Anjou était l'homme du clergé catholique,
qui comptait entièrement sur lui, comme lui comptait sur
le clergé. « Ce cher fils que la Reine-mère avait façonné à
couvrir les artifices avec une douceur apparente, mons-
troit d'avoir les Huguenots en grand' horreur... On l'ap-
pelait le Dieu tutélaire des Catholiques » . (Mezerai, Histoire
de France, 1651, t. II, pp. 1066 et 1072). Le clergé recon-
naissait sa collaboration par des dons d'argent, ce qui
est assez significatif. « Monsieur, frère du Roy, « ne pou-
vait laisser si tost la haine qu'il portoit aux Huguenots,
ni mesme la dissimuler, pour l'obligation qu'il avoit à
l'Église Romaine, de laquelle et du clergé François il avoit
deux cent mille francs de pension. » {Réveille-Matin des
Français, Dialogue I, p. 30). Récusera-t-on le Béve; Ile-
Matin comme écrit par des protestants? On ne récusera
donc pas le cardinal de Lorraine. Lorsque le cardinal
Charles de Lorraine vint, au nom de l'universalité du clergé
de France, féliciter Charles IX de la Saint-Barthélemy, le
saluer à cette occasion du titre de Père de F Église, et lui
remettre comme marque de gratitude une grosse somme
d'argent, il ajouta que l'assemblée générale du clergé sup-
pliait le Roi d'agréer que, « pour reconnaisse les signalés
services rendus par le duc d'Anjou à l'Eglise Romaine,
le clergé lui fit présent de huit cent mille livres pour les
frais de son voyage de Pologne » (R. P. Dom Guillaume
Marlot, Histoire de Reims, 1845, t. IV, p. 423). Il est
piquant qu'une partie de cet argent ait été employée à
répandre en Pologne l'opuscule niant toute participation
du duc d'Anjou à la Saint-Barthélemy.
On a vu plus haut les termes violents, méprisai! Is,
ÉTUDES HISTORIQUES 533
qu'emploie Rœderer pour qualifier la conduite d'Henri
d'Anjou pendant les massacres. Il ne semble pas qu'ils
soient excessifs. Le jour même, le dimanche 24, d'Anjou
« ne sortit qu'à demi caché dans un coche » (Michelet,
IX, 429). Ses hommes étaient employés à piller. « Le seul
a sieur deTavannes eut les mains nettes; il ne souffre pas
« quesesgens prennent aucune chose. Ceux de M. d'Anjou
« pillent les perles des étrangers » [Mémoires de Saulx
Tamnnes, édit. Buchon, p. 435, col. 2). Le goût immo-
déré de ce prince pour les bijoux et les perles est connu :
l'occasion lui parut bonne pour s'en munir. Les Mémoires
de Tavannes, auxquels nous empruntons ce trait, ne
parurent qu'en 1653 ; ils confirment sur ce point ce qu'écrit
l'auteur du Tocsin : « Les couppeurs de bourse et autres
larrons se ruèrent sur les huguenots pour l'espérance
de butin, sinon d'aventure qu'il fut trop grand. Car
en ce cas les principaux chefs le réservoient pour eux;
comme entre autres la maison de Thierry-Badoire, riche
lapidaire, fut en butin aux Suisses, ou, comme affir-
ment aucuns, au duc d'Anjou, à cause de plusieurs
pierres et joyaux précieux qui y estoient ». Plus tard,
d'Anjou « se trouva parmi les rues, ses armes sur le dos,
et mesme se plaça sur le pont Notre-Dame, afin que sa
présence servît à encourager les petits (à tuer) et qu'il
pût faire remarquer là ceux qui s'y fussent acheminez
(vers Notre-Dame) pour se sauver » (Tocsin, f° 86a). Le
lendemain, s'il faut en croire l'auteur des Matines de la
Saint- Barthélémy (1690, p. 70), l'exécution faite, tout
péril écarté, le duc d'Anjou, accompagné de ses gardes,
parcourut lui-même la ville et les faubourgs, se faisant
ouvrir les maisons oû les massacreurs avaient rencontré un
semblant de résistance, pour rechercher s'il n'y trouverai!
pas quelque huguenot caché. C'est le vautour apparaissant
après le carnage. Lu même temps, il envoyai! des soldats
de sa garde « à la campagne, aux environs de Paris, visi-
ter les huguenots dans leurs maisons des champs. Et afin
que nul n'y fùst épargné, il envoyoi! aux divers quar-
tiers ceux de ses soldats qui n'y connoissoien! personne,
534
ÉTUDES HISTORIQUES
tellement qu'ainsi ils n'en épargnèrent pas un, excepté
quelques-uns qui furent pris à rançon pour « ceux qui
esl oient plus friands de l'argent. Et si ne laissoient pas
pourtant de tuer les prisonniers, leur rançon une fois
payée » [Réveille-Malin des Français, I, 170).
Voilà ce que l'on racontait dans les livres protestants.
On comprend l'exécration dont les huguenots du monde
entier poursuivaient le roi de Pologne, et si, ce qui est
bien probable, leurs récits sont exacts, on est tenté de
les excuser lorsqu'ils le comparent, non pas au vau-
tour, mais au lièvre, qui n'est pas réputé pour son
courage, et en même temps à un autre animal qui n'est
pas un emblème de délicatesse [Mémoires de F Estât sous
Charles IX, 1576, II, 362).
Nous avons montré qu'amis et adversaires sont d'ac-
cord pour reconnaître que le duc d'Anjou a eu, nous ne
dirons pas dans la lente et profonde préméditation, mais
dans la préparation du massacre, dans les moindres détails
de cette préparation comme il a eu dans son exécution,
un rôle considérable. Seule, la Vera Descriptio le nie, et
déclare qu'Henri d'Anjou est resté étranger à tous ces évé-
nements. Cette dénégation n'a évidemment aucune valeur
historique; mais l'isolement de ce témoignage d'innocence
est un puissant indice qu'il émane du coupable.
Celui-ci persistera d'ailleurs dans sa dénégation, et
deux ans plus tard, devenu roi de France, réduit à si-
gner la « paix de Monsieur », il y désavouera la Saint-
Barthélemy, en annulera les conséquences juridiques, dé-
clarera « n'y avoir eu aucune part et été mortifié au dernier
point de ce malheureux accident » (de Thou, VII, 417). Il
signera l'Edit dont l'art. 32 débute ainsi : « Les désordres
et excez faicts le xxiiij d'aoust et jours suivans en consé-
quence duditjour, à Paris et en autres villes etendroits de
nostre Royaume, sont advenus à notre très grand regret
et desplaisir ».
ÉTUDES HISTORIQUES
535
XXIII
(Page 504).
La Cour de France a beaucoup tergiversé sur l'attitude
à prendre après les massacres. Avant de s'en faire gloire,
ce qui fut de courte durée, ou de se donner l'excuse de la
légitime défense en découvrant une conspiration imagi-
naire, elle avait tenté de présenter l'événement comme
une querelle entre les Coligny et les Guises, à laquelle le
pouvoir royal était comme étranger. On voit qu'ici le duc
d'Anjou parle d'une rencontre quasi fortuite entre les
catholiques qui sortaient du Louvre et les protestants qui
s'y rendaient. Charles IX a essayé du même subterfuge.
Le jour même de la Saint-Barthélemy, il écrit à son
ambassadeur à Londres :
Il est advenu que ceux de la maison de Guise, qui n'ont petite
part en ceste ville, comme chacun sçait, ayant sceu certainement
que les amis de mon dict cousin l'Admirai vouloient poursuivre et
exécuter sur eux vengeance de ceste blesseure parce qu'ils les
soupçonnoient d'enestre la cause, sesontesmeus ceste nuit passée
si bien contre les uns et les autres qu'il s'est passé une grande et
lamentable sédition... ayant esté forcé le corps de garde qui avoit
esté ordonné à l'entour de la maison du dict sieur Admirai, luy tué
avec quelques autres genlilhommes, comme il en a esté aussi
massacré d'autres en plusieurs endroits de la ville. Ce qui s'est
meu avec une telle furie qu'il n'a esté possible d'y apporter le
remède tel que Ton eust désiré, ayant eu assez à faire à employer
mes gardes et autres forces pour me tenir en seureté dans mon
chasteaudu Louvre... Tout ceciadvenu par laquerelle particulière
qui est, de longtemps, entre ces deux maisons. [Correspondance
diplomatique de la Mothe Fénelon, t. VII. p. 324.
Charles IX faisait porter des affirmations analogues
aux princes allemands par M. de Sehomberg^ et aux
Suisses conféderez parle trésorier des Ligues. Le 27 août,
il écrivait dans les mêmes termes à ses gouverneurs, no-
tamment au Vicomte de Marie, gouverneur de Bayonne
(Bibl. nat., fr. N° L555S, I L2 v° .
536
ÉTUDES HISTORIQUES
Et le lendemain 28, en plein Parlement, il déclarait
- railleur de notre écrit va le reconnaître — que tout
s'était fait par son ordre.
Je dois à l'obligeance de M. le Comte de Juigné, qui a
bien voulu m'autoriser à en faire prendre copie dans les
archives de sa famille, une lettre inédite, qui fut écrite par
Charles IX le 28 août. Son destinataire était Jean de No-
garet, seigneur et baron de La Valette, dont le fils cadet,
Jean-Louis, porta le titre de marquis de la Valette et, à
partir de 1581, de duc d'Epernon. Le marquis de Juigné
actuel est le petit-fils de la Marquise de Juigné, née La
Valette. C'est grâce à l'aimable intervention de sa tante,
Madame de Juigné de Castellane, que j'ai pu me procurer
cet important document :
,4 Monsieur de La Vallelte, chevalier de mon Ordre, cappitaine de
cinquante hommes d'armes de mes ordonnances et gouverneur de
ma ville de Lecloure.
Monsieur de La Vallette, ayant esté descouvert comme l'admi-
rai et ses adhérans, depuis sa blessure, avoient conspiré contre
ma personne, de la Royne Madame et mère et de mes frères et des
autres princes et seigneurs estant près de moi, j'ay esté contrainct
faire prévenir leur pernitieuse entreprise par ceux de Guyse, ce
qui a été si dextrement exécuté que ledict admirai et ses dicts
adherans y ont esté la plus grande part tuez; et combien que j'aye
escript partout et faict publier, nonobstant cette exécution, mon
ntention estre entretenir mon edict de pacification etemptjscher
que mes subgectz s'offensassent l'un l'autre, toutefois je doubte
(je suppose) que ceulx de la nouvelle relligion se veillent eslever
et troubler le repos de mon royaume, ce que je désire empescher
en faisant rompre et tailler en pièces ceulx qui s'assembleront
contre mes edictz. Et d'autant, Monsieur de La Vallette, q-ie je
me confie à vous et que vous avez pouvoir et crédict par delà
entre nies subgectz, je vous fais ceste lettre pour vous pryer assem-
bler de voz amys et de mes subgectz et serviteurs le plus grand
nombre que vous pourrez, et me rendre obey soit par douceur ou
aulrenient, admonestant mes subgectz de demourer en repos en
leurs maisons et chastiant ceux qui vouldroient faire le contraire.
Je serais très aise que vous peusiez vous rendre maistre de la
ville de Lectore, estant de tel poix qu'elle est, et est à craindre si
ceulx de la dite relligion se trouvent les plus fortz qu'ils en
ÉTUDES HISTORIQUES
537
veillent mal user. Je vous prie donc vous y employer et me servir
en cela et toutes autres occasions selon que vous avez accoustumé
en me mandant de voz nouvelles au plus tost, pryant Dieu, Mon-
sieur de La Vallette, qu'il vous tienne en sa garde.
Escrîptà Paris, le xxvine jour d'aoust 1572.
Signé : Charles.
Et plus bas : de Neufville.
Cette lettre appartient à la série de celles qui conti-
nuaient à pousser au massacre. On remarquera cette
phrase : « La chose a été si dextrement exécutée que
l'amiral et ses adhérents ont presque tous été tués ». On
notera aussi l'ordre qui suit de « tailler en pièce » ceux
qui s'assembleraient contre les édits et d'obtenir la sou-
mission par douceur ou « autrement ». Très vite, il fallut,
au moins dans les rapports diplomatiques, prendre un ton
tout opposé.
XXIV
{Page 504).
Il est probable qu'il s'agit de la lettre adressée par
Théodore de Bèze, le 4 septembre 1572, ad Herdesianum,
jurisconsuttum, el Norimb. Reip. a consiliis. On lit dans
cette lettre : « AUqul conglobati nobiles egregii restiterunt,
sed multiludlne tandem sunt oppressi; honnulUs et qukiem
panels excepùs qui quod in suburbio agerent fit g a dicuntur
elapsi ». C'est de cette tardive, partielle, peut-être isolée
tentative de résistance, immédiatement avortée, que le
trop habile auteur de notre récit fait la bagarre originaire
d'où est sortie la Saint-Barthélemy ! (On trouvera la
lettre de Th. de Bèze à la Bibliothèque de la Société de
l'histoire du protestantisme française, dans le Ihesaurus
Baumianus). Voilà sans doute ce qui lui a permis, au
début, d'appeler la Saint-Barthélemy un accident : casus,
comme Charles IX et Catherine, en écrivant à notre
ambassadeur à Londres, le 9 septembre 1572, l'appe-
laient une émotion : « l'émotion qui est advenue ici...
538 ÉTUDES I HISTORIQUES
l'émotion advenue en plusieurs villes de mon royaume ».
[Correspondance de La Mothe Fénelon, t. Vit, pp. 338-
341). « Sa Majesté, écrit encore le Trésorier des Ligues
suisses, m'a fait commandement de vous communiquer
un accident advenu ces jours passés dans la ville de
Paris... Le mariage célébré cinq jours avant cet incon-
vénient... Chacun connoistra ainsi cet accident estre
advenu pour querelle particulière... » [De furoribus g al-
lias, 1573, pp. cv et cvn). Jamais expressions ne furent
plus impropres, car jamais entreprise ne fut plus mé-
thodiquement préparée. Le plan, simple et pratique
fut exactement suivi. Il fallait aller de haut en bas,
commencer par Coligny et les grands chefs pour con-
tinuer par les gentilshommes, passer de ceux-ci aux
« membres du Parlement et conseillers notables » [Mémoires
de Geizkofler, p. 63), puis aux marchands, pour finir
par le petit peuple.. Les paisibles bourgeois huguenots
ne seraient attaqués que lorsque les seigneurs auraient
été mis hors d'état de les défendre. Quant aux seigneurs,
chefs et simples gentilshommes, les maisons qu'ils habi-
taient avaient été réparties entre des « Capitaines », dis-
posant d'un nombre d'hommes suffisant, de manière que
chacun « peust assaillir le sien par ordre et au même
instant ». [Le Tocsin, 74 a.) « La tuerie débuta à petit
bruit vers une heure du matin, les rues étant encore
plongées dans l'obscurité » (Léon Marlet, Notes critiques
sur la St-Barthélémy , Paris 1905, in 8°, p. 21), et les
victimes dans leur premier sommeil. Ce fut une battue
supérieurement ordonnée par ce maître veneur passionné,
auteur du livre : La Chasse Royale, Charles de Valois, roi
de France. Lui-même, « en derrière, disoit, se riant, qu'il
avoit fait comme son fauconnier, et veillé ses oiseaux ».
[LEstoile, édit. Petitot, XLV, 71). Ainsi les nobles hugue-
nots furent tous, dans un même moment, désarmés, rien
ne leur ayant laissé soupçonner une attaque, et, dans
l'impossibilité de se défendre les uns les autres ou de se
défendre eux-mêmes, mis à mort sans combat. « Les
gentilshommes du roy de Navarre et du prince de Condé
ÉTUDES HISTORIQUES
539
furent lires de leurs chambres et désarmés de l'espée et
de la dague qu'ils portaient » {Tocsin, 77a). Les princes
du sang durent eux-mêmes subir la même rigueur :
(( Deux heures avant le jour furent réveillez le roy de
Navarre et le prince de Condé par nombre d'archers de
la garde qui entrèrent effrontément dans leurs chambres
et leur firent commandement, de par le roy de s'habiller
et de venir le trouver sans espée » (Sully, Mémoires des
sages et royales économies d' Estât, 1638, in-fol., I, 10).
Ainsi le mot d'ordre du désarmement, immédiat et simul-
tané, fut général. « Les personnes massacrées étoient
endormies et désarmées », écrit l'historiographe de
France, Jean de Serres, dans son Inventaire de l1 Histoire
de France, Lyon 1653, in-8°, I, 705). Et le confesseur du
roi, Arnault Sorbin, clans son Vrai Réveille-Malin des
calvinistes et publicams françois (pièces liminaires : Com-
paraison) loue le roi de les avoir attaqués
Quand il a veu leurs yeux appesantis de somme.
On ne saurait expliquer autrement comment tant de
vaillants soldats ont pu être égorgés sans que les égor-
geurs subissent presque aucune perte. Il fut sans doute
unique, le cas de ce lieutenant de la maréchaussée qui,
ne s'étant pas laissé surprendre, joua des pistolets et de
l'épée jusqu'à son dernier souffle, ne cessant de répéter
qu'il était officier du Roi, et confiant, le candide gen-
darme, que s'il tenait bon, le Roi Fallait délivrer de cette
populace (Le Tocsin, 84;iï. Ce lieutenant doit être celui
que d'Aubigné (Hisl. unie., 1626, col. 551 ) nomme Tevemi,
et qualifie de « Lieutenant de la Robbe-longue de la Con-
nestablie ». D'Aubigné s'émerveille que de cette « valeu-
reuse Noblesse » il n'y en eut qu'un autre qui mourut
l'épée à la main : Marafiiî de Guerchi, lieutenant des gens
d'armes de Coligny, lequel « mil son manteau autour du
bras, et se fit hier à coups d'épée, se vengeanl comme il
pou voit » (lbid.x col. 546).
540
ÉTUDES HISTORIQUES
XXV
[Page 504) .
L'auteur, pour diminuer l'importance de l'acte,
diminue le nombre des victimes au-delà de toute vrai-
semblance. Dans la relation de Jean Michiel, l'ambassa-
deur extraordinaire de Venise, on lit : « Quant au
nombre des tués à Paris, ceux qui disent le plus disent
quatre mille; l'évaluation la moindre est de deux mille
environ » (Albéri, série 1, t. IV, p. 291). Ce dernier
chiffre, le plus faible, est celui qu'adopte Tavannes : « Il
demeure deux mille massacrés ». De Thou : « Il y eut
environ deux mille hommes de tuez le premier jour ».
Sigismundo Cavalli, l'ambassadeur vénitien résidant,
déplore que quelques huguenots aient échappé au mas-
sacre, » ce qui, ajoute - 1— il, ne fut pas arrivé si les ordres
donnés avaient été exactement suivis ». Nous voilà loin
des cinq cents victimes de la Vera Descriptio! Montluc,
l'auteur présumé de celle-ci, a produit dans sa Defensio
contra quorumdam calumnias une affirmation encore plus
audacieuse : « On prétend qu'il y a douze cents gentil-
hommes tuez : il n'y en a pas eu plus de quarante ». [Mé-
moires de F Estât de France sous Charles /X, 1576, t, II,
p. 179). Quant aux massacrés qui n'étaient pas gentils-
hommes, cela ne compte pas pour l'évêque de Valence. Pas
plus que ne comptent les femmes et les enfants : Homi-
num cimier quingenti perierunt. (Cf. sur le nombre des
victimes parisiennes, le Bulletin de 1897, p. 474-481.)
XXVI
{Page 505).
Comment la clôture des portes, qui ôtait toute chance
de fuiteàceux qui avaient jusque-là échappé au massacre,
pouvait-elle faciliter l'apaisement? Nous saisissons dail-
ÉTUDES HISTORIQUES
leurs, ici encore, une inexactitude faite pour fourvoyer le
lecteur. Ce n'est pas « le lendemain, postera die, » le
lundi 25 août que les portes de Paris furent fermées. C'est
le vendredi 22 août, le jour où Coligny fut blessé. « On
dépêcha des gens pour courir après le meurtrier qu'on ne
connaissoit pas encore, et, afin qu'il ne pût échapper, on
ferma toutes les portes, excepté deux qu'on réserva pour
l'entrée des vivres, mais le Roi y fit mettre des gardes ».
(De Thou, VI, p. 386). La raison donnée fut la recherche
du meurtrier, qu'on ne prit pas. Le résultat effectif fut
d'empêcher les huguenots de sortir de la ville. Pour la nuit
du 23 au 24 les ordres furent des plus stricts : « Le Roy
commanda la nuict que les portes de la ville fussenttenues
fermées et que tous se missent en armes» (Le Tocsin, 74a).
Ce n'était plus sans doute pour se saisir de Maurevert.
XXVII
(Page 505).
Les dépêches de Cavalli, ambassadeur de Venise à la
Cour de France, nous édifient sur la véracité de cette
affirmation. Le 25 août, Cavalli racontait le massacre de
la veille, et ajoutait : « La nuit dernière, le Roy a envoyé
des ordres à Orléans et d'autres cités pour qu'on y fasse
ce qu'on a fait à Paris. » Et le 27 août, Cavalli écrivait
encore au doge : « Il est vrai que le Roi a donné l'ordre de
massacrer les huguenots dans les villes, et l'on sait déjà
qu'un grand nombre ont été tués à Rouen, à Meaux, à
Chartres et à Orléans » (Extraits des Annali et du Bubri-
cario de Venise, publié par Tomaso Gar dans les Atli del
Regio Istituto Veneto, t. XV série 3).
Giovanni Michiel donne la même note : << Depuis lors
on a agi de même, avec une fureur égale et souvent plus
grande, dans toutes les provinces et presque dans toutes
les villes du royaume, et l'on n'a épargné qui que ce soit,
pas même ceux qui avaienl des charges - (Alberi, Rela-
tions des Ambassadeurs vénitiens).
542
ÉTUDES HISTORIQUES
XXVIII
{Page 505).
À ces sept villes, M. William Martin, qui a donné la
traduction des rapports de Michiel et de Cavalli dans son
livre : La Saint- Barthélémy devant le Sénat de Venise,
{ p. 27, note) en ajoute quinze: Agen, Angers, Beaugency,
Blaye, Blois, Bourges, Castres, la Charité, Dax, Jargeau,
Moissac, Romans, Saumur, Troyes, Valence.
XXIX
(Page 505).
L'histoire n'a consigné le souvenir d'aucun de ces
« auteurs de désordres » qui auraient été recherchés pour
avoir, en dépit des ordres royaux, continué à massacrer
leurs concitoyens. Les poursuites dirigées contre eux ont
été clandestines, et les résultats de ces poursuites sont
restés ignorés.
XXX
(Page 505).
Cependant, le 5 septembre, Jean Michiel écrivait au
Doge de Venise : « Le massacre des huguenots continue
clans tout le royaume. Hier matin, une procession publique
et solennelle, à laquelle ont pris part, avec le Roi, la Reine,
les princes frères du Roi, tous les officiers et tout le clergé
portant le Saint Sacrement et les Reliques des Saints, a eu
lieu pour appeler sur cet événement la protection spéciale
de Dieu ». Et le 13 septembre : « La mise à mort des
huguenots continue, quelques-uns des plus notables
étant, avec leurs partisans et les personnes à leur service,
noyés secrètement la nuit » . (Gar. loc. rît) . Ce qui confirme
d'avance ce que, quatre ans plus tard, ignorant les rap-
ports ci-dessus cités, écrira l'auteur du Tocsin (93 b.) :
« Plusieurs furent mis prisonniers, desquels aucuns
estoient la nuict jetez en la rivière ».
Henri Monod.
Documents
LA CONFESSION DES PÉCHÉS DE LA LITURGIE
des Églises réformées de France insérée
dans un livre de piété catholique. {Suite.)
Grâce à l'obligeance de M. le pasteur Ch. Bostje suis
en mesure d'ajouter quelques éclaircissements bibliogra-
phiques aux notes que j'ai données plus haut (1) sur cer-
taines infiltrations protestantes dans la littérature d'édi-
fication catholique des xvie et xvif siècles.
Notre collègue du Havre veut bien me signaler un
autre petit livre qui a du reste une proche parenté de
titre avec le Thésaurus precum... de 1587, 1601 et 1615,
mais qui paraît avoir été délibérément rédigé et édité à trois
reprises, en 1585, en 1602 (2) et en 1686, pour faire
passer sous un pavillon catholique un recueil populaire
de prières et d'instructions protestantes. Le plan est tout
différent de celui du Thésaurus et l'élément didactique y
tient une place absente dans le recueil latin qui est d'une
piété plu s mystique.
Voici une intéressante citation de Gautier de Saint-
Blancart (3) à ce sujet :
« ...Puisque je suis tombé surles Livres de Religion il esl how
de rapporter ici ce qui se passa à l'égard d'un petit livre intitul i
Le thrésor des prières j onùsons et instructions chrétiennes, etc., par
M. J. de Ferrières, curé de St^Nicolas-des-Champs.*.
(1) Bull. LVIII, p. 158.
(2) Et peut-être encore en 1603 fin-12 chez J. Mieard à Paris] si le Diction
nuire de bibliographie catholique de Migoe auquel .remprunte ce renseigne
ment n'a pas confondu atoc l'édition de L603.
(3) Histoire apologétique ou défense </<■* libertés des Eglises réformées </<•
France. Amsterdam IMS, I. Il, p. 138, 134. — Klie Benoit, dans son Hii
de l'Èdil de Nantes, t. v, p. '.un, donne des renseignements concordants.
DOCUMENTS
« Quelques personnes de piété tâchèrent do contribuer quel-
que chose à l'édification de leurs frères parle moyen du Livre
dont j'ai rapporté le titre, et qui avait été publié vers la fin du
siècle passé (1), ou au commencement de celui-ci. J'ai une édi-
tion de ce livre de l'année 1602.
« C'est un recueil qui contient non seulement un grand
nombre d'oraisons sur divers sujets, composées pour servir aux
dévotions particulières des Réformes, et dont l'usage leur était
ordinaire, soit dans leurs familles soit dans leurs cabinets ou ail-
leurs; mais encore des Prières dont les Églises de France se ser-
voient publiquement dans leurs Temples (2), des paraphrasas de
plusieurs pseaumes ; l'explication de l'Oraison dominicale, du Sym-
bole des apôtres et des Dix Commandements de la Loi, et plusieurs
autres excellentes instructions tirées de l'Écriture Sainte de nos
catéchismes et de notre Liturgie. Mais l'auteur de ce recueil, se
proposant sans doute ou de donner le moyen aux fidèles de s'en
servir en des temps de persécution sans craindre la vigilance des
inquisiteurs, ou de mettre entre les mains de ceux de la com-
munion de Rome même, pour leur inspirer adroitement la
vérité et la piété, ou peut-être les deux ensemble, cet auteur, clis-
je, quel qu'eût été son dessein, avoit habillé son livre à la Romaine
Il l'avait publié sous le nom d'un prêtre, il l'avait muni d'un calen-
drier (3), il avoit parlé et dans le corps de l'ouvrage et dans le titre
de la Salutation Angélique et des sept Psaumes pénitentiaux; et il
avoit pris soin dans l'impression, d'y faire mêler en divers en-
droits des caractères rouges avec les noirs.
« Ces personnes pieuses dont j'ai parlé, ayant recouvré un
(1) La première édition est de 1585. La Bibl. Nat. en possède un joli exem-
plaire en maroquin olive, réglé, ayant appartenu aux capucins de Paris (B. N.
invent. D. 35007). En voici le titre complet : Thrésar des prières, oraisons et
Instructions chrétiennes pour invoquer Dieu en tout temps, avec plusieurs
sainctes Méditations et Expositions tant sur V Oraison dominicale, la Salutation
Angélique, les articles de la Foy, les Dix commandemens de Dieu, que sur les
sept pseaumes pénitentiels extraictes tant des sainctes escritures que des saincts
Pères et Docteurs anciens et modernes ensemble un calendrier historial. A
Paris pour Guillaume Auvray rue St-Jean-de-Beauvais au Bellerophon cou-
ronné, 1585. — Tlfaut remarquer que cette édition ne fait pas mention du nom
de l'auteur supposé, M. J. de Ferrières, curé de St-Nicolas-des-Champs qui
n'apparaît que dans les éditions de 1602 et 1686.
(2) Y compris la Confession des péchés (p. 56) précédée d'un préambule,
comme suit : « Seigneur Dieu Père Éternel et Tout Puissant, qui ne voulez
pas la mort du pécheur mais qu'il se convertisse et qu'il vive, nous confes-
sons et nous reconnaissons devant votre Sainte Majesté... » Plus loin (p. 210)
une Oraison très dévote pour dire principalement le jour du saint Dimanche,
par laquelle on prie Dieu pour tous les rois, pri?ices, évêques et pasteurs de
l'Église... n'est autre que la prière d'intercession de la liturgie calviniste.
(3) Ce calendrier historial est orné de 12 figures gravées sur bois par le
petit Bernard. L'observateur le moins superficiel y reconnaît la note protes-
DOCUMENTS
545
exemplaire de ce livre, crurent que sans que les persécuteurs s'en
aperçussent il pourroit servir utilement à l'instruction et à la con-
solation des fidèles qui gémissoient sous l'inquisition de France.
Dans cette pensée, ils le retouchèrent pour l'accommoder à l'usage
de ce temps ( i )échangeant les expressions qui avoient le plus vieilli
et en substituant d'autres à leur place. Ils firent aussi quelques
petits changements dans les choses même et pour mieux éblouir
nos ennemis, ils y mêlèrent quelqu'un de leurs dogmes les moins
dangereux; comme celui du Limbe des Pères, dont l'auteur
n'avait pas parlé.
« Cela fait, ils le remettent à un Libraire de Paris à qui ils ins-
pirent de le réimprimer (9). Le Libraire le fait passer par l'examen
de deux docteurs de la Sorbonne ; ces Docteurs y donnent une
approbation extrêmement avantageuse. Ils témoignent qu'ils l'ont
lu exactement, que la doctrine leur en a paru orthodoxe, et les orai-
sons d'autant plus propres pour l'usage des fidèles qu'elles sont
toutes, ou tirées mot à mot de l'Écriture Sainte, ou composées
de ses sentences les plus choisies. Ils ajoutent que quoique l'auteur
ne se soit pas attaché à toutes les actions de la Religion catholique,
ce qui relève le mérite et le prix de son Thrésor, c'est qu'il apprend
dans le détail à faire saintement beaucoup d'actions dont il n'est
tante, par exemple, à la fin : « Supputation des années depuis la création du
monde jusqu'à l'an 1585 selon le calcul de M. Luther... »
Les éphémérides signalent longuement les orages et autres événements
météorologiques mais ne négligent pas les faits contemporains qui intéressent
les Réformés :
« 13 mars 1569, Bataille de Gernac.
« 10 juin 1512, ce iour la Royne de Navarre décéda en la ville de Paris, rue
de Grenelles.
« 18 juillet 1585. Cemesme iour le Roy assistant au Palais à Paris fut aboly
l'Edict de pacification avec ceuxde.la Religion, la volonté du Roy estant qu'il
n'y eust qu'une religion.
« 24 aoûst 1572 : La iournée dite Sainct-Barthélémy. »
(1) Quelques-unes de ces retouches ne sont pas de pure forme et l'on sent
que la doctrine calviniste a perdu sur certains points de sa rigidité. Ainsi
l'édition de 1585 dit à propos de la Gène : « La table de N. S. nous est proposée
sous l'espèce de pain et de vin, par lesquels nous recevons vrayement le
corps et le sang du Seigneur Jésus, d'autant qu'estans icy en terre, nous
montons par foy au ciel jusques à luy, et estans membres de son corps, nous
sommes faits participans de tous ses biens. » En 1686 il est dit : « Le sainl-
sacreroent du corps et du sang de J.-G. est une sainte cérémonie par luy ins-
tituée la veille de sa mort et passion, sous les espèces du pa in et du vin pour
estre faite en mémoire du sacrifice de sa croix, par lequel tous les fidèles sont
faits participans, non seulement de tous les bienfaits de J.-G. mais aussi sont
nourris de son vray et substantiel corps et sang en recevant les espèces
visibles du pain et du vin, tellement que par cette sainte communion, non-
sommes faits un avec luy, et incorporez en lui... »
(2) Estienne Lucas, rue Ghartière, vis-à-vis du PuitsCerlam, à la Bible-
d'Or, qui, avant la Révocation avait une boutique à Charenton cl édita plu
sieurs Bibles et psautiers huguenots.
3b
DOCUMENTS
parlé qu'en général dans leurs exercices de dévotion. Enfin ils
déclarent que la réimpression de ce livre ne peut être que très
utile (1). Sur cette approbation le Roi permet de le réimprimer par
un privilège authentique (2). On le réimprime donc dans Paris
même et avec approbation et privilège du Roi.
« Cette nouvelle édition ne parut pas plutôt qu'on en débita
une infinité d'Exemplaires ! Ce ne furent pas seulement les Nou-
veaux Convertis qui l'achetèrent; les anciens catholiques Romains
voulurent aussi l'avoir (3), et pas un d'eux ne trouva rien à redire
à cet ouvrage ; ils en parloient tous au contraire, comme d'un
ouvrage excellent et rempli de piété et d'onction : si bien qu'il se
répandit en peu de temps sans aucun obstacle, et dans Paris et
dans toutes les provinces du Royaume (4).
« Mais quelqu'un ayant enfin remarqué, que ce Thrésor ne ren-
fermait que les richesses de la Religion réformée, on ne le regarda
plus avec les mêmes yeux. Ce Thrésor dont l'éclat avoit d'abord
frappé tous les yeux, et dont MM. de la Sorbonne avoient eux-
mêmes si fort relevé le mérite et le prix, n'eut plus rien de riche
ni de précieux; il n'eut plus rien que de noir et de funeste... Ce
fut un livre pernicieux; un livre enfin qu'il falloit supprimer pour
cette seule raison, qu'il contenoit la religon des Réformes, quoi-
qu'au fond la Doctrine, et les maximes en fussent pures et que les
pratiques qui y éloient enseignées fussent saintes et dignes de la
Religion chrétienne. On fit en effet ce que l'on put pour le suppri-
mer; on en défendit la lecture comme d'un livre de magie : et les
curés eurent ordre de publier ces défenses dans leurs prônes et
d'obliger leurs paroissiens à leur apporter tous les exemplaires de
ce livre qu'ils auroient en leur pouvoir.
« Dieu permit sans doute tout ce je viens de dire, soit pour
faire éclater la pureté de la Religion réformée, soit pour décou-
vrir la passion et l'aveuglement des Catholiques Romains ».
Ajoutons pour finir, que l'innocent artifice dont les
éditeurs de 1686 durent se servir au lendemain de la
(1) Ces docteurs, Varet et De Rivière pourraient bien avoir été complices
de la pieuse industrie des éditeurs ; ou leur nom est-il aussi apocryphe que
celui du curé Jean de Ferrières?
(2) Ce privilège est daté du 16 janvier 1686.
(3) L'exemplaire de la B. N. est relié en maroquin rouge aux armes de
Louis XIV. (B. N. im. D. 19370.)
(4) Le pasteur François Murât de Grenoble qui avait publié, en 1688, à
St-Gall un manuel de piété intitulé Armes de Sion, ou prières convenables
pour consoler et fortifier les fidèles qui gémissent sous la croix, le réédita
sous un titre qui rappelait le succès du volume de 1686, et le dénomma, en
de nombreuses réimpressions : Nouveau Thrésor de prières propres en tous
tems et surtout en celui de l'affliction de l'Eglise.
DOCUMENTS
547
Révocation pour fournir un livre d'édification à leurs
coreligionnaires privés de temples et de pasteurs n'a pas
encore cessé d'abuser les lexicographes. Dans le Diction-
naire de bibliographie catholique de Migne, le Thrésor de
prières... de M. J. de Ferrières continue à figurer au cata-
logue des ouvrages approuvés. Il n'est pas non plus à
Y Index libiorum prohibitorum de Rome. Espérons que ces
lignes destinées à intéresser quelques bibliophiles hugue-
nots au sort des rares exemplaires qui en subsistent
n'attireront pas au problématique et peut-être inexistant
curé de Saint-Nicolas-des-Champs une condamnation
aussi tardive qu'imméritée.
H. Dannreuther.
LES TEMPLES ET LES PASTEURS DE MOUCHAMPS
Avant la révocation de l'édit de Nantes.
(1561-1685)
LES TEMPLES
Le culte réformé commença à être célébré publi-
quement à Mouchamps au mois d'août 1561 (J), mais il
est difficile de dire en quel endroit. On peut supposer que
ce fut dans l'église paroissiale, quoique cela ne soit pas
prouvé. En tout cas, cet édifice ne dut pas servir bien
longtemps aux protestants sans qu'ils fussent inquiétés,
car un édit du mois de janvier 1562, qui leur accordait
une certaine liberté de réunion, leur défendait de s'assem-
bler dans les anciennes églises.
C'est probablement à ce moment que le seigneur de
Mouchamps, Jean de Parthenay-Larchcvèque, sieur de
(1) Bibl. liât. VA , 1 7(î, :ï3tl : Fachun pour let habitants dé Mouchamps /'(lisant
profession delà II. V. H. — Lièvre : Mist. des protestants ti des Églises réf
mées du Poitou, I, SX.
548
DOCUMENTS
Soubize (1), qui s'était déclaré publiquement pour la
Réforme (2), lit fermer l'église, dont il pouvait bien se
croire propriétaire, puisqu'elle se trouvait dans l'enceinte
d'un château lui appartenant (3). Tout porte à croire,
cependant, que les réformés, qui formaient alors la très
grande majorité de la population de la paroisse, ne tar-
dèrent pas à utiliser l'église comme lieu de culte. Ils en
jouirent une soixantaine d'années, mais pas toujours
librement, en particulier après la Saint-Barthélémy.
D'après une factum fourni par le syndic du clergé du
diocèse de Luçon, quelques années avant la révocation de
l'édit de Nantes, pour faire interdire l'exercice du culte
réformé à Mouchamps, cet édifice aurait même été, à la
fin du xvie siècle, soumis au simultaneum, c'est-à-dire
qu'il aurait servi à la fois au culte catholique et au culte
protestant, et cela du consentement du prieur-curé (4).
Toutefois cette double affectation ne dut être qu'excep-
tionnelle.
C'est dans l'église devenue temple, que le lundi
2 septembre 1566, fut inhumé Soubize, seigneur de la
paroisse, mort en chrétien, la veille, au château du
Parc (5).
Les protestants jouissaient encore de l'église au mois
d'octobre 1621, lorsque le grand vicaire de l'évêque de
Luçon vinten prendre possession, la réconcilier et chanter
« en icelle la première messe » (6). Ce représentant de
l'évêque laissa derrière lui un curé, Isaac de Ringère, qui
fut chargé d'officier dans l'église rebénite; mais ce prêtre
ne tarda pas à être inquiété par les réformés qui, dès le
mois de mars de l'année suivante, le firent prisonnier et
(1) Soubize près Rochefort.
(2) Jules Bonnet : Mémoires de la vie de Jean de Parthenay-Larchevêque,
sieur de Soubize, pages 43 à 50.
(3) Lièvre : Hist. des prot. du Poitou, I, 134-135.
(4) Bibl. de Poitiers, Dom Fonteneau, XIV, "45 : Factum pour le syndic
du clergé du diocèse de Luçon.
(5) Jules Bonnet : Mémoires de la vie de Jean Parthenay-Larchevêque, sieur
de Soubize, 98; Bulletin delà Soc. de l'hist. du prot. franc, XIII, 311 : Testa-
ment d'Antoinette d'Aubeterre.
(6) Mercure de France, 1622, VIII, 491-492.
DOCUMENTS
le menèrent lié à la Chaize-le-Vicomte, où se trouvait une
armée protestante, conduite par Benjamin de Rohan-
Soubize, petit-fils de l'ancien seigneur de Mouchamps.
On l'y retint six jours, après quoi il fut mis en liberté.
Revenu à Mouchamps, de Ringère continua à dire la
messe; mais, à la fin de Tannée, l'exercice de son minis-
tère fut encore troublé. La veille de Noël, en effet, les
Eglise dans laquelle les réformés célébrèrent leur culte jusqu'en 1621.
protestants, maîtres du château, refusèrent d'en ouvrir
les portes aux catholiques qui voulaient aller entendre les
matines et la messe de minuit; le lendemain, le mardi
suivant et le premier jour de l'an 1623, ils causèrent du
désordre en allant dans l'église faire des « insolences »
aux fidèles assemblés et des « menaces » au curé, qui fui
obligé de se retirer (1).
(1) Arch. de la mairie de Moucliauqis : reg. tenu par le clergé cath. de
1621 à lfifi9.
550
DOCUMENTS
Sur les instances de ce dernier, le cardinal de Richelieu,
évêque de Luçoo, en porta plainte, et par arrêt du
13 février 1623, le conseil privé du roi ordonna de faire
assigner à comparaître devant lui dame Catherine de
Parthenay, douairière deRohan, devenue propriétaire du
château de Mouchamps depuis la mort de Soubize, son
père, en 1566. Celle-ci refusa d'obéir à cette assignation
et demanda par requête du 17 juillet 1624 à porter l'af-
faire devant le Parlement de Paris, chambre de l'édit.
Mais Richelieu, qui dominait déjà au conseil royal (1),
fît décider que l'opposante serait appelée devant ce conseil
pour fournir ses moyens. Comme elle ne comparut pas et
ne fît rien produire, un arrêt donné par forclusion, le
11 septembre 1624, ordonna le rétablissement de la
messe dans l'église de Mouchamps, défendit à Mme de
Rohan et aux réformés de « troublez et empescher le curé
dudit lieu et autres prêtres qui y seroient employez en la
célébration du service divin, jouissance de leurs béné-
fices et perception des dixmes ».
La douairière de Rohan ne se conforma pas immédia-
tement à cette ordonnance, car le conseil privé dut
prendre, le 27 mars 1626, un nouvel arrêt pour faire
exécuter celui du H septembre 1624 (2). Vraisembla-
blement, le culte romain ne fut rétabli dans l'église qu'un
peu plus tard.
Définitivement dépossédés de l'église en 1628, les
protestants se bâtirent un temple (3) sur lequel voici
quelques détails :
Le temple érigé à cette époque était placé sur un
terrain situé entre la rue principale du bourg, la route de
Rochetrejoux, la petite rue qui part de cette route pour
descendre en dessous de l'église et une autre rue partant
de cette dernière pour remonter à la rue principale, à
(1) Il avait obtenu le chapeau de cardinal en 1622 et était entré au minis-
tère en 1624.
(2) Filleau. Décisions catholiques, édition de 1668, 161-162 : Arrêt du conseil
privé du roi contre Mme de Rohan et les religionnaires de Mouchamps pour le
rétablissement du service divin à Mouchamps, 27 mars 1626.
(3) Lièvre, Rist. des protestants du Poitou, I, 309.
DOCUMENTS
551
côté de la maison de M. Bordron. Son emplacement est
actuellement occupé par les bâtiments de M. Lucas.
Au nord-est du temple, un terrain (actuellement le
pré de M. Moreau) fut converti en lieu de sépulture pour
les protestauts. Plus tard, en 1673, le Consistoire se
rendra acquéreur d'une maison et de ses dépendances
situées au sud-ouest (1).
Le temple avait deux portes, l'une donnant sur un
emplacement laissé libre du côté de la rue principale et
l'autre sur la rue qui relie cette dernière à la route de
Rochetrejoux. Il était établi sur plancher et couvert de
tuiles. Auprès de chaque porte était une « boëte » (tronc)
fermant à clef, où les fidèles déposaient leurs dons. Une
« chaize » (chaire), sur laquelle se trouvait une Bible
recouverte de cuir et des bancs composaient tout le mobi-
lier de ce simple édifice ; mais sur le fronton extérieur du
temple, ou à côté, existait une cloche destinée à appeler
les fidèles au service divin. Le clocher, ou l'appui qui
en tenait lieu, ne devait pas être très élevé : il ne fallait
que cinq « brasses » de corde (environ 8 m. 50) pour
sonner la cloche. Le culte était célébré dans ce temple
tous les dimanches et quelquefois le jeudi. La cène y était
généralement distribuée tous les trimestres, deux diman-
ches de suite. Les époques de communion étaient Noël,
Pâques, fin de juin et fin de septembre. On communiait
le dimanche d'avant et le dimanche d'après la fête de
Noël, plutôt que le jour même. Un « plat » pour les
offrandes était placé à côté de la table de communion ou
sur la table même (2).
En vertu d'un arrêt du 6 août 1665, presque tous les
temples du Bas-Poitou furent démolis; il ne resta que
ceux de Mouchamps et de Pouzauges.
Pendant un séjour qu'il fit à Paris en 1682 et 1683,
de Barillon, évêque de Luçon, obtint la démolition du
(1) Arch. départ, de la Vendée, série I : Contrat do rétrocession an Consis-
toire d'nne maison située prés du temple ; — série (i : Titres de L'ancien
prieuré de Mouchamps.
(2) Arch. départ, de la Vendée, I : Cahiers de recettes et dépenses du cou
gistoire de Mouchamps.
DOCUMENTS
temple de Mouehamps et la translation de celui de Pou-
zauges. 11 comptait beaucoup, pour ramener les protes-
tants, sur le chagrin que leur causaient ses vexations (1).
L'arrêt ordonnant la démolition du temple de Mouehamps
fut rendu en Conseil d'État du roi tenu à Versailles, le
11 janvier 1683; il portait que le temple devait être
démoli par les protestants eux-mêmes dans le délai de
deux mois, sinon le roi autorisait le syndic du clergé à le
faire abattre et à prélever les frais de démolition sur le
produit de la vente des matériaux. L'arrêt fut signifié aux
anciens du consistoire de Mouehamps le 29 janvier 1683
par Robin, archer et huissier, demeurant à Fontenay (2).
C'est le 28 janvier 1683, un jeudi, qu'eut lieu pour la
dernière fois, dans le temple, la célébration du service
divin. La cloche fut descendue le 6 février suivant. Les
protestants procédèrent eux-mêmes à la démolition et
disposèrent des matériaux.
Vers la fin de juin 1683, les habitants des localités
situées sur le chemin de Mouehamps à Pouzauges purent
voir passer huit charrettes à bœufs chargées de bois de
charpente que des métayers protestants de nos environs
conduisaient à Pouzauges. Ces métayers étaient ceux
de la Rajolière, de la Pagerie, de la Brechoire, de la
Barillère, de la Bretaudrie. des Forges, de la Maison-
neuve et d'Algon. Au commencement du mois de juillet
suivant, les métayers des Coudrais, des Boudaudries, de
la Mothe et des Forges firent d'autres charrois à Pou-
zauges (3). Tous ces braves cultivateurs allaient conduire
des matériaux provenant de la démolition du temple de
Mouehamps et que les fidèles de cette malheureuse Eglise
avaient donnés à leurs coreligionnaires de Pouzauges
(1) Lièvre : Hist. desprot. du Poitou, II, 137-138.
(2) Arch. départ, de la Vendée, série I : Arrêt du Conseil d'Etat, du 11 janv.
1683, interdisant l'exercice du culte à Mouehamps et ordonnant la démolition
du temple de cette localité.
(3) La Rajolière, la Pagerie et les Coudrais, commune de Mouehamps; la
Brechoire, la Barillère, la Bretaudrie, les Forges et la Maison-Neuve, com. de
Rochetrejoux; Algon et la Mothe, com. de St-Prouant; les Boudaudries, Com.
de St-Germain.
DOCUMENTS
553
pour reconstruire leur temple dont la translation avait
été ordonnée. Les charrois étaient faits gratuitement; il
était seulement alloué vingt sous par charrette pour
indemniser les bouviers de leurs dépenses en cours de
route.
On ne vendit en fait de matériaux provenant de la
démolition du temple de Mouchamps que quelques pierres
de taille, 400 briques, un reste de bois de charpente, de
mauvaises planches, une porte et de la pierre à bâtir
Temple bâti en 1806, reconstruit presque totalement en 1833.
qu'on donna à quatre sous la charretée. Le produit de la
vente fut distribué aux pauvres.
Après la suppression de l'exercice du culte à Mou-
champs, et jusqu'au mois d'août 1685, époque où fut
démoli le nouveau temple de Pouzauges, notre Eglise fut
rattachée à celle de cette dernière localilé. Un certain
nombre de fidèles se rendaient à Pouzauges pour assister
au service divin, principalement les jours de communion.
Ils contribuaient aux frais de culte et les anciens de Pou-
zauges prélevaient sur leurs recettes une certaine somme
pour les pauvres de Mouchamps (1).
(i) Areh. départ, de la Vendre, série I : Cahiers de recettes et dépenses
du Consistoire; — Quittance de l'hôpital de Luçon, 1688.
554
DOCUMENTS
Après la Révocation, tous les biens du Consistoire de
Mouchamps furent confisqués et attribués à l'hôpital
général de Luçon par déclaration du roi. Ces biens com-
prenaient : l'emplacement du temple, une maison et ses
dépendances situées à côté, un petit jardin, le fief de
vigne des Plantes, contenant alors cinquante journaux,
et une pièce de terre y touchant, d'une superficie de cinq
boisselées, qui servait de cimetière aux réformés (1). Le
petit cimetière qui touchait le temple fut purifié et béni
par le prieur-curé de Mouchamps qui en fit un cimetière
catholique en octobre 1686 (2).
Ici finit l'histoire du dernier temple de Mouchamps
avant la révocation de l'édit de Nantes. Pendant 123 ans
après sa démolition, nos aïeux n'eurent d'autres lieux de
culte que le « désert », car c'est seulement en 1806 qu'ils
purent s'édifier une maison de prière.
LES PASTEURS
Le premier pasteur de Mouchamps connu est Jean
Loubat, dit Baptiste, originaire du Midi, qu'on trouve à
partir de 1572.
À la nouvelle de la Saint-Barthélemy, il se réfugia au
château du Parc-Soubise, où il mourut le 8 avril de
l'année suivante (3).
De la Fayolle, ministre de Coulonges et de Mouille-
ron, vint momentanément prendre la place de Baptiste
dans les derniers jours de juillet 1574, et fit, quelques
semaines après, plusieurs baptêmes « dans la grange du
Fief-Goyau, le plus secrètement possible ». En cette même
année les troubles causés par une nouvelle guerre disper-
sèrent les fidèles de Mouchamps et d'autres églises.
(1) Arch. départ, série I : Jugement rendu par Lamoignon de Basville, inten-
dant du Poitou, contre les anciens de Mouchamps, le 23 juin 1685 ; — Série G :
Acte d'abandon, par l'hôpital de Luçon, aux pauvres de Mouchamps, de divers
immeubles ayant appartenu au Consistoire de cette dernière localité, du
7 juin 1697; — Titre nouvel de rente, du 17 mai 1784.
(2) Arch. de la mairie de Mouchamps : Acte de sépult. du 15 oct. 1686.
(3) Benjamin Fillon : Lettres écrites de la Vendée à Anatole de Montai-
r/lon, 1861 ; — Lièvre, Hist. des prot. du Poitou, I, 186.
DOCUMENTS
555
Ceux de ces fidèles qui en avaient les moyens se reti-
rèrent à la Rochelle, et de la Fayolle se cacha de nou-
veau au château du Parc, où il continua à baptiser en
secret (1),
Dominique de Losses, dit la Touche, pasteur à Saint-
Fulgent depuis 1570, se rendit à la Rochelle à la nouvelle
delà Saint-Barthélemy. [1 était revenu à Saint-Fulgent en
1576, époque où il devint pasteur de Mouchamps par
suite d'un arrangement conclu entre notre Eglise et celle
de Saint-Fulgent. Par cet arrangement, cette dernière
Eglise consentait à prêter son pasteur à celle de Mou-
champs qui devait contribuer pour un tiers à son entretien
et l'envoyer chercher les jours où il prêcherait à Mou-
champs.
Ces dispositions venaient d'être prises, lorsque le 22
décembre suivant la Touche fut obligé de s'enfuir pour
pourvoir à sa sécurité. Il revint à son poste vers la fin de
l'année 1577.
L'Eglise de Mouchamps étant de beaucoup plus nom-
breuse que celle de Saint-Fulgent, demanda au synode
de Sainte-Foy, en 1578, que le pasteur vînt résider à
Mouchamps, ce qui fut accordé un peu plus tard (2).
De Losses desservait aussi les Herbiers en 1598. Vers
la même époque il célébrait même un culte dans la mai-
son fortifiée de la Boucherie (paroisse des Landes-Genus-
son).
La Touche fut un des pasteurs les plus considérés de
son temps. En 1588, le Poitou l'envoya àl'assemblée politi-
que delaRochelle, et, en 1596, ausynode national de Sau-
mur,dont il fut élu modérateur (3). En mai 1598, Madame,
sœur du roi Henri IV, demanda au synode national de
Montpellier que de Losses fut donné à l'Eglise recueillie
dans sa maison au Louvre « pour y servir quatre mois de
l'année », ce qui lui fut accordé. Mais ce pasteur, donnant
comme excuse une indisposition, n'accepta pas celle
(1) Lièvre, Hist, des pvot. du Poitou, I, 186-187.
(2) Lièvre, fîist. des prot. du Poitou, I, 203-204,
(S) Lièvre, llis/. des prot. du Poitou, III, 801.
556 DOCUMENTS
charge et le synode du Poitou, réuni à Sain t-Maixent trois
mois plus tard, décida d'envoyer par écrit au Consistoire
de l'Eglise de Madame « les vallables excu/es du dict sieur
de la Tousche ». Ce synode provincial substitua la Touche
à Hénard, décédé, comme membre de la commission
chargée de réviser la discipline.
De Losses prêcha bien par occasion à Paris, au Louvre
même, devant les seigneurs et dames huguenots de la
cour, notamment en décembre 1598 et dans le dernier
trimestre de l'année suivante, mais il ne voulut pas aban-
donner l'Eglise de Mouchamps à la tête de laquelle il était
encore en 1608 (1). 11 avait épousé, à Loudun, en 1572,
Madeleine Moreau qui lui donna deux fils et une fille. Les
fils étudièrent la théologie et la fille épousa Crozé, pas-
teur à Civray.
Dans ses moments de loisir, de Losses se livrait à la
peinture. En 1630, on pouvait encore voir au Parc-Sou-
bize deux portraits d'enfants de la famille de Rohan,
exécutés par ce pasteur (2).
Sibilleau. Pendant l'absence du pasteur de Losses, en
1576 et 1577, l'Église de Mouchamps fut visitée par un
nommé Sibilleau. Le 10 septembre 1577, la prédication
publique de ce pasteur fut suivie du baptême de vingt-
neuf enfants (3),
René de Losses, sieur de la Touche, fils aîné de Domi-
nique de Losses et de Madeleine Moreau, fit ses études à
Sedan, aux frais de la province de l'Ile-de-France. Il fut
pasteur à Compiègne et à Blain avant de venir succéder à
son père, à Mouchamps, où on le trouve de 1616 à
1637 (4).
Jean Gresland, pasteur à la Chaume, près des Sables-
(J) Auzière et Teissier : Liste manuscrite des pasteurs, conservée àlaBibl.
de la Soc. de l'hist. du protestantisme français, à Paris; Lièvre, Hist. des prot.
du Poitou, III, 301.
(2) Merland : Biographies vendéennes, art. Catherine de Parthenay.
(3) Factum pour le syndic du clergé du diocèse de Luçon ; Lièvre, Hist. des
prot. du Poitou, I, 203.
(4) Lièvre, Hist. des prot. du Poitou, III, 301; — Auzière et Teissier : Liste
manuscrite des pasteurs.
DOCUMENTS
557
d'Olonne, en 1635 et 1637, paraît comme pasteur de Mou-
champs à partir du mois de juin 1649, mais il devait
l'être auparavant. A cette époque il avait une fille nommée
Judith. Gresland était encore pasteur de notre Église à sa
mort arrivée vers le milieu de l'année 1676 (1).
Vincent. L'âge ralentissait-il l'activité de Gresland dès
l'année 1671? On serait porté à le croire car à cette épo-
que un collègue, le nommé Vincent, lui est associé pour
desservir l'église. Ce pasteur resta à Mouchamps jusqu'au
mois d'octobre 1675 (2).
Jean Farcy, pasteur à Mouchamps en 1675, y était
encore auprintemps del'année 1682. Depuis quatre ans, un
second pasteur, Matthieu Souverain, lui avait été adjoint;
mais ce collègue ayant du cesser ses fonctions, Farcy se
trouva seul à un moment où la maladie l'empêchait de
continuer son ministère. Il demanda un congé qui lui fut
accordé par le synode provincial réuni à Thouars le 22
avril 1682 et jours suivants.
Voici ce que disent les actes de ce synode à son su-
jet :
« Les députez de l'Eglise de Mouchamps ayant repré-
senté au synode que Mr. Farcy, l'un de leurs ministres,
leur ayant demandé son congé depuis peu de temps, à
cause de ses grandes incommoditez, il pleust à la compa-
gnie de pourvoir à l'édification de leur Église en mettant
un autre ministre à sa place.
« La compagnie voyant avec beaucoup de déplaisir que
Testât dudit M1 Farcy l'empesche de faire les fonctions de
son ministère a été d'avis qu'on luy accorde son congé
avec les thémoignages qu'on donne ordinairement à ceux
qui se sont acquittez fidèlement de leur charge » (3). Au
(1) Contrat do mariage, pièce de ma collection; Auzièiv et Teissier : Liste
manusc. des past. ; Arch. départ, de la Vendée, Série I : Cahiers de recolles et
dépenses du Consist. de Mouchamps.
(2) Arch. départ, de la Vendée, I : cahiers de recettes el dépenses du Cou
sistoire.
(3) Auzièrc et Teissier : Liste manuscrite des past.: — Areh. départ, delà
Vendée, série I : Actes du synode de Thouars.
DOCUMENTS
printemps de l'année 1680, Farcy élait allé en Bretagne
avec sa femme (1).
Matthieu Souverain. Le synode de Thouars, qui avait à
pourvoir au service de l'Eglise de Mouchamps, devait aussi
prendre une décision au sujet de Matthieu Souverain, ori-
ginaire du Bas-Languedoc, pasteur accordé à notre Église
par le synode provincial de Melle en 1678, lequel était
accusé d'avoir plusieurs opinions contraires à la parole
de Dieu et à la doctrine de nos Eglises.
Après une enquête minutieuse, cette assemblée déposa
Souverain et chargea les ministres Bernardeau et Pallardy
de venir à Mouchamps annoncer cette révocation du haut
de la chaire. Les fidèles, soit qu'ils partageassent les idées
de leur pasteur, soit qu'ils ne comprissent rien aux dis-
tinctions des théologiens, apprirent avec peine la décision
du synode, et le consistoire, prenant fait et cause pour un
conducteur aimé, refusa de livrer ses registres sur lesquels
on voulait transcrire l'acte de déposition (2). L'année sui-
vante, au mois de juin, Souverain se présenta au synode
de Fontenay pour se défendre, mais après l'avoir entendu
cette assemblé ne vit en lui « aucune marque de repen-
tance, mais plusieurs marques de fierté et d'obstination »
et le jugea digne de blâme. Elle l'engagea à lire l'Ecriture
avec un esprit d'humilité et de prière et à ne plus troubler
nos Eglises (3). En 1685, Souverain passa en Hollande et
ensuite en Grande-Bretagne, où il obtint une place dans
l'église anglicane. Il mourut dans cette contrée avant
la fin du siècle. Outre une dissertation sur l'évangile
selon saint Jean, restée inédite, on a de lui Le Platonisme
dévoilé ou Essai sur le Verbe platonicien, publié à Cologne
en 1700 (4).
Les représentants de l'Eglise de Mouchamps au synode
de Thouars n'eurent pas seulement à prendre acte du congé
(lj.Arch. départ, delà Vendée, série E : Lettre signée Ravenel, écrite de
Paris à de Ramsay, ancien du Consist. de Mouchamps.
(2) Actes du synode de Thouars; — Actes du synode de Fontenay, copie,
pièce de ma collection.
(3) Actes du synode de Fontenay.
(4) Lièvre, Hist, des prot. du Poilou, III, 302-303.
DOCUMENTS
559
accordé au pasteur Farcy et de la déposition du pasteur
Souverain, mais encore de la décision de cette assemblée
accordant à leur Eglise les pasteurs Bar et Pineau qu'ils
lui présentèrent (i).
Zacharie Bar était pasteur dans la maison de Mr de la
Forêt-Bironnière (2), lequel devait faire célébrer le culte
au bourg de la Jaudonnière, qui était en partie sous sa
dépendance (3). Bar fut accordé par prêt à l'Eglise de
Mouchamps, dans laquelle il exerça le ministère avec le
pasteur Pineau jusqu'à la démolition du temple en 1683;
ses enfants furent retournés à la Jaudonnière, aux frais de
notre Église,, le 11 février 1683 (4). Au mois de juin de la
même année, le synode du Poitou, réuni à Fontenay, auto-
risa l'Eglise de Pouzauges à prendre Bar pour remplacer
momentanément Mr Bobineau, son pasteur, malade (5).
La maison qu'occupait Bar, à Mouchamps, appartenait à
un M1' Bavenel (6).
Pierre Pineau, pasteur dans lamaisonde M1' de Payré,
près Parthenay, en 1678, avait été reçu devant le synode
d'Anjou tenu à Saumur, l'année précédente, le 28 octobre
et jours suivants (7). Comme son collègue Bar, il fut prêté
à l'Eglise de Mouchamps par le synode de Thouars, et,
comme lui, resta dans cette Eglise jusqu'au moment de la
démolition du temple. La dernière fois qu'il est fait men-
tion de ce pasteur, le 27 avril 1683, il se trouvait au
Chaillou, maison de maître de la paroisse du Boupère (8).
Bar et Pineau sont les deux derniers pasteurs de
Mouchamps avant la révocation de l'édit de Nantes.
B. Sarazin.
Mouchamps, le 21 février 1909.
(1) Actes du synode de Thouars.
(2) Le château de la Bironnière, commune de St-Martin-Lars, est situé entre
la Jaudonnière et Ste-Ilermine.
(3) Lièvre, Hisf. des j>rot. du Poitou, 111, 293.
(4) Cahiers de recettes et dépenses du Consistoire.
(5) Actes du synode do Fontenay.
(6) Cahiers de recettes et dépenses du Consistoire.
(7) Amière et Teissier : Liste manuscrite des pasteurs;
(8) Actes du synode de Thouars; — Cahiers île recettes ci dépenses du
Consistoire.
560
DOCUMENTS
EXTRAIT D'UN MÉMOIRE SUR LE DIOCÈSE DE CASTRES (i)
(1674 ou 1675).
Ceux de la R. P. R. ont l'exercice de leur religion dans les
deux quartiers de la ville que la rivière sépare : Ils sont main-
tenus par un jugement contradre de Mrs les commissaires en
celluy de Castres et il y a partage pour celluy de Villegoudou.
Castres entretient 4 ministres : il n'y en a présentement que
trois et un quatrième qui sert par prest, en attendant le synode
prochain qui en donnera un quatrième sur la nominaôn de l'église
qui, en de telles occasions a accoustumé de s'assembler dans les
temples par l'ordre des consuls et du consistre; et ce sont les
consuls qui président dans l'assemblée.
Castres (pour dire quelque chose de leur gouvernement ecclé-
siastique) est chef du colloque qu'ils appellent d'Albigeois. Col-
loque est un certain nombre d'églises voisines qui avoient
accoustumé de s'assembler fort souvent et suivant les ocasions
pour vuider les appellations des consistoires et pour autres
affaires; ces colloques sont subordinés aux synodes provinciaux
comme les synodes provinciaux aux synodes nationaux.
Le Haut Languedoc, la Haute Guyenne et le Pays de Foix com-
posent un synode duquel dépendent sept colloques, sçavoir : le
colloque d'Albigeois dont Castres est le chef comme il a esté dit,
le colloque de Lauragois dont Puylaurens est le chef, le colloque
de Rouergue dont Millau est le chef, le colloque du Haut Querci
dont St-Antonin est le chef, le colloque du Bas Querci dont
Montauban est le chef, le colloque d'Armagnac dont Mauvesin est
le chef, et le colloque de Foix dont Mazères est le chef.
Depuis quelques années on ne permet pas à ceux de la R. P. R.
de s'assembler en colloque hors mis pendantla tenue des synodes
ce qui leur est presque entièrem* inuttile, puisque pour vuider
les appellaôns des consistoires on est obligé d'attendre quelque-
fois un an entier pour attendre la tenue du synode qui ne se tient
qu'une fois l'an et que le synode sçauroit bien vuider ces appel-
laôns sans colloques. En effet ces colloques ne s'assemblant sur
les lieux de leur ressort ni dans le temps et dans les ocasions
qu'il seroit nécessaire, ces assemblées de colloque qui se font
pendant la tenue des synodes ne servent presque à autre chose
qu'à préparer les matières qui se doivent proposer dans l'assem-
(1) Arch. de l'Hérault, C. 45. Cette pièce curieuse dont Fauteur s'est cer-
tainement bien renseigné, se passe de commentaires. (Rèd.)
DOCUMENTS
561
blée du synode hors mis pour quelques matières très légères qui
ne méritent pas d'estre proposées et portées dans l'assemblée.
Le synode de cette province du Haut Languedoc, Haute
Guyenne et Foix se tient au mois de septembre par tour dans
chacun des sept colloques et par tour aussi dans chacune des
villes du colloque qui peuvent contenir l'assemblée. Lors que le
synode se doit tenir dans le colloque d'Albigeois ou dans celluy
de Lauragois, qui sont de Languedoc, l'église où se doit faire
l'assemblée a le soin d'obtenir la permission de M. le maréchal
d'Albret, et pour le colloque de Foix on l'obtient du gouverneur
de Foix. On l'obtient aussi quelquefois de M. le marquis de Chas-
teauneuf qui est cellui des secrétaires d'Estat qui a les affaires de
la R. P. R. dans son département.
Les synodes sont composés des députés de toutes les églises
de la province, c'est-à-dire province synodalle comme elle a été
désignée, sçavoir d'un ministre et d'un ou deux anciens, car les
églises qui peuvent en faire les frais ont la faculté d'en envoyer
deux. Ils appellent anciens ceux qui avec les ministres compo-
sent le consistoire qui sont des personnes choisies pour avoir
soin des pauvres et veiller sur les mœurs des parters. Il y a aussi
un commissre du Roy sans lequel il ne se fait point d'assemblée,
c'est un gentilhomme, magistrat ou avocat de la R. P. R.
On a remarqué que tout y va mieux lorsqu'il s'y trouve
nombre d'anciens, parce que les anciens n'ayant rien à espérer
ni à craindre, ils en font mieux leur devoir au lieu que les
ministres y ont le plus souvent des affaires et par ces considé-
raôns, ils ont les uns pour les autres des complaisances fort
stitesnju.
Dès que l'assemblée est formée, on fait eslection d'un modéra-
eurqui conduit l'action, d'un adjoint qui tient sa place en cas de
maladie ou autre empeschement et est aussi le premier opinant,
et de deux secrétaires, l'un ministre, l'autre ancien. Le modéra-
eur et l'adjoint sont aussi ministres et cette eslection se fait par
scrutin.
Après cella le commissaire fait un petit discours à l'honneur
du Roy où il parle aussi de la bonté qu'a S. M. de permettre ces
assemblées, avec une exhortation à leur devoir envers Sa Majesté.
Le modérateur respond à ces discours par un autre qui va
aussi à louer le Roy, à des remerciemens de sa bonté, des vœux
pour sa prospérité et finit par des protestations de fidélité.
Après quoy on entame les matières ordinaires qui sont les
différens d'entre les ministres et leurs églises pour leurs gages,
pour se libérer les uns des autres (ce sont leurs termes) ou pour
la conduite des ministres dont les églises font quelquefois des
plaintes, comme aussi les appellations des consistoires, les ditTe
30
562
DOCUMENTS
rents d'église à église prétendant l'une et l'autre un mesme
ministre, etc. Ces matières se traittent le plus souvent avec tant
de brigues et si peu d'édification que ce n'est pas sans cause si un
grand prélat [en marge, M. de Bourlemont] disoit que pour estre
bon huguenot il ne faloit pas aller aux synodes, non plus qu'à
Rome pour estre bon catholique.
Tous les ministres opinent les premiers et ensuitte les anciens.
Pendant qu'on propose, qu'on opine et qu'on délibère, le com-
missaire du Roy est tousjours présent, et s'il arrivoit par mes-
garde ou autrement que quelqu'un proposât ou raisonnât contre
les termes des édits, déclamons et arrests du Conel, le commis-
saire ne manqueroit pas de l'interrompre et de le blâmer, et, s'il
persistoit, le commissre d'authorité luy imposeroit silence et en
feroit mention dans son procès-verbal. Car le commissre doit
envoyer à M. de Chastauneuf secrétaire d'Estat, ou au lieutenant
du Roy, un procès-verbal sommaire de ce qui s'est passé dans le
cours de l'assemblée et luy envoyer aussi un original des actes
du synode signé des modérateur, adjoint, et des deux secrétaires.
Il s'en fait plusieurs semblables originaux, sçavoir un pour chaque
église chef de colloque, qui sont sept comme il a esté remarqué (1 ),
et pour les autres églises on ne leur en délivre point, sauf à elles
à recourir au chef de leur colloque. On délivre seulem* à chacune
de celles dont on a jugé les différens une expédition de l'article
qui les regarde.
La durée des synodes est ordinairement de huit jours.-
J'oubliois (2) la forme de la réception des ministres qui est
telle. Ceux qui aspirent au ministère (qu'on appelle proposans)
se présentent au synode avec des attestations et tesmoignages des
consistoires où ils ont vescu, et de l'académie où ils ont estudié,
touchant leurs mœurs et leurs estudes; sur ces tesmoignages
on les admet à subir l'examen. Le synode nomme pour cella, du
corps de l'assemblée, des commissaires qui les examinent sur
les langues latine, greque et hébraïque, sur la philosophie et
théologie, et ensuitte leur donne un texte de l'escriture pour
une proposition latine et un autre pour une proposition françoise.
Ils appellent propositions les sermons ou essais de sermons
que font ceux qui estudient pour estre ministres et inde pro-
posans. On leur donne 24 heures pour chaque proposition.
Que s'il se trouve qu'ils ayent satisfait, le synode les reçoit
sur le raport des examinateurs, leur donne des églises à servir,
et commet des ministres voisins de ces églises pour leur
imposer les mains avant qu'ils entrent en fonction. La forme de
(1) Que sont devenus tous ces originaux?
(2) Ce paragraphe a été ajouté après coup au mémoire par son auteur
et se trouve à la fin dans l'original,
DOCUMENTS
563
cette imposition des mains est expliquée dans leur discipline qui
est imprimée. Il est à remarquer qu'on ne reçoit point de propo-
sant sans luy donner une église ; que s'il n'y en a point de vacante,
on se contente de luy donner acte de ce qu'il a satisfait dans
l'examen, et ensuitte un autre synode le reçoit et le pourvoit
d'église; que s'il n'est pas trouvé capable, on le renvoyé à
estudier.
Pour espuiser cette matière de R. P. R., je croi qu'il faut dire
quelque chose de leur académie, quoiqu'elle ne soit pas dans ce
diocèze, car n'ayant rien à dire du diocèze de Lavaur où elle se
trouve présentent, je n'en aurois pas l'ocasion, et cellui qui
rendra conte de ce diocèze n'en sera peut estre pas instruit.
L'académie qui estoit à Montauban fut transférée à Puylau-
rens, dans le diocèse de Lavaur, il y a 14 ou 15 ans à l'occasion
de quelque tumulte arrivé à Montauban. Il y avoit anciennement
dans ce royaume quatre académies de la R. P. R. : une à Saumur,
une autre à Montauban, une troisième à Nismes, et encore une à
Dye en Dauphiné, sans parler de celle qui estoit à Ortez en Béarn
establie par la Reyne Jeanne mère de Henry 4, qui fut ensuitte
dissipée lorsqu'en l'année 1621 le feu Roy alla en Béarn pour la
réduction des villes qui résistoient à ses ordres. Celles de Nismes
et Dye ont esté anéanties faute de subsistance, car, les bienfaits du
Roy qui aydoient à cet entretien leur ayant manqué, ceux de la
R. P. R. ne furent pas en estât de soutenir cette despense et se
réduisirent aux deux académies qui estoient à Saumur et à Mon-
tauban.
Celle de Montauban, transférée à Puylaurens a deux profes-
seurs en théologie, un professeur en hébreu, deux professeurs en
philosophie et trois régens pour les humanités.
Le sieur Martel, natif de Montauban, qui est le plus ancien
professeur en théologie est un très beau génie pour les belles-
lettres.
Le sieur Gomar qui estoit aussi professeur en théologie
estant mort depuis peu, au lieu d'en eslire un autre, on a partagé
sa fonction en deux, ayant esleu en sa place le sieur Pérez (qui
estoit, comme il est encore, professeur en hébreu) et le sieur
Arbussi, tous deux natifs de Montauban. Ils n'ont pas une grande
élévation d'esprit, non plus que leur prédécesseur, car on pré-
tend que le sieur Martel, qui est fort puissant comme ayant ou
sous luy la plus part des ministres de la province, a esludé adroi-
tem1 Teslection de ceux qui auroient pu l'esgaller.
Le sieur Pérès, d'origine espagnolle, est homme de bon sons
et plein d'honneur. Le sieur Arbussi, qui estoil ministre de
Millau, fut exillé pour avoir dans un sermon dil quelques parolles
imprudentes, et ensuite restabli par la faveur de son frère, autre
DOCUMENTS
ministre, d'un esprit brillant, dont les mœurs n'estoient pas trop
resglées, qui a embrassé la religion catholique.
La forme d'eslire et recevoir les professeurs est que le conseil
académique, composé de tous les professeurs, avec la participa-
tion de l'église où se trouve l'académie, et sur le tesmoignage
des églises où ils ont servi, les nomment au synode de la pro
vince qui fait choix de cellui que bon luy semble, et, le choix
estant fait, le mesme synode nomme certain nombre de ministres
des plus capables pour disputer contre le nommé qui fait imprimer
des thèses et les communique aux ministres nommés, qui se
rendent au lieu où est l'académie, et les disputes faites et conti-
nuées pendant plusieurs jours, le conseil académique avec ces
ministres nommés jugent de leur réception.
L'eslection des autres professeurs se fait à peu près de mesme,
du moins à l'esgard de la philosophie, car pour le professeur en
hébreu, comme il n'y apointde thèsesà soustenir pour les langues,
on luy donne pour sujet des textes hébreux de FEscriture et
autres autheurs, sur lesquels il fait des leçons, et il y a aussi des
agresseurs auxquels il a à respondre.
C'est encore le synode qui se mesle du choix des régens.
11 n'y a pas dans ce synode nombre de ministres d'un mérite
extraordre. Ceux qui ont le plus de talent sont le sieur Martel
professeur, le sieur Jaussaud ministre de Castres très capable
d'affaires ecclésiastiques, il presche bien aussi quand il s'en veut
donner la peine, le sieur Charles ministre de Montaubari, Bona-
foux ministre de Millau, Fabrègues et Ticier ministres de la
Chambre de l'Édit, et Campdomere ministre de Roquecourbe :
ceux-là sont bons pour la prédicaôn. Il y a encore le sieur Bardon
ministre de S* Antonin qui a un talent extraord16 pour les langues.
Il y a aussi le sieur Laserre ministre d'Espérausses qui est
sçavant pour les humanités et d'ailleurs ne presche pas mal. Le
sieur Perrin ministre de Cardaillac seroit capable de bien pres-
cher s'il estoit en lieu où il pust estre redressé, car il a beaucoup
de génie ; mais comme on l'accuse d'estre sujet au vin, il ne sera
jamais considéré.
Les lieux d'exercice de ce diocèse sont Castres, Roquecourbe,
Briteste, Damiate, S* Amans, Lacaune, Lacabarède, Viane, La
Crouzette, Castelnau de Brassac. Brassac, Ferrières, Vabre, Espé-
rausses, Lacaze, Pontdelar, Sablairolles, Sénégas, la Béchonié,
Berlats, Gijounet.
Outre ces lieux-là qui sont du diocèse de Castres, il y a Réal-
mont et Paulin du diocèze d'Albi, et encore Anglés et Labastide
du diocèze de S^Pons, qui sont du colloque d'Albigeois, le plus
grand de tous les colloques de ce synode.
Mélanges
AVANT ET APRÈS LA RÉVOCATION
DE L'ÉDIT DE NANTES
Chronique des événements relatifs au Protestantisme
de 1682 à 1687 (1)
A Paris, le 20 Avril 1686.
...Le comte de Castelman, ambassadeur d'obédience à Rome,
doit séjourner à Modène avant que de poursuivre son chemin à
Rome, où tous les cardinaux, les princes et les seigneurs romains
se préparent à l'envy àluy faire de magnifiques présents. Il logera
d'abord chez le cardinal Nolfolch et ensuite le pape luy fournira
un palais.
Un Jésuite revenu de la Chine a fait présent de quantité de
livres chinois à S. S., et luya remontré que pour établir le chris-
tianisme dans ce grand Empire, il estoit absolument nécessaire
de se servir de prestres du pays et de permettre le service divin
en langue vulgaire. Ce que S. S. n'a jamais voulu permettre nonob-
stant toutes les remontrances qu'on luy en ait pû faire.
...L'affaire des vallées de Piedmont s'est terminée selon la
volonté du Duc de Savoye.
...Le Duc de Northumberland, après avoir mis sa femme dans
un convent à Bruges, a pris la route de Vienne avec son frère le
Duc de Grafton dans le dessein de faire la campagne en Hon-
grie.
Le Roy d'Angleterre veut obliger tous les prestres catholiques
de s'habiller modestement, porter une perruque courte sans cra-
vate et sans épée. Il a permis à quelques ecclésiastiques protes-
tans qui se sont faits catholiques de jouir de leurs bénélices et
de les faire servir par des protestans (Fol. 127).
Les Seigneurs catholiques d'Escosse assisteront au parlement
et seront exemts de faire le serment du Test. Pour le parlement
d'Angleterre, on ne doute point qu'il ne soit prorogé jusqu'au
mois d'octobre et peut-être sera-il cassé dans ce temps-là si le
Roy voit de ne pouvoir obtenir ce qu'il demande.
Le Roy, à la prière de la Duchesse de Zell, a permis à
(1) Voy. plus haut p. 361 à 374,
MÉLANGES
Mr d'Olbreuse, gentilhomme de Poictou et à sa femme, sœur de
cette Duchesse, de se retirer avec toute leur famille à la cour de
Zell et qu'il jouira de tous ses biens quoyqu'il ne se fasse point
catholique.
Le marquis de Perrine [Peray] et sa femme doivent sortir de
la Bastille ayant promis de se faire catholiques.
Le marquis de Bougis (1) s'est aussi fait catholique. Il évitera
parla toutes les peines à quoy il avoit esté condamné comme dé-
serteur estant officier dans les troupes du Roy.
...L'on a trouvé dans les caves de Formont (2) un trésor fort
considérable.
...Le Roy d'Angleterre a fait courir après les Duc de Northum-
berland et de Grafton ; mais le vaisseau ne les a pû attraper
(Fol. 127 v°).
A Paris le 24* Avril 4 686.
...Le comte de Castelmen n'a point esté à Modène comme on
l'avoit mandé et nedevoit voir aucun prince sur sa route.
Il est arrivé à Rome un courier du Roy de Pologne qui a
apporté la nomination d'un autre sujet que l'Evêque de Beauvais
pour le cardinalat. On croid que ce sera pour l'abbé d'Enofî.
La reine de Suède a esté fort en colère de ce qu'on a con-
damné au bannissement perpétuel un de ses principaux officiers
pour avoir donné un soufletà un sergent qui fut assez hardy de
luy apporter une assignation dans le palais de la princesse. Elle
se vouloit retirer àNaples ou à Milan, mais on tient que l'affaire
est accommodée.
...Les duc de Northumberland et de Gralton sont retournez à
Londres; ce que le Roy d'Angleterre ayant sceu, il a envoyé
ordre à celuy-cy de se retirer à sa maison de campagne sans
paroitre plus à la cour et à l'autre de retourner quérir sa femme
sur peine de la teste, l'ayant enlevée sans son consentement; que
puisqu'il l'avoit épousée, il falloit qu'il vécut maritalement avec
elle. Ce Duc se repent de la faute qu'il a faite. Aussitost qu'elle
fut enlevée, sa sœur en alla porter ses plaintes au juge ; mais à
cause de la qualité des personnes, il en voulut parler au Roy,
qui luy ordonna de faire sa charge. Cet ordre a esté fort agréable
aux Anglois ; cela faisant voir qu'il veut maintenir les loix du
Royaume qui sont fort sévères pour les mariages, ne se pouvant
casser. (Fol. 128.)
Le Duc de la Force a esté mené par ordre du roy aux Pères de
l'Oratoire de Saint Magloire.
(1) Voir plus haut, p. 260, n. 2, au 9 mars 1686.
(2) Voir plus haut, p. 268, au 2 dée. 1685.
MÉLANGES
567
...La fille de M1 le procureur général (Omer Talon) est entrée
dans les Filles de Ste Elisabeth pour y prendre l'habit, au grand
regret de Mrson père qui l'aime tendrement... (Fol. 128 v°.)
A Paris le 27 Avril 1686.
L'on a nouvelles qu'il est arrivé au port de Lisbone deux
Ambassadeurs du Roy de Siam qui doivent venir en France, afin
de faire une alliance perpétuelle avec le Roy et pour luy deman-
der son assistance contre les Hollandois qui avec leurs vaisseau
bouchent la rivière d'Odia, qui est celle de ce Royaume là, et qui
en interrompent tout le traffic. Ces Ambassadeurs sont chargez
de riches présents que ce prince envoyé à Sa Majesté.
...L'on avoit cru l'affairés des Vallées accommodée (1) ; mais
par une lettre dattée du jour de Pasques, l'on apprend qu'ils sont
résolus de se deffendre jusqu'à l'extrémité, que ce mesme jour
ils avoient travaillé à boucher les gorges par lesquelles on peut
aller dans les vallées de Lucerne et d'Angrogne. Les troupes du
Roy se sont avancées aux environs de Saint-Second, où Mr de Ca-
tinat qui les commande, met le quartier du Roy. Il a sous luy
pour Brigadier Melac, Longueval, et La Nave, et pour colonel
La Lande, Duplessis-Bellière, Clairambault, Dampierre et Milly.
Les troupes françoises sont divisées en deux corps, et celles de
Savoye, au nombre de 5 000 hommes, ayant leur Prince à leur
teste, doivent agir en mesme temps par l'autre costé... (Fol. 129).
...Le Roy a exemté Quinaut, qui est de l'Accadémie, de faire
les Opéra dont il faisoit scrupule depuis long-temps. Il luy con-
tinue les 12 mille livres de pension. Il va travailler à faire les
Inscriptions de la Galerie de Versailles et on efface toutes celles
qui y sont.
L'on a publié les Déclarations du Roy pour les pensions
congrues des curez ; mais cela n'aura lieu que dans les pays où il
y a beaucoup de nouveaux convertis ;
L'on parle d'une Déclaration qui obligera les femmes qui pour
quelque cause que ce puisse estre, veulent poursuivre leur marys
afin de se séparer de corps, de se retirer en des convents pour
n'en point sortir, d'où elles pourront former leurs instances, à
faute de quoy elles ne seront point receues... (Fol. 129 v°).
A Paris le /"r May 1686
...Le comte de Castelmaine est arrivé à Rome.
Par des lettres de Pignerol du 21 du passé, on devoit le lende-
main attaquer les gens des vallées. Gatinat a divisé les troupes
du Roy en 3 corps, dont il en commandera un, Melae un autre et
(1) La fausse nouvelle avait été donnée au 13 avril 1686. Voir plus haut,
p. 372.
568
MÉLANGES
le 3eme par Nave. Il se servira de quelques petites pièces de canon
pour forcer les retranchemens des révoltez. Monsieur de Savoye
attaquera par un autre costé avec six bataillons, un régiment de
dragons et 3 ou 400 de ses Gardes qui ont presque tous fait leur
testament.
Les Algériens ont pris 4- vaisseaux Hollandois chargez de bled
près de Cadix à la veue de deux convois de la mesme nation.
(Fol. 130).
Bonrepos est de retour d'Angleterre. Il a conclu un traité de
commerce avec S. M. B. principalement pour l'Amérique. L'Arche-
vêque d'York est tombé en apoplexie et l'Evêque de Saint-David,
dans le pays de Galles est mort. On croid que celuy que le roy a
mis est catholique. Il estoit principal d'un collège.
La collecte que l'on a fait en Angleterre pour les réfugiez de
France est considérable.
La reine d'Angleterre a esté malade... (Fol. 130 v°).
A Paris le 4e may 1686.
...Le Pape a paru mécontent de ce que sans son autorité on a
réuny la prévôté de l'Eglise de Grasse à l'Evêché.
Le Duc de Mantoue est encore à Borne pour fuir l'envoyé de
l'Empereur qui le fatigue et Gombaut envoyé de France l'a tous-
jours accompagné.
Le Duc de Savoye a r'envoyé fort honorablement Madame et
mademoiselle d'Albon en France; elles ont esté conduites à ses
despens. Il leura donné pour plus de 10 mille escus de pierreries,
et a promis 6 mille escus à la Damoiselle quand elle se mariera,
... Le Boy d'Angleterre obtiendra assurément duparlement d'Es-
cosse la révocation des loix contre les catholiques et qu'ils pour-
ront estre élus menbres de la chambre basse.
Mr l'Archevêque a rendu plusieurs visites au duc de la Force
qui est aux Pères de l'Oratoire de S* Magloire, mais jusqu'à présent
fort inutilement. (Fol. 131).
Un vaisseau qu'on croyoit Hollandois est venu à la rade de Tra-
han (1), où au signal de trois volées de canon, les faux-convertis
de Caen se sont précipitemment jettez dans les chalouppes qui
ont joint ce vaisseau qui aussitost a mis à la voile.
Il y a encore eu une espèce d'émotion en Languedoc parmy
les faux-convertis, -l'Intendant en informe, etquelque-uns ontdes-jà
esté pris. L'on a défendu à toute sorte de personnes dans ce pays-
là de porter les armes; on l'a cependant permis depuis peu aux
Gentils-hommes... (Fol. 131 v°).
Eugène Griselle.
[A suivre.)
(1) Ouistreham?
SÉANCES DU COMITÉ
8 Juin 1909.
Assistent à la séance MM. le général d'Amboix de Larbont,
Bonet-Maury, Chatoney, P. de Félice, H. Monod, J. Pannier,
F. Puaux, R. Reuss, E. Rott, et N. Weiss. Le président, éprouvé
par la mort de la baronne F. de Schickler et par la maladie, et
M. John Viénot se font excuser.
Après la lecture et l'adoption du procès-verbal de la dernière
séance et sur la proposition de M. J. Pannier, le Comité prie le
secrétaire de présenter à notre président l'expression de toute sa
sympathie ainsi que ses vifs regrets à l'occasion du deuil qui
vient de le frapper et de la maladie qui l'a éprouvé. — Le secré-
taire ajoute que M. de Schickler espère néanmoins pouvoir se
rendre à Genève pour les l'êtes du Jubilé de Calvin, et peut-être
même à ( halon-sur-Saône où, après ces fêtes, on doit commé-
morer le 350e anniversaire de la fondation de l'Église réformée.
Le Comité discute ensuite, à l'instigation de M. Pannier, l'op-
portunité de réorganiser pour le 1er juillet l'excursion his-
torique à Noyon qui, une première fois, n'a pu avoir lieu à cause
du deuil qui frappa notre président. Bien que la date du tor juil-
let coïncide avec la veille du jour où commenceront les fêtes
de Genève, le Comité se rallie à la proposition de M. Pannier et le
charge de rédiger pour nos journaux religieux, la note invitant
ceux que ce pèlerinage intéresserait à se joindre à nous.
On s'entretient ensuite de l'organisation du Comité qui désire
inviter le public parisien à une séance commémorative de la
Réforme Calvinienne au Palais du Trocadéro le 1er novembre
prochain. Ce Comité a prié notre président et plusieurs membres
de se joindre à lui pour que l'invitation soit faite au nom du Pro-
testantisme tout entier. Comme la séance du Trocadéro suppri-
mera ou rendra superflue celle que notre Société avait annoncée,
il est décidé que nous répondrons au désir de ces Messieurs, à la
condition que notre Société d'Histoire figure expressément dans
l'appel qui sera adressé au public.
Le secrétaire-trésorier informe le Comité qu'une somme de
1 000 francs a été inscrite, au nom de notre Société, sur la liste
des dons recueillis par elle en faveur du Monument de Genève, et
il invite chacun des membres du Comité à y joindre, comme l'a
déjà fait notre président, sa souscription personnelle, après quoi
la séance est levée.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
Jubilé de Calvin. Premier supplément (1).
Bien que j'aie déjà consacré un grand nombre de pages à cet
événement, je suis loin d'avoir signalé tout ce qui a été fait et
imprimé à l'occasion de ce jubilé. On dirait que cette tardive
commémoration a tout à coup rappelé le nom et l'existence de
Calvin à une foule de gens qui jusque-là l'avaient à peu près ignoré.
Elle leur a en même temps révélé — à ceux qui se sont donné la
peine de lire quelques pages de ou sur Calvin — la réalité et l'im-
portance d'une série de faits qui semblaient avoir passé jusque-
là inaperçus. Quand cet anniversaire n'aurait servi qu'à attirer
l'attention sur l'action profonde et durable exercée parle réfor-
mateur français, il n'aurait donc pas été inutile.
C'est toutefois en France que le retentissement de cet événe-
ment a été jusqu'ici le moins grand. Notre Société d'Histoire se
proposait de convoquer le public à une séance solennelle qui
devait être organisée à Paris après la rentrée et avoir lieu, comme
il convenait, dans le plus grand de nos temples (2). Nous y aurions ,
sans nul doute, attiré l'attention sur l'œuvre religieuse de l'homme
qui n'avait voulu vivre et agir que pour elle, — car c'est un fait
caractéristique que Calvin n'a estimé les talents exceptionnels
dont il était doué, la science qu'il avait acquise, les relations qu'il
avait pu former qu'entant que tout cela pouvait servir à dévelop-
per l'œuvre à laquelle il s'était consacré sans restriction.
Il n'a pas pu, bien malgré nous, être donné suite à ce projet
et il n'y a pas eu, en définitive, à Paris du moins, de compte
rendu public et explicite des fêtes de Genève. Dans un synode qui
s'est tenu dans la capitale au printemps on avait décidé de
convier le public protestant à une solennité commémorative et
on eut l'idée d'organiser celle-ci sous la forme d'une matinée
littéraire et artistique. Notre Société fut invitée à s'associer à ce
projet qui a été exécuté avec éclat dans la salle des fêtes du Troca-
déro le lundi 1er novembre à 2 heures 1/2. Le général d'Amboix
(1) Voy. plus haut p. 264 à 278 et 374 à 400.
(2) Gomme nous avions fait en 1885 pour le bicentenaire de la Révocation; —
en 1887 pour le centenaire de l'édit de Tolérance ; — en 1898 à Nantes pour rap-
peler l'édit promulgué dans cette ville en 1598; — en 1902 pour le centenaire de
la réorganisation du culte protestant, etc.
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
571
de Larbont, membre de notre comité, présidait. Des chœurs (500
exécutants) des églises et unions chrétiennes de Paris, sous la
direction de M. Ch. Huguenin chantèrent successivement les
psaumes 68 (M. Greiter), 118, 25, 42 (L. Bourgeois), 98 (Cl. Le
Jeune), 68 (Goudimel) et le Te Deum{\). Après l'allocution du pré-
sident il y eut celles de M. E. Doumergue {Le Français Jean Calvin);
de M. Gaston Deschamps (Calvin et la langue française) ; du pasteur
E. Roberty (La Réforme et les droits de l'homme) et de M. de Witt-
Guizot(Calvin et la jeunesse) (2) . On s'est demandé jusqu 'à quel point
Calvin aurait pu s'associer à un hommage qui ignorait de propos
délibéré les choses essentielles pour lesquelles il avait vécu et lutté.
Mais c'est là une question oiseuse puisqu'on avait voulu attirer sur
Calvin l'attention du « grand public ». Celui-ci ne semble d'ailleurs
guère avoir été ému, si toutefois l'on en juge par les journaux
quotidiens lesquels, sauf deux ou trois, se sont abstenus de faire
usage du compte rendu qui leur avait été adressé. D'autre part,
la publicité faite autour de cette réunion a eu l'avantage d'en
provoquer d'autres qui ont eu lieu un peu partout, dans un grand
nombre d'Église protestantes et dont notre presse religieuse a
rendu compte à l'occasion de la fête de la Réformation (3).
Signalons maintenant quelques écrits en langue française qui
compléteront la liste de ceux dont j'ai déjà parlé. A Genève
M. Francis de Crue, professeur à la Faculté des Lettres et des
Sciences sociales, a publié un solide Mémoire sur V action politique
de Calvin hors de Genève d'après sa correspondance (76 pages in-8°,
Genève 1909), action qui s'est surtout exercée par les hommes qu'il
a inspirés ou dirig-és, comme Coligny, Jeanne d'Albret, Florent
Chrestien, les Marnix, John Knox , etc. — M . Henri Heyer, lie. théol. ,
ancien pasteur, a pris la peine de faire paraître un gros livre dont
voici le titre : 1535-1909, V Eglise de Genève, esquisse historique de
son organisation suivie de ses diverses Constitutions, de ses pasteurs
et professeurs et d'une table biographique (XlV-554 pages in-8°,
Genève Jullien 1909). Quiconque s'occupera de l'histoire religieuse
de Genève depuis la Réforme jusqu'à nos jours trouvera réunis
dans ce volume une foule de textes et de renseignements qu'on
chercherait vainement ailleurs. Deux brochures parues l'une à
Genève, l'autre au Loclef imprimerie Courvoisier) nous renseignent,
la première sur les « Libertins » (16 pages, pet. in-4°, — ce sont les
paroles prononcées par M. Edouard Favre à la salle de la Réfor-
mation, au cours de la grande séance du 8 juillet 1909. Dans la
(1) Un programme distribué le jour de la séance donnait le texte ot la
musique de ces chants; on y a vendu aussi un portrait de Calvin par M. Sehmied.
(2) On publie en ce moment même le texte de ces diverses allocutions.
(3) Le soussigné a été appelé à parler, entre autres, à Merlin. Hambourg,
Copenhague, Stockholm, Helsingfors et Upsala.
572
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
seconde (30 pages in-8° avec facsimilés) M. A. Matthey-Jeantet
étudie récriture de Calvin dans laquelle il retrouve quelques-uns
des principes de la sténographie moderne (1).
En France, les discours prononcés à l'Oratoire par MM. J. Viénot.
W. Monod et E. Roberty ont paru chez Fischbacher sous le titre de
Calvin, V homme, sa pensée, son œuvre. Notre collègue J. Pannier
a publié (Société d'édition de Toulouse) une brochure abon-
damment illustrée sur L'Enfance et la jeunesse de Jean Calvin (62 p.
in-8°, 1909). La revue Foi et Vie a consacré son numéro (20) du
16 oct. 1909 également très illustré, au réformateur. Les 64 pages
in-4° sur deux colonnes, de cette livraison, renferment des articles
d'Abel Lefranc (Calvin à Noyon) ; — Gabriel Monod {Luther, Calvin
et Ignace de Loyola); — Portraits à la plume (Michelet, Renan,
Lanson, Brunot, Faguet); — Paul de Félice (Ce « grand fantôme
noir ») ; — Jean Palès (Calvin intime) ; — Eug. Choisy (L'Etat chrétien
calviniste); — Émile Doumergue (Deux grandes doctrines de Cal-
vin, La paternité et l'honneur de Dieu); — Victor Monod (La pré-
destination calviniste) ; — N. Weiss (Servet et Calvin) ; — Th. de Bèze
(La mort de Calvin) ; — Ch. Gide (A propos d'un jubilé à Genève) ; —
Calvin d'après Calvin (extraits); — Henri Châtelain (Le style de
Calvin). — M. le professeur John Viénot vient de faire paraître
dans la brochure rendant compte de la Séance de rentrée des cours
de la Faculté libre de théologie protestante de Paris (5 nov. 1909),
sa leçon d'ouverture (p. 17 à 46) sur Calvin et la conscience mo-
derne. — Enfin, dans les Etudes des Pères de la Cie de Jésus (5 et
20 juillet 1909), M. P. Bernard explique la conversion de Calvin
« par des motifs très personnels de calcul et d'ambition déçue »,
c'est-à-dire parle dépit qu'il aurait ressenti de ce qu'en 1534, après
avoir résigné ses bénéfices, un prieuré qu'il aurait demandé au roi,
fut donné à un parent du connétable! Il me paraît superflu de
discuter ce fait — affirmé par J. Soullier dans son Histoire du
Calvinisme sur la foi d'un prétendu document rédigé en 1682,
c'est-à-dire 148 ans après 1534 — puisquaussi bien, pour un col-
laborateur des Etudes, Calvin ne pouvait obéir qu'à des motifs
personnels et|intéressés. N. Weiss.
(1) II faut mentionner aussi la partition réduite, pour chant et piano, de
la Cantate pour le Jubilé de Calvin, Post Tenebras Lux, musique de Otto
Barblan, paroles de M. H. Roehrich, en dépôt chez J. B. Rotschy, Genève,
22 p. in-4°. J'ai vu citer encore : Jubilé du quatrième centenaire de la nais-
sance de Calvin, Sermons du 4 juillet 1909, Genève, Atar 1910 {in-16 de 157 p.) ;
— Jean Calvin, Douze estampes de H. van Muyden, album oblong de 10 p.
imprimées avec 12 illustrations, Atar, 1909; — P. Valloton, Que faut-il
garde?- du calvinisme de Calvin, brochure de 24 p. in 8°, Vals-les-Bains, imp.
Aberlen; — Calvin et son Idéal théocratique, par Léopold Monod (Tiré
du « Prédicateur »), Lyon, Boyer, 1909, in-8° de 12 p. ; — et, Pow\le4e cente-
naire de Calvin. Aux « Amis de Chexbres » par B. Saillens, Neuchatel, Dela-
chaux et Niestlé, 1909, (8 p. in-8° avec portrait).
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
573
Locke et la Tolérance (1).
Dans l'évolution libérale de l'Angleterre, l'illustre auteur de
V Essai sur V entendement humain, John Locke, a joué un rôle qu'il
n'y a point d'exagération à qualifier de prépondérant. Si les prin-
cipes posés par le grand philosophe dans ses Lettres sur la Tolé-
rance et ses Traités du gouvernement civil ont mis quelque lenteur
à porter leurs fruits, la cause en remonte avant tout à l'état conti-
nuel de troubles et de bouleversements au milieu desquels se
déroula péniblement l'histoire de l'Angleterre protestante au
xviie siècle. En face d'adversaires toujours en éveil et de réactions
sans cesse menaçantes, l'on comprend la persistance de ce besoin
de garanties que Locke lui-même ne considérait point comme
tyranniques, du moment que la sûreté de l'Etat était en jeu.
Inconséquence peut-être chezle théoricien, mais àcoup sûr percep-
tion très nette du péril. On peut se demander s'il n'y a point, chez
M. Ch. Bastide, une tendance un peu trop marquée à atténuer les
dangers du« complot papiste » dont la crainte était, pour tout bon
Anglais d'alors, le commencement de la sagesse. Pour le dire en
passant, l'historienne nous parait pas rendre toujours justice aux
Puritains, et sa définition, d'après Bayle, du sacerdoce universel
est au moins incomplète ; ce sacerdoce, « dogme des Réfor-
mateurs », étant autre chose et plus que la « vocation naturelle » de
chacun « pour les fonctions pastorales, quand il s'agit des besoins
pressants de l'Église ».
Quoi qu'il en soit, les moissons ont levé et aujourd'hui « tout
l'essentiel de la doctrine de Locke fait partie du bagage mental con-
temporain ». La laïcité de l'Etat, le respect de l'individu, l'inviolabi-
lité de la pensée, la tolérance religieuse, constituent pour notre
temps des conquêtes intangibles, malgré les inévitables retours
offensifs d'ennemis dont les armes s'usent chaque jour davantage.
Or, quand on veut contempler la liberté à l'œuvre, on regarde aux
peuples émancipés du joug catholique et romain, à ceux dont la
Réforme a fait des précurseurs. Quels qu'aient été pour eux les
tâtonnements de la première heure, si graves qu'aient pu être
les convulsions de leur croissance spirituelle, ils ont fait valoir,
pour le bien général et les progrès de l'humanité, les énergies
fécondes qu'ils devaient à l'esprit nouveau.
Le protestantisme français a eu sa part, d'ailleurs, dans la for-
mation des théories politiques de Locke, et c'est par là que nous
intéresse surtout le savant travail de M. Bastide. L'ancien boursier
du collège de Westminster, le gradué d'Oxford devenu l'homme
de confiance du célèbre comte de Shaftesbury, séjourna à diverses
(1) Ch. Bastide, John Locke. Ses théories politiques et leur influence en
Angleterre (Paris, Ern. Leroux, 1907, in-8°, 398 pag» 5S
CORRESPONDANCE
reprises en France. Il s'y trouva, notamment, de 1675 à 1678 et
vit de près à Montpellier, à Nîmes, à Orange, ailleurs encore, les
fruits empoisonnés du despotisme acharné à vouloir faire le salut
des gens malgré eux. Le Bulletin a publié récemment des extraits
de son Journal de voyage (1) qui, malgré la sécheresse delà forme,
témoignent, non seulement du soin qu'il apportait à se renseigner
exactement sur toutes choses, mais aussi de l'intérêt avec lequel
il a suivi sur place les destinées précaires des protestants de
France, exposés sans espoir aux plus terribles assauts. — Exilé
plus tard, Locke a vécu en Hollande, au milieu de cette élite intel-
lectuelle et religieuse des réfugiés de la Révocation, où l'on aimait
encore trop, sans doute, les procès en hérésie, mais où l'on a, quand
même, porté les plus rudes coups à la tyrannie de Louis XIV
et, par elle, à la tyrannie de tous les temps. C'est dans ce milieu
de liberté que les théories politiques du philosophe anglais par-
vinrent à complète maturité ; l'œuvre du penseur était achevée
quand il repassa en Angleterre à la suite de Guillaume d'Orange,
salué de tous côtés comme le libérateur.
M. Ch. Bastide a raconté, avec une maîtrise des faits qui,
poussée à ce degré, est plutôt rare, la vie agitée de ce père des
libertés modernes, son activité diverse et infatigable, et l'époque
dont il est l'un des représentantsles plus authentiques, nul n'ayant
été mêlé plus étroitement que lui aux révolutions politiques et
aux transformations intellectuelles de son peuple. Quiconque
voudra se retrouver dans le dédale de l'histoire anglaise au siècle
des Stuarts et de la Révolution de 1688, devra prendre pour guide
cet ouvrage riche d'érudition sûre, que l'auteur a complété par
un livre récent sur Y Anglicanisme, désormais inséparable du pre-
mier (2). P. F. B.
CORRESPONDANCE
Monument international de la Réformation. — Un nom a été
oublié par inadvertance dans la liste des Églises dont nous avons
reçu les souscriptions (voy. plus haut, p. 480), c'est celui de
l'Église de Dieulefit. — Nous avons reçu depuis lors les souscrip-
tions des Églises d'Agen, Barbezieux, Branoux, Cognac, Gensac,
Jarnac, Luc-en-Diois, Lunéville, Montauban etSegonzac.
(1) LV1II, p. 417-421. — Publiés déjà, moins complètement, dans le tome
XXV1I1, p. 282 et suiv.
(2) Falayseau dont M. Ch. Bastide se demande (p. 57) qui il est, ne serait-il pas
le même que le banquier Samuel Falaiseau, ancien de l'Église de Paris? —
De même « un certain Coste » (p. 113) est le même que le proposant Pierre
Coste, né à Uzès, reçu à Amsterdam, et passé en Angleterre en 1697. (Cf. Bor-
dier, IV, 730-731).
CORRESPONDANCE
575
Au sujet du sacrilège de Vallerargues (voy. plus haut
p. 425 à 443) (1).
Avec un vif intérêt, j'ai lu dans le dernier n° du Bulletin, les
documents relatifs au sacrilège de Vallerargues survenu en
mai 1701. Gomme ces questions-là m'intéressent, que j'ai déjà
fait des recherches couronnées de succès puisque j'ai des ma-
nuscrits de l'époque (2) sur bien des points de l'histoire protes-
tante de Lussan et de Vallerargues, je pense être autorisé à faire
quelques rectifications aux notes qui accompagnentla transcription
des documents, et, qui, à elles seules, forment presque un article.
Tout d'abord les questions d'orthographe : le prote a lu à la
fin de l'article « Bne de Charnisay » et au sommaire de la couver-
ture «Bnede Charnisay ». — En outre, p. 442, note 3, Mela baronne
de Charnisay écrit « Gourand prêtre de Valerargues » c'est
« Goirand » qu'il faut lire : j'ai souvent rencontré ce nom dans
les cahiers des délibérations de la communauté (3). — Enfin, Me de
C. écrit Valerargues avec un seul /; or, il est manifeste qu'il fau-
drait (àl'exceptiou des citations qu'on fait telles qu'on les trouve)
écrire : Vallerargues. L'étymologie est en effet « vallis larga »,
elle transperce dans le mot patois tel qu'on le prononce encore :
Vallilargue (4).
Mais les questions d'orthographe sont moins importantes
encore que celles d'exactitude historique ou topographique,
p. 434. n. 4, Lussan, est placé à 15 kilom. d'Uzès, c'est plutôt 18;
Vallerargues, lui, serait à 15. — La n° 1, p. 436 parle de « cavernes
de rochers « où il est facile de trouver une retraite sûre, j'ai le
regret de dire qu'il n'y a pas de cavernes si ce n'est au mont
Bouquet à 5 kilom. de là, ou bien aux Concluses de Lussan, même
distance (5). — La note 5, même page porte qu' « aujourd'hui il n'y
a pas une famille catholique à Vallerargues ». C'est presque exact
pour l'agglomération principale (G), et moins pour les mas dans
l'étendue de la commune : sur 250 habitants il y a 50 catholiques. —
Contrairement à la n. 4, p. 442, depuis longtemps il n'y a plus
(1) J'ai communique ces remarques à. Mmp de Charnisay dont on trouvera
les réponses en note.
(2) Pièces du procès de Jérôme Serre envoyé aux galères pour cause de
religion. — Pièces du procès de Jean Grasset, envoyé aux galères pour cause
de religion. — Pièces du pillage de Vallerargues par les cadets de la
croix, etc..
(3) Gourand est un nom mal corrigé.
(4) Germer-Durand, Bictionnmre du département du <iurd, écrit Yale
rargues.
(5) Au temps de Louis XIV, le pays était couvert «le forêts : s'il avait eu
l'aspect <|u'il a, aujourd'hui, le pâtre n'aurai I pu se sauver.
(6) G'est tout ce qu'on a voulu dire.
57 ti
CORRESPONDANCE
d'habitants du nom dOlimpe. — La note 5, p. 442, devrait être
corrigée ainsi : « il n'y a plus à Vallerargues que deux familles
Serre et même une seule, l'autre habitant Paris. — La n° 1,
p. 438, a dû certainement dépasser la pensée de Me de G. Car, si
les mursde Lussan entourent le village, c'està l'exception du châ-
teau et de ses dépendances.
Enlin deux autres erreurs plus importantes sont à signaler :
p. 436, n° 5, « par les dons de la population un temple protestant
a été bâti » ; il faut lire : « par le don princier d'une seule famille
de Vallerargues, un supplément du synode régional évangélique,
un terrain donné et quelques menus dons venus de l'extérieur,
un temple protestant a été bâti .» Je puis l'affirmer en toute con-
naissance de cause, puisque j'ai eu l'honneur de présider à
toutes les opérations matérielles, financières, légales, qui ont
permis l'érection de ce temple en 1907 (1).
La n. 4 de la p. 434 donne Jean d'Audibert, comte de Lussan
comme nouvellement converti au catholicisme (2). Je ne crois
pas que ce soit exact. J'ai en effet étudié de près la question et
fait des recherches sur les seigneurs de Lussan; j'ai pu même
reconstituer leur généalogie. Je tiens Jean d'Audibert pour un
catholique de naissance : en effet : 1° ses cinq sœurs étaient
religieuses à Bagnols-sur-Cèze et son frère Charles d'Audibert,
prieur de Goudargues. A ce qu'il semble, Jean devait donc être
également catholique. 2° Trois de ses tantes, sœurs à son père,
Jeanne, Esther et Françoise avaient été successivement abbesses
de Valsauve de 1601 à 1672; et si son père Jacques d'Audibert
était encore protestant en 1628, il est probablement devenu catho-
lique en 1645, quand sa terre eut été érigée en comté (voir article
Audibert dans la France protestante). 3° Enfin Jean d'Audibert,
celui que vise la n. 4, p. 434 est chevalier de l'ordre du St-Esprit. On
sait que cet ordre de chevalerie était réservé aux seuls catholiques.
J'ai pensé que le secrétaire et les lecteurs du Bulletin se piquant,
et à bon droit, d'exactitude et de précision rigoureuse seront
heureux de lire ces quelques remarques que m'a suggérées l'ar-
ticle de la baronne de Charnisay.
Arthur Lafont,
Pasteur à Lussan et Vallerargues.
(1) Il est permis d'ignorer ces détails quand les gens du pays vous disent
qu'ils ont tous aidé à construire le temple.
(2) J'aurais dû dire qu'il était d'une famille autrefois huguenote, ainsi que
leurs alliances avec les Pellegrin et autres protestants le laissaient supposer.
Le Gérant : Fischbacher
Paris. — Typ. Ph. Rkxouard, 19, rue des Saints-Pères. — 2377.
l>ost teàebras Lux, - Cantate pour le Jubilé de Calvin, musique de Otto BarUan,
paroles de H. Roehrich, partition réduite pour chant et piano, 00 p. m-* . J. »>. J>
à Genève (1909). .
Henri Heyfr. - 1*53-1900. L'feglfie de Genève. Esquisse historique de son ^orga uisauon
suivie de ses diverses constitutions, de la liste de ses pasteurs et professeurs et a un.
table biographique, un vol de XIV-554 pages in-8°. Genève, A Jullien, 1909.
Pensées de Calvin sur la prière^ne plaquette de 26 p, petit in-4-àvec repr. du Calvin
de J. Hornung, Genève, Egginiann (1909).
Alfred Schrokdkh. - Jean Calvin, Esquisse de sa vie et deson œuvre, une plaquette
de ^ p. in-18, portrait, Lausanne G. Bride!, 1909.
rPlî^ER— L'enfance et la jeunesse de Jean Calvin Famille ^^J^^™
France (1S09-4535), une brochure de 02 pages -ra-8- nombreuses illustrations, Société
d'édition de Toulouse, 1909. .
p. Lobstein . - La connaissance religieuse d'après Calvin, Etude d'histoire e t de
dogmatique, une brochure de 04 pages in-8°, extraite de la Revue de théologie et de philo
sophie de Lausanne, Paris, Fischbacher, 1909.
A. Matthey-Jeamkt. - L'écriture de Calvin, une brochure de 32 pages in-8% avec
fac-similés, Le Locle, imprimerie Courvoisier.
400' anniversaire de la naissance de Calvin. Les Libertins. - Paroles Pronon-
cées par Edouard Favre à la salle de la Ré formation, au cours de la grande séance populaue
du 8 juillet 1900. Une plaquette de 16 pages, petit in~4° (1909).
Foi et Vie, 1\ centenaire de Calvin, un fascicule de 04 pages sur 2 épionnesin-V
plus 4 planches hors texte, nombreuses illustrations, couverture en 3 couleurs, ^rmanue
no 90 (10 oct. 1909) de cette Revue et renfermant des articles de MM. A. Wmc,U.*anw,
P. de Félice, J. Paies, E. Choisy, E. Doumergue, V. Monod, Ni. Weiss
telain, et divers textes de Calvin et de Th. de Bèze. Pans, bureaux de la Revue, 48, rue de
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giques Un vol. de 204 p. in4°, nombreux portraits hors texte. Neuchatel, Attingei, 1903.
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reproduisant le
PORTRAIT DE CALVIN
de Albrecut \nkeh, qui 11 Pani daus lo
Bulletin de màfyuin 1909,
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'adresser à M. N. WEISS
54, rue des Saints-Pères Paris (VII )
WILLISTON WALKER
Professeur à 1 Université do Yale.
JEAN CALVIN
L'HOMME ET L'OEUVRE
Traduit avec, l'autorisation de l'auteur
par E. et N. WEISS.
I n vdlume in-8° ('-eu dr \\VI- :i0i [HàgUi
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Société de l'Histoire du Protestantisme rran-
çals. — Pour les Annonces du BULLETIN,
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MM. S. DervilléC Présidentde la Compagnie des chemins
de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, Régen
de !a Banque de France, Administrateur de la
Compagnie Universelle du Canal maritime de Suez,
ancien Président du Tribunal de Commerce de la
Seine, Président.
A. Mirabaud, de la Maison Mirabaud et Cie, Ban-
quiers , Administrateur de la Compagnie des Che-
mins de fer de Pari ; à Lyon e'i à la Méditerranée,
de la Banque Impériale Ottomane et de la Compa-
gnie Algérienne, Vice-Président.
Eug. Guët de la maison Guët et Cie, banquiers ,
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La revue « Foi et Vie » publiera le 16 octobre un
double fascicule illustré qui sera tout entier consacré
à Calvin et formera une forte plaquette-album.
La couverture portera une gravure tirée en trois
couleurs, composition de M. Schmed, l'artiste à qui
le Comité des Fêtes de Calvin à Paris a commandé le
portrait du Réformateur : elle représente la cathé -
drale de Noyon et la maison de Calvin.
SOMMAIRE DES PRINCIPAUX ARTICLES :
Calvin à Noyon, par M. Abel Lefranc, professeur
au Collège de France.
Calvin, "Luther et Loyola, par M. Gabriel
Monod, professeur à la Sorbonne.
Portraits de Calvin à la plume : Michelet,
RENAN; Lanson, Faguet, Brunot, Brunetière... D;
Le grand fantôme noir, par Paul de Félice.
Calvin intime : son mariage, par J. Pales.
L'Eglise et l'Etat d'après Calvin, par Eugène
Ghojsy.
La paternité de Dieu. — L'honneur de Dieu,
par le doyen E. Doumergue.
La prdestination d'après Calvin, par Victor
Monod.
Calvin et Servet, par N . Weiss.
Notes et Documents, Un jubilé à Genève par
Gide, professeur à la Faculté de Droit de Paris.
Une belle suite d'illustrations — trente-cinq eu
— accompagnera le texte (128 colonnes delà revue)
et formera aussi 8 pages de hors texte.
On peut souscrire à ce fascicule jusqu'au 30 octo-
bre au prix de 1 fr. 50 — port on plus, O fr. 25.
A partir du 1" novembre, le fascicule sera vendu
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Société de l'Histoire du Protestantisme Français
TABLES
1. TABLE ALPHABETIQUE
DES NOMS DE PERSONNES
DE LIEUX, ET DES PRINCIPALES MATIÈRES
que renferme le tome LVIH (Année iqoq)
du Bulletin historique et littéraire de la Société de l' Histoire
du Protestantisme français
i arau (Diète d*) 1693, 100 n. — (1695),
A 103. — (1699), 109.
Abauzit (Simon), 431.
Abjurations, 26, 33, 36, 38, 90, 117 ss,
170, 172, 173 ss, 178, 218, 222, 255,
239, 280, 290, 367, 417, 463, 466 ss,
366. — Officiers, 166. — Pasteurs,
81, 289, 292 ss, 368, 374, 467, 564.
Angleterre, 361, 565.
Ibleiges (D'), intend., 243.
Ablon, 212.
Abria (Didier), curé, 478.
ibriès (H. -Alpes) 11 ss.
Abzac (D ), 178.
Académies prot, 563. — de Puylau-
ren», 52. — de Sawnur, 80.
Actes de l'Église de Dieu en Christ à
Lyon (1830-1832), 80.
Ad *m court (Toussaint), 53.
Adouage, 163.
Affaire des Placards (1534), 48 ss. —
du Projet (1683), 291, 309 n.
Affiches. 80.
iM'que{Les Hug. au Sud de 1') [Lettre
du past. Jean Bianquis au présid.
de la Soc] 1909, 92 ss.
iferit m, 542, 574.
kgneau-Bégat (J.-B.), présid., 487 n.
A$nel{L<s Col), 14.
Kg\\U'\ ou Aniel ((îh.), past., 53, 56.
igosta (Hat. d'), 1672, 120.
Aguabet (Jean d'), 54.
Aigaliers (D'). — Voy. Hosscl.
Aiglemier (D.-Sèv.), 360.
Aignan, 531 .
Aigonnay (D.-Sèv.), 337, 338, 340, 356.
Aigremont (Gard), 291.
Aigues-Movtes, 299.
Aigues-Vives, 432 n., 480.
Aiguilles (H.-Alpes), 12, 13.
Aiguisier, missionn., 294.
Aillon (Dauphiné), 59.
Aintré (D.-Sèv.), 353.
Airebnudoiize (D'). — Voy. Guy.
Aire de Caute (Gard), 299.
Aiript (D.-Sèv.), 356.
A lais, 54, 57 , 62, 63 , 426 ( Fort d") , 304 .
Albe (Duc d'), 325.
Albenas (Cl. d'), 62. — (Rob. d'), 436 n.
Albert, curé, 2S n.
Albi (Dioe. d'), 472, 564.
Albigeois, 505.
Albignac (Ch. d ), sr d'Arre. 403 ss.
— Voy, Aubignae.
Albon (Mme et Mlle d*), 568.
Albouy (Jsaac), pasl.,205.
Albret (Jeanne d'), 71, 563. — (Maréeh.
d'), 561.
Album amicorum de J.lt.\Vetslein,482.
Alençon, 65, 457. — (Duo d'), 1512,
492 n., 510.
Aléond (Marie d), ftp, Henj. de
l/Amande, 58
Alérieu (Aime), 52.
Aleyrac (Mlle d ) [Marg. de La Tour
La Cîharce], 35 ss.
Novembre-décembre 1909.
578 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PEBSONNES
Alger, 3"Ï2, 4S0, 5G8. — Corsaires, 366.
Algon (Métairie d'), (Vendée), 552.
Alibert (Jacq. d'), sr du Désert, 454.
— Voy. Dallibert.
Aliés (D'), baron de Caussade, 411. —
(Jean d'), sr de Réalville, 417. —
(Marie d'), ép. J. de Caumont, 417,
— (N. d'), ép. De Seorbiac, 417. —
(Paul-Ant. d'), présid., 478.
AJizet (Benoît), past., 465.
Allard (Guy), hist.. 30.
Allemagne, 6, 8, 99 n., 166, 322, 500.
(Refuge en), 263, 280, 422. —(4e cent.
de la naissance de Calvin en), 266,
314ss., 396 ss., 571 n.
Alléoud de Cheylanne( Henriette d'), 37.
Alleray (D.-Sèv.), 337.
Allex (Drôme), 22 n.
Allier (R.), prof., 88 ss.
Alsace, 166, 167, 172, 174, 375. —
■— (Juifs d'), 85.
Ambel (D') — Voy. Pluviane.
Amboise (Tumulte d'), 1560, 476. —
(Paix d'), 1563, 509. — Voy. Cler-
mont.
Amboix de Larbont (Général d'), 177,
261, 569, 571.
Amelot, ambassad., 369.
Amendes, 365.
Amérique, 372, 374, 568. — (Refuge
en) 474. — (4e centTe de lanaiss. de
Calvin en), 272, 374 ss.
Amiens, 204.
Amilières (Métairie des), 350.
Amiot (Charlotte), ép. Jacq. Souchet,
56. — (Pierre), médecin, 56.
Amon (Cath. d') ép. IL de Martine, 61.
Amouin de Ladevèse (D'), 188.
Amsterdam, 147, 165, 175, 375, 391.
Andraudière (L) (D.-Sèv.), 350.
André (Madeleine d'), 55.
Anduze, 5S ss. 300, 304, 432 n.
Anfernet (D'), 455.
Angers 500, 542. — (Citad. d'), 169 n.
Angilbaut (Hélène d'), dame de Con-
dorcet, 54.
Angle (N.-7). d') (Vendée), 120 n.
Angles, 564.
Angleterre, 8, 77 n, 99, 107, 128, 166,
170, 202, 288,322, 500, 573. — Abju-
rations, 361, 565. — Biens d'Église,
171, 565. — (Catéchisme cath. en),
367. — (Catholicisme en), 365, 367,
369, 370, 573. — ( 4« Cent'» de la
naiss. de Calvin en), 374 ss. —
Prêtres cath. (1(586), 565 . — (Refuge
en) 176, 221, 280, 364, 422,470, 538,
568, 574 n. — Serment du Test
(1686), 165, 110, 565.
Anglicanisme (L ), 574.
Angoulême (Duc d'), 1572, 530.
Angrogne (Val d'), 567.
Angues (Languedoc), 54.
Anguillerie (J/) (D.-Sèv.), 347. -
Anhalt-Côlhen (Principauté d'), 186.
Aniel ou Agniel (Ch.), past, 53, 56.
Anjorrant (Claude), sr de l'Arsilitre.
201, 207. — (Jacob), 202.- (Jean .
cons., 198, 200 ss. — (Jeanne), ép.
D. Tissard, 203. — (Louis), avoc.
198 — (Marg.) ép. Le Blanc, 203 n.
— (Benaud), sr de Souilly, 198. —
(René), 202. — (Pierre), cons., 203.
— Armoiries, 198 n.
Anjou (Régiment d'), 169 n.
Anjou (Duc d'). Sa version de I»
St-Barthélemy, 485 ss.
Anker (Albrecht), peintre, 277.
Anne d'Autriche, 90.
Annonay, 53, 57, 65, 443.
Anterrieu (Jean), 405 ss.
Antibes, 480.
Antiferrier... (D. Couppé, 1615). 80
Anvers, 324.
Aouste (Drôme), 22 n.
Appenzell, 104 ss.
Aquitaine, 500.
Aragne (L') — Voy. Laragne.
Arande (Élie d'), past., 204.
Arbarestier (Ch. d'), sr de Montdar.r.S.
Arbousse (J.), 412.
Arbousset, missionn., 92.
Arbussi, prof., 563.
Arché (Jean), past., 52. — (MaurA bi
Archerie {L') (D.-Sèv.), 3."»7.
Arconati-Visconti (Marquise d ), 6 n .
178, 262.
Arcy (Marq. d'), ambass., 251, 365 ç«
Ardin (Vinc), sr de Clavillière, 6t.
Argenson (D ). — Voy. Voyer.
Argentan (Orne), 456.
Argent euil (S.-et-O.), 480.
Argentière (D.-Sèv.), 356.
Argonne (N.-Barth.d'), chartreux, 162 o
Arianisme, 419.
Armagnac, 560.
Armainvilliers (Chât. d'). 205, 213.
Armand (D'), cons.. M.
Arnienaud (Louise), ép Cl. Rcff.ni
mier. 461. — (Marg ), ép. P. Mar-
guerite, 61 .
Armont (Comte d'), 171.
Arnaud (Cath.), 55. — {\\.\ past . 10 »*
Arneys (Allt.), 391 ss.
DE LIEUX, ET DES PRINCIPALES MATIÈRES
î>7t»
Arnold ^D.), prof., 376.
Arplii (Gard), 402 ss.
Arrc (l)'). — Voy. D'Albignac.
Arrêt du 29 janv. 1566 innocentant
Coligny du meurtre du duc de
(inise, 185 n., 515 ss.
Ait (Charente), 123,
Arsilière ou Arzilière (V), 197. — (De
1" . — Voy. Anjorrant.
Artenay (Deux Sèvres), 336, 337.
Arthaud de Montauban (Élëon.), 37.
Artois, 478.
Arvède Barine. — Voy. Vincens (Mme) .
Arzeliers (D ). — Voy. Perrinet.
Arzilière (L'). — Voy. Arsilière.
Arzillier (D'j. — Voy. D'Arzeliers.
Asclié (Logis de 1 ), 298, 310.
Aspres-les-Corps (II.-Alpes) 18, 20.
Assas (Claude d'), 406.
Assemblée générale de la Société,
81, 177, 262.
Assembléesrelig. clandestines, 163 ss.,
1S9 ss., 250, 260 n., 293 n., 304, 305,
318, 373 ss., 430 ss. — Béarn, 446. —
Cévennes, 361 ss. — Languedoc, ISS,
m.
Astorg de Montbartier (D*), col., 64.
Astrey (l)'). — Voy. La Harague.
Aubaîs (Gard), 480. — (Louis, mar-
quis d ) 63. — (Louise d'), ép. L. de
Yignoles, 59.
Auber, 178.
Aubert, prêtre, 478. — (II.), 396.
Aubignac (Fulcran), sr de Madières,
404 ss. — (Fulcran), sr de Recol-
lette, 404 ss. — Voy. Albignac.
Aubigné (Agr. d1), 539. — (Charles d').
119. — (Mme Ch. d'), 119. — (Fran-
çoise- Amable d') [Nièce de Mme de
Maintenon], 180. — (Louise-Arthé-
mise d'), ép. Benj. de Villette, 119.
Aubonne (Suisse), 176.
Aubonniète (L') (D.-Sèv.) 343.
Aubovd (Gard), 480.
Àubryot. — Voy. Abria.
Aucelon (Drôme), 22 n.
Audebert (André), 451, 454.
Audibert (Ch. d'), prieur, 576, — (Jean
d ), comte de Lussan, 434, 576.
AudilTret, 467, 469 ss.
Audonnière {L') (D.-Sèv.), 333.
Augé (Deux-Sèvres), 334.
Auger (Et), de liesse, 52. — (Ét.),
lieut part, de Saintes, 473. —
(Jeanne), ép. Alex, de Rabar, 473.
Auqsbourg (Ligue d'), 1686,7 ss., 165.
Augur (H.), 474 n.
Augusta (J.), 278 n.
Aulas (Gard), 250 n., 402 ss.
Aumale (Seine-Inférieure), 169 n.
(Duc d'), 1572, 530.
Aunet (Et.), past., 65.
Aunis (Le Prot. en) au milieu du
xvnr s., 162 ss.
Auron (D'), 455.
Aussersihl, 96.
Auteville (Anne d'), ép. J. Voisin,
463. — (Elisée d'), s- de Rommilley,
460. — (Gabriel d ), sr de Cor-
meray, 455, 457, 460. — (Jean d'),
sr de Cormeray, 460. — (Judith d )
ép. Ant. Philiponneau, 450, 455.. —
Autriche, 278. — (Anne d'), 90.
Auvergne (Grands Jours d ), 401.
Auvray (Guill.), libr., 544.
A uxerre, 480.
Auzias, avoc. , 30.
Auzière, past., 205 n.
Availles {Le Prieuré d'), 335.
Avaux (Comte d'), 165.
Avenel (Vie. G. d'), 73 ss.
Avernan (Deux-Sèvres), 355.
Avèze (Gard), 401 n.
Avignon, 364. — (Comtatd'), 169.
Avon (Deux-Sèvres), 353, 354.
Avranches (Dioc. d'), 457.
Azay-le-Brûlé, 333, 334, 335, 357.
Babault (Marie), ép. A. Piozct, 55.
abinière [La) (Deux-Sèvres), 3 M.
Bachelot (Fr.), curé, 206.
Bacherie (Métairie de la), 349.
Bachivilliers, maréch. de camp, 13 ss.
Bacuet (Louise), ép. 1). Guiraud, 56.
— (Louise), ép. J. Knoch, 54.
Baden (Diète de), 1697,105.— (1698), 106.
Badoire. — Voy. Thierry.
Badone (?) (De). — Voy. Mesianne.
Bagars (Anne de), ép. P. des Vignol-
les, puis L. Joubert, 290. — (Jean
de),not.289ss. — (Louis de), consul.
(Le meurtre de), 1691, 289 ss. —
Acte de décès, 289. — (Louis de),
neveu, lieut. de milice, 294 ss.,
317 ss. — (Marg. de), ép. F. de Qua-
trefages, 290. — (Pierre de), bailli,
290, 293 ss., 317 ss.
Baç/neaux (Deux-Sèvres), 346.
Bagnes-Piquant. — Voy. Baguer-
Pican.
Bagnols-s.-Cèze, 576.
liaguer-Pican, 458.
Baijer (G.) past., 268.
Bailly (Louis et Pierre), 220.
580 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES
Baireuth, 107, 111.
Balaizerie (La) (Deux-Sèvres), 335.
Balch (Th.), 272.
Baldrie (La) (Deux-Sèvres), 338.
Bâle, 99 ss, 109, 270, 367, 375, 482.
Balettier (De). — Voy. Caurielle.
Balsin (Et.), 410. — (J.), consul, 403 n.
— (Marie), ép. Fr. Quatrefages, 403.
Balzant (Deux-Sèvres), 348.
Bancelin (Franç.), past., 205.
Banissière {La) (Deux-Sèvres), 359.
Bantry (Baie de), 1685, 123.
Baptêmes, 163.
Baptiste, past. — Voy. Jean Loubat.
Baptizé {D'un monstre...), 44 ss.
Bar (Zach.). past., 559. — (Jean de),
baron de Meauzac, 56, 63.
Barbarin. — Voy-Th. de la Planche.
Barbecane (Deux-Sèvres), 358.
Barberie (Judith de), dlle de St-Con-
test, 459.
Barberini, 365.
Barberot St-Pierre, 456.
Barbezières (Régiment de), 36 n.
Barbezieux, 514. — (Marquis de), 9 ss.,
21. — (Lettre du Maréch. de Gatinat
au), 1692, 22.
Barbier, 461.
Barbin (Deux-Sèvres). 359.
Barblan (Otto), 512 n.
Barbou (J.), imprim., 131.
Barcelonneffe (Basses-Alpes), 20, 23.
Bavdinière {La) (Deux-Sèv.), 331.
Bardon, past., 564.
Bardonnanche (Elisab. oe), ép. De
Bemolin, 55. — (Judith de), ép. P.
Guichard, 63.
Barentin, présid., 169.
Barhays (De), past., 451.
Baril, 178.
Barillère (Métairie de la), 552.
Barillon (De), ambassad., 114, 116,
369, 310. — (De), évêque, 551.
Bar-le-Duc, 480.
Barmen-Gemarke, 266.
Barnabar, capit. , 10.
Baron (Reynaud dc\ sr de la M au-
dace (?), 56.
Baronnière {La) (Deux-Sèvres), 349.
Baronnies (Les Prot. des) pendant
l'invasion du Dauphiné (1692), 1 ss.
Barraquier (Vinc), clururg., 53.
Barre (Lozère), 250.
Barre-Clair in {La) (Beux-Sèvres), 343.
Barre-de-Bouvre {La) (D.-Sèw), 335.
Barry (L.-E.)i maire, 465.
Barth (D' Fr.), prof. 376, 396. 391.
Baschet (Ami.), 506.
Basetris Madel. de), ép. L. de \i
gnoles, 63.
Basoche (De), cons., 165.
Bassac, 500.
Basset, 456.
Basse-Vallée {La) (Deux-Sèvre-', S5I
Bastide (Ch.), prof., 411 ss., 573
Bath, 368.
Bd/ie-Neuve {La) (H. -Alpes), 16, ?!
Baudan (Jean de), 6i.
Baudoin (Anne), 311 ss. — Voy. Brj
douin.
Baudouelle (La) ( Deux-Sèvres\ 359
Baudouin, avoc, 213. — Voy. Bau-
doin.
Baudrairie, 459 n.
BaulTremont ^Régiment de), 319 n
Baum (J.-G.) prof., 211.— (Mme 277
Baumes (Jacq.), 412.
Bauprest, 461.
Baur-Weinsberg (Dr A.), 268.
Baussais. — Voy. Beaussais.
Bavière, 8, 315.
Bàville. — Voy. Lamoignon.
Bavinck (Dr), 315.
Bayancourt (De), Voy. Bouchavann?»
Bayard (Le Col), 13," 20.
Bayeux, 463.
Bayle (Pierre), 141 n., 573.
Bayonne, 535 — (Entrevue de) ,1.765.! M
Bayreuth. — Voy. Baireuth.
Bazire. — Voy. Du Mesnil.
Béarn, 292, 446, 563.
Beaucuire, 169 n.
Beaucastel (Pierre de), 65.
Beauchastel (Ardèche), 443.
Beauchef(A.), sr de la Bretonnière. i" •
Beauchet-Filleau (Dom), 89.
Beaufort (Amiral sir Francis), 96.1*7
— (William Morris), 96, 177
Beaugency, 542.
Beaujeu (Ignace de), capucin. JiT>
Beaujour (A.), 189 ss. — (J. M . 1*1
Beaulieu (De). — Voy. Gênas. Hsriv
Beaulieu (Epislre d'Kustorj,' <lo . 4»
Beaulieu (Ardèche). — Vny. Boultrx
Beaulieu (Poitou). 6i,
Beaunays (Ch. de), past., 4T>7.
Beaupré (Do).— * Voy. Uourgcl m! d
Beauregard (De). — Voy. La Put -
Beaurepaire (Marc de), 59.
Beaussais, 339 ss.. 359
Beauvais (Evêq. de), 1 6S6, 36! . 36!
Brauvais ;Deux-Sèvres\ 33 4
Beauvallon (De). — Voy CoutttH
Beauvau (De), 280
DE LIEUX. ET DES PRINCIPALES MATIÈRES
Beauvoir (Doux-Sèvres), 347. — (Eli-
sab. de), ép. J. de Glay, 458.
Uéchcvel (Marie de), ép. Élisée d'Au-
teville, 460. — (Philip, de), s' de la
Motte-Blagny, 460. — De la Motel-
lerie, 459.
Becy (Abbaye du), 368.
Bédane (Deux-Sèvres), 335.
Béddevolc, not., 61, 63, 65.
Ilégat. — Voy. Agneau.
Bel-Air (Métairie de), D.-Sèv.), 357.
Bel fort , DO.
Belgique, 273.
Belleau (Anl. de^, 55.
Bellevue (Seine-et-Oise), 480.
Bellivier (J.), past., 348 n.
Bellay (Pierre de), 509.
Belot, past. — Voy. Billot.
Bénédictins, 176.
Bénéfices eccl. (Angleterre), 565.
Benguaron (Claude), chirurg.. 54.
Benivins (?) (De). — Voy. Hugues.
Benoit (Dan.), past., 186, 278 n., 289 ss.
- (Elie), past., 207 ss., 279.
Benrath (K.), 397.
Benson (Louis-F.), 272.
Berchèrc, 178.
Bercy (De) intend., 255, 259, 362.
Bergerie spirituelle (La), 1539, 130.
Ucrguer (M. et Mme H.), 385.
Beringhcn (De), prisonn., 169 n. —
(Pierre de), 213. — (Suz. de). —
Voy. Caumont-La Force (Duch. de).
BcrinVner (Dr Richard), 263.
Berlats (Tarn), 564.
Rerlière (La) (Deux-Sèvres), 359.
Berlin, 155, 176, 263 , 281, 423. 482,
571.— (Univ. de), 376. — Congrès
des Sciences hist. (1908), 80.
Bernard (J.), past., 98. — (Marie), ép.
Jacq. de Hochemond, 58, 59. —
l>.\ 572.
Bernardeau, past., 558.
Rernalière (La) (Deux-Sèvres), 333.
Berne (Jean), avoc, 62.
Berne, 66, 76 ss., 82, 99 ss., 369, 376 n.,
397. — Convention avec les can-
tons évangéliq. (1693-1699), 97 ss.—
(Lettre de la Direction franç. de)
aux seig,s de la Chambre des réfu-
tés {11 sept. 1693), 115 ss.
Bernier, 456.
Bernière (La) (Deux-Sèvres), 335.
B<rrrm(Gard), 480.
Bernouin (O.), avoc, 62.
Bornus (A.) prof., 80.
He'taudière (La) (Deux-Sèvres), 359.
Bertault (François), 49.
Bertillac, brigadier, 172.
Berlin, 455.
Bertini, past., 190.
Bertonnière (La) (Deux-Sèvres), 334.
Berlramière (La) (id.), 33!), 343.
Besançon (Citad. de), 172 n.
Besmaus (De), gouv., 124 ss.
Besme, assassin de Coligny, 492 n.
Besombes, past., 101 ss.
Bess (Bernhard), 270.
Bessay, past., 163.
Besse (Isère), 52.
Bessé (Deux-Sèvres), 334.
Bessée (Camp de la) (II -Alpes), 22.
Besse t (Deux-Sèvres), 340.
Bessière (La) (id.), 340, 341.
Beth (Dr K.), 376.
Bethunes, 496.
Beuning (Van), 165, 367.
Beuzeval, 480.
Beynes, 283.
Bèze (Th. de), 158, 265, 271, 391, 396,
504, 537, 572.
Béziers, 53, 62.
Bianquis (Jean), past., Lettre au pré-
sid. de la Soc, [Les Huguenots au
Sud de l'Afrique), 1909, 92 ss.
Biard (Deux-Sèvres), 339. "
Bibliothèque de la Soc, 70, 80, 82,
178, 264, 265.
Bibliothèque universelle, 142.
Biche (Loiret), 207 ss.
Biche-Toucheronde (De). — Voy.
Tissard,
Bienne, 104 ss.
Biens des Consist. (Cliampagne), 281.
— Mouchamps, 554. — Des fugitifs,
38, 256, 281, 466 ss.
Bienvenu (Jean et Quentin), 200.
Bignault [Bignel] (Deux-Sèvres), 349.
Bignon (De). — Voy. Suppliau.
Bignon (Le) (Deux-Sèvres), 342.
Billaudière (La) (Deux-Sèvres), 337.
Billot (David;, 205 n. — (Isaac), past.,
205. — (Pierre), past., 205, 208 ss.
Birague (De), 493.
Biron (Maréch. de), 496.
Birto, 419.
Bismarck (Prince de), 270.
Bisseux, mission., 94.
Bisson. — Voy. Bysson.
Bissy, officier, 260.
Bitri (Jeanne), ép. P. -Chr.de Livron, 62.
Bizière (La) (Deux-Sèvres), 332, 333.
Blain, 556.
Blanchardière (La) (D.-Sèv.); 333.
582 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES
Blanche de Castille, 506.
Blanchefort (Marquis de), 368.
Blanchon (Joach.), 86 ss.
Blaud, 424.
Blaurer, 71.
Blaye, 542.
Bloemfonlein, 93.
lilois, 48, 54, 60, 362, 501, 542.
BlOmmaert (Ph.), 323 n.
Blondel de Jouvencourt (Ch.-Fr.),
contrôl. des galères, 189.
Blouet-Lespins, 456.
Bobineau, past., 559.
Bocelay (Logis de), 342.
Bochard (Sam.), past., 187 n., 457.
Bœgner (A.), past., 376 n.
Boers, 93.
Boesleau (Ant.) 57, 58. — (Jacq. de),sr
de Castelnau, 61.
Bocsse (Métairie de), 354.
Boghaert-Vaché (A.), 392 n.
Bohatec (Dr S.), 396.
Bohême, 278. — (4e cenlre de la naiss.
de Calvin en), 266 n.
Boileau de Castelnau.— Voy. Boesleau.
Boilreau, 220.
Bois-Bourdet (Le) (Deux-Sèvres), 355.
Bois-Couteau (id.), 347.
Bois-d'Augère (Métairie du), 351.
Bois-de-Luché (id.), 352.
Bois du Ranc (Assemb. du) (1697), 293.
Bois-Dureau (D.-Sèv.), 354.
Boiségu (id.), 334.
Bois-Genlray (Deux-Sèvres) 357.
Boisgrollier (id.), 353.
Bois-Guérin. — Voy. Lafont.
Bois-Guérin (D.-Sèv.), 355.
Bois-le-Bon (id.), 348^
Bois-le-Boi (Seine-et-Marne), 217 n.
Bois-le-Vicomle (Exercice de), 216 ss.
Bois-Martin (D.-Sèv.), 337.
Boisne (id.), 357.
Bois-Pineau (id.), 355.
Boisvagon (id.), 335.
Bois-Renaud (id.), 341.
Boissard (G.), past., 92.
Boisseleau (Femme), 222.
Boisson (Pierre), 407.
Boivin (Bené), 391.
Bolbe.c, 480.
Bologne, 368.
Bolscc (.ItTûme). Quand commcnra-
t-il à, calomnier Calvin? 66 ss.
Bon (Amô de), past., 465. — aï.-Kr. de),
58.
Bonafoux, pas!., 564.
Bondcli, cons. aulique, 111.
Bon-Dupré, past., 465.
Boneau, not., 477. — Voy. B"nn*v
Bonet-Maury (G.), prof., 79, 177. :•!
262, 474. 569.
Bonjol (De), Voy. Languiat.
Bonnard (IL), graveur, il.
Bonnaudrie (La) (Deux-Sèvns . 3i.
Bonnay (id.), 334.
Bonne (Jeanne de), ép. Ch. d'Abuv*
lier, 58.
Bonneau (La?:.), avoc., 60. — V \
Boneau.
Bonnefon (J.), dit llaoulquin. 200
Bonnel, recteur, 263 n.
Bonnet, camisard, 248. — not..
(Jules), 275.
Bonnetière (La) (Deux-Sèvn^ . 3*î
Bonnetty (Aug.), 88.
Bçnneuîl (Deux-Sèvres), 341.- V
lin de), 349.
Bonneville (Anne), ép. L. Naillv. îî
(P. Fréd.), 77 n.
Bonniot (Madel. de), ép.Ga?p \'A
Morar, 64.
Bonrepos, réfug., 474. — !)• . i:
bass., 568.
Bonwetsch (N.), 397 n.
Bonzi (Card. de), 418, 426 n . 4?î -
442 n.
Bordage (Marquis de). — Voy. Du H
dage.
Bordât, lieut., 200.
Bordeaux, 163, 288, 421 ss., \- \ H
Bordier (1I.-L.), 51, 192, 275 n . i» «
Bordron, 551.
Borel |Louise), ép. C. Ilevol, 5$
Borelli (Paul), médecin, 57.
Borgeaud (A.), 396 n. — (Ch.\ pi
271, 388, 389.
Borgne (La vallée) (Gard . 2'»9
Born (Maria van), 266 n.
Bosc frères, 362.
Bosse (Abr.), 393.
Bosse (La) (Deux-Sèvres ,
Bossel ou Bosset (Marie de , < j •*
la Marre, 61.
Hosserl (A.1), prof.. 277 n.
Bosset. — Voy. BoSSCl.
Bossuet (B ), évéq., lf-7 s<.. 21* !
— et Coligny, 185. S2S. - Ph ♦'.
roi (1684 ou 85), lM7 - S m i
riago, S7 ss.
Bost (Ch.), past., 2tf , l's'1 \*
Boston, 400. 17 4.
Bouchard, 161
BouchavannesdcBoyincourl, ! M
Roucherat, ohano., Ï5(î
DE LIEUX, ET DES PRINCIPALES MATIERES
583
Boucherie [La), 555.
Bouchet (Is.), sr du Plessis, 458, 461.
Bouchet (Le) (Deux-Sèvres), 339, 342.
Bouchu, iutend., 8 ss., 22, 362.
Boucquetière (La) (Deux-Sèvres), 359.
— Voy. Bouquetière (La).
Houdaudries (Métairie des), 552.
lîoinles (P.), consul, 410.
lloudet (Daniel), past.. 474.
Buu<lhors, 88.
Boudon, 456.
Boudrat (Ant.), 24 n.
BoulTay (Jeanne), ép. J. Bourget, 191.
Bouffler (Cath.), ép. J. Vial, 59.
Boufflers (Marquis de), 166, 261, 362.
Bougas (Le P.), 413.
Bougie ou Bougis (Jacob), chirurg., 455,
458. — (Jean), sr de Lestang. 455.
Boii«:not (Anne de), ép. J. Berne, 62.
Bougon (Doux-Sèvres), 352, 353, 354.
Bougon tel (Métairie du) (id.), 352.
Bougouin (id.), 336.
Bougy (Marquis de), 172, 260, 566.
Bon/tas (Deux-Sèvres), 348.
Boulayde (De), sr de Peyremeins, 56.
Boulieu (Ardèche), 53.
Bottpère (Paroisse du), 559.
Bouquet (Le mont), 575.
Bouquetière (Métairie de la), 350. —
Voy. Boiicquetière (La).
Rouquetot (Suz. de), ép. Gabr. Il de
Montgommery, 452.
Bourbon (Card. de), 518. — (Gonnét.
de), 227. — (Louis de), pr. de Condé,
499 ss., 504, 508 ss., 511, 518, — et
!.» duc d'Anjou, 499, 506 ss. — Sa
mort, 500, 511. — (Henri de) pr. de
Codé, 496, 511, 539. — (Henri-
Jules de), pr. de Condé (1703), 39.
Bourchenin (Deux-Sèvres), 348.
Bourdaloue (Le P.), 362.
Bourdeaux (Le « Camp de l'Éternel »
à), 1683, 36.
Bourdelleries (Les) (Deux-Sèvres), 455.
Bourdellières (Hautes et Basses), 349.
Bounlillon (Le maréch. de), 518.
Rourdin. 522.
Boxodinière (La) (D.-Sèv.), 347.
Bourdon (Marie), ép. J. Bourget, 190.
Bourdonnerie (La) (Deux-Sèvres), 358.
Bourrllière (La) (id.), 346. — Voy. La
Bnurrel'xère.
Bourely (Jeanne), ép. J.-Et. de Chos-
segros, 65.
Bourg d'O isatis (Isère), 17.
Bourgard (Jacq.), 454.
Bourgeauvillc, envoyé de France, 142.
Bourgeois (C. de), sr deMontferrier, 5rt.
Bourgeoisie (La) franç. au xvir s.,
286 ss.
Bourges, 542.
Bourget (Ant.), past., 65. — (Salomon)
gai., (Brevet de libération des
galères et Certificat), 1713, 189 ss. —
de Beaupré (Jacq.), 190.
Bourgogne, 487 n.
Bourgues (J . ), huissier, 42 4.
Bourlemont (Dev, évèq. Son mot sur
les Synodes, 562.
Bourleuf (Deux-Sèvres), 354.
Boumeu f (id.), 359.
Bourrelière (Métairie de la) (id.), 353.
— Voy. Bourellière (La).
Boursaut, 156. — Voy. Bourseau.
Bourse franç. de Genève , 52 ss.
Bourseau, past., 457, — Voy. Boursaut.
Bousset (Olympe de), ép. de Bou-
layde (?), 56.
Boutaric, 528.
Boutaudière (Grande et Petite), 353.
Boutecule (Deux-Sèvres), 355.
Bouterie (La) (id.), 347.
Bouton (Ant.), not, 436, 440, 442 n. —
(Jacq.), 430 ss.
Boutroux, prof., 382.
Bouvier (M. et Mme Bernard), 385.
Bouvot (Job), avoc, 465.
Bovekerke-lez-Dixmude, 323 n.
Boyseau, 455.
Brackenholfer (Elie), 197 n.
Brail (Jean de), sr de Moulens, 121 ss.
(Mme J. de) [Louise Dupuy],421 ss.
— Requête à Bâville (1686), 123.
Brandebourg, 107. 176, 190, 255, 258.
(Refuge en), 422.
Brandes (Dr), prédicat, de la Cour,
266 n., 376.
Brange (La) (Deux-Sèvros), 335.
Branges (Les) (id.), 346.
Branoux, 574.
Brantelay (Deux-Sèvres), 350.
Brantôme, 184, 491 n., 492 n., 497,
513, 514, 528.
Brassac, 564.
Bréau (Gard), 290 n., 402 ss., 509. —
Dragonnades, 413.
Bréautièze (Un syndicat en), 1651, 401.
Brécey (Baron de). — Voy. Jacq. do
Yfissy.
Brcchoire (Métairie de la), 552.
Bref du pape Paul V à Sully, 178.
Bregion (Deux-Sèvres), 348.
Brejeuille (Mélairie de)~(id.), 348.
Breloux (id.), 334, 335, 336, 356.
58 i TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES
Breslau, 315. — (Univ. de), 3/6.
Bresmond (Elis, de), ép. D'Armand,
51. — ;lsab. de), ép. Ch. Bourgeois,
56.
Brest, 174, 480. — (De), 362.
Bretagne, 61, 169, 174, 216. — (Régi-
ment de), 18.
Bretauclrie (Métairie de la), 552.
Bretigny (Louise de), ép. J.-Fr. To-
masset, 52.
Bretonvillers (Mlle de), 176.
Breuil {Le) (D.-Scv.), 338, 351, 354.
Breuil (Métairie du) (id.), «42.
Breuil- Boussit {Le petit), (id.), 353.
Breuil- Car tais (id.), 352.
Breuil d'Aigonnay {Le) (id ), 338.
Breuil de Bessé {Le) (id.), 334.
Breuil de Clienay {Le) (id.), 349.
Breuil de la Fragnée (Le) (id.), 343,
Breuil de Sl-Chrislophe (Le) (id.), 335.
Breuil-Galleril (Le) (id.), 335.
Breuilté (id.), 350.
Brevet de libération des galères
(S. Bourget, 1713), 189 ss.
Briançon, 8, 10, 22 n.
Briançonnais, 23.
Briatexte, 564.
Briaudière (La) (Deux-Sèvres), 332.
Bricmont, 255.
Bricqueville (De). — Voy. Pienne.
Briderie (La) (Deux-Sèvres), 347.
Brie (La), 493 n.
Brieger, 397 .
Brieuil (Deux-Sèvres), 347.
Brignae de Montarnaud (Madel. de),
ép. J. de Balthazard, 63.
Brillac (De), 368.
Brillouin, 475.
Bringuier (Louison de), 318.
Brinon (Mme de), 127.
Brioulet (Mas de) (Gard), 298.
Brioux (Métairies de) (D.-Sèv.), 354.
Briquemaut (De), 525.
Brisac/i, 174.
Brissonnerie (La) (Deux-Sèvres), 342.
Brive, 89.
Broglie (Comte de), 318, 426 ss., 432 n.
Brou (De). — Voy. Feydeau.
Brouage, 474.
Brouault (Jean), 452.
Brousse (La) (Deux-Sèvres), 312 ss.,
351, 352, 357.
Brousse d'Azay (La) (id.), 333.
Brousses (Les) (id.), 348.
Brousson (CL), past., 98, 289,295 ss..
314, 317 ss.
Broutier (Jacq.), 55.
Brue (Pays de Gexj, 62.
Brueys (De), 253 n.
Bruges, 565.
Bruguier, past., 91 n.
Brunei (G.), 407.
Brunet, 444. — (Fi\), past,, 332 n r
Brunetière (F.), 282, 394.
Bruniquel, 421 n.
Brunot, 572.
Brunswick, 126, 375.
Bruxelles, 323 n., 325.
Bruyère (La) (Deux-Sèvres), 351.
Bucer (M.), 158.
Bilckeburg, 266 n., 315.
Buech (Vallée du), 18.
Buette, 456.
Budé (Ant.), 203. — (Cath.), *y J
Anjorrant, 200, 203. — (Guill.). 3-*
— (Marg.), ép. G. de Trie, 3*8 n
Bugenhagen (J.), 393.
Bugnac, 496.
Buis-les-Baronnies, 30.
Buisson (F.), 387 n.
Bulletin, 177. — (Table gén. du . «f
Bulletin des Églises wallonnes. V^l
Bullinger (H.), 66, 70.
Bulow (Christian von), 126 n
Bungener (Félix), 275.
Burckhart(A.), boursier, 109.
Bure (Collection de), 41 n. — P r-
Irait d'Idelette de), 212. 321.3ÎM «
Butrê (Deux-Sèvres), 347.
Buve (Marg.), ép. Verderine, 59.
Bu.ry, 465.
Bysson (Jacq.) dit Laillcrye, lr.i --
(Urbain), sr de la Cousture. r>4
Cabanes (Grég.), vie., 2°8. 312.
abanes ((-laie des), 311 .
Cabanis (De), 401.
Cabaret (Assemb. du), 1701, 133.
Cabournerie (Métairie de la), 3>
Cabrayrolles (De). Voy. G lié ri n
Cabre (Col de), 21, 29.
Cabrières, 505.
Cabrit (Th.), past., 101 ss., 106. !»'
Caderles, 296, 298, 311.
Cadix, 369 n., 568.
Coen, 450, 462, 4S0, 568.
Gaffté, 220.
Cagny (Marquis do). 169 ti
Cnillaudrir (l.a) (Deux Sôvn s , Ji!
CaiUrtirre (La) (id.), 343.
Cairon, 456. — (Anne), 6p. Mi î»)
xoire, 461,
Galadon (J. de), sr de Lacate, > î »•
Calandré (Marie), ép. I' VUlard, ^»
DE LIEUX, ET DES V
Calandrini (B.), prof., 190. — (Esther),
ëp.Jacq. Tremblez, 378 n.
t'almont, 480.
l'alviae, 303, 401 n. — (De). Voy. Des
llours.
Calvin Jean), 118, 158, 198, 322. —
(Enfance et jeunesse de), 572. —
Conversion de), 572. — et les
Juifs, 307 n. — et Marie Stuart,
41" ss. — et le Mercure de France,
fi n. — et Servet, 6 n. 397 ss. 572.
— (4* Centenaire de la naiss. de),
5 ss.. 80, 81, 264 ss., 371 ss. —
Séance du Trocadéro (1er nov.),
5T0 ss. — Bibliographie, 266 ss.,
TA ss. — ltr supplément, 570 ss.
— Cantate, 572 n. — Institution
chrët. de 1541, 6, 390. «— (Lettres
ôe , 6. — (Maison de) à Noyon
Plaque), 80, SI, 177, 261. — (Ma-
riage de), 278 n. — Médailles, 390.
— .Monument de Genève, 5, 400. —
Action politrq. dè), 571. — (L'OEu-
vre littéraire de) (F. Brunetière),
394 ss. — (Œuvres choisies de),
390. - (Ecriture de), 572. — (Por-
traits de), 264 (hors) texte), 277 ss.,
:«90 ss., 571 n. — (Portrait de la
femme de), 272, 327 n., 391 ss. —
ytiand Boisée cômmença-t-il à
calomnier Calvin? 66 ss. — « Cal-
tin travesti », 393. — (Jean), prêtre
de \oyon (1550), 71. — Voy. Cau-
viu.
Ctlrisson, 480.
Ornas (Gabriel) sr Lusserie ou de
I.uisserie, 461. — (De). — Voy.
Sèmery.
Cambrai, 174.
Cambridge, 375.
Camisards, 24, 39, 188. — (Origine
du soulèvement des), 425 ss. —
Précisions documentaires sur
l'hist. des), 243 ss. — (Victimes des)
l<- P. J.-B. Couderc, 1904), 244 ss.
Camp de l'Éternel (Le) [Bourdeaux,
1683], 36.
C-vn pagne (Dan.), sculpt, 27.
Cimpaneus (van Campene], (Journal
<\o Philip.), 323.
Cimpdomerc, past., 564.
Carnpene (Corneille van), 323 n.
Cmaye, 178 n.
ï<incale (Ille-et- Vilaine), 458.
Catulé (Deux- Sèvres), 336.
CanJolle (M. et .Mme Casim. de), 385.
Canet (Alix), 59. — (Jacq.), avoc., 59.
TUNCIPALES MATIÈRES 585
Cannes (Gard), 299.
Canterbury, 165.
Cantique de Philibert Guide, 46k
Cap de Bonne-Espérance (Le Refuge
au), 92 ss.
Capieu (Jacq.), dit La Bonté, prédic,
305 ss., 310.
Capilupi (Camillo), 526, 530 ss.
Capitant, prof., 42.
Capitel (Cath.), ép. V. Ardin, 6i.
Capon (Elisab.), ép. A. de Ricard, 63.
Cappel, 96.
Caprara (Comte de), 10, 14 ss.,20 ss.
Capucins, 54.
Caraman, 421 n.
Carbonnel (Toussaint), hôte, 298,310,
313, 317. — de Chasseguey, 455.
Carcassonne, 293 n., 480, 506.
Cardaillac, 564.
Cardel (Jean), prisonn., 167, 257.
Cardet. — Voy. Cardel.
Cardinaudière (La) (D.-Sèv.), 347.
Carentan (Manche), 452.
Carignan (Prince de), 257.
Carmes, 368.
Carnaval à Mer (1686), 363.— à Rome
(1686), 365.
Carnet (De), 460.
Carnoulès (Grotte de), 304.
Caroli (Pierre), 49. — Épîlre en vers
à Eraneois 1er, 272.
Caron, 174.
Carpentier (P.). — Voy. Charpentier.
Carrier, prieur, 289.
Carte (La) (Deux-Sèvres), 334, 341.
Carte du Dauphiné (Invasion de
1692), 9. — des Basses-Cévennes,
297. — du Moyen-Poitou, 344-345.
— de Noyon et des environs, 377. —
de la région de Pontorson-Corme-
ray, 449.
Carteron (Th.), prêtre, 380.
Casai, 258, 361.
Casalis (Eug.), missionn., 92.
Cassagne (De), eons., 412.
Cassegrain (Théoph.), past., 465.
Cassel, 112.
Castellion (Séb.), 69.
Castelman (De), ambassad., 168, 110,
257, 259, 261, 362, 373, 565.
Castelnau! De). Voy.Boesleau [Boileau].
Castelnau-de-Brassac , 564.
Castille (Grand Prieuré de), 363. —
(Blanche de), 506.
Castillon (De), 53. — Voy. Osseber.
Castres, 56, 60, 402 ss., 414, 421 n.,
480, 542. — Chambre de l'Édit,
TABLE ALPHABETIQUE DFS NOMS DE PERSONNES
561. — Temple, .ri60. — (Dioc. de),
471. — (Extrait d'un Mémoire sur
le), 167 i ou 75, 560 ss. «t
Catalon (Elisab.), proph., 188.
Cateau-Cambrésis (Traité de), 26 4.
Catéchisme cathol. en Angleterre, 367 .
Catherine de Médicis, 485, 492 ss.,
505, 518, 532.
Catherine de Navarre, 203, 321 n.,555.
Catholicisme en Angleterre. 365, 367,
369, 370, 573.
Catinat (Maréch. de), 7 ss., 16, 17, 35,
171 n., 258, 361, 365, 567. — Lettre
au marq. de Barbezieux (1692), 22.
Caubet (Ch. de), sr de Falanot, 54.
Caudié (Marquis), 421 n.
Caullery (J.), 141 ss.
Caumont(Mlle de), 120.— (David de),
baron de Montbeton, gai., 477. —
(Etienne de), baron de Montbeton,
477 n. — (Jean de), baron de Mont-
beton, 477. — (Jeanne de), ép. J.
d'Aliès, 477. — (Marg. de), ép. Paul
de Sarrau, 477. — (Marie de), ép.
Franc, de Jaussaud, 60, 477. — (.Ma-
rie de), ép. J. de Viçose, 477. —
(Paul de), baron de Montbeton,
477. — Tabita de), ép. J. de Gazet-
tes, 477. — (Jacques-Nompar de),
duc de la Force, 172 ss., 256, 566,
568. — (Mme de) [Su/., de Bérin-
ghen], 172. — Leurs enfants, 169,
259, 362. — de Montpouillant, 172.
Caunay (Deux-Sèvres), 359.
Caunelle (De), sr de Balettier, 62.
Caussade (De). Voy. D'Aliès.
Cauvin (Ant.), 327 n. — (Gérard),
380. — Voy. Calvin.
Cavagnes (Arnaud de), 525.
Cavalier (Jean), 188.
Cavalli (Sigism.), ambass., 540 ss.
Caylus (Mme de), 117, 120.
Cayrol (Jean de), s1 de Handonnières,
juge, 409 ss. — (Madel. de), ép. P.
de Quatrefages, 403 ss.
Caze (J.), 62.
Ca/.enove (A. de), 401 ss.
Gazettes (J. de), avoc., 477.
Ceilhac (Vallée de), 14.
Celle, 126, 141. — (Duc de), 150.
Celles (Deux-Sèvres), 339, 341, 342.
Cephise (Laurent de1), 59.
Cerolonr (Deux-Sèvres), 340,
Cerzeau (id.), 334.
Ceslre (Louis de), curé, 206.
Oévcnnosi pi'édic. — Voy. Pomaret.
Cévennes, 57. 166, 169 n.. 188, 259,
261, 361 ss., 366, 446. — Carie l«
Basses), 297.
Change (X.-D. de), 207.
Chaban (Deux-Sèvres), 337.
Chabannes (Métairie dej (id. . 3P
Chabosseau (id.), 343.
Chabot (Mlle), 170. — (Amiral . îî"
Chabrillan (Comte de), il.
Chailleu (De), 461.
Chaillochère {La) (Deux-Sèvres .3»
Chailloux {Le) (id.), 347, 559.
Chailly, 526.
Chais (Mlle de), 362.
Chaize {La) (Deux-Sèvres . 310.
Chalançon, 57.
Chalandière (De), 12.
Chalié, 178.
Challon (De). — Voy. Clavier.
Challonge. — Voy. Du IMcssi».
Chàlon (De), 168.
Chalon-sur-Saône, 60, 62, ITT. »'«*
480. — (350e anniv. de la ïomhh
de l'Egl. réf. de), 81, 161 m
(Plaque apposée dans l'Kgl. r< f V
465 (grav.).
Chdlons-sur-Marne, 2X0.
Chahcsson (Deux-Sèvres), 335.
Chamand, not., 434, 442 n.
Chambéry, 480.
Chambèsy, 3<S5.
Chamhly, 216.
Chambrier (Mme Alex. de). "2 »*
97 ss., 263.
Charnier (Antoinette), 6p. J. l.i i
54. — (Jacq.), 63.
Charnier (Deux-Sèvres). 33L
Chamillart (De), min. de la Ou*rr
432. — (Lettre du comte <!r '■•
gnan a), 1703, 3!).— (du commit)
de Paratte à), 1704, 42<î.
Champagne (G. de), comte do h Set
90.
Champagne (Le Protest. en\ 2*$ •
Champccrvon (Manche), 152.
Champdenier (Deux-Sèvres», 335
Champion la Boche, 156,
Champollion-Figeae, 10.
Champrosé (Seine-et-Marne . ilJ
Champ- Roy (Dcux-Sevres), A
Champs {Les) (id.), 336.
Champsaiir (Le), lfi.
Channevière, H>6.
Chanson faite pat' Cl. \hmtt.
Chanson La) relig. i In V, a
France, (1532 ss.), 236 s*.
Chant des Psaumes. Î12, lit
(1686), no.
DE LIEUX, ET DES PRINCIPALES MATIERES
Chanteloup (Deux-Sèvres), 337.
Chantilly (Chat, de), 392.
t'hantiveau (Le) (Deux-Sèvres), 310.
Chape! past., 329.
Chapelutière (La) (Deux-Sèvres), 351.
t'hapelle Métairie de la), 352.
Chapellv-Ildton (La) (D.-Sèv.), 334.
('.h'tpoiiiiièi'o (Krancisj, 382.
Chappuzeau (Noies sur Sam.), 141 ss.
' hapronnière (Métairies de la), 358.
Charantonnière (D.-Sèv.), 350.
l'harcogné fi(L), 338.
Chardon (Mme et Mlle), 309.
Charles, past., 56 4.
Charles, landgrave de liesse, 112.
Charles d'Espagne., comte d'Angou-
léme, eonnét., 118.
Charles II d'Angleterre, 165, 170, 254,
jns, 368.
Charles II d'Espagne, 363, 364,36!), 311.
Charles IX et la Saint-Barthélémy,
185, 492 ss., 512 ss. — Lettre à
l'amhassad. La Mothe-Fénelon
21 août 1572), 535. — à. J. de No-
irareC haron de la Valette (28 août
Vu-2 . 536.
Charles XI, de Suède, 369.
Charnisay Baronne de) 425 ss., 575.
Charost (Duchesse de), 283.
Charpentier (Pierre), jurisc, 495.
Charrault (Le faubourg) (Deux-Sè-
vres), ;t.*ii.
Charron Vallée du), 94.
Charronnet, 40.
Chartres, 541. — (Siège de), 1567,
' 00. — Duc de) [Philip. d'Orléans,
régent1. 371 .
Chassaignes {Les) (Deux-Sèvres), 355.
Chnsse-Amlré (id.), 348.
Chasseguey (Manche), 457. — (De).
Voy. Carhonnel.
Chassère (De). Voy. Tresmoullet.
Chassignolles (Deux-Sèvres.), 348.
''hasteaunay [Châteauneuf], 54, 57.
Chastellain, curé. — Voy. Châtelain.
Chastenay Aimée de) ép. Gabriel III
de Montgomery, 452.
Chastillon. grav., 199.
CKâteaunci, 53. — Voy. Châteauneuf.
Châteauneuf (Deux-Sèvres), 340.
Châteauneuf (Marquis de), 561.
Châteauneuf d'Isère (Drôme), 54, 57.
l'h'iteau-Queyras, 11, 13 ss., 22 n.
t'hâteau-Thierry, 205.
Château-Tison (Deux-Sèvres), 355.
Châtelain (IL), 572. — (J.), curé, 206.
Chatelet (Régiment du), 296.
C ha le lier (Le) (Deux-Sèvres), 355.
Chalellier (Le) (id.), 335, 343.
Chatenoy-le-Royal (S.-et-L.), 465.
Chàtillon (Gasp. de Goligny, sr de)
amiral, 179, 509. — et le duc de
Ncvers, 502, 514. — Arrêt du 2!) jan-
vier 1566, l'innocentant du meur-
tre du duc de Guise, 485 n., 515 ss.
— Son 2e mariage. 501, 513. — Sa,
mort, 488 ss., 499 ss., 502 ss., 523
ss. — (Un nouveau portrait de)
[M. Ch. Merki et Le Gaulois] 183 ss.
(Gasp. III, maréch. due de), 89 ss.
— (Anne de Goligny) ép. Georges de
Wurtemberg, 90. — (Henriette de
Goligny) JMmc de La Su/e], S9 ss.
(Odet dé"vColigny, card. de , 514,
516. — (Fr. de), sr d'Andelot, 511.
Chdtillon-en-Diois, 18, 30.
Chdtillon-sur-Loing, 90, 507, 513.
Châtillon-sur-Loire, 480.
Chatoney (R.), 79, 81, 177, 569.
Chatonnière (La) (Deux-Sèvres), 350.
Chaudai/ (Métairie de) (D.-Sèv.), 35:?.
Ch aulnes (De), 518.
Chaume (La) (D.-Sèv.), 335, 359.
Chaumel (Nie), sculpt., 62.
Chaumelière (Métairie de la), 351.
Chaumes (Les), 340, 341. 350*, 351.
Chaumont (Dauphiné), 57.
Chauray (Deux-Sèvres), 335, 337.
Chaurière (La) (id.), 350.
Chaussée (La) (id.), 348.
Chauvet id.), 357.
Ghauveton (David), past., 205.
Çhauvigny (Seine-et-Marne), îOii n.
Chavagné (Deux-Sèvres), 336.
Ghavannes (Fréd.), 225.
Ghavanon, past., 5:5.
Chavant (Deux-Sèvresi, 335.
Chayla (Abbé Du). — Voy. Langlade.
Cheiron (Elie), past., 293, 295.
Chenay (Denx-Sèvresj, 349, 354,
Chêne {Le) (id.) 359.
Cherchenay (id.), 357.
Ch éi -encé- le- H é> 'on, 4 52 .
Cherru (Cath.), ép. Alex. IIevrard,53.
Cherveux (Deux-Sèvres , 33 4 ss.
Ghesnayc (De), 453.
Chesnaye (La) (Deux-Sèvres), ,337.
Ghcux (Abr. de), sr de la Fou laine, 461 .
Chevalier (Alain), curé, 206. — de
Sanlx (Franc.), évcfj., 426.
Chevallerie (La) (Deux-Sèvres), 357.
Ghevalley (Abel), consul gén., 95.
Chevraise (I,a) (Deux-Sèvres), 352.
Ghevreil, 462.
i>88
TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES
Che>/ (Deux-Sèvres), 343, 340 ss.
Cheylannes (De). Voy. d'Alléoud.
Chillon (Chàt. de), 385.
Chiloup (Deux-Sèvres), 354.
Chimbaudière (La) (id.), 340.
Chine (Les Jésuites en), 565.
Chion (Louis), consul, 24 n.
Chiré (Deux-Sèvres), 351.
Chironail (id.), 342.
Chissevé (id.), 332.
Chodal, recteur, 396.
Choisy (E.), past., 6 271, 390, 512.
Chollerie (La) (Deux-Sèvres), 341.
Cholonnière (La) (id.), 34".
Chomel (Marie-Madel.), ép. P. Tour-
ton, 53. — Voy. Turton.
Chorges (Hautes-Alpes), 13.
Chorier, 30.
Chossegros (J.-Et. de), s' de Mimet, 05.
Choudan(Gabr. de),ép. C. Rey,54, 58.
Chrestien. — Voy. Abr. Ducros.
Christian-Ern., margr.de Baireuth,\ï2.
Christine de Suède, 90, 173, 365, 566.
— et la Révoc. de l'Édit de Nantes,
167 ss.
Chronique des événements relatifs
au Prot. de 1682 à 1687, 165 ss.,
254 ss., 361 ss., 565 ss.
Chronique litt., 82 ss., 178 ss., 204
ss., 374 ss., 464 ss., 570 ss.
Chupret (MadeL), ép. B. Godde, 220
Cibo (Le card.), 304.
Cigogne (Lm) (Deux-Sèvres), 339.
Cimetières prot., 197.
Circé (Deux-Sèvres), 346. — [Le Pelit-
Moulin de\ 348.
Citation (Un faux en) [Le retour des
chefs cam isards], 188.
Citron (Lucrèce), ép. A. de Malïé, 57.
Civita-Vecchia, 254.
Civray (Deux-Sèvres , 57, 335, 556.
Claie (Supplice de la), 222, 465.
Clair (Le P. Charles), 88.
Clairambault, colonel, 567.
Clairan (De). Voy. D'Airebaudouze.
Clan-Carthy (Régiment irland. de), 12.
Claparède (M. et Mme Alex.), 385, 389.
Claude, réfug., 55.
Clavier (J.), sr de Challon, 459 n.
Clavillière (De). Voy. Ardin.
Claye (Le Protest, à), 1554-H00, 193 ss.
— (Pasteurs de), 204 ss. — (Plan
de), 194. — (Prieurs-curés de), 206.
— (Temple de), 195 ss. — (Vue de),
196. — (Chàt. de), 197 ss. (grav.).
— (De). Voy. Anjorranl.
Clelles (De). Voy. Morar.
Clément VII, pape, 47.
Clément X, pape, 371.
Clermont (Hérault), 54.
Clermont d'Amboise (Comtr «!<
1686, 259.
Clennonl-Ferrand \ 480.
Clermont-Gallerande (Louise de .
Gasp. de Champagne, 90 n.
Clèves, 255.
Clielle (La) (Deux-Sèvres), 347.
Clo (MadeL), ép. Nicolas, 51.
Cloches, 551.
Clochel (Deux-Sèvres), 348.
Cloué (Vienne), 351.
Clousil (Le) ( Deux-Sèvres i 3i3
Clouzeau (Le) 340, 349.
Cochart (Elisab.;, 220. — ;ls. . 22.' m
— (Jeanne), ép. N. Métayer. 2i« n
Cognac, 121, 474, 574.
Coin (Le) français, 93.
Coivaudière (La) (Deux-Sèvres . îif
Coire, 104 ss.
Coligny (De). Voy. Châtillon.
Collebert (MadeL), 220.
Collectes pour les réfug. (Augletf y
1686), 366.
Collèges, 372.
Collet (Fr.)i médecin, 455.
Collonges-sous-la-Cluze, 57.
Colloques, 560 ss.
Colognac (Paul) dit Dauphiné, pu
die, 289, 301, 305, 313 ss.
Colognac, 296. — (Assemb. de .
291. — (Temple de), 291.
Cologne, 76 n., 257. — (Electeur dt
1686, 373.
Colom (Marie de), ép. P. Dulonp. ♦**
Colonie (Die franzùsische), 263.
Colonis, 371.
Colonna (Princesse\ 1686, 363.
Comarque, 178.
Combe (La) (Deux-Sèvres\ 3Hv
Combecalde. — Voy. La Valette
(-ombelle (Cl.de),ép. DeCastilInn. ' 1
Cambré (Deux-Sèvres), 333.
Combrune, 178.
Commelin (Les) de Douai, 320 s» -
(Antoinette), ép. Aut. Cauvin. :■»:
327 n., 393. — (Jaeq.\ |>n I
322. — (James). 321. - |Joh>n
martyr, 320 ss. — (Jêronlf J t
Saint-André, 321, 327 n. - M\<-
tin), 322. — (Toussaint), 331 ^ .
327 n., 393. — (Armoiries . 3il -
Voy, Crommelin,
Coniinéinorations (Deux) à Mant <
et a Paris, !> I ss.
DE LIEUX, ET DES PRINCIPALES MATIÈRES
r.ommercy (Général), 10.
Coinmerre (Ant. de), cons., 408.
Commissaires royaux auprès des
Synodes, 561 ss.
Compagnie du St-Sacrem., 88 ss.,473.
('.empan (Ant.), gai., 312.
Comparet, not., 56, 00.
Compiègne, 416, 556.
Complainte (La) de Florimond l\o-
hertct, 47.
Condé (De). — Voy. Bourbon.
Cowlovcel, 56, 61. — (De). — Voy.
d'Angilbaut.
Confession de foy de S. M. le Roy de
Vrmse... (1719), 82.
Confession des péchés (La) des Égli-
ses réf. de France insérée dans un
livre de piété cath., 158 ss., 543 ss.
Coni, 8, 2t.
Conjuration à'Amboise (1560), 476.
Connet (.Marie), ép. Ch. Vergne, 65.
t'tnnonière (La) (Deux-Sèvres), 353.
«.••nrad (Vv\), 270, 396.
Conseil pour les aiïaires de la Reli-
gion (1086), 166, 175.
Consistoires, 420, 560 ss. — (Biens
, «les [Champagne], 281. — (MoU-
chnmps) 554.
0>nstans dsaac), past., 205.
Constant, 474. — (Le P.), 87.
• '.••menant (Gabr.), cous., 63.
Convention entre Berne et les Gan-
tons évang. (1693-99), 97 ss.
Conzais (Deux-Sèvres), 339.
Cop Discours de), 268 n.
Copenhague, 571 n.
Copolo (Jules), écuyer, 454, 461.
0>i|iiercl (Ath.) père, past., 482.
L orbelière (La) (D.-Sèv.), 357.
Corbet (Elisab. de), ép. Gabr. d'Au-
tevillc, 455, 4G0.
Corbière (Jean), 454.
Corbres, 455 n.
Corcelle, 46b.
Cordray, 455 n.
Corègc (A.), médecin, 63.
Cormeray, 4'»S, 457 ss. — Temple,
i»»2. — Voy. Ponlorson. — (De).
Vmv. D'Auteville, Meslin.
l'ornely (Ghât. de), 318.
Cornrt-Auquier(A.),past.,81,177,464.
Corn i bus. — Voy. Descornes.
Corniche (Michelle), ép. J. du Feu, 458.
Cornill (D.), prof., 375.
t'orndlon (Drôme). 36.
Cornu (Pierre). •— Voy. Descornes.
t'oroqne {La), 369 n.
Co7-ps (Isère), 17.
Gorrer (Giov.), ambass., 505.
Cosmel", grand-duc de Toscane, 531.
Gosnac (Dan. de), évêq., 23. —
(Gabr. de), évêq., 23.
Gostar (Roger), 150.
Goste (Pierre), 574 n.
Gostebelle (Jeanne de), ép. Alex.
Gaignard, 55.
Gotelier, 162 n.
Côtes [Les) (Deux-Sèvres), 35!), 360.
Couarde (La) (id.), 341, 358, 359, 360.
Goubé (Abbé S.), 6 n.
Couché (Deux-Sèvres), 333.
Couches (Saône-el-Loire), 55, 58.
Gouderc, réfug., 101 ss. — (Le P. J.-
B.), 244 ss. — (Salomon), cami-
sard, 243 ss.
Coudrais (Métairie des), 552.
Coudray (Le) (Deux-Sèvres), 343.
Coudre (La) (id.), 347. — (Métairie de
la), 350.
Coudre de l'Épine (Le) (id.), 352.
Coudren, 455 n.
Gouespel, 456.
Goulom (Fr.), 465. — Voy. Goulon.
Coulomhière (La) (Deux-Sèvres), 353
Goulon (Anne), ép. P. Bailly, 220.
Coulonges, 554.
Gouppé (Daniel), past., 80.
Gourault (Jean), 49.
Gourcillon (Cath. de),ép. J. Guichard
do Péray, 26(1. — (Charlotte et
Hélène de), 362. — (Pli. de), mar-
quis de Dangcau, 17, 38 n., 3(59.
Cour d'Auge (La) (Deux-Sèvres), 334.
Coureau (Métairie du Grand), 353. —
(Moulin du Petit), 353.
Courge (Deux-Sèvres), 349.
Courmontaral (De). — Voy. Cour-
nonterral.
Gournonterral (De). — Voy. Vignoles.
Couroy (Sim.), 206 n.
Court (Ant.), past., 246 ss., 329, 430
ss. — (Lettres de Loire et de Viala
à), 1740-41, 329.
Court de Gébelin, 329. — (Lettre de
Gounon à), 1744, 330.
Courtepierre (De). — Voy. Guyot-
Tanet.
Courthézon (Vaucluse), 65.
Courtier (MadeL), 220. — (Nie), 205.
Courtiou (Le) (Deux-Sèvres), 355. —
(Métairies du), 340, 351.
Courtrai, 320.
Cousin, prieur, 434, 439, 442 n. —
(Jean 1), peintre. (La date de sa
590 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES
mort , 192, 479 ss. — (Jean II),
peintre, 479.
Coassai (Le) (Deux-Sèvres), 33!).
Coustureau (Nie), past., 497.
Coutancière (La) (D.-Sèv.), 332.
Coulant (id.\ 334.
Coulaud de Beauvallon, 3f> n. — de
llochebonne, 36 n.
Couteaux (Deux-Sèvres), 339.
Coulinière (La) (id.), 334.
Coûts (Métairies des) (id.), 349.
Couture {La) (id.), 333, 338.
Couvains (Ant. de), 461.
Couvents, 125, 121, 165, 168 ss., 172,
174, 259, 260, 362, 363, 368, 372,
422 ss., 565 ss., 576.
Couvel (Suisse), 114.
Couvreur (Jacob), 150.
Cozes, 480.
Cracovie, 485.
Cramer-Micheli (Louis), past., 3S8.
Crapaud (Le) (Deux-Sèvres), 343.
Crassel, 64.
Crèche (Aa) (D.-Sèv.), 334, 335, 336,356.
Crécy (Comte de), 259.
Crépinière (La) (Deux-Sèvres), 356.
Créqui (Maréch. de\ 172, 368.
Crespin (Jean), 322.
Crest, 30, 58, 60. — (Délibérations
consulaires de), 1692, 11.
Crestin (Claude), 465.
Creusé (Deux-Sèvres), 335.
Crière (La) (id.), 339.
Crieuil (id.), 350.
Crispin (Les Frayeurs de), 1682, 155.
Croissy (De), 257.
Croix-Blanche (Régiment de la), 362.
Crommelin (Jacob), 320. — (Pierre),
321 n. — (Armoiries), 321. — Voy.
Commet in.
Crommcline (Colonel C E.), 321 n.
Cromwell (Olivier), 175.
Gros (Gard), 307, 315. — Temple.
291.
Crosnier, 155.
Croie (La) (Deux-Sèvres), 333.
Crouslé, prof., 282.
Crouzille (La) (Deux-Sèvres^, 339.
Crouzlllèrc (Métairie de la) (id.), 354.
Crouzon (id.), 341 .
Crozat (Elie), past., 465.
Crozé, past., 556.
Crue (Vr. de), prof,, 571.
Cru s sol (De), 518.
Crtizille (Chat, de), 465. — (De), Voy.
Guérin «le Cabrayrolles.
Cujavir, 488.
Cunitz (Ed.), prof., 278.
Curban (De). Voy. Pontis.
Dada, nonce, 174 ss.
agnière (J.), 301.
Dailhe (P.), curé, 24 n.
Daillé (Jean), past., 21 S.
Dairou, 456.
Daliès. — Voy. D'Aliès.
Dallibert(Gabr.),463 n. — (Jacq » "t
Désert. 454, 459. — (Mari: . 4>? -
(Rach.), ép. A. de Grigny, 4*3
Dalton (Dr Herm.), 376.
Damiate, 564.
Dammartin (S. -et M.), 215. 216 r
Damville (Maréch. de), 524.
Dampierre (De), colonel, 567 |
Danemark, 255, 322, 370, 37! -
(Prince et princesse de;, lfi^€.W<»
Dangalis (Jacq.), curé, 206.
Dangeau (De). Voy. Coureill<>n.
Dannreuther (H.), past., \rA «vt
278 ss., 479, 543 ss.
Dardier (Ch.), past., 275.
Daronde, past., 204 n. — Voy. Kl»»
d'Arande.
Darse (Louis), 465.
Darvieu (Annibal), past., 291 s«
Daudé, subdél., 300 ss.
Daudet. — Voy. Dodet.
Daudrairie (Noël), 459 n.
Daugnion (Comte de), 473.
Dauphiné, prédic. — Voy. P. Col' paw
Daup/iiné, 259. — 'Les prot <'>> F* ■• i
et des Baronnies en in<»2 p« '
l'invasion du), 7 ss. — Témoico *fn
rendus aux Nouv. Conv. du M'V*
17. 21 ss.
Daussonne (J.), armurier, 479
Daulrairie. — Voy. Daudrairie
Davila, 510, 512, 516.
Davin (Vinc), chan., 88.
Vax, 542.
Debac, 254.
Debenicroix (Elis.) 6p. G < tï"
nant, 63.
Décès de réfugiés franc, n 'îfttfiu
(1681-1710), 50.
Déclarations royales. 3f»6, '
Declave (Esther) ép. J. I.nuiniu U
Dédicace [Sermon nola'iU / ** m
jour de la) |C1. Marot 1539 ::: m
Dédier (Gab.)i greffier, 63.
Deferron (Cl.), 57.
Defrère Dùbartas (Jeanne <; . »•
(org de Montbarl iei\ G i
Deharsu, nol . , 64.
DE LIEUX, ET DES PRINCIPALES MATIÈRES
591
Dtlafont J.-L.\ 63.
Dflaline (Mlle), 424.
Dflapîle Anne . ép. G. Dédier, 63.
Uflor Euslache et Noël), 200.
Uemole (Dr E.), 77 n., 390.
Iirnkinger IL), past., 271 .
lleolionnc [CL), 202.
i». planche Su/..', ép. 0. Bernouin, 62.
btrval (Anne-Marie), ép. Crassel, 64.
l'e-OL'uliers, i TS .
Desahut, médecin. 62.
l'o- Bouillons. 456.
Iiesrhanips (Gaston), 571.
lu scombaz (Ed . , past.. 465.
|ie<cornes Pierrej. 229 n.
Pescoitsu, jurisc, 465.
bt patine (Gilles), 65.
I»es Hoiiillièrës. — Voy. Lafont-Bois-
(îuerin.
D-slioiilières (Mme), 35.
Hes Hours (Ch.), sr deCalviac. 403. —
Su*.), ép. P. de Quatrefages, 403 n.
-« Desiderius » [Didier Abra], 4*8.
Desjardins (Abel), 592 n.
Iles Loges. — Voy. Hardy.
Iles Marais, intendant, 367.
|ii «iiiaret/ Fr.), past., 62.
Masures Louis), poète, 80, 393,
b- nmay, 71 n.
b.*< Nn ux. — Voy. Rasse.
I»es Plantiers (Mlle). Voy. Marie de
h Tour La Charce. — (Marquis). Voy.
Pierre (fils) de La Tour La Charce.
Desportes (Ph.), 86.
he pots <Dan.j, past., 205. — (J.j.,
proc, 209.
Iȑ-ubas (Marie), proph., 188.
Iles Vallées. — Voy. Gaullard.
be< Vallons, prisonn., 257.
Ptsvieux, 87.
lies Vignolles (P.), 290.
bct. ze (H.>, 188.
Dtvinay (Alex.), past., 65. — (Marg.),
• p. Ant. Laurent. 65. — (Marie , ép.
\nt. Rottrget, 65.
Q<rrtu>j Le), 17.
hexmier d'OIbreuse (Alex.), 126, 566.
- Léonore) duch. de Zell, 126, 565.
ÎMlier. prêtre brûlé (1533 , 478.
Pie. isn.. 37, 58, 59, 62. — (Acad. de).
'•63. — Délibérations consulaires
de .24 n. — Lettre du duc de LaFcuil-
h !>' à la municipalité de), 1703, ±\.
l> '; pe. Ifi8, 109 n.. 170. 371.
/>• ulefit, 574.
Pij n, 465, 4s0.
IHnant, 170.
Dingairesque (Louise), ép. C. de Vi-
gnots, 64.
Diois (Les prot. du) pendant l'inva-
sion du Dauphiné (1692), 7 ss.
Discipline eccl., 419 ss.
Dis jours du Hoy Henri troisiesme à
un personnage d'honneur..., 490 ss.
Disper (Fr.), 203.
Dives (Nie), past., 465.
Dizains [CL Marot], 229 ss.
Dobrée [Musée Thomas) [Nantes], 131.
Dodet (P.), avoc, 59.
Dof/non (Le Grand), 335.
Doimet (Et-), 296. '
Domergue (Laurent). 64.
Dominicains, 36 i.
Doneau, jurisc, 465.
Dunserre, 59. — Voy. Donzère.
Donzère (Drôme), 59, 65.
Dorcester (Comtesse de), 176, 254. —
Voy. Sidley.
Douai, 320, 393. — (Les Commelin de\
320 ss. — (Musée de), 327 n.
Doublet (P.), 53.
Donc (Fr.), 410.
Douessay de St-Clou, 455.
Douhault (Deux-Sèvres], 356.
Doullens, 26.
Doumergue (Doyen E.), 6 n., 71 n.,
80, 183, 276, 376 n.', 381, 388 n.,
390 ss., 571, 572.
Douvre (Lord), 171, 366, 373.
Douvres, 373.
Doux d'Ondes (Jeanne de), ép. J. de
Villettes, 479.
Dracy [Péage de), 465.
Dragonnades, 367. — Bréau. 413. —
— Languedoc, 292. — Dior, de
Meaiu; 221 ss. — Poitou, 118, 243.
Drahé (Deux-Sèvres), 335.
Drelinoourt (Ch.), past., 205.
Drevet (Mme Louise), 28 n.
Dru (Léon), 180.
Dubarlas. — Voy. Defrère.
Du Béarn. — Voy. Taixoire.
Dnbesset, past. — Voy. Pélissier.
Dubois — Voy. Lannc.
Du Bordage (1616), 452 n. — (Marquis ,
1686, 168 ss., 255. — (Marquise),
1686, 172, 174.
Du Dos, 462.
Du Bourg, 462.
Dubourg (Anne"), cons., 264.
Du Bousquet 'Suz. , ép. Sarrau, 477.
Du Boys (Alb.)f 28 n.. 34 n.
Du Breuil (Jean\ sr de Vaux, 452 ss.
— du Plessis Challonge, 455. —
592 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES
Voy. Montgomery.
Du Buy. — Voy. Veyres.
Du Cambout, colonel, 18, 29, 37.
Du Cartier, 462.
Du Cayla. — Voy. Pépin.
Du Cavlou. — Voy. Caladon.
Ducé (Manche), 450. 456. — (De). —
Voy. Montgomery.
Duchastellier (J.), dame de Macey, 400.
Duchat,past., 205. — Voy. Le Duchat.
Du Chayla (Abbé). — Voy. Langlade.
Du Chesne (André), 144.
Du Clos (Estbcr), 59. — (Louis), sr de
la Baume, 405 ss. — (Sam.), mé-
decin, 59. — Voy. Montfaucon.
Du Cosney, 456.
Du Cré, marin, 57.
Ducret (Toussaint), médecin, 465.
Ducros (Abr.) dit Chrestien, 304, 309.
— (Guill.), 307, 310, 312.
Du Désert (Jacob), sr de Villelou. —
453. — Voy. Dallibert.
Duel, 361.
Du Fa. — Voy. De Sainte-Hermine.
Dufayard (Ch.), 287.
Du Ferron, 5t.
Du Feu (Jean), 458. — Voy. Feu.
Dufour Pernette), ép. Ch. Agniel, 56.
— (Th.), 129, 387 n., 390.
Dugua, maître de camp, 294.
Du Hamel. — Voy. Talbot.
Du Héron, cons., 166.
Du Houx, capit., 215.
Dulac (Michel), juge, 58.
Dulong (Marthe), ép. P. de Cauinont,
477. — (Pierre), sr de Moliage, 477.
Dumas(Ant.),294. — (Fr.), past,. 293 n.
— (Fréd.), past, 92 ss. — (IsaacJ,
past., 293 n. — (Jean), past., 292.
Du Mas. — Voy. Ferréol.
Du Masse (Pierre) past,, 56.
DuMatz (Elis.),ép. C.-C. Gouyon,460.
Du May (Louis), 144.
Du Mesnil (Bapt.), cons., 519. —
Bazire, cons., 489.
Duminy, 296.
Dumons (G.), 421 ss., 466 ss., 477 ss.
Dumonstier (Dan.), 90 n.
Du Mont (Suz.), ép. Bod Wander-
muller, 454.
Du Moulin (Famille), 178.
Du Moustier, 456.
Dumur (F.), past., 465.
Dunal (Et.), 402 ss.
Duncan, réfug., 115.
Du Noyer (Mme), 432 n.
Dunoyer (Michel), past , 465.
Dunt, 190.
Du Perron ^Le card.), 162 n
Du Pigni (Mme), 105.
Du Pilhon (Scipion), 24 n.
Du Plaissy. — Voy. Bouchet.
Du Plessis. — Voy. Bouchet.
Duplessis-Bellière, colonel, 561. y
Du Plessis-Challonge. — Voy. ba
Breuil.
Du Plessis-Mornay (Ph.), 80, 45 J
Du Poët (Marquis), 274.
Du Pont. — Voy. Loumau.
Dupont (Jacob), 85. — (Jeanne .
Soleil, 65.
Du Poujol (Félice), ép. Chr. do Mon!
faucon, 409. — d'Olargues, 407.
Dupré, résid. à Genève, 256.
Dupuis (Elisab.), ép. J. Huguctan.
Du Puits. — Voy. Ogeron.
Dupuy ("Antoinette), ép. Ph. de Gi
neste, 424. — (Jérémie\ 421 n -
(Louise), ép. J. de Brail do M<>u
lens, 421 ss. — Bequètc à Kirillc
(1686), 423. — (Marie), ép. J..< <Jr
Luppé, 423. — (Noël), avoc, 60. -
(Sam.), sr de la Bousquetié, 421 n
Duquesne (Abr.), 120, 176, 256. 3fii
Durand (Jacq. de), sr de Rironnito*.
présid., 61. — (Madel. de . (<\ -
(Marg.), 216. — (Marg. «le . *j
J.-L. Delafont, 63., — Los Sàî
lières, 456.
Duras (Marie), ép. A. du Tremolet. !"
Duras (Maréch. de), 371.
Duré, 456.
Durfort (Gard), 291, 292.
Durfort de la Boissière (Marqni? J»
9 n., 18 n. — Lettre à Ponlchartn -
(1692), 21 ss.
Du Rieu (W.-N.), 203.
Du Rocher-Montagu, 455.
Du Roure (Comte), 291.
Dury, 178.
Dusseau, 94 n.
Dutoit (J. -Philip.), dit Dutoit-Mirr
brini, past,, 282.
Du Tremolet (Ant.), 55.
Dutulîeaux, 47 4.
Du Verger (Math.), curé, 216
Du Verney (Ant,), ép. De Caunolle. f !
Duyse (H. van), 323 n.
Dykes (Oswald), princip., 375
Eaubonne ("Seine et Oise), 202 n
brard (Fr. d'), sr de Mirroval. !î
Eck, prof., 376.
Eclopegenet (Deux-Sëvrcs\ 340
DE LIEUX, ET DES PRINCIPALES MATIÈRES
593
Eclouzettes [Les) (id.), 349.
Ecoles, 163.
Ecosse, 110. 178, 258, 301, 366, 312,
415, 565, 568. — (4* centenre de la
nuiss. de Calvin en), 266 n.
Ecravois (Deux-Sèvres), 338.
Edimbourg, 258, 266 n., 361, 364, 371.
Edouard VI $ Angleterre, 171, 322.
Kffli Km.), prof., 81, 05.
Eglises cath. (1686), 172.
Khrhard (A.), 3!I7 n.
Elberfeld, 376, 31)6.
Elisabeth, reine d'Angl., 171, 528.
Elvidius (Stanislas), 495.
Embrun, 10 ss., 20 ss., 54 ss., 60. —
Siège de 1692), 14 ss.
Emden, 322. w
Emprisonné [D'un glorieux) [Qua-
train de Cl. Marot], 226.
Enclave [V) (Deux-Sèvres), 342, 343.
Enfants prot. (Enlèvem. d'), 222, 25«j.
Enfer Seine-cUpise),-^.
Enlèvements' de prot., 432.— d'en-
fants prot., 222, 259.
Enoll (Abbé d'), 361, 566.
Knschédé (A.-J.), 263.
Enterrements prot., 163, 280.
Epense. Documents inéd. sur le Pro-
test, à), 218 ss.
Epervier (Deux-Sèvres), 356.
Epigrammes de Cl. Marot contre
Guill. Poyet. 226 ss.
Epine {L') (Deux-Sèvres), 342, 350.
Epines ' Les) (id.), 347.
Epinière [L') (id.), 343.
Epistre de Marot, 237 ss.
Erable [L') (Deux-Sèvres), 360.
Erasme, 160.
Erichson (A.), 158, 278.
Erlmujen, 112, 270. 315.
F.rvard (D'),cons.,176. — Voy. Erwart.
Escalier (D'), capit., 247.
Escallier (Dr), 393.
F-c;irron Madel. d'), 53.
Eschard, 156.
Escoliat (Cée. d'), ép. D. de Mouron, 53.
E<couehé (l)'). — Voy. Montgomery.
Ercoulois ( Deux-Sèvres), 339.
Ksnires (D ). — Voy. Ruer.
E<guière. — Voy. Eyguières.
Espagne, 8, 168, 112, 291, 363, 369, 312.
F.-paze Jean), 305 ss., 311.
Espene.l Drôme), 22 n.
Espérausse, 564.
F.<pinasse (D'), 402.
Esprit. — Voy. Séguier.
Essarts {Les) (Deux-Sèvres), 355.
Esselme (?). — Voy. Guill. Martin.
Essel (Deux-Sèvres), 334.
Este (Prince Reinalt d'), 313.
Estellcn (D ). — Voy. Douessay.
Estenard, 458.
Estienne (II.), 225.
Eslrades (Marcel), d ), 260.
Estrées (Le card. d'), 166, 370. —
(Duc d ), 243, 370, 373.
Estrées (Deux-Sèvres), 336.
Etampes, 493 n. — (Duchesse (ïj, 228.
Elerpe [L') (Deux-Sèvres), 351.
Etournelière (id.), 350.
Europe [L') vivante... (Chappuzeau,
166<>), 144.
Fuzeby, huissier, 43S ss.
Evêque (Mold1) sur les Synodes, 562.
Exactions des seigneurs contre les
paysans, 401 ss.
Exercices de fiefs {Claye, 1637), 207 ss.
Exireuil (Deux-Sèvres), 332, 333.
Exoudun (id.), 346, 3 H, 354, 358.
Eyguières (B.-du-R.), 53, 58.
Eynesse (Gironde), 480.
Fa (Chât. du), 118.
aber (Reginald Stanley), 96, 118.
Fabières, 169 n.
Fabre, de Montredon, 307..
Fabrègues, past., 564.
Fabri (Christophe), 212.
Fagniez (G.), 286 n.
Faguet (Em.), 86 n., 90 n., 512.
Fain [La) (Deux-Sèvres), 343.
Falaise, 457.
Falaiseau (AnneJ, ép. J. Falaiseau, 59.
— (Marie), ép. J. Gautier de Paizy,
60. — (S.), banquier, 574 n.
Falanot (De). — Voy. Caubet.
Faljoie (Métairie de), 352.
Fanatiques, 430 ss.
Fanet, 456.
Farcy (Jean), past., 557.
Farel l'G.), 70, 178,263, 265,271,418.
Farges [A.\n\ 58.
Fatïo (Guill.), 388.
Faugeré (Deux-Sèvres), 341.
Faugerit (id.), 348.
Faulcon (Claire de), ép.G. Lulier, 201,
Faure (Isab. de), ép. Jean de Bar, 56.
Faux (Un) en citation [Le retour des
chefs camisards], 188.
Favier (Fr.), ingénieur, 60.
Favin (Marie), ép. P. Doublet, 53.
Favre (Ed.) 388, 511.
Faye (E. de), prof., 118.
Fayet, 212. — (Pierre), greffier, 493 n.
38
591 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES
Fayette (Deux-Sèvres), 343.
Keillel (S.), chirurg., 4G1.
Felehère (Suz.), ép. Cl. Roberty, 65.
Félice (P. de), past., 66 ss., 81, 171,
261, 262, 273, 569, 572.
Femmes fugitives travesties, 302.
Fénelon (et Mme Guyon), 281 ss.
Fenêtre (Col de la), 8.
Fenouillère (La) (Deux-Sèvres), 333.
Fenouix (id.), 334.
Ferard, 178.
Ferchal (Deux-Sèvres), 355.
Ferdinand, peintre, 180.
Ferrare, 397.
Ferréol (Aymé de), sr du Mas, 02.
Ferrières, 564.
Ferrières (J. de), curé, 513.
Ferron (P. de), 53. — Voy. Deferron.
Du Ferron.
Feu, 308. — Voy. Du Feu.
Feux (Métairie de), 341,
Fèvre (Mgr Justin), 87.
Fevret, 49.
Feydeau(Marg.), ép. C. Anjorrant, 207.
Feydou (N.), srde Brou, 207.
Fezensaguet (Le), 423 n.
Ficker (Joh.), 397.
Fief-Goyau (Grange du), 554.
Fiefs (Exercices de) [Claye]. 207.
Fieubet, 250.
Figueyrolles, 311.
Fiïlol (Alex, de), 01.
Finiels (Fulcr.), 413.
Finot (Jean), 82.
Fiole (La) (Deux-Sèvres), 352.
Fise (P.), 03.
Filou (Logis de), 407.
Flamant (Le). — Voy. Odolf.
Flamarin (Marquis de), 258.
Flandre, 172, 17 4, 322 ss., 309. 372. —
(Régiment de) 290 n. — Conseil des
Troubles (1507), 322 ss.
Fléchier (Esprit), évêq., 309.
Fleury, 402.
Florac. 248, 480.
Florence, 490 n.
Flotle (De), 27.
F'iour (Géd.), past., 54.
Foix (Pays de), 500.
Folchier (Cath.), ép. N. Dupuy, 60.
Folie (La) (Deux-Sèvres), 334.
Follet (id.), 341.
Fonhedoire (id.), 346.
Fonbelle (id.), 341.
Fonblanche ,id.), 1146.
Fonbrtme-Uerbinau (P.), past., 91,
223 n., 317 n., 573 ss.
Fonchâlré (Deux-Sèvres), 3ÎI.
Fonfréroux (id.), 355.
Fonfroide (llasile de,, 52.
Fonjuliane, 00.
Fonmorie (Métairie de), 358.
Fonsellet, 09.
Fonlagnou Métairie du). 358.
Fontaine (Deux-Sèvres', 3 4S .
Fontaine-Française (Chât. de , 41.
Fontaines (Les) (Deux-Sèvre> . 3:
Fontauzelière (La), 358.
Fonfenay (Manche), 457.
Fontenay-le-Comle, 558.
Fonfenelles (Les) (Deux-Sèvres . 3
Fontmort (Mme de), 117.
Fonverrines (Deux-Sèvres), 33'».
Forest (Mlle de), 302.
Forêt (La). 339, 347, 351, 352.
Forces (Métairie des), 552.
Formont, banquier, 500.
Fornelet, past., 279.
Fornel, not., 50, 5S, 59, 65.
Fort (P.), avoc, 201.
Fortin, past., 457.
Fortranche (La) (Deux-Sèvre? . 332.
Fossemale (Yalat de), 305.
Foster (Herbert-D.), G n., 272.
Foucard (L.), curé, 200.
Foucault (Eust), libr., 158 n.
Foucault (Deux-Sèvres', 34s.
Fouet (Le Mas du), 305.
Fouquelin, 402.
Fourne (La) (Deux-Sèvres), 343.
Fournet, not., 57, 04.
Fournier (G.), 296.
Foville (A. de), 73 ss.
Foye (Grande et Petite), 343, 36U
Fragnée (La) vDeux-Sèvres , 351.
Fraissinel, 80. — Voy. Fressinrt
France prot. (La), 80.
Franc forts. -M., 150, 375. 370 n
Franche-Comté, 172 n.
François (Deux-Sèvres), 333. 336.
François I«, 8, 49, 225. 272.
Françoise (Alix), ép. A. Bouton, il
Frayeurs Les ; de Crispin , 1 682 . 1 *• -
Frédéric 1" de Prusse. 111.
Frédéric-Guill. I,r, élect. de ftmn
bourg, 258. 307, 309.
Frédéric-Guill. Il, roi de Vrmst< i
Frédéricq (Paul . 588 n . 3%.
Fredollel (Marie) ép. H. de la Maitttf . •
Frémont, 162.
Frenvh lloek [Le Coin fnm\ni* '■
Freseliiiicl. — Voy, Frcssinel
Fresnaye, 402.
I Frcsne(Ovnc), 457.
DIS LIEUX, ET DES PRINCIPALES M ATI EUES
Fressines ^Deux-Sèvres), 337.
Fressinel (David), past., 58.
Fressinières (Col de), 10.
Friquerolles, 402.
Fromage (R.), 44 ss., 129 ss., 225 ss.
Froment, 102.
Froté, s- de Sey, 453. — (Marie), ép.
G. Martin, 453 n.
Frotté vLouis de', chef chouan, 453 n.
— Pierre), prieur-curé de Souilbj
Motifs de la conversion de), 220.
Fucillet (De), 459 n.
Fugitifs, 108 ss., 302, 305, 371, 372,
421 —par mer, 5(58. — (Biens des),
38, 250,40)0 ss. — Champagne, 281.
(A propos d'une élude [de l'abbé
llouquette] sur les) du Languedoc,
400 ss. — Femmes travesties, 302.
Fuye (La) (Vienne), 351.
Fuzier (Fr.), 443. — (Louis), 443.
i^abé [Cabre?] (Comté de Foix), 54.
I Jahre, 54, 480.
Gabriel, bâtard de Savoie, 257.
Gaehon (Doyen P.), 290 n. 309 n.
Gagnebin (F.-IL), past., 263.
(îaiiïe Ad.), 130.
Gaignaire (Olympe), ép. .). Gelin, 57.
Gaignard (Alex.), 55.
Gaignet (J.), supérieur., 87.
Gaillard, curé, 424.
Gaillardy (Ant. de), 453, 454, 401.
Guillaudière (La) (Deux-Sèvres), 340.
Galari Pierre), 407.
Calepin, 442.
Galères (Compagnies des), 13.
Galères d'Espagne, 372.
Galériens, 105,' 109 n., 200, 280, 311,
312, 302, 303, 443, 575. — Libéra-
tion de 1713, 189 ss. — Commémo-
ration à Marseille (1908), 91.
Galicie, 278.
Galland (A.), 448 ss. — (Marie), ép.
F. Hardy, 214.
Gallien Julien), s' de la Vigne, 454.
Gallinière (La) (Deux-Sèvres), 337.
Galliol de la Noë, 450.
Galmantier (Deux-Sèvres), 355.
Galway (Lord) [II.dc Huvignyj, 98, 105.
Gamin (P.), past., 343 n.
Gand, '.Yli ss .
Gnndissière (La) (Deux-Sèvres;, 359.
Ganges, 02 ss.,292, 407.— (Comtesse
de . 132 n., 442 n.
Gantés L. , vie. gén., 89 n .
Gap, 10, 13, 10, 20 ss.. 32. 55, 480.
- Kvè,i. de . 1092. 21.
Car iTomaso), 541.
Garde (La Cour de la), 3511.
Garde (La Petite), 350.
Gard y (F.), conservât., 387.
Garennerie (La) (Deux-Sèvres), 356.
Garnaudière (La) (id.), 350.
Garnicr, apotbic, 280.
Garockel Deux-Sèvres), 339.
Carrela (ït.), 191 ss.
Gary de Mauléon, 87.
Garzelle (La) (Deux-Sèvres), 34L
Gascougnolle (id.), 330.
Gassaud (Totnelle), ép. J. de Gênas, 58.
Gaston (Abbé Jean), 178.
Gaucherie (La) (Deux-Sèvres\ 359.
Gaullard (A.), sr des N'allées, 401, 402.
Gaulmin. — Voy. Gaumin.
Gaulois (Coligny et Le\ 18."».
G a ult (La) (Deux-Sèvres), 3 47.
Gaultier de Saint-DIancard (Fr.)..
past., 543. — Voy. Gautier.
Gaumin ou Gaulmin (M.), intend., 186.
Gaumine (Mariage à la), 186 ss.
Gautelière (La), 350.
Gautier (Dr Léon), 50 ss. — (Lucien).
prof., 277, 388. — (M. et Mme), 385.
— (Marg.) ép. De Pourneau, 61. —
de Paizy (J.), 60. — Voy. Gaultier.
Gauttier, 456.
Gauvannière (La) (Deux-Sèvres), 350.
Gauvin (id.), 355.
Gavanon, prédic., 307.
Gay (Pierre), prédic, 289, 305 ss.
Gazan (David), dit La Jeunesse, pré-
dic, 305 ss, 318. — (Jean), 305.
Geag (Le Gra?id et le Petit), 35 4.
Gelzkotler (Mémoires de), 538.
Gélibert (Le P.), 294.
Gelin (H.), 180. — (J.), médecin, 57
Gênas (Jean de), srtle Uoaulieu, 58.
Gendrel, 459 n.
Généalogies, 178.
Genebrières (De). Voy. J. de Viçr>se.
Genêt (Le.) (Deux-Sèvres), 3 40.
Genève, 6 n., 44. 77, 113 ss., 130. 149
n., 150, 190, 202, 218, 235, 256, 271,
290, 321, 327 n., 307, 472, 477, 571.—
(Acad. de), 271, 389, 595 ss. —
(Bourse franc, de,, 52 ss. — ( Col-
lège de), 380 (grav.), 589,. 390. —
Coin de la Corraterie et de la pro-
menade des Hastions, 385 (grav.). —
{Guide... de l'étranger à) (F. Don-
mergiic), 394 n. - llisl. de l'Fgl.
de 'Alex. Cuillof, 1909 , 395. —
(H. Heyer, 1909;, 571. — (Hongrois
à . 389 ss. — Le Jubile de Calvin
596 TABLE ALPHABÉTIQUE DES iNOMS DE PERSONNES
Eglise, Collège, Université), 314 ss.,
381 ss., 510 ss. — .Maison de Cal-
vin, 393 ss. — Monument internat,
de la Béform., 5, 81, 264 ss., 267
et 269 (grav.). — Souscription, 261.
574. __ (Réfugiés à), 71, 198. —
(Décès de), 1681-1710, 50 ss. — Un
coin de Saint-Pierre, 387 (grav.).
Gencyrargues (De), 59.
Gennes (Jean de), 459.— (Jeanne de\
ép. Matth. de la Roque, 58.
Génolhac (Gard), 426 n.
Gensac, 574.
Genthod, 385.
Genlilbj, 119.
Geo/fret, 333.
Géographie hug. ,Un chapitre de),
[Le Moyen-Poilou au milieu du
xvnr s.], 328 ss.
Georges-Guillaume de Brunswiek-
Lunebourg, duc de Zell, 126.
Georginière (Métairie de la), 351.
Gérard (Marc-Ant. de), sr de Saint-
Amant, 191 ss.
Gergais [Jarjaye]. Voy. Monlauban.
Germain (Lords, 111.
Gervais (Ant.), 300 ss.
Gelteau, capit., 62.
Gévaudan, cons., 442.
Gex, 57, 58, 61, 62. — (Chât. de), 61.
Gibaud (Louis), past. 356 n.
Gide (Ch.), prof., 512.
Gien -sur-Loire, 56, 465.
Giessen (Université de), 316.
Giffart, grav., 180. — Voy. La Roche.
Gignoux, 191.
Gijounet, 564.
Gineste (Philip, de), sr de Najac, 424.
Ginestous (De), 401. — (Claude de),
ép. César de Gouvernet, 39 n. —
(Pierre de), 39 n.
Girard, not.^ 64 ss. — (Ant.), 191. —
(Jean), 465. — La Chaussée, 456.—
Giraud, 181 n. — Browning (A.), 118.
Voy. Girod.
Girin (J.), libr., 143.
Girod, 465. — (Ant.), proc, 60. —
(Pierre Ant.), past., 63. — (Salom.),
55. — Voy. Giraud.
Giron (Jacq.), past., 451.
Glaris, 104 ss.
(ilay (Jean de), sr de la Costardaye,
452, 458.
Glé (De). Voy. Glay.
Glorieux emprisonne (D'un) (Quatrain
de Cl. Marot), 226.
Gloria (De), 155.
I Gobelin (Famille), 118 n. - A. . „• T
Gobineau {Fonds), 328.
Godde (Benj.), chirurg., 220. 2:i. -
(Henri), 221.
Godeau (Ant.), évêq., 89 n.
Gœpp (J.-J.), past., 92.
Gœthe, 270.
Goirand (Jacq.), prêtre. 442 n . *•"!
I Goise (Deux-Sèvres), 356.
Gomar, prof., 567.
j Gombaut, envoyé de France, r.6<.
j Gondi (A. de), maréch. de Retz, i'^
J Gonesse (De). — Voy. Cl. Anj'-rrsEl
Gonin (Aug.), past., 465.
Gontier, 425.
Gonzague (Marie-Louise de . rein-
Pologne, 191.
Gory (A.), past., 465.
Gosselin, 459. — (AM»é>, 2R2 -
missionn., 92. — (Jacq. . 161. —
la Chapelle, 456.
Goubaudière {La), 333.
Goubert (Pierre), 401.
Goudargues, 516.
Goulepel, 456.
Goulet (J.), maître d'école, 220.
I Gounon, dit Pradon, past.. 163 -
Lettre à Court deGébelin 11 II . : :
Gourand (Jacq.), prêtre, 442 n . "f
— Voy. Goirand.
Gourdon (Lord), 364.
Gourdon (Deux-Sèvres), 356.
j Gourjaudières {Les), 35 't.
Gouvernet (De), 367. — Mar ;
de), 255, 364.' — (César df , mu-
quis de La Charce, 39 n.
Goux (Deux-Sèvres), 360.
Gouyon (Claude), sr de Tours V
460. — (Glaude-Ch. baron dr Mv
cey, 460. — (Marg.), ép. Do l1^
j gevinnière, 459.
! Grafenried (E. de), banneret, 109.
Grafton (Comte de), 254, 253, "•" • «
G rail, tailleur, 309.
Gran (Hongrie/, 482.
Grancey (Abbé de), 172, 255 n.
GrandcJiamp (Deux-Sèvres . 34?
Grand-Ry (id.), 338.
i Grands-Jours d'Auvergne, ;oi
Granerie {La) (Deux-Sèvres . »v
j Grange (La) (id ), 341, 356
Gra.nge-a.u-P rieur (La), 353.
Grange-au.r Moines Ja\ 333,
Grange-Brûlée (Combat de h . :* •
Grange de Maulvault f.a . 331
Grange d'Oiré [l.a\ 358,
Grange-Neuve [La), 334, 311
DE LIEUX, ET DES PRINCIPALES MATIÈRES
89 n., 568.
Grasset J. . gai., 515 n.
tiratonnière [La), 358.
Grave E. . 213.
tlravesend, 322.
ù rave lté [La], 358.
Gravier Marg.t, ép. A. Jantial, 62.
Grimoire (Marie;, ép. P. du Masse ou
«1.- Massé, 56, 61.
Grégoire XI 11, pape, 527.
Gregory, juge, 258.
Grcné Philib.), past., 465.
iWenohle, 13. 15, 20 ss., 42, 52 ss.,
60. 6 4, 89, 302.
Gresland (Jean), past., 556. — (Ju-
dith . 557.
Grevou (David), dit La Verdure, pré-
dic, 305 ss.
GrilTet l.e P.), 408.
liriffhn Deux-Sèvres), 337.
Grii»nan (Comte de), lient, gén.,
\-l ss., H, 29, 33 n. — Lettre à
C.hamillart (1703), 39 .
GriL-ncy (De). Voy. Grigny.
Grigny (Ant. de), 451, 455. — (Jeanne
•le , ép. J. Le Fèvre, 455.
Grillet Jacob , 459 n.
Grimault De), 518.
Griinodet (Anne et Ch.), réfug., 54.
Griselle (E.), 105, 254, 361, 565.
ijroie La (Deux-Sèvres1, 338.
Croies Les id. , 335.
C'ois d'Abbé, 339.
Gr.>>, médecin, 59. — (CL), avoc.59.
G>.>< ./fois (Deux-Sèvres), 339.
Ginsjean, not., 53, 58, 61.
Gtnsjcux ('Marie dè% ép. P. de Main-
villiers, 51 .
llros-IWmat (Le) (Deux-Sèvres), 338.
r„>ys$e-Talle (La) (id.), 346.
tiroussinière (La) (id.), 351.
Grové, 94.
Guehw, 480.
Guenaud kJacquel.), ép. P. Amiot, 56.
Guerard David , 451.
Guerchi De). Voy. Maratin.
Guérin Hoisv. Voy. Lafont.
Guérin de C;ibrayrolles, sr de Cru-
rille. 405.
ihiewsey, 459.
Gumiier, 450.
Guerres de relig., 45, 90 n., 274, 476,
499. 505. - (2e), 487 n., 507 ss.
Gin n ier, 2s2.
Gueymar (Daniel), consul, 24 n.
i'$uif'(rtevie [La) i Deux-Sèvres), 356.
Guichard, 220 n. — (Jean), marquis
de Péray, 260, 566. — (N...), ép-
Chr. Hardy, 57. -- (Pierre;, 63.
Guide (Philib.), poète. 464 ss.
Guidi (Dominico), sculpt., 254.
Guilîrey (G.), 130, 225.
Guigner aie (La) (D.-S.), 340, 356.
Guigne (G.), archiv., 89.
Guiguer (Jeanne, ép. Cl. Turlon, 53.
Guillaume III 6'AngL, 98 ss., 148 n.,
165, 168, 361,362, 365, 367,371,514.
Guillemet (Jacques , 458.
Guilleslre, S, 12, 15, 21, 29.
Guilletat (Fr.), past., 465.
Guillonnet, 415.
Guillot (Alex,), past., 388, 395.
Guillotière (La) (Deux-Sèvres', 343.
Guion, 474. — past., 178.
Guiraud, juge, 430. — (Daniel), pas!.,
50. — (MadeL), ép. P. Viard, 59. —
(Jeanne), ép. Cl. d Albcnas, 02. —
(Marg.ï, ép. J. Olivet, 55.
Guiraudet (Louis de), 54.
Guiremand, libr., 445.
Guisbury (Lord), 364.
Guise (François de), 184 n., 492, 503.
— (Assassinat de) 502, 503, 515 ss.
— Arrêt du 29 janv. 1566 innocen-
tant Coligny, 485 n., 515 ss. —
Sa veuve [Mme de Nemours], 492,
503. — (Henri de), 499 ss., 502, 501,
513, 523, 530. — Voy. Lorraine.
Guizard, 169 n.
Guizot (Fr.), 82.
Guy d Airebaudouze de Clairan (Ber-
nardine), ép. L. de Jaussautl, 411.
Guyenne, 162, 116, 292, 560.
Guyneau Est lier , ép. P. Paris, 450.
Guyon(Mme) et Fénelon, 281 ss.
Guyot-Tanet, 455.
Gysor [Guizard], 169 n.
Hadington (Comte d'). Voy. Ilamil-
ton.
Iladorn (Dr W.), 316 n., 396 n.
Halle, 266. — (Univ. de), 316.
Haller, 66, 70.
Hambourg, 76 n., 150, 511 n.
Hamelin (Philib.), imprim., 410.
ttameln, 471.
Hamillon, comte d'Iladington, 90.
Hanauer, 13 ss.
Hannct, 456.
Harcourt (Comte d'), ambass., 191.
Hardy, 462. — (Christophe), srdc Beau-
lieu, 57. — (François), srdes Loges,
cons., 214. — (Jean), 459 n. —
(Judith), ép. D. Tissard, 214. —
'i98 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNE!
(Marie , ép. (iasp. <le Perrinel
d'Arzeliers, o.r>.
Ilarlay de Champvallon, archevêq.,
16f», r;68.
Ilarnack (A.), prof., 397 n.
Harte (Vie. de), gouv., 535.
Ilatif (Anne), ép. Ant. Girard, 191.
Ilaultin (H.), imprim., 80.
Haupays ou Hautpays, past., 457, Ï02.
Hauteville (De). Voy. d'Autcville.
Ilavet (Louis), prof., 82.
Hazemlle (Seinc-et-Oise), 273.
Ueidelberg, 270 n., 321. — (Université
de), 376.
Heidenmùller (G.), past., 268.
Heiltz-le-Maurupt (Documents inéd.
sur le Protest, à), 278.
Iléliodore, past., 465.
Hëliot (Sara), ép. J. Girard, 46!).
Helsingfors, 571 n.
Ilénard, past., 556.
Henri III. Voy. Duc d'Anjou et Dis-
cours du voy... à un personnage
d'honneur...
Henri IV, 118. — à la St-Barthéleniy,
496, 501 ss., 539.
Henri VIII, 171.
Hepp (Eug.), 263.
lléraults (Les) (Vienne), 352.
lîerbaudière (£') (Deux-Sèvres\ 333.
Herbiers (Les), 555.
Herdesianus, jurisc, 537.
Hérelle (G.), prof., 278 ss.
Hermet (Esp.), ép. J. Jauthial, 60.
Herminjard (A.-L.), 271, 275 n.
Hermitain (L), 358.
Herouville (D'), 222.
Ilersan, doct. de Sorbonne. 174.
Hcrwart (D'J, cons., 99 n., 108, 176,
216 ss. — Mme d'), 364, 367 n. —
(Mme d ) mère, 255.
Herzog, 376 n.
Hess (D.), Statthaller, 109.
liesse, 107, 111. — (Amélie-Elisab.,
landgr. de), 148 ss.
Hevrard (Alex.), 53.
Ucycr IL), past., 571.
Heynault (Jacq.), cure, 206.
Hierles (D'). Voy. Moritfaucon.
Hildebrandt (Ulrich), 270.
Hinneberg (Paul i, 397.
Hoek Fmich) \Coin Français}, 93.
Hoir (i\. A.), past., 275.
Hoffmann, past., ÎOS. — (J.-.I.) lo i-
bon univermk do), 1 13, 150.
Iloll (K.), prof. 370, 397.
Hollard. past., 10! SS.
Ilolslein, 162 n.
Homellerie (Métairie de 1' . .">■•'>.
Hommery, 455.
Hongrie, 100, 254, 368, 389 sv. i4!
565. — (4* centenaire de la na "
de Calvin en), 266 n.
Hongrois ( Les) à Génère. 3S'J "
Iloorne (Comte), 392.
Hoquincour (Le chevalier d . r«3
llorbourg , 90 n.
Home Kev. Sylvcsler , 31λ.
Horst (L.), 278.
Morte (Jacq. d'), 02.
Ilorts (Valat des;, 299.
Ilouel (Jeanne), ép. S. Bouri:et. 'I
Houilles, 480.
Houlebec (De). Voy. Le HouleillfT.
Honmeau (V) (Deux-Sèvres , 332. '"
Houmée (V) (id.), 332, 343.
Houstor, capit., 459.
Howart (Le cardJ, 170, 174.
Hue, 462. — de Montays Jacob , \*4
Huet (Daniel), évêq., 459 n., 403.
lluguenin (Ch.), 571.
Huguenot (Afrique du Sud . 93.
Hugues ^Davidi, s' de Benivin* '
60. — (Edm.), 330.
Huguelan (.1.), avoc, ;>2.
Humières (Maréch. d' . 117.
Huraud (Antoinette, ép. J. Ni. i
rant, 201, 203. — l.oni< .
Monmagny, 201.
Hurit ( Deux-Sèvres), 359.
Iconographie calvinienne, 3"" *«
le (L') Deux-Sèvres . 336.
Illustrations. — L'église 'le » f r
d'après une phologr., 196.
château de Claye, d'apri -
estampe de Castillon, 1 — • *
nève. L'angle de la Coi raleric >\ f
la promenade des Bastion*. 3* —
Le Collège, 3S0. — Un •••in
Saint-Pierre, 387. — Projet !< v'
miment, internai, de la Hêf< I i
lion, d'après des photopr 1
et. profil), 207 et 269. I.e . U\\
La Charce, d'après uni- po-o
19. — Le versant nord du r*«| *
Mrrcou, d'après une pliolngr.. ".'
— Mouchataps . Kylise d in» U
quelle les réformés i « \< •« • i
leur culte jusqu'en IttSl . ' < 1
Temple hiUi en IN06, re< l'iM* i
presque totalement en i "
Xoyon. Le porche et I il»*i«!e ' •
cathédrale, d .»près i|c« | h. •
DIS LIEUX, ET DES PRINCIPALES MATIÈRES
378. 319. — Le l'ont de Mon/ver/,
d'après un dessin, 249. — L'église
de Souilly, d'après une photogr.,
219. — Uzcs. La place du Caste),
î29. — Ce qui reste du pilori, 437.
Wilérargues, 427. — La Basse-Cour
•!u prieur, 435. — La statue de
Philis de La Tour La Chaire, d'après
une photogr., 27. — Cartes. Basses-
l'vvennes Ch. Bost), 21)7. — Dau-
phin?' pend;uit l'invasion de 1692
\. MailheC.Î). — Noyau et environs
J. Pannier . 377. — Moyen-Poitou
prot.au milieu du xvme s., (Th. Mail-
lard. 344-345. — Région de Pontor-
«>n-Cormeray, 549. — Plan de Claye
J. Pannier), 194. — Plaque appo-
sée dans l'Eglise réformée de ( Cha-
lon-sur-Saône, d'après une pho-
togr.. 405. — Portraits de Calvin,
d'après une peinture d'Albrecht.
Anker. exécutée en 1858 d'après les
documents originaux et appartenant
à .Mme Vve G. Baum (Hors-texte).
— de .Mme de Maintenon (E. Fer-
dinand', 181. — (Petitot), 182. — du
Baron Fernandde Schickler,481.
hnbarl de la Tour, prof., 28 5 ss.
Indes Occidentales, 370 n.
Indes Orientales, 149 n.
Infirmerie (//) ; Deux-Sèvres), 339.
Innocent XI, pape, 166, 170, 172, 173,
231 ss., l>58 ss., 361 ss., 565, 568. —
et la Hévocat. de l'Edit, de Nantes,
370, 371, 373.
hisqy Deux-Sèvres), 356.
Intrépide (Le vaisseau ï), 123.
Mande, 116. 254, 368. — (Projet de
colonisation en\ 98 ss. — Biens
•les calhol. d';, 175.
I<abeau, cous., 442.
Isernay Prieuré d'), 357.
lùgny, »53 n.
hoard DanieD, 24 n.
Italie, 7 ss., 272, 373.
Jackson S. Macaulay), prof., 276.
icob Biblioph.), 390. —(Jeanne), ép.
I». Dépôts, puisP.de Vrillac, 206 n.
JacoGe. past., 205.
Jacobins, 364.
impies II. \YAngl., 123, 165, 168,
170, SM, 260, 361, 371, 373, 565.
Jadré Deux-Sèvres . 339.
J léger : Martin), 268 n.
Jaila J.', prof., 188.
! illieu Isère', 4S0.
Jairiet, 155. — (Lyon), 49.
Janavel (Josuc;, capit., 55.
Janet (P.), prof., 282.
.lanot(Renéc), ép. Ch. Tourmyne, 155.
Jansénisme, 179.
Janthial (Aymé1, médecin, 62. —
(Sam), 465.
Jargeau, 542.
Jarillière {La} (l).-Sèv.), 351.
.larjaye (De). Voy. Montauban.
Jarnac (Bat. de"), 500, 511, 513, 574,
Jarric (Métairie, de la\ 353.
Jartou (Suz.), ép. P. A ni. C.irod, 63.
Jasse (La), 351.
Jaunetière [La) (D.-Sèv. ', 342.
Jaussaud, past., 564. — (Alex.), 430.
— (Franc, de*, avoc., 477. — (Louis
de), cons., 477.
.lautliial (Jacob), avoc., 60.
Javarzais (Métairie de), 342. 354. —
Le Grand), 352.
Jazeneuil (Vienne), 350, 351.
Jersey, 463.
Jésuites, 167, 174; 255, 259, 572. —
en Chine, 565.
Jeûne fédéral (Origine du), 384.
Jœrimann (S.-P.), 390 n.
Johannesburg, 95.
.loissin (Suz.), ép. Trémolière, 63.
Jolonnière (La) (D.-Sèv.), 347.
.loi y, not., 61.
Jonchereau (Deux-Sèvres1, 538.
Jonghe (B. de), 323 n.
.lorlin, past., 457.
Josse (Robert), 206 n.
.louan. — Voy. Corbière (Jean).
Joubert (Jeanne de), ép. Jacq. de
Durand, 61. — (Louis', capit., ^90 n.
Jouennot, 456.
Joug (Le) (Deux-Sèvres , 338.
Journal de John Locke, 417 ss.
Jousseau (Franc, de), avoc, 60.
Jouvencourt (De). Voy. Blondel.
Jubilé de Calvin en Angleterre, aux
États-Unis, en Allemagne, en Suisse,
en France, et à Genève, 37 i.
Jugement du présidial de Ninies
contre Jacq. Bouton et Jacq. Olimpc
•1701), 440 ss.
Jugements imprimés, 80.
Juges (Louise de), ép. C. de Malle-
r.irgue, 61.
Juifs, 85. — Le.s et Cil vin. 397 n.
Juigné (Comte de1, 536. — de Cas-
tellane (Mme de), 556.
Juiniere (la) (D.-Sèv. , 339.
Julicher lA.f, 397.
()00 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES
Jullien (Pierre de), cons., 408 ss.
Jundt (A.), prof., 275 n.
Jurieu {Lettres past. de) 168 ss.
Jussay (Deux-Sèvres), 338.
Juste (Marg. de), ép. Desahut, 62.
Justice (La) (Deux-Sèvres\ 359.
Kalstat (Olympe de), ép. Reynaud
de Baron, 56.
Rattenbusch (F.), 397.
Kempenaere (Philip, de), 323 n. —
Voy. Campene.
Ring (Lord), 417.
Rnoch (J.), past., 54.
Knodt (Dr E.), prof., 268.
Rnox (John), 265, 415.
Rochs (E.), past., 268, 271 .
Ronig, libr., 150.
Ruyper (D' A.), 268.
La Bastide d'Engras, 290.
a Bastide-Rouairoux, 480, 564.
La Bâtie (Mme deN. Lettre à Mme de
Léberon (1693), 32. — Voy. Rivoirc.
La Baume (Ch. Jos. de), présid., 428
La Baume-St-Véran. Voy. Montcalm.
La Beau frère, 55.
La Bessère (Martin de), 57.
Labessonnié, 407, 564.
Labhart (J.-IL), archiv. 9!) n.
La Bironnière (Ch.it. de,, 559.— (De).
Voy. La Forêt.
La Boissière (De). Voy. Durfort.
1^ Bonté, prédie. Voy.Capieu (Jacq.).
La Borde, brigadier, 259.
La Boulaye, 172, 256.
La Bousquetié (De). Voy. Dupuy
La Brande (Chût, de), 477. — (De).
Voy. Sarrau.
La Bresche. Voy. Audebert.
La Bretonnière (De). Voy. Beauchef.
Lacabarède, 564.
La Cardonnière (De), 27.
La Case-Dieu (De), 519.
Lacaune, 56 L
Lacaze 564. — (De). Voy. Caladon.
La Chaise (De), officier, 222. — (Le
P. de), 166, 222.
La Chaize-le-Vicomte, 519.
La Chapelle, 149 u. — Voy. Gosselin.
La Charce, 25, 26 n. — (Chat, (le), 19
(grav.), 35. —(De). Voy. La Tour.
La Charité-sur-Loire, 542.
La Chaume, 556.
I-a Chaume tte, 178.
La Chaussée. — Voy. Girard.
La Chaux ( Alex, marquis de , 60.
Lacheret (E.), past., 261.
La Clapièrc (Pont de), 10.
La Cluse, 30.
La Combe (P.), ép. IL Romain ■>.< • '
La Commune. — Voy. Le Jeune
La Condamine. — Voy. Lavaleltt
La Costardaye (De . — Voy. Glay
La Coste (De), past., 293 n.
La Côte-St- André, 53.
La Cour (1s. de), ép. J.-.L Soulier. * :
La Cousture (De'. — Voy. Hyssnn
La Croisière (De), 55.
La Croix (Marc de), médecin. 4r~ -
(Suz. de), 465. — Voy. Mai> ' v.1
Lacroix (Col), 13.
La Crouzelte, 564.
Ladevèse, 188. — Voy. D'Ainouin
Ladevèze (Chat, de), 244, 248.
La Farre, 407.
La Fayolle (De), past., 554.
La Ferté (Marquis de , 17 i.
La Ferté-au-Col, 206 n.
La Feuillade (Duc de), gouv., \\ —
Lettre à la municipalité de f» t
(1703), 24.
La Feulle (Ph.), 201.
La Fleur. — Voy. Le Tellier
La Fleur-Argier (De). — Voy. Phili
ponneau.
Lafont (Arth.), past., 575 sv — Km
82 ss.
Lafont-Dois-Guérin (Guill. de , dt«
Houillières, 26.
La Fontaine (De). — Voy. Citent
La Force (De). — Voy. Caumonl
La Forest De). — Voy. Vas*)
La Forêt-Dironnière (De , 559.
Lafosse. — Voy. Gosselin.
La Fosse (Henry de), 451. 4r>:;
La Foux (J. de), ép. L de Bazars. *ll
La Garde (Baron de). 518. — Ant
nette de), ép. G. de Lafont -U i
Guérin, 26.
Lagier de Vaugelas, 27.
Lagny, 214. — (De), — Voy. l.a«»?oun
La Grange (Aymé de), 55
La Grave Hautes-Alpes1, 54.
La (ïirsirre, 55.
La Grivelicre (De), 98.
La Guinarderie (De . — Voy. GrnnM
La llarague d Ashvy (De . \<'<
La tiailSSet (De). — Voy. Pio/ot
La Haye. 108, 155. - Voy. Maniil
La Hogue (Combat de), h»92, 123
La Hyonnlère — Voy. Tourniynf
Laillerye. — Voy. IlOCSSOD, By«« -
Lainey, 462.
DE LIEl'X, FT DES PRINCIPALES MATIÈRES
/. lis [)pux-Sèvres\ 3 48.
I.n Jautlonnière, 559.
l.\ Jeunesse, prédic. — Voy. Gazan.
La Jonquière (De', 138 n.
I. i I.aigne,i22. — Voy. Ste-Hermine.
La Lande, colonel. 567.
Laleau De). — Voy. La Tour.
I.alut Deux-Sèvres), 337.
La Mal maison (De . — Voy. Lulier.
La Mande ou L'Amande (Benj. de .
médecin. 58, 60.
I. » Maria Ant. de . 01 .
La Marre (César de}, capit., 61.
Lî Masure (De^. — Voy. Pesant.
La Mauriace (?) (De . — Voy. Baron.
Lamhertière [La), 343.
La Melonnière De', lieut.-col., 169 n.,
172. 255.
Li Mere 'Lord de), 171, 173.
Lamoignon Présid. de), 149 n. — de
Banville N.', intend., 106, 188, 243,
230 ss.. 289 ss., 294, 313, 314, 466-
— Requête de Mme de Brail de
Moulens à), 1080. 423.
La Monnaye (De). — Voy. Tourmyne.
la Morînerie Baron L.-M. de , 473.
La Morte (Fr. de , 24 n.
La Motellerie (De). — Voy. Béchevel,
La Mothe Métairie de , 552.
La Mothe-Fénelon De , ambass. —
Voy. Salignac.
/.// 'Mothe Sl-Uémy, 341, 354, 355,
X<;, ,r.9.
La Molle A. de), ép.P. LaFeuIIe, 201.
La Motte-Blagny. — Voy. Béchevel.
In Motle-Chalancon, 3o/
La Mouillère (De). — Voy. Moellon.
La Mulonnière — Voy. La Melonnière.
L» Musse Marquis de), 109 n.
La Nave. — Voy. Nave.
lande Métairie de la), 351. — (Logis
de la , 357.
/. a n 'tes-Gen usso n, 555.
Ijindouzy -la-Ville, 480 .
l\ Neuville, 4%.
Lang A. . pas!., 206, 375, 376, 388.
Langaleric De), intend.. 21.
Lange, pas!., 69 ss. — de JMonmirnl
Laure de , ép. P. de Beaucastel, 65.
L'Angelicr Abel), libr., 158 n.
Langcvinnièrc (De). — Voy. Dallibert
Langey Marquis de,, 109 n., 300. —
Marquise de), 126.
Unglians (E.), 390 n.
Lmglade du Ghayla (La mort de
! abbé François de., 243 ss., 425.
Langle (De), 178.
Langlois Mich. . a ne capucin, 54.
Languedoc, prédic. — Voy. Valdeyron.
Languedoc, 166. 188. 191, 243 ss.,
259. 292. 301 ss.. 367, 373 ss., 500,
508. — Dragonnades, 292. — Églises
cath. (1686), 172.— Notaires prot.,
290. — (Projet d invasion en), 1091,
299, 317. — Temples. 418. 421.—
(Locke el les Prot. du) 1676-1677,
'il7 ss. — (A propos d'une étude
[de l'abbé Rouquette] sur les Fugi-
tifs duj 400 ss.
Languiat de Bonjol (N...L é{>. Cit. de
Caubet, 54.
Lanis (Isaac1, 421 n.
Lanne dit Dubois, past., ISO.
La Noë (De . — Voy. Galliot.
La Norville, 212.
La Noue De . 1686, 127.
Lansac (De), 518.
Lanson, prof., 88, 512.
La Nuéjols, 407.
La Paindavinnière — Voy. G ri Met.
La Pairière (De),sr de Beauregard, 5i.
La Palluelle (De), 455.
Laparade, 480.
La Perrine De), 200. — Voy. Péray
La Pervenche, 480.
La Picardière J.-Fr. de), 01."
Lapierre frères, 444.
La Pierre (De). — Voy. Le Besse-
guier. Le Tel lier.
La Pi pane. 303.
La Place (Claude de'. pré-Ire, 210.
La Plaine, prédic. 313 n.
La Plaine (De). — Voy. Trinquicr.
La Planche (T. de), dit Barbarin, 271 .
La Plane (Ed. de), 40.
La Plume, proc. — Voy. Siméon.
La Pommeraye (De), capit., 128.
La Popelinière (De , 509.
La Porte J. de . past., 59. 98.
Laporte Gédéon), 243 ss.
La Primaudaye (De), 118.
La Prime (De). — Voy. Ln Fèvre.
VAragne (Hautes-Alpes , 55. 65.
La Banardière. — Voy. La Tousche.
Laiche (Col de). 8, 12.
Lardy Dr C), min. de Suisse, 75 n.
La Reail (B. de , avoc, 04.
La Bicollais Ant.). 461 .
La Rivière. — Voy. Poucet, Varin.
Larnac ^Bod. de . subdéL, 433.
La Boche. — Voy. Champion.
La Bojchefoucauld (De), 1572, 497.
La Boche-Gillart (Marquis de), 168.
La Roche-soas-Uriani'OJi, 15.
(102 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES
La Rochelle, 93. 118, 125, 1(13, 365,
500, 554. — (Siège de 1028;, 25, 3*0.
La Rocherre (Ph. de), sr de Villaurey,
'.('.0.
La Rochelle, 17.
La Roque ouLarroque (Math, de), 58.
La Hoquette. — Voy. Quatrefages.
La Rose, 456.
La Rouvière, prédic. — Voy. Papus
de la Verdogie. — (De), 401.
Larrey (Marquis de), 9 n., 11 ss.,
21 ss. — Billet à Phi lis de la Tour
La Gharce (1693), 31.
Larsonneur. — Voy. Rabec.
La Sablière (Mme de). 302.
Lasalle. 289 ss., 304, 309, 318 ss. —
Temple, 291.
La Salle (Mas de), 303.
La Saussaye (Marg. de), 2*3.
Lascours (Pierre de^, 201.
La Selve (Ferme de", 293 n.
Laserre, past., 564.
Las Ondes fMas de), 305, 306, 310,
Las Sognes (Métairie de), 318.
La Su/.e (De). — Voy. Champagne. —
(Mms de) [Henriette de Coligny], 89 ss.
La Touche, past. — Voy. Losses.
La Tour (Marie-Marg. de), 31. —
(René de) baron de Monlauban, 31.
La Tour de Laleau (De), 65.
La Tour-du-Pin (De), 30, 408.
La Tour-Gouvernet (Cath. -Françoise
de), ép. P. de La Tour La Charce.
26. — (René de), 26 n.
La Tour La Charce (César de), marquis
de la Charce, 30. — (Françoise de,
douairière (Placet, 1703), 33.— (Fran-
çoise de), ép. Fr. de Pontis, 26. —
(Louis de) 26. — (Lucrèce de), 31. —
(Marg. de) [Mlle d/Aleyrac], 26. —
(Marie de) [Mlle desPlantiers], 26. —
(Pliilis de) [Légende de) 7. 25 ss. —
(Quatrain sur) 35. — Portraits, 40 ss.
— Statue, 21 (gravA — .Pierre do ,
marquis des Plantiers, 25, 26, 38.—
R.-Scip. de), comte de la Charce, 39.
La Tousche (Dan.de), sr de lo Ranar-
dière, 152.
La Tviballe, '.07.
Laubarée, 338.
Laubespine (De), 519.
Lauhinnière ,l)e). — Voy. La Uicollais.
Laumerais (De). — Voy. D'Àlibert,
Launay (De), 486.
LauroguaiSf .ri60.
Laurens, sénat., 42.
Laurent (Ant.), médecin, 65.
Lausanne, 376n. — Biblioth. canl< n
de), 225. — ( Mémoire de la Virer , .
desPauvres françois>'éfuf/ir*...n .»
Lause .Marg.1, ép. J. Tandon. "»9. •
Laulremoni ', 338.
Laval (Maison de), 514. — Ch. <!<
37. — (Lucrèce de), 37.
Lavalette (J.-F.),srdelaCondainin' i
La Valette (Raron de), Voy. Nogart
La Vallette (Marie de), ép. Pi"M
la Hausset, 56.
Lavaur, 369. — (Dioc. de , 171,
Laverdin (J.), sergent, 208 ss.
La Verdogie (De). — Voy. Papa-
La Verdure, prédic. — Voy. D. Cn \
La Vieuville (De), 456.
La Vigne (De). — Voy. Callien.
La Villefrisson ;De\— Voy.d'Alil- •
La Villette-lez-Paris, 198 n.
La Violette, — Voy. Teyssonniîre*
Lavisse (E.), prof., 188 n., 169. 52'.
et la guerre des Camisards. 213 «
La Vivaryé (Mas de), 296.
La Voulle-sur-Tthone, 443.
Layard (Sir Henri- Austin , 527
Leberon (Lettre de .Mme de La )' I
à Mme de), 1693, 32.
Le Rignon. — Voy. Suppliau.
Le Blanc, contrôi., 200. — N. . •
Ant. de Rudé, 203 n.
Le Rlond, 393.
Le Bouteiller (H.), sr de Houlehc.
Lebret (J.), 451, 454.
Le Breton, proviseur, 150 n.
Lebrun, peintre, 17!t. — Mme «'.
Le Brun (Crespin , proc. lisral.
Le Chartier, 456.
Le Clerc (.1. ., 1 17 n.
Lcconte, 162.
Le Coq, cons., 108. — Mme .
Lectoure, 536.
Lédignan, 291 .
Le Duchal (Tim. . 205.
Lefèvre d'Etaplcs, S8B, 395 n.
Le Fèvrc (J.), sT de la Prime, i'
Lefort, '.(12.
Lefranc Abcl . prof . 80, M. F
275 n., 377, 38s, ;;:2 — Jeanne •
Gérard Cauvin, 380.
Léganèz (De , gouv., i l 'i
i.e Gaygnard P. , s < i s*.
Léger M.), past., 190.
Lcguuis, 8ii.
Legrand, 208.
Lcgrip, peintre, 5 1 .
Le llamel. Voy. Turpin,
Le lia n e. 109 n.. 383, Il . hfl
DE LIEUX, ET DES P
RINCI PALES MATIÈRES
1103
l.i hr br Ern. , "78.
Leipzig 258.
I.o Jeune, 155, 461 . — (Abr.), 454. —
Marie . ICI.
Le Laboureur, 532.
le Locle, 1 1 \.
l e Maistrc, 455.
le Mans, 108.
l e Mas (i'Azil, 480.
Le Meignen [Nie), curé, 200.
Lemeunier, 150.
I. ••moine, 450. — (Marg.), ép. Luc
Pouquefc, 457. — Voy. Le Moyne.
Leinonnicr, 450.
Le Moyne Guill.), médecin, 161.
Lemue, niissionn., 94.
Léon. 162.
Leopold, empereur d'Allemagne, 171.
3iii>. 3(14.
Le Pellé, 456.
Le Pelletier Cl.), 160 n.
le Voiizin, 180.
Le Prince, 456.
lUiincy, 180.
Le Uenti'f Jean', 19.
Le Rcsseguier de la Pierre, 155.
Le Révérend [Jeanne), ép. Jacq. de
Montgomery, 459.
Lerichc, 94.
Le Roux Dan.1, 454. — (Joach.), 451,
4ôS. — Su/.. , ép. Is. Bouchet, 401.
Le Roy, 156, 474. — (Marie), ép. S.
bupuy, 421.
Les Bousquets, 312.
I.esbros Abbé), 28 n., 34, 40.
Leseaille Gilles), 200.
Lesches De . gouv., 13 ss.
I.escu De . — Voy. Lebret.
Lesculé, not., 210.
Le Seigneur. 450.
I.esellier, 421.
Lésons K. , 191.
Les Ollièrcs, 480.
l.'Esperou, 107.
I .p-pinasse, 40;'».
I.Espinay (De). — Voy. Miron.
Ijespinne. — Voy. Blouet.
L Espinoy (Ch. de), cons., 321
Lesprns. — Voy. Blouet.
Le* Vlantiers, 25.
Les Sallières. — Voy. Durand.
Lestang (De). — Voy. Bougie.
I>tang, officiel-, 175, 303.
Le*focq, 2#0.
I. Etoile P. de . 538.
l.'Estréchure, 300 n.
t.e< Vans, 00. 05.
Le Tellier (Ilérodin), 454. — Jeanne ,
ép. 3acq. Guillemet, 158.— (Michels
chanc, 107, 174. — (Pierre;, s' de
la Pierre, 454.
Le Tessier de Lisle, 456.
Le ïourneux, 3(il.
Lettres de Câlinât au marquis de
Barbezieux (1692). 22. — de Sam
Chappuzeau au libr. Thierry ,1080),
141 ss. — de Charles IX à l'atnbass.
La Moibe-Fénelon (24 août 1572),
535. — à J. de Nogaret. baron de la
Valette 28 août 1572 , 536. — du
duc de la Eeuillade à la Municipa-
lité de Die (1703), 21. — du mar-
quis de Larrey à Philis de La Tour
La Charce 1693), 31. — de Mme de
La Bâtie à Mme de Léberon (HJ93),
32. — de Souchat à Pliilis de la Tour
La Charce (1692), 33. — du comte
de Grignan à Chamillart (1703',
39. — du commandant de Para lté
au même (1704), 426. — du marquis
de Durfort de la Doissière à Pont-
char train (1692), 21 ss. — du pas t.
Jean Bianquis au présid. de la
Soc. (1909), 92 ss. — de la Direction
française de Berne aux Seigneurs
de la Chambre des Réfugiés (1693),
115 ss. — de Montluc, évéq. de Va-
lence, à Charles IX janv. 1573),
186. — de M. le Baron F. de
Schickler au Directeur du journal
Le Gaulois, et réponse 1909 , 185.
— de Pierre Frotté àliossuet (1090],
221 ss.— des past.Viala, Loire et G nu-
non à Ant. Court et Court de Gébelin
1740-1745), 329 ss. — {Cinq inédites
de Rabaut Saint-Etienne, 143 ss.
Lel/ret, 32.
Leuxe (Jeanne de , 220.
Leu/ière (Jean de), 53.
Le Vallois de Villette (Benj.), 119. —
(Madel.)i ép. Hélie III de Sainte-
Hermine, 119. — (Philippe), chei
d escadre, 117, 170 n.
Levaré, 456.
Le Vasseur, 71 n.
Lévezou (Le), 408 n.
Le Vigan, 05, 291, 310. 313. 101.
Le Villain, 450.
Levintz, ju«,re, 25S.
Levral Marie . ép. Marin du Gré. 57.
Leyde, 155.
Lézan De . gai.. 109 n.
Lezag, 313, 340. 317, 318. 319.
Lhommea i Jacq. . sr du Pont. 57. 01.
601 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES
L'Hospital (Mich. de),chanc,, 476, 518
Libertins, 511.
Liborlière (Moulin La), 353.
Libourne, 480.
Liège, 282, 392, 478.
Lignerolles (De;, 515.
Ligonier, 178.
Ligue (La), 493 n. — d'Augsbourg
(lïuerre de la), 1686, 7 ss., 165.
L'Ile du Gast (.Marquis de), 169 n.
Lille, 146. 172, 174.
Limonest (De . — Voy. Quatrefages.
Lineau (Le) (Deux-Sèvres), 356.
Lion (Jean de), 54.
Lipse (Juste;, 487 n.
Liron, 178. — dragon, 304.
Liron (Mas de), 305.
Lisbonne, 567.
Lisle (De). — Voy. Le Tessier.
Litière (La), 351."
Livoûrne, 168, 362.
Livre des morts [Genève 1681-17 10) 50.
Livre tournois (Evaluation de la;
dans les pays du Refuge (1085-
17i:;) 72 ss.
Livres, 364. — prot. (1773 , 443 ss.
— habillés à la romaine, 543 ss.
Livron (Philip. -Christ, de), 62.
Lizy, 215, 220.
Lobstein (P.), prof. 272, 278, 376, 397.
Locke (John), 573, — [Journal de), 417.
Locowits (Comte de), 166.
Lœsche (DO, 278, 388 n.
Lœwenstein 'Mlle de)1, marquise de
Dangeau, 369.
Lohier de Verbysson, 456
Loire (J.-BV, past., 329.
Loiseleur (J.), 491.
Loménie (Fr. de), évêq., 89 n.
Londres, 32, 165, 168, 173, 191, 221,
260, 281, 366, 367, 369, 313, 315,
495. — Médailles (1686 , 367.
Longe, 352.
Longjumeau (Paix de1 156S, 510.
Longueval, brigadier, 258, ."167.
Longueville (Maison de), 16S. — (Duc.
de), 518.
Lonjoutte (D.-Sèv.), 347.
Loofs, prof., 376.
Lorges (De). — Voy. Montgomery.
Lorient (Picrrei, past., 186.
Loriol, 60. — (De), 107.
Lorpoiliers (D.-Sèv.), 354.
Lorraine (Charles, card. de), 416, 499,
507, 512, 522, 530, 532.
Lorri, 48.
Lorlet, 337.
Losses (De), 530. — (Doininiqu- îe
dit La Touche, past.. 555. — \
de), ép, Crozé, 556. — Mené ir
sr de la Touche, past.. 551'..
Loterie en faveur des Réfugiés lax
sanyie), 82.
Lolière [Litière] [La), 351.
! Loubat (Jean) dit Baptiste, |»a<l
Loubigné, 354.
Louis' XII, 503.
Louis XI 11, 26 n., 370, 456.
Louis XIV, 166 ss., 2.14. 2<7.
404 ss., 417, 565.
Louineau. — Voy. Lhomineau
Lour marin, 56, 446.
Louvier (Charles^ sr de MontravH
de Maurevert, 492 ss., 503. *••.' •
Louvigny (De), 10.
Louvois, 362 n.
Louvreleuil (Abbé), 247.
Loyola (Ign. de). 572.
' Loze (Marg.)i ép. J. Tendon. 59. •
LUbeck, 76 n.
Lnc-en-Diois, 574.
Lucas (Ch.), médecin, 455. — I \
libr., 545 n.
Lucerne (Vallée de). — Voy. I.u*r "
Luçon (Hôp. gén. de 55i.
Lucq [Le) (Deux-Sèvres , •"{',2.
Ludovisio (Le card.\ Ki<i.
Lugné (D.-Sèv.) 333.
Luisserie (De). — Voy. Canins.
Lulier(G.), sr de la Malmaison. 1
Lumigny, 91 n.
Lunel, 418.
Lunéville, 574.
Luppé (Josué de), 423.
Lus-la-Croix- Haute )Col de , 1$ n
Luserne (Vallée de^, 171 n . 254. i"
260, 362, 567.
Lusignan, 350. — (Lucrèce de .
Sainte-Hermine, 118.
Lussan, 438, 480, 575 ss. — C ■■
de I. Voy. Audibcrt.
Lussaudière, 348, 359.
j Lussay, 334.
Lusserie (De). — Voy, Canins
Luther (M.), 139, 270^ 285, <rl
1 LCittge (W.) 396 n.
Lyon, 52 ss., R4, 131, 144 n !
2îiiî, 259, 362, 410 n.. ISO, 5«3
i — {Acte* de V Eglise de h r<
! Christ à\ 1830-1832. 80.
| lifacey (De . — Voy. l)ucha*HI i
! lTlachureault .los . , mederin, .
i Maoquières, proc. gén., 109
DK LIEUX, ET DES PRINCIPALES MATIÈRES
005
Maday A. . 390 n.
Madières De).— Voy. D'Aubignac.
Madieu, 04.
Madré .Métairie de), 342.
Madrid 303. 309 n.
Maastricht, 257, 370.
Malle Ant. de . 51.
Magalon Jacob de), 54.
Magdcbourg, 376,
Maime. S!) ss.
'/'if/ne i Deux-Sèvres), 338.
Magnonnerie [La], 347.
Magiiou, 333.
Magnou { La). 340.
Maiustre Et.), 412. — (P.), 402 ss.
Mahot, 130.
Mailhet A.), past., 7 ss.
Maillabiou (Et.), 421 n.
Maillan, cous., 442.
Milliard, 450. — (Th.), past., 328 ss.
Maillart Gosse (Dr IL), 390.
Maille il)ci. —r Voy Pluviane.
Mailly (Louis, comte de), 122 n., 127.
- Comtesse de) [Anne-Marie-Franç.
de Sainte-Hermine), 122 n.
Maintcnon (Mme de), 117 ss., 170 n..
!7Mss., 183.— (Portraits de) 179 ss.
— F. Ferdinand, 181 (grav.) — . Pe-
titot, 1S2 grav.).
Mainvilliers (Paul de), 57.
Mairon, 313 n.
Vaisoncelle, 339, 351.
Maisonneuve (Métairie de la), 552.
Saisonnière {La), 348.
Maison-Rouge {La), 359.
Vnisons-Seuves, 330, 340. — (Métairie
de< , 342.
Malabiou. — Voy. Maillabiou).
Malades Le Manuel des) [Rabaut-
^t-F.tienne], 444.
Malan Afrique), 93.
Malbranchère {La), 347.
Mali' J.-G. van), curé, 323 n.
M.tlerargues (De). — Voy. Ginestous,
Mallerargue.
Malesherbes, 187.
Malegrargues, 408 n. — (De). Voy.
Ginestous.
Margrave (Lord), 257.
Malieslre ,Mas de), 312.
Mille Franc..), past., 03. — Voy,
Mallet.
Mallerargue i^César de), chambellan,
— ,Elisab. de), 02. — (François
de . 02. — Voy. Malerargues.
Mallet. 17.S. — Voy. Malle.
Malon. — Voy. Bercy.
. Malta J.), 210.
! Malle (Ordre de), 303.
Mambrini. — Voy. Dutoit.
Mandagot (Cl. de), ép. de Ginestous, 39.
Mannheim, 257.
Manoël (Louis), 294.
Manosque, 37 i.
Manies, 204, 480.
! Manloue (Duc de), 300, 373, 508.
! Manuel des Malades {Le) (llabaut-
I Sl-Etienne), 444.
j Manuscrit anonyme attribué à l'abbé
j Poncet de la llivière, 433 ss.
Manuscrits de la Biblioth., 80.
Manze (Col de), 17.
Marafin de Guerchi, lieut., 539.
j Marais {Le grand), 347.
j Marbourg, 375.
| Marc (Frère), 120.
I Marcey (De). — Voy. Gouyon.
Marchand ^Prosper\ 154.
Marchenoir, 203 n.
Marc/iollières {Les), 33X.
Mareilly {Mémoires du col. de), 420.
Marcourt (Ant.), prédie., 130, 272.
Marcusson, 334.
Margueritte de Navarre [sœur de
François Ier], 228, 236.
Marguerite (Pierre], 51, 01.
Mariage à la Gaumine, 180 ss.
Mariage (Le, honnipat-Desporfes^. .,80.
Mariages mixtes, 420.
Mariages par paroles de présent, 187.
Mariages prot., 103, 440.
Marie la Sanglante (La reine , 322.
Mariéjol, 520.
Marigny (Enguerrand de), 144.
Marillac (De), intend., 121.
Marilon (Anna), ép. Fr. Fuzicr, 443.
— (Louis). Retires de Rabaul-St.-
Ft. à), 1773, 443 ss. — (Marie-EIi-
sab.), ép. Alex. Vernet, 443.
Marlet (Léon), 538.
Marlot (Dom Guill.), 532.
Marolles (Barth. de), 03. — (Louis
de), gai., 109 n.
Marot (Poésies inédites de Clément ),
44 ss., 129 ss., 225 ss. — (Chanson
faite par), 235 ss. — Dizains,
229 ss. — (Epislre de), 237 ss.
Marquis (Jacq.), avoc, 03.
Marsani (Mme), 00.
| Marschal(J.), srde la Croix, past., 57.
I Marseille, 89,94,302,440,480.— Com-
mémoration des gai. prot. (1908), 91.
Marsillargues, 480.
Marteau (JeanJ, past., 341 n.
606 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES
Martel, greffier, 442. — prof.. 563. —
(Jeanne ,, ép. Dav. de Caumont, 117.
Marligny (De), 455.
Martin, 402. — (Guill.), sr d'Esselmc,
453. — (H.),hist. 490, 498,500, 510. —
(Pierre;, 413. — (W.), 542.
Martine, not, (il. — (II. de), sr de
Sargy, 61.
Martinet (Laurent de), sr de Rossard,
60. — (Lucrèce de), ép. Monlauban
de Gergais [Jarjaye], 55. — Voy.
Saint-Laurent.
Martinière (La) D.-Sèv.) 343.
Marlran (ici.) 350.
Marual (Math.), sr de La Haye. 461.
Marvejols, 248.
Marville. — Voy. Yigneul.
Marzelières (Les), 352.
Mascarenc (J. ), 42 lu.
Masparault (De), 525.
Massabieau, prieur, 289.
Massé Anne,, 01. — (Pierre , pas t., (il.
Masset (J.-L.), 56.
Mcissien (Métairie de , 358.
Massiou (D.j, 415. — i L. , 102.
Massip, guide, 24".
Masson Maurice), 281 ss.
Mathesius (Jean), 218.
Matthey-Jeantet (A.), 512.
iMatthieu (lsab.), ép. Th. Maurisse,
56.— (Justine), ép.M.deBeaurepaire,
59. — (Pierre;, hist., 491, 528.
Maty, 118.
JMauléon (Mlle de), 81 ss. — Voy.
aussi Gary.
Maulvaull (Deux-Sèvres;, 334.
Maunay (id.j 332.
Maupertuis (Métairie de), 359.
Mau prie., 351.
Mauregard De), 200.
Maurevert (De). — Voy. Louvier.
Maurice (Ant.), capit., 55, 58. — (Fr.),
28 n. — (Pierre), past., 5(i.
Mauris (Ch.), past., .53.
Maurisse (Théoph.), médecin, 5(i.
Maurs ((Comtesse de). 392.
Maury (Alfr.), 490, 494.
Mautré (D.-Sèv.) 333.
Mauvaitière (La) (id.) 340.
Maavezin (Gers), 560.
Mazal (Jean), 52. — (René), not , 52.
Mazamet, 180.
Ma/arin (Le card.), 406.
Mazel (Abr.). 188, 243 ss. — (Marie),
ép. P. de Quutrefages, 401 n. —
(Pierre), 407.
Mazères, .560.
| Mazièves, 251.
■ Mazure, 393.
! Mead (Edwin D.), 400.
: Meaux, 200, 215, 222 n., 4M>. » '»
i 505, 541. — (Fuite de) 1568, —
512 ss. — (Dioc. de) [Dragonn.;.
Meauzac (De). — Voy Bar.
Médailles (Londres, 1886 . M'..
concernant Calvin, 390.
Médicis (Gath. de), 485, 192 s>
518, 532.
Médoc, 162.
Melac, brigadier, 561.
Melgar (Comte de), 113, 313.
I Melle, 3 40 ss.
I Mellier (Métairie de), 351.
Mellini (Le card.), 258, 364. 31n.
Melun, 521.
Mémoire de la Direction des... »• /'
(liés... àLausanne... [L<deri'- . *.
Mémoire sur le dioc. de (Vu <
(Extrait d'un) 1614 ou 15. ">*>fl
sur les religionn. (Poitou. Auhu ■
Sain-fange) [Milieu du xvni' s.\ I' '
Mémoires du col. de MareiHy, 12
Ménars (De), intend., 211 n.. 223 n
Mende. 245.
Menée (Col de), 18 n.
Menet (Fr.), 443. — (lsab. . pris nu
443. — (Madel.), ép. L.Mariton. i.
Mens. 52, 61.
| Mer, 363.
I Mercou (Col du), 289 ss.. 301 km»
i Mercure de France (Le et Calvin. 1
| Méreaux. 81, 330, 314.
• Mérindol, 505.
j Merki (Ch.,) etColigny, 6 n.. 1<
Merle d'Aubigné (.1.-11). 2V».
Mentes. — Voy. Meynieh.
Merveilleux (Aime de), 82.
Merville, 415.
Mescbin, 456.
Mesehinctde Riehemond L. , ai I
413, 415.
j Mesianne (Jacq. de», sr de I* « -1
! past., 61 .
| Meslin(M.)., daine de Corinne •
j Mcsmyn, 101 ss.
! Mesnii (Jacq.), 191.
| Messe (Placards contre la . FW •
Messede Noël {Hollande, l«»S"« p
Messy (La daine de) IC. dcPill ■»> -
Mcslre(Am\edc\ep. P. de liai! ir«..*?
I Métayer (Fr.). 2IC. — .1 .\ p i<1 i\i
Méliverie (La). XVI.
Metz. 51, 59. 150. 47S. isu
1 Mcitlan. 51li.
LIEFX, ET DES PRINCIPALES MATIÈRES
M.'urtrirt'e [La), X'>2.
Me ver (Arthur) (Lettre de M. F. de
Schickler à) et réponse, 185, 202.
Meyholl'er (Jean). 320 ss., 478.
fyyrueis, 02, 180.
Mozeray (Franc, de), 144, 532.
Miaurdy, 350.
Mi. u d .1. libr., Î343 .
Mii-hel Franc.;, prêtre, 21(5. — Jean ,
imprim., 130. — Sara), ép. Ant.
iHthi'lin, 205. — de St-Agnen, 450.
Mil lu-lot .1. , hist,, 190, 510, 572.
Michiel Jean), ambass., 497, 527 ss..
MO, 541 ss.
Mu-oulaud Pont de . 298.
Mtedzéricz, 488.
Mielgues, espion. 298.
Miu-mll Jean), 340.
Miîïnaril, iieintre, 51, 180.
.Mitrnct, hist., 21"».
Vi'jnonnei'ie 'La., 348.
Milan, 10, 113, 2H8, 500.
Milanais, 8. 301.
Milet. 450.
Milices bourgeoises, 428. — (Officiers
«les . 2!>5, 299.
Jfi7/»u* Aveyron), 107, 180, 500, 503.
Milly. colonel, 507.
Mimant/ère (La), 333.
MitiHtu/lière .Métairie de la), 351.
Miinet De . — Voy. Chossegros,
.Miii.M W. ,11.
* Minette » [Anne-Marie-Françoise de
S linle-Ilermine]. 121 ,
. Molière (La). 349.
Mirabcl 'Mine de), 20. — Voy. La
Tour-Gouvernet.
Mirainiou (Mme de/( 108.
Mirandolle (R.-N.-L), 77 n.
Mirbt I) ., prof., 375.
Miremont .Marquis de), 188.
Mtribel Alex.de), capucin, 245.
Minnand H. de), 70 n.. 98 ss., 113.
Mtivn. médecin d'Henri 111, 490. —
François), prévôt des march.,
I '0 n. — de l'Espinay, 490 n.
Mirreval (De;. — Voy. Kbrard.
yheré, 343. — Voy. Mizeré.
MiY»ane<. 555.
Missionnaires cath., 362. — prol., 94.
Mitnf Seine-et-Marne , 210.
M\ zeré, 300. Voy. Miseré.
V tli ne, 505.
M -11011 iSal.), sr de la Mouillière, 58.
M K.-W.l 391 ss.
V :e. 17 4.
»/ "iflsberff. 4S2.
007
Mogier (Klisab.), ép. P. Ryé, 458.
Moidré (De). — Voy. Tardif.
Moinard [D. Sèv.), 341.
Moine (Métairie au), 342.
Moines, 5 4, 1 5 4 n. — (Hollande, 1080),
175, 254.
Moise (La) (D. Sèv.)', 337.
Moissac (D. Sèv.), 343.— (T.-et-G.), 542.
Moissac [Meauzac] (De). — Voy. Bar.
Moliage (De). — Voy, Dulong.
Matières, 402 n. — (Chat, de), 414.
Molines-en-Queyras, 12,14. 00.
Mollery (Franc.), ép. D. Fressinet, 58.
Molles (Les), 352.
Monbartier (De . — Voy. Astorg.
Monceau (Françoise de . ép. Fr. de
Mallerargues, 02,
Monceaux, 490.
Moncontour (Bat. de) 1509, 501, 51 1 ss.
Monde (Le Théâtre du) (Sam. Ghap-
puzeau), 152 ss.
Mondovi, 170.
Monélier-de-Clermonl, 18 n.
Monflanquin, 477.
Monfreleau, 334.
Mongis, 450.
Monicart. 141.
Monmagny (De). — Voy. Huraud.
Monmiral (De). — Voy. Lange..
Monnaies en usage dans le Refuge
(1085-1715;, 72 ss.
Monnier (Philippe, 380.
Monoblet, 290 n., 290. — Temple, 291.
Monod (Gabr.), prol',, 81, 388 n., 390,
572. — (Gasp. Joël), 378 n. — (H.),
79, 177, 201, 262, 378 n., 485 ss.,
569. — i Jean), past., 378 n. — (Léop.),
past., 572 n. — (Victor), past., 572. —
(Wilfr.), past.. 376, 572.
Monreveil. — Voy. Montravel.
Mon s (Gard), 408 n.
Mons (Hainaut), 128, 170 n.
Mous (Deux-Sèvres), 334.
Monstre (D'un) nouv... baptise', 44.
Montagu. — Voy. Du Uocher.
Montaiglon (A. de), 415.
Montaigne (Midi, de), 370.
Monlaillon, 338.
Monlald, 172.
Monlallier, 55.
Montanceys (Combat de , 474.
Montanègre (Marquis de), 248 n.
Monlaryis, 480.
Montarnaud (De). — Voy. Brignac.
Montauban, 52, 64, 65, 477, 560, 564,
57 4. — (Acad. de), 563. — (Régi-
ment de), 58.
tm TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES
Montauban (De). — Vo'y. Arthaud. —
(Baron de). Voy. René de La Tour.
Montauban de Gergais [Jarjaye] (De ,
55. _ Je Villars (Lucrèce deï, ép.
J. Fr. de La Picardière, 61.
Montays (De). — Voy. Hue.
Monlbarlier (De). — Voy. Astorg.
Montbrand, 18.
Montbrun (Lucrèce de), ép. Alex, de
La Chaux, 60.
Montcalm (D. de), sr de la Baume, 403.
Montclar (De). — Voy. Arbarestier.
Montclus, présid., 442.
Montdardier, 409. — (Chàt. de), 401,
414. _ (De). Voy. Ginestous.
Monteil, 340.
Monlélimar, 53 ss., 61 ss.
Montesquiou (De), capit., 511.
Montfaucon (Chr. de), baron de Vissée
et d'Hierles, 402 ss. — (Pierre de),
baron d'Hierles, 402 ss.
Montferrier (De). — Voy. Bourgeois.
Montfranc, 407.
Montgomery (Charlotte de), ép. Dan.
de La Tousche, 452, 453. — (Elisab.
de), 453. — (Gabriel II, comte de),
448, 452 ss. — (Gabriel III, comte de),
452. — (Jacq. de), sr des Loges, 453,
459. — (Jean dei,sr du Breuil, 453,
459. _ (Louis de), sr de Ducé, 453. —
(Louise de),ép. Jacq. de Vassy, 452.
— (Suz. de), 452. — Armoiries, 452.
Montjoux (De). — Voy. Bigaud.
Montluc, évêq. de Valence, et l'élec-
tion du duc d'Anjou comme roi de
Pologne, 485 ss., 518, 540. — Lettre
à Charles IX (janv. 1573), 486.
Montmorency (Anne de), connét., 227,
487, 507, 509, 518.— (H. de), 507, 524.
Monhnorin (Hautes-Alpes), 25, 36. —
(De). Voy. La Tour Gouverne!.
Montpellier, 52, 59, 62 ss., 89, 186, 250,
292, 299, 312 ss., 362, 417 ss., 480,
574. — Temple, 432 n.
Montpensier (Duc de), 1572, 497, 518.
Monlpipeau (Entrevue de), 496.
Montpouillan (De), 172. — Voy. Cau-
mont.
Monlravel (De). — Voy. Louvier.
Montredon (Mas de), 300 n., 311.
Montrevel (Maréch. de), 432 n., 438 n.
Mont-Saint-Michel (Le), 448.
Monument de la Réformation (Genève )
81, 264 ss., 267 (grav.), 269 (grav.).—
(Souscription au) 261, 480, 569, 574.
Morand, 130.
Morar (G. VA. de), sr de Clclles, 64.
Moravie, 278. — (4e Cent" de laN»*'
de Calvin en), 266 n.
Moreau (Madel.), ép. D. de Losse*.
Morell, not., 59, 60.
Moréri (Sam. Chappuzenu et le /» :
lionnaire de), 141 ss., loi) n.
Moret (Mme de), 26.— Voy. S-uche!. '
M orges. 190.
« Moriensis », 478.
Morillonnière (La), 343.
Morin (Cath.), ép. J. Payan. —
(Jacques , dit Saltct, 2 47 n.. 25V
425 n. — (Le P.), 162 n.
Morisse. — Voy. Maurisse.
Mornay de Bauves, 453.
Morsen (De), cons., 525.
Mort aigre. 341.
Morlefont, 342. — (Métairie tlf . 3 J
Morvillier (De), évéq., 518.
Moscou, 372.
Mot d'un prélat sur les Synode?. "■'.*
Molkeau, 352.
Mouchamps (Les Temples et le« | n*l.
de), 1561-1685, 547 ss. 'grav. .
Mouche tune (La), 343.
Mongon, 337 ss.
Mouilleron-en-Pareds, 554.
Moulay (Métairie de), 359.
Moulens (De). — Voy. Brail.
Moulin (Le Grand), 356.
Moulinars, 475.
Mouline (La), 341.
Moulin-Neuf, 355.
Moulins, 480, 516.
Moulin Tuil (Le), 347.
Moullay ou Moullé, 336.
Mounée, 35 4.
Mouré (Moulin de), 353.
Mourgues, 101 ss.
Mouron (Denis et Marie de), T.3
Mouy (De). — Voy. Vaudray.
Mouy-Saint-Fur (Chàt. de . 321 n
Mou/.ot (Pierre), 203.
Moynier, 315.
Muisson, cons., 173 ss. — Mme r 1
Mulhouse, 104 ss., î S0, 482.
Mviller (K.), prof., 268, 270. 3*Î5, ïtf
Munster (Traité de), 1648, 166
Mur (Le) des Réformateurs fifurt*
265 ss., 267 (grav.\ 269 urav. .
Mural (Fr.), past., 53. 546 n.
Muret (Dr), 263 n.
Mursay (De), 121. — (Mlle de (Mnifif
Caylus], 120.
Musset (G.), archiv., 413, 475.
Muyden (II. van), 572 n.
« Mynus ardentibus 229.
DE LIEUX, ET DES PRINCIPALES MATIÈRES
601»
Nabholz (Dr H.), 79.
ac (Métairie du), 342.
Nadal (André), 410. — (J. L.), 54.
Najac 'vDei. — Voy. Ginesle.
Sancy, 480.
Santés, 480. — (Musée Dobrée), 131.
Santeuil (Deux-Sèvres), 333.
Smteuilles-Meaux, 480.
Saples, 500.
Napoléon Pr, 91, 389.
Sarbonne, 293 n., 418, 432 n.
\ a r daine, 353.
Save, brigadier, 258, 567.
Xav.es (De), 418 ss.
N'avilie (Barth.), ép. Ch. Mauris, 53.
Nécrologie. — Em. EglL, 95. — Doyen
Edm. Stapfer, VV. Morris Beaufort,
Keginald- Stanley Faber, 90. —
Baron F. de Schickler, 481 ss.
Sègrerie [La), 342.
Xègresauvè, 342.
Xelgouvin, 258.
Nemours (Duc de), 1572, 518. — (Du-
chesse), 1572, 492, 503.— 1707, 114.
Sérac, 109 n.
Serbonneau, 353.
Nesmond (De), évêq.. 403.
Settancourt (Documents inéd. sur le
Prot. à , 278 ss.
Seuchâtel, 77, 113 ss., 203, 271 ss.
Xeufeuille, 471.
N'eufscatcl (Duc de), 372. i
Neufville (De), 537.
Nevers (Duc de), 493, 497, 501, 514. —
et Coligny, 502, 514.
\f!/>Roc/ie//e (Bi-centenaire de l'Église
de\ 474 ss.
Sew-York, 375.
Vicf, 7, 180.
Nirolaï, prem. présid., 25G, 258, 201. —
fils), avoc. gén.. 256.
Nicolas, past. à La Grave, 54.— (Cath.),
• p. Ant. de Belleau, 55. — (Mich.j,
prof., 2i0 n.
Vieulle-sur-Seudre, 480.
Sillé, 351 .
Simes, 52 ss., 169 n., 186, 290 n.. 292,
313, Ml, 444, 480, 574. -- Acad.,
rh. - Temple (1676), 417.
Siort, 330 ss.
Noailles Card. de\. 179. — (Comte de),
292. — (Mme de), 180. — (Marquis
de) 486 n., 498.
Noël, sénat., 81, 177, 261.— (Suz.), 459.
Hoèl Messe de) [Hollande, 1685], 165.
N'ogaret Jean de , baron de la Valette
Lettre de Charles IX à), 28 août 1572,
536. — (Jean-Louis de), duc d'Eper-
non, 536.
Nolfolch (Le card.), 565.
Nolhac (De), conservât., 41 n.
Normand (Ch.), 286 ss.
Normandie, 174, 367.— (Fugitifs), 568.
Normandie (Jean et Laurent de), 378 n.
Northumberland(Ducde), 368, 372, 565.
Norvège, 322.
Notaires prot., [Languedoc], 290.
Nouail, 456. — (P.), 459 n.
Nouel, 456.
Nouvel, camisard, 248.
Novis (Marg. de), ép. J. de Bagars, 290.
Noyer [Le], 347, 348.
Noyers (Chât. de), 500, 510.
Noyon (Excursion à) (1" juill. 19091,
262, 377 ss., 509. — Cathédrale,
378 ss. (grav.). — Chapelle dite
« de la Gésine », 378 ss. — Maison
de Calvin, 377, 380. — Plaque, 80,
81, 177, 261. — Plan, 377. — Rue
Calvin, 377 ss.
Nuremberg, 375, 504, 537.
Nyon (Suisse), 60.
Nyons (Drôme), 30, 32, 36, 39, 42, 56, 63.
Odia (Rivière d'), 567.
dolf dit le Flamant, 456.
Oehninger (Friedr.). 270.
Officiers prot., 166 ss., 172, 255, 301 ss.
Officiers des milices, 295, 299.
Ogeron, 461. — (Jaquenne), ép. Math.
Marual, 461. — (P.), sr du Puits, 454.
Olargues (D'). — Voy. Du Poujol.
Olbreuse (Madel. -Sylvie d'), ép. Chris-
tian von Bulow, 126 n.
Oldenbourg, 459 n.
Olcron (Ile d ), 163, 174.
Olimpe (Jacques), 431, 439 ss., 576.
Olivet (Cerclière d'), 305 ss.
Olivet (Jérôme), 55.
Olivétan (Robert), 271 ss.
Olivier, past. du désert, 163. — pré-
dic. Voy. Papus de la Verdogie. —
(Louis). Voy. Olivétan.
Ombrails [Les), 339.
Ombre (L') de son rival, 155 ss.
Ondes (D ). — Voy. Doux.
Orange, 53, 55, 61, 63, 65, 417. —
(Princip. d'),168, 574. — (1686), 367.
Orberie (L), 342.
Ordre de Malte, 363.
Orléans, 54, 61,215, 505,506, 509, 541.
Orléans (Duchesse d') [La princesse
Palatine], 259, 368, 371. — (Gaston
d'), 90. — (Philip, d'), régent, 371
39
610 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES
Ormont (Duc d'), 257.
« Orpheus » (S. Reinach, 1909), 399 ss.
Or pi erre, 57,
Orsilière (L) [Claye], 197.
Or t fiez (Acad. d*), 563.
Osbert ou Osseber, sr de Castillon, 461 .
Ostende, 363.
Ouches (Les), 354, 356.
Oudde (Fr.), 61.
Ouistreham, 568.
Oxford, 361, 373.
Pagerie (Métairie de la), 552.
ailhairols— Voy, J. de Villettes.
Paille, 355.
Paine (J. de), baron de Pouquaret, 57.
Paire (Le), 336. — (Métairies du), 358.
Paizy (De). Voy. Gautier.
Palatinat, 257, 259, 368, 370 ss.
Palerme (Bat. de), 1672, 120.
Palès (J.), 572.
Pallardy, past. 558.
Pallty (Général), 10.
Pallon, 15 ss.
Pamiers, 368.
Pamproux, 352 ss., 480.
Pannier (J .), past., 79, 80, 177, 187 n.,
193 ss., 261, 262, 273, 320, 377, 378,
390, 569, 572.
Papegay (Baptême du), 44 ss.
Papus de la Verdogie, préd., 289, 305.
Paratte (De), conimand., Lettre à
Ghamillart (1704), 426.
Parayre, 146 n.
Parcalus, 200.
Parc-Soubise( Ghât. du), 548, 554, 556.
Paiella, 14, 16.
Paris, 47, 53, 62 ss., 89, 150, 163, 165,
170, 173, 198, 255, 257, 361 ss., 368,
478 ss., 482. — Bastille, 124, 172,
228, 257, 259 ss., 366, 369, 566. —
Collège de France, 228. — Couvents,
172, 568. — Nouv. cath., 125 n.,
168, 260. — Oratoire, 127. — (Cen-
tenaire de l'Église luth, de), 91 ss.
— Jubilé de Calvin, 376. — Séance
du Trocadéro (1er nov.), 570 ss. —
La Villette, 198 n. — St-Nicolas-
des-dhamps, 543. — (Une paroisse
de) avant la Révolution |St~Hippo-
lyte au faubourg St-Marcel], 178 ss.
Tumulte de St-Médard (1561), 179.
— (Récit véridique... du désordre
qui s'est produit récemment à)
(Cracovie, 1573), 499 ss.
Paris (Comte de), 523.
Paris (Pierre), past., 448 ss.
Parlongue, not, 403.
Parme (Marg. de), gouv., 325.
Paroisse (Une) parisienne avant !%
Révolution (St-Hippolyte au fau-
bourg St-Marcel), 178 ss.
Parondeau, 353 ss.
Parsay, 341.
Parthenay-Larchevêque 'Cath. rlf
duch. de Rohan, 550. — !Jean <lf
sr de Soubise, 547 ss.
Passe-Dernière (1m), 360.
Passy (De), past., 465.
Pasteur (Sermon du Bon et du Ma u-
vais), 1539, 130 ss.
Pasteurs (Réception des), 562. —
(Expulsion des), 1685,292. — ap^M .
84,280,289,292 ss.,369, 374, 467. r,6l
Pasteurs de Claye (Liste des). 204 ?*
Pastor, 285.
Patoulet, 369 n.
Pau, 480.
Paul 111, pape, 47.
Paul V, pape, 178.
Paulhan, past., 293.
Paulin, 564.
Paulsen (Dr P.), 268.
Paunay, 333.
Pautret, 456.
Pauvrenière (La), 357.
Payan (Jean), 59. — (Justine
ép. Laurent de Martinet, 60.
Paysans (Exactions des seigneur*
contre les), 401 ss.
Pays-Bas, 61, 76 n., 107. 119 n.. MA
173, 176, 322 ss., 362 ss.. 372 m
388 n., 459, 567, 574. — Mninr< rî
religieux (1686), 175, 25 L - fit
fuge dans les), 128, 263. 280. *•"!
463, 558. — (La Messe de Nocl d*n*
les), 1685, 165.
Péan, 203 n.
« Pédagogue » ^Le) [Claye. . 1'
Pégueirolles (Marquis de». 40S
Peire (De), 26. — Voy. IVyre
Pèlerin, 462.
Pelet ^Marthe), ép. J. Marquis, •
Pèlham (Manoir de), 471.
Pélissier dit Dubesset. pasl. 33"
Pélisson (Jeanne), ép. De Rajnn **
Poil (John). 474.
Pcllegrin, 576 n.
Pelletrie (La), 339.
Pellevoisin, 333.
Pelosse (Anne), ép. D, llupuc?, i
Pelouse (Madeleine), 53.
Pensions royales, 33. 3S. 166, lf.9 '".
259. 467, ii67.
DE LIEUX, ET DES PRINCIPALES MATIÈRES
611
Pépin, officier de marine, 365. — (Dé),
sr du Cayla, 290 n.
Përay (De). Voy. Guichard.
Pérée {La) (Deux-Sèvres), 336.
Ferez, prof., 563,
Pergellerie {La), 357.
Périer, 208, 455. — Voy. Perrier.
Périgord, 414.
Perjaudière (Métairie de la), 359.
Perle (Le journal Die), 314 n.
Perot (Genev,), ép. F. Disper, 203.
Pérouze (Vallée de), 8.
Perrault, 161 n. — Voy. Perreaud.
Vrwé Deux-Lèvres), 333.
Perré (De). Voy. Péray.
Perreaud, capit., 31 n.
Perreault. 465.
Perrier, juge, 80. — Voy. Périer.
Perrin, 462. — past., 564. — (Dan.),
sr de Pontivy, 454.
Perrine (Marquis de). Voy. Péray.
Perrinet (Gasp. de), marquis d'Arze-
Iiers, 55, 65, 98.
Perrot de Monlmollin, 385.
Perthois (Le), 219.
Ver luis Rostan, 15.
Pesant de la Masure, 455.
Peter (John), past., 465.
Pétiet (René). 111 ss.
Petit, chan., 363.
Pdit-Coureau (Moulin du), 353.
Petite-Garnerie [La), 336.
Pelite-Valelte {La), 335.
Petites Amicales laïques (Congrès
. des; [Le Havre, 1909], 383 n.
Petit-Marais {Le), 341.
Petit-Moulin {Le), 352.— de Circé{Le),
318.
Petitot (J.), 118.
Petitpierre (Gust.), 115 n.
Petous.se (Logis de), 351.
Petrucci, ambass., 492 n.
Peumanl, 334.
Pevre (Comte de), 425. — Rapport sur
la mort de l'Abbé du Chayla (1102),
248 ss. — (Jean de), 410.
Pevremeins (De). Voy. Boulayde.
Peyrolles, 298.
Pézenas, 412.
Pezoux (Dragons de), 319 n.
Philadelphie, 212.
Philiponneau (Ant.), sr de la Fleur-
Argier, past., 450 ss. — (Louise),
ep. II. Le Bouteiller, 460.
Philippe II d'Espagne, 183 ss., 492 n.
Philippe-Guillaume, électeur palatin.
S68. 311.
Piaget (A.), archiv., 263, 211.
Pibrac (De), 488 ss., 495.
Pic {Le) (Deux-Sèvres), 341.
Pic, 446.
Picardie, 367, 478.
Pictet (B.), past., 190.
Piébachê, 346.
Pied d'Quaille, 340.
Pied-Foulard, 339.
Pied-Limousin, 359.
Pied-Verdin, 341.
Pié-Frouin (Moulin), 353.
Piémont,! ss.,58. — (Vaudois du), S ss.
13 ss. , 55, 105, 171, 254, 257 ss., 299, 361
ss.,[370, 312, 565 ss. - etCalvin/272.
Tienne (Is. de), sr de Bricqueville, 453.
Pières (B. de), sr de St-Sonnin, 453.
Pierre {La) (Deux-Sèvres), 349.
Pierre (Me.) curé de Douai (1538), 322.
Pierrières {Les), 355.
Pignerol, S, 12, 14, 22 n., 567.
Piiastre (T.), 183.
Pillac (Deux-Sèvres), 346.
Pillois (Claire de), ép. L. Iluraud,
201. — (Louise de), ép. Jacq. Dalli-
berl, 454, 459.
Pilouays (De). Voy. Pillois.
Pin (Languedoc), 374.
Pin (Métairie du) (Deux-Sèvres), 358.
Pin d'Augé {Le), 334.
Pineau (Pierre), past., 559.
Pinier {Le), 333, 339, 346.
Pinot. 456.
Pintard, 414.
Piozet (A.), sr de la Vallelte, 55. — (Ma-
rie). 55.— de la Mausset, (Marie), 56.
Piperinus, 71.
Piquet, 456.
Pissot (Deux-Sèvres), 332.
Pistord (J.), médecin, 57.
Pithou (P.), 160 n.
Pitra (Le card.), 88.
Placards (Affaire des), 1534, 48 ss.
Places de sûreté, 448.
Placet de Bossuet (1684 ou 85), 211 ss.
Plaisir {Le) (Deux-Sèvres). 348.
Plamé (Métairie de), 351.
Plan (Etienne, Paul et Pierre), pré-
dic, 289 ss., 298, 305 ss.
Plan de Claye, 194. — de Noyon, 377.
Plan Sf-Guigues, 16.
Plantamour (P.), 465.
Plantiers (Chât. des), 39. — Voy. Les
PI an tiers.
Plinière {La), 337.
Pluviane d'Ambel (Fr. Didier de, sr de
Maille, 55.
612 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES
Poêle (Jean van tien), recev., 327.
Poinière (La), 350.— (Métairie de la),
342, 353.
Poirier, 455.
Poisioux (De). Voy. Regoumier.
Poitière (La), 353.
Poitiers, 171.
Poitou, 57, 64, 216, 292, 500. — Dra-
gonnades, 118, 243. — (Le Prot.
dans le) au milieu du xviir s.,
162 ss. — (Le Moyen-) au milieu
du xvin* s., 328 ss. — Carte, 344-
345.
Poitrenault, 337.
Polignac (De), 197. — (Anne de), ép.
Gasp. 111, maréch.-duc de Châtil-
lon, 90. — (Isab. de), ép. Hélie II
de Ste-Hermine, 118.
Politique relig. (La) de la Révolution
franc., 82.
Pologne, 64, 172, 175, 191, 254 ss.,
361, 364, 365, 372, 376 n., 566. —
(Election du duc d'Anjou comme
roi de), 1573, 485 ss., 532.
Poltrot de Méré (Jean), 502,503, 515, 5Î6.
Pomaret dit Cévennes, préd., 306, 313.
Poméranie, 369.
Pommaret, 289 ss., 300 ss.
Pomponne (De), 146 n.
Poncet (Louise), ép, J. F. de Bon, 58.
Poncet de la Rivière (Abbé), 431 ss. —
(Manuscrit anonyme attribué à)
433. — (Michel), évêq., 426, 431.
Pons, 474.
Pont aux Ails (De). Voy. Durand.
Pontchartrain (De), 9 n., 223. —
(Lettre du Marquis de Durfort de
La Boissière à), 1692, 21 ss.
Pontcherra (Judith de), ép. César de
Rigaud, 61.
Ponl-de-VArn, 564.
Pont de Micoulaud, 298.
Pont-de-Montvert, 243 ss. (grav.).
Ponl-de-Yallongue, 302, 305.
Pont-de-Vault (Le), 356.
Ponlis, 16. — (Col de), 13, 16.
Pontis (Fr. de), sr d'Urtis et de Cur-
ban, 26.
Pontivy (De). Voy. Perrin.
Ponlorson-Cormeray (L'ancienne E-
glise de), 448 ss. — Temple, 450.
Pope (J.), 459.
Popillon (Ant), pas!., 465.
Portai (Henri), 300. — (Olympe), ép.
L. de Ccphise, 59.
Portâtes, 178.
Portrait (Un nouveau) de Coligny, 183.
Portraits de Calvin, 277 ss., 571 n —
264 (Hors-texte)— de MmedeMiin-
tenon 179 ss. (grav.). — du Bann
F. de Schickler, 481. (grav.).
Portron (Deux-Sèvres), 351.
Portugal, 176, 255.
Posen, 396.
Posné, 368.
Potter (Fr. de), 323 n.
Poudrel (Ant.), 24 n.
Pouillet (Moulin de), 352.
Poujade (P.), 410.
Poulain, 456.
Poupart (Louis\ 218 n.
Poupaudière [La), 340.
Poupot (P.), past., 352 n.
Pouquaret (De). Voy. Paine.
Pouquet (Luc), past., 457, i62.
Pouzauges, 551.
Pouzeau, 352.
Poyau (Le), 352.
Poyet (Epigrammes de Cl. Mv '
contre Guill.), 226 ss.
Pradon, past. Voy. Gounon.
Prague, 266 n,
Praille.s, 337 ss., 340, 356, 3b*. :?>
Pranles, 480.
Pré-Conseil, 343.
Precum (Thésaurus), 1601, ir><. V»J
Prédicants, 296 ss.
Prélat (Mot de) sur les Synodes >
P relies, 15.
Prêtres,298,322, 368.— Prosélyte? iii
— tolérants, 163. — Angleterre. • '
Preuilly, 55 ss.
Prévost (J.), doct. de Sorbonne. M*
Prières (Le Thrésor des,. J. de Fer-
rières), 5 43 ss.
Prieska, 93.
Prieuré d'Availles (Le , 335.
Princeton, 268 n.
Princhardries (Métairie (les . "s
Prisonniers, 124, 16S ss., lll n . ..'
259, 362, 363, 366, 369, :t7i. 451 -
465, 566, 568.
Procureurs prot., 290 n.
Projet (AITaire du), 1683, 291. Î0Î ■
Prophètes (Petits), '.30 ss.
Proposants, 562.
Prosélytes, 84, 418.
Protestantisme (Chroniques de* f'<
nements relatifs au), D>SMM*
165 ss., 254 ss., 3f»\ ss., :>(">". s.
Prou (Maurice), 192.
Provence, 12, 16, S<i?>, 441».
Prusse, 263. 266 n. — 'Confr***?» <*
Voy de S. M. le Roty rff . lit*, *-
DE LIEUX. ET DES PRINCIPALES MATIÈRES
613
Psaumes Chant des), 170. 212. 418.—
.Wer 1680 . 363.
Psautiers. 118.
Puaux F. . past. 79, ITT. 188. 261,
2«2, 5r.r».
ruech de Clarou. 296.
Fuech-Méjan, 413. — Voy. Surville.
Puérari Suz. . ép. G. Noël Monod. 378.
Vnihlain. 333.
ftijnlas Cath. ,ép. Ant. Boeslaud. r»T.
Purgatoire Le . 41? ss.
Purtains. 573.
Pussort, 166.
Vwj-Bernaud ^Métairie de\ 353.
l'uylaurens, 421, 560. — Acad. de .
52. 563.
Puy-Limousin, 311.
Puy-Richard, 340.
Puvsieulx De . amba«5.. 109.
Ounireu.r Métairie du\ 342.
^ italien ? Olimpe de . ép. Ant. de
h M aria, Bl.
Hiiartier Kr. . «9.
Qaatrains. — Sur Pliilis de La Charce.
3". — D'un glorieux emprisonné.
CI. Marot), 226.
•hiatrefages Et. . consul. 107 ss. —
François . sr de la Roquette. 402
n . HO. — Jacques . 411. — Pierre
•!c . 402 ss. — Pierre de . fils.
îA3 ss. — de la Hoquette Fuleran
de . 290. — Uean-Rod. de . sr de
Limonest, 410 n. — Louis , direct,
des fermes. U0 n.
Quatre- Vents Les', 3'i2.
Quentin Alex. . 200.
i)uêray Le Deux-Sèvres , 335.
'iuercy \.e . 560.
tyiSreau Métairie du . 358.
'juerilbj. 191.
tjueyras, 11, 13.
rtuimper-Corentin, 113. 116.
y îinaut. musicien. 5G1.
Vvnfv Mas de), 299.
Uabar A. de), cons.. 473. — Per-
fide de . ép. J. de Cazettes, 177.
Ritnut P. . past, 4i6.
Ribaut St-Ftienne, past., 85.— Cinq
lettres inéd. de . 1773, 443 ss.
Riberdît Lar^onneur. 456.
R^ftlis Jud. de . ép. A. de Fillol, 61.
Itngotlière Métairie de La), 350.
Kaimondière [La), 337.
Hajotière .Métairie de la . 552.
Rimbaud Louis , avoc. 52.
R-immazeîn 'Gérard . 153.
Rampon. 2 il.
Ramsay De I, 558 n.
Ranc .Âssembl. du Bois du\ 1697. 293.
Rançon Jeanne . ép. L. Tourton, 57.
Randon. proc, 409.
Randonnières De . — Voy. Cayrol.
Raoul Daniel* , 430.
Raoulquin. — Voy. Bonnefon.
Rapin De . avoc. 61.
Rapport du comte de Peyre sur la
mort de l'abbé Du Chayla [19 août
1102 , 2iS ss.
Rasse des Nœox, chirurg.. 4">.
Ratisbonne. 82. 364. — Diète de .
1686, 259. 310.
Raton Le Deux-Sèvres'. 357.
Raujoux Ant. , 290.
Ravenel. 558 n. — (M.), ép. P. Paris. 150.
Ravissas. curé, 119.
Ré Ile de . 163, 174.
Read Ch. . 482.
Reade Hubert . 527, 530.
Réalmont. 412. 56 L
Réalville De . — Voy. D'Aliès.
Rébelliau Alfr. , prof., 88, 24 I.
Récit véridique... du désordre qui
s'est produit récemment à Paris...
Cracovie, 1573), 499 ss.
| Recollette De . — Voy, Aubignac.
Recoupelles [Ricou], 357.
Recrues 1701 . 250.
Réformateurs Le Mur des Genève .
265 ss., 261 (grav. . 269 (grav. .
Réformation Fête de la Marseille
1908) 91.
Réformation Monum.de la Genève
Si, 264 ss., 261 grav. , 269 grav. .
— Souscription au , 261 ss. 4S0.
Réforme Les origines de la fmbart
de la Tour . 2^4 ss.
Refrégier. curé, 298, 315.
Refuge. 2S0. — Sud de l'Afrique,
92 ss. — Allemagne. 116. 263, 280.
422. — Amérique, 474. — Angleterre
166, 176, 221, 280, 364. 122, 472, 479,
558, 574. — Berlin, 176. — Bran-
debourg, 422.— Genève, 71, 198, 321
ss. 327 n. — Lausanne, 82. — Pays-
Bas, 128, 166, 263, 280, 361, 362. 463,
558.— Prusse, 263. — tare, 122.—
Suisse, 169, 256, 280, 294, 361, 177.
— 1693-1699, 97 ss. — Monnaies
en usage dans le i 1685-1715, 72.
Refuge. [Suz. de . ép. Froté de Sey. 453.
Réfugiés franç. à Genève 'Décès de).
1681-1710, 50' ss.
Réfugiés franc Les en Puisse de
614 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PEBSOHHES
1693 à 1699 et la Convention entre
Berne et les cantons évang., 91 ss.
Régale L: . V *
Registre mortuaire de Genève (1681-
1710 . 50 ss
Registres prot. — Pontorson-Cor-
rneray, 448 as.
Règle La Deux-Sèvres , 356.
Régné Deux-Sèvres , 349, 3"^ 55.
Régnier. 456.
Regoumier Q.i. sf de Poisioux, 464.
Reflhan Jacq. , 405 s=.
Reims. 480.
Reinach S. et Servet 399 ss.
Reinaud Madel. , ép. J. Vigut, 64. —
Voy. Renaud.
Reitres allemands.. 500 ss., 512.
Recrues l
Remolin De , 55.
Remoa Saint-Gilles, 456-
Uenan Ern. . Z~.2.
Renaud Toinette . ép. A. Corège.
63. — Voy. Reinaud.
Renaudière lui . 340.
Reneu. 17*.
Renonciére Métairie de la , 350.
Républicain Esprit des prot.. 114.
Requête de Mme de Brail de Mou-
lens à Baville 1686 . 423.
Ressaire .L. . not.. 290.
Restauran Anne de . ép. de La Tour
de Laleau. 65.
Reuss Ed. . prof.. 278. — R. . 79,
177, 261 . 262. 569.
Réveillaud Eog. ., dépoté, 380. 47 i-
Reterserie Im . 34*.
Revêt ison La , 341.
Révocation de 1 Edit de Nantes _ _.
366. — et Christine de Suède. 1k7 ss.
— et le pape Innocent XI. 370. 371.
373. — Avant et après la , 165 55..
25* ss.. 361 ss.. 565 ss.
Revol César;, 5*.
Révolution fran« . La politique relig.
de La), 82.
Hey Osar . pasL, 5». 5*. — Fuleran .
propos., K.9 n. — Marc . 58.
Reynaut, curé, 201.
Reynol Lozère 250 n.
Rhues Les , Deux-Sèvres , 33*.
Ribard (C. , past.. 250 n., 290 n.
Ribaut Halth. , chirurc'.. 73.
Riberolles Ci. . 200.
Riberolles Métairie de . 3 .2.
Riboudeault, 465.
Ricard, 413. — At.n de , 63.
Richard Marc , 4&.
Richardière La , 343.
Richaut Anne de , ép. Ban h ie
Marolles, 63.
1 Richelieu, 121. — Gard, de . rrt.S'J
j Richemond De . — Voy. Mes-bin-M
1 Riche t Deux-Sèvres , 330.
I Richerille, 172
j Richner. sénateur, 115.
Rieonnières (De> — Voy. Durand
Ricou Deux-Sèvres . 357.
Ries, 53
Rieux Suz. de , ép. J. d AuterilK k-4
Rigal Françoise . ép. M. Caudir. 4jî 2
Rigaud, not., 477. — César Je . >• :*
Montjoux, 61.
Riggauer \y , 78.
Bignelaire, 335.
Rignol Marie . ép. G. Flour, ~>\.
Rimtjaudière La . 343.
Rimond. past.. 464.
Ringère Isaac de , curé, 54* >*.
Ripailles Deux-Sèvres , 330. 347
Ripaudiè re La , 348.
RiquevriAr. 90 n.
Ristolas, 11.
Ritter fEog.), 86 ss., 1*7. 282
Ritterchusiuse, 144.
Rival L'Ombre de son . 157 >■>
Rival Pierre . past., 82.
Rizaud Le . 358.
Rice-de-Gier.*0.
Rivet André , past.. 2! 4.
Rivier Th. . past. 186.
Rivière tBarth. . libr.. 143. — I-
doct. de Sorbonne. SU n.
Rivières Les , 354.
i Rivoire de la Bâtie, 3t.
j Roanne. 410 n.
1 Robert Jeanne de . ép. J. d \ru*t* :
54. — Correspon dance de >■■■!*
lient, partie. 473 ss.
, Robertet Complainte de Flmimmm i
j 1527. 47.
Roberty Claude . »»5. — j \ m ,
376. 4*4. 571. 572
I Robespierre. 84 n.
Robin, archer. 552.
Roch J. . lient.. 6!
1 Rochas. 28 n . 34.
! Roche La) (D-Sèv , 333. 137. 2 ii. * :
Rochebonne De . — Voy (ùraUc •
Roche-Cétel Col de . ! i
Roche cTAron La . 353
Roche-Gouptlleau La . 3iS
Rocoppude Marqui* de . Si,
; Rochemood Jacq. de . npit ** •
DE LIEUX, ET DES PRINCIPALES MATIÈRES
61 o
Hoche Pincher [La), 355.
Roche-Rimbaud (La), 348.
Rochester (Jean de), 1G0.
Hochet ant, 337, 357.
Rochette (La), 334.
Rœderer, 532 ss.
Roehrich (H.), past., 572 n.
Roesson-Laillerye, 450.
Hotruenant (N.), doct. de Sorb, 151 n.
Rognes (Seigneurie de), 409.
Rohan (Portraits d'enfants de la
famille de), 556. — (Duc de), 1686,
170. — (H. de), 411. — Soubise
Benj. de . 540. — Voy. Parthenay-
Larchevèque.
Roland (Mlle), 176.
Rolland, missionn., 04.
Rom (Deux-Sèvres), 348, 349, 352.
Romagnac (Hugues), past., 65 n.
Roman Uranie), ép. Getteau, 62.
Roman (Deux-Sèvres), 356, 357.
Romans Drôme), 60, 542.
Rome, 14 ss., 131 ss., 167 ss., 172,
256 301 ss., 373, 565.
Romilly, 178.
Rom me ;Jean de), maît. d'école 212 ss.
Rommilley (De). — Voy. d'Auteville-
Ronce (Lu) (Deux-Sèvres), 355.. —
Moulin de), 352.
Ronze La {ici.), 341.
Roque Marie de), ép. Vigneviel, 54.
R ' jitecourhe, 564.
Ro>{uedur, 299.
Roquevidal (Chât. de), 422.
Rosnns, 30.
Roschach, 253.
R.see Etienne), 322.
Rosel ou Roset (Françoise , ép. Fr.
Malle. 03.
Rossard (De). — Voy. Martinet.
Ro^sel d'Aigaliers, 425 n.
Ro<t (Nie. de), curé, 200.
Rottan [Perhiis), 15.
Rotscheidt (\V.), past., 270. 397 n.
Itntt K . 79. 81, 177, 261, 262.
Rotterdam, 463. — Portrait de Calvin,
390 <s.
RVniey Comte de), 206 n.
Roudel, 402.
Rouen. 58, 162, 165, 166. 191, 367,
370 n.. 4N0, 505, 541.
Rouère. not., 477.
Rouergue, 560.
Rouillé, 350. 353, 354.
Rouillier, 363.
R«Miph Jeanne-Ant.), ép. J. Roch, 61.
Rouquette (Abbé), 6 n.. 244, 274. —
Elude sur les Fugitifs du Lan-
guedoc, 466 ss.
Rouspeau (Yves), 86 ss.
Roussel (Jean), 317.
Houssillon (Moulin de) (D-Sèv), 359.
Uoussy, 412.
Rouvière, juge, 248. — (J.), past., 03-
llouville (Chât. de), 309.
Rouvre, 335.
Houx (Marg.), ép. J. de Baudan, 64.
Roy (A.),201 . — (Maur), cons.,192, 479.
Roy an, 480.
Roye (Comte de), 255. — (Comtesse
de), 255, 571.
Rozel (J.-Fr.i, commiss., IN!).
Rozier, commiss. subdél., 433.
Ruault, 462.
Rue (La Grand), 342.
Rueil, 480.
Ruer (Louis), sr d'Escures, 460.
Ruffier (Jean), past., 60.
Ruffigny (Deux-Sèvres), 336.
Ruisseau (id.), 346.
Hully (Baron de). — Voy. Si-Léger.
Russie, 372.
Riitgers, prof., 391.
Ruvigny (Marquis H. de), 171, 176, 366.
Ruy ter (Amiral), 120.
Ry (Grand) (D-Sèv), 538.
Ryé (Pierre), 458.
Ryswick (Traité de), 1697, 106.
Sabatier (Alexandrine), ép. Ant.
Maurice, 58.
Sahlairolles, 564.
Saché, 363.
Sacrement (Compagnie du St),88, 473.
Sai (De). — Voy. Sey.
Saillans, 22 n., 36 n.. 4S0.
Saillens (R.) past., 572 n.
Sailly (Marquise de) | Françoise-Adé-
laïde de Sainte-Hermine], 123.
Sainclemarie (Jacqueline de), ep.
J. Bysson, 454.
Sainl-Aff'rique, 407, 480.
Sainl-Agnen (Michel de), 456.
Sainl-Ama?is, 564.
Saint-Amant (De). — Voy. Gérard.
Saint-André. — Voy. Commelin.
Saint- André-de-Lancise, 248.
Saint- A ndré-de- 1 dit» . , 2!)!), :ti)7, 311.
Saiul-André-du-Coing (De). — Voy.
Quatrefages.
Saint-Antonin, 62, 560, 564.
Saint-Aubin , 346.
Saint-Barthélemy (La), 384. — La
version du duc d'Anjou. 485 ss.
616 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES
Saint-Bonnet (Hautes-Alpes), 17, 20.
Saint-Bonnet-de-Sallendrenques, 289,
Saint-Cennn, 407.
Saint-Chamond, 480.
Saint-Christophe, 335.
Saint-Ciergues, 59.
Saint-Clément, 15.
Saint-Clou (De). — Voy. Douessay.
Sainl-Cloud, 480.
Saint-Contest (De). — Voy. Barberie.
Saint-Cosme (De). 243 ss.
Saint-Coutant, 346, 349.
Saint-Crépin, 15.
Saint-David, 568.
Saint-Denis (Abbaye de), 34. — (Bat.
de), 499.
Saint-Didier. — Voy. Quatrefages.
Saint-Dié, 480.
Sainte-Blandine, 339.
Sainte-Croix-de-Caderles. 296.
Sainte-Eamie, 354 ss.
Sainte-Foy-la-Grande, 480.
Sainte-Hermine (Anne - Marie - Fran-
çoise de) [« Minette »], comtesse de
Mailly, 119, 121 ss. — (Arnaud de),
118. — (Françoise-Adélaïde de),
marquise de Sailly, 123. — (Hélie,
comte de), lieut. gén., 119 n., 123,
125. — (Hélie II de), 118. —
(Hélie III de), sr de la Laigne,
119 ss. — (Henri-Louis, marquis
de), cap. de vaiss., 119 n., 123. —
(Jean de), gouv., 118. — (Jean de)
fils, 118. — (Jean-Pharamond de),
lieut.de vaiss., puis abbé, 119 n., 123.
— (Joachim de), 118. — (Joachim
II de), 118.— (Joachim III de),srdu
Fa, 119. — (Madeleine-Sylvie de),
ép. Alex. Dexmier d'Olbreuse, 119,
120, 126. — (Philippe, chevalier de),
lieut. de vaiss., prisonn., 119 n.,
123, 126 ss.
Sainte-Marthe (De), 144.
Sainte-Néomaye, 356, 357.
Saintes, 121, 473 ss.
Saint é-Soline, 349.
Saint-Estienne (De), précepteur de
Marie Stuart, 415.
Saint-E tienne, 422, 480.
Saint-Etienne-de- Val franc es que ,293n.
Saint-Félix-de-Palières,29l, 294, 309.
— Temple, 291, 292.
Saint- Ferréol (De), gouv., 18 n.
Saint-Fulgent, 555.
Saint-Gaîl, 99 ss., 375.
Saint-Gelais} 335.
Saint-Georges-de-Gréhaigne, 458.
Sa int-Georges-de-No iné, 332 .
Saint-Germain (De), cons.. 26.
Saint-Germain-de-Galberte, 250 n.
Saint-Germain-en-Laye 480. — (Chil
de), 121. (Paix de) 1570, 501, T,|ï
Saint-Gilles. Voy, Remon.
Saint- Gorgon, 478.
Saint-Guigues (Le Plan), 16.
Saint-Guillaume (Le Mont), 16.
Sahit-Hilaire (Deux-Sèvres , 334.
Saint-Ilippolyte-du-Fort, 63. 291, !>0C
307, 309, 317 n.
Saint-Jean-Chambre , 52.
Saint-Jean d'Angély, 474, 480. oOi . —
(Hist. de) (E. Réveillaud, 1909 . 4"
Saint- Jean-d' Argonnet, 259.
Saint-Jean-de-Védas. — Voy. ^am-l
Saint-Jean-du-Gard, 53, 59.
Saint-Julien, 17.
Saint-Julien (E. de), ép. J .L. Mas<=et .
Saint-Jus t (Gard), 408 n.
Sain t-Just-en-Cha ussée , 180.
Saint-Laurent (Mlle de), 12." ss. —
(Louis de), cons., 64. — de Marti
net (Samson de), 56.
Saint- Laurent-du-Cros, 17.
Saint-Léger (Deux-Sèvres), 343.
Saint-Léger (J. de), baron de RuIly.U Y
Saint-Leu, 178.
Saint-Maixent, 332, 335, 354.
Saint-Malo, 370 n.
St-Marcel-de-Fonsfouillouse, 250. 299,
305.
Saint-Marcelin, 61.
Saint-Martin (Col), 13.
Saint-Martin (De), cons., 173, 255.3^9
St-Martin-de-Corconac, 298, 305, 311
Saint-Martin-de-Lansuscle, 480.
Saint-Martin-de-Pamprouxf 354.
Saint-Martin-de-Prailles, 339.
Sl-Martin-de-St-Maixent , 332,333.'3': .
Saint-Michel (Prise d'armes de la
1567, 487 n., 499.
Saintonge, 473. — (Le Protrsl. en>
au milieu du xvm» s., 162 ss.
Saint-Paul-la-Coste, 305.
Saint-Paul-Trois-Chdteaux, 55 s«
Saint-Pierre. Voy. Barberot.
Saint-Pierre (De), 27.
Saint-Pierre d'Oléron, 480.
Saint-Pons (Dioc. de), 54, 564.
Saint-Quentin (Aisne), 216 n., 320
Saint-Quentin (Gard). 438.
Saint-Homan-de-Codières, 291.
Saint-Sauvant, 34S ss.
Saint-Sébasticn-d' Aigre feuille, 304
Saint-Second, 567.
DE LIEUX, ET DES PRINCIPALES MATIÈRES 617
Saint-Servan, 458.
Saint-Simon (Duc de), 122, 127.
Saint-Sonnin (De). Voy. Pières.
Saint-Ussans (Abbé de), 151 n.
Saint-Vallier, 5G.
Saint-Véran (Pierre de), cons., 64. —
Voy. Montcalm.
Paint-Vincent (Deux-Sèvres), 343.
Saivres, 332 ss.
Salavy (Marg.),ép. J. Mascarenc, 42 1 -
Sales ^Pierre), 412.
Salies-de-Déarn, 480.
Salignac de La Mothe-Fénelon (Bertr.
de^, ambass., 495 ss. — (Lettre de
Charles IX à), 24 août 1572, 535.
Salles (Deux-Sèvres); 352 ss.
Saline (Jérôme), past., 465.
Saltet. Voy. Morin (Jacq.).
Saluées, 493 n.
Salviati ;Prince de), 256, 527, 528.530.
Sans-Pareil vLe navire), 119.
Saraudière [La), 333.
Sarazin (13.), 547 ss.
Sarjiy De). Voy. Martine.
Sarrasin (L.), curé, 289.
Sarrau (Paul de), sr de la Brande,
477. — (Pierre de),' 477.
Sarret (D. de), ép.Ch. Des Hours, 403.
Sartoris, past., 190.
Saudau (L.-C), 475.
Saudrayn, 461.
Saugé, 333.
Saugou, 350.
Saujon, 480.
Saulx (Pierre de), past., 457. — (De).
Voy. Chevalier.
Saulx-Tavannes (Maréch. de), 485,
496, 511, 513, 533, 540.
Saumane, 299.
Sa«mur,61,480,542.— (Acad.de), 80,563.
Saurin. — Voy. Sorin.
Saussans (Françoise de), ép. César
de la Tour, 30*.
Saussure (MM. et Mmes de), 382, 385.
Sauvagère (La), 350.
Saute, 293 n. — (De), 496.
Sauzée [La), 343.
Savaète (Arthur), 87.
Savary (Eust.), curé, 179.
Savenières (Nie), 200.
Satines, 13, 14, 16, 21.
Savoie, 7 ss., 170, 257, 361, 365 ss. —
.Prince Eugène de), 7 ss., 10 ss.
20 ss.,363. — (Gabr.bâtard de), 258.
Savornin (Judith), ép. P. Maurice, 56.
Savournin (M.), ép. Cl. Deferron, 57.
Savrelle, 358,
Saxe, 367, 375, 422.
Saxon, 173.
Say (Louis), 64.
Sayous (A.), 395.
Schafbury (De). Voy. Shrewsbury;
Schaffhouse, 99 ss., 477 n.
Scharflenberg (Nie), imprim., 489.
Schefîer (Ary), peintre, 278.
Schelandre (Jean de), 80.
Schickler (Emmanuel), past., 482. —
(Baron F. de), 79, 80, 81, 177, 261,
262, 388 n., 472, 569. — Lettre au
directeur du Gaulois, 185, 262. —
Art. nécrol. et portrait, 481 ss. —
(Bne F. de), 569.
Schiller, 270.
Schlatter (W.), prof., 270, 396.
Schleswig-Holstein, 374 n.
Schmied, 571 n.
Schoell (Th.), 82 ss., 87 ss., 178 ss.,
281 ss., 284 ss., 2S6 ss:
Schomberg (De), 1572, 535. — (Ma-
réch. de), 128, 176, 254. 363, 365. —
(Comte Ch. de), 10 ss., 29, 299.
Schroeder (A.), prof.. 394.
Schubert (H. de), prof., 376.
Schulze (M.), 397.
Schùtte (IL), past. 270.
Schwarz (Rud.), past.; 6 266, 396.
Scion (Suz.), ép. J. Broutier, 55.
Scopon, 408.
Scorbiac (De), 477.
Séances du Comité. — 24 nov. 190S,
79. — 11 janv. 1909, 81. — 9 fév.
1909, 177. — 9 mars 1909, 261. —
11 mai 1909, 262. — 8 juin 1909, 569.
Séchia, 24.
Secrétan, past., 376 n.
Sedan, 457, 480, 556.
Segonzac, 574.
Séguier (Le chanc), 364. — (Pierre)
présid., 518.
Séguier (Pierre-Esprit), 243 ss.
Ségur (Anne de), ép. J. de Viçose, 477,
Seignelay (Marquis de), 120, 125, 166.
362 n. — (Marquise de\ 362 n.
Seigneur, 456.
Seippel (P.), 396.
Sell (K.), 397.
Semery (J. de), sr de Camas, 321. —
(Marie de), ép. J. Crommelin, 321.
Senebier, 410 ss.
Sénégats. 564.
Se?is, 170 ss.
Sepvret ,342, 343, 346, 348.
Sergy (De). Voy. Sargy.
Sermon du Bon et du Mauvais Pas-
(H8 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES
Leur (1539), 130 ss. — Notable pour
le jour de la dédicace (Cl. Marot,
1539), 130 ss.
Sermons, 82. — Msc. 80.
Serpe {La) (Deux-Sèvres), 348.
Serre (Jérôme), gai., 440 ss., 575 n.
Serre (H.-Alpes), 26, 63.
Serres (Jean de), 500, 5C8, 539.
Serrel (Le) (Vienne), 351.
Serval, past., 280.
Servet (M ), 61, 70, 268, 212, 416. —
et Calvin, 6 n., 391 ss., 512. — et
M. Salom. Reinach, 399 ss. — Mo-
nument de Vienne, 400.
Séverac (David), capit, 299, 315, 311.
Sevestre, 462.
Sévigné (Mme de), 34.
Sèvres, 480.
Sey (De). Voy. Froté.
Seyne, 10.
Shaftesbury (Comte de), 573.
Shrewsbury (Comte de). Voy. Talbot.
Siam (Ambassad. de), 1686, 561.
Sibaudière [La), 339.
Sibilleau, past., 556.
Sicard, 474.
Sidley (Mlle), 175.
Sigottier. — Voy. La Tour-Gouvernet.
Silésie- 278, 370 n.
Sillot (Marie de), ép. M. de Vesc, 60.
Silvestre, 178.
Siméon dit La Plume, proc, 405 ss.
Simmern (Duché de), 63, 259.
Simons (E.), 397.
Singleton (Walter), 459.
Sisteron, 12, 17 ss., 40 n.
Six-Chiens (Deux-Sèvres), 341.
Smend (Dr J.), prof., 270.
Sobieski (Jean), roi de Pologne, 364
ss., 372.
Société des Textes franç. modernes, 80.
Sodeur (G.). 268.
Soignon, 354.
Soissons (Comtesse de), 363.
Soldats prot. (1686), 172.
Soleil, past. au Vigan, 65.
Soleure, 109.
Solier (Pierre), 250 n.
Solier (Mas du), 296.
Sommières, 59.
Sorbin (Arnault), 539.
Sorin (Jacq.), avoc., 6i.
Soubise (De). — Voy. Partbenay-Lar-
chevêque, Rohan.
Souchat, 33.
Souchet (Jacq,), sr de Morel, 56.
Souci (Le) ^Deux-Sèvres), 353, 359.
Soudan (D-Sèv.), 352 ss.
Soudorgues, 291, 296, 298, 305, 31Î-
Temple, 292.
j Souesmier, 456.
Soufize (Laurent de), 65.
Souil (Le) (Deux-Sèvres^, 346. 357
Souillaud (id.), 353.
Souilly (Eglise de), 219 (grav. -
(Le prieur de). — Voy. Frotte.
Souilly-Anjorrant, 202. — Voy. Ad
jorrant.
Soulié (Jacq.), capit., 62 ss.
Soullier (J.), 572.
Sourches (Mémoires du Marquis ét
167 n., 168, 175, 255 n., 259 n.
Sous-le-Bois, 332.
Soustelle, 293 n.
Souverain (Matth.), past., 551 s*.
Souvigné, 354.
j Sozin (J. dej.ép. L. de St-Laurent, <•*
i Spelman, 144.
j Spencer, 144.
Spener, 270.
Spoelstra(C), 94.
Spon, 144.
j Sponde (De), 162.
Staffarde (Bat. de), 1690, 7.
Stapfer (Doyen Edm.), 96.
j Stark (W.), 396.
Statue en détresse (Sauvi>tat'r il un»
[Philis de La Tour La Cbarcr . ".
Stein (H.), 206.
Stirum (Comte), 371.
! Stockholm, 571 n.
| Stoel (Van der), grav., 95.
j Stordeur (Jean), 272, 327 n.
j Stouppe, past., 475.
: Strasbourg, 158, 277 ss., 373 n . XV
I 391. — (Université de , 37(5 n
Stroehlin (E.), prof., 130.
Strowski, 281.
Strozzi, 200.
Stuart (Marie) (Son recueil de thrmti
et Calvin), 415 ss.
Slura (Vallée de la), S, 12.
! Suède, 369, 566.
: Suffise (Cl. de), ép. A. de Ferréol, •!
1 Suisse, 172 n., 367, 368. 123. Rt
fuge en), 169, 256. 2S0. i8t, *>♦
361, 477. — (Les Kéfugié? frtn
en) de 1693 à 1699 et la c ouvent: s
entre Berne et les canton* »m>o
géliq., 97 ss. — (Le jubilé de U&hu»
en), 37 ss.
Sully [lire/ dll pape Paul V à), I «t. —
[Mémoires de), ?»39.
Sumènc, 305, 401.
DE LIEUX, ET DES PRINCIPALES MATIÈRES
Superville (Dan. de), past.. 311. j
Suppliau <Jacq.), 451, 453. i
Suppligeau. 451. — (Jeanne), ép.Abel
Gaullard, 461. — (Rachel), ép. Gabr. j
Gainas, 461.
Sûreté Places de), 448. '
Surville Henri de), sr de Puechmé- !
jan. 410. — Jean , capit., 405 ss.
>u:e Piémont), 8. j
Syndicat (Un) en Dréaunèze en j
1» 5 î . 411 ss. I
Synodes, il 9, 560 ss. — (Mot d'un
prélat sur les], 562. — (Commis- j
saires royaux auprès des), 561 ss. !
— Claye (1601), 204.
'i^able gén. du Bulletin, 80.
taillades De), 21.
Taixoire (Ph.), sr du Béarn, 461.
Taizé Métairies de), 34(J.
T dbose (De). — Voy. Luppé. j
Talbot, comte de Shrewsbury, 254 ss. ;
Talbot du Hamel, ebirurg., 461. i
Tallard Chat, de), 20, 32. 1
Tdlun Marins), 188, 430. j
Talon (Orner), avoc. gén., 257, 567. |
Tandon Jean , past., 50, 63.
Taru't. — Voy. Guyot. i
Tannel. — Voy. Tanet. j
Tanon Présid.), 79.
Tnrbuis, 172. j
Tardif ^Gabr.) sr de Moidré, 454. — ;
Suz.;, ép. J. Dallibert, 454, 450.
Tarente (Princesse de), 1686, 175. j
Tarouenne (Deux-Sèvres), 346. j
Tartares. 372. ;
Touché (Deux-Sèvres), 339. i
Tavernicr (J.-B.), voyag, 149, 152. s
!></<V Deux-Sèvres), 349.
Teillée La; (Vienne), 352.
Tei^sier Fr.) viguier de Dur fort, 169
n.. 29», 366. — (lsaac), past., 291. i
Témoignages rendus aux nouv. conv. ■
du bauphiné (1692), 17, 21 ss.
Temples. — Castres, 560. — Chdlon- I
mr-Saùne, 465. — Claye, 195 ss. — I
Colognac, 291. — Cormeray, 462. — :
Cros, 291. — Dur fort, 292. —
irdmi, 324 ss. — Languedoc, 418,
421. — Lasalle, 291. — Les Plan- i
fi>rs,2o. — Monoblet, 291. — Mont- \
pfllier, 432 n. — Mouchamps, >
:>4" ss. (grav.) — Nîmes, 417. —
Orange, 417. — Pontorson, 450. — :
Sew~Rochelle, 47 4. — Saint-Félix, i
291. 292. — Saint-llippolyte, 291.— j
Soudorgues, 292. — Thoiras, 292. — :
Uzès, 418. — Valérargues, 436 n.,
576. — Valestalières, 291. — Ville-
goudou, 560.
Tendon, past. — Voy. Tandon.
Téqui (P.), 249.
Terchaut (Vicomte de), 459.
Térouanne (Pays de), 478.
Terraudière {La), 351. .
Terribilis vere locus iste (Sermon), 130 .
ferlasse {La) [Genève], 382.
Tessé (Maréch. de), 10, 24, 36, 189.
Tcssoires. — Voy. Taixoire.
Test (Serment du), 165, 170. 565.
Testard (Veuve), 222.
Testuz, past., 465.
Teulon, 178.
Teverni, lieut., 539.
Texier, viguier, 366. — Voy. Teissier.
Textes franç. modernes (Soc. des), 80.
Teyssonnières (David), dit La Vio-
lette, 307, 311.
Théâtre du Monde {Le) 152 ss.
Théligny, 524.
Thème (Un) de Marie Stuart, 415 ss.
Théobon (Comte de), 371.
Théron, 93.
Thésaurus precum... (1601), 158, 543.
Thiange (Marquis de), 168..— (Mar-
quise de), 256.
Thibaudière (La), 333.
Thierry (Lettre de Sam Chappuzeau
au libraire), 1686, 141 ss., 151. —
Badoire, lapidaire, 533.
Thiers (Isab.), 59. —(Jean), past., 59.
Thille, 336,
Thoiras, 292. — (Mme de), 280.
Tholozan(E.), past.. 112.
Thomassin (Eust.), curé, 206, 223 n.
Thorigné, 337. 339,340,342. — d'Avon,
354.
Thou (De), hist., 507, 508, 511, 515,
540, 541. — (Christ, de) premier
présid., 518, 525.
Thrésor {Le) des prières... (J. de Fer-
rières), 543 ss.
Thuret (J.), 220.
Thurgovie, 266.
Ticier, past., 564.
Tiellent, 455.
Tillac (De). — Voy. Luppé.
Tillard, 462.
Tilly (Mme de), 459 n.
lindeure, 333.
Tinefort, 356.
Tingiïs (Prince de), 176.
Tissard (Dan.), sr de Biche-Touche-
ronde, 203 ss.
620 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES
Tissier, past. — Voy. Ticier.
Toqgenbourg (Le), 482.
Tolérance, 419. — (Locke et la), 573.
Tomasset (J.-Fr. et Sam.), 52.
Tombebœuf, 54.
Tonnay-Charente, 474.
Tonneins, 480.
Torcy (De), 364.
Torras (Marie), ép. Fr. Menet. 443.
Tortat (Gaston), 474.
Toscane, 492 n., 531.
Touche (La), 338, 343, 351. — (Métai-
ries de), 341.
Touchc-Esnard (La), 343.
Touche-Poupard (La), 332.
Toucheronde. — Voy. Biche.
Touches (Les), 340, 350.
Touches-Moreau (Les), 352.
Toulouse, 60, 64, 169, 419, 480, 505 ss.
Toulouson (Marie), ép. J. Thiers, 60.
Touraude (De). — Voy. Gouyon.
Toures, 32.
Tourmyne (Ch.), s* de la Hyonnière,
455, 461.
Tournai, 174.
Tourneux, 371.
Tournier (Paul), not., 421 n.
Tournois (Evaluation de la livre) dans
les pays du Refuge (1685-1715), 72.
Tournon d'Agenais, 477.
Tournon-sur-Rhône , 479.
Tours, 59, 80, 121, 261, 480, 505.
Tourton (Louis), not., 57. — (Paul),
53. — Voy. Turton.
Toussain (Pierre), 478.
Toyras, 292.
Trahan (Rade de), 568.
Traités (Prétendus) des prot. de France
avec les princes étrang. (1685), 366.
Tranchard (Le chev.), 99 n.
Transylvanie, 278.
Trapaud, 178.
Tremblez (.lacq.), 378 n. — (N..), ép.
Puérari, 378 n.
Trémel, 216.
Tremellière (La), 346.
Trémollière (Pierre), 63.
Trémont, 358.
Tresmoullet (A. de), sr deChassère, 57.
Tressauve, 336.
Tresse (Métairie de la), 358.
Trevin, 337.
Tricot (Gasp.), past., 205.
Trie (G. de) 378 n. — et Scrvet, 397
ss. — (Marie de), ép. Jean de Nor- I
mandie, 378 n.
Trièves (Le), 18, 30, 63. I
Trinquier (P. de\ sr de la Plaine, 42*
Tripozeau, 335.
Trocadéro (Séance du) 1" nov. 190?.
569, 570 ss.
Troeltsch (E.), prof., 270, 39:.
Troillet, 67.
Troisvalletz (J.), 200.
Trolliet, 67.
Tronc (Chat, du), 280.
Tronchin, prof., 147 n.
Tronchin (Collection) [Portrait
Calvin], 391.
Trossière (P.), régent, 52.
Trouvé, 456.
Troyes, 167, 542.
Truc (Gonzague ), 273.
Trumball (Le chev.), 168.
Tscherning, 391, 394.
Tubingue, 6 n.
Tublier (Métairie du), 342.
Tunis, 480.
Turenne (Maréch. de), 10, 214.
Turin, 7 ss., 188, 257.
Turler (D'IL), archiv., 73 ss.. 99 n
Turpin (MagdeL), ép. Abr. de Chrux
461. — (Pierre). 454.
Turquan (Sid.), ép. J. Anjorrant. 20
Turton (CL), 53. — Voy. Tourton
Ubaye (Vallée de Y), 8.
Unal (Et. et Gabr.), 404 ss. - \
Dunal.
Upsala, 571 n.
Urbain (Abbé), 87.
Urbain VIII, pape, 370.
Urtis (Mme d'), 29. — Voy. Ponti*
Utenhove (Jean), 322.
Utrecht (Traité d'), 1712. 23.
Uzès, 55, 57, 58, 426 ss. — IMa»c •!
Castel, 429 (grav.), '.Il n. 112 n -
Ce qui reste du pilori du roi. 13
(grav ). — Temple (1 670 41 S.
Vabre (Tarn), 56 i.
abres (Aveyron), 407.
Yabres (Gard)', 296.
Vacherie (Métairie de la), 343.
I acquières, 408 n.
Vaernewyck (M. van), 323 n
Vaganay (Hugues), 86
Yagnas, 430.
Vaîavoine (De), 21.
Val-Chevaleureuse (La), 30.
Valdeyron (P.) dit Languedoc. M
Valence, 62, 480, 485, 542.
Valenciennea, 323.
Valentinois, 10.
DE LIEUX, ET DES PRINCIPALES MATIÈRES
621
Valérargues, 427 (grav.), 575 ss. —
(Temple de), 436 n., 576. — (Affaire
du prieur de), 1701, 425 ss. — La
Basse-cour du prieur, 435 (grav.),
Valestalières, 290.— (Temple de), 291.
Valette (Abbé), prieur de Bernis,
245 ss. — Voy. Vallette.
\ algaudemar, 17.
Valgrave (Lord), 257.
Valkenier, envoyé hollandais, 108 ss.
Valleraugue, 299, 303, 306, 311, 430.
Vallette (G.), 396 n. — Voy. Valette.
Vallon [Le) [Genève], 385.
Yallongue (Pont de), 302, 305.
Vallotôn (P.), 572.
Valmalle, 300 ss., 311.
Vulsauve (Abbaye de), 576.
Valtier (Dr), 373.
Vanrais, 348 ss.
Varanges (De), commiss., 442.
Vareilles (Jacq.), 53.
Varcnne, lieut.-col., 172, 178.
Varel, doct. de Sorbonnc, 546 n,
Varette, 55.
Varin, propos, 281. — La Rivière, 456.
Vais (Col de% 8 ss., 13 ss.
Varsovie 'Diète de), 1573, 485 ss.
Vassol (Anne), ép. Laz. Bonneau, 60.
Vassy (Documents inéd. sur le Prot.
à . 278 ss. — (Massacre de), 505.
Vassy (Jacq. de), sr de la Forest, 452.
Vau (Le), 340. — (Métairie de la), 342.
Vaudoisdu Piémont, S ss., 13 ss., 55,
105, 171, 254, 257, 258, 260, 299,
m ss., 366, 368, 370, 372, 565 ss.
- et Calvin, 272.
Vaudra; ^Claude de), sr deMouy, 492.
Vaugelas (De). — Voy. Lagier.
Vauluisant, 48.
Vaulx (J. de), 205 n. — Voy. Vaux.
Vaumoreau, 336.
Vausage, 349.
Vauvert, 480.
Vaux De). — Voy. Du Breuil, Vaulx.
Vaynes (De), 178.
Vé'bron, 53.
Vcdeau, cons, 364, 365, 368.
Velct (Paul), avoc, 64.
Venisetm, 361, 372 ss., 528. — (Am-
bassadeurs de), 497, 505, 527, 529,
530, 540, 541.
V en nés. — Voy. Veynes.
Venours, 350.
Vera et brevis ilescriptio tumultus
postremi gallici lutetiani... (Craco-
vie 1573) 489 ss.
Viras (Prieuré de), 21.
Verbysson (De). — Voy. Lohier.
Verdemilet (Rod.), 454.
Verderine, cons., 59.
Verdun (Saône-et-Loire), 465.
Vergne (Ch.), past., 65.
Vergue (Métairie de la), 342.
Vergor, 355.
Vérité (La) cachée... (Moralité), 229.
Verne [La cour de), 351.
Vernède, curé, 299, 315.
Vernejoul (E. de), past., 91.
Vernet (Alex.), past., 443, 446 ss.
Vcrneuil (Duc de), gouv., 418, 420.
Vemoux, 480.
Véron, curé de Charenton, 205.
Verrière, 333.
Verrines, 340 ss.
Fe>*ai7Zes,175,261,480,567.— Musée,41.
Vertron (De), 35.
Vesc (Marc de), 60.
Vestier. — Voy. Vestieu.
Vestieu(J.),309. — (Marion), 309, 313.
Veuillot (Louis), 88.
Veynes, 20, 56, 57.
Veyrel (Sam.), 473.
Veyres (J.), sr du Buy, 57.
Veyret, avoc, 290 n.
Vevey, 56.
Vexin, 273.
Vezins (G.), prieur, 442 n.
Vial (Jacq.), 59. — (Vinc), avoc, 64.
Viala (M.), past. — Lettre à Ant.
Court (1740), 329.
Vialas, not., 424.
Vialas, 480.
Viane (Tarn), 564.
Viard (P.), capit., 59.
Vibron. — Voy. Vébron.
Viçose(J. de), sr de Genebrières, 477.
Victor-Amédée 11, de Savoie, 7 ss.,
171, 257 ss., 361 ss.,368 ss., 565 ss.
Vieilleville (Maréch. de), -518.
Vielles, past. (Papiers), 80.
Vielpain, 353.
Vienne (Autriche), 278, 388 n., 565.—
'Université de), 376.
Vienne (Isère), 54, 398 n. — Monu-
ment Servet, 400.
Vienne (La) (Deux-Sèvres), 356.
Viénot (J.), prof., 79, 80, 177, 376,
569, 572.
Vieusseux (P.), 479.
Vieville (Maison de), 168.
Vigneau, 359. — (Le), 340.
Vigneul-Marville [Noël - Bonavent.
d'ArgonneJ 162 n.
i Vignevieil, 54.
b*22 TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PERSONNES
Vigniol (De). — Voy. Vignoles.
Vignoles (Ch. de), vie. de Cournon-
terral, 64. — (Françoise de), ép.
Jacq. de Boesleau, 61, 6.3. — (Louis
de), 59, 63. — (Madel. de), ép. P. de
Saint-Véran, 64.
Vignolles. — Voy. Des Vignolles.
Vigut (J.), major, 64.
Vilette (Balth. de), sr de Naves, 478 ss.
Vilfa (Métairie de), 359.
Villalard, 45«.
Yillard (P.), avoc, 54.
Villardet (Et.), avoc, 56.
Villaret (Et.), consul, 407.
Villars (Maréch. de), 243, 432 n. —
(De). —Voy. Montauban.
Villaurey (De). — Voy. La Rocherre.
Villebeurre, 339.
Villecunan(De). — Voy. Guyot-Tanet.
Ville d'Avray, 480.
Villedieu {La) 336, 353.
Villedieu {de Comblé) {La), 355.
Villedieu-des-Couts {La), 358.
Villedieu-du-Perron {La), 353.
Villegoudou (Temple de), 560.
Villelou (De). — Voy. Du Désert.
Villemur,précept.du duc de Guise, 526.
Villeneuve. 306. — Voy. ValmalJe.
Villeneuve, (Deux-Sèvres), 335, 336,
356. — (Métairie de), 349.
Villeneuve (Vaud.), 385.
Villequier, 515.
Villermat, 341.
Villerost (Elisab.), ép. Boilrau puis
Caffié, 220.
Villeroy {Mémoires de), 490. — (Duc
de), 1686, 259.
Villettes (J. de), sr de Pailhairols, 479.
Villevieille, 12 ss.
Villiers (De), réfug., 93.
Villiers-le-Bel, 212.
Villion (P.), lieut.-col., 56.
Vin (Jean de), 465,
Vinaterie {La), 355.
Vinay (De). — Voy. Devinay.
Vincennes, 480.
Vincenot (P.), 465.
Vincens(Mme) [Arvède Barine], 262.
— (E.) 262.
Vincent, 197. — past, 557.
Vinché, 332.
Vinière {La), 343.
Vins (Marquis de), 16, 17, 21. —
(Mme dej, 34.
Viole, cons., 525.
Viré, 341.
Viret (P.), 376 n.
Virleban, 341.
Virzay, 338.
Vissée, 402 ss. — Voy. Monlfaue^n
Vitré (Deux-Sèvres), 339 ss., 352.
Vitré (Ille-et-Vilaine), 459.
Vitry-le-François, 63. — Porumrnl»
inéd. sur le Prot. à), 218 ss.
Vivarais, 166,U46.
Vivaryé (Mas de la), 296.
Vivens (Fr.), past., 294. 29f». 2(>M^
300, 303, 305, 309, 311.
Vivès (Louis), 160.
Vivier {Le) (Deux-Sèvres , 358.
Vix (id), 333.
Voisin (Jean et Jeanne), î63.
Vollet (E.-H.), 275.
Voltaire, 399, 425 n.
Vouillé, 336 ss,
Vover d'Argenson (René II de . 89.
! Vrillac (P. de), avoc, 206 n.
Vuarin, curé, 389.
Vuzé, 334.
Vynckt (Van der), 325 n.
Wagner (Ch.), past., 376 — 'H. . I**
ailly (Nat. de), 73 ss.
Walburg(Em. ), comtesse deMaurO/J
j Vvalker (W.), prof., 6 n., 2GS. US
\ 388 n. — Jean Calvin... 'Aro-\l
j propos de l'un des traduct..), 274 «i
! Walther (Général), 91.
| Wandermuller (Bod.), lîil.
| Wavre (W.), 77 n.
i Weber (Aug.), Insp. eccl., 92.
! Wehse (D' Ed.), 263.
j Wellhausen (F.), 397 n.
; Wellington (Afrique) [« Hupucn :
I Seminary » de], 93.
! Weiss (N.), past., 75 n.. 19, 81, 91 "
j 162 ss., 177,179 ss., 183 ss.. 187. ( *i
I 229 n.,238, 243 ss.,261. 2(12. 26*
j 327 n., 374 ss., 376 n.. 382, 388 n
| 399, 415 ss., 431, 464 ss.. '.80. i!>! m
| 569, 570 ss., — (Mme N. . 277
| Werdemiler (Bod.), 454,
j \Vernle(Dr P.), prof., «i. 266, 375. 1 1%
Westchestev, 474.
j Westein, libr., 147 n.
j Wetstein (J. Rod.) prof. Album ami
j co?'um de), 482.
! Wich [Maëstrieht |, 257.
i Widerhold, 142. 153.
Will (B.). past., 375.
Windsor, 361.
Wintcrthur, 104 ss.
Wismar, 322.
VVilt-Guizol (F. de), 571
TABLE ALPHABÉTIQUE DES COLLABORATEURS
Woeiriot, 301.
WolfenbMtel, 155.
Wurtember-g (Duc Georges de), 90 n.
Wust Oscar), 76 n.
Wij-Joli-Villa(]e (Seine-et-Oise), 273.
\'ale (Université de), 276.
on Nie), 192.
623
York, 568.
Yung (Em.), 396.
ryébédée, past., 69 ss.
Lell, 126, 141. — (Duc de), 150.
Zurich, 76, 81, 96, 99 ss., 102 ss., 109.
I 281, 369.
I Zwingli (U.), 81, 96.
2. TABLE ALPHABÉTIQUE
DES COLLABORATEURS AU TOME LVIII
Bonjour (A.), 189.
Benoit fD.), 186.
Binnqnis (Jean), 92.
Bonet-Maury (G.), 474.
Bost (Ch.). 289.
Caullery (J.), 141.
fozenove (A. de), 401.
Chambrier 'Mine Alex, de), 72, 97.
Cbarnisay (Bne de), 425.
Dannreuther (H.). 158, 219, 479,
."43.
Humons (G.). 421, 466, 477.
Felice 'P. de), 66.
Fonbrune-Berbinau (P.), 573.
Kromage (R.j, 44, 129, 225.
Knzier Louis), 443.
Gallanri (A.), 4;s.
Garreta R.), 191.
Gautier (Dr Léon), 50.
Griselle (E.), 165^ 254, 361, 565.
Jalla (J.), 188.
Lafont (A.), 575.
Mailhet (A.), 7.
Maillard (Th.), 328.
Meyhofïer (J.), 320, 47S.
Monod (H.) 485.
Pannier (J.), 193.
Petiet (R.), 127.
Puaux (F.), 188.
Richemond (De), 473, 475.
Ritter (E.), 86, 186.
Sarazin (B.), 547.
Srhickler (Baron F, de ), 185.
Schoell (Th.), 82, 87, 178, 282.
Weiss (N.), 91, 95, 179, 186, 192, 243.
264, 374, 415, 464, 480, 481, 570.
624
TABLE GÉNÉRALE ET CHRONOLOGIQUE
3. TABLE
GENERALE ET CHRONOLOGIQUE
1909
N. Weiss. — Le quatrième Centenaire de la naissance de Calvin
(1509-1909)
— Fernand de Schickler 4SI
ÉTUDES HISTORIQUES
André Mailhet. — Les Protestants du Diois et des Baronnies en 1692,
pendant l'invasion du Dauphiné. La légende de Philis de La Tour La
Charce. Sauvetage d'une statue en détresse "
Mme Alexandre de Chamdrier. — Les Réfugiés français en Suisse, de
1693 à 1699, et la Convention entre Berne et les cantons évangéliques.
René Petiet. — Les Sainte-Hermine, cousins de Madame de Maintenon. 127
Jacques Pannier. — Etudes historiques sur les Églises réformées de l'Ile-
de-France. — Le Protestantisme à Claye de 1554 à 1700 19.1
Ch. Bost. — Le meurtre du consul Louis de Bagars (1691). Avec une
carte 2S9
A. de Cazenove. — Un Syndicat en Bréaunèze en 1651 4ul
Henri Monod. — La Saint-Barthélemy. — Version du duc d'Anjou 185
DOCUMENTS classés par ordre chronologique.
(Voy. aussi la Correspondance.)
XVI* SIÈCLE.
R. Fromage. — Poésies inédites de Clément Marot :
— « D'un monstre nouvellement baptizé » 44
— « Sermon notable pour le jour de la dédicace » 120
— Dizains 22'.
N. Weiss. — Calvin et Marie Stuart (1554) HTi
Jean Meyhoffer. — Les Commelin de Douai. — Jehan Commelin.
martyr (1567) 33«
B. Sarazin. — Les Temples el les pasteurs de Mouchamps avant la révo-
cation de ledit de Nantes (1561-1685) '4*
xvu* SIECLE •
Extrait d'un Mémoire sur le diocèse de Caslres (1674 ou 1615) 560
J. Caullery. — Notes sur Samuel Chappuzeau. Contribution au Diction-
naire de Moreri; les Frayeurs de Crispin) III
Ch. Bastide. — Locke et les Protestants du Languedoc (1676-1677) il*
Dr Léon Gautier. — Décès de réfugiés français à Genève, de 1681 à \ ',\0. 50
G. DuMONS. — Madame de lirai 1 de Moulens....: i21
TABLE GÉNÉRALE ET CHRONOLOGIQUE
XVIll" SIÈCLE.
Baronne dk Giiarmsay. — L'origine du soulèvement des Ca m isards au
l'as-Languedoc. — L'Allaire du Prieur de Valérargues, racontée par
un témoin catholique 4-25, 575
N. Wiiss. — Précisions documentaires sur l'histoire des Camisands. —
L'abbé du Chayla : 24:?
Th. Maii.lahi». — En chapitre de géographie huguenote. — Le Moyen-
Poitou protestant au milieu du xvni" siècle. Avec une carie 328
Louis Fi /ikh. — Cinq lettres inédites de Rabaut-St-Etienne (1775) U3
MELANGES
Le Protestantisme dans le Poitou, l'Aunis et la Saiiitonge au milieu du
xvnr siècle 162
Mme Alexandre de Chambiubh. — Evaluation de la livre tournois el des
principales monnaies en usage dans les pays du Refuge (16815-1715). 72
II. Danniikutiieiî. — La Confession des péchés de la liturgie des Eglises
reformées de France insérée dans un livre de pieté catholique . . 1a<S. 545
P. xi Fki.icb. — Quand Rolsee commenea-t-il à calomnier Calvin? <i6
A. (ïai.lani). — L'ancienne Eglise réformée de Pontorson-Cormeray,
d'après un registre d'état civil iuédil 44S
E. Gais elle. — Avant et après la Révocation de Ledit de Nantes. Chro-
nique des événements relatifs au Protestantisme de 1682 à 1687
(1686) 165, 254, 361, 565
CHRONIQUE LITTÉRAIRE
G. Bonkt-Mauuy. — Le bi-centenaire de l'Eglise française de New-
Rochelle '. \ 471
IL Danniuj niF.it. — Documents inédits sur le Protestantisme a Yitry-le-
François, Epensc, Heiltz-lc-Maurupt, Nettancourt et Vassy 27 8
G. Dumons. — A propos d'une étude sur les fugitifs du Languedoc 4(56
P. Fomuujne-Beiibinau. — Locke et la Tolérance 57:5
Dr. Ricuemoni). — Correspondance de Samuel Robert. — Histoire de
St-Jean-d'Angély 4*5, 475
E. Ritteh. — Hugues Vaganay. — Le mariage honni par Despnrles,
louange par Blanchon, Le Gaygnard, liouspeau 86
Th. Sciioell. — Encore le mariage de Hossuet. — La Compagnie du
Saint-Sacrement. — Henriette de Coligny .Mme de la Su/.e 87
— La politique religieuse de la Révolution française 82
— lue paroisse parisienne avant la Révolution (Saint-Hippolyte au fau-
bourg Saint-Marcel) 178
— Fenelon et Mme Guyon. — Les origines de la Réforme. — La bour-
geoisie française au xvne siècle 281
N. \Ykiss. — Portraits de Mme de Maintenon. — lin nouveau portrait de
Coligny 17», 18!]
— A propos du quatrième centenaire de la naissance de Calvin. — Le
Monument. — Les Commémoiations et publications 264
— Le Jubile de Calvin en Angleterre, aux Etats-Unis, en Allemagne, en
Suisse, en France et à Genève. — Publications parues à cette occa-
sion ;H4
— Jubilé de Calvin. Premier supplément 570
— Le 550e anniversaire de la fondation de l'Eglise réformée de Chalon-
sur-Saône 464
40
ERRATA
CORRESPONDANCE
A. Beaimouk. — Le forçat pour la foi Snlomon Bourget 189
D. Benoît. — Pierre Loricnt 18fi
Jean Biaxqms. — Les Huguenots au Sud de l'Afrique 92
d. D. — famille de Caumonl-Montbeton. — Naves 4 "il. 478
H. Dannreetner. — La date de la mort de Jean Cousin 479
R. G arrêta. — Gérard de Saint-Amant. Son origine 191
J. Jalla. — D'Amouin de Ladevèze i ss
Arthur Lafont. — Au sujet du sacrilège de Vallerargues 57!i
Jean Mbyhoffer. — Didier Abri.» 478
Fr. Pi ai x. — Un faux en citation 1 SS
F. Buter et N. YY. — Mariage à la Gaumine 1m;
F. i>e ScmCKLER et A. Meyer. — Coligny et le journal Le Gaulois 18"
N. Weiss. — Deux ••ommémorations à Marseille et à Paris. '. 1*1
— Jean Cocstn 192
— Souscription au Monument international de la Réformation .... 480, 57 i
NÉCROLOGIE
N. Weiss. — Fernand de Schiekler »81
ERRA TA
P. 89, I. 2, lire Guigne. — P. 150, l. 19, lire : Jacob Couvreur. — P. 167,
note 1, I. 1, au lieu de p. 30, note 1, lire : Bull . 1907, p. 473, noie :\ —
P. 1G8, note i, au lieu de « plus haut » lire : Bull. 1008. — P. ni. note 2.
lire de même : Bull. 1907, p. 280. — P. I7;i, notes 1 et 2, et p. 17f>, note :i.
remplacer « plus haut » par Bull. 1908. — • P. 177, I. Il, lire : démarche. —
P. 189, I. 33, au lieu de « Phanine » lire : Patronne. — P. 192, 1. 12, lin' :
F. P. iv, 8-72. — P. 232, I. 1 i. lire : Tu ne vauldrois... — P. 273, I. :t. lire
/'. de Félice. — P. 293, note 3, ligne dernière, au lieu de 1902, lire 19/. —
P. 340, dernière colonne, lire Lecay. — P. 391, 1. 38, lire :... « que ceux que
M. D... ». — p. nu, -2e alinéa, livre Socrate. — P. 425, note. 1. 29, lin- :
lieutenant général. — P. 436, note 5,1. 3, lire : Lausanne. — P. 138, note,
I. 7, à la fin, supprimer le guillemet. — P. 473, note, à la fin, lire iliétl
— P. 487, n. 3, 1.3. lire lllud . - Voy. aussi 480, 515.
Paris. Tvp. Pli. RlîNOlMRD, 10, Nie <tos Saint P»\ros —
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